Options
Le corps musical: pratiques et discours autour des concerts de heavy metal
Auteur(s)
Meynet, Chiara
Editeur(s)
Mueller, Alain
Date de parution
2018
Résumé
Au 20e siècle, le phénomène des "sous-cultures" (dont il s’agira de questionner l’étiquette) commence à intéresser les scientifiques, mais va susciter des lectures somme toute symboliques de son sens, limitant l’investissement de ses membres à une forme d’adhésion idéelle, sans conséquence. En me penchant sur la scène heavy metal, et plus particulièrement sur ce qui se passe à un concert de ce genre musical souvent qualifié d’"extrême", j’ai pu constater que, en faisant l’apprentissage d’un vocabulaire corporel commun, en investissant un espace collectif et en tissant des liens affectifs, les fans font de leurs corps un outil d’expression de leur identité sous-culturelle et un médiateur central dans le partage des valeurs de cette scène. Savoir se comporter en digne "headbanguer" (un des noms que s’arrogent les fans de metal) ne se limite donc pas qu’à une connaissance verbale et culturelle de la scène, mais relève aussi et surtout d’un savoir incarné. Ce n’est pas un hasard si le geste le plus iconique de la scène – le headbanging ("s’exploser la tête"), ce geste qui consiste à battre le rythme en faisant des mouvements de la tête, généralement de haut en bas – sert à désigner par métonymie la communauté elle-même des fans. Bien loin d’être passive, l’audience se fait donc la coconstitutrice du concert et les fans s’y abandonnent activement à leur passion ; il me reste à comprendre le rôle du corps dans cette façon de se "laisser prendre" par la musique. Observer "l’apprendre par corps", soit la façon dont les valeurs de la scène sont intégrées, partagées et transmises pour en retour façonner le mode de consommation de cette musique, c’est en même temps une autre manière d’appréhender ce qui, plus globalement, s’exprime dans le metal. Analyser le corps - que l’on a, que l’on est - est aussi l’occasion de questionner les méthodes ethnographiques classiques. Par une forme de moshography – du nom de ces nouvelles méthodes de recherche qui tentent de mettre la focale sur les éléments sensoriels de l’action –, je m’efforce de concilier les approches intellectuelles et sensorielles de la scène. À travers une série d’entretiens qualitatifs et de nombreuses observations, je tâche de documenter l’épaisseur de ces pratiques et d’illustrer en quoi ce vocabulaire non-verbal – facilement perçu hors de la scène comme violent – est au contraire au fondement d’un fort sentiment d’appartenance.
Notes
Mémoire de master en ethnologie, soutenu le 26 janvier 2018 Mémoire de master : Université de Neuchâtel, 2018 ; 417
Identifiants
Type de publication
master thesis
Dossier(s) à télécharger