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Autochtonies en terrain miné. (Ré)émergence et fragmentation des Diaguita dans le Chili (ethno)néolibéralisé
Editeur(s)
Maison d'édition
Neuchâtel
Date de parution
2021
Nombre de page
316 p.
Mots-clés
- Études critiques autochtones
- Diaguita du Huasco Alto (Chili)
- multiculturalisme néolibéral
- politiques de l’ethnicité
- identités politiques
- ethnogenèses
- extractivisme minier
- anthropologie de la responsabilité sociale d’entreprise. Keywords: Critical indigenous studies
- Chilean Diaguita
- multicultural neoliberalism
- politics of identity
- political identities
- ethnicity
- ethnogenesis
- mining extractivism
- anthropology of corporate social responsibility. Palabras clave: Estudios indígenas críticos
- Diaguita del Huasco Alto (Chile)
- multiculturalismo neoliberal
- políticas de la identidad
- identidades políticas
- etnicidad
- etnogénesis
- extractivismo minero
- antropología de la responsabilidad social corporativa.
Études critiques auto...
Diaguita du Huasco Al...
multiculturalisme néo...
politiques de l’ethni...
identités politiques
ethnogenèses
extractivisme minier
anthropologie de la r...
Chilean Diaguita
multicultural neolibe...
politics of identity
political identities
ethnicity
ethnogenesis
mining extractivism
anthropology of corpo...
Diaguita del Huasco A...
multiculturalismo neo...
políticas de la ident...
identidades políticas...
etnicidad
etnogénesis
extractivismo minero
antropología de la re...
Résumé
Au croisement de l’anthropologie politique, des études critiques autochtones et de l’anthropologie de l’exploitation minière, cette thèse contribue à la compréhension des processus contemporains de réémergence de l’autochtonie dans des contextes marqués par l’expansion de la frontière extractive et une gouvernementalité multiculturaliste néolibéralisée. A partir de l’étude d’un cas particulier, celui des Diaguita de Huasco Alto, dans le nord du Chili, et de données empiriques recueillies au long de ces quinze dernières années, je soutiens que la formation de ce groupe en tant que peuple autochtone est un cas paradigmatique d’ethnogenèse. Ce dernier est révélateur des enjeux politiques et des nouvelles formes d’expressions de l’autochtonie en Amérique latine à l’aube du XXIème siècle, à l’ère de l’internationalisation des droits des peuples autochtones et de la redéfinition du rôle de l’État face à la montée en puissance des multinationales minières.
La thèse commence par analyser la signification politique de la réémergence des Diaguita du Huasco Alto à la fin du XXème siècle, alors que ces derniers avaient été décrétés comme disparus au tournant du XVIème siècle. Elle retrace le processus par lequel ce groupe est passé en moins de vingt ans de l’invisibilité à la visibilité, passant du statut de « civilisation éteinte » à « peuple vivant ». Plutôt que de se focaliser sur les caractéristiques culturelles des Diaguita (en rapport à une certaine idée de l’ « authenticité »), la thèse met en évidence le rôle et le pouvoir performatif de la loi (et donc de l’État) ainsi que le sens que les acteurs eux-mêmes attribuent à leur ethnicité. L’analyse met en exergue les enjeux politiques, économiques et environnementaux, particulièrement perceptibles à travers la question territoriale et celle de la reconnaissance légale des autochtones, au cœur des tensions entre l’État chilien et les organisations autochtones.
Cette étude met ensuite en lumière comment l’autochtonie diaguita se forme et se transforme dans le contexte du conflit minier Pascua Lama (2000-2020), en interaction avec des acteurs locaux, nationaux et transnationaux aux intérêts convergents et divergents. Elle met particulièrement en évidence la manière dont cette forme d'ethnicité acquiert des significations différentes en fonction des rapports que les acteurs individuels et collectifs entretiennent avec l'État néolibéralisé et l'industrie extractive, et de leurs positions dans la configuration sociale et politique, y compris le genre. Les programmes de responsabilité sociale d’entreprise (RSE) et les bénéfices sociaux ciblés sur le genre, l’ethnicité et la classe contribuent à nourrir l’ambivalence des sujets autochtones à l’égard de l’industrie minière, affectant la cohésion sociale et politique des communautés en transférant le conflit en leur sein. Cette configuration contribue à la construction de nouvelles formes de subjectivités néolibérales autochtones, dans laquelle les femmes autochtones sont considérées comme une cible prioritaire des programmes de lutte contre la pauvreté et de revitalisation de l’ « ethnie » . En retour, ces dernières sont mises en position de devoir rendre le « don » prodigué par les acteurs étatiques et privés en performant l’India Permitida, la « bonne Indienne ».
En mettant en évidence le rôle moteur de l’entreprise minière et de la conflictualité dans ce processus d’ethnogenèse, cette recherche contribue donc, entre à mieux comprendre le rôle combiné des politiques publiques et du pouvoir corporatif dans la formation de l’ethnicité. Plus qu’un simple élément du contexte, l’entreprise minière participe à l’attribution catégorielle des sujets et influe sur leur manière de performer l’autochtonie, participant ainsi à transfigurer non seulement l’environnement physique, écologique et économique, mais aussi le rapport des sujets à leurs identités sociales et politiques. Au demeurant, l’analyse politique, relationnelle et situationnelle de l’autochtonie que je propose à l’examen montre que les processus d’essentialisation servent moins les luttes des peuples autochtones que les intérêts politiques, économiques et bureaucratiques d’acteurs étatiques et non étatiques qui, en exerçant leur pouvoir de nommer et d’assigner, maintiennent leur domination sur les peuples autochtones par la reproduction de stéréotypes et de rapports coloniaux qui ont un effet performatif sur les sujets.
Abstract
At the crossroads of political anthropology, critical indigenous studies and the anthropology of mining, this thesis contributes to the understanding of contemporary processes of re-emergence of indigeneity in contexts marked by the expansion of extractive industries and neoliberalized multiculturalist governmentality. Based on a long-term case study of the Diaguita of Huasco Alto, in northern Chile, with empirical data collected over the past fifteen years, I argue that the formation of this group as an indigenous people is a paradigmatic case of ethnogenesis. It reveals the political stakes and the new forms of expression of indigenous identities in Latin America at the dawn of the 21st century, in the era of the internationalization of the rights of indigenous peoples and the redefinition of the role of the state in the face of multinational mining companies.
The thesis begins by analyzing the political significance of the re-emergence of the Diaguita of Huasco Alto in the late twentieth century, despite the fact that this group had been declared extinct at the turn of the sixteenth century. It traces how the Diaguita went from invisibility to visibility in less than twenty years, from being an “extinct civilization" to a "living people”. Rather than focusing on the cultural characteristics of the Diaguita in reference to a notion of “authenticity”, this thesis highlights the role and performative power of the law (and thus of the state) as well as the meaning that the actors themselves attribute to their ethnicity. The analysis highlights the political, economic and environmental stakes, particularly perceptible through questions of territory, and that of the legal recognition of indigenous peoples, at the heart of the tensions between the Chilean state and indigenous organizations.
This study goes on to shed light on how Diaguita indigenous identity is formed and transformed in the context of the Pascua Lama mining conflict (2000-2020), in interaction with local, national and transnational actors with convergent and divergent interests. It particularly highlights how this form of ethnicity acquires different meanings depending on the relationships that individual and collective actors entertain with the neoliberalized state and the extractive industry, and their positions in the social and political configuration, including gender-based ascriptions. The corporate social responsibility (CSR) programs and social benefits targeting gender, ethnicity and class contribute to the ambivalence of indigenous subjects towards the mining industry, affecting the social and political cohesion of communities by transferring conflict within them. This configuration helps build new forms of indigenous neoliberal subjectivities, in which indigenous women are especially targeted by anti-poverty and "ethnic" revitalization programs. The women, in turn, are put in the position to repay the ‘gifts’ provided to them by state or non-state actors by performing the “good Indian” (India Permitida).
By highlighting the driving role of the mining company and of conflictuality in this process of ethnogenesis, this research contributes to a better understanding of the combined role of public policies and corporate power in the formation of ethnicity. More than a simple contextual element, the Pascua Lama project, through the mining company, participates in the categorical attribution of subjects and influences their way of performing indigeneity, thus participating in the transfiguration not only of the physical, ecological and economic environment, but also of the subjects' relationship to their social and political identities. This political, relational and situational analysis of indigeneity demonstrates that the processes of essentialization serve not so much the struggles of indigenous peoples as the political, economic and bureaucratic interests of state and non-state actors who, by exercising their power to name and assign, maintain their domination over indigenous peoples through the reproduction of stereotypes and colonial relations that have a performative effect on subjects.
Resumen
En el cruce de la antropología política, los estudios indígenas críticos y la antropología sobre las industrias extractivas, esta tesis contribuye a la comprensión de los procesos contemporáneos de (re)emergencias indígenas en contextos marcados por la expansión de la frontera extractiva y una gubernamentalidad multiculturalista neoliberalizada.
Enfocando el caso de los Diaguita del Huasco Alto, en el norte de Chile, y basándose en datos empíricos recogidos durante los últimos quince años, la investigación argumenta que la formación de este grupo como pueblo indígena es un caso paradigmático de etnogénesis. Este revela las apuestas políticas y las nuevas formas de expresión de las identidades indígenas en América Latina en los albores del siglo XXI, en la era de la internacionalización de los derechos de los pueblos indígenas y de la redefinición del papel del Estado frente al auge de las multinacionales mineras.
La tesis comienza analizando el significado político de la (re)emergencia de los Diaguita del Huasco Alto a finales del siglo veintiuno, quienes habían sido declarados extintos a principios del siglo XVI. Rastrea el proceso por el cual este grupo pasó de la invisibilidad a la visibilidad en menos de veinte años, pasando del estatus de "civilización extinta" al de "pueblo vivo". Antes que centrarse en las características culturales de los Diaguita (en relación con alguna noción de “autenticidad”), la investigación destaca el papel y el poder performativo de la ley (y por tanto del Estado), así como el significado que los propios actores atribuyen a la etnicidad. El análisis pone de relieve los desafíos políticos, económicos y medioambientales, particularmente perceptibles a través del tema territorial y el del reconocimiento legal de los pueblos indígenas, que son ejes centrales de las tensiones entre el Estado chileno y las organizaciones indígenas.
A continuación, este estudio evidencia cómo se forma y transforma la identidad colectiva diaguita en el contexto del conflicto minero Pascua Lama (2000-2020), en interacción con actores locales, nacionales y transnacionales con intereses convergentes y divergentes. En particular, destaca cómo esta forma de etnicidad adquiere significados diferentes en función de las relaciones que los actores individuales y colectivos tienen con el Estado neoliberalizado y la industria extractiva, y de sus posiciones en la configuración social y política, incluyendo el género. Los programas de responsabilidad social corporativa (RSC) y los beneficios sociales dirigidos al género, la etnia y la clase alimentan la ambivalencia de los sujetos indígenas hacia la industria minera, afectando la cohesión social y política de las comunidades al trasladar el conflicto a su interior. Esta configuración contribuye a construir nuevas formas de subjetividades neoliberales indígenas, en la cual las mujeres indígenas son vistas como un objetivo prioritario de los programas de lucha contra la pobreza y de revitalización de la “etnia". A cambio, las mujeres se ven en la tesitura de tener que deben devolver el "don" otorgado por los actores estatales y no-estatales performando la “India Permitida”.
Al destacar el rol impulsor de la empresa minera y la conflictividad en este proceso de etnogénesis, esta investigación contribuye a una mejor comprensión del papel combinado de las políticas publicas y del poder empresarial en la formación de la etnicidad. Más que un simple elemento del contexto, la empresa participa en el proceso de categorización de los sujetos, influyendo en su forma de performar la identidad indígena, contribuyendo en la transfiguración no sólo del entorno físico, ecológico y económico, sino también en la relación de los sujetos con sus identidades sociales y políticas. Este análisis político, relacional y situacional de las identidades indígenas muestra que los procesos de esencialización no sirven tanto a las luchas de los pueblos indígenas sino mas bien a los intereses políticos, económicos y burocráticos de actores estatales y no estatales que, al ejercer su poder de nombrar y asignar, mantienen su dominación sobre los pueblos indígenas reproduciendo estereotipos y relaciones coloniales que tienen un efecto performativo sobre los sujetos.
La thèse commence par analyser la signification politique de la réémergence des Diaguita du Huasco Alto à la fin du XXème siècle, alors que ces derniers avaient été décrétés comme disparus au tournant du XVIème siècle. Elle retrace le processus par lequel ce groupe est passé en moins de vingt ans de l’invisibilité à la visibilité, passant du statut de « civilisation éteinte » à « peuple vivant ». Plutôt que de se focaliser sur les caractéristiques culturelles des Diaguita (en rapport à une certaine idée de l’ « authenticité »), la thèse met en évidence le rôle et le pouvoir performatif de la loi (et donc de l’État) ainsi que le sens que les acteurs eux-mêmes attribuent à leur ethnicité. L’analyse met en exergue les enjeux politiques, économiques et environnementaux, particulièrement perceptibles à travers la question territoriale et celle de la reconnaissance légale des autochtones, au cœur des tensions entre l’État chilien et les organisations autochtones.
Cette étude met ensuite en lumière comment l’autochtonie diaguita se forme et se transforme dans le contexte du conflit minier Pascua Lama (2000-2020), en interaction avec des acteurs locaux, nationaux et transnationaux aux intérêts convergents et divergents. Elle met particulièrement en évidence la manière dont cette forme d'ethnicité acquiert des significations différentes en fonction des rapports que les acteurs individuels et collectifs entretiennent avec l'État néolibéralisé et l'industrie extractive, et de leurs positions dans la configuration sociale et politique, y compris le genre. Les programmes de responsabilité sociale d’entreprise (RSE) et les bénéfices sociaux ciblés sur le genre, l’ethnicité et la classe contribuent à nourrir l’ambivalence des sujets autochtones à l’égard de l’industrie minière, affectant la cohésion sociale et politique des communautés en transférant le conflit en leur sein. Cette configuration contribue à la construction de nouvelles formes de subjectivités néolibérales autochtones, dans laquelle les femmes autochtones sont considérées comme une cible prioritaire des programmes de lutte contre la pauvreté et de revitalisation de l’ « ethnie » . En retour, ces dernières sont mises en position de devoir rendre le « don » prodigué par les acteurs étatiques et privés en performant l’India Permitida, la « bonne Indienne ».
En mettant en évidence le rôle moteur de l’entreprise minière et de la conflictualité dans ce processus d’ethnogenèse, cette recherche contribue donc, entre à mieux comprendre le rôle combiné des politiques publiques et du pouvoir corporatif dans la formation de l’ethnicité. Plus qu’un simple élément du contexte, l’entreprise minière participe à l’attribution catégorielle des sujets et influe sur leur manière de performer l’autochtonie, participant ainsi à transfigurer non seulement l’environnement physique, écologique et économique, mais aussi le rapport des sujets à leurs identités sociales et politiques. Au demeurant, l’analyse politique, relationnelle et situationnelle de l’autochtonie que je propose à l’examen montre que les processus d’essentialisation servent moins les luttes des peuples autochtones que les intérêts politiques, économiques et bureaucratiques d’acteurs étatiques et non étatiques qui, en exerçant leur pouvoir de nommer et d’assigner, maintiennent leur domination sur les peuples autochtones par la reproduction de stéréotypes et de rapports coloniaux qui ont un effet performatif sur les sujets.
Abstract
At the crossroads of political anthropology, critical indigenous studies and the anthropology of mining, this thesis contributes to the understanding of contemporary processes of re-emergence of indigeneity in contexts marked by the expansion of extractive industries and neoliberalized multiculturalist governmentality. Based on a long-term case study of the Diaguita of Huasco Alto, in northern Chile, with empirical data collected over the past fifteen years, I argue that the formation of this group as an indigenous people is a paradigmatic case of ethnogenesis. It reveals the political stakes and the new forms of expression of indigenous identities in Latin America at the dawn of the 21st century, in the era of the internationalization of the rights of indigenous peoples and the redefinition of the role of the state in the face of multinational mining companies.
The thesis begins by analyzing the political significance of the re-emergence of the Diaguita of Huasco Alto in the late twentieth century, despite the fact that this group had been declared extinct at the turn of the sixteenth century. It traces how the Diaguita went from invisibility to visibility in less than twenty years, from being an “extinct civilization" to a "living people”. Rather than focusing on the cultural characteristics of the Diaguita in reference to a notion of “authenticity”, this thesis highlights the role and performative power of the law (and thus of the state) as well as the meaning that the actors themselves attribute to their ethnicity. The analysis highlights the political, economic and environmental stakes, particularly perceptible through questions of territory, and that of the legal recognition of indigenous peoples, at the heart of the tensions between the Chilean state and indigenous organizations.
This study goes on to shed light on how Diaguita indigenous identity is formed and transformed in the context of the Pascua Lama mining conflict (2000-2020), in interaction with local, national and transnational actors with convergent and divergent interests. It particularly highlights how this form of ethnicity acquires different meanings depending on the relationships that individual and collective actors entertain with the neoliberalized state and the extractive industry, and their positions in the social and political configuration, including gender-based ascriptions. The corporate social responsibility (CSR) programs and social benefits targeting gender, ethnicity and class contribute to the ambivalence of indigenous subjects towards the mining industry, affecting the social and political cohesion of communities by transferring conflict within them. This configuration helps build new forms of indigenous neoliberal subjectivities, in which indigenous women are especially targeted by anti-poverty and "ethnic" revitalization programs. The women, in turn, are put in the position to repay the ‘gifts’ provided to them by state or non-state actors by performing the “good Indian” (India Permitida).
By highlighting the driving role of the mining company and of conflictuality in this process of ethnogenesis, this research contributes to a better understanding of the combined role of public policies and corporate power in the formation of ethnicity. More than a simple contextual element, the Pascua Lama project, through the mining company, participates in the categorical attribution of subjects and influences their way of performing indigeneity, thus participating in the transfiguration not only of the physical, ecological and economic environment, but also of the subjects' relationship to their social and political identities. This political, relational and situational analysis of indigeneity demonstrates that the processes of essentialization serve not so much the struggles of indigenous peoples as the political, economic and bureaucratic interests of state and non-state actors who, by exercising their power to name and assign, maintain their domination over indigenous peoples through the reproduction of stereotypes and colonial relations that have a performative effect on subjects.
Resumen
En el cruce de la antropología política, los estudios indígenas críticos y la antropología sobre las industrias extractivas, esta tesis contribuye a la comprensión de los procesos contemporáneos de (re)emergencias indígenas en contextos marcados por la expansión de la frontera extractiva y una gubernamentalidad multiculturalista neoliberalizada.
Enfocando el caso de los Diaguita del Huasco Alto, en el norte de Chile, y basándose en datos empíricos recogidos durante los últimos quince años, la investigación argumenta que la formación de este grupo como pueblo indígena es un caso paradigmático de etnogénesis. Este revela las apuestas políticas y las nuevas formas de expresión de las identidades indígenas en América Latina en los albores del siglo XXI, en la era de la internacionalización de los derechos de los pueblos indígenas y de la redefinición del papel del Estado frente al auge de las multinacionales mineras.
La tesis comienza analizando el significado político de la (re)emergencia de los Diaguita del Huasco Alto a finales del siglo veintiuno, quienes habían sido declarados extintos a principios del siglo XVI. Rastrea el proceso por el cual este grupo pasó de la invisibilidad a la visibilidad en menos de veinte años, pasando del estatus de "civilización extinta" al de "pueblo vivo". Antes que centrarse en las características culturales de los Diaguita (en relación con alguna noción de “autenticidad”), la investigación destaca el papel y el poder performativo de la ley (y por tanto del Estado), así como el significado que los propios actores atribuyen a la etnicidad. El análisis pone de relieve los desafíos políticos, económicos y medioambientales, particularmente perceptibles a través del tema territorial y el del reconocimiento legal de los pueblos indígenas, que son ejes centrales de las tensiones entre el Estado chileno y las organizaciones indígenas.
A continuación, este estudio evidencia cómo se forma y transforma la identidad colectiva diaguita en el contexto del conflicto minero Pascua Lama (2000-2020), en interacción con actores locales, nacionales y transnacionales con intereses convergentes y divergentes. En particular, destaca cómo esta forma de etnicidad adquiere significados diferentes en función de las relaciones que los actores individuales y colectivos tienen con el Estado neoliberalizado y la industria extractiva, y de sus posiciones en la configuración social y política, incluyendo el género. Los programas de responsabilidad social corporativa (RSC) y los beneficios sociales dirigidos al género, la etnia y la clase alimentan la ambivalencia de los sujetos indígenas hacia la industria minera, afectando la cohesión social y política de las comunidades al trasladar el conflicto a su interior. Esta configuración contribuye a construir nuevas formas de subjetividades neoliberales indígenas, en la cual las mujeres indígenas son vistas como un objetivo prioritario de los programas de lucha contra la pobreza y de revitalización de la “etnia". A cambio, las mujeres se ven en la tesitura de tener que deben devolver el "don" otorgado por los actores estatales y no-estatales performando la “India Permitida”.
Al destacar el rol impulsor de la empresa minera y la conflictividad en este proceso de etnogénesis, esta investigación contribuye a una mejor comprensión del papel combinado de las políticas publicas y del poder empresarial en la formación de la etnicidad. Más que un simple elemento del contexto, la empresa participa en el proceso de categorización de los sujetos, influyendo en su forma de performar la identidad indígena, contribuyendo en la transfiguración no sólo del entorno físico, ecológico y económico, sino también en la relación de los sujetos con sus identidades sociales y políticas. Este análisis político, relacional y situacional de las identidades indígenas muestra que los procesos de esencialización no sirven tanto a las luchas de los pueblos indígenas sino mas bien a los intereses políticos, económicos y burocráticos de actores estatales y no estatales que, al ejercer su poder de nombrar y asignar, mantienen su dominación sobre los pueblos indígenas reproduciendo estereotipos y relaciones coloniales que tienen un efecto performativo sobre los sujetos.
Notes
Doctorat, Université de Neuchâtel, Faculté des lettres et sciences humaines, Institut d'ethnologie
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Type de publication
doctoral thesis
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