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Kohler, Alaric
Résultat de la recherche
From inference processes to situations of misunderstanding
2022, Kohler, Alaric, Mehmeti, Teuta
In this paper, we describe inferences on a school task, which are reconstructed by the mean of two perspectives from argumentation theory: The pragma-dialectical model and Grize’s natural logic. Both analyses focus on the same item of mathematics, issued from a PISA survey, in order to discuss their specific contribution in elucidating the actual reasoning involved in both the student's answer and the evaluator’s expectations. The mismatch between these two points of view allow us to discuss the potentiality of a situation of misunderstanding. Investigating how specific tasks in particular contexts are interpreted provides a contribution to methodological approaches treating thinking processes as situated and socially negotiated from a diversity of points of views, as for example Inhelder’s (1962 microgenetic approach. In order to extend such analysis to interpretations of discourse, an interdisciplinary approach combining argumentation theory and socio-cognitive psychology is needed. Here, we observed for instance that students may provide the expected answers and still interpret the question or problem differently from the task’s designers (or “teacher”). The meaning of language and other signs, such as graphs or mathematical symbols, cannot be taken for granted when several interlocutors are involved. This issue chiefly concerns argumentation theory, since it raises the question of the integration of specific contexts and points of view in the analysis of argumentation. Therefore, argumentation should be analysed also as a process, and not only as a product; For more detail on this distinction, see for instance Grize (1996) and Kuhn & Udell (2003, 2007).
Le problème de la prédestination à la vertu dans le stoïcisme
2004, Kohler, Alaric, Schulthess, Daniel
En observant le monde autour d’eux, nombreux sont ceux qui – une fois au moins – arrêtent le cours de leurs activités pour se demander si tout ce qui leur arrive est déjà déterminé par avance, ou dépend encore de leur choix. Evidemment, cet instant de questionnement, parfois très bref, n’est pas suivi d’une réponse qui nous débarrasserait aussitôt de cette inquiétude. Et si l’on s’engage dans ce problème plus à fond, les questions surgissent en grand nombre et risquent bien de nous entraîner sur des sentiers éloignés de notre toute première interrogation. La critique envers les Stoïciens au IIIème siècle avant J.-C. est connue comme le témoignage le plus ancien sur la question du déterminisme et de la liberté à nous être parvenu. La position déterministe stoïcienne, présentée par ses adversaires comme radicale et contradictoire, a suscité de nombreuses critiques, auxquels Chrysippe fut le premier à répondre. Au fil des siècles, cette polémique a évolué en même temps que le stoïcisme lui-même se développait de différentes manières en se déplaçant de la Grèce au monde romain, et ce parcours intellectuel s’étend jusqu’à la critique du péripatéticien Alexandre d’Aphrodise, au IIème siècle après J.-C. dans son ouvrage Au sujet du destin, alors que le stoïcisme faisait désormais partie du passé. C’est à partir de cet ouvrage d’Alexandre que nous tenterons de reconstituer une réponse stoïcienne à une critique laissée sans réponse, évinçant en premier lieu les nombreux malentendus dans ce débat à des siècles de distance. Quant à la véritable difficulté soulevée par Alexandre d’Aphrodise, qui nous laisse le sentiment que le déterminisme stoïcien n’est pas compatible avec l’enseignement de la vertu qui occupait une place si importante pour les sages stoïciens, nous tenterons d’y répondre en évitant de dissocier les grands domaines de leur philosophie, puisque ce qui fait sa richesse et sa force consiste justement en qu’elle forme un tout quasiment organique, où chaque partie est interdépendante avec les autres. Une approche par trop analytique, justement plus proche de la démarche aristotélicienne, risque de briser ce délicat équilibre par le simple exercice intellectuel consistant à traiter chaque partie séparément afin de donner un objet plus restreint, et par conséquent plus maîtrisable, à notre d’étude. Nous abordons donc, avant de tenter de répondre à la difficulté, la physique, la logique et la morale stoïcienne tour à tour, et sans oublier de l’inscrire pleinement dans son cadre métaphysique particulier, dessinant une conception du monde doué d’une raison (logos) pénétrant toute chose sous forme de souffle matériel (pneuma). Ceci nous permet de mettre en évidence de subtiles interactions entre ces domaines, où se cachent quelques nouvelles hypothèses permettant de mieux comprendre la pensée stoïcienne, et dans quelle mesure elle est incommensurable au rapport au monde d’un auteur aristotélicien ou moderne.
Approches psychologiques de situations de malentendu dans des activités de didactique des sciences. Understanding Misunderstandings in Science Education Activities: Integrating Psychological Approaches
2020, Kohler, Alaric
Cette recherche porte sur l’apprentissage de la physique newtonienne en milieu scolaire, et plus spécifiquement au niveau des observations empiriques sur l’apprentissage de la physique newtonienne. Après un brève présentation des difficultés de la perspective focalisée sur les conceptions individuelles des élèves, elle propose une théorisation de l’apprentissage en tant que processus multi-dimensionnel, où les cheminements de pensée des élèves et de l’enseignant ne peuvent se comprendre que relativement à des processus communicationnels et sociaux déployés dans la classe, et à des processus historiques, culturels et sémiotiques constitutifs des savoirs enseignés. Ces processus sont mis en évidence à l’occasion d’incidents critiques : des situations de malentendu, qui fournissent une explication alternative ou complémentaire à l’attribution des difficultés des élèves à leurs propres conceptions, couramment utilisée dans la littérature. Pour aborder l’apprentissage des sciences à travers des situations de malentendu, cette recherche coordonne plusieurs approches théoriques issues de recherches en psychologie, sciences du langage et de la communication, sémiologie et didactique des sciences. Ces approches sont coordonnées dans une théorisation intégrative (1), basée sur une épistémologie perspectiviste, mais sans en faire une théorie générale : la coordination des approches théoriques s’effectue à l’occasion de la recherche singulière présentée, comme la théorisation scientifique d’un cas particulier que toutes les perspectives évoquées participent à élucider. Par la construction et la mise en oeuvre d’une séquence didactique basée sur l’argumentation entre élèves et l’expérimentation, cette recherche crée une situation d’apprentissage particulière dans une classe de lycée en laboratoire de physique. La dimension expérimentale et les échanges argumentatifs sont tous deux renforcés par la mise à disposition d’outils des nouvelles technologies, et par l’organisation du travail en petits groupes d’élèves. Cette situation permet d’analyser dans sa complexité les activités d’une classe pendant un semestre, notamment parce qu’elle favorise la production d’échanges entre les élèves et fournit ainsi des traces pour étudier leurs cheminements de pensée. Ce travail ne vise donc pas une généralisation de l’influence de quelques variables sur l’apprentissage ou la tendance à voir des malentendus émerger en classe, mais cherche à construire un regard nouveau sur des problèmes anciens et robustes, et propose notamment une redéfinition du problème des conceptions des élèves et de leur évaluation à partir de réponses souvent très lacunaires et ambiguës. Poser le problème des situations de malentendu dans des activités didactiques est une manière de mettre sur pied d’égalité élèves et enseignants, pris comme interlocuteurs au cours de processus complexes de communication et de pensée dont les ratés ne peuvent rarement être attribués à l’un ou à l’autre individu sans les simplifier outre mesure. La contribution scientifique de cette thèse repose sur cette théorisation intégrée d’un phénomène complexe, et comprend l’élaboration d’une démarche d’analyse des situations de malentendu permettant d’assurer la continuité, dans le discours produit par le chercheur, des réflexions théoriques aux traces analysées, et vice versa. Chaque analyse de situation de malentendu constitue une enquête particulière. Ces enquêtes se focalisent sur trois échelons d’observation : (1) la construction du sens selon les divers points de vue d’élèves ou de l’enseignant, (2) les interactions, permettant d’aborder les processus sociaux de construction de sens qui émergent des échanges, et (3) la situation d’interlocution, permettant d’aborder chaque situation de malentendu dans sa singularité et de disposer d’un référentiel pour décider quant aux divergences entre les points de vue. Cela permet au chercheur d’aborder les significations sans forcément les attribuer à un individu, de reconstruire la manière dont elles circulent dans la classe au fil de la séquence, et de faire des hypothèses sur le sens qu’elles prennent du point de vue de l’enseignant ou d’élèves spécifiques à des moments particuliers. Cela permet au chercheur de discuter des points de vue des élèves et de l’enseignant relativement aux connaissances de mécanique classique sans devoir les juger “vraies” ou “fausses”. Les résultats montrent que certaines difficultés des élèves à interpréter la mécanique classique remontent à des malentendus lors de son élaboration au cours de l’histoire, ou à des difficultés également rencontrées par les auteurs des théories enseignées. (1) Ce terme fait surtout référence ici à l’intention d’une coordination explicite entre les perspectives utilisées, et au soin apporté à leur choix dans le but d’assurer une cohérence à l’ensemble et une compatibilité épistémologique entre toutes les perspectives articulées. Abstract: This research draws from empirical observations of newtonian physics teaching and learning activities at school, to propose a theorization of learning as a multi-dimensional process. In order to overcome known issues with research perspectives focusing on student’s individual conceptions, it takes into consideration the student’s own pathway of thinking (cheminement de pensée) relatively to communicative and social processes situated within its ecological context, and relatively to historical, cultural and semiotic processes, which are constitutive of the knowledge being taught. Such processes are brought to light with the analysis of critical incidents, emerging from the class activities in its ecological context, for each of which an investigation is carried out in order to decide wherever there is, or is not, a situation of misunderstanding, that could provide an explanation for students’difficulties in learning, alternative or complementary to explanations in terms of individual misconceptions frequently used in literature. In order to investigate situations of misunderstanding during science learning, several theoretical frameworks are coordinated, taken from psychology, communication sciences, language studies, semiology and educational sciences. The integrative (1) approach is funded on a perspectivist epistemology, without any claim to a general theory of learning : the coordination of the various theoretical frameworks is made for the singular research presented here, as the scientific theorization of a particular case. The students’ activities under study constitutes a particular case, at least for resulting from the implementation of a teaching sequence aiming at classroom discussion, argumentation, and inquiry learning. These pedagogical objectives are supported by the use of specifically designed tools in information and communication technology (ICT), and by the social organisation of the classroom activities into small groups of students, regulated exchange among peers, etc. These specific features of the teaching sequence allow for studying learning with an innovative teaching sequence and in the complexity of its natural environment, notably thanks to the high production of verbal interactions among peers, which are providing the empirical traces for microscale scrutiny of the students learning processes. The research results do not aim at generalizing the influence of any specific variable on learning, nor the tendency to have more or less frequently situations of misunderstanding emerging ; Rather, it proposes a new outlook on old and sturdy issues, notably a new interpretation for (some) issues so far addressed in literature as the problem of students own conceptions, which are here considered as constructed during the actual school activity and through the hasty evaluation made by teachers, when interpreting the all too short answers provided by students, most often ambiguous. Addressing the issue of situation of misunderstanding in teaching and learning activities, allows to set students and teachers on equal ground, and lead to consider the complex communication and thought processes all interlocutors are involved in, of which the occasional failures cannot be easily attributed to one or the other individual without oversimplifying it. Hence, the scientific contribution of this philosophical dissertation rests on the integrated theorization of a complex phenomena, and includes the elaboration of a method of analysis of situations of misunderstanding allowing a continuity, in the discourse produced by the researcher, from the theoretical discussion to the empirical observations, and vice versa. Each analysis of a situation of misunderstanding constitutes a specific inquiry. Such inquiries are focusing on three levels of observation : (1) the meaning making from each of the various points of view involved, be it from students or teachers, (2) the interactions, which allows to approach social processes in the meaning making, such as it emerges from the actual interactions, and (3) the interlocutary situation, which allows to study each situation of misunderstanding in its own singularity, as in case studies, and provides a referential in order to decide, during the analysis of meaning making, wherever there is - or not - some divergence between various points of view. Analysis on multi-levels allow the researcher to approach meaning without having to attribute it to a specific individual, to reconstruct the way such meaning may flow throughout the sequence, and to make hypotheses on the singular way it makes sense from the point of view of the teacher and of particular students at specific moments. These analyses allow, subsequently, the researcher to explicitly discuss the various points of view adopted by students and by the teacher, relatively to the classical knowledge in Newton Mechanics, without having to judge wherever it is “true” or “false”. Results show that some of the students’ difficulties in learning physics are precisely related to misunderstandings occuring during history of science, that Newton encountered during his theorizing process. (1) This term most importantly refers here to the intention of an explicit coordination of the selected perspectives, and to the care taken in the coherence of both the selection and the epistemological compatibility of the related perspectives.