Options
Terrier, Nathalie
Résultat de la recherche
Trisomie 21 et témoignage d’autrui: les personnes adultes porteuses de trisomie 21 font-elles confiance au témoignage d’informateurs inconnus ?
2008, Terrier, Nathalie, Zittoun, Tania
Les recherches sur la confiance dans le témoignage d’autrui sont depuis quelques années en plein essor. Il est aujourd’hui admis que l’individu est en partie tributaire du témoignage d’autrui pour apprendre ou accéder à de nouvelles informations, au travers de la communication. La dépendance épistémique est donc un phénomène majeur dans la vie quotidienne. Mais le problème est que les systèmes de communication ne transmettent pas toujours des informations fiables : l’individu va devoir filtrer les informations transmises par autrui et calibrer la confiance à adopter entre différentes sources d’information. La question de la confiance est donc pertinente dès le moment où l’on admet que chaque être humain est en partie dépendant d’autrui pour acquérir de nouvelles informations. Ces questions sont traditionnellement abordées par la psychologie du développement au travers d’études avec de jeunes enfants. Or, les mécanismes de confiance restent encore une des zones d’ombre qui entourent le champ de la déficience mentale. Ce travail propose d’explorer le type de confiance que les personnes adultes porteuses de trisomie 21 adoptent face au témoignage d’un informateur inconnu au travers de tests expérimentaux, tout en gardant à l’esprit la complexité d’assigner ou non une aptitude à un sujet présentant un profil cognitif, social et émotionnel atypique sur la base d’une méthodologie expérimentale. Dans un deuxième temps, l’environnement social des sujets est examiné afin de comprendre si celui-ci joue un rôle dans le fait d’adopter ou non une attitude de confiance sélective. Les résultats sont abordés à la lumière de deux versants très différents. Le premier modèle, par sa nature systémique, permet de rendre compte que l’environnement social d’un sujet peut calibrer certaines performances sociocognitives dans le cadre de la présente recherche. Différentes théories émergeant de la psychologie cognitive offrent également des pistes de compréhension de mécanismes cognitifs sous-jacents impliqués dans la discrimination d’informateurs inconnus.
Le développement de la confiance épistémique chez les jeunes enfants:: les enfants utilisent-ils le genre et l'âge de leurs sources informationnelles pour acquérir de nouvelles connaissances?
2016, Terrier, Nathalie, Clément, Fabrice, Mercier, Hugo, Schmid Mast, Marianne, Van der Henst, Jean-Baptiste
Comment les jeunes enfants apprennent-ils d’autrui via le canal de la communication et comment contrôlent-ils les témoignages transmis par leur environnement social? Les recherches expérimentales de notre thèse de doctorat visent, d’une part, à mettre en évidence que, si le canal communicationnel constitue un moyen rapide et efficace d’augmenter leur stock de connaissances, les enfants sont pourtant peu enclins à considérer comme vraie une représentation qui leur est communiquée si celle-ci entre en conflit avec leur propre perception ou avec des connaissances préalablement stockées en mémoire. D’autre part, nos recherches empiriques ont l’originalité d’examiner le développement de la confiance épistémique sélective lorsque les enfants ne peuvent comparer l’information transmise avec leur propre background informationnel. Se basent-ils, dans ces conditions, sur des indices de nature sociale pour attribuer leur confiance? Si nos recherches empiriques se focalisent sur le développement de la confiance épistémique chez les enfants, un travail théorique propose en préambule une perspective intégrée de la confiance épistémique, avec l’hypothèse que différents types de mécanismes, tant de « bas niveau », suggérant un traitement quasi-automatique et très élémentaire de l’information, que de « haut niveau », soit plutôt réflexifs, participent aux prises de décisions fiduciaires. La confiance épistémique est ensuite discutée à la lumière du contexte de l’évolution de la communication, puis un état de l’art de la littérature spécialisée met en évidence comment et à quel moment les mécanismes de sélection des informations, définis en termes de mécanismes de vigilance épistémique, se développent chez les enfants. Notre partie empirique se destine à poursuivre ces travaux. Une première étude examine si l’âge de la source influence la confiance que va attribuer l’enfant pour acquérir une nouvelle information et dans quelle mesure cette attribution évolue entre l’âge de 2.5 et 5 ans. Un conflit entre l’indice de l’âge et de la fiabilité de la source est ensuite introduit, afin d’examiner si les préférences basées sur une même appartenance sociale sont robustes lorsque l’informateur similaire est étiqueté préalablement comme non fiable. Une deuxième étude examine ensuite l’influence de l'indice du genre, avec les mêmes questionnements sous‐jacents. Les résultats des deux études mettent en évidence que les enfants utilisent l’âge et le genre de la source lorsqu’ils ne disposent pas d’informations soulignant une différence de fiabilité entre celles-ci. Toutefois, ces indices ne sont pas utilisés systématiquement et leur utilisation diffère chez les enfants de 3, 4 ou 5 ans. En revanche, leurs résultats sont plus homogènes lorsqu’ils reçoivent des informations indiquant que la source à l’âge ou au genre similaire n’a pas eu d’accès informationnel. Dans ce cas, les enfants rejettent très clairement son témoignage autour de l’âge de 40 mois. Les enfants en-dessous de cet âge prennent également en compte l’accès informationnel des sources, mais de manière moins systématique. Nous proposons par conséquent certaines pistes développementales pour expliquer pourquoi les enfants les plus jeunes rencontrent encore des difficultés à sélectionner clairement la source fiable. Nous concluons ce travail en mettant en évidence comment les recherches conduites sur l’influence du genre et de l’âge d’une source informationnelle peuvent également générer des réflexions intéressantes pour les secteurs éducatifs et scolaires., How do young children acquire belief and knowledge from others’ testimony and how do they monitor and select fundamental pieces of information to learn about the world? The first aim of this experimental research is to emphasis that preschoolers, from an early age, are able to acquire various information by others, displaying skeptical trust in testimonies and selecting reliable epistemic informants. But despite its utility, this monitoring strategy has a major limitation because children cannot always access epistemic reliability of their sources in order to gauge their trustworthiness. Under these conditions, do children monitor specific social cues to acquire selectively new information? Thus, the second aim of this research is to examine if preschoolers use age and gender cues to selectively choose their informants. While this research specifically focuses on children development of selective trust in others testimony, a theoretical work suggests in introduction an integrated perspective of epistemic trust, suggesting that trust is underlined by both low and high cognitive processes, involving reflective judgment as well as tacit filtering device. Then, this work presents evidence to consider trust as a product of the human cognitive evolution and highlights the major milestones of selective trust development, defined as vigilance epistemic mechanisms. Afterwards the wide variety of cues young children use when evaluating testimony is reviewed. Our empirical work aims to follow up on the ongoing studies. In two studies, this research investigates how young preschoolers, from 2.5- to 5-year-olds, use a social cue (age for Study 1 and gender for Study 2) in the absence of other epistemic cue. Then, these studies combine a social cue with an epistemic cue (visual access) in order to examine if children social preference for similar sources weights more than their epistemic reliability. Both studies show that preschoolers use social cues as age and gender in the absence of other epistemic cues. However, both cues are not equally used by children and developmental differences were underlined. By contrast, results are more homogenous when an epistemic cue conflicts with a social cue. In fact, a key result is that preschoolers, as young as 40 months, are systematically able to give more weight to an epistemic cue than to a social cue when evaluating testimony. However, some children under 40 months did not clearly favor the epistemic cue, although they took it into account. We suggest some cognitive developmental issues to explain why they are sometimes unable to adequately select the testimony of the reliable informant. Finally, we connect the results of the studies with educational and scholar practical fields.