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Christin, Olivier
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Christin, Olivier
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- PublicationAccès libreLes soldats français arrivent en Suisse. 1798 : Libération ou occupation ? La perspective française.Le général Schauenburg (1748-1831), commandant en chef de l'armée française en Helvétie du 28 mars au 12 décembre 1798 a laissé une ample documentation au coeur de ce travail. En introduction, un général et ses archives face à l'historiographie Né baron, sa carrière a commencé en 1759. Lieutenant, il vit son baptème du feu en Corse entre 1768 et 1772. Commandant de bataillon à la Révolution, promu général de brigade dans l'état-major de Kellermann à Valmy (1792) puis de division, commandant de l'armée de la Moselle (mars 1793). Inculpé par la Convention (octobre 1793), écroué au Temple, condamné à mort, le 9 thermidor an II le sauve de la guillotine. Réintégré dans l'instruction de l'infanterie, cette vocation n'est interrompue que par le commandement en Helvétie. Retraité en 1814, il meurt aveugle en 1831, baron d'Empire, Grand-officier de la Légion d'honneur, Commandeur de Saint-Louis. Il laisse derrière lui un fonds documentaire volumineux couvrant l'histoire de l'infanterie française de l'Ancien Régime à la Grande Armée. Une modeste partie de ce fonds (1733 messages expédiés, 520 reçus et 258 « ordres du jour ») est la base de cette étude sur la vision française de la première année de la République helvétique « une et indivisible ». Ce fonds documentaire est complété par des documents tirés des archives historiques du SHD et des Archives nationales. L'introduction se pouruit par une présentation critique de l'historiographie consacrée (fin du XIXe siècle au début du XXIe), tant à l'Helvétique qu'aux armées du Directoire. Partie 1 : La « Campagne d'Helvétie » de 1798, les événements Cette partie restitue les événements en Suisse dans la perspective française. Cela permet de mieux appréhender la matérialité des faits, souvent présentés de manière lacunaire, partiale, voire fantaisiste par l'historiographie militaire suisse. Sont ainsi mis en lumière la mise sur pied tardive de la force offensive fin janvier 1798 et la campagne conduite par Brune (depuis le dud) et son subordonné Schauenburg (depuis le nord) contre Berne (févier – 5 mars 1798). Brune part vers l'armée d'Italie, passant le commandement à Schauenburg (28 mars). La proclamation de la République helvétique (12 avril) précède l'évocation des combats menés contre ceux qui refusent le nouvel ordre : les ci-devant « Petits Cantons », réunis en un seul nouveau canton (27 avril – 2 mai) puis les révoltés Haut-Valaisans à Sion (15-17 mai). Pour tous ces événements la réalité des actions et pertes françaises (pour la première fois) a été établie sur la base des registres matricule pour être mis en perspective avec les évocations antérieures, toujours très exagérées. La phase de stabilisation du nouveau régime au cours l'été 1798 évoque les quelques opérations de police menées contre certaines communes rétives. Le décret du Corps législatif du 12 juillet imposant la prestation du « serment patriotique » sur la constitution remet le feu aux poudres dans certaines parties, surtout catholiques, de la Suisse centrale et orientale. La période se clôt par la conclusion du « Traité d'alliance offensive et défensive » du 19 août entre la France et la Suisse, transférant la charge d'entretien des troupes de l'Helvétique à la France d'une part et la persistance du refus du serment en Nidwald. Les opérations menées contre Stans, aboutissant au « Schreckenstag » du 9 septembre sont évoquées en déterminant aussi précisément que possible les causes et responsabilités des exactions commises. Présentées avec des cartes, toutes ces opérations du 12 avril au 9 septembre sont menées par les troupes françaises sur mandat exclusif des autorités helvétiques. Simultanément, l'armée française présente en Suisse doit prévoir une position défensive avancée contre l'Autriche et la 2e coalition qui se met en place en fin d'année 1798. Elle occupe dès lors la Suisse orientale de Schaffhouse à la Landquart (frontière avec les Ligues Grises) et fait passer des troupes sur le flanc sud du Saint-Gothard, dans les nouveaux cantons de Bellinzone et de Lugano. Tous ces mouvements sont rendus complexes par les contraintes imposées par le terrain, le climat et la pauvreté structurelle, surtout alimentaire, des régions concernées. Les tensions montent dès l'occupation des Grisons par les Autrichiens (18 octobre). La coordination avec l'armée d'Italie s'impose, complexe à mettre en place en raison de la valse-hésitation du Directoire parisien. C'est dans ce contexte de tensions internationales croissantes que le commandement passe de Schauenburg à Masséna le 12 décembre. Partie 2 : L'armée française en Suisse : des troupes avec leurs cadres Cette partie présente en détail l'armée française intervenant en Suisse sous les ordres de Schauenburg. L'essentiel de l'analyse concerne les demi-brigades d'infanterie, 15 de ligne et 5 légères, ainsi que 12 régiments montés : hussards (3), chasseurs à cheval (2), cavalerie « lourde » (3) et dragons (4). Sont d'abord analysés les historiques des amalgames dans l'infanterie, avec des tableaux détaillés dans les annexes. Ensuite pour toutes les troupes, les corps des officiers (1482 individus) sous les aspects de l'évolution de leurs carrières et, si possible de leurs qualifications. L'analyse de la troupe se fait sur la base d'échantillons sélectionnés (2370 hommes) selon le critère de ce qui les relie à l'année 1798 en Suisse (promotions, désertions, décès, jugements etc.). Les structures d'âge à l'incorporation et en 1798 de l'ensemble des militaires étudiés (troupe et cadres) sont aussi analysées. Ces éléments sont synthétisés dans une série de tableaux figurant dans les annexes. Les actions et mouvements menés par chacun de ces corps lors de leur séjour en Suisse complètent ce tableau. Les états-majors et corps des officiers font l'objet d'une étude plus approfondie, comme aussi les administrations avec une attention particulière accordée à l'organisation de la logistique, problème majeur dans le séjour en Suisse. Un bref chapitre met en évidence la question de la présence feminine. Cette brièveté est le reflet de l'extrême rareté d'informations les concernant dans la correspondance. Enfin il y a une étude de l'instruction, de la formation et de l'évaluation des troupes. Cette partie intègre les informations des effets organisationnels et opératifs pour une aréme en campagne de la proclamation de la loi Jourdan-Debrel (5 septembre) instaurant la conscription en France. Partie 3 : Les relations entre les différents acteurs : troupes, autorités, population civile Résultant des parties précédentes, cette 3e partie permet de mettre en évidence l'évolution des rapports entre les différents « acteurs » intervenant dans ces événements. Elle montre comment les acteurs ont interagi, quels ont été leurs faits et gestes et comment la postérité les a interprétés. Sont passés en revue les questions du comportement des soldats, tant à l'égard de leurs cadres et de l'armée en général qu'à l'égard des populations au sein desquelles ils sont amenés à vivre au quotidien. Les relations des corps avec les administrations, tant militaires et politiques françaises que civiles suisses des différents niveaux : communal, cantonal et national au sens helvétique du terme, donc les Municipalités, Chambres administratives, Préfets et Directoire exécutif forment une approche complémentaire. Cinq sections étudient ces différents aspects. La première se penche sur les relations entre la troupe et sa hiérarchie d'une part, la population civile de l'autre. Au coeur de la question se trouve celle du respect de la discipline, des efforts déployés pour l'assurer et la prise en compte des critiques, directes ou au travers de la presse. Les relations entre les forces armées et leurs autorités de tutèle, tant françaises que helvétiques forment la deuxième approche. Le général en chef Schauenburg est au coeur de toutes ces interactions, devant concilier les besoins directs de la troupe avec ceux de la population et accorder son action aux exigences stratégiques de Paris d'une part aux besoins sécuritaires du gouvernement helvétique au service duquel il est également. Cette posture évolue au cours de l'année et prend une forme stabilisée par le traité d'alliance du 19 août entre les deux nations. C'est un écheveau de relations complexes aux exigences parfois contradictoires, délicates politiquement et miliairement. Le troisième axe approfondit les aspects logistiques et financiers de la campagne. C'est celui qui a laissé les traces les plus profondes dans l'historiographie, imprimant une image durablement négative de la période. Sans remettre en cause la charge considérable qu'a représenté pour l'Helvétique le séjour et l'entretien des troupes françaises sur son sol, ce chapitre interroge les mécanismes, les dysfonctionnements, les spécificités des différents services concernés (subsistances, fourrages, habillement, hôpitaux, finances). Une partie des montants engagés, tirés des caisses des anciens cantons, ont été injectés dans le circuit économique intérieur suisse. La portée financière précise devra faire l'objet d'études ultérieures, complexes et délicates vu la dissémination des données. L'analyse des événements a aussi permis de mettre lumière un aspect trop peu étudié par le passé : les conséquences du passage à différents moment de l'année de demi-brigades et d'innombrables détachements plus réduits de troupes montées ou d'artillerie (6 demi-brigades et 2 régiments de hussards en mai-juin, 10 compagnies d'artillerie en juillet, 8 demi-brigades en septembre-octobre). Ces passages ont des effets délétères sur les populations traversées en raisons des lacunes du service logistique au printemps. En automne, c'est l'itinéraire choisi (identique à celui du printemps, faisant souffrir les mêmes citoyens) qui est en contradiction formelle avec le traité d'alliance. Les routes de transit (d'ouest en est) accordées devaient soit longer le Rhin pour passer en Cisalpine par les Grisons, soit suivre l'axe Léman puis de la vallée du Rhône jusqu'au Simplon. Or c'est une variante nord-sud qui est utilisée, entrant par Bâle ou Nidau et ressortant par le Grand Saint-Bernard, en passant en terres bernoises, fribourgeoises, vaudoises et valaisannes. Il ressort de l'étude de détail des effets des passages que ce sont surtout les groupes de soldats isolés, les lâchés par la rapidité de la marche, voire les déserteurs rentrant vers la France qui posent les vrais problèmes. A cela s'ajoutent dès novembre les passages de détachements de conscrits (non formés et souvent indisciplinés) qui rejoignent leurs corps engagés en Suisse. L'ensemble des problèmes relevés a permis de discerner dans le 5e axe les mesures prises par l'armée pour sanctionner les abus et délits commis par les militaires de tous grades au travers de l'étude de l'application de la justice militaire française. Ce chapitre présente les principes de son fonctionnement formel supposé avant de se pencher sur son application réelle par le Conseil de guerre exerçant en Suisse. Ce sont ainsi 436 jugements qui ont été passés au crible dont un tiers concernent des crimes et délits commis contre la population civile. L'ensemble de la casuistique est présentée, analysée en détail quant aux 395 prévenus, jugements prononcés, procès en révision, exécution des peines voire acquittements prononcés, résumés aussi en tableaux dans les annexes. Conclusions générales De nombreuses conclusions intermédiaires figurent au fil des chapitres évoqués plus haut, faisant en quelque sorte des bilans spécifiques. La conclusion générale finale aboutit au constat que cette première année d'occupation de l'Helvétique par les troupes françaises met en évidence divers points forts généraux. En premier lieu le rôle central du commandant en chef, tant par la position qu'il occupe que par sa personnalité. Il veut frapper aussi vigoureusement que possible, mais avec autant de retenue que nécessaire. Il doit concilier les exigences des autorités françaises et helvétiques avec le contrôle et le commandement qu'il exerce sur les troupes sous ses ordres, des cadres supérieurs les plus proches aux soldats en poste dans les endroits les plus reculés. Il y a ensuite les multiples problèmes posés par les questions logistiques. Mieux ce service fonctionne, moins il y a de frictions avec la population civile. L'analyse comparative des situations tant en Suisse que dans des régions voisines françaises permet de dégager une problématique de relations entre civils et militaires bien plus qu'entre Suisses et Français. Le décalage entre les réalités du terrain et leur perception par les autorités parisiennes ressort aussi fortement, aboutissant à exacerber des tensions tant internes au système français que dans les rapports bilatéraux entre les « républiques soeurs ». Au bilan, l'arrivée des troupes françaises en Suisse demeure une guerre d'agression menée contre un pays voisin et non d'une « libération » comme cela figure dans le discours officiel de l'époque. Mais, contredisant la majorité de l'historiographie suisse consacrée à cette période, le comportement des troupes a été celui de soldats se comportant « comme à la maison », donc n'ayant ni plus ni moins d'égards face aux civils qu'en France. Pour les brèves, mais parfois (trop) violentes opérations militaires menées en avril-mai et septembre, l'action a toujours et uniquement pour base des décisions purement helvétiques (le ralliement à la constitution, la prestation du serment patriotique), les troupes françaises étant le seul « appareil réressif » dont dispose le nouveau pouvoir. Cela permet de considérer les opérations contre les « Petits Cantons », les Haut-Valaisans germanophones et les insurgés de Stans comme des séquences de guerre civile plus que de guerre interétatique, Paris n'ayant aucune part directe dans la conduite de ces actions, en étant seulement informé à postériori. C'est bien le rapport entre un monde militaire vivant sa dynamique propre et une société civile qui n'en comprende pas les besoins qui est donc au centre d'une question de régime politique bien plus qu'une problématique franco-suisse. Annexes Comme cela a été mentionné plus haut, un important volume d'annexes complète le travail. Les nombreux tableaux ont été cités, synthétisant les amalgames des demi-brigades d'infanterie, présentant pour la grande majorité des corps les mutations et structures d'âge, carrières et qualifications des officiers. On y trouve aussi les plans de relève des troupes d'infanterie et montées, l'évolution décadaire des effectifs de l'armée, les tableaux des inculpations et jugements de la justice militaire. On y trouve aussi la transcription intégrale de 120 des plus de 2'700 documents consultés et une série de notices biographiques concernant tant des Français que des Suisses et des étrangers (essentiellement Autrichiens) : des officiers supérieurs (31+10) et généraux (26+3+4) et des