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Emotion et langage : influence de l’émotion sur le choix d’expressions référentielles produites lors d’une tâche de narration en situation d’interaction
Maison d'édition
Neuchâtel : Université de Neuchâtel
Date de parution
2022
Nombre de page
270
Mots-clés
- théories de l’Appraisal
- modèles dimensionnels de l’émotion
- stress psychosocial
- émotions de base
- langage
- production de discours
- narration d’histoires
- marqueurs référentiels
- régulation émotionnelle
- empathie
- sur-spécification du discours
- sousspécification du discours
- appraisal theories
- dimensional models of emotion
- psychosocial stress
- basic emotions
- language
- discourse production
- storytelling
- referential markers
- emotion regulation
- empathy
- discourse overspecification
- discourse underspecification
théories de l’Apprais...
modèles dimensionnels...
stress psychosocial
émotions de base
langage
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marqueurs référentiel...
régulation émotionnel...
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psychosocial stress
basic emotions
language
discourse production
storytelling
referential markers
emotion regulation
empathy
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discourse underspecif...
Résumé
La question de l’émotion suscite depuis toujours de nombreux débats et questionnements. Comment prend-elle forme, par quels processus et à quelle fin ? L’avancée des neurosciences et des modèles contemporains de l’émotion ont permis de lier cognition et émotion. Si ce lien est à présent attesté grâce à de nombreuses recherches faisant du cerveau le vecteur de l’émotion, il n’existe pas encore de consensus sur la définition de l’émotion ni même sur le processus responsable de son apparition et des réponses expressives qui l’accompagnent. L’objectif de cette thèse est d’apporter des éléments de réponse afin de comprendre si une émotion est le fruit d’un processus d’évaluation de l’environnement (Scherer, 2009) ou d’un processus dimensionnel codant la nature et l’intensité de l’émotion (Russel, 1980). Afin de répondre à notre objectif, nous avons proposé deux expériences visant à évaluer si le traitement proposé par chacun de ces deux modèles se vérifiait au niveau de nos conduites langagières. En effet, quels que soit son activité ou mode de vie, l’être humain interagit au quotidien avec ses semblables. Ces interactions l’amènent à référer à différentes choses (objets, personnes, concepts). Nous avons ainsi proposé dans une première expérience de coupler une tâche de narration collaborative (produite en interaction) à une procédure d’induction de stress psychosocial (le TSST de Kirschbaum et al., 1993), ceci afin d’évaluer l’effet du stress sur les productions narratives de locuteurs, en particulier, sur leur manière de référer à des personnages d’histoires par le biais de l’étude des expressions référentielles. Cette première expérience a permis de mettre en évidence une influence du stress sur les expressions référentielles produites au cours de la tâche de narration s’exprimant par une surspécification (c’est-à-dire une utilisation plus importante d’expressions définies). Dans une seconde expérience, nous avons comparé deux émotions, la joie et la tristesse (induites par le biais de musiques et de photographies) sur les expressions référentielles produites par des locuteurs en utilisant la même tâche de narration. Les résultats montrent que les locuteurs ayant reçu une induction de tristesse sur-spécifient les référents de leurs discours tandis qu’à l’inverse, les locuteurs « joyeux » tendent à sous-spécifier leurs expressions et à utiliser un plus grand nombre de pronoms (il, elle). Les résultats obtenus à partir de l’analyse produite sur les expressions référentielles en fonction du type de l’émotion induite (stress psychosocial, tristesse et joie) semble appuyer un traitement dimensionnel de l’émotion (c’est-à-dire, que la dimension codant la nature négative ou positive de l’émotion va orienter nos conduites référentielles vers plus ou moins de spécificité en fonction du type d’émotion : négative/surspécification – positive/sous-spécification). Il apparaît, néanmoins, grâce à des analyses supplémentaires produites à partir de scores à des questionnaires évaluant certaines prédispositions psychologiques chez les participants, que la genèse d’une émotion puisse être le fruit d’une évaluation subjective de l’environnement. En effet, cette seconde analyse liant les prédispositions psychologiques d’un locuteur avec sa manière de référer aux personnages des histoires dans une situation particulière (p. ex. : à la suite d’un stress) met en évidence des modulations de patrons référentiels distinctes, renvoyant par exemple au fait qu’une personne plus anxieuse aura tendance à être plus vigilante et à produire des expressions plus spécifiques par rapport à une personne non anxieuse dans la même situation.
The issue of emotion has always raised many discussions and questionings. How does it take shape, by what processes and for what purpose? With advances in neurosciences and the development of contemporary models of emotion, it was possible to establish a link between cognition and emotion. However, even though this link is now supported by many studies showing that the brain is the carrier of emotion, no consensus has yet been reached on how to define emotion or on which process is responsible for its emergence and the expressive responses that go along with it. The aim of this dissertation is to provide some answers in order to understand whether an emotion is the result of an environment appraisal process (Scherer, 2009) or of a dimensional process that encodes the nature and intensity of the emotion (Russel, 1980). To answer this question, we conducted two experiments aiming at examining if the approaches proposed by these two models could be verified at the level of language behaviour. Indeed, humans interact on a daily basis with their peers, regardless of their activities or lifestyles, and during these interactions they refer to many different things (objects, persons, concepts). We therefore conducted a first experiment pairing a collaborative narrative task (produced in interaction) with a procedure to induce psychosocial stress (Kirschbaum et al., 1993’s TSST), in order to examine the effect of stress on speakers’ narrative productions, in particular the manner in which they refer to story characters by studying their use of referential expressions. This first experiment enabled us to highlight the influence of stress on the use of referential expressions during the narrative task, which was reflected by an overspecification (i.e. an increased use of definite expressions). In the second experiment, we compared two emotions, joy and sadness (induced using music and pictures), and their influence on speakers’ production of referential expressions using the same narrative task. Results show that the speakers under the sadness condition overspecify referents in their discourse whereas the speakers under the joy condition tend to produce more underspecified expressions and use a greater number of pronouns (il ‘he’, elle ‘she’). The results based on the analysis of the use of referential expressions according to the type of emotion induced (psychosocial stress, sadness and joy) therefore seems to support a dimensional approach to emotion (i.e. the dimension that encodes the negative or positive emotion orients our referential behaviour towards more or less specification depending on the type of emotion: negative/overspecification – positive/underspecification). However, additional analyses led using the scores of questionnaires assessing certain psychological predispositions of the participants suggest that emotions may originate from a subjective appraisal of the environment. Indeed, this second analysis, which links the psychological predispositions of a speaker with the manner in which he/she refers to the characters of a story in a particular situation (e.g. following a stress episode), highlights variations between distinct referential patterns, indicating for example that a person more prone to nervousness is more likely to be vigilant and produce more specific expressions than a person who is not nervous in the same situation.
Notes
UniNE, FLSH, Institut des sciences logopédiques, soutenue le 3 juin 2022
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Type de publication
doctoral thesis
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