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    Faire de Verviers un film : penser la mise en mémoire du passé dans une ancienne ville textile à partir de l’ethnographie visuelle de deux collections d’anciens objets industriels
    (Neuchâtel : Université de Neuchâtel, 2024-02-29) ;
    En octobre 2014, je me suis rendu au consulat de Belgique à Berne pour y confirmer ma nationalité belge. Dès ce moment, j’ai éprouvé le désir de réaliser un film documentaire sur la ville de Verviers. M’intéressant à la manière dont le passé industriel imprègne la ville et son présent, j’ai entrepris l’ethnographie de deux collections d’objets issus de ce passé : la collection de machines textiles de la ville de Verviers stockée dans la réserve du Solvent où viennent travailler un groupe d’hommes retraités et une collection d’anciennes navettes de métiers à tisser constituée par mes soins en arpentant les brocantes de la ville. Cette thèse mobilise les champs de recherche de l’anthropologie visuelle, l’anthropologie de la mémoire, les études sur la culture matérielle et la socio-anthropologie du patrimoine pour penser les différentes mises en récit du passé industriel à Verviers. Elle prend la réalisation du film ethnographique long-métrage La place des choses comme point de départ pour penser la manière dont les personnes que j’ai filmées utilisent les objets pour raconter le passé et comment moi, en tant qu’ethnologue-cinéaste, j’ai pu me saisir des images produites pour monter un film. La pratique de l’observational cinema tel que théorisé par Colin Young et popularisé par le couple David et Judith MacDougall m’a permis de révéler les dimensions sensibles, matérielles et sensorielles des processus patrimoniaux. Les images tournées dans la réserve du Solvent encouragent à penser la fabrique des lieux de mémoire non pas uniquement de manière discursive, mais comme une opération pratique qui permet aux hommes qui s’y rendent de revivre le souvenir du travail disparu. Par ailleurs, la collecte d’anciennes navettes de métiers à tisser fut pensée comme un dispositif créatif qui permettrait de déconstruire le récit dominant de l’âge d’or industriel. Les témoignages enregistrés auprès des vendeuses et des vendeurs au moment où elles/ils se séparaient des objets m’ont amené à considérer la mémoire collective comme un ensemble de récits polymorphes inscrits dans le temps, fait autant de souvenirs précis que de trous de mémoire. Loin de représenter un temps aujourd’hui disparu, le film issu de cette recherche donne à voir les processus mémoriels et patrimoniaux contemporains qui ont lieu dans la ville de Verviers plus de soixante ans après les premières fermetures d’usines. Il rend compte des processus d’attachements et de détachements des personnes aux objets et au passé. La thèse, construite de manière multimodale, revient sur les différents choix théoriques, esthétiques et méthodologiques opérés dans ce travail pour tenter de faire de Verviers un film.
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    Expérimenter une sociabilité signée : enjeux politiques, linguistiques et sociaux au restaurant en langue des signes Vroom à Genève
    (Neuchâtel : Université de Neuchâtel, 2023-09-21)
    Félix, Géraldine
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    Ce travail de mémoire propose de découvrir le restaurant en langue des signes Vroom de Genève. Ouvert et géré par des personnes sourdes, le restaurant emploie une équipe mixte de sourd·e·s et d’entendant·e·s. L’objectif affiché est de déconstruire les stéréotypes autour de la surdité et de créer des possibilités d’emplois et de formations totalement adaptées pour les personnes sourdes. Mon analyse explore dans un premier temps les spécificités et les usages de l’espace du restaurant. Elle s’attarde ensuite sur l’entreprise morale des fondateurs et fondatrices du restaurant œuvrant à la construction et à la popularisation d’un problème public. L’enjeu sociopolitique de la visibilisation des sourd·e·s dans l’espace public implique alors un processus d’essentialisation stratégique. Finalement, la dernière partie de l’analyse montre de quelle manière les usages et les sociabilités qui se déploient au sein du restaurant remettent en question la dichotomie sourd·e / entendant·e.
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    L’e-sport comme loisir sérieux : carrière, gratifications et obstacles d’une pratique amateur en Suisse romande
    (Neuchâtel : Université de Neuchâtel, 2023-09-21)
    Eric Salberg
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    Ce mémoire s’intéresse à la compétition sur le jeu-vidéo Super Smash Bros Ultimate en Suisse romande. Ce sujet permet de comprendre comment l’e-sport peut se développer sans l’aide de sponsors, mécènes ou soutien éditorial, mais à partir d’une communauté d’amateurs et d’amatrices passionnées. À travers une approche ethnographique, ce mémoire vise à comprendre le moteur de cet engagement non-professionnel dans l’e-sport, et propose un modèle en trois dimensions pour y répondre. Ce modèle articule des degrés d’engagement dans la pratique (1) avec la carrière des personnes qui s’y engagent (2) et les situations où cette pratique se déploie (3). En analysant l’e-sport local au prisme du concept de loisir sérieux, ce mémoire fait également apparaitre les gratifications et les coûts qu’expérimentent joueurs et joueuses et s’interroge sur les obstacles et les ressources que certaines associations e-sportives romandes rencontrent dans leur développement.
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    Kings of Shreds and Patches. Nigerian traders in the global economy of second-hand computers
    (Neuchâtel : Université de Neuchâtel, 2022-09-16) ;
    This work is a journey along the global flows of used computers. Via first-hand business experiences, and long-term observation, I explore the economic activities of Nigerian traders and engineers in Computer Village—the biggest IT market in Lagos—and those of their suppliers among the African community in Guangzhou, China. I discuss the complexity of the economic practices at work here as an economic system with its own of norms and values, and the complexity of objects categorisation, as a manifestation of the mix of global production networks (GPNs) and global destruction networks (GDNs). I conceptualize these activities as global reuse, repair and refurbish networks or GRRRs. The GRRRs challenge the existing narrative on e-waste and UEEE, as well as the dichotomy of ‘globalisation from below’ and ‘globalisation from above’. By drawing a Nigerian-centred map of the circulation of used computers, I argue that the global economy should be understood in its diversity and entanglement.
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    Les « prises » françaises du patrimoine culturel immatériel. Suivre les actualisations d’un dispositif politique complexe et ambigu
    (Neuchâtel & Dijon, 2022) ; ;
    Jean-louis Tornatore
    Le patrimoine culturel immatériel (ci-après PCI), introduit par l’Unesco avec la convention de 2003, est un ensemble complexe et ambigu qui prend différentes formes selon qu’il est entre les mains d’institutions patrimoniales d’État, de collectivités territoriales, d’associations, de mouvements militants ou de chercheur.euse.s en sciences humaines et sociales. Il peut être envisagé comme moyen d’affirmer une « communauté nationale » au nom d’une « exception culturelle », comme un instrument de gouvernementalité, comme une ressource et un levier décisif du développement territorial, comme un moyen de reconnaissance, comme une arme critique ou encore comme un espace de remise en question du partage des savoirs et des expertises. Dans cette recherche, il s’agit d’explorer ces différentes actualisations du dispositif-PCI dans l’espace territorial français. Ce dernier offrant une palette de situations qui permettent de considérer l’ambivalence des politiques du PCI et de la convention unesquienne entre économie du marketing territorial et créativité ou expression « populaire », entre dispositif de contrôle et outil d’émancipation. Pour ce faire, je m’appuie sur la notion de « prise », introduite par la sociologie pragmatique (Bessy & Chateauraynaud 2014 [1995]) et transposée dans les études patrimoniales avec l’hypothèse de la « prise française du PCI » (Tornatore 2011, 2012). La notion de prise suppose une codétermination dans l’acte de prendre. Celui qui prend ainsi que l’objet qui est pris sont façonnés dans la prise, le matériau qui est pris fait et fait faire dans la prise. Dans le cas présent, le matériau est la convention de 2003 et ses actualisations, c’est-à-dire un dispositif politique qui engendre une manière particulière d’appréhender les politiques et les pratiques patrimoniales, ainsi que les objets qu’il vise. Parler de prise française du PCI, c’est donc envisager la capacité de trouble de la convention unesquienne au sein des politiques patrimoniales en France (Bortolotto 2011a, 2013b, 2014), mais en retour l’influence sur celle-ci de la tradition administrative et scientifique française en matière d’objectivation, de célébration et de politisation de traits ou d’éléments culturels. Pour autant, je propose d’être attentif à la pluralité de la prise ou plutôt au fait qu’il peut y avoir différentes prises du PCI. Il s’agit ainsi de mettre l’hypothèse de la prise française du PCI à l’épreuve de l’enquête : il faut alors prendre en compte et différencier les acteur.rice.s (humain.e.s et non-humain.e.s) en présence et comment, en s’engageant dans des dispositifs-PCI, ils et elles coconstruisent diverses prises de la convention de 2003. Dans cette recherche j’examine ainsi dans quelle mesure la convention unesquienne s’inscrit dans la tradition patrimoniale française en matière d’objectivation, de célébration et de politisation de traits ou d’éléments culturels, en y saisissant les continuités, les ruptures, ainsi que les surgissements nouveaux en matière. Et ceci tant au niveau des institutions patrimoniales d’État que des initiatives relevant des différents segments de la « société civile » (collectifs, associations, etc.). Néanmoins, il convient de ne pas s’abandonner au constat commode qui souligne l’existence d’une multiplicité de formes d’actualisation du PCI. Il ne s’agit pas de décrire une simple addition de cas hétérogènes et singuliers, mais plutôt une collection de cas qui permet de produire un bilan ouvert et contrasté de la mise en œuvre des politiques du PCI en France. Abstract: Intangible cultural heritage (hereafter ICH), introduced by UNESCO with the 2003 convention, is a complex and ambiguous entity that takes different forms depending on whether it is in the hands of state heritage institutions, territorial communities, associations, militant movements or researchers in the humanities and social sciences. It can be considered as a means of affirming a “national community” in the name of a “cultural exception”, as an instrument of governmentality, as a resource and a decisive lever for territorial development, as a means of recognition, as a critical weapon or as a space for questioning the sharing of knowledge and expertise. This research aims to explore these different actualizations of the ICH in the French territorial space. The latter offers a range of situations that allow us to consider the ambivalence of ICH policies and the UNESCO convention between an economy of territorial marketing and creativity or “popular” expression, a control device and a tool for emancipation. To do so, I rely on the notion of “prise”, which could be translated as “grasp” or “take” in English, introduced by pragmatic sociology (Bessy & Chateauraynaud 2014 [1995]) and transposed into heritage studies with the hypothesis of the “French take on ICH” (Tornatore 2011, 2012). The notion of take entails a co-determination in the act of taking. The one who takes as well as the object that is taken are shaped in the taking, the material that is taken acts and causes an action in the process of the take. In this case, the material is the 2003 convention and its actualizations, i.e. a political device that generates a particular way of understanding heritage policies and practices, as well as its objects. To speak of a French take of the ICH is therefore to consider the potential elements of disturbance of the UNESCO convention within heritage policies in France (Bortolotto 2011a, 2013b, 2014), but also to consider the influence on it of the French administrative and scientific tradition of objectification, celebration and politicization of cultural traits or elements. However, I propose to pay close attention to the plurality of the takes or rather to the fact that there can be different takes of the ICH. It is therefore a question of putting to the test the hypothesis of a French take on the ICH, and it is then necessary to take into account and differentiate the actors (human and non-human) involved and how, by engaging in ICH mechanisms, they co-construct various takes on the 2003 convention. Furthermore, in this research I examine the extent to which the UNESCO convention is part of the French heritage tradition in terms of objectification, celebration and politicization of cultural traits or elements, by grasping the continuities, the ruptures, as well as the new developments in this field, and this both within state heritage institutions and initiatives from different segments of “civil society” (collectives, associations, etc.). Nevertheless, one should not give in to the convenient observation highlighting the existence of multiple forms of ICH actualization. It is not a question of describing a simple sum of heterogeneous and singular cases, but rather a collection of cases that makes it possible to produce an open and contrasted assessment of the implementation of ICH policies in France.
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    Les univers transmédiatiques du cosplay. Une étude anthropologique des productions visuelles du cosplay suisse romand
    (Neuchâtel : Université de Neuchâtel, 2021-10-08) ; ;
    Dans cette recherche, je m’intéresse aux processus transmédiatiques présents dans la culture du cosplay. Cette pratique, qui consiste à fabriquer, puis porter, des costumes de personnages issus d’œuvres de fiction, se situe à l’intersection de plusieurs espaces médiatiques autant matériels qu’immatériels. À travers une recherche de terrain ethnographique, menée avec des cosplayeur.se.s, et des photographes de cosplay, j’explore la manière dont iels consomment, produisent et s’approprient des images de la culture populaire pour ensuite les partager sur Internet. La photo et la vidéo de cosplay ont pris de l’ampleur dans le milieu du cosplay ces dernières années, notamment grâce aux possibilités de partage rapide de données qu’offrent les réseaux sociaux. Ma recherche tente donc de comprendre les dynamiques de représentation en œuvre dans cette pratique contemporaine ludique et visuelle. J’analyse, dans un premier temps, le cosplay en tant que pratique transmédiatique, c’est-à-dire qui se déroule dans plusieurs sites médiatiques et à travers l’utilisation de plusieurs médiums d’expression. En interrogeant le principe émique « d’incarnation » je propose une analyse anthropologique de la manière dont les cosplayeur.se.s s’engagent corporellement avec les médias. Plus loin je m’intéresse aux vidéos et photos de cosplay que produisent les cosplayeur.se.s pour tenter de comprendre, d’une part les dynamiques de productions et de consommation d’images, de l’autre, les différents usages qui y sont associés. J’expose finalement les trois usages principaux que j’ai pu observer lors du terrain : Un usage mémoriel, la photo ou la vidéo comme souvenir ; un usage social, la photo ou la vidéo pour le partage et, finalement ; un usage « rituel », la photo comme phénomène « liminoïde », c’est-à-dire la photo comme seuil vers des univers fictifs.
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    Autochtonies en terrain miné. (Ré)émergence et fragmentation des Diaguita dans le Chili (ethno)néolibéralisé
    Au croisement de l’anthropologie politique, des études critiques autochtones et de l’anthropologie de l’exploitation minière, cette thèse contribue à la compréhension des processus contemporains de réémergence de l’autochtonie dans des contextes marqués par l’expansion de la frontière extractive et une gouvernementalité multiculturaliste néolibéralisée. A partir de l’étude d’un cas particulier, celui des Diaguita de Huasco Alto, dans le nord du Chili, et de données empiriques recueillies au long de ces quinze dernières années, je soutiens que la formation de ce groupe en tant que peuple autochtone est un cas paradigmatique d’ethnogenèse. Ce dernier est révélateur des enjeux politiques et des nouvelles formes d’expressions de l’autochtonie en Amérique latine à l’aube du XXIème siècle, à l’ère de l’internationalisation des droits des peuples autochtones et de la redéfinition du rôle de l’État face à la montée en puissance des multinationales minières. La thèse commence par analyser la signification politique de la réémergence des Diaguita du Huasco Alto à la fin du XXème siècle, alors que ces derniers avaient été décrétés comme disparus au tournant du XVIème siècle. Elle retrace le processus par lequel ce groupe est passé en moins de vingt ans de l’invisibilité à la visibilité, passant du statut de « civilisation éteinte » à « peuple vivant ». Plutôt que de se focaliser sur les caractéristiques culturelles des Diaguita (en rapport à une certaine idée de l’ « authenticité »), la thèse met en évidence le rôle et le pouvoir performatif de la loi (et donc de l’État) ainsi que le sens que les acteurs eux-mêmes attribuent à leur ethnicité. L’analyse met en exergue les enjeux politiques, économiques et environnementaux, particulièrement perceptibles à travers la question territoriale et celle de la reconnaissance légale des autochtones, au cœur des tensions entre l’État chilien et les organisations autochtones. Cette étude met ensuite en lumière comment l’autochtonie diaguita se forme et se transforme dans le contexte du conflit minier Pascua Lama (2000-2020), en interaction avec des acteurs locaux, nationaux et transnationaux aux intérêts convergents et divergents. Elle met particulièrement en évidence la manière dont cette forme d'ethnicité acquiert des significations différentes en fonction des rapports que les acteurs individuels et collectifs entretiennent avec l'État néolibéralisé et l'industrie extractive, et de leurs positions dans la configuration sociale et politique, y compris le genre. Les programmes de responsabilité sociale d’entreprise (RSE) et les bénéfices sociaux ciblés sur le genre, l’ethnicité et la classe contribuent à nourrir l’ambivalence des sujets autochtones à l’égard de l’industrie minière, affectant la cohésion sociale et politique des communautés en transférant le conflit en leur sein. Cette configuration contribue à la construction de nouvelles formes de subjectivités néolibérales autochtones, dans laquelle les femmes autochtones sont considérées comme une cible prioritaire des programmes de lutte contre la pauvreté et de revitalisation de l’ « ethnie » . En retour, ces dernières sont mises en position de devoir rendre le « don » prodigué par les acteurs étatiques et privés en performant l’India Permitida, la « bonne Indienne ». En mettant en évidence le rôle moteur de l’entreprise minière et de la conflictualité dans ce processus d’ethnogenèse, cette recherche contribue donc, entre à mieux comprendre le rôle combiné des politiques publiques et du pouvoir corporatif dans la formation de l’ethnicité. Plus qu’un simple élément du contexte, l’entreprise minière participe à l’attribution catégorielle des sujets et influe sur leur manière de performer l’autochtonie, participant ainsi à transfigurer non seulement l’environnement physique, écologique et économique, mais aussi le rapport des sujets à leurs identités sociales et politiques. Au demeurant, l’analyse politique, relationnelle et situationnelle de l’autochtonie que je propose à l’examen montre que les processus d’essentialisation servent moins les luttes des peuples autochtones que les intérêts politiques, économiques et bureaucratiques d’acteurs étatiques et non étatiques qui, en exerçant leur pouvoir de nommer et d’assigner, maintiennent leur domination sur les peuples autochtones par la reproduction de stéréotypes et de rapports coloniaux qui ont un effet performatif sur les sujets. Abstract At the crossroads of political anthropology, critical indigenous studies and the anthropology of mining, this thesis contributes to the understanding of contemporary processes of re-emergence of indigeneity in contexts marked by the expansion of extractive industries and neoliberalized multiculturalist governmentality. Based on a long-term case study of the Diaguita of Huasco Alto, in northern Chile, with empirical data collected over the past fifteen years, I argue that the formation of this group as an indigenous people is a paradigmatic case of ethnogenesis. It reveals the political stakes and the new forms of expression of indigenous identities in Latin America at the dawn of the 21st century, in the era of the internationalization of the rights of indigenous peoples and the redefinition of the role of the state in the face of multinational mining companies. The thesis begins by analyzing the political significance of the re-emergence of the Diaguita of Huasco Alto in the late twentieth century, despite the fact that this group had been declared extinct at the turn of the sixteenth century. It traces how the Diaguita went from invisibility to visibility in less than twenty years, from being an “extinct civilization" to a "living people”. Rather than focusing on the cultural characteristics of the Diaguita in reference to a notion of “authenticity”, this thesis highlights the role and performative power of the law (and thus of the state) as well as the meaning that the actors themselves attribute to their ethnicity. The analysis highlights the political, economic and environmental stakes, particularly perceptible through questions of territory, and that of the legal recognition of indigenous peoples, at the heart of the tensions between the Chilean state and indigenous organizations. This study goes on to shed light on how Diaguita indigenous identity is formed and transformed in the context of the Pascua Lama mining conflict (2000-2020), in interaction with local, national and transnational actors with convergent and divergent interests. It particularly highlights how this form of ethnicity acquires different meanings depending on the relationships that individual and collective actors entertain with the neoliberalized state and the extractive industry, and their positions in the social and political configuration, including gender-based ascriptions. The corporate social responsibility (CSR) programs and social benefits targeting gender, ethnicity and class contribute to the ambivalence of indigenous subjects towards the mining industry, affecting the social and political cohesion of communities by transferring conflict within them. This configuration helps build new forms of indigenous neoliberal subjectivities, in which indigenous women are especially targeted by anti-poverty and "ethnic" revitalization programs. The women, in turn, are put in the position to repay the ‘gifts’ provided to them by state or non-state actors by performing the “good Indian” (India Permitida). By highlighting the driving role of the mining company and of conflictuality in this process of ethnogenesis, this research contributes to a better understanding of the combined role of public policies and corporate power in the formation of ethnicity. More than a simple contextual element, the Pascua Lama project, through the mining company, participates in the categorical attribution of subjects and influences their way of performing indigeneity, thus participating in the transfiguration not only of the physical, ecological and economic environment, but also of the subjects' relationship to their social and political identities. This political, relational and situational analysis of indigeneity demonstrates that the processes of essentialization serve not so much the struggles of indigenous peoples as the political, economic and bureaucratic interests of state and non-state actors who, by exercising their power to name and assign, maintain their domination over indigenous peoples through the reproduction of stereotypes and colonial relations that have a performative effect on subjects. Resumen En el cruce de la antropología política, los estudios indígenas críticos y la antropología sobre las industrias extractivas, esta tesis contribuye a la comprensión de los procesos contemporáneos de (re)emergencias indígenas en contextos marcados por la expansión de la frontera extractiva y una gubernamentalidad multiculturalista neoliberalizada. Enfocando el caso de los Diaguita del Huasco Alto, en el norte de Chile, y basándose en datos empíricos recogidos durante los últimos quince años, la investigación argumenta que la formación de este grupo como pueblo indígena es un caso paradigmático de etnogénesis. Este revela las apuestas políticas y las nuevas formas de expresión de las identidades indígenas en América Latina en los albores del siglo XXI, en la era de la internacionalización de los derechos de los pueblos indígenas y de la redefinición del papel del Estado frente al auge de las multinacionales mineras. La tesis comienza analizando el significado político de la (re)emergencia de los Diaguita del Huasco Alto a finales del siglo veintiuno, quienes habían sido declarados extintos a principios del siglo XVI. Rastrea el proceso por el cual este grupo pasó de la invisibilidad a la visibilidad en menos de veinte años, pasando del estatus de "civilización extinta" al de "pueblo vivo". Antes que centrarse en las características culturales de los Diaguita (en relación con alguna noción de “autenticidad”), la investigación destaca el papel y el poder performativo de la ley (y por tanto del Estado), así como el significado que los propios actores atribuyen a la etnicidad. El análisis pone de relieve los desafíos políticos, económicos y medioambientales, particularmente perceptibles a través del tema territorial y el del reconocimiento legal de los pueblos indígenas, que son ejes centrales de las tensiones entre el Estado chileno y las organizaciones indígenas. A continuación, este estudio evidencia cómo se forma y transforma la identidad colectiva diaguita en el contexto del conflicto minero Pascua Lama (2000-2020), en interacción con actores locales, nacionales y transnacionales con intereses convergentes y divergentes. En particular, destaca cómo esta forma de etnicidad adquiere significados diferentes en función de las relaciones que los actores individuales y colectivos tienen con el Estado neoliberalizado y la industria extractiva, y de sus posiciones en la configuración social y política, incluyendo el género. Los programas de responsabilidad social corporativa (RSC) y los beneficios sociales dirigidos al género, la etnia y la clase alimentan la ambivalencia de los sujetos indígenas hacia la industria minera, afectando la cohesión social y política de las comunidades al trasladar el conflicto a su interior. Esta configuración contribuye a construir nuevas formas de subjetividades neoliberales indígenas, en la cual las mujeres indígenas son vistas como un objetivo prioritario de los programas de lucha contra la pobreza y de revitalización de la “etnia". A cambio, las mujeres se ven en la tesitura de tener que deben devolver el "don" otorgado por los actores estatales y no-estatales performando la “India Permitida”. Al destacar el rol impulsor de la empresa minera y la conflictividad en este proceso de etnogénesis, esta investigación contribuye a una mejor comprensión del papel combinado de las políticas publicas y del poder empresarial en la formación de la etnicidad. Más que un simple elemento del contexto, la empresa participa en el proceso de categorización de los sujetos, influyendo en su forma de performar la identidad indígena, contribuyendo en la transfiguración no sólo del entorno físico, ecológico y económico, sino también en la relación de los sujetos con sus identidades sociales y políticas. Este análisis político, relacional y situacional de las identidades indígenas muestra que los procesos de esencialización no sirven tanto a las luchas de los pueblos indígenas sino mas bien a los intereses políticos, económicos y burocráticos de actores estatales y no estatales que, al ejercer su poder de nombrar y asignar, mantienen su dominación sobre los pueblos indígenas reproduciendo estereotipos y relaciones coloniales que tienen un efecto performativo sobre los sujetos.
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    Des cicatrices au chemin. Le compromis qui permet aux randonneurs-euses de traverser une aire protégée sans nuire à son « authenticité »
    (Neuchâtel : Université de Neuchâtel, 2020-11-13) ;
    Au cœur de ma recherche se trouve le Mournes Path Project, le projet de reconstruction d'un chemin de montagne qui traverse une zone naturelle protégée en Irlande du Nord. Grâce à la réappropriation de techniques considérées traditionnelles et la mise en scène de l’idéal d’ « authenticité du paysage naturel », les acteurs concernés limitent l’impact négatif sur la biodiversité et sur le paysage dû à l’incrémentation des visiteurs dans la Glen River Valley. Les rangers couvrent ainsi un rôle de gardien-nes médiateur-es entre le monde de la nature et celui de l’humain. Acteurs au centre de la problématique, ils-elles transforment celle qui était considérée une cicatrice dans l’habitat de bruyère dans une tracée légitimant le passage des humains. À travers une combinaison des approches théoriques qui traitent des thématiques de la protection de la nature et des processus de patrimonialisation, j’ai analysé la mise en scène de l’idéal de la « montagne sauvage » et de l’importance donnée à la protection de la biodiversité pour les générations futures. Enfin, le chemin résulte à la fois comme étant la matérialisation et la métaphore d’une ligne « floue » qui représente le compromis permettant aux humains de marcher dans le « paysage naturel » de la région sans abimer son « authenticité ».
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    Gee ! Haw ! L’agentivité dans la pratique du dog mushing en Alaska
    (Neuchâtel, Institut d'ethnologie, 2020-08-31) ; ;
    Plattet, Patrick
    ;
    Caballé, Pierre
    Les animaux vivent aux côtés des humains depuis longtemps et travaillent même, parfois, auprès d’eux. Ce travail auprès des humains est de plus en plus critiqué par les mouvements qui remettent en question la hiérarchie entre les humains et les différentes espèces et qui préconisent une non-utilisation de l’animal. Pourtant, la dépendance des humains aux animaux pour certaines tâches est encore bien présente, nombreux sont les exemples où les animaux partagent les activités ou le travail des humains. Cette recherche fondée sur mon travail de terrain en Alaska, s’intéresse plus particulièrement au rapport complexe entre les mushers et leurs chiens de traîneau en Alaska dans une relation de travail. Elle traite du contrat de travail qui se crée implicitement entre les deux espèces et qui garantit de bonnes conditions pour l’exécution des activités interespèces. Pour créer ce contrat, il faut une bonne communication et compréhension entre les mushers et leurs chiens. C’est au travers du concept de l’agentivité et du cadre théorique de l’ethnographie multiespèce que cette relation complexe est mise en lumière. De manière plus large, ce mémoire s’applique à montrer les liens d’interdépendance entre l’humain et l’animal.
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    Living the prison: An ethnographic study of indefinite incarceration in Switzerland
    (2020) ; ;
    Hostettler, Ueli
    Dans la première moitié du XXe siècle, la réhabilitation était le principal paradigme de la politique criminelle en Suisse, à l'instar de la plupart des pays dits occidentaux. Cependant, l'évolution des exigences en matière de sécurité et la pression exercée par l'opinion publique au cours des dernières décennies ont contribué à faire développer une approche plus punitive. Ce « tournant punitif » de la politique criminelle va de pair avec une augmentation des investissements dans la sécurité, la répression et le contrôle. En conséquence, la Suisse compte aujourd'hui davantage de personnes qui purgent des peines plus longues ou qui sont condamnées à une mesure thérapeutique de « traitement des troubles mentaux » (art. 59 du code pénal suisse [CP]) pour une durée indéterminée. En outre, actuellement les personnes condamnées à l' « internement » (art. 64 CP) ne sont quasi plus libérées. Bien que le nombre de détenus de longue durée augmente, ce que nous savons actuellement de l'emprisonnement à durée indéterminée et du vécu des personnes concernées provient principalement d'expert·e·s juridiques ou d'une couverture médiatique indifférenciée. Ces sources incluent rarement le point de vue des détenus ou du personnel pénitentiaire. Dans les sciences sociales depuis les années 1980 les recherches ethnographiques ont diminué dans la plupart des pays dits occidentaux. Malgré un récent renouveau de l'ethnographie carcérale, les études contemporaines sur les prisons sont fondées sur des méthodes quantitatives, utilisant souvent des sources et des données officielles. Basée sur des données ethnographiques générées dans le cadre d'une enquête de terrain de longue durée dans deux établissements pénitentiaires fermées concentrant des hommes détenus, cette thèse donne un aperçu inédit de la vie quotidienne des prisonniers incarcérés pour une durée indéterminée (probablement à vie) car étiquetés comme « dangereux » et catégorisés comme présentant un « risque indu » pour la société. Combinant une approche phénoménologique et pragmatique, cette thèse explore les perceptions subjectives des détenus des différents contextes quotidiens de la prison (dans la cellule, au travail, pendent les loisirs). Elle rend aussi compte de leurs multiples techniques de « faire avec » l'espace et le temps et met ainsi en lumière leur divers manière d'habiter la prison. Fournissant des connaissances sur la politique pénale actuelle ainsi que sur les règles institutionnelles, normes et pratiques des autorités et du personnel de la prison, elle prend également en considération le fonctionnement du système carcéral., During the first half of the 20th century, rehabilitation served as the main paradigm for criminal policy in Switzerland, as in most so-called Western countries. However, changing demands for security and public pressure over the past decades have led to a shift towards a more punitive and hard-line approach to crime. This ‘punitive turn’ in criminal policy has produced more investment in security, repression, and control. As a consequence, in Switzerland there are now more people serving longer sentences or sentenced to in-patient therapeutic ‘treatment of mental disorders’ (Art. 59 Swiss Criminal Code [SCC]) for an undetermined duration. Those sentenced to ‘indefinite incarceration’ (Art. 64 SCC) are rarely released. Although the number of long- term inmates is increasing, what we currently know about indefinite imprisonment – what it is and what it does – mainly derives from legal experts or undifferentiated media coverage, and rarely includes the point of view of prisoners or staff. In the social sciences since the 1980s, ethnographic research that is able to reveal the individual experiences of imprisonment has declined in most so-called Western countries. Despite a recent revival of prison ethnography, contemporary prison studies mainly have a quantitative focus, often using official sources and data. Based on ethnographic data generated in two secure prisons housing male offenders, this thesis provides insights into the overlooked everyday lives of long-term prisoners in Switzerland, who are labelled as ‘dangerous’ and categorized as posing an ‘undue risk’ to society and therefore held in (probably) lifelong detention. Through a phenomenological and pragmatist approach, it explores prisoners’ subjective, emplaced, and embodied perceptions of the prison’s various everyday contexts (in the cell, at work, during leisure time), and the forms of agency they express through their multiple methods of dealing with space and time, thereby uncovering prisoners’ manifold ways of inhabiting the prison. It also takes into consideration the functioning of the institution by providing knowledge of current penal policies, institutional rules, and norms and practices developed and followed by prison authorities and staff.