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    L'hôtellerie bruxelloise 1880-1940: acteurs, structures et logiques spatiales d'un secteur multiforme
    (2011)
    Jourdain, Virginie
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    Jaumain, Serge
    Au-delà des perspectives offertes par les premières études historiques dans le domaine de l’hôtellerie, nous avons voulu souligner au travers de cette thèse combien l’hébergement temporaire payant dans la ville ne pouvait clairement pas se concevoir de manière unidimensionnelle. L’hôtellerie ne doit pas être considérée comme une industrie tournée exclusivement vers les habitudes touristiques des plus fortunés, ni être cantonnée aux chambrées ouvrières misérables. Entre ces deux extrêmes, quantité de maisons se sont adaptées à une multitude de demandes. A cet égard, Bruxelles, ville capitale, constitue entre 1880 et 1940 un terrain de recherche idéal qui permet d’adopter un angle d’approche très large pour étudier l’industrie de l’accueil temporaire urbain. Notre étude s’articule autour de trois points principaux. Tout d’abord, préalable indispensable, nous avons analysé de manière extensive la nature de notre objet d’étude afin de dépasser les simplifications arbitraires posées antérieurement entre hôtellerie de tourisme et autres établissements d’accueil. Notre première partie s’attache donc à donner sens aux différentes matérialisations de l’hébergement payant dans la ville (hôtels, pensions, palaces, garnis, meublés…) à travers leurs définitions lexicologique, littéraire, corporative, officielle et législative. Quelles sont les caractéristiques de l’hôtellerie de tourisme et quand cesse-t-elle de l’être ? Quel regard portent les autorités publiques sur ce monde protéiforme, fondamentalement hétérogène et par conséquent insaisissable ? Dans la seconde partie, nous donnons un visage et une voix à cette hôtellerie bruxelloise en identifiant plus précisément les acteurs du milieu, notamment par le biais de ses associations professionnelles et de ses dirigeants. Nœud central de notre exposé, l’image négative traditionnelle véhiculée par le métier pèse encore de manière significative au XIXe mais aussi au XXe siècle dans les jugements portés sur la profession. La perception identitaire propre des hôteliers de leur métier en est profondément influencée. Ces opinions nourrissent un besoin fondamental de la grande hôtellerie de se différencier des petites maisons familiales amateures par le biais notamment du développement à cette période d’une formation professionnelle nouvelle et rationalisée et d’une position ambiguë par rapport aux revendications des organisations de classes moyennes. Enfin, la troisième partie de la thèse s’attache à adjoindre corps à notre travail en replaçant l’hôtellerie dans sa réalité physique au sein de la ville de Bruxelles. Cette question essentielle est développée grâce à la réalisation systématique de plusieurs cartes de localisation basées sur des sources variées telles que des annuaires de commerces, des guides, des cartes postales, etc. Au terme de cette analyse, c’est une nouvelle carte des usages de la ville aux logiques spécifiques qui se dessine, celle de ses consommateurs migrants, mobiles ou étrangers. Notre thèse se veut donc d’abord un témoignage de la nature complexe de l’industrie de l’accueil à Bruxelles et de ses transformations incessantes au cours d’une phase décisive de son évolution. Par ce portrait humain et spatial, il s’agit de souligner l’empreinte originale indéniable que le secteur a laissée dans la vie de la capitale. L’hôtellerie, même si elle se tourne prioritairement vers les voyageurs, appartient fondamentalement au passé de la capitale. Ses pensions, ses meublés comme les maisons de plus grande importance, ont tous participé directement au développement de la cité et ont permis que cette dernière puisse réguler efficacement les flux démographiques et migratoires qu’elle a de tout temps suscités. Elle ne constitue donc pas un corps étranger, extérieur ou anecdotique à la ville qui justifierait un trop long silence académique., Beyond the prospects offered by the first historical studies in the field of hospitality, we wanted to show through this thesis how temporary accommodation in the city could not be seen as a one-dimensional sector. Hotel should not be considered as an industry exclusively focused on wealthy tourists habits, or be confined to the wretched workers pensions. Between these two extremes, different houses offered specific services to a multitude of clients. Brussels, as a capital city, allows adopting a broad angle for studying the urban temporary hospitality industry between 1880 and 1940. Our study focuses on three main points. First of all, we have extensively analyzed our subject’s nature to exceed the arbitrary simplifications previously done between tourism hotel and other forms of inns. Therefore, first chapter attaches to give meaning to accommodations’ different implementations in the city (as hotels, boarding houses, palaces…) by studying their definitions in dictionaries, literature, professional press, legislative texts, etc. In the second part, we gave a face and a voice to this Brussels hotel industry by specifically identifying its hoteliers, its professional associations and its leaders. Central point of our presentation, the ancient and traditional negative image of the hotel industry still exists in the 19th and 20th c. Hoteliers’ self perception is profoundly influenced by this negative reputation. These opinions feed luxury hotels’ desperate need to differentiate themselves from small family boarding houses. Finally, third chapter attaches to add body to our study by analyzing Brussels’ hotel industry in its physical reality. This essential question is developed through several location maps which are based on varied archives such as almanacs, travel guides, postcards etc. This way, a new map of the uses of the city emerges: a map of migrants and foreign consumers’mobilities. This thesis shows the complex nature of hospitality industry in Brussels and its transformations in a decisive historical phase. Pensions as palaces are deeply involved in Brussels’ urban development. They have regulated demographic and migratory flows to the capital. Therefore they cannot anymore be considered as superficial and anecdotic actors in city’s life.