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    Working together. A longitudinal study on the management of deontic rights in joint activities
    À un moment ou à un autre de sa vie, chacun entre dans une nouvelle communauté. On entre dans une nouvelle école, on commence un nouvel emploi, on s'adonne à des passe-temps et on se fait des amis. Entrer dans une nouvelle communauté de pratique peut être une entreprise incroyablement complexe, excitante et parfois effrayante. L'objet de cette thèse est d'examiner la trajectoire du nouvel arrivant sur le lieu de travail. Plus précisément, cette thèse se concentre sur la coopération et la résistance, et sur la manière dont les nouveaux collègues de travail abordent les questions délicates lorsqu'ils travaillent ensemble. Le pouvoir et la coopération sont conceptualisés dans cette thèse comme des droits déontiques des participants, et la capacité de décider de ses propres actions ou des actions d'autrui. S'appuyant sur une l’Analyse Conversationnelle (AC) ethnométhodologique et longitudinale, cette étude examine les pratiques multimodales des locuteurs pour naviguer à travers des plans d'action conjoints dans un environnement de travail riche en sémiotique. Les données consistent en des enregistrements audio-vidéo collectés longitudinalement d'un nouvel arrivant et d'un collègue travaillant dans un laboratoire de physique. L'axe analytique de la thèse se concentre sur (1) la structure organisationnelle de l'initiation, de l'engagement et de la délégation des responsabilités dans les actions conjointes, (2) les pratiques de résistance aux actions conjointes par le biais du désaccord et de la non-conformité, et (3) la façon dont les participants modifient les actions en cours d'un destinataire pour résoudre les problèmes. En utilisant l'analyse des conversations multimodales, ces chapitres documentent les assemblages complexes de langage, de ressources multimodales et d'objets à différents niveaux d'organisation séquentielle et synchrone pour accomplir les actions susmentionnées. Le fait de documenter la manière dont les destinataires des participants conçoivent leurs actions à différents niveaux d'activités conjointes montre les routines locales et temporelles émergentes qui découlent de la nécessité pratique de mener des interactions coordonnées sur le lieu de travail. En outre, en adoptant une approche longitudinale, l'étude montre également comment la gestion des droits déontiques est un accomplissement longitudinal et interactionnel qui évolue en fonction de l'histoire des interactions partagées par les participants et de l'évolution des relations sociales. L'étude présente une nouvelle contribution à l'AC longitudinale, à l'interaction multimodale et aux études sur le lieu de travail, tout en fournissant des preuves empiriques supplémentaires de la nature fondamentalement riche, socialement et matériellement distribuée de l'interaction sociale.
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    Collaborative grammar: the temporality and emergence of clause combination in italian talk-in-interaction
    (2023-03-03)
    Calabria, Virginia
    ;
    Cette thèse explore la manière dont les pratiques collaboratives de combinaison de phrases sont liées à l’organisation séquentielle et temporelle des tours et des actions en interaction. En m’appuyant sur l’Analyse de la Conversation (Sacks, Schegloff & Jefferson, 1974) et la Linguistique Interactionnelle (Couper-Kuhlen & Selting, 2018), j’étudie la manière dont les locuteurs analysent en temps réel les tours en cours des autres locuteurs (cf. Auer, 2009a). La thèse se concentre sur deux phénomènes dans le langage en interaction, que je regroupe sous le nom de “tours collaboratifs” : les co-constructions (cf. Lerner, 1987, 1991, 1996), par lesquelles un locuteur complète le tour en cours d’un locuteur précédent ou suggère une continuation de celle-ci, remplissant ainsi la projection grammaticale du locuteur précédent ; et les autres-extensions, par lesquelles un locuteur étend le tour potentiellement complet d’un locuteur précédent, de manière grammaticalement intégrée, réoccasionnant potentiellement des places de transition pertinents (TRP). J’étudie les formats syntaxiques (et la conduite incarnée co-occurrente) déployés par les participants lorsqu’elles continuent, étendent ou (re)complètent le tour d’un locuteur précédent (phrases principales, complétives, relatives et adverbiales), tels qu’ils émergent en relation avec les tours de parole. Je discute ainsi la notion de complétion syntaxique, prosodique et pragmatique (cf. Selting, 2000). Les tours collaboratifs ont été décrits comme des exemples sophistiqués de comportement coordonné (cf. Bolden, 2003) et un témoignage évident (cf. Auer, 2009a) du travail syntaxique collaboratif et interactif que font les locuteurs, lorsqu’ils analysent la grammaire de l’autre. En étudiant la grammaire collaborative, je montre que la combinaison de phrases en interaction est une réalisation émergente, temporelle et interactionnelle. Je discute donc des concepts, tels que l’intégration syntaxique, la dépendance syntaxique, la coordination, la subordination, etc., à la lumière des besoins pratiques et contingents des participants en interaction. Cette recherche a donc des implications pour (i) les études sur la combinaison de phrases dans la langue parlée ; (ii) les études sur les différents types de tours collaboratifs ; (iii) les études sur l’italien parlé en interaction ; (iv) les concepts de projections et de complétion, de dépendance, d'intégration syntaxique, et le rôle de ceux-ci pour un énoncé en cours. Mon corpus est composé de 12 heures de données vidéo, enregistrées dans différents contextes (dîners/apéritifs informels ; réunions d’affaires formelles) d’interactions naturelles ‘autour d’une table’, en italien. Elles ont été transcrites en suivant les conventions pour la langue parlé de Jefferson (2004) et celles pour la conduite incarnée de Mondada (2018). Les interactions sont toutes multi-personnes, ce qui me permet de problématiser la façon dont les locuteurs utilisent une variété de ressources verbales et non-verbales pour s’orienter vers leurs destinataires (cf. Sacks, 1992) et les pratiques de gestion du tour de parole dans des cadres de participation complexes. Enfin, je montre comment les locuteurs mobilisent des ressources qui leur permettent de montrer aux autres leur collaboration. J’appelle à la fois l’ensemble des ressources à leur disposition et le processus par lequel elles les mobilisent : « grammaire collaborative ». Je montre que des modèles de combinaison de clauses en découlent. Abstract This thesis, “Collaborative grammar: the temporality and emergence of clause combination in Italian talk-in-interaction”, explores how collaborative practices of clause-combining relate to the sequential and temporal organization of turns and actions in talk-in-interaction. Drawing on Conversation Analysis (Sacks, Schegloff & Jefferson, 1974) and Interactional Linguistics (Couper-Kuhlen & Selting, 2018), I investigate speakers’ online analysis of turns-in-progress (cf. Auer, 2009a). The thesis focuses on two phenomena in language-in-interaction, which I group under the name “Collaborative Turns”: co-constructions (cf. Lerner, 1987, 1991, 1996), whereby an interactant completes a speaker’s turn-in-progress or suggests a candidate continuation thereof, hence fulfilling a prior speaker’s grammatical projection; and other-extensions, whereby a speaker extends a prior speaker’s potentially complete turn, in grammatically integrated ways, potentially re-occasioning a transition relevance place (TRP). I investigate syntactic formats (and co-occurring embodied conduct) deployed by the participants when continuing, extending or (re)completing a prior speaker’s turn (main, complement, relative and adverb clauses), as they emerge in relation to turns-at-talk. I thus problematize the notion of syntactic, prosodic, and pragmatic completion (cf. Selting, 2000). Collaborative Turns have been described as sophisticated examples of coordinated behaviour (cf. Bolden, 2003) and an obvious testimony (cf. Auer, 2009a) to the collaborative and interactive syntactic work that speakers do. By studying collaborative grammar, I show that clause-combining in interaction is an emerging, temporal, and interactional achievement. I thus discuss theoretical concepts, such as syntactic dependence, syntactic integration, coordination, subordination, etc., in light of the practical and contingent needs of participants in interaction. This research bears, then, implications for (i) studies on clause combining in spoken language; (ii) studies on different types of collaborative turns; (iii) studies on Italian talk-in-interaction; (iv) discussions on the concepts of projections and completion, dependency, syntactic integration, and the role of these for the sentence-in-progress. My corpus is composed of 12 hours of video data, recorded in different settings (informal dinners/aperitifs; formal business meetings) of naturally occurring interactions ‘around a table’, in present-day Italian. It has been transcribed following Jefferson’s (2004) conventions for talk and Mondada’s (2018) for embodied conduct. The interactions are all multiperson, which allows me to problematize how speakers use a variety of verbal and non-verbal resource to orient to their recipients (cf. Sacks, 1992) and to turn-management practices in complex participation frameworks. Ultimately, I show how speakers mobilize resources that enable them to display to each other their collaboration. I call both the set of tools available to them and the process by which they mobilize these: “collaborative grammar”. I show that clause combining patterns emerge from it.
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    The Grammar-in-Use of Direct Reported Thought in French and German. An interactional and Multimodal Analysis
    Ce travail examine la grammaire-en-usage de la pensée rapportée directe dans des corpus de français et allemand parlés. Introduites principalement par des introducteurs spécifiques (ich denke (mir) (‘je pense (à moi-même)’) au présent et au passé en allemand ainsi que je me dis et je suis là au présent et au passé en français), les citations d’une pensée rapportée directe comprennent des mimes non seulement verbaux mais également corporels, soulevant ainsi des questions importantes concernant la grammaire de la combinaison de clauses de structure bipartite [introducteur + citation]. Tandis que les formats de discours rapporté direct ont été étudiés de manière approfondie, y compris dans la langue parlée, les travaux sur la pensée rapportée directe restent encore rares, alors même que le phénomène est d’une utilisation distincte dans les interactions du quotidien : les locuteurs et locutrices utilisent les introducteurs analysés de manière routinisée comme social action formats pour afficher leur attitude épistémique ou affective, en particulier dans des séquences narratives (récits ou raisonnements). Dans le cadre méthodologique de la Linguistique Interactionnelle, le présent travail aborde la pensée rapportée directe dans le parler-en-interaction sous un angle grammatical, multimodal et comparatif. L’étude d’un corpus allemand et français d’enregistrements vidéo de conversations quotidiennes permet une analyse séquentielle et une comparaison approfondie de la pensée rapportée dans deux langues indo-européennes. En recourant aux notions d’émergence et de projection, l’analyse qualitative montre que les locuteurs des deux langues utilisent le social action format de l’introducteur – malgré leurs différences lexicales dans les deux langues – pour l’accomplissement des mêmes actions, à savoir la prise de position. L’intégration des ressources corporelles dans l’analyse grammaticale et séquentielle démontre quant à elle que la grammaire-en-usage de la pensée rapportée directe aurait fort à gagner à ne pas se limiter à la conduite verbale. Une description de la structure bipartite [introducteur + citation] doit inclure des ressources multiples afin de refléter la façon dont ces modèles émergent dans l'interaction en temps réel en français et en allemand. Abstract: The present work examines the grammar-in-use of direct reported thought in French and German talk-in-interaction. Introduced primarily with specific quotatives (ich denke (mir) (‘I think (to myself)’) in German present and past tense and je me dis (‘I say to myself’) and je suis là (‘I am there’) in French present and past tense), quotations of direct reported thought do not only comprise verbal but also bodily enactments, thus raising important questions concerning the grammar of clause-combining of the bipartite structure [quotative + quote]. While formats of direct reported speech have been thoroughly investigated, also in spoken language, work on direct reported thought still remains scarce, even though the phenomenon demonstrates a distinct use in everyday talk: the investigated quotatives are routinely used by speakers as social action formats for affective or epistemic stance-taking, especially in narrative sequences (storytellings or reasonings). Within the methodological framework of Interactional Linguistic, this work approaches direct reported thought in talk-in-interaction from a grammatical, multimodal, and cross-linguistic angle. The investigation of both a German and a French corpus of video-recordings of mundane talk enables a close sequential analysis and comparison of reporting thought in two Indo- European languages. Recurring to the notions of emergence and projection, the qualitative analysis shows that speakers of both languages use the social action format of the quotative— despite the cross-linguistic lexical differences—for the accomplishment of the same actions, namely, stance-taking. The integration of bodily resources into the grammatical and sequential analysis demonstrates that the grammar-in-use of direct reported thought should not be limited to verbal conduct. A description of the bipartite structure [quotative + quote] needs to include multiple resources in order to mirror how these patterns emerge in real-time talk-in-interaction in French and German. Zusammenfassung Die vorliegende Arbeit untersucht die Grammatik im Gebrauch von direkter Gedankenwiedergabe in der deutschen und französischen Interaktion. Gedankenzitate, die meist als solche durch redesituierende Formate markiert werden (im Deutschen durch ich denke (mir) in Präsens- und Vergangenheitsformen), im Französischen durch je me dis, (,ich sage mir‘) und je suis là, (,ich bin da‘) in den jeweiligen Präsens- und Vergangenheitsformen), umfassen nicht nur sprachliche, sondern auch körperliche Inhalte und werfen damit wichtige Fragen in Bezug auf ihre Grammatik der Satzverknüpfung auf. Während direkte Redewiedergabe bereits ausführlich untersucht wurde, auch in der Gesprochenen Sprache Forschung, ist die Literatur zu direkter Gedankenwiedergabe weiterhin deutlich im Hintertreffen, obwohl das Phänomen einen distinktiven Gebrauch in der alltäglichen Interaktion aufweist: Die in der vorliegenden Arbeit untersuchten Quotative werden routinemäßig als social action formats genutzt, um eine affektive oder epistemische Haltung anzuzeigen, insbesondere in narrativen Sequenzen (Erzählungen oder Darlegung von logischen Denkprozessen). Mithilfe der Methodologie der Interaktionalen Linguistik nähert sich die vorliegende Arbeit direkter Gedankenwiedergabe in der Interaktion von einer grammatischen, multimodalen und sprachvergleichenden Perspektive. Die Untersuchung eines deutschen und eines französischen Korpus von Videoaufnahmen alltäglicher Gespräche ermöglicht eine detaillierte sequenzielle Analyse sowie einen sprachübergreifenden Vergleich direkter Gedankenwiedergabe in zwei indoeuropäischen Sprachen. Theoretisch umspannt wird die qualitative Analyse in erster Linie von Konzepten einer Grammatik der Gesprochenen Sprache: Emergenz und Projektion. Dadurch kann gezeigt werden, dass Sprechende beider Sprachen das social action format des Quotativs – trotz interlingualer lexikalischer Unterschiede – die gleichen Handlungen ausführen, nämlich das Anzeigen einer Einstellung. Die Einbeziehung von körperlichen Ressourcen in die grammatische und sequenzielle Analyse direkter Gedankenwiedergabe offenbart, dass die Grammatik im Gebrauch des Formats nicht auf sprachliches Verhalten beschränkt werden sollte. Eine Beschreibung der zweiteiligen Struktur [Quotativ + Zitat] sollte zahlreiche Ressourcen umfassen, um vollumfänglich abbilden zu können, wie sich diese Muster in der Echtzeit des Gesprächs entfalten – sowohl in der deutschen als auch in der französischen Interaktion.
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    «ce matin je (.) mangE une banane». L’expression du passé dans des interactions avec des apprenants débutants du français L3
    La thèse présente une analyse qualitative des différents moyens linguistiques, discursifs et interactionnels auxquels ont recours sept élèves du premier cycle du secondaire (10e degré HARMOS) pour parler d’événe-ments passés. L’étude longitudinale se base sur un corpus d’environ sept heures d’enregistrements vidéo rassemblés au cours de l’année scolaire 2017-2018 dans trois écoles du canton de Zurich. Les interactions d’environ dix minutes chacune ont eu lieu en-dehors de la salle de classe, dans le but de créer une situation de communication présentant les caractéristiques d’une conversation naturelle. L’analyse et l’interpréta-tion des données a été faite selon la méthode de l’analyse conversationnelle et porte en particulier sur la morphologie verbale du passé ainsi que sur l’utilisation de stratégies conversationnelles visant à surmonter des difficultés de production ou d’intercompréhension. L’étude vise un double objectif: (i) analyser la com-pétence à raconter au passé d’apprenants scolaires de niveau élémentaire, et cela dans une perspective holistique qui tient compte des dimensions à la fois linguistiques et interactives; (ii) identifier les processus interactifs, verbaux et mimogestuels mis en œuvre par l’interlocuteur expert afin de soutenir la production des récits (étayage). Par (i), la thèse contribue à une meilleure connaissance à la fois du développement de la morphologie verbale et du développement de la compétence interactive d’apprenants débutants en mi-lieu scolaire. Par (ii) elle élargit nos connaissances sur la complexité des processus d’étayage en interaction et plus généralement des stratégies visant à surmonter des obstacles communicatifs, par une attention prêtée à l’interface entre les conduites verbale et mimogestuelle.
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    Longitudinal Studies on the Organization of Social Interaction
    (Basingstoke: Palgrave Macmillan, 2018) ;
    González-Martínez, Esther
    ;
    Wagner, Johannes
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    Le rôle des relatives dans l’organisation séquentielle de l’interaction : une approche temporelle, interactionnelle et praxéologique
    Résumé Ce travail examine l’emploi des relatives, telles que celle qui est illustrée à la ligne 01 de l’extrait suivant, dans les conversations en français : "Les bouteilles qui se vissent" [Corpus Pauscaf (Pause 7) – (10m03-10m13)] 01 CED: c’est vrai que les bouteilles qui se vissent, 02 comment s’appellent les le:s c’est pas des capsules, 03 si? 04 CAM: ouais, 05 CED: bref .hhh eu::h c’est- ça fait pas très classe, 06 ((le tour continue)) Les relatives représentent un objet classique d’investigation linguistique. Elles ont été amplement étudiées dans des travaux d’orientation typologique, qui ont examiné l’usage de ces constructions grammaticales dans des données écrites, parfois décontextualisées ou même forgées par les linguistes. Ces études ont proposé différentes classifications des relatives, suivant leurs formes et les fonctions sémantiques qui leur ont été attribuées dans les données examinées. Les relatives ont également fait l’objet d’étude des travaux qui ont identifié l’existence d’une variation morphosyntaxique au sein de ces constructions, manifestée par un écart entre les structures des relatives, telles que décrites dans les grammaires normatives, et les formes que revêt leur utilisation dans les énoncés attestés à l’oral et à l’écrit. À ces recherches s’ajoutent des travaux qui ont remis en question le caractère subordonné de certaines relatives. Enfin, il existe aussi de rares études qui ont examiné les relatives dans des conversations, pour la plupart, en d’autres langues que le français, et qui ont montré, par exemple, que les locuteurs utilisent ces constructions pour faire des évaluations. Un bilan critique de ces études antérieures sur les relatives fait ressortir en principal deux aspects : a) il ne semble pas y avoir d’études systématiques sur les relatives qui proposent une analyse multimodale (c’est-à-dire une analyse qui combine le langage avec les conduites mimo-gestuelles des locuteurs) de l’usage de ces constructions grammaticales ; b) dans l’espace francophone, le rôle des relatives dans l’accomplissement des actions conversationnelles (telles que faire des évaluations) est resté largement inexploré. Il s’agit ici de pistes de recherche que le présent travail se propose d’examiner, en adoptant le cadre théorique et méthodologique de la linguistique interactionnelle et en analysant l’usage des relatives dans une base de données composée d’environ 20h d’enregistrements audio et vidéo de conversations en français. Cette recherche montre que les relatives sont utilisées par les locuteurs pour accomplir les actions conversationnelles suivantes : réparer un problème d’identification référentielle, poursuivre la réaction d’autrui par des élaborations référentielles, hétéro-initier la réparation d’un problème d’identification référentielle, prendre position par rapport aux assertions d’autrui concernant des référents et ajouter un élément supplémentaire à une énumération de caractéristiques référentielles. Cette étude montre aussi que la production de ces actions conversationnelles dépend de la position séquentielle que celles-ci occupent dans le déroulement interactionnel de la conversation et, en même temps, s’articule par rapport aux conduites mimo-gestuelles manifestées par les participants de l’interaction. Par l’examen des conduites non verbales des locuteurs, le présent travail identifie également des caractéristiques formelles dans la production des relatives qui reflètent la dimension interactionnelle et spontanée de leur usage conversationnel. De plus, par l’investigation de l’emploi interactionnel des relatives, cette recherche avance des arguments en faveur de l’autonomie syntaxique de certaines de ces constructions grammaticales. Enfin, cette étude présente également une série d’indices d’ordre séquentiel, interactionnel et prosodique qui sont examinés en lien avec le caractère restrictif/non restrictif de l’usage des relatives. Cette recherche vise ainsi à contribuer à une meilleure compréhension de la structure relative, telle qu’elle ressort des pratiques interactionnelles des locuteurs. Cette étude vise également à montrer que l’examen de l’usage-en-interaction des relatives ne peut pas être dissocié de l’étude des conduites non verbales des locuteurs qui sont présentes dans l’environnement naturel d’emploi de ces structures et qui sont susceptibles d’influencer l’utilisation de celles-ci. Enfin, ce travail argumente en faveur de l’adaptabilité du langage aux besoins interactionnels des locuteurs et à l’imprévisibilité de l’interaction sociale, témoignant par-là du caractère flexible et malléable des constructions grammaticales. Abstract The present work investigates the use of relative clauses, such as the one that is illustrated at line 01 of the following excerpt, in French talk-in-interaction: "Les bouteilles qui se vissent" [Corpus Pauscaf (Pause 7) – (10m03-10m13)] 01 CED: c’est vrai que les bouteilles qui se vissent, 02 comment s’appellent les le:s c’est pas des capsules, 03 si? 04 CAM: ouais, 05 CED: bref .hhh eu::h c’est- ça fait pas très classe, 06 ((le tour continue)) Relative clauses represent a classical object of linguistic inquiry. They have been extendedly examined in typological studies, which have focused on the use of these grammatical constructions in written, sometimes decontextualized or even forged data. These studies have proposed different classifications of relative clauses, according to their forms and to the semantic functions that have been attributed to these constructions in the respective data. Relative clauses have been also studied in works that have identified the existence of a morpho-syntactic variation within these grammatical constructions, manifest as a gap between the structures of relative clauses, as described in normative grammars, and the forms that are reflected by their actual use in oral and written attested data. In addition to this research, there have been works that have called into question the subordinate status of certain relative clauses. Finally, there are also few studies that have focused on relative clauses in conversations, most in languages other than French, and that have shown, for example, that speakers use these constructions for doing assessments. A critical discussion of these previous studies on relative clauses highlights mainly two things: a) systematic studies on relative clauses that propose a multimodal analysis (that is to say an analysis that combines language with the embodied conduct of speakers) of the use of these grammatical constructions do not seem to exist; b) in the French literature, the role of relative clauses in the accomplishment of conversational actions (such as doing assessments) has remained, to a great extent, unexplored. These are some lines of research that the present study aims to explore, by adopting the theoretical and methodological framework of interactional linguistics and by examining the use of relative clauses in a database composed of about 20 hours of audio and video recorded French talk-in-interaction. This research shows that relative clauses are used by speakers for accomplishing the following conversational actions: repairing a problem of referential identification, pursuing recipient uptake by elaborating on a referent, initiating other-repair of a problem of referential identification, taking a stand on somebody else’s statements concerning referents and adding a supplementary item to an enumeration of referential characteristics. This work also shows that the production of these conversational actions depends on the sequential position in which these actions occur within the interactional deployment of the conversation and, at the same time, is influenced by the embodied conduct displayed by the participants in interaction. By examining the participants’ nonverbal conduct, the present study identifies as well some formal features in the production of relative clauses that reflect the interactional and the spontaneous dimension of their conversational use. Moreover, based on the investigation of the interactional usage of relative clauses, this research argues in favour of the syntactic autonomy of some of these grammatical constructions. Finally, this work also presents a series of sequential, interactional and prosodic cues that are examined in relation to the restrictive/non-restrictive use of relative clauses. The present work aims thus to contribute to a better understanding of the relative clause, such as brought out by the interactional practices of the participants in conversations. It also aims to show that the investigation of the use-in-interaction of relative clauses may not be separated from the study of the participants’ embodied conduct that are present in the natural environment of use of these structures and that are likely to influence their occurrence. Finally, this study argues in favour of the adaptability of language to speakers’ interactional needs and to the contingencies of social interaction, giving further evidence of the flexible and malleable character of grammatical constructions.
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    Les interactions sociales : recherches récentes sur le français
    (: Revue Française de Linguistique Appliquée: Special issue, 2017) ;
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    Interactional Competences in Institutional Settings: from School to the Workplace
    (: Palgrave Macmillan, 2017) ; ; ;
    Filliettaz, Laurent
    ;
    González-Martínez, Esther
    ;
    This interdisciplinary volume brings together leading scholars from several disciplines to uncover the key to young people’s socialization within institutional settings, from school to the workplace. Among the questions they consider are: what aspects of interactional competence are relevant for participation in practical activities within those settings? What are the interactional procedures through which diverse facets of interactional competence are recognized, legitimized and assessed in the course of practical activities? How do these procedures shape and reflect social institutions and people's understanding of them? The collection discusses interactional competences across a variety of institutional settings, and reflects on the institutional order by scrutinizing how such competences are interactionally treated within everyday institutional practices. The volume enriches an interdisciplinary understanding of fundamental concepts in the social sciences and will therefore be of interest to those working within linguistics, sociology, education, psychology of work, and speech therapy.
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    Organisation interactionnelle des récits conversationnels par des jeunes candidats lors d'un entretien d'embauche
    Comme en témoigne une abondante littérature sur le sujet, produire un récit conversationnel constitue un moyen de présentation de soi efficace dans le contexte d’un entretien d’embauche. Cependant, les mécanismes d’implémentation de ces récits dans l’interaction demeurent à ce jour largement sous-explorés. La présente étude s’inscrit dans le cadre d’un projet de recherche plus vaste, portant sur les compétences interactionnelles déployées en contexte institutionnel par des jeunes dans leur trajectoire entre l’école et leurs débuts dans le monde professionnel (Interactional Competences in Institutional Practices : Young People between School and the Workplace, subside FNS CRSII1_136291). De ce projet est issu un livre retraçant les grandes étapes de ce parcours (Pekarek Doehler, Bangerter, de Weck, Filliettaz, Gonzalez-Martinez & Petitjean, à paraître). L’objectif de notre recherche consiste ainsi à observer les mécanismes interactionnels qui sous-tendent les activités de récits conversationnels, dans des entretiens d’embauche impliquant des jeunes candidats inexpérimentés, postulant pour leur premier emploi. Le récit conversationnel est ici défini comme étant un récit d’expérience personnelle, constitué d’un enchaînement temporel d’événements, et référant à un moment unique situé dans le passé. L’observation de ce phénomène a été effectuée sur la base d’un corpus de données authentiques d’entretiens d’embauche, enregistrées sur un support audio-visuel, dans deux administrations publiques et une entreprise privée de Suisse romande. Ancrée dans une perspective interactionniste, cette recherche explore l’organisation interactionnelle des récits conversationnels produits par des jeunes candidats lors d’un entretien d’embauche, en observant les techniques et ressources déployées par les participants dans l’accomplissement d’activités de récit. Cette étude contribue à une meilleure compréhension du récit dans le contexte institutionnel de l’entretien d’embauche, et procure des clés aux candidats et aux recruteurs sur les mécanismes permettant de produire un récit valorisant des compétences pertinentes pour le poste., As extensively demonstrated in the literature, storytelling in job interviews is a pervasive means for self-presentation. However, how these stories are interactionally implemented is still under-explored. This study is part of a broader project, about interactional competences in institutional practices by young people in their trajectories between school and the workplace (Interactional Competences in Institutional Practices : Young People between School and the Workplace, SNF grant CRSII1_136291). This project yielded to a book recounting the main stages of this path (Pekarek Doehler, Bangerter, de Weck, Filliettaz, Gonzalez-Martinez & Petitjean, in press). The goal of this study aims to observe the interactional mechanisms underlying storytelling activities in job interviews involving inexperienced young candidates, applying for their first job. Conversational storytelling is defined here as a story about a personal experience, made of a temporally ordered sequence of events, and refering to a unique time in the past. The observation of this phenomenon has been made on a corpus of naturally occurring data of job interviews, audio-video recorded, in two public organisations and one private company of the french speaking part of Switzerland. Grounded in an interactionist perspective, this research explores the interactional organisation of storytelling by young candidates in job interviews, observing the technics and resources deployed by the interactants to accomplish storytelling activities. This study gives a better understanding of storytelling in the institutional context of job interviews, and provides some keys to both candidates and recruiters about the mechanisms by which producing a meaningful storytelling, highlighting relevant skills for the job.