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L’eau en conflit. Implications du proche dans les trajectoires militantes des opposant · e ·s aux méga-bassines prévues sur le bassin versant de la Sèvre Niortaise
Auteur(s)
Marendaz, Mathilde
Date de parution
2023-09
Nombre de page
65
Mots-clés
Résumé
Depuis 2017, une mobilisation écologiste se manifeste contre l’installation de bassines de
stockage d’eau pour l’irrigation des grandes cultures, dans les Deux-Sèvres, sur le bassin versant de la Sèvre Niortaise. Depuis 2021, la mobilisation a pris de l’ampleur à hauteur de milliers de personnes se retrouvant pour empêcher ces projets de méga-bassines, réunissant des membres de Bassines non merci, des Soulèvements de la Terre et de la Confédération paysanne. Cette mobilisation a porté deux enjeux au-devant de la scène : l’agriculture est mise en dispute entre un modèle agro-industriel défendu par le syndicat agricole majoritaire (FNSEA) et l’État, pour qui le secteur de l’agro-industrie est un secteur prioritaire de croissance économique ; de l’autre, une paysannerie de subsistance est défendue par la Confédération paysanne, les Soulèvements de la Terre et Bassines non merci. Deuxièmement, l’usage de l’eau est débattu, car le pompage dans les nappes phréatiques en hiver pour la stocker a des conséquences sur la modification du cycle de l’eau et ses usages. Dans ce mémoire, je me suis intéressée aux trajectoires des opposant·e·s aux projets de bassines, par le concept de proche (Dechézelles et Olive 2019b), en m’inscrivant dans le champ d’étude des conflits de lieux – vulgarisé par la notion de « luttes locales » (Vacher 2021). Plus largement, j’ai pris appui sur des travaux menés en sociologie et en géographie de l’engagement. Par un travail de terrain mêlant observations participantes, entretiens formalisés et discussions informelles, j’ai analysé les enjeux spécifiques de l’engagement dans, par et pour le proche. J’ai documenté les implications spatiales du proche sur l’engagement, en démontrant comment les attachements aux lieux (Sébastien 2022), quand les lieux sont menacés d’altération et que la situation fait écho à des enjeux écologiques globaux, deviennent des mobiles d’engagement. Le conflit et l’engagement modifient ensuite l’attachement aux lieux des militant·e·s, en créant d’autres gammes d’affect aux vivants dans le proche et par conséquent des relations modifiées aux territoires. J’ai décrit la dimension particulière de l’eau, qui se retrouve dans ce conflit dans un quotidien accordé à l’action collective. J’ai également démontré comment la connaissance des lieux était une ressource de l’engagement et se développait aussi par l’engagement, intensifiant les relations aux lieux qui importent aux militant·e·s. Puis je me suis concentrée sur les implications sociales du proche sur l’engagement, en détaillant les dimensions de ressources, de soutien mais également de désengagement que comportent les dimensions sociales du proche.
stockage d’eau pour l’irrigation des grandes cultures, dans les Deux-Sèvres, sur le bassin versant de la Sèvre Niortaise. Depuis 2021, la mobilisation a pris de l’ampleur à hauteur de milliers de personnes se retrouvant pour empêcher ces projets de méga-bassines, réunissant des membres de Bassines non merci, des Soulèvements de la Terre et de la Confédération paysanne. Cette mobilisation a porté deux enjeux au-devant de la scène : l’agriculture est mise en dispute entre un modèle agro-industriel défendu par le syndicat agricole majoritaire (FNSEA) et l’État, pour qui le secteur de l’agro-industrie est un secteur prioritaire de croissance économique ; de l’autre, une paysannerie de subsistance est défendue par la Confédération paysanne, les Soulèvements de la Terre et Bassines non merci. Deuxièmement, l’usage de l’eau est débattu, car le pompage dans les nappes phréatiques en hiver pour la stocker a des conséquences sur la modification du cycle de l’eau et ses usages. Dans ce mémoire, je me suis intéressée aux trajectoires des opposant·e·s aux projets de bassines, par le concept de proche (Dechézelles et Olive 2019b), en m’inscrivant dans le champ d’étude des conflits de lieux – vulgarisé par la notion de « luttes locales » (Vacher 2021). Plus largement, j’ai pris appui sur des travaux menés en sociologie et en géographie de l’engagement. Par un travail de terrain mêlant observations participantes, entretiens formalisés et discussions informelles, j’ai analysé les enjeux spécifiques de l’engagement dans, par et pour le proche. J’ai documenté les implications spatiales du proche sur l’engagement, en démontrant comment les attachements aux lieux (Sébastien 2022), quand les lieux sont menacés d’altération et que la situation fait écho à des enjeux écologiques globaux, deviennent des mobiles d’engagement. Le conflit et l’engagement modifient ensuite l’attachement aux lieux des militant·e·s, en créant d’autres gammes d’affect aux vivants dans le proche et par conséquent des relations modifiées aux territoires. J’ai décrit la dimension particulière de l’eau, qui se retrouve dans ce conflit dans un quotidien accordé à l’action collective. J’ai également démontré comment la connaissance des lieux était une ressource de l’engagement et se développait aussi par l’engagement, intensifiant les relations aux lieux qui importent aux militant·e·s. Puis je me suis concentrée sur les implications sociales du proche sur l’engagement, en détaillant les dimensions de ressources, de soutien mais également de désengagement que comportent les dimensions sociales du proche.
Since 2017, environmentalists, peasants and inhabitants have been protesting the installation of big water storage basins in the Deux-Sèvres region, in the Sèvre Niortaise watershed. Since 2021, the mobilization has grown to thousands of people meeting to prevent these mega-basin projects, bringing together members of Bassines non merci, Soulèvements de la Terre and the Confédération paysanne. This mobilization brought two issues to the forefront: firstly, agriculture is in dispute between an agro-industrial model defended by the majority farmers' union (FNSEA) and the State, for whom the agro-industrial sector is a priority sector for economic growth; on the other, a subsistence peasantry is defended by the Confédération paysanne, Soulèvements de la Terre and Bassines non merci. Secondly, the use of water is debated, as pumping groundwater in winter to store it has consequences for the modification of the water cycle and its uses. In this research, I focused on the trajectories of opponents to the basin projects, through the concept of proche – near – (Dechézelles and Olive 2019b), fitting into the field of study of conflicts of place - popularized by the notion of "local struggles" (Vacher 2021).
More broadly, I drew on work carried out in the sociology and geography of mobilizations. Through fieldwork combining participant observation, formalized interviews and informal discussions, I analyzed the specific stakes of engagement in, by and for the near. I documented the near’s spatial implications for engagement, demonstrating how attachments to place (Sébastien 2022), when places are threatened with alteration and the situation echoes global ecological issues, become motives for engagement. Conflict and engagement then modify people’ attachment to place, creating other ranges of affect to the living in the immediate vicinity and consequently modified relations to territories and places. I've described the particular dimension of water in this conflict, in a daily life given over to collective action. I also demonstrated how knowledge of place was a resource for engagement and was also developed through engagement, intensifying the relationships to place that matter to activists. Then I focused on the social implications of the near on engagement, detailing the resourceful, supportive but also disengaging dimensions that the social dimensions of the near entail.
More broadly, I drew on work carried out in the sociology and geography of mobilizations. Through fieldwork combining participant observation, formalized interviews and informal discussions, I analyzed the specific stakes of engagement in, by and for the near. I documented the near’s spatial implications for engagement, demonstrating how attachments to place (Sébastien 2022), when places are threatened with alteration and the situation echoes global ecological issues, become motives for engagement. Conflict and engagement then modify people’ attachment to place, creating other ranges of affect to the living in the immediate vicinity and consequently modified relations to territories and places. I've described the particular dimension of water in this conflict, in a daily life given over to collective action. I also demonstrated how knowledge of place was a resource for engagement and was also developed through engagement, intensifying the relationships to place that matter to activists. Then I focused on the social implications of the near on engagement, detailing the resourceful, supportive but also disengaging dimensions that the social dimensions of the near entail.
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Type de publication
master thesis