Résultat de la recherche
L’émergence du possible dans le cadre des transitions de genre : une étude exploratoire en psychologie socioculturelle
Dans une société oscillant entre invisibilité (Namaste, 2000) et oppression (Medico et al., 2020), comment les personnes trans parviennent-elles à se penser et s’imaginer dans un autre genre ? A travers une recherche exploratoire d’inspiration phénoménologique, et en se basant sur les travaux en psychologie socioculturelle développés autour de l’imagination et du possible (Zittoun & Gillespie, 2016 ; Glăveanu, 2021), j’examine la manière dont le possible émerge dans les parcours de transition de genre. A partir de données empiriques issues d’entretiens avec des personnes concernées, je propose un modèle composé de quatre processus centrés sur la notion de reconnaissance. Je soutiens qu’à travers ces différentes dimensions s’élabore une reconfiguration de l’impossible en possible, et peut aboutir finalement à des actions concrètes dans la vie des personnes concernées. Les apports de cette recherche permettent 1) de consolider les connaissances académiques concernant le rôle de l’imagination dans les trajectoires trans ; 2) de renforcer l’intervention clinique transaffirmative (Medico & Pullen-Sansfaçon, 2017) ; 3) de proposer des pistes d’exploration du genre pour les personnes concernées.
Reflexivity, or learning from living
This chapter considers reflexivity as the process by which people can learn from their experience of living, and develop personal life philosophies. Within the theoretical frame of a semiotic, cultural psychology, I characterize reflexivity as process demanding: (1) distancing from an initial lived, relational experience; (2) an explorative loop; (3) and the enrichment of the initial experience. Social others, symbolic resources and ruptures might trigger or facilitate reflexivity; yet at times, reflexivity might be constrained socially and psychologically. The case study of the life-courses of two partners, Ivana and Vaclav, over 25 years, allows identifying modalities of reflexive loops, their social and personal limitations, and their various consequences for developmental trajectories.
From Vico to the sociocultural imagination
The papers by Mariagrazia Granatella (2015), Tuuli Pern (2015) and Pablo Rojas (2015), invited by Tateo (2015) engage in a dialogue with the texts of Giambattisto Vico, a philosopher from the 18th century. In this commentary, focusing on imagination, I first follow the authors’ effort to show the compatibility between Vico’s ideas and current cultural psychology; I then highlight two issues of particular interest emerging from this dialogue.
The wind of thinking
The Life of the Mind (1978) opens with a reflection of thinking. By thinking, Hannah Arendt means our capacity to withdraw from the world so as to reflect about the meaning of things. Thinking is an activity with no results in itself: searching for meaning, it cannot reach a goal, as any meaning hence produced can only be questioned again. Thinking is made possible through imagination, and demands the use of language and metaphors. It also has to be part of a form of inner dialogue – a moment in which we become two-in-one. Hence, Arendt seems to define thinking as a dynamic, mediated dialogical process of meaning making. In this paper, I first situate Arendt’s reflection on thinking within her life work. I then present her main propositions: that thinking is not knowing; that it demands a form of withdrawal; that it implies imagination; that it is mediated by language and metaphors; that it is a form of inner dialogue; and that it escapes time. Finally, I examine some of the implications of this approach to thinking for contemporary cultural psychology.
Symbolic resources and imagination in the dynamics of life
This chapter presents two mutually dependent conceptual developments in sociocultural psychology: the concept of “symbolic resources” and a theory of imagination. It argues that, although both have been considered as side problems, these might actually enable to highlight fundamental dynamics in the study of human development in the lifecourse, as well as cultural change. The chapter is organized five sections. The first section sketches a sociocultural psychology of lifecourse and highlights some of its challenges. The second section presents a sociocultural psychological theory, while the third retraces the concept of symbolic resources. These two sections each present a short historical summary and a theoretical model. The fourth section puts these two concepts at work, and shows how they may participate to the definition of the lifecourse and societal change, but also, how these can be constrained. The fifth section opens on further theoretical and methodological challenges.
Du passé au présent, pour mieux construire le futur:: imaginer sa trajectoire de vie au travers de la reconversion professionnelle volontaire
La trajectoire autrefois linéaire études - travail – avancement – retraite semble avoir cédé la place à un parcours personnel et professionnel qu’il faut sans cesse imaginer, inventer et adapter. Faire le bilan de son parcours et de ses expériences, imaginer sa trajectoire de vie, la réorienter, reprendre des études pour acquérir de nouvelles connaissances qui seront valorisées socialement et professionnellement, reconstruire son futur ; tel est le sens que pourrait revêtir la reconversion professionnelle volontaire. Ce concept évoque l’imagination de futurs possibles qui permettent de donner un nouveau souffle ou sens à sa vie. Il sous-tend un changement important, parfois radical dans la vie d’une personne surtout lorsqu’il prend forme au travers d’une formation universitaire. L’objet de ce travail, qui s’inscrit dans une approche de psychologie socioculturelle du développement, explore ce que représente la reconversion professionnelle volontaire, le sens qu’elle revêt pour les personnes qui initient cette démarche et d’autre part, il vise à saisir quel est le rôle de l’imagination dans cette entreprise. Pour cela, nous allons en premier lieu, présenter l’ancrage théorique sur lequel s’appuie notre recherche. Nous montrerons comment sont appréhendées et jalonnées les trajectoires de vie des adultes dont nous parlerons au cours de ce travail. Puis, la partie suivante sera consacrée à l’imagination, de manière à comprendre comment elle se déploie et ce qu’elle invoque. Ensuite, nous décrirons le concept de reconversion professionnelle volontaire et les étapes à l’œuvre au cours de cette démarche, ainsi que quelques aspects de la motivation qui soutiennent cette entreprise. Pour terminer cette démonstration théorique, nous présenterons notre problématique et nos questions de recherche. En deuxième lieu, nous exposerons la méthodologie utilisée pour récolter nos données, nous présenterons nos trois participants et décrirons notre choix analytique. A la suite de quoi, nous procéderons à l’analyse et aux commentaires des résultats empiriques obtenus. En dernier lieu, nous proposerons une synthèse et la conclusion de ce travail au regard de notre problématique et de nos questions de recherche.
On taking a leap of faith. Art, imagination and liminal experiences
This article argues for the centrality of fiction, imagination, and art for psychology and for life in general. It proposes an integrative theoretical framework examining art as liminal experiencing that supports transitions by engaging imagination. Grounded in a process philosophy, drawing on Vygotsky, it thus demonstrates the transformative power of art. The article offers a close reading of the liminal and transformative properties and contents of Christopher Nolan’s film Inception. Treating the film as a single case study that echoes a wider range of classical and contemporary artwork, the article promotes a complex and multilayered reading of art and imagination as part of life in society.
Memory in life transitions
This chapter explores the transformation of autobiographical memory in life transitions. To do so, it proposes a model of autobiographical memory as an oriented sociocultural act, whereby the person imaginatively distances herself from past experiences to produce a meaningful discourse on her past. This model is applied to the development of autobiographical memory during adolescence, a crucial period in this regard, and is used to analyze a series of longitudinal documentaries on teenagers in Switzerland. Based on two case studies, it is argued that adolescents learn to make sense of their past by building on previous recalls of their experiences, successively reworking their interpretation of what happened. As they discover new concepts, interlocutors, and cultural tools, they learn to distance themselves from their experiences to produce stories that are meaningful for their present selves, which they can share with others, and that can be turned into lessons to be learned.
Des ruptures aux ressources : quelle place pour l’imagination durant l’expérience migratoire ?
Ce travail de mémoire s’intéresse à la façon dont l’expérience migratoire a pu contraindre des personnes albanaises du Kosovo, arrivées en tant que réfugiés politiques en Suisse dans les années 1990, à vivre un certain nombre de ruptures dans leur trajectoire de vie. Dans ce contexte de ruptures, il cherche à comprendre quels types de ressources ont pu être mobilisées par ces personnes de sorte à générer un sentiment de continuité de soi au travers de la transition migratoire, et ainsi prétendre à un nouvel équilibre psychosocial. L’une des ressources qui a particulièrement retenu mon attention dans l’élaboration de ce travail renvoie au processus d’imagination abordé sous l’angle de la psychologie socio-culturelle. Je propose ici de montrer comment l’imagination, de part la capacité qu’elle offre aux individus de se distancier de la réalité pour explorer des mondes possibles, peut représenter une forme d’enrichissement, une ressource à part entière, lorsque la personne retombe dans le réel en l’aidant à créer du sens autour des phénomènes de rupture vécue.