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    ''La Réponse à l'écrit du colonel de La Harpe d'Isabelle de Charrière: un pamphlet aux limites du genre''
    (2014-12-5)
    En tant que publiciste de sexe féminin, Isabelle de Charrière éprouvait des réticences à entrer dans l’arène politique à découvert. C’est la raison pour laquelle elle recourait fréquemment à l’anonymat dans ses écrits. Souvent efficace, cette stratégie semble s’être révélée contreproductive dans la Réponse à l’écrit du colonel de La Harpe (1797), dernier pamphlet politique d’Isabelle de Charrière. Un argument particulièrement sensible mobilisé dans ce texte semble en être la cause, les destinataires du pamphlet, des hommes essentiellement, pouvant difficilement se ranger au point de vue exprimé par l’auteure. Par l’attention qu’il porte aux relations entre le sexe du locuteur et la pragmatique du discours, cet article poursuit deux objectifs. En premier lieu, il permet d’expliquer certaines difficultés auxquelles Isabelle de Charrière, comme d’autres femmes polémistes, s’est trouvée confrontée dans son écriture politique. En second lieu, cet article aborde la question des biais rhétoriques et philosophiques induits par la recherche d’une posture énonciative neutre.
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    ''Théorie et enjeux moraux de la fiction chez Rousseau et Isabelle de Charrière''
    (2012-12-21)
    La question des liens entre littérature et morale se pose en des termes très différents chez Rousseau et chez Isabelle de Charrière. Après avoir dénoncé dans la Lettre à d’Alembert l’influence néfaste du théâtre sur les mœurs, Rousseau défend un point de vue inverse dans La Nouvelle Héloïse en attribuant à la fiction une portée rédemptrice. Bien qu’antithétiques, ces deux textes reposent sur une conception identique du public : soumis à l’influence de passions qu’ils ne maîtrisent pas, les lecteurs/spectateurs se trouvent privés de l’usage de la raison. Ils peuvent de ce fait être entraînés indifféremment vers le bien ou vers le mal. Isabelle de Charrière porte un regard plus nuancé sur ce sujet. Convaincue de la primauté du sens critique des lecteurs, elle se montre dubitative quant aux pouvoirs de la fiction. En cela, sa réflexion entre en résonance avec une mutation importante du champ esthétique du tournant des Lumières : l’autonomie de l’art et de la morale. En mettant face à face les points de vue de Rousseau et d’Isabelle de Charrière, cet article examine dans un premier temps deux aspects opposés du débat sur l’exemplarité des fictions dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Dans un second temps, il rend compte de la place tout à fait particulière qu’occupait Rousseau dans la pensée d’Isabelle de Charrière, notamment au lendemain de la Révolution.
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    ''Quand la romancière se fait pamphlétaire. Aspects de la pensée politique d'Isabelle de Charrière autour des Lettres trouvées dans la neige''
    (2012-12-20)
    Auteur de romans et de pièces de théâtre, Isabelle de Charrière a également écrit quelques textes portant sur l’actualité politique de son époque. Souvent interprétés comme contre-révolutionnaires, les pamphlets qu’elle écrit dans les années 1790 revêtent pourtant une autre signification lorsque l’on tient compte de la situation d’énonciation propre à ces textes. Dans le cas du pamphlet analysé dans cet article, la situation d’énonciation, mais aussi la forme – un échange de lettres entre deux correspondants imaginaires – invitent à mettre en doute la signification partisane de ces textes. Le recours à la fiction dans les Lettres trouvées dans la neige indique en effet que ce texte présente une dimension hypothétique plutôt qu’assertive. De fait, en choisissant d’inscrire sa réflexion politique dans un cadre narratif, Isabelle de Charrière instaure un mode de représentation conforme à son scepticisme sur le plan philosophique : au lieu d’affirmer des certitudes tranchées, elle propose à travers le dialogue de ses personnages une réflexion plus critique que strictement polémique. Sur un plan plus général, ensuite, le recours à la fiction dans ce pamphlet illustre une conception chère à Isabelle de Charrière tout au long de sa vie, mais d’une urgence particulière dans le contexte révolutionnaire : l’idée que les discours politiques, comme toute théorie, ne sont pas des vérités pures mais des interprétations de la réalité. Dans cette perspective, l’écriture d’un pamphlet en forme de roman épistolaire représente pour elle un moyen de mettre en avant l’expérience individuelle, en tant que vérité subjective et relative, de façon à questionner les discours à prétention généralisante. C’était à ses yeux la manière la plus honnête d’intervenir sur la scène publique.
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    ''Le classicisme d’Isabelle de Charrière face à la littérature du tournant des Lumières''
    (2012-5-4)
    Attachée aux idéaux de clarté et de simplicité de la littérature du XVIIe siècle, Isabelle de Charrière critique à de nombreuses reprises dans sa correspondance l’emphase du style de ses contemporains. Comme le montre cet article, cette critique de l’amphigouri ne fait cependant pas d’Isabelle de Charrière un esprit chagrin dans ce XVIIIe siècle finissant qui lui préfère pourtant le style de sa jeune rivale Mme de Staël. S’il lui arrive de se montrer nostalgique de la simplicité classique, c’est moins en raison d’une prétendue perfection des auteurs du Grand Siècle que de la rigueur de pensée qu’elle décelait dans leur exigence linguistique. Dans cette perspective, si Isabelle de Charrière fait sienne la formule de Boileau selon laquelle « ce qui se conçoit bien s’énonce clairement », c’est parce qu’elle veut croire dans les années post-révolutionnaires que la raison reste un meilleur rempart pour affronter les dérives d’un monde en plein délitement que l’épanchement des sentiments. Si sa posture lui rend en grande partie étrangère la nécessité du romantisme naissant, elle se révèle cependant d’une grande originalité par les exigences qu’elle formule dans le domaine esthétique. Procédant du classicisme français et de l’empirisme anglais tout à la fois, la clarté et la simplicité prônées par Isabelle de Charrière jettent en effet les bases d’un art romanesque fondé sur l’observation de la réalité concrète et orienté vers la critique des déterminismes sociaux.