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    Ecologie de 'Borrelia burgdorferi' sensu lato en Suisse: dynamique saisonnière de la tique 'Ixodes ricinus', sa relation avec les rongeurs, et implication des modes de transmission de 'B. afzelii' entre rongeurs et tiques sur la diversité du gène ospC chez 'B.afzelii'
    (2012)
    Pérez Bertoni, David
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    En Europe, les agents de la Borréliose de Lyme (BL) sont maintenus dans la nature via un cycle de transmission impliquant la tique Ixodes ricinus (I. ricinus) et des hôtes réservoirs. Le gène codant pour l’ « Outer Surface Protein C » (OspC), une lipoprotéine plasmidique exprimée par les spirochètes lors du repas sanguin de la tique et lors de la dissémination chez l’hôte, est un marqueur génétique pouvant être associé à la pathogénèse et à la sévérité d’une BL. L’analyse du gène ospC a permis de classifier des isolats de Borrelia. burgdorferi sensu lato (B. burgdorferi sl) en groupes ospC.
    De 2003 à 2005, nous avons prélevé de façon mensuelle des tiques libres dans 2 sites du plateau suisse, les Portes-Rouges (PR) et le Staatswald (SW). Parallèlement, les micromammifères ont été piégés afin de rechercher la présence de stades immatures d’I. ricinus et l’infection des rongeurs a été vérifiée par xénodiagnose. La typisation des génoespèces de B. burgdorferi sl chez les tiques libres, les tiques des rongeurs et les tiques de xénodiagnose a été réalisée par « Polymerase Chain Reaction » (PCR) et « Restriction Fragment Length Polymorphism » (RFLP). Les isolats de B. afzelii, génoespèce associée aux rongeurs, obtenus de ces 3 populations de tiques, ont été analysés par « Single Stranded Conformational Polymorphism » (SSCP) et classifiés par groupes ospC.
    Nous avons observé durant les 3 années des variations dans l’évolution saisonnière de la densité de tiques libres. La densité de nymphes en quête était plus importante au PR alors que la proportion de rongeurs infestés par des stades immatures d’I. ricinus était similaire dans les 2 sites. Des tiques ont été observées sur les rongeurs en automne et en été alors que la densité de tiques libres était faible voire inexistante. Les rongeurs du SW présentaient des infestations par des immatures d’I. ricinus élevées et 28% étaient infestés par des nymphes et des larves (11% au PR). Cette nutrition simultanée de tiques regroupées sur un hôte porte le nom de co-feeding et permet la transmission de pathogènes entre tiques infectées et tiques non-infectées, sans présence d’infection systémique chez l’hôte. Malgré une situation favorable de co-feeding, principalement au SW, seul B. afzelii et B. bavariensis ont été transmises des rongeurs aux tiques laissant supposer que le co-feeding ne contribue pas au maintien de la diversité des génoespèces de B. burgdorferi sl présentes chez les tiques libres.
    L’analyse du gène ospC nous a permis de classer les isolats de B. afzelii provenant des différentes populations de tiques en 10 groupes ospC, dont 8 déjà décrits (A1, A2, A3, A4, A5, A6, A8, VS461) et 2 nouveaux (ME et YU). La plus grande diversité de groupes ospC a été observée chez les tiques en quête. Les isolats de B. afzelii obtenus à partir de larves d’I. ricinus s’étant nourries en co-feeding avec des nymphes présentaient une diversité de groupes ospC plus importante que celles s’étant nourries seules. Ce travail montre pour la première fois l’importance du co-feeding dans le maintien de la diversité intraspécifique de B. afzelii dans la nature.
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    Encéphalite à tiques en Suisse
    (2011)
    Burri, Caroline
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    L’encéphalite à tiques (TBE) est une maladie qui touche le système nerveux central causée par un virus (TBEV) qui est principalement transmis par des tiques du genre Ixodes. Présent uniquement sur le continent eurasien, la particularité du TBEV est de se localiser sous forme de foyers. En Suisse, on parle de foyer lorsqu’au minimum 3 cas cliniques ont été déclarés auprès de l’Office fédéral de la santé publique dans un rayon de 10 à 15 Km et/ou si des tiques infectées par le TBEV sont détectées. De 1969 à 2005, tous les foyers de TBEV étaient regroupés dans le nord et l’est de la Suisse. Cependant, en 2006, de nouveaux foyers ont émergé à l’ouest du pays avec l’apparition de cas sporadiques, notamment dans la Plaine de l’Orbe/VD. Cette étude a permis de confirmer l’endémicité de cette région par la détection du TBEV chez les tiques en quête dans 5 (Agiez, Vugelles, l’Abergement et deux sites à Montcherand) des 26 sites investigués avec une prévalence de 0.1% (6/6120) variant de 0.29-0.59% selon les sites.
    Parallèlement, on a observé une augmentation du nombre de cas de TBE principalement en 2006, phénomène également rencontré dans d’autres pays européens. Les raisons de cette augmentation ont tout d’abord été attribuées aux changements climatiques qui auraient favorisé la survie de la tique Ixodes ricinus. Néanmoins, notre étude a montré que cette augmentation n’était pas directement liée à un réchauffement climatique mais semblait plutôt liée à un changement du comportement humain. En réponse à une augmentation des températures observées en 2006, l’être humain aurait augmenté les contacts avec des tiques infectées en se rendant plus fréquemment en forêt.
    On sait cependant que le climat peut exercer une influence sur le comportement des tiques et favoriser le principal mode de transmission du TBEV, le « co-feeding » : le TBEV est transmis à des larves par des nymphes infectées. Néanmoins, en raison des conditions microclimatiques extrêmes observées au printemps 2007 dans certains sites étudiés du canton de Berne (Belp, Kiesen, Trimstein), une partie de la population de nymphes en quête a souffert de dessiccation. Ceci a eu pour conséquence de diminuer la proportion de rongeurs infestés par des larves et des nymphes réduisant ainsi les chances de transmission par « co-feeding ». Des printemps chauds à répétition pourraient donc faire disparaître des foyers de TBEV à certains endroits comme l’avait prédit Randolph (2001).
    Nous avons également recherché la présence du TBEV dans le canton de Berne par l’analyse de tiques en quête et de tiques nourries sur des rongeurs. Dans deux sites connus pour héberger le TBEV (Thun et Belp), la prévalence du TBEV chez les tiques en quête était de 0.14%-0.2%, respectivement. Concernant les deux autres sites dont le statut de foyer était inconnu, le TBEV a pu être mis en évidence pour la première fois chez des tiques en quête à Kiesen avec une prévalence de 0.04% contrairement à Trimstein où sa présence n’a pas pu être démontrée. Tous les foyers identifiés ont par ailleurs été confirmés par la présence d’anticorps anti-TBEV dans le sérum de micromammifères. Pour la première fois, nous avons pu analyser individuellement des tiques nourries sur un rongeur (Apodemus flavicollis) et avons observé une prévalence de 11.9%.
    Enfin, nous avons détecté des pathogènes émergents chez des tiques de micromammifères capturés dans les 4 sites du canton de Berne avec une prévalence de 9.7%. Nous avons identifié Rickettsia helvetica (7.1%), R. monacensis (0.2%), Babesia microti (1.7%) et B. venatorum (0.5%). Anaplasma phagocytophilum n’a pu être identifié que chez des tiques en quête (2%) à Kiesen. La présence de ces pathogènes montre qu’il existe un risque potentiel pour l’être humain de se faire infecter d’où l’intérêt d’attirer l’attention du corps médical sur les risques qui y sont associés.