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Dal Zotto, Cinzia
Résultat de la recherche
Enriching media work in the age of digital platforms : a labor process perspective
2023-09-21, Omidi, Afshin, Dal Zotto, Cinzia
S'appuyant sur la théorie du processus de travail (LPT), telle qu'elle a été développée dans l'ouvrage de référence "Labor and Monopoly Capital" par Harry Braverman en 1974, le présent projet tente de faire la lumière sur les transformations du travail médiatique à l'ère des technologies numériques. La LPT est une approche critique des études sur le travail et l'emploi, ancrée dans la tradition marxiste, qui aborde les relations conflictuelles entre le capital et le travail et relie les transformations du travail à des contextes structurels plus larges. Dans cette veine, la présente recherche s'intéresse à la façon dont les plateformes numériques, régies par un mode de production capitaliste, peuvent avoir transformé la nature même du travail dans les industries des médias d'information. En outre, elle cherche à analyser de manière critique si et comment les travailleurs des médias peuvent subir une dégradation de leur profession en raison des impératifs commerciaux imposés par les réalités d'un écosystème axé sur les plateformes. À cette fin, le projet a été divisé en trois études. L'article 1 passe en revue les précédentes études empiriques sur la nature du travail dans les industries médiatiques afin de mettre en lumière les concepts et les facteurs qui caractérisent le travail dans les médias. D'après les conclusions de cet article, les travailleurs des médias donnent un sens à leur emploi non pas en raison des caractéristiques uniques que comporte le travail dans les médias. Au contraire, les expériences des travailleurs des médias et les perceptions de leur travail dépendent fortement des politiques du lieu de travail adoptées par les organisations médiatiques qui sont entrelacées et façonnées par d'autres facteurs tels que les macro-politiques et les transformations technologiques. Les articles 2 et 3 constituent la partie empirique de ce projet, qui a recueilli des données à partir de 20 entretiens approfondis avec des professionnels de l'information représentant 11 médias en ligne en Suisse. Plus précisément, l'article 2 se concentre sur le rôle des outils de mesure d'audience dans la création de tensions entre les journalistes et les responsables des médias. Bien que cette étude découvre certaines tensions induites par les outils de mesure parmi les journalistes en raison des approches managériales à l'œuvre, elle ne considère pas ces technologies comme des forces d'exploitation. Au contraire, les outils basés sur les métriques ont créé des ambiguïtés sur la manière dont les journalistes doivent intégrer le métier de journaliste à ces technologies. L'article 3, quant à lui, s'intéresse au rôle des logiciels de collaboration en ligne (OCS) dans le façonnement de la dynamique du pouvoir dans les salles de rédaction. Il constate que l'OCS joue un rôle inévitable dans la création de régimes de contrôle sur le lieu de travail. En particulier, les logiciels de collaboration en ligne peuvent étendre le pouvoir de la direction de manière à envahir l'espace, le temps et l'esprit des journalistes, révélant ainsi la nécessité d'une politique du travail capable de créer des synergies entre les travailleurs des médias, les dirigeants et les organisations d'une manière plus socialement responsable. Enfin, ce projet conclut que les technologies reflètent un contexte social, économique et politique particulier, ce qui pourrait être utile aux travailleurs des médias et aux organisations. Cependant, les managers des médias ont un rôle crucial à jouer dans l'application des nouvelles technologies au travail, afin que les créativités journalistiques soient favorisées et encouragées plutôt que limitées.
ABSTRACT:
Drawing on the labor process theory (LPT), as developed in the landmark book “Labor and Monopoly Capital” by Harry Braverman in 1974, the current project attempts to shed some light on the transformations of media work in the age of digital technologies. LPT is a critical approach to studies on work and employment, rooted in the Marxist tradition, which addresses conflictual relations between capital and labor and connects work transformations with broader structural contexts. In this vein, the present research addresses how digital platforms, governed by a capitalist mode of production, may have transformed the very nature of work within news media industries. Furthermore, it seeks to critically analyze if and how media workers may experience a degradation of their profession due to the business imperatives imposed by the realities of a platform-driven ecosystem. To this end, the project has been divided into three studies. Article 1 reviews the previous empirical studies on the nature of work in the media industries to shed light on the concepts and factors that characterize media work. Based on this article’s findings, media workers give meaning to their jobs not because of the unique features that work in the media entails. Instead, media workers’ experiences in and perceptions of their job highly depend on the workplace policies adopted by media organizations that are intertwined with and shaped by other factors such as macro policies and technological transformations. Article 2 and Article 3 form the empirical part of this project, which gathered data from 20 in-depth interviews with news professionals representing 11 online media in Switzerland. Specifically, Article 2 focuses on the role of audience analytics in creating tensions among journalists and media managers. While this study discovers some analytics-induced tensions among journalists as a result of managerial approaches at work, it did not see these technologies as exploitative forces. Instead, analytics created ambiguities concerning how journalists should integrate the craft of journalism with such technologies. Article 3, on the other side, pays attention to the role of online collaboration software (OCS) in shaping power dynamics in newsrooms. It finds that OCS has an inevitable role in creating control regimes in the workplace. In particular, OCS can extend managerial power so to invade journalists’ space, time, and mind, revealing the need for labor politics able to create synergies among media workers, managers, and organizations in a more socially responsible manner. Finally, this project concludes that technologies reflect a particular social, economic, and political context, which could be helpful for both media workers and organizations. However, media managers have a crucial role in applying new technologies at work so that journalistic creativities are fostered and encouraged rather than limited.