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L'Equateur aux rythmes électroniques...: ethnographie du phénomène techno dans un pays latino-américain
Auteur(s)
Voirol, Jérémie
Editeur(s)
Date de parution
2004
Résumé
Une recherche sur la techno en Equateur ne peut se passer de s’intéresser au mouvement techno occidental qui demeure le modèle des adeptes équatoriens de musique électronique. La musique techno (à prendre au sens large) naît aux Etats-Unis dans le courant des années 1980. A la fin de cette décennie, elle se propage en Europe occidentale. Les années 1990 voient une massification du phénomène et une diversification musicale (House, Techno, Detroit, Electro, Jungle, Hardcore, Trance, etc.) et festive (raves géantes, parades, raves, clubbing, free-parties, teknivals). Malgré cette diversité, le mouvement techno reste une sous-culture particulière (importance de l’aspect festif et hédoniste, références communes, etc.). Vers le milieu des années 1990, un phénomène techno émerge en Equateur dans les deux métropoles que sont Quito (capitale politique) et Guayaquil (capitale économique). Il connaît un développement relatif jusque vers 2001 avant de perdre quelque peu son allant. Les DJs locaux animent les fêtes techno (clubs et raves) qui ont lieu dans ces deux régions, mais des artistes étrangers (latino-américains, voire occidentaux) sont parfois invités. Une production musicale existe timidement au niveau équatorien ; les disques sont très peu diffusés et très rarement commercialisés. J’ai décelé deux tendances (« fashion » et « authentique ») au sein du phénomène techno équatorien. Il s’agit de deux catégories construites par moi-même, mais qui existent implicitement, car elles mettent en œuvre des définitions (de la fête et de la musique) et des valeurs divergentes ; aspect fashion, référence à Miami, musique House et Trance, grandes raves, etc. vs « authenticité », référence à l’Europe, musiques électroniques éclectiques, convivialité, etc. Les fêtes techno équatoriennes attirent des personnes issues de classes socioéconomiques élevées. En effet, leur accès ainsi que celui de la musique techno est très réduit pour les classes plus modestes (qui sont numériquement plus importantes en Equateur) ; les prix d’entrée aux parties et les consommations sont onéreux, les adeptes de techno découvrent principalement cette musique par Internet et par les voyages à l’étranger, etc. Les adeptes de techno équatoriens ont un discours sur leur musique qui met en évidence sa légitimité (musique complexe, profonde, etc.) par rapport aux autres « grandes » musiques. Ils la voient comme avant-gardiste et, par extension, comme véhiculant des valeurs progressistes. D’après eux, tout cela s’oppose aux musiques et au mode de vie populaires qu’ils dénigrent. Les consommations (quotidiennes et dans le contexte festif) des adeptes de techno les distinguent également des classes plus modestes. Le moment de la fête est un lieu de sociabilité et marque une rupture avec la quotidienneté. Des liens amicaux se créent ou se réactualisent et de nouvelles normes entrent en vigueur. Ceci, ainsi que l’ambiance même de la fête, engendre un sentiment d’appartenance et d’unité (« communauté émotionnelle »). La musique électronique donne de l’énergie aux ravers équatoriens et les fait danser. Dans le contexte de la fête, ils éprouvent du plaisir et des sensations d’évasion qui peuvent être accentuées par la prise de psychotropes (alcool, cocaïne, ecstasy, etc.). Le mélange entre techno et psychotropes peut même amener certains d’entre eux à développer des connais-sances ésotériques (« techno-chamanisme »).
Notes
Mémoire de diplôme universitaire : Université de Neuchâtel, 2004
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Type de publication
master thesis
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