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Dynamique de la relance du safran à Mund (Alpes valaisannes): approche ethnographique d'un produit du terroir
Auteur(s)
Cecchini-Pauchard, Marie-José
Editeur(s)
Date de parution
2006
Résumé
Les producteurs et productrices de safran à Mund, en Haut-Valais, ont obtenu le label AOC (appellation d’origine contrôlée) en 2004. Le système de ce label a été mis en place en Suisse à la fin du siècle passé afin de valoriser, protéger et distinguer des produits fabriqués à petite échelle et à fort coût de main-d’œuvre. L’obtention de l’AOC marque une étape importante dans le processus de relance de cette épice à Mund, initié il y a plus de vingt ans. Ce village est l’unique lieu de production de safran en Suisse, et l’échelle de production est si petite que cultiver le safran “ ne nourrit pas son homme. ” Pourquoi le safran n’est-il cultivé qu’à Mund, et comment ses habitants ont-ils relancé cette production ? Telles sont les questions globales auxquelles j’ai tenté de répondre dans ce travail qui porte d’une part, dans une perspective synchronique, sur les pratiques et représentations de ces producteurs/-trices, mais qui tient aussi compte de l’histoire de leur association (Safranzunft). Le cadre théorique général de mon approche relève de l’anthropologie de l’objet et des techniques, mais les rapports sociaux particuliers qui s’articulent autour de cet objet (le safran) m’ont amené à prendre appui non seulement sur des travaux spécifiques portant sur la relance de produits du terroir, mais aussi sur la sociologie des loisirs et l’anthropologie économique. J’ai mené une enquête ethnographique sur le terrain de Mund et des environs, en plusieurs épisodes et pendant sept mois. Elle est basée sur les méthodes de l’observation participante, des entretiens semi-directifs et l’analyse de la documentation locale. Un premier volet de mon travail s’attache à cerner les ingrédients de la relance du safran à Mund à travers les techniques de production de l’épice, son organisation sociale et le sens que les acteurs/-trices donnent à leur pratique. Cette relance s’inscrit dans le contexte historique de la transformation, dans le courant du XXème siècle, des “ agropasteurs ” montagnards en ouvriers-paysans, puis de la redécouverte contemporaine de certains de leurs produits. Ce processus se construit d’une part sur deux repères fondamentaux (le temps passé et l’espace très localisé) permettant d’ancrer le produit, de le singulariser et de lui assurer une nouvelle carrière de bien culturel : la distinction est donc un élément fort du processus. D’autre part, il s’appuie sur des ressources et des connaissances puisées ailleurs ; ce double-mouvement de retour sur soi et d’ouverture au monde semble avoir renforcé une identité locale cristallisée sur cet objet, car le safran apparaît aujourd’hui comme l’emblème du village, objet médiateur incontournable entre les Mundini et les autres. Des médiateurs privilégiés agissent dans la construction de preuve d’ancrage du produit dans le passé local, et pour la diffusion de la tradition (producteurs/-trices, notables locaux, restaurateurs/-trices et experts extérieurs). La fondation de leur organisation en Zunft (confrérie) qui a pour but de conserver la culture du safran dans un esprit de camaraderie, constitue un des événements marquant du processus de relance. La conjugaison du passé au présent entraîne une relative diversité des pratiques culturales ; cette diversité tend vers l’unité en période de récolte où un maximum d’acteurs/-trices (producteurs/trices, touristes, journalistes) interagissent sur les parcelles de safran. La circulation du safran constitue le deuxième volet de mon travail. Il passe par deux modes d’échange, le don/contre-don et l’achat/vente, selon que le produit est destiné respectivement à la famille et aux amis ou aux touristes. La perception du deuxième mode par les producteurs/-trices reflète une tension entre les valeurs symbolique et marchande que représente le safran. Dans ce contexte, l’AOC constitue un défi pour la confrérie qui joue désormais un rôle d’intermédiaire entre ses membres et l’Etat, et doit gérer les coûts de l’appellation. Néanmoins, les safraniers/-ères de Mund semblent partager la reconnaissance et le prestige que représente l’appellation “ Safran de Mund .”
Notes
Mémoire de diplôme universitaire : Université de Neuchâtel, 2006 ; 192
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Type de publication
master thesis
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