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    ''Loin des livres, le bonheur ? Les personnages de sauvageons illettrés chez Rousseau, Bernardin de Saint-Pierre et Isabelle de Charrière''
    (Nantes: Editions nouvelles Cécile Defaut, 2012) ; ;
    Selmeci Castioni, Barbara
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    L’Emile de Rousseau, Paul et Virginie de Bernardin de Saint-Pierre et Sainte Anne d’Isabelle de Charrière ont pour particularité de présenter des personnages en difficulté avec les livres. Dans le sillage du Discours sur les sciences et les arts, le plaidoyer paradoxal en faveur de l’ignorance heureuse auquel se livrent ces auteurs traduit une inquiétude de la pensée des Lumières qui parcourt aussi l’Encyclopédie : si le livre est un outil qui permet de comprendre le monde et un instrument par lequel la mémoire se transmet, la médiation qu’il instaure entre le sujet connaissant et le monde est toujours une mise à distance de l’expérience. A ce titre, le livre est toujours susceptible de corrompre la perception de l’objet et l’individu lui-même. Chez les trois auteurs étudiés dans cet article, cette défiance envers les livres se métamorphose en fin de compte en une expérience de réconciliation avec eux. Celle-ci s’opère chez Rousseau et chez Bernardin de Saint-Pierre par la dimension mystique que revêt la lecture de ces œuvres sommes ou testaments que sont La Nouvelle Héloïse, les Rêveries et Paul et Virginie. Le propos est toutefois assez différent chez Isabelle de Charrière : jetant dans les années 1790 un regard rétrospectif sur l’héritage des Lumières, elle s’interroge sur ces phénomènes parallèles et conjoints que sont la quête de savoir des philosophes d’une part et le désir d’un retour à l’innocence d’autre part. Sensible au vide laissé par la disparition des croyances traditionnelles, Isabelle de Charrière ne propose pas de méditation nostalgique sur la fin de l’innocence, mais développe une réflexion de nature essentiellement critique.
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    ''L'ordre naturel selon Sade: la science comme fiction''
    (Oxford: Voltaire Foundation, 2012)
    Dans l’univers sadien, l’idéal de la belle nature s’effondre devant la logique démystifiante des dissertations philosophiques et des démonstrations scientifiques. Pour les libertins, ni le bien ni le mal n’existent dans l’ordre de la nature : la destruction et la mort sont à leurs yeux de simples composantes de l’équilibre général de la matière. Cette théorie a pour eux d’immédiates conséquences éthiques : convaincus de l’amoralité foncière de la nature, les libertins prétendent accomplir, lorsqu’ils s’adonnent au crime, un acte conforme au processus par lequel la nature se renouvelle. Au fil des raisonnements qui ponctuent les romans sadiens, la thèse de l’amoralité de la nature perd pourtant de sa vigueur. Progressivement, la nature se trouve réinvestie d’une forme d’intentionnalité qui tend à l’élever au rang de divinité. Prisonnier d’une impasse logique, l’athéisme agressif des libertins se trouve dès lors en partie relativisé sans pour autant se renier. Dans ces conditions, la seule issue à même de couper court à leurs arguties rhétoriques apparaît immédiatement condamnée puisqu’elle repose sur la nécessité d’une preuve impossible à fournir, celle de l’inexistence divine. S’attachant à décrire les modalités de cette quête désespérée de la pensée libertine, cet article montre comment Sade affirme à la fois inlassablement son athéisme tout en se livrant à une critique passionnée et obsessionnelle des prétentions à la vérité de la philosophie et de la science elles-mêmes. En raison de sa plasticité et de ses vertus heuristiques, la fiction romanesque présente les conditions idéales pour cette double démarche par la façon dont elle absorbe les discours prétendument rationnels. De cette façon, comme la religion et les mythes avant elles, la philosophie et la science s’avèrent dans le roman sadien des hypothèses incertaines pour expliquer le caractère profondément inconnaissable et aléatoire de la nature.
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    ''Troublantes Lumières : l’inceste comme enjeu de savoir chez Sade et Isabelle de Charrière''
    (Paris: Desjonquères, 2011) ;
    Genand, Stéphanie
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    Poulouin, Claudine
    L’inceste est un motif extrêmement présent dans la littérature française du XVIIIe siècle. Chez de nombreux auteurs, ce thème apparaît sous la forme d’un processus de dévoilement qui occupe pratiquement tout l’espace du récit : outre les cas de Sade et d’Isabelle de Charrière étudiés dans cet article, cette configuration se présente également chez des auteurs aussi différents que Voltaire, Prévost, Diderot ou Beaumarchais. L’importance du dévoilement dans ces textes revêt une signification particulière dans la mesure où cette stratégie narrative à propos d’un thème aussi tabou que l’inceste est à la fois la métaphore de la « volonté de savoir » des Lumières et des inquiétudes qui l’accompagnent. Par sa récurrence et tel qu’il se développe au fil du siècle, le thème de l’inceste est ainsi beaucoup plus qu’une question de morale ou de droit : il reflète la sourde angoisse que génère une conception de la nature, de la vie et de la société de plus en plus coupée de l’arrière-plan théologique qui avait prévalu jusque-là. Dès lors que Sade et Isabelle de Charrière sont des auteurs contemporains de la Révolution, leur réflexion présente une valeur particulière parce qu’elle entre en résonance directe avec la violence d’un événement ressenti comme l’aboutissement extrême de la critique des préjugés qui a caractérisé tout le XVIIIe siècle. Bien qu’il le fasse avec une certaine retenue dans les textes relativement « gazés » étudiés ici, Sade applaudit à cette remise en cause des repères religieux et moraux qui lui paraît plus conforme à la vérité de la nature. A la même époque, Isabelle de Charrière évoque quant à elle les résultats mitigés d’une pensée des Lumières dont les excès de la Révolution révèlent certaines impasses.