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Oskar Kokoschka, précurseur d’une Europe unifiée
Date de parution
2022
In
Oskar Kokoschka : un fauve à Vienne
De la page
279
A la page
283
Revu par les pairs
true
Résumé
Dans un ouvrage commémoratif paru en 1942 à l’occasion du tricentenaire de l’arrivée de Comenius en Angleterre, Kokoschka écrivait : « La civilisation industrielle moderne exige que les gens de toutes les nations, de tous les peuples et de toutes les couleurs de peau apprennent à vivre et à travailler ensemble, sous peine de disparaître. Les frontières des États sont devenues des anomalies à une époque où un avion traverse l’Atlantique entre le petit déjeuner et le dîner. » Kokoschka reprend ici des réflexions que Richard N. Coudenhove-Kalergi développe dans son texte ‘Paneuropa’, à savoir qu’au « rapprochement spatio-temporel » des peuples, dû aux progrès de la technique dans le domaine des transports, doit nécessairement succéder le « rapprochement politique » : « La division de l’Europe en 28 secteurs douaniers forme un contraste criant avec le fait qu’il est aujourd’hui facile de survoler en une seule journée une douzaine de ces frontières et zones douanières. »
En Angleterre, Kokoschka travailla à une version anglaise d’une pièce de théâtre consacrée à Comenius, qu’il avait commencé à écrire à Prague. Dans ce texte, le disciple de Comenius qu’était De Geert s’exclame, exprimant ainsi une vision d’espoir au cœur des troubles de la guerre de Trente Ans : « A federal Europe will come into being ! » Kokoschka donne ainsi corps, pendant le bombardement de Londres, à son espoir d’une coexistence pacifique des nations européennes.
En Angleterre, l’artiste fréquenta des Britanniques qui militaient avec passion pour l’adhésion de leur pays à la Communauté européenne ; c’était par exemple le cas de son plus fidèle mécène, Edward Beddington-Behrens, qui représenta dès le début des années 1920 la Grande-Bretagne à la Société des Nations et fut nommé en 1954 président du « Council of the European Movement » britannique.
En Angleterre, Kokoschka travailla à une version anglaise d’une pièce de théâtre consacrée à Comenius, qu’il avait commencé à écrire à Prague. Dans ce texte, le disciple de Comenius qu’était De Geert s’exclame, exprimant ainsi une vision d’espoir au cœur des troubles de la guerre de Trente Ans : « A federal Europe will come into being ! » Kokoschka donne ainsi corps, pendant le bombardement de Londres, à son espoir d’une coexistence pacifique des nations européennes.
En Angleterre, l’artiste fréquenta des Britanniques qui militaient avec passion pour l’adhésion de leur pays à la Communauté européenne ; c’était par exemple le cas de son plus fidèle mécène, Edward Beddington-Behrens, qui représenta dès le début des années 1920 la Grande-Bretagne à la Société des Nations et fut nommé en 1954 président du « Council of the European Movement » britannique.
Notes
Article paru dans le catalogue de l’exposition intitulée : Oskar Kokoschka : un fauve à Vienne, éd. par Fabrice Hergott et al., Paris : Musée d’Art moderne de Paris, 2022, pp. 279-284 : https://www.connaissancedesarts.com/arts-expositions/art-moderne/exposition-kokoschka-a-paris-le-drole-ditineraire-du-fauve-de-vienne-11178767/
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Type de publication
book part
Dossier(s) à télécharger main article: Kokoschka précuseur Europa Paris Musée d'art moderne.pdf (8.13 MB)
Après la prise de pouvoir par Hitler, les accords de Munich, les ravages de la Seconde Guerre mondiale, et compte tenu de la course aux armements à laquelle se livraient les superpuissances au temps de la guerre froide, Kokoschka était plus que jamais convaincu de la nécessité d’avoir une Europe unie et forte. À Prague, à Londres et, plus tard, en Allemagne, il chercha et entretint le contact avec les éclaireurs d’une nouvelle communauté européenne, dont Tomáš Garrigue Masaryk, Theodor Heuss et Konrad Adenauer. Le pédagogue et réformateur morave Jean Amos Comenius (1592-1670) fut une figure marquante pour ses idées de communauté pacifique de toutes les nations européennes ; Comenius est encore considéré aujourd’hui comme l’un des « pères fondateurs intellectuels de l’Europe des temps modernes ». L’intérêt qu’éprouvait Kokoschka pour la genèse historique de l’Europe est encore aujourd’hui attesté par la bibliothèque qu’il a laissée à sa mort et où l’on trouve des textes comme The Making of Europe von Christopher Dawson (1932) ainsi que des œuvres de Richard N. Coudenhove-Kalergi. Celui-ci mit au monde en 1922, à Vienne, le Mouvement paneuropéen, qui eut jusqu’à l’annexion de l’Autriche son siège à la Hofburg.