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Visibilising empowerment dynamics through participatory mapping and enumeration processes. The housing advocacy project of "S section" informal settlement in Khayelitsha (South Africa)
Auteur(s)
Barella, Jennifer
Editeur(s)
Date de parution
2023-01-12
Nombre de page
223 p.
Mots-clés
Résumé
Cette thèse de doctorat en géographie urbaine examine les impacts d'un projet de cartographie participative comme moyen d’empowerment à travers l'étude de cas de « S section », un quartier informel situé dans le township de Khayelitsha. En raison de l'héritage sociospatial de l'apartheid et des modèles contemporains d'inégalité urbaine, une grande partie de la population urbaine d'Afrique du Sud vit dans des conditions de logement précaire et de privation. Au Cap, les processus de cartographie et de recensement participatifs facilités par les ONG locales sont très répandus pour soutenir les revendications sociales des habitants des quartiers informels.
Ce travail est basé sur une recherche-action menée par la chercheuse en collaboration avec une ONG locale. Plusieurs méthodes ont été utilisées, telles que : l'observation participante, des entretiens semi-directifs et l'analyse d'une grande diversité de données (cartes, données SIG, matériel d'archives, etc). La thèse décrit la phase de mise en place du projet de cartographie participative pour les habitants informels de S section, elle analyse et réfléchit sur la mise en oeuvre du projet "depuis l'intérieur" (puisque la chercheuse a coproduit l'objet de recherche), et explore ses effets en termes d'empowerment en particulier du fait que le projet n'a pas atteint le principal objectif souhaité.
Au niveau théorique, cette thèse développe un cadre innovant en réunissant différents domaines académiques en géographie : la production cartographique par le biais de la cartographie participative, les études des sciences et technologies (STS) et la politique urbaine, pour interroger l'empowerment dans les communautés locales défavorisées et les ONG de plaidoyer. Sur le plan conceptuel, la thèse défend la nécessité d'une repolitisation du concept d'"empowerment" comme moyens au service de la justice sociospatiale.
En réponse à l'impasse du projet de cartographie, la recherche analyse les résultats transformatifs imprévus et interstitiels de cette expérience pour les habitants de S section. En s'appuyant sur les observations de terrain, la thèse reformule l'empowerment - comme l’'activation des résonances topologiques - afin d'englober un plus large éventail de modèles d'autonomisation sur de multiples échelles spatiales et temporelles, conformément aux aspirations et aux tactiques des habitants informels dans "l'ici et maintenant". Ce changement met en lumière des dynamiques d'empowerment négligées, activées tout au long du processus de cartographie, et indépendantes des grands objectifs idéalisés de ces projets de développement.
Cette recherche a permis de mettre en lumière le rôle de ces pratiques d'"empowerment" pour les ONG locales, dans un paysage où les ONG se disputent la légitimité aux yeux des résidents et du gouvernement local, parallèlement à leur quête perpétuelle de financement, et en réponse au manque de données utilisables sur les quartiers informels. En ce qui concerne l'impact de la cartographie participative sur les politiques urbaines, les résultats de cette recherche suggère que, dans l'ensemble, ces pratiques tendent à maintenir un statu quo dans la manière dont les politiques de développement urbain sont élaborées et menées au Cap – voire ces pratiques tendent également à renforcer la bureaucratisation du développement urbain.
Cette recherche permet de mettre en évidence les enjeux de pouvoir en jeu dans la cartographie participative et ouvre de nouvelles voies de recherche en problématisant cess dimensions politiques et relationnelles, absentes des analyses usuelles de ces pratiques, en considérant qu’elles jouent un rôle essentiel dans les échecs si communs de ce type de projets.
Abstract
As a result of both apartheid’s socio-spatial legacy and contemporary patterns of urban inequality, a large portion of South Africa’s urban population live in conditions of precarious housing and deprivation. In Cape Town, participatory mapping and enumeration process (PME) facilitated by local NGOs are a widely used tool for supporting the housing and social claims of informal dwellers. This paper-based doctoral thesis in urban geography examines the impacts of a PME project as means for empowerment through the case study of “S section”, a South African informal settlement located in the Khayelitsha township.
This work is based on action-research carried out by the researcher while collaborating with a local advocacy NGO, and has implemented a variety of methods such as: participant observation, semi-structured interviews, and the analysis of a variety of data (maps, GIS data, archival material, etc). The thesis describes the setup phase of the PME project for S section informal dwellers, then analyses and self-reflects on the implementation of PME “from within” (since the researcher co-produced the research object), and explores what was left in terms of empowerment precisely when the project did not reach the main desired outcome.
At the theoretical level, this thesis develops an innovative setting by bringing together different academic fields in geography, including cartographic production through participatory mapping, science and technology studies, and urban politics in order to interrogate dimensions of empowerment in deprived local communities and advocacy NGOs. Conceptually, the thesis argues for the need to re-politicize the notion of “empowerment” as means for socio-spatial justice within critical cartography and GIS, and critical development approaches.
The research sheds light on the role of PME practices for local NGOs in a landscape where NGOs compete for legitimacy in the eyes of the residents as well as local government, in parallel to their perpetual quest for funding, and in response to the inconsistent or inaccessible data on informal settlements. With regard to the impact of PME on urban policies, the research suggests that overall these practices tend to maintain a status quo in how social and urban local development policies are elaborated and conducted in Cape Town, and also tend to reinforce the bureaucratisation of urban development.
In response to the (commonly observed) stalemate of the PME project, the research analyses the unforeseen and interstitial transformative outcomes of this experience for S section residents. Building on fieldwork observations, the thesis reframes empowerment – as “the enabling of topological resonances” – in order to encompass a wider range of empowerment patterns on multiple spatial and temporal scales, in accordance with informal dwellers’ aspirations and tactics in the “here and now”. This shift sheds light on overlooked empowerment dynamics enabled throughout the course of the PME process, and independent from the often idealised output of said development projects.
Overall, the research renders visible the power leverages at play during PME practices. The thesis concludes by opening up new research paths problematizing further political and relational aspects that are missing in the analysis of PME practices and which links directly to the common failure of these projects.
Ce travail est basé sur une recherche-action menée par la chercheuse en collaboration avec une ONG locale. Plusieurs méthodes ont été utilisées, telles que : l'observation participante, des entretiens semi-directifs et l'analyse d'une grande diversité de données (cartes, données SIG, matériel d'archives, etc). La thèse décrit la phase de mise en place du projet de cartographie participative pour les habitants informels de S section, elle analyse et réfléchit sur la mise en oeuvre du projet "depuis l'intérieur" (puisque la chercheuse a coproduit l'objet de recherche), et explore ses effets en termes d'empowerment en particulier du fait que le projet n'a pas atteint le principal objectif souhaité.
Au niveau théorique, cette thèse développe un cadre innovant en réunissant différents domaines académiques en géographie : la production cartographique par le biais de la cartographie participative, les études des sciences et technologies (STS) et la politique urbaine, pour interroger l'empowerment dans les communautés locales défavorisées et les ONG de plaidoyer. Sur le plan conceptuel, la thèse défend la nécessité d'une repolitisation du concept d'"empowerment" comme moyens au service de la justice sociospatiale.
En réponse à l'impasse du projet de cartographie, la recherche analyse les résultats transformatifs imprévus et interstitiels de cette expérience pour les habitants de S section. En s'appuyant sur les observations de terrain, la thèse reformule l'empowerment - comme l’'activation des résonances topologiques - afin d'englober un plus large éventail de modèles d'autonomisation sur de multiples échelles spatiales et temporelles, conformément aux aspirations et aux tactiques des habitants informels dans "l'ici et maintenant". Ce changement met en lumière des dynamiques d'empowerment négligées, activées tout au long du processus de cartographie, et indépendantes des grands objectifs idéalisés de ces projets de développement.
Cette recherche a permis de mettre en lumière le rôle de ces pratiques d'"empowerment" pour les ONG locales, dans un paysage où les ONG se disputent la légitimité aux yeux des résidents et du gouvernement local, parallèlement à leur quête perpétuelle de financement, et en réponse au manque de données utilisables sur les quartiers informels. En ce qui concerne l'impact de la cartographie participative sur les politiques urbaines, les résultats de cette recherche suggère que, dans l'ensemble, ces pratiques tendent à maintenir un statu quo dans la manière dont les politiques de développement urbain sont élaborées et menées au Cap – voire ces pratiques tendent également à renforcer la bureaucratisation du développement urbain.
Cette recherche permet de mettre en évidence les enjeux de pouvoir en jeu dans la cartographie participative et ouvre de nouvelles voies de recherche en problématisant cess dimensions politiques et relationnelles, absentes des analyses usuelles de ces pratiques, en considérant qu’elles jouent un rôle essentiel dans les échecs si communs de ce type de projets.
Abstract
As a result of both apartheid’s socio-spatial legacy and contemporary patterns of urban inequality, a large portion of South Africa’s urban population live in conditions of precarious housing and deprivation. In Cape Town, participatory mapping and enumeration process (PME) facilitated by local NGOs are a widely used tool for supporting the housing and social claims of informal dwellers. This paper-based doctoral thesis in urban geography examines the impacts of a PME project as means for empowerment through the case study of “S section”, a South African informal settlement located in the Khayelitsha township.
This work is based on action-research carried out by the researcher while collaborating with a local advocacy NGO, and has implemented a variety of methods such as: participant observation, semi-structured interviews, and the analysis of a variety of data (maps, GIS data, archival material, etc). The thesis describes the setup phase of the PME project for S section informal dwellers, then analyses and self-reflects on the implementation of PME “from within” (since the researcher co-produced the research object), and explores what was left in terms of empowerment precisely when the project did not reach the main desired outcome.
At the theoretical level, this thesis develops an innovative setting by bringing together different academic fields in geography, including cartographic production through participatory mapping, science and technology studies, and urban politics in order to interrogate dimensions of empowerment in deprived local communities and advocacy NGOs. Conceptually, the thesis argues for the need to re-politicize the notion of “empowerment” as means for socio-spatial justice within critical cartography and GIS, and critical development approaches.
The research sheds light on the role of PME practices for local NGOs in a landscape where NGOs compete for legitimacy in the eyes of the residents as well as local government, in parallel to their perpetual quest for funding, and in response to the inconsistent or inaccessible data on informal settlements. With regard to the impact of PME on urban policies, the research suggests that overall these practices tend to maintain a status quo in how social and urban local development policies are elaborated and conducted in Cape Town, and also tend to reinforce the bureaucratisation of urban development.
In response to the (commonly observed) stalemate of the PME project, the research analyses the unforeseen and interstitial transformative outcomes of this experience for S section residents. Building on fieldwork observations, the thesis reframes empowerment – as “the enabling of topological resonances” – in order to encompass a wider range of empowerment patterns on multiple spatial and temporal scales, in accordance with informal dwellers’ aspirations and tactics in the “here and now”. This shift sheds light on overlooked empowerment dynamics enabled throughout the course of the PME process, and independent from the often idealised output of said development projects.
Overall, the research renders visible the power leverages at play during PME practices. The thesis concludes by opening up new research paths problematizing further political and relational aspects that are missing in the analysis of PME practices and which links directly to the common failure of these projects.
Notes
Thèse UniNE, Faculté des lettres et sciences humaines, Institut de géographie, soutenue le 12 janvier 2023
Identifiants
Type de publication
doctoral thesis
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