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    Extinction Rebellion : Stratégies et pratiques désobéissantes
    (2020-07)
    Feuz, Jules
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    Bregnard, Maxime
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    Au cours des prochaines décennies, en vue de la situation climatique et écologique, la population mondiale va devoir faire face à des enjeux considérables. En Suisse et dans de nombreux autres pays se pose alors une question capitale : le système démocratique est-il en mesure de répondre à l’urgence climatique (SKJELLAUG 14.02.2020) ? C’est dans ce contexte qu’émerge le mouvement Extinction Rebellion. Né en 2018 au Royaume-Uni, il est aujourd’hui présent dans environ septante pays (SAVIANA 14.10.2019). En mobilisant la désobéissance civile non-violente comme mode d’action, XR souligne l’insuffisance des moyens politiques légaux lors de situations nécessitant des changements rapides. À travers ses trois revendications : déclaration de l’état d’urgence climatique par les gouvernements, neutralité carbone d’ici 2025 et mise en place d’assemblées citoyennes tirées au sort, le mouvement cherche à amener un changement systémique. Ce travail vise à comprendre le rôle de la transgression des normes spatiales dans les stratégies et pratiques ainsi que le fonctionnement du mouvement. La transgression, lorsqu’elle est intentionnelle et délibérée, peut alors devenir une stratégie de résistance. C’est donc à travers la transgression des normes, lesquelles sont socialement construites, qu’XR établit son mode d’action. Notamment car des comportements inappropriés vis-à-vis d’une norme imposée permettent d’une part de questionner ladite norme et d’autre part, de gagner en visibilité. Visibilité permettant par la suite à XR de faire passer son message. Nous cherchons alors à comprendre les mécanismes qui sous-tendent un mode d’action transgressif, lequel comporte certains risques, mais offre aussi certaines opportunités. Pour ce faire, nous mobilisons une approche par les spatialités, nous permettant d’aborder XR à travers trois dimensions. Soit les petits groupes ou comités restreints, les actions collectives et finalement, la sphère virtuelle. Ce que nous constatons tout d’abord, c’est qu’un mode d’action transgressif implique une organisation spécifique. Premièrement, les relations interpersonnelles sont centrales dans le bon fonctionnement du mouvement, car lorsqu’un groupe se risque à des actes illégaux et s’expose aux forces de l’ordre, il est important que ses membres soient soudés. Ainsi, la manière dont XR est organisé permet des rencontres fréquentes entre les activistes, visant à générer des relations de confiance. Deuxièmement, la transgression, en tant que tactique de résistance, cherche à interpeller et questionner les individus sur les normes sociospatiales préétablies. Dès lors, une action de désobéissance civile se doit d’être minutieusement orchestrée afin d’être légitime aux yeux de la population. Finalement, nous analysons le rôle de la transgression dans la communication virtuelle du mouvement. Notamment, car le mode d’action nécessite certaines précautions au niveau interne afin de lutter face à la surveillance. Mais aussi, car un mode d’action transgressif demande une certaine vigilance lorsqu’il s’agit de légitimer les actions via les réseaux sociaux et les médias.