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Dimension éthique de l'oeuvre narrative de José María Arguedas
Auteur(s)
Rens, Martine
Editeur(s)
Andres-Suárez, Irene
Ramírez, Pedro
Date de parution
2004
Résumé
L'oeuvre narrative de J.M.Arguedas a été longuement analysée sous les angles variés et multiples avec le souci de recenser la densité thématique de l'écrivain péruvien tout ensemble professeur, ethnologue, folkloriste averti, romancier, poète de langue quéchua journaliste, etc…Mais il n'en reste pas moins que l'oeuvre romanesque de l'auteur s'adresse à un public de langue d'abord hispanique afin de lui faire découvrir de l'intérieur, l'âme andine à travers ses attributs artistiques et culturels et religieux. Ce choix mûrement réfléchi de la part de l'écrivain, va progresser tout au long de son oeuvre vers un langage qui se voudra dans son dernièr récit résolument oralisant, mélange de quéchua et d'espagnol afin d'entrer toujours plus avant dans l'âme du péruvien largement métissé, ne serait-ce que culturellement. C'est au travers de cette évolution culturelle de l'auteur de 1935 à 1969, que nous avons choisi de scruter du point de vue éthique, l'acheminement de la pensée andine dans le sud des Andes où est né Arguedas, sous son aspect spirituel ; puis après les migrations du " serrano " vers une ville industrielle du nord de la Côte, Chimbote, nous avons étudié l'évolution de sa pensée par rapport à sa propre nation, le Pérou. Quelle est la religion du " serrano " dans les villes de la Côte péruvienne ? C'est ce que nous avons essayé de suivre à travers les prises de position variées des principaux héros du dernier roman d'Arguedas : " El zorro de arriba y el zorro de abajo ". Arrivé à ce degré d'analyse l'auteur a mis en scène les personnages mythiques des " zorros " tirés d'un mythe post hispanique " Dioses y hombres de Huarochiri " écrit au XVIème siècle, et confère ainsi à son ultime récit une densité andine où par ailleurs, le sort de la religion chrétienne va elle aussi évoluer sous l'influence de la Théologie de la Libération, facteur qui va changer le regard de l'écrivain lui-même en ce qui concerne la religion catholique notamment. Cette mutation spirituo-sociale va être auscultée par l'écrivain en avance d'une coudée sur l'avenir de sa patrie. Cela n'empêchera pas le constat négatif d'Arguedas sur le futur de son pays où la menace de la mondialisation pèse déjà lourd dans la possibilité d'indépendaance économico-sociale de la société péruvienne. Le " pachacuti "andin est en train de se réaliser au sein du dernier écrit de l'écrivain. En effet il s'agit bien d'une inversion des valeurs économiques sociales et spirituelles sous le mode andin qui agite la société péruvienne et sa conception de son identité elle-même dans le contexte mondial. La conscience lucide de l'auteur l'enregistre sous l'empire d'un déchirement intérieur car le monde qui l'a vu naitre est en train de s'estomper et de mourir sous ses yeux. Sa quête d'un équilibre social fondé sur le monde rural et les valeurs quéchuas s'est en majeure partie effondrée car le changement qui s'offre à lui est basé sur l'industrialisation et la texture sociale urbaine où si plusieurs valeurs de la société andine persistent, le monde n'en reste pas moins étranger au regard pénétrant d'Arguedas. La déchirure intellectuelle et affective est consommée. Sa santé déclinante n'y résistera pas. La suicide se produit le 28 novembre 1969 et meurt le 2 décembre 1969.
Notes
Thèse de doctorat : Université de Neuchâtel : 2004 ; 1772
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Type de publication
doctoral thesis
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