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    La dualisation de la rente urbaine. Une étude du marché immobilier de Bogotá DC. Colombie
    (2024-04-24)
    Amezquita Garcia, Laura Lucia
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    Cette recherche explore la dualisation de la rente urbaine comme clé explicative des configurations spatiales caractéristiques observées à Bogotá. S'appuyant sur un cadre théorique ancré dans les analyses économiques de la rente foncière, cette étude revisite les théories classiques soulignant l'inélasticité de l'offre foncière. Elle met en lumière le rôle prépondérant du marché immobilier, notamment dans la dynamique de l'offre de logements, les variations de prix et la distribution au sein de l'espace urbain, en tant que vecteurs de ségrégation sociale et spatiale. Cette dynamique est exacerbée par la persistance de la pauvreté, par les activités économiques locales traditionnelles, ainsi que par un ordre métropolitain spécifique. L'analyse se décline en trois volets de recherche : le premier évalue les prix des logements en utilisant un modèle hédonique fondé sur les données cadastrales de 2012 ; le second examine la ségrégation socio-économique à travers des indices élaborés à partir de l'enquête multidimensionnelle de 2014 ; le dernier explore la segmentation du marché du logement au moyen d'une analyse en panel sur la période 2005-2015. Les résultats statistiques, corroborés par des illustrations cartographiques, mettent en exergue les forces antagonistes influençant la formation des prix immobiliers à Bogotá. Ces forces contribuent à la valorisation et à la dévalorisation du logement, illustrant ainsi les fractures spatiales induites par la dualisation de la rente urbaine, concept au cœur de cette étude.
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    Basic services under rapid urbanization: unpacking the interactions of sanitation with urban inequality
    Cette thèse traite de l'interaction entre les services de base et les inégalités urbaines. Face à une urbanisation rapide et non planifiée, le principal objectif des acteurs publics est de garantir que l'expansion des services de base se poursuive au même taux, afin d'atteindre un niveau minimum de services pour l'ensemble de la population urbaine et de réduire l'inégalité. Cependant, comme la plupart des services de base sont fournis par le moyen de grands réseaux d'infrastructures, ils ont tendance à être à forte intensité de capital et de planification et sont donc à la traîne de la croissance urbaine, en particulier là où l'urbanisation est informelle. Dans ce contexte, le dégroupage des infrastructures de réseau et la fourniture décentralisée des services de base sont considérés comme un changement de donne, car ils augmentent la flexibilité et réduisent les volumes d'investissement. Par conséquent, le même service de base peut de plus en plus être fourni par des solutions technologiques, des modèles d'exploitation et des acteurs différents. Les conditions dans lesquelles les citoyens ont accès aux services de base, en particulier l'éligibilité et le coût, peuvent varier considérablement. En bref, les processus impliqués dans la fourniture d'un même service de base sont de plus en plus fragmentés, ce qui rend la question de l'inégalité centrale. Cette thèse prend l'exemple de l'assainissement pour étudier comment les différentes modalités de fourniture des services de base interagissent avec les inégalités urbaines dans une perspective territoriale. La thèse est basée sur trois articles de recherche, chacun formant un chapitre. Le chapitre 4 examine le comportement d'investissement des banques multilatérales de développement (BMD) dans l'approvisionnement en eau et l'assainissement. Le chapitre présente un nouvel ensemble de données comprenant tous les investissements dans l'eau et l'assainissement entre 1960 et 2020. S'appuyant sur 3 639 projets d'eau et d'assainissement, le chapitre évalue les tendances territoriales, les choix technologiques, la répartition des charges financières et les réformes des dispositifs institutionnels pour comprendre comment le comportement d'investissement des BMD varie dans l'espace et dans le temps, et comment il réagit au discours politique mondial et à l'urbanisation. Le chapitre 5 examine le développement du secteur de l'eau et de l'assainissement à Dhaka, au Bangladesh, entre 1990 et 2020. Il présente le Policy Pathways Framework (PPF) comme un nouveau concept analytique permettant d'analyser les négociations multiscalaires impliquées dans les délibérations sur les politiques et les investissements en matière d'assainissement. Le chapitre explique comment les financeurs associent l'introduction en cours de l'assainissement inclusif à l'échelle de la ville (CWIS) à l'organisation de l'assainissement à travers une économie, comment les entreprises de services publics utilisent le CWIS comme une opportunité d'éviter des responsabilités coûteuses dans l'assainissement sans égouts, et comment la coproduction de services à travers des solutions basées sur la communauté est négligée. Le chapitre 6 présente le cadre de l'économie politique territoriale (EPT) et la typologie des marchés de l'assainissement pour analyser la variété des systèmes d'assainissement existant dans les villes. La TPE distingue trois dimensions - la sécurité, la production et le financement - pour explorer la distribution générique du pouvoir structurel des systèmes d'assainissement et leur interaction locale-globale. La typologie du marché de l'assainissement identifie cinq types idéaux, à savoir les marchés des ménages, des municipalités, des services publics, des travaux urbains et des entreprises. Le cadre TPE et la typologie des marchés sont des propositions opportunes pour rendre la recherche sur l'EPP plus sensible à la dimension territoriale. Pour les acteurs promouvant les CWIS, la thèse montre que la flexibilité de la technologie doit être étendue à l'organisation et au financement. A cette fin, la collecte systématique et la synthèse des dispositions financières et organisationnelles existantes pour l'assainissement sans égout sont plus prometteuses que l'accent mis actuellement sur la promotion d'une vision abstraite d'une économie de l'assainissement basée sur l'investissement privé et la demande des ménages, où l'assainissement sûr est fourni comme le résultat d'un marché qui fonctionne.
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    Transactions sexuelles marchandes, numérisation et espace : quelles transformations des pratiques et des valeurs ?
    Réalisée dans le large champ de la sociologie économique, ma thèse de doctorat a montré une ouverture claire et actuelle du champ des possibles dans le domaine des pratiques sexuelles tarifées au travers du numérique. Cette thématique, liée au milieu encore tabou des sexualités, m’a menée au sein de terrains complexes et extrêmement dynamiques qui participent aux structures de nos sociétés contemporaines. En conjuguant des perspectives transdisciplinaires faisant tant appel à la sociologie et à la géographie qu’à l’économie et aux Gender studies, ces axes complémentaires m’ont permis d’analyser un phénomène complexe en y comprenant ses actrices et acteurs, ses flux monétaires, ainsi que ses territoires et temporalités. Afin de rendre compte de cette perspective, une méthode de recherche mixte a été mobilisée. Faisant appel aux entretiens exploratoires, puis semi-directifs dans un premier temps, j’ai élargi ma méthode en analysant des plateformes en ligne, tant d’un point de vue descriptif (profils en ligne, typologies de sites, images) que d'étude de discours en ligne (forums, notations et ranking, catégorisations). Ces nouvelles formes d’observation participante – sans contact direct sur les plateformes de livecam – feront l’objet d’une réflexion sur le plan éthique de la recherche. Cet ensemble couplé à des entretiens et à l’analyse de documents d’entreprises multinationales (DH, Entreprise n°2, Luxembourg – TC, Entreprise n°1, CH-Nevada) ont permis d’effectuer un aller-retour constructif entre une vision macro du marché global, tout en construisant une analyse micro des transactions opérées sur ce type de plateforme. Afin de rendre compte d’un processus dynamique, ma recherche fait appel à deux bases théoriques distinctes : l’une plus contemporaine traitant notamment des perspectives mobilisées par des chercheur·e·s dans le domaine des plateformes, du caming et des sexualités (Jones ; Trachman ; Bergström ; Srnicek), l’autre plus classique faisant appel à des concepts stabilisés en Gender Studies et en économie institutionnelle (Tabet ; Commons ; Pheterson). En sus, les dimensions d’espace et de valeur ont été prises en compte tout au long de mon analyse. Non seulement les apports théoriques de la valuation (Aspers, Beckert ; Dewey) et de l’experience economy (Pine, Gilmore) m’ont permis d’analyser les éléments de la construction sociale des différentes valeurs, mais également l’axe spatial lié aux “medias“ ont mené à une articulation complète des espaces concrets, numériques et de leurs liens aux nouvelles technologies (Adams). Pour conclure et formuler un résumé des résultats de ma recherche, cet ensemble a permis de montrer que le numérique mène à des formes d’évitement partiel au sein des espaces concrets des stigmates liés aux prestations sexuelles tarifées, et ce, tant du point de vue des prestataires que de la clientèle. En effet, les nouvelles technologies permettent une diffusion des pratiques sexuelles (annonces en ligne, prestations de livecam, vente de sous-vêtements utilisés, etc.) en évitant l’exposition à l’entourage social direct. En outre, la consommation de ce type de bien ou de prestation peut se réaliser de manière complètement discrète au travers d’une prise de contact et/ou d’une consommation numérique, d’un envoi postal anonyme, d’une rencontre dans un espace privé, etc. Si ma recherche expose des changements fondamentaux en termes de possibilités de consommation, elle montre également le maintien de schémas sociaux connus, puisque la majorité des ventes sont réalisées dans ce domaine par des femmes et des personnes se reconnaissant comme telles et que la consommation est, elle, majoritairement accomplie par des hommes. Le numérique opère donc bien une claire ouverture du champ des possibles face à nos pratiques dans le domaine des sexualités et des corps. Ce type de prestation passe par une construction temporelle faisant tant appel à la scène publique de discussions sociétales des normes, des valeurs, ainsi que des institutions qu’à la scène privée et intimes des pratiques individuelles. Ceci rend finalement compte d’un fait social total, illustrant le fonctionnement d’un domaine spécifique de nos sociétés contemporaines, bouleversées par des technologies, tout en maintenant certaines structures sociales importantes comme celles des rapports sociaux de sexes et de genre.
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    De l’ancrage des ressources à la valorisation des innovations technologiques : le cas des industries photovoltaïque et médicale en Suisse occidentale
    De nos jours, l’augmentation de la mobilité des ressources, l’étalement des réseaux de production ainsi que les différents processus liés à la mondialisation soulèvent de nombreuses questions quant à la réactualisation des modèles territoriaux d’innovation (Moulaert et Sekia, 2003) auxquels l’analyse économique et territoriale des sciences régionales s’est intéressée jusqu’à nos jours. Leur vision essentiellement productive et marshalienne du développement économique, qui est à la base de la plupart de ces approches théoriques, nécessite aujourd’hui d’être remise en cause par l’intégration d’enjeux liés à la sphère de la consommation dans les dynamiques territoriales de l’innovation. Parallèlement, une vaste gamme d’approches met en évidence que la construction du marché n’est pas exclusivement le produit du système productif tel que nous le comprenions dans le passé, mais l’effet d’une influence de plus en plus importante des valeurs sociales et civiques dans le monde économique (Boltanski, 2002 ; Beckert et Aspers, 2011). Au cœur du système économique, les débats centrés sur des questions de responsabilité sociale, environnementale et économique se multiplient. Situé à cheval entre l’économie territoriale (Courlet, 2008 ; Crevoisier, 2010) et l’économie des conventions (Favereau et al., 2002 ; Eymard‐Duvernay et al., 2006), ce travail de doctorat propose une analyse des dynamiques socio‐économiques et territoriales des innovations photovoltaïques et médicales en Suisse occidentale, du rôle des médias et des tiers légitimant, ainsi que des spatialités développées au sein de ces industries spécifiques. Ce cheminement conduira à analyser les spatialités, les conventions entre acteurs, les nouvelles territorialités de ces innovations et la constitution de nouveaux marchés. Dès lors, ce travail a comme objectif d’étudier les nouveaux enjeux territoriaux à la base des industries évoquées ainsi que d’analyser les modalités selon lesquelles les valeurs sociales sont mobilisées et incorporées par les producteurs et les consommateurs participant à ces nouveaux marchés, dans l’objectif de légitimer leurs actions à l’égard de l’opinion publique. Comment aborder les nouvelles dynamiques des innovations conjuguant la dimension territoriale et socio‐économique ? Quels sont les enseignements, tant territoriaux que socio‐économiques, qui peuvent être retirés de l’analyse de ces industries ? Quels nouveaux enjeux territoriaux peuvent être détectés à l’échelle régionale dans un contexte économique mondialisé ? De quelle manière devons‐nous réfléchir à une adaptation des approches traditionnelles pour rendre compte de ces dynamiques économiques et territoriales ? À travers des questionnements complémentaires et interdépendants, ce travail de thèse est constitué de quatre articles scientifiques, chacun mobilisant des débats spécifiques et actuels de la littérature existante pour éclairer les dynamiques spatiales et socio‐économiques complexes liées au contexte récent dans lequel les innovations sont créées. Cette thèse se caractérise par une exploration systématique des concepts théoriques et des nouvelles réflexions pour porter un nouveau regard sur le débat scientifique actuel sur les approches traditionnelles de l’innovation ainsi que d’en proposer un élargissement progressif qui se traduit par le passage d’une conception de l’innovation en termes de ressources productives à une conception de l’innovation orientée vers les utilisateurs et leurs actions. Plus concrètement, alors qu’une valorisation socio‐économique des innovations peut être facilement imaginée pour des innovations comportant une forte composante culturelle, symbolique ou historique, cette thèse montre que la valorisation économique des innovations peut être également analysée pour des secteurs a priori considérés comme purement technologiques qui sont parfois étroitement liées à une recherche fondamentale en laboratoire et qui n’ont pas une profonde relation historique avec la région, tels que l’industrie photovoltaïque et l’industrie des technologies médicales. Dans ce contexte, deux articles scientifiques de la présente thèse visent principalement à élargir la compréhension des modèles territoriaux d’innovations en ajoutant un facteur clé de la construction des marchés, à savoir la « valuation » (Vatin, 2009). Dans un contexte où la consommation et la construction du marché prennent de l’importance, analyser la manière dont les produits sont valorisés au sein du marché devient fondamental pour saisir les dynamiques socio‐économiques et territoriales des innovations. Ainsi, ces deux articles proposent de nouvelles pistes de recherche et amènent de nouvelles réflexions politiques pour aborder et questionner l'innovation territoriale et la compétitivité dans le futur. Deux autres articles de l’étude menée proposent une lecture des dynamiques socio‐économiques des innovations photovoltaïques et médicales mobilisant des éléments sociaux avec des objectifs symboliques. La relation entre producteurs et consommateurs des technologies photovoltaïques ou médicales se fonde sur des discours appliqués aux dispositifs qui dépendent fortement du public cible et qui dépassent les enjeux purement techniques et fonctionnels. Ces articles mettent en évidence que les dynamiques territoriales de la production et de la consommation des innovations étudiées dépassent aujourd’hui les frontières régionales et incarnent des relations multi‐locales s’organisant à différentes échelles, tant au niveau institutionnel que social.
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    L'industrie financière en transition:: une approche territoriale et institutionnaliste des innovations financières
    (2017) ; ;
    Lucia, Maria Giuseppina
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    Arnsperger, Christian
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    Balsiger, Philipp
    Les causes et les conséquences de la crise financière globale de 2008 ont profondément marqué les esprits et ont impulsé une transition vers un nouvel ordre économique et financier. La reconfiguration du système financier en Suisse et la création de nouveaux circuits d’investissement, mieux articulés aux dynamiques économiques territoriales, constituaient l’hypothèse de départ de ce projet de recherche. Inspiré par la Théorie de la Régulation, l’objectif de cette thèse consistait à explorer les processus de transition « par le haut » afin d’identifier de nouvelles modalités d’investissement mises en place par les grands acteurs de la finance, notamment les investisseurs institutionnels. La première étape de cette recherche, centrée sur les stratégies de gestion financière des caisses de pension suisses, a permis de mettre en évidence le phénomène d’hystérésis institutionnelle caractérisé par l’absence d’initiatives de la part des grands investisseurs, d’une part, et par l’échec de nombreuses réformes de régulation financière, d’autre part. Partant de cette constatation, la deuxième étape de ce travail de thèse a été consacrée à l’exploration de « signaux faibles » de la transition « par le bas », ceci à travers des études de cas d’innovations financières issues de la transition numérique (ex. plateformes de crowdinvesting) ou de la transition vers une économie durable (ex. fonds d’investissement durable). Composée de trois articles et d’un « chapeau » introductif, cette thèse a contribué à l’élaboration d’une approche méthodologique et interprétative particulière permettant d’articuler différentes théories de la transition et du changement institutionnel et les cas empiriques d’innovations financières, ceci dans une approche territoriale de la finance. Inscrit en géographie de la finance, le premier article aborde la question de la transition à travers le cas de la finance durable en Suisse. A partir d’une étude de cas des fonds d’investissement durable (ou ISR), cet article traite des liens entre la finance de marché et le territoire en montrant comment la « valeur financière durable » a pu être socialement construite et légitimée par l’industrie financière, grâce à des dispositifs sociotechniques de dé-contextualisation des activités des entreprises financées par ces fonds. Après avoir mis en évidence le nécessaire ancrage territorial des objectifs de développement durable, cet article identifie les mécanismes de validation sociale de la « valeur durable » des produits financiers et souligne leurs limites. Dans le deuxième article, les processus de transition ont été explorés à travers l’exemple emblématique de nouvelles plateformes de financement participatif (ex. crowdinvesting) en tant que nouveaux acteurs d’investissement direct dans des entreprises innovantes. Motivée par le problème de gestion de l’incertitude, cette étude a cherché à comprendre dans quelle mesure ce nouveau modèle d’évaluation de projets d’investissement, mis en place par les plateformes de crowdinvesting, remet en question les approches plus traditionnelles des acteurs majoritaires de la finance directe (sociétés de capital-risque et clubs de business angels). Réalisé en continuité avec l’article précédent, le troisième article de thèse s’est fixé comme objectif d’approfondir la compréhension les particularités des nouvelles modalités d’(é)valuation de startups sur les plateformes de crowdinvesting. Il s’est donc intéressé à identifier et à expliquer la manière dont ces acteurs-plateformes exploitent des dispositifs sociotechniques qui tirent leur avantage des technologies numériques et des réseaux sociaux sur Internet. La partie introductive ou le « chapeau » a été réalisée sous forme de « méta-analyse » afin de mettre en perspective les différentes entrées théoriques, conceptuelles et empiriques articulées aux trois articles de thèse tout en explicitant l’ensemble de la démarche.
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    Quelle innovation politique pour quelle politique d'innovation? De la transition énergétique suisse aux fondements théoriques des politiques de valuation territoriale
    (Université de Neuchâtel, 2017) ;
    Le projet dans lequel cette thèse s’inscrivait initialement visait à interroger l’évolution des modèles et des politiques territoriales d’innovation au prisme du tournant énergétique, incarné en Suisse par la politique Cleantech et la Stratégie 2050 de la Confédération. Ce questionnement a servi de porte d’entrée pour interroger plus largement le rôle des politiques d’innovation dans la transition du régime social, économique et institutionnel actuel, à savoir leur rôle dans le co-développement de nouvelles visions du futur et de nouveaux programmes stratégiques. Ce travail de doctorat est constitué de trois articles scientifiques. Ils mobilisent chacun des débats spécifiques de la littérature actuelle pour aborder de manière complémentaire la question des politiques structurelles mises en place après les crises financière, économique et environnementale de 2008-2009. Un premier article théorique publié dans la revue « Research Policy » en 2017 aborde le tournant dans les politiques « par le haut », à travers l’étude du cas du Masterplan Cleantech et la Stratégie 2050. Le deuxième article, publié dans la revue « Géographie, Economie, Société en 2017, propose un cadre analytique pour saisir « par le bas » les reconfigurations du système énergétique à travers le ré-encastrement de la production d’énergie photovoltaïque dans le paysage urbain. Un troisième article, à vocation plus exploratoire, soumis en 2017 à la revue « Innovations », inscrit les changements donnés à voir dans les récentes politiques territoriales d’innovation dans une perspective historique. Il propose ainsi un nouveau cadre heuristique pour penser la gouvernance territoriale de la transition. Du point de vue épistémologique, notre thèse s’inscrit dans une perspective unidisicplinaire (Orléan, 2007). Celle-ci vise la construction d’un cadre conceptuel traversant les frontières entre économie et sociologie pour dégager des fondements communs aux deux disciplines et les reconsidérer. Dans cette optique, la thèse mobilise les travaux sur la « valuation » pour signifier la transition qui s’amorce actuellement et pour aborder théoriquement les processus de création de valeur articulant valeur économique d’un côté, et valeur socio-culturelle et environnementale de l’autre. Ce terme désigne à la fois le processus d’évaluation visant à attribuer une valeur (à un objet, une personne, une pratique ou une situation), le processus de valorisation consistant à produire de la plus-value, et le processus de formation des valeurs qui irriguent la société (Dewey, 2011 ; Vatin, 2009). La thèse mobilise parallèlement différents concepts tirés des travaux en Economie territoriale pour traiter les problématiques plus spécifiquement liées aux dynamiques scalaires liées à la diffusion et à l’institutionnalisation des valeurs. Elle met l’emphase sur le rôle de l’engagement individuel et collectif dans des activités porteuses de sens et met en lumière les activités, les pratiques concrètes situées qui produisent et qui attribuent de la valeur à une situation, un objet, une personne ou une manière de faire. Dans un même mouvement, elle thématise les controverses et les mises en récit associées à ces activités. Ces deux dimensions étant liées dans la structuration des processus de création et de re-création des publics (membres d’une communauté politique qui se sentent directement et indirectement concernées par une situation problématique), elle permet, in fine, d’expliquer les processus multi-scalaires d’évaluation et de valorisation impliqués dans la création et la diffusion des valeurs liées au tournant espéré. La thèse ouvre sur une approche pragmatique et institutionnaliste des politiques de développement territorial d’innovation qui, sans renier le rôle des dynamiques de l’économie de marché, permet de ne pas s’en tenir au simple cadrage marchand de l’économique. Elle présente un nouveau cadre épistémologique qui permet de penser de quelle manière les politiques, à travers des apprentissages successifs, participent à l’exploration et à l’identification de solutions que le marché, à lui seul, n’aurait pu créer. Elle propose le référentiel de valuation pour exprimer différemment et repenser les changements observés dans les discours des politiques et dans l’action publique des politiques d’innovation mises en place depuis 2008-2009. En effet, les politiques publiques des trente dernières années se sont focalisées sur l’accompagnement de la mise en marché de nouvelles solutions par les entreprises. Or, à elle seule, cette logique est incapable de mettre en place des dynamiques de soutien aux buts sociétaux et environnementaux figurant aux agendas post-crise. Notre travail défend ainsi la nécessité de changer de regard sur le rôle de l’action publique dans les politiques de développement territorial. Il les conçoit comme agents du co-développement de nouvelles solutions concrètes incarnant les aspirations à un tournant durable.
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    De la production à la consommation: le rôle de l'économie résidentielle dans le développement régional
    (2016) ; ;
    Aubert, Francis
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    Shearmur, Richard
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    Talandier, Magalil
    Dans un monde où la mobilité de la population, du capital et des biens et services s'accélère, mieux connaître où les revenus de la population sont dépensés représente un enjeu économique central pour le développement régional. En sachant que les services personnels et les services liés à l'habitat ont connu un essor important ces dernières années, les lieux de résidence de la population deviennent attractifs en grande partie par la présence d'activités de consommation. Pourtant, les travaux en économie régionale se sont surtout basés sur la dimension productive de l'économie qui cherche à intégrer la localisation des firmes et des travailleurs (facteurs de production et économies d'agglomération) dans le développement régional. Peu de travaux se sont focalisés sur la dimension résidentielle, à savoir le cadre de vie de la population, où le développement local dépend de la population importatrice de revenus qui alimentent l'économie locale, indépendamment ou non de sa capacité productive. Quelle est l'importance de cette économie résidentielle ? Quels types de revenus alimentent les différentes régions en Suisse ? Les régions suisses se développent-elles dans le sillage des régions motrices, d'après les mécanismes de développement régional tels qu'ils sont souvent compris, par exemple dans la nouvelle politique régionale (NPR)? L'objectif de la thèse est d'identifier et d'évaluer l'importance de l'économie résidentielle dans le développement des régions suisses. Sur le plan théorique, elle s'inscrit dans les récents travaux en économie régionale qui réinterrogent la théorie de la base économique sous l'angle de l'économie résidentielle et qui cherchent à articuler les deux dimensions de production et de consommation dans le développement régional et la création de richesse (Davezies 2003; Talandier 2007; Talandier 2008). Plus spécifiquement, la «mesure» de l'économie résidentielle en Suisse est réalisée à partir d'une approche quantitative descriptive qui se déroule en deux étapes. Elle consiste dans un premier temps à identifier les activités et les flux basiques de l'économie résidentielle pour les communes et les régions de Suisse à partir des données statistiques d'emplois et de revenus. Elle consiste dans un deuxième temps à construire des typologies de régions par une analyse factorielle permettant de mieux comprendre les dynamiques territoriales et les interdépendances entre régions. En développant une méthodologie analytique permettant de prendre en compte et d'apprécier le rôle de l'économie résidentielle dans le développement des régions en Suisse, cette thèse donne un nouvel éclairage sur le rôle joué par les résidents et plus largement par les consommateurs dans les processus de développement, ouvrant la voie à de nouvelles conceptions des politiques publiques d’aménagement du territoire et de politique régionale.
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    Une approche territoriale de la financiarisation des régions, des villes et de la durabilité urbaine
    (Université de Neuchâtel, 2011) ;
    La crise financière de 2008-2009 semble avoir remis l’espace et les institutions au centre des questionnements. Dans un sens, le développement de la finance de marché et les formes des relations entre investisseurs et types d’investissement sont bel et bien des constructions institutionnelles et géographiques. De l’autre, c’est bien la géographie qui permet de rendre compte de l’inégalité des transformations institutionnelles permettant la financiarisation de l’économie et de leurs impacts sur les pays, les régions et les villes.
    La présente thèse développe une approche territoriale de l’articulation entre les sphères réelle et financière de l’économie en mettant en évidence le rôle de la géographie et des institutions dans le développement et le fonctionnement des marchés financiers ainsi que la manière dont le capital financier s’investit dans la ville sous l’angle de la durabilité. Cet éclairage « territorial » est effectué en deux temps. La première partie présente les caractéristiques ontologiques et épistémologiques de l’approche territoriale telle que développée à l’Université de Neuchâtel ainsi que l’articulation théorique et méthodologique des cinq articles qui sont issus de deux études de cas complémentaires menées en Suisse et qui composent la deuxième partie de la thèse.
    A partir d’une étude de cas sur les placements des caisses de pension suisses, les trois premiers articles traitent des relations entre finance et territoires au niveau du système financier à partir de deux approches conceptuelles. Depuis une quinzaine d’années, des économistes institutionnalistes et régulationnistes ont rendu compte de la montée des marchés financiers et de leur autonomisation par rapport à l’économie réelle. Pour ces auteurs, les marchés financiers sont devenus les institutions centrales du capitalisme contemporain puisque c’est bien sur ces derniers que s’est opéré une croissance continue et exponentielle des entreprises et des divers produits financiers (devises, immobilier, matières premières, etc.) durant les vingt dernières années.
    Parallèlement, des géographes économiques ont montré que la grande caractéristique de la finance de marché était de faire circuler le capital, ce qui implique l’ouverture des frontières et en même temps se traduit par des spatialités propres, tant du côté des lieux de gestion et de contrôle de l’argent que de ceux de sa destination. Définissant la financiarisation comme un processus de construction et d’exploitation de la mobilité/liquidité du capital, les trois premiers articles rendent ainsi compte de la construction institutionnelle et spatiale des marchés financiers et de leurs impacts sur le développement régional, la gouvernance d’entreprise et le secteur immobilier.
    Basés sur une analyse approfondie de projets immobiliers commerciaux achetés par certaines institutions financières en Suisse, les deux derniers articles abordent la question de la financiarisation de la durabilité dans le cadre de la production urbaine. En réunissant trois champs séparés en géographie urbaine, ceux de la géographie politique urbaine, du développement urbain durable et de la financiarisation de l’immobilier, les deux articles proposent une perspective intégrée de la déclinaison de la logique d’investisseur financier dans la ville. Celle-ci renvoie aux impacts de la finance, d’une part sur le fonctionnement des marchés immobiliers et du construit urbain, et d’autre part, sur les politiques et la gouvernance urbaines sous l’angle de la durabilité.
    Les deux articles développent ainsi une approche en situation des négociations qui sont simultanément à la base de l’ancrage du capital dans la ville et de la durabilité urbaine. Ces articles avancent la thèse de l’apparition d’un rôle nouveau pour les sociétés de développement-construction de grands projets urbains qui, selon les contextes, forment des coalitions avec d’autres acteurs, publics ou privés. Disposant des compétences et situés au centre du réseau du marché des projets urbains, ces sociétés deviennent des acteurs ancreurs privilégiés capables de négocier d’un côté l’ancrage du capital dans un contexte local avec des investisseurs ayant une vision nationale/internationale et, de l’autre, certains enjeux de durabilité avec la société locale.
    Donnant deux perspectives complémentaires, l’une sur le système financier et l’autre sur le système urbain, les cinq articles de thèse proposent ainsi une lecture articulant les différentes échelles institutionnelles et spatiales de la financiarisation des régions et des villes.