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Le conseil suisse de la presse, état des lieux

2022-12-7, Dubied, Annik

À l’approche de son 50e anniversaire, le Conseil suisse de la presse (CSP) fait face à plusieurs évolutions. La première concerne la hausse du volume des plaintes, qui a doublé depuis 2017 ; multifactorielle, cette augmentation pose des défis au CSP, peu équipé pour y faire face. La deuxième concerne une juridicisation croissante du processus de plainte : cette institutionnalisation met en péril l’essence même de l’au-torégulation et sa capacité à répondre aux préoccupations du public.L’article aborde ces questions, puis les réformes adoptées récemment par le CSP. Une partie d’entre elles concerne les mécanismes d’in-troduction des plaintes ; l’autre touche à des Directives régissant des principes journalistiques. Le Conseil s’est notamment penché sur la protection de la vie privée, le native advertising et l’audition en cas de reproches graves. Ces réformes sont analysées en tenant compte de l’évolution du contexte médiatique, et en donnant des pistes de solutions pour l’avenir

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Mener l’enquête : arts de faire : une approche socio-ethnographique des récits de légitimation et des pratiques d’investigation de journalistes en Suisse romande

2019, Labarthe, Gilles, Dubied, Annik, Grevisse, Benoit

Cette recherche a pour objectif global de proposer de nouveaux éléments de compréhension concernant les contextes et les contraintes influant sur les productions de journalistes d’investigation en Suisse romande. Elle se focalise plus précisément sur les méthodes ou « arts de faire » de l'enquête que les journalistes mobilisent en tant qu'acteurs sociaux, notamment comme moyens de faire face à des problèmes d'accès aux informations gouvernementales. Dans cette perspective, elle apporte une contribution aux cursus de formation universitaire au journalisme, sur un objet de recherche qui à notre connaissance n’a encore jamais été étudié en Suisse de façon systématique et approfondie. Le chercheur part du principe que toute activité journalistique est aussi le reflet de relations triangulaires entre la presse, les pouvoirs (politiques, institutionnels, économiques…) et le public. Afin d’étudier de manière empirique les versants implicites et sous-jacents de ces relations, il recourt aux méthodes qualitatives et aux approches socio-ethnographiques (observation participante, entretiens semi-directifs, récits de pratiques et de de parcours professionnels), à visée compréhensive et descriptive. Il concentre son attention sur les logiques d’action et méthodes d'enquête envisagées, négociées et/ou effectivement déployées par les journalistes, comme révélateurs d’enjeux de pouvoir, suivant des modes de collaboration, de négociation ou de conflit avec des sources officielles. Une première phase d’observation exploratoire met en évidence la complexité et la forte contextualité des logiques d’action en présence, ainsi que la tension a priori contradictoire entre affirmation par les journalistes de la rigueur de leur travail d'enquête et du respect des « fondamentaux » du métier, d’une part ; et d’autre part, une « nécessaire » dissimulation des conditions de production, la négociation voire, la transgression des règles de base. L'analyse s'appuie sur les notions de « flou productif » et d' « indétermination productive », pour interpréter ces résultats. L’hypothèse de travail qui en découle s’articule autour de la singularité présumée de cette tension entre affirmation et dissimulation des méthodes d’enquête déployées, dépassant les « fondamentaux » du métier, le suivi des règles déontologiques communes à l’ensemble de la profession et les définitions courantes du journalisme d’investigation. A des fins de démonstration, le codage des résultats issus des observations et des entretiens permet de dégager plusieurs typologies détaillées, identifiant des méthodes d’investigation spécifiques, distinctes des autres activités et « routines » journalistiques. Parmi ces « arts de faire » de l’enquête, figure un premier ensemble de « pratiques déloyales » et de méthodes intrusives que les journalistes tendent à mettre en oeuvre, à négocier et à légitimer, avant de faire référence plus explicitement à des risques de « perte d’autonomie » dans leurs relations avec les médias, les pouvoirs et les publics (difficulté à obtenir des informations / attentes et impératifs des médias employeurs / de l’audience). Dans un seconde typologie, les méthodes d’enquête orientées sur l’accès aux sources prédominent également. Un autre singularité se profile : l’importation, l’influence ou l’adaptation au cours de ces 50 dernières années de méthodologies d’enquête provenant en fait d’autres mondes sociaux, périphériques ou extérieurs : milieux des sciences sociales ; de justice et police, du renseignement ; « solutions créatives » inspirées par d’autres professions. Ces méthodologies vont elles aussi au-delà des « fondamentaux » du métier. Elles sont néanmoins privilégiées par les journalistes, dans une perspective pragmatiste. L’analyse distingue ensuite les méthodes qui relèveraient des « tactiques », individuelles, mobilisées au coup par coup suivant les opportunités, et donc peu capitalisables sur le long terme, et des « stratégies » (prenant appui sur les moyens financiers, technologiques, symboliques... et/ou l’influence du média employeur, d’une équipe de rédaction ; sur des réseaux professionnels, des organisations et institutions ; sur des lois autorisant l’accès aux informations, par exemple). Or, étudier ces stratégies et ces tactiques d’enquête, c’est faire face à un objet « qui résiste », plus encore que pour d’autres genres journalistiques. Certes, le journalisme en général peut se caractériser comme une profession du « flou » (flou de « l’entrée » ou de la « sortie » du métier, de ses frontières, de l’identité professionnelle pour soi ou pour autrui, etc.). Toutefois, dans le cas des pratiques du journalisme d’investigation, la recherche conclut que ce « flou » ou cette « indétermination productive » sont poussés à un degré bien plus élevé, pour un cumul de raisons et de motivations. En effet, les praticiens de ce genre journalistique sont d’autant plus tenus d’affirmer (face aux employeurs, au lectorat, aux menaces de sanctions et de poursuites, au pouvoir judiciaire...) une rigueur dans le travail accompli. Simultanément, ils tendent à masquer plusieurs composantes clés de l’investigation, à différents niveaux : nécessité d’accomplir un « sale boulot », suivant des logiques d'action souvent contraires aux fondamentaux du métier, mais perçues comme plus efficaces ou même indispensables pour lever des obstacles d'accès aux sources et révéler des informations cachées, d’intérêt public ; recours aux « pratiques déloyales » et à des méthodes intrusives ; gestion, proximité et protection des sources ; échanges de services, formes de partenariats et modèles économiques sur lesquels reposent les enquêtes, à l’interne mais aussi, à l’externe ; sensibilité des sujets d’enquête traités, des « révélations » et risques (financiers, juridiques, personnels, physiques…) encourus, etc. Enfin, cette recherche avance deux nouvelles notions : les « méthodologies de l'input » caractérisent ainsi des méthodes d’enquête orientées principalement sur l’accès aux sources. Elles renvoient de fait, à l’origine, à des méthodes inspirées en grande partie d'autres domaines d'activités professionnelles que le journalisme. La notion de « mouvance productive » (« mouvance » dans le sens littéral de « ce qui est fluctuant, changeant ») évoque quant à elle de façon plus explicite la priorité accordée par les journalistes à des principes de mobilité, en particulier aux jeux fluctuants et changeants qu'ils peuvent développer dans les rapports aux sources en activant une large palette de tactiques, au cas par cas. Davantage que les ressources et moyens stratégiques, la variété et la nécessaire indéfinition de ces tactiques leur permettent de conserver certains avantages relatifs, malgré des rapports de force défavorables (manque de budget et de temps alloués par les employeurs à la réalisation des enquêtes, par exemple), mais aussi d'éviter des tentatives extérieures de prise de contrôle sur leurs activités.

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Journalists in Switzerland: Structures and Attidues

2018, Dingerkus, Filip, Dubied, Annik, Keel, Guido, Sacco, Vittoria, Wyss, Vinzenz

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Les publics du fait divers

2017, Dubied, Annik, Lits, Marc

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Stay Strong, Get Perspective, or Give Up: Role Negotiation in Small-Scale Investigative Journalism

2022-5-5, Cancela, Pauline, Dubied, Annik

This article examines how investigative journalists, especially those working in newsroom contexts, deal with discrepancies between ideals and practice by actively negotiating their roles. Based on interviews with 28 Swiss journalists, it argues that despite having a strongly shared ideology revolving around the democratic roles of journalism, investigative reporters negotiate their investigative commitment on a daily basis. The study provides a conceptual model of this process based on a distinction between “liquid” and “solid” negotiation strategies, in the sense of Deuze. “Liquid” strategies involve reinterpreting, contesting and combining various journalistic roles, leading journalists to negotiate their investigative performance based on various individual organizational and institutional factors. Conversely, “solid” strategies tend to involve dogmatic attitudes toward investigative journalism. While this approach allows journalists to live by their ideals most of the time, it can also lead to simply dropping out. The study concludes with several important implications for research on journalistic identity and roles, as well as on media management, particularly regarding journalists’ agency in redefining journalism.

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Journalists in Switzerland: Structures and attitudes revisited

2018-11-14, Dingerkus, Filip, Dubied, Annik, Keel, Guido, Sacco, Vittoria, Wyss, Vinzenz

It is often stated that journalism and the media are going through some fundamental changes. In this article, we present a description of the journalists in Switzerland, based on a nation-wide survey conducted in 2015. This data gives a quantitative description of journalists in Switzerland. Furthermore, this article makes comparison between various groups of journalists, for example between the different language regions in Switzerland, in order to give a differentiated picture of who the journalists are, what their working situation looks like and how they perceive their own professional role in society.

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Quelle différence? Language, Culture and Nationality as Influences on Francophone Journalists’ Identity

2017-1-31, Bonin, Geneviève, Dingerkus, Filip, Dubied, Annik, Mertens, Stefan, Rollwagen, Heather, Sacco, Vittoria, Shapiro, Ivor, Standaert, Olivier, Wyss, Vinzenz

Canada, Belgium and Switzerland are multicultural countries with several similarities including having French as a minority language. The trio also shares similar media landscapes, systems and approaches to journalism to those of other Western European and Northern American countries. These commonalities offer an opportunity to probe for the possibility of a language-based differentiation in journalists’ professional identities. Our comparative analysis of Worlds of Journalism Study data suggests that francophone journalists in our three countries have much more in common than not with their other-language peers. However, the francophone journalists seem more likely to identify with a politicized role that includes agenda-setting, citizen-motivation and scrutinizing power, and less likely to be driven by attracting and satisfying audiences. A différence francophone exists, but it is modest.

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“To Me, It's Normal Journalism” Professional Perceptions of Investigative Journalism and Evaluations of Personal Commitment

2021-1-28, Cancela, Pauline, Gerber, David, Dubied, Annik

This paper examines how professionals define investigative journalism, which criteria they use to assess their and others’ work, and how they apply them. Based on 23 in-depth interviews with Swiss journalists, our research sheds new light on professionals’ normative assumptions, and provides insights on how to think about investigative journalism more generally. Implicit and explicit professional definitions reveal a shared conception of journalism, which has strong normative implications. According to their narratives, professionals rely on a gradual and multilevel definition of investigative journalism, while often talking about it as an absolute. Rather than a discrete category, “investigative journalism” is best seen as existing on a continuum between full-fledged investigative endeavor and the most basic reporting, with the main cursor being the personal commitment: professionals value the extent of efforts provided during the investigative process, as much as other constitutive elements such as exposing breaches of public trust. They built on a mix of various elements regarding what constitutes investigative journalism. We distinguished three types of defining criteria: motive, extent of efforts and technique involved. These criteria counterbalance each other in practice. Arguably, these gradual conceptions allow for adjustments between a clear-cut ideal and the real work context.

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Journalists in Switzerland: Structures and attitudes revisited

2018-11-14, Filip Dingerkus, Dubied, Annik, Guido Keel, Sacco, Vittoria, Vinzenz Wyss

It is often stated that journalism and the media are going through some fundamental changes. In this article, we present a description of the journalists in Switzerland, based on a nation-wide survey conducted in 2015. This data gives a quantitative description of journalists in Switzerland. Furthermore, this article makes comparison between various groups of journalists, for example between the different language regions in Switzerland, in order to give a differentiated picture of who the journalists are, what their working situation looks like and how they perceive their own professional role in society.

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Le journalisme d’investigation à l’ère du numérique. Du mythe au renouvellement

2017-1-17, Dubied, Annik

Le journalisme a connu de nombreuses crises dans sa courte histoire ; la dernière en date semble toutefois plus massive et plus bouleversante que les précédentes. La profession vit en effet une période de bouleversements majeurs, dûs en grande partie à l’avènement de l’ère numérique et à ses conséquences. Dans ce contexte, l’image sociale des journalistes s’est encore « dégradée » (Neveu, 2001, 93), l’« ampleur de la défiance » (Charon, 1993, 13) envers les professionnels est encore plus considérable - comme en attestent divers sondages (notamment : www.tns-sofres.com/publications/barometre-2016-de-confiance-des-francais- dans-les-media), débats publics ou même ouvrages de professionnels aux titres évocateurs parus ces dix dernières années (par ex : A-t-on encore besoin des journalistes ? / Notre métier a mal tourné / ...). Cette crise d’image est dûe au moins autant aux fautes commises à certaines occasions par certains professionnels (fautes immédiatement visibles et surexposées par nature) qu’aux attentes considérables et très positives (mais parfois surévaluées) que suscite cette profession dans l’espace public. Ces attentes sont souvent entachées de stéréotypes et confortées par des mythes sur le rôle du journalisme et sa nature. Comme tous les mythes, ces derniers sont à la fois utiles socialement, en termes de cohésion, d’identité professionnelle ou d’explication, mais ils sont aussi excessivement simplificateurs et déformants. C’est du côté positif (mais aussi surévalué) de l’image du journalisme que se situe l’investigation (ou « enquête », les deux termes seront ici employés comme des synonymes), genre sur lequel, chose étonnante dans un champ aussi disputé, tout le monde est à peu près d’accord : l’investigation, c’est bien, c’est noble, c’est nécessaire, c’est l’honneur du journalisme... Ce genre est donc crédité d’un préjugé très positif, qui interpelle dans le cadre de la durable crise d’image évoquée plus haut.