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''L'ordre naturel selon Sade: la science comme fiction''
Maison d'édition
Oxford: Voltaire Foundation
Date de parution
2012
In
Penser l'ordre naturel, 1680-1810
De la page
171
A la page
197
Collection
SVEC
Résumé
Dans l’univers sadien, l’idéal de la belle nature s’effondre devant la logique démystifiante des dissertations philosophiques et des démonstrations scientifiques. Pour les libertins, ni le bien ni le mal n’existent dans l’ordre de la nature : la destruction et la mort sont à leurs yeux de simples composantes de l’équilibre général de la matière. Cette théorie a pour eux d’immédiates conséquences éthiques : convaincus de l’amoralité foncière de la nature, les libertins prétendent accomplir, lorsqu’ils s’adonnent au crime, un acte conforme au processus par lequel la nature se renouvelle.
Au fil des raisonnements qui ponctuent les romans sadiens, la thèse de l’amoralité de la nature perd pourtant de sa vigueur. Progressivement, la nature se trouve réinvestie d’une forme d’intentionnalité qui tend à l’élever au rang de divinité. Prisonnier d’une impasse logique, l’athéisme agressif des libertins se trouve dès lors en partie relativisé sans pour autant se renier. Dans ces conditions, la seule issue à même de couper court à leurs arguties rhétoriques apparaît immédiatement condamnée puisqu’elle repose sur la nécessité d’une preuve impossible à fournir, celle de l’inexistence divine. S’attachant à décrire les modalités de cette quête désespérée de la pensée libertine, cet article montre comment Sade affirme à la fois inlassablement son athéisme tout en se livrant à une critique passionnée et obsessionnelle des prétentions à la vérité de la philosophie et de la science elles-mêmes. En raison de sa plasticité et de ses vertus heuristiques, la fiction romanesque présente les conditions idéales pour cette double démarche par la façon dont elle absorbe les discours prétendument rationnels. De cette façon, comme la religion et les mythes avant elles, la philosophie et la science s’avèrent dans le roman sadien des hypothèses incertaines pour expliquer le caractère profondément inconnaissable et aléatoire de la nature.
Au fil des raisonnements qui ponctuent les romans sadiens, la thèse de l’amoralité de la nature perd pourtant de sa vigueur. Progressivement, la nature se trouve réinvestie d’une forme d’intentionnalité qui tend à l’élever au rang de divinité. Prisonnier d’une impasse logique, l’athéisme agressif des libertins se trouve dès lors en partie relativisé sans pour autant se renier. Dans ces conditions, la seule issue à même de couper court à leurs arguties rhétoriques apparaît immédiatement condamnée puisqu’elle repose sur la nécessité d’une preuve impossible à fournir, celle de l’inexistence divine. S’attachant à décrire les modalités de cette quête désespérée de la pensée libertine, cet article montre comment Sade affirme à la fois inlassablement son athéisme tout en se livrant à une critique passionnée et obsessionnelle des prétentions à la vérité de la philosophie et de la science elles-mêmes. En raison de sa plasticité et de ses vertus heuristiques, la fiction romanesque présente les conditions idéales pour cette double démarche par la façon dont elle absorbe les discours prétendument rationnels. De cette façon, comme la religion et les mythes avant elles, la philosophie et la science s’avèrent dans le roman sadien des hypothèses incertaines pour expliquer le caractère profondément inconnaissable et aléatoire de la nature.
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Type de publication
book part