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Paraître crédible. Pour une conception dynamique et interactionnelle de l’ethos à travers l’analyse du discours de procès pénaux
Maison d'édition
Neuchâtel : Université de Neuchâtel
Date de parution
2024-12-06
Nombre de page
428 p.
Mots-clés
Résumé
L’ethos est une notion rhétorique se définissant comme l’image de soi dans le discours. Dans la conception aristotélicienne, l’ethos correspond à l’une des trois preuves dont dispose l’orateur pour susciter l’adhésion de son auditoire en faisant bonne impression au moyen de son discours, afin de paraître comme une personne honnête, prudente et bienveillante. L’ethos est abordé ici selon une conception élargie de la notion aristotélicienne dans une perspective en analyse du discours et est envisagé selon différentes composantes (identitaire, interactionnelle et une composante liée à la crédibilité de la source et du message). Ma recherche concerne l’analyse de l’ethos dans le cadre de procès pénaux au sein d’un tribunal cantonal de première instance en Suisse (arrondissement de Lausanne, Canton de Vaud) et place le prévenu et le témoin au centre de l’analyse. Le procès pénal est, en effet, un terrain propice à l’analyse de l’ethos, car l’évaluation des propos d’autrui y est prégnante et l’ethos est souvent l’objet du discours.
Ma question de recherche consiste à voir comment l’ethos des prévenus et des témoins est co-construit au cours des interrogatoires, au sens où ces répondants sont amenés à retravailler l’image qu’ils projettent selon la perception de leur crédibilité par le questionneur. Mon objectif est (i) de proposer un schéma détaillé de ce processus de co-construction sur un plan discursif et cognitif. En outre, dans un contexte où l’image de soi est souvent discutée et remise en question, (ii) je m’interroge sur l’existence de marqueurs langagiers spécifiques à l’ethos.
Le processus de co-construction de l’ethos montre que la perception des questionneurs repose aussi bien sur leurs représentations éthotiques préalables que sur l’évaluation explicite ou implicite de l’image projetée par les prévenus ou les témoins. Le déploiement ou le retravail de l’ethos est difficile à réaliser pour les prévenus ou les témoins, en raison de la relation dissymétrique entre les participants au procès qui entraîne une plus grande menace pour leurs faces et impacte leur degré de coopération au cours de leurs échanges avec les questionneurs.
Pour tester l’hypothèse de l’existence de marqueurs éthotiques, une grille heuristique a été élaborée en amont à l’analyse afin de répertorier les différentes marques langagières potentiellement en lien avec l’image de soi. En confrontant ces inscriptions langagières au corpus, l’analyse a permis de préciser qu’il n’existe pas de marqueurs langagiers spécifiques à l’ethos. Mais il a été possible d’identifier des marqueurs langagiers privilégiés dans l’emploi de stratégies de (non)-coopération, de (non)-crédibilisation ou encore de (non)-préservation de la face, qui sont fortement rattachées à l’ethos dans sa conception élargie.
Ma question de recherche consiste à voir comment l’ethos des prévenus et des témoins est co-construit au cours des interrogatoires, au sens où ces répondants sont amenés à retravailler l’image qu’ils projettent selon la perception de leur crédibilité par le questionneur. Mon objectif est (i) de proposer un schéma détaillé de ce processus de co-construction sur un plan discursif et cognitif. En outre, dans un contexte où l’image de soi est souvent discutée et remise en question, (ii) je m’interroge sur l’existence de marqueurs langagiers spécifiques à l’ethos.
Le processus de co-construction de l’ethos montre que la perception des questionneurs repose aussi bien sur leurs représentations éthotiques préalables que sur l’évaluation explicite ou implicite de l’image projetée par les prévenus ou les témoins. Le déploiement ou le retravail de l’ethos est difficile à réaliser pour les prévenus ou les témoins, en raison de la relation dissymétrique entre les participants au procès qui entraîne une plus grande menace pour leurs faces et impacte leur degré de coopération au cours de leurs échanges avec les questionneurs.
Pour tester l’hypothèse de l’existence de marqueurs éthotiques, une grille heuristique a été élaborée en amont à l’analyse afin de répertorier les différentes marques langagières potentiellement en lien avec l’image de soi. En confrontant ces inscriptions langagières au corpus, l’analyse a permis de préciser qu’il n’existe pas de marqueurs langagiers spécifiques à l’ethos. Mais il a été possible d’identifier des marqueurs langagiers privilégiés dans l’emploi de stratégies de (non)-coopération, de (non)-crédibilisation ou encore de (non)-préservation de la face, qui sont fortement rattachées à l’ethos dans sa conception élargie.
Ethos is a rhetorical concept defined as the image of oneself in discourse. In the Aristotelian conception, it is one of the three available means of persuasion to the speaker to persuade an audience by making a good impression with his speech, to appear honest, prudent and benevolent. Ethos is approached here according to an expanded conception of the Aristotelian notion from a discourse analysis perspective and by considering different key components (identity, interaction and a component linked to the credibility of the source and the message). My research concerns the analysis of ethos in the context of criminal trials at a Tribunal de première instance in Switzerland (Lausanne district, Canton of Vaud), and places the defendant and witness at the center of the analysis. The criminal trial is, in fact, an ideal setting for the analysis of ethos, since the evaluation of others’ words is so prevalent, and ethos is often the subject of discourse.
My research question is to see how the ethos of defendants and witnesses is co-constructed during interrogations since these respondents are led to rework the image they project according to the questioner's perception of their credibility. My aim is (i) to propose a detailed schema of this co-construction process on a discursive and cognitive level. Furthermore, in a context where self-image is often discussed and questioned, (ii) I examine the existence of ethos-specific language markers.
The process of ethos co-construction shows that questioners' perceptions are based as much on their prior ethotic representations as on the explicit or implicit evaluation of the image projected by defendants or witnesses. Deploying or reworking ethos is difficult for defendants or witnesses due to the asymmetrical relationship between trial participants which poses a greater threat to their faces and impacts on their degree of cooperation during their exchanges with questioners.
To test the hypothesis of the existence of ethotic markers, a heuristic grid was drawn up prior to the analysis to list the various language markers potentially related to self-image. By comparing these language inscriptions with the corpus, the analysis revealed that there are no language markers specific to ethos. However, we identify language markers preferred in the use of (non)-cooperation, (non)-credibilization or (non)-face-preservation strategies, which are strongly linked to ethos in its broadest conception.
My research question is to see how the ethos of defendants and witnesses is co-constructed during interrogations since these respondents are led to rework the image they project according to the questioner's perception of their credibility. My aim is (i) to propose a detailed schema of this co-construction process on a discursive and cognitive level. Furthermore, in a context where self-image is often discussed and questioned, (ii) I examine the existence of ethos-specific language markers.
The process of ethos co-construction shows that questioners' perceptions are based as much on their prior ethotic representations as on the explicit or implicit evaluation of the image projected by defendants or witnesses. Deploying or reworking ethos is difficult for defendants or witnesses due to the asymmetrical relationship between trial participants which poses a greater threat to their faces and impacts on their degree of cooperation during their exchanges with questioners.
To test the hypothesis of the existence of ethotic markers, a heuristic grid was drawn up prior to the analysis to list the various language markers potentially related to self-image. By comparing these language inscriptions with the corpus, the analysis revealed that there are no language markers specific to ethos. However, we identify language markers preferred in the use of (non)-cooperation, (non)-credibilization or (non)-face-preservation strategies, which are strongly linked to ethos in its broadest conception.
Notes
UniNE, FLSH, Institut des sciences de la communication et de la cognition, soutenue le 6 décembre 2024
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Type de publication
doctoral thesis