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    De la pensée qu'il faut apprendre ou formater, à l'apprentissage de la pensée : quelques éléments d'une épistémologie perspectiviste pour un usage scolaire
    (Bienne: Éditions HEP-BEJUNE, 2017) ;
    Donzé, Tristan
    ;
    Lebrun, Marlène
    La question que pose cet ouvrage nous invite immédiatement à en poser une autre : qu'est-ce que apprendre à penser et qu'est-ce que penser ? Sans chercher à en donner une définition, nous aimerions explorer ces questions d'épistémologie en interrogeant les pratiques scolaires. On connaît assez bien les théories du « vrai » : formalisations logiques du « bon » raisonnement, formes de la démonstration, etc. Néanmoins, lorsqu'il s'agit de dire ce qu'est la connaissance, en quoi consiste les apprentissages des élèves, c'est souvent encore à une définition dogmatique ou figée d'un « vrai » unique et univoque que l'on se réfère, voire – pour une approche centrée sur les compétences des élèves – à une et une seule manière « correcte » de faire ou réussir une tâche. Or, la question de la connaissance déborde largement celle du « vrai » et du « correct », même si « on ne peut être juste tout seul ». Les sciences du monde physique fournissent souvent le prototypique d'une connaissance établie sur la « réalité », quand bien même elles sont simplifiées à outrance pour les besoins de l'analogie. Or, dans l'enseignement des sciences dites « dures » comme dans d'autres domaines, la question épistémologique se pose avec pertinence. Des recherches (Driver et al., 1996) montrent que l'apprentissage des sciences comme systèmes de connaissances établies, auquel les élèves sont invités à croire sur le mode dogmatique, est limité tant au niveau de la compréhension et de l'approfondissement des savoirs que de leur mémorisation à long terme. Un apprentissage des sciences efficaces, selon ces auteurs, ne se fait pas sans comprendre les bases épistémologiques de la science. Cette dimension dogmatique trouve peut-être sa justification dans la peur du relativisme. La philosophie moderne, garante de la logique, présente toutefois des options de perspectivisme qui pourrait révéler à l’enseignant les limites morales de la fixation de la pensée et l’éthique du désangoissement qui en découle. Pour aborder ces questions d'épistémologie, nous proposons une bref aperçu du perspectivisme et de ce qu'il peut apporter à une école stimulant ses élèves à apprendre à penser et, en particulier, à la manière dont il s'intègre aux dispositifs d'enseignement centrés sur l'argumentation et/ou la créativité des élèves, et en quoi il éclaire la question de l’évaluation : comment évaluer ce que l’école apprend à penser ?