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Von Büren, Yannick
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Von Büren, Yannick
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Doctorant.e
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yannick.vonburen@unine.ch
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- PublicationAccès libreRelever le « défi du siècle ». Etat des lieux des controverses idéologiques et axiologiques dans la lutte contre le changement climatique(2024-10-29)
; Le monde entier semble impuissant face au changement climatique. Bien que ce problème soit connu et documenté avec précision depuis plusieurs décennies, et que ses conséquences soient déjà visibles, les émissions mondiales de gaz à effet de serre continuent d’augmenter, laissant craindre des scénarios sombres pour un avenir désormais proche. Toutefois, si l’inertie actuelle semble avoir scellé notre sort jusqu’en 2040, voire 2050, le potentiel d'action reste en revanche considérable pour la seconde moitié du XXIe siècle. Il s'agit d'un défi qui touche de près les pratiques quotidiennes de chaque individu, mais qui ne peut être relevé qu'à travers un effort collectif. En sciences sociales, de nombreuses recherches tentent de comprendre pourquoi, malgré les alertes répétées des experts climatiques, l’inaction persiste. Les explications sont multiples : désinformation, dysfonctionnements systémiques, égoïsme ou aliénation des individus, absence de gouvernance mondiale, ou encore la myopie des systèmes politiques face aux enjeux de long terme. Ces critiques, bien que pertinentes, conduisent souvent à des conclusions fatalistes, tant il paraît difficile d’imaginer un changement rapide du « système », la fin de la désinformation, ou l’apparition d’une volonté soudaine et décisive des individus. Cette thèse adopte une perspective différente, en renonçant au qualificatif d’inaction. En effet, la lutte contre le changement climatique est déjà engagée et, loin d'avoir épuisé son potentiel, elle est destinée à se renforcer. Cette lutte se manifeste à travers l’activation d’outils politiques, économiques, technologiques, diplomatiques et juridiques, sans oublier l'importance des mouvements sociaux. Parmi ces actions, les décisions collectives, issues d’un débat public où de nombreux arguments sont échangés, aboutissent à de nouvelles obligations que la collectivité s’impose volontairement. Ainsi, malgré les forces qui favorisent l'inaction, les collectivités ont la capacité de prendre des décisions collectives. Cela suggère qu'il existe des mécanismes qui compensent les défauts individuels et systémiques, et qu’il convient de les mettre en avant. Cette thèse explore l’idée selon laquelle une partie de l’explication réside dans la force de nos convictions morales. Ce sont elles qui nous poussent à considérer le changement climatique comme intrinsèquement mauvais et à juger nécessaire de l’endiguer. Au fur et à mesure de l’augmentation des températures terrestres et maritimes, cette obligation morale devient de plus en plus impérative, jusqu'à entrer en conflit avec d’autres valeurs cardinales telles que la liberté, l’équité, ou la démocratie. Cependant, l'injonction de réduire les émissions de gaz à effet de serre est des plus diffuses, ce qui fait émerger des controverses morales. En particulier, nos convictions divergent sur nos devoirs envers les générations futures ou les autres espèces, sur le rôle de la technologie, ou encore sur la répartition des responsabilités. L’objectif de cette thèse est de clarifier et d’expliciter ces divergences et leur impact sur la prise de décisions collectives. L’hypothèse centrale est qu’elles se manifestent sous la forme de valeurs véhiculées par les discours. En utilisant les outils de la sociologie pragmatique, nous étudierons précisément comment, en cas de conflit autour d’un élément décisionnel, les justifications morales s’hiérarchisent, certaines valeurs prenant le pas sur d’autres. Notre démarche réussira si, en observant les marqueurs de ces justifications – c’est-à-dire l’expression des valeurs –, nous parvenons à mieux comprendre les décisions collectives qui façonneront l’avenir.