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    Les (en)jeux de l’internationalisation des écoles hôtelières suisses
    (Neuchâtel : Université de Neuchâtel, 2020) ;
    Cette thèse en sociologie analyse les stratégies d’internationalisation en jeu au sein du marché éducatif des écoles hôtelières suisses. Cette enquête est la première à dévoiler la genèse et les caractéristiques de ces formations en gestion hôtelière onéreuses, attirant une population étudiante internationale dès le début du XXème siècle. La proposition théorique est d’articuler la théorie du champ de Bourdieu aux apports conceptuels de la perspective transnationale et de la sociologie cosmopolitique, afin de découvrir les géographies actives dans certaines stratégies éducatives de reproduction sociale dans un contexte de mondialisation. Cette thèse repose sur une enquête mixte combinant des analyses quantitatives (base de données sur les 19 écoles hôtelières et 381 questionnaires d’étudiant·e·s) et qualitatives (51 entretiens avec des employé·e·s, alumni et étudiant·e·s) afin de dresser un portrait inédit de cette offre éducative. La première partie empirique investigue l’objectif marchand commun des écoles hôtelières suisses, à savoir construire et diffuser leur réputation à travers le monde afin de susciter l’inscription d’étudiant·e·s. Ces dernières s’avèrent plus ou moins dotées en capital international, culturel et social afin se saisir de cet enjeu et occupent par conséquent des positions relativement dominantes/dominées au sein du champ (espace de positions). L’interprétation s’intéresse dès lors aux principes de distinction et de hiérarchisation entre les écoles (volume de capital spécifique / internationalité VS autochtonie). La deuxième partie s’intéresse aux discours (prises de position) des étudiant·e·s et employé·e·s à propos des écoles et à la manière dont ils réifient la toute-puissance de l’École hôtelière de Lausanne et la vision d’une complémentarité de l’offre entre les établissements. Toutefois, leurs critiques témoignent également des tensions existantes et questionnent l’autonomie de ce champ sur la scène nationale et internationale, notamment vis-à-vis du modèle des business schools. La troisième partie resserre la focale sur leurs étudiant·e·s en analysant leurs origines socioéconomiques, parcours éducatifs ainsi que migratoires (espace des dispositions). Une analyse de correspondances multiples démontre que cette population étudiante vient, certes, des fractions économiques des classes supérieures mais que s’y opposent les héritiers/héritières de la global middle class – fortement mobiles et ayant déjà fréquenté·e·s le système scolaire international – et les individus issu·e·s des classes libérales ou dirigeantes plus sédentaires. Faire une école hôtelières suisse représente différentes stratégies éducatives de reproduction sociale, d’une capitalisation sur un cosmopolitisme hérité à l’acquisition d’un capital culturel international. Les entretiens permettent ensuite de saisir les raisons de leur orientation éducative et attestent que, fréquemment, ces écoles représentent des choix éducatifs refuges mais prestigieux. En dernier lieu, l’analyse déconstruit les mécanismes de répartition des étudiant·e·s au sein du champ en fonction de leur origine géographique et de leur dotation en capital économique, culturel et social. Cette enquête dévoile la complexification géographique de l’enseignement supérieur où les pratiques d’internationalisation institutionnelles et individuelles s’articulent et doivent être pensées conjointement. Les agents se saisissent de manières différenciées – voire inégales - des opportunités représentées par ce processus d’internationalisation en fonction des ressources locales et nationales qu’ils/elles peuvent mobiliser. L’apport de cette thèse est de démontrer que l’acquisition d’un capital cosmopolite ou international – pour un individu ou une institution – s’inscrit toujours dans un ancrage territorial qui peut être local et/ou national et/ou via des liens transnationaux, produisant des mobilités mais pas nécessairement, et que les dimensions symboliques et économiques des espaces concernés sont fondamentales (ex : « le Swissness » comme ressource d’attractivité).