L’engagement politique des citoyen-ne-s suisses avec un background migratoire. Le cas de la Lega dei Ticinesi, un parti connu pour sa rhétorique critique à l’égard de l’immigration

L’engagement politique des citoyen·ne·s suisse avec un background migratoire est un sujet de plus en plus d’actualité, qui prend progressivement sa place dans la recherche scientifique, Actuellement, en Suisse plus de 40% de la population résidante a un background migratoire, plaçant le pays parmi ceux ayant la plus forte proportion de population issue de l’immigration au monde. En parallèle, les partis de droite conservatrice, qui tiennent des discours critiques envers l’immigration, ont gagné du terrain lors des dernières élections. Dans ce paysage politique en mutation, il devient pertinent de s’interroger sur les formes que prend l’engagement politique des personnes avec un background migratoire.

C’est à partir de ces constats que cette recherche qualitative s’intéresse à l’engagement de citoyen·ne·s suisses avec un background migratoire au sein de la Lega dei Ticinesi, un parti régional connu pour sa rhétorique critique à l’égard de l’immigration. À travers une contextualisation du parti dans l’espace politique local du canton du Tessin et une mise en lumière de ses discours, notamment autour de la politisation des questions migratoires, cette étude cherche à comprendre les logiques d’engagement des individus. L’analyse repose sur neuf entretiens semi-directifs avec des candidat·e·s ayant un background migratoire et deux entretiens d’expert·e·s. Elle met en évidence différentes motivations individuelles, articulées autour de certains éléments saillants : le rôle attribué aux valeurs dites suisses ou tessinoises, la remise en question de discours dominants sur le parti et la position adoptée face à la figure du·de la frontalier·ère.

Cette recherche permet de mieux saisir comment les récits de vie et les trajectoires migratoires personnelles peuvent redéfinir les formes d’engagement politique au sein d’un parti aux discours d’exclusion. Elle révèle comment ces parcours peuvent ouvrir des espaces de négociation, en apportant une légitimité issue du vécu et en redéfinissant les frontières du « nous » partisan.