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The epistemic pragmatics of presupposition effects
Date de parution
2024-03-11
Nombre de page
277
Mots-clés
- théorie de la Pertinence
- présupposition
- accommodation
- pragmatique cognitive
- vigilance épistémique
- manipulation
- compréhension verbale
- acquisition de présuppositions
- effets épistémiques
- Relevance theory
- presuppositions
- cognitive pragmatics
- epistemic vigilance
- utterance comprehension
- presupposition acquisition
- epistemic effects
théorie de la Pertine...
présupposition
accommodation
pragmatique cognitive...
vigilance épistémique...
manipulation
compréhension verbale...
acquisition de présup...
effets épistémiques
Relevance theory
presuppositions
cognitive pragmatics
epistemic vigilance
utterance comprehensi...
presupposition acquis...
epistemic effects
Résumé
Cette thèse est consacrée au traitement et à l'accommodation de présuppositions, à la lumière de la pragmatique cognitive. Je souligne d'emblée que les présuppositions ont été laissées de côté très tôt par la théorie de la Pertinence et qu'elles doivent être réintégrées au sein de la théorie, à la lumière des contributions récentes, souvent majeures, de cette tradition.
La première partie présente les différentes catégories de présuppositions considérées, allant des présuppositions sémantiques aux présuppositions discursives. Concernant les présuppositions sémantiques, je présente les principales approches et débats à leur sujet, soulignant le problème de l'hétérogénéité de cette catégorie. Concernant les présuppositions discursives, je fournis des critères d'identification spécifiques pour cette catégorie pragmatique et j'identifie trois niveaux de présuppositions discursives : les présuppositions de premier ordre sont des inférences d'arrière-plan en l'absence de connaissances encyclopédiques sur les concepts, les présuppositions de deuxième ordre sont des inférences d'arrière-plan basées sur des connaissances encyclopédiques sur les concepts, et les présuppositions de troisième ordre sont des inférences d'arrière-plan basées sur des hypothèses concernant les hiérarchies sociales permettant l'accomplissement d'actes de langage spécifiques.
La deuxième partie de cette thèse soutient que les présuppositions sémantiques et discursives peuvent être considérées comme une catégorie homogène, dès lors qu’on les aborde du point de vue de leurs effets pragmatiques. D’abord, je soutiens que les présuppositions sémantiques et pragmatiques sont déclenchées par la présomption de pertinence que chaque énoncé communique. Dans le processus d'attribution de contenus d’avant-plan, le destinataire enrichit l’information communiquée en faisant des hypothèses sur les raisons qui justifient l'énoncé. En outre, je souligne que les effets présuppositionnels sont relativement moins ostensifs que les contenus faisant partie du vouloir-dire du locuteur. Cela m'amène à discuter la manière dont le continuum de significations plus ou moins ostensives de Sperber et Wilson (2015) pourrait être utilisé pour rendre compte des effets présuppositionnels. Suite à cela, je présente l'hypothèse de la Vigilance Epistémique de Sperber et al. (2010), mettant l’emphase sur la distinction entre la compréhension et l’acceptation d’un énoncé. Dans ce cadre, je présente une hypothèse relative à l’acquisition des présuppositions, dans laquelle je soutiens que les présuppositions sont des contenus de premier plan, pertinents pour la l'acceptation d’un énoncé comme objet digne d’être interprété. Je qualifie donc les présuppositions d'"inférences primaires", soulignant que ces contenus sont fondamentaux dans l'acceptation d'un contenu, mais que leur caractère « élémentaire » les expose à progressivement être relayés à l'arrière-plan conversationnel. Revenant aux présuppositions au sein d’une population adulte, je soutiens que les présuppositions contribuent davantage à l'acceptation d'un énoncé qu'à sa compréhension, soulignant les nombreux cas où le destinataire ne présente aucune difficulté d'interprétation lorsque la présupposition s'avère être dépourvue d’un référent ou lorsqu’elle est simplement fausse. Cependant, je souligne la tension qu'une telle approche soulève dès lors que l’on prête attention aux erreurs épistémiques commises dans les illusions cognitives telles que l'Illusion de Moïse. En effet, de nombreuses expériences en psychologie ont montré que le destinataire accepte des énoncés comme pertinents tout en omettant une erreur évidente.
La troisième partie aborde le problème de l’accommodation de présuppositions manifestement fausses. Je présente différentes approches qui ont attribué aux présuppositions un pouvoir de persuasion ou de manipulation, soit parce qu'elles permettraient une rétractation plausible, soit parce qu'elles forceraient l'incorporation de nouvelles croyances de manière subliminale. Je souligne les limites de ces approches, présentant des contre-exemples ainsi que des données expérimentales qui nuancent l’idée selon laquelle l’accommodation est fondamentalement manipulatrice. Enfin, je distingue trois types d'accommodation, à savoir a) les accommodations conscientes de présuppositions, b) les accommodations inconscientes avec effets épistémiques et c) les accommodations inconscientes sans effets épistémiques. En conclusion de ce chapitre, je résous le paradoxe que pose l’accommodation de présuppositions manifestement fausses pour la vigilance épistémique du destinataire de la manière suivante : premièrement, à partir des distinctions faites entre les différents types d'accommodation, je souligne que seul un sous-ensemble d'entre elles pose un problème pour la vigilance épistémique du destinataire, à savoir « l'accommodation inconsciente avec effets épistémiques ». Deuxièmement, je souligne la nature optimale – et donc imparfaite – des processus dédiés à la vérification de l'information. Cela permet de réconcilier l'idée que les humains accommodent des présuppositions fausses malgré leur vigilance épistémique.
La première partie présente les différentes catégories de présuppositions considérées, allant des présuppositions sémantiques aux présuppositions discursives. Concernant les présuppositions sémantiques, je présente les principales approches et débats à leur sujet, soulignant le problème de l'hétérogénéité de cette catégorie. Concernant les présuppositions discursives, je fournis des critères d'identification spécifiques pour cette catégorie pragmatique et j'identifie trois niveaux de présuppositions discursives : les présuppositions de premier ordre sont des inférences d'arrière-plan en l'absence de connaissances encyclopédiques sur les concepts, les présuppositions de deuxième ordre sont des inférences d'arrière-plan basées sur des connaissances encyclopédiques sur les concepts, et les présuppositions de troisième ordre sont des inférences d'arrière-plan basées sur des hypothèses concernant les hiérarchies sociales permettant l'accomplissement d'actes de langage spécifiques.
La deuxième partie de cette thèse soutient que les présuppositions sémantiques et discursives peuvent être considérées comme une catégorie homogène, dès lors qu’on les aborde du point de vue de leurs effets pragmatiques. D’abord, je soutiens que les présuppositions sémantiques et pragmatiques sont déclenchées par la présomption de pertinence que chaque énoncé communique. Dans le processus d'attribution de contenus d’avant-plan, le destinataire enrichit l’information communiquée en faisant des hypothèses sur les raisons qui justifient l'énoncé. En outre, je souligne que les effets présuppositionnels sont relativement moins ostensifs que les contenus faisant partie du vouloir-dire du locuteur. Cela m'amène à discuter la manière dont le continuum de significations plus ou moins ostensives de Sperber et Wilson (2015) pourrait être utilisé pour rendre compte des effets présuppositionnels. Suite à cela, je présente l'hypothèse de la Vigilance Epistémique de Sperber et al. (2010), mettant l’emphase sur la distinction entre la compréhension et l’acceptation d’un énoncé. Dans ce cadre, je présente une hypothèse relative à l’acquisition des présuppositions, dans laquelle je soutiens que les présuppositions sont des contenus de premier plan, pertinents pour la l'acceptation d’un énoncé comme objet digne d’être interprété. Je qualifie donc les présuppositions d'"inférences primaires", soulignant que ces contenus sont fondamentaux dans l'acceptation d'un contenu, mais que leur caractère « élémentaire » les expose à progressivement être relayés à l'arrière-plan conversationnel. Revenant aux présuppositions au sein d’une population adulte, je soutiens que les présuppositions contribuent davantage à l'acceptation d'un énoncé qu'à sa compréhension, soulignant les nombreux cas où le destinataire ne présente aucune difficulté d'interprétation lorsque la présupposition s'avère être dépourvue d’un référent ou lorsqu’elle est simplement fausse. Cependant, je souligne la tension qu'une telle approche soulève dès lors que l’on prête attention aux erreurs épistémiques commises dans les illusions cognitives telles que l'Illusion de Moïse. En effet, de nombreuses expériences en psychologie ont montré que le destinataire accepte des énoncés comme pertinents tout en omettant une erreur évidente.
La troisième partie aborde le problème de l’accommodation de présuppositions manifestement fausses. Je présente différentes approches qui ont attribué aux présuppositions un pouvoir de persuasion ou de manipulation, soit parce qu'elles permettraient une rétractation plausible, soit parce qu'elles forceraient l'incorporation de nouvelles croyances de manière subliminale. Je souligne les limites de ces approches, présentant des contre-exemples ainsi que des données expérimentales qui nuancent l’idée selon laquelle l’accommodation est fondamentalement manipulatrice. Enfin, je distingue trois types d'accommodation, à savoir a) les accommodations conscientes de présuppositions, b) les accommodations inconscientes avec effets épistémiques et c) les accommodations inconscientes sans effets épistémiques. En conclusion de ce chapitre, je résous le paradoxe que pose l’accommodation de présuppositions manifestement fausses pour la vigilance épistémique du destinataire de la manière suivante : premièrement, à partir des distinctions faites entre les différents types d'accommodation, je souligne que seul un sous-ensemble d'entre elles pose un problème pour la vigilance épistémique du destinataire, à savoir « l'accommodation inconsciente avec effets épistémiques ». Deuxièmement, je souligne la nature optimale – et donc imparfaite – des processus dédiés à la vérification de l'information. Cela permet de réconcilier l'idée que les humains accommodent des présuppositions fausses malgré leur vigilance épistémique.
This thesis is devoted to the processing and accommodation of presuppositions in the light of Relevance theory. I emphasize from the start that presuppositions were left aside early on by Relevance theory and need to be reintegrated into the theory, in the light of recent, often major, contributions from this tradition.
The first part outlines the different categories of presuppositions considered, ranging from semantic presuppositions to discursive presuppositions. With regard to semantic presuppositions, I present the main approaches and debates, highlighting the problem of the extreme heterogeneity of this category. As for discursive presuppositions, I provide specific identification criteria for this pragmatic category and identify three distinct levels in which this category is involved: first-order presuppositions being background inferences in the absence of encyclopedic knowledge about concepts, second-order being background inferences based on encyclopedic knowledge about concepts, and third-order being background inferences relating to social hierarchies which enable a specific speech act.
The second part argues that semantic and discursive presuppositions can be conceived as a homogeneous category once their pragmatic effects are closely examined. First, I argue that both semantic and pragmatic presuppositions are triggered by the presumption of relevance that each utterance communicates. While processing the foreground content of an utterance, the addressee enriches the meaning by building hypotheses about the reasons that motivate the utterance. Furthermore, I argue that presupposition effects are relatively less ostensive meanings that need to be taken into account by adding a third dimension to Sperber and Wilson’s (2015) diagram. Subsequently, I address the epistemic effects of presupposition accommodation. Building on the seminal work of Sperber et al. (2010) on Epistemic Vigilance, I reconsider presuppositions from a developmental perspective. I argue that presuppositions are "primary inferences", relevant to the acquisition of knowledge about the world, but that they are gradually relayed to the conversational background. Returning to presuppositions in adult populations, I argue that they contribute more to the acceptance of an utterance than to its comprehension, highlighting the many cases where the addressee encounters no difficulty in interpreting the utterance when the presupposition turns out to be lacking a referent or even to be false. However, I point out the paradox that such an approach raises when paying attention to the epistemic errors made in famous cognitive illusions, such as the Moses Illusion. Indeed, several experiments in psychology have shown that in some cases the addressee accepts an utterance as relevant while overlooking an obvious error.
The third part addresses specifically the problem of accepting verbal contents that contain an obviously false presupposition. I present various approaches that have attributed to presuppositions a highly persuasive or manipulative power, either because they would allow for plausible deniability or because they would force the incorporation of new beliefs in an unconscious way. I highlight the limitations of these approaches, discussing numerous counterexamples, as well as experimental data that portray the phenomenon in a more nuanced way. Finally, I distinguish three types of accommodation, namely a) conscious accommodations, b) unconscious accommodations with epistemic effects and c) unconscious accommodations without epistemic effects. To conclude, I suggest a way of resolving the contradiction raised by the acceptance of obviously false presuppositions for the addressee's epistemic vigilance: first, drawing on the distinctions made between different types of accommodation, I point out that only a subset of them raise a problem for the addressee's epistemic vigilance, namely “unconscious accommodation with epistemic effects”. Secondly, I emphasize the optimal – and therefore imperfect – nature of processes dedicated to the verification of information. This allows us to reconcile the idea that humans accommodate false information despite their epistemic vigilance.
The first part outlines the different categories of presuppositions considered, ranging from semantic presuppositions to discursive presuppositions. With regard to semantic presuppositions, I present the main approaches and debates, highlighting the problem of the extreme heterogeneity of this category. As for discursive presuppositions, I provide specific identification criteria for this pragmatic category and identify three distinct levels in which this category is involved: first-order presuppositions being background inferences in the absence of encyclopedic knowledge about concepts, second-order being background inferences based on encyclopedic knowledge about concepts, and third-order being background inferences relating to social hierarchies which enable a specific speech act.
The second part argues that semantic and discursive presuppositions can be conceived as a homogeneous category once their pragmatic effects are closely examined. First, I argue that both semantic and pragmatic presuppositions are triggered by the presumption of relevance that each utterance communicates. While processing the foreground content of an utterance, the addressee enriches the meaning by building hypotheses about the reasons that motivate the utterance. Furthermore, I argue that presupposition effects are relatively less ostensive meanings that need to be taken into account by adding a third dimension to Sperber and Wilson’s (2015) diagram. Subsequently, I address the epistemic effects of presupposition accommodation. Building on the seminal work of Sperber et al. (2010) on Epistemic Vigilance, I reconsider presuppositions from a developmental perspective. I argue that presuppositions are "primary inferences", relevant to the acquisition of knowledge about the world, but that they are gradually relayed to the conversational background. Returning to presuppositions in adult populations, I argue that they contribute more to the acceptance of an utterance than to its comprehension, highlighting the many cases where the addressee encounters no difficulty in interpreting the utterance when the presupposition turns out to be lacking a referent or even to be false. However, I point out the paradox that such an approach raises when paying attention to the epistemic errors made in famous cognitive illusions, such as the Moses Illusion. Indeed, several experiments in psychology have shown that in some cases the addressee accepts an utterance as relevant while overlooking an obvious error.
The third part addresses specifically the problem of accepting verbal contents that contain an obviously false presupposition. I present various approaches that have attributed to presuppositions a highly persuasive or manipulative power, either because they would allow for plausible deniability or because they would force the incorporation of new beliefs in an unconscious way. I highlight the limitations of these approaches, discussing numerous counterexamples, as well as experimental data that portray the phenomenon in a more nuanced way. Finally, I distinguish three types of accommodation, namely a) conscious accommodations, b) unconscious accommodations with epistemic effects and c) unconscious accommodations without epistemic effects. To conclude, I suggest a way of resolving the contradiction raised by the acceptance of obviously false presuppositions for the addressee's epistemic vigilance: first, drawing on the distinctions made between different types of accommodation, I point out that only a subset of them raise a problem for the addressee's epistemic vigilance, namely “unconscious accommodation with epistemic effects”. Secondly, I emphasize the optimal – and therefore imperfect – nature of processes dedicated to the verification of information. This allows us to reconcile the idea that humans accommodate false information despite their epistemic vigilance.
Notes
UniNE, FLSH, Institut des sciences de la communication et de la cognition, soutenue le 11 mars 2024
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Type de publication
doctoral thesis