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    Evolution observée du manteau neigeux des Alpes suisses dans le contexte des changements climatiques entre 1970 et 2016
    (2019) ; ;
    Morin, Samuel
    ;
    Randin, Christophe
    Les rĂ©gions de montagne sont des zones particuliĂšrement exposĂ©es aux variations du climat. L’augmentation significative des tempĂ©ratures de l’air observĂ©e au cours du XXe siĂšcle dans les Alpes a eu des rĂ©percussions notables sur l’évolution spatiale et temporelle du manteau neigeux, engendrant d’importantes modifications au niveau des Ă©cosystĂšmes, des cycles hydrologiques ou encore des activitĂ©s Ă©conomiques humaines. Dans ce contexte de rĂ©chauffement de l’air, il est important de dĂ©velopper les connaissances actuelles sur la variabilitĂ© du manteau neigeux alpin, afin de mieux apprĂ©hender les consĂ©quences de ces changements sur l’environnement direct. Cette thĂšse de doctorat a pour objectif d’étudier la relation entre le changement climatique de ces derniĂšres dĂ©cennies (1970-2016) et l’évolution temporelle du manteau neigeux continu dans les Alpes suisses au-delĂ  de 1100 m d’altitude, ainsi que l’influence de cette couverture neigeuse sur le risque d’exposition au gel des plantes alpines au moment du dĂ©marrage de leur croissance aprĂšs la fonte des neiges. L’analyse portĂ©e sur l’évolution temporelle (1970-2015) des principales caractĂ©ristiques annuelles du manteau neigeux continu (Ă©paisseur, durĂ©e, saisonnalitĂ©) entre 1100 et 2500 m d’altitude dans les Alpes suisses dĂ©voile un recul gĂ©nĂ©ralisĂ© de la couverture neigeuse au cours de cette pĂ©riode, que ce soit dans son Ă©paisseur ou dans sa durĂ©e et quel que soit l’altitude, la zone gĂ©ographique examinĂ©e ou les conditions climatiques locales. L’étude montre notamment que la durĂ©e du manteau neigeux continu s’est rĂ©duite en moyenne de 38 jours entre 1970 et 2015 et que cette rĂ©duction est plus particuliĂšrement attribuable Ă  une date de fonte des neiges de plus en plus prĂ©coce au printemps (-26 jours), plutĂŽt qu’à un dĂ©but d’enneigement continu plus tardif Ă  l’automne (+12 jours). La combinaison entre une date de fonte des neiges de plus en plus prĂ©coce avec une forte dĂ©pendance du dĂ©marrage de la croissance des plantes alpines Ă  celle-ci, pose la question d’un Ă©ventuel risque accru d’exposition au gel de ces plantes, Ă  une pĂ©riode oĂč celles-ci y sont particuliĂšrement vulnĂ©rables. L’analyse du risque d’exposition au gel de ces plantes lors de leur pĂ©riode de dĂ©but de croissance illustre l’existence d’une solide relation entre la date de fonte des neiges et la frĂ©quence ou l’intensitĂ© de gel lors des jours avoisinant cette pĂ©riode. En effet, il est observĂ© en moyenne que plus la fonte des neiges est prĂ©coce, plus les frĂ©quences et intensitĂ©s de gel augmentent au cours de la pĂ©riode de dĂ©marrage de la croissance des plantes alpines et ce, quelle que soit l’altitude (1418-2950 m), la zone gĂ©ographique ou encore la pĂ©riode temporelle analysĂ©e (1998-2016 ou 1970-2016) dans les Alpes suisses. NĂ©anmoins, avec une augmentation moyenne des tempĂ©ratures de l’air printaniĂšres de 0,6°C par dĂ©cennie entre 1970 et 2016 dans les zones alpines et subalpines, aucun changement significatif n’a Ă©tĂ© observĂ© dans le mĂȘme temps quant Ă  la frĂ©quence ou Ă  l’intensitĂ© de gel pendant cette pĂ©riode de dĂ©but de croissance. Ce rĂ©chauffement a permis de contrebalancer les effets d’un dĂ©neigement du sol plus prĂ©coce, en dĂ©calant au mĂȘme rythme les derniĂšres occurrences de gel et le dĂ©marrage de la croissance des plantes alpines, limitant ainsi leur risque d’exposition au gel au cours de leur pĂ©riode de dĂ©but de croissance. L’ensemble des analyses menĂ©es dans cette thĂšse dĂ©montrent l’importance de la saisonnalitĂ© du manteau neigeux sur le dĂ©marrage de la croissance des plantes alpines, ainsi qu’une grande homogĂ©nĂ©itĂ© spatiale des rĂ©sultats Ă  travers les Alpes suisses. En effet, qu’il s’agisse de l’évolution du manteau neigeux ou du risque d’exposition au gel tardif pour les plantes alpines, les rĂ©sultats de ce travail se retrouvent sans distinction significative Ă  travers l’ensemble du gradient d’altitude reprĂ©sentant les Ă©tages alpins et subalpins, au sein de zones gĂ©ographiques diverses et Ă©loignĂ©es ainsi que dans des conditions climatiques locales variĂ©es, indiquant qu’il s’agit de phĂ©nomĂšnes d’ampleur supĂ©rieure Ă  celle des Alpes suisses., Mountain regions are particularly exposed to climate change. The significant increase of air temperatures observed during the XXth century in the Alps had strong impacts on the spatial and temporal variability of snow cover, causing major changes on ecosystems, hydrological cycles or human economic activities. In this context of global warming, it is important to improve knowledge on snowpack variability in order to better understand the consequences of these changes on the surrounding environment. This PhD thesis aims to explore the relationship between recent climate change (1970-2016) and the temporal evolution of continuous snowpack in the Swiss Alps over 1100 m asl, as well as the influence of this snowpack on the risk of frost exposure for alpine plants during their most vulnerable period to frost, i.e. at the beginning of their growth period shortly after the time of snowmelt. The analysis of the main annual characteristics of the continuous snow cover (thickness, duration, seasonality) from 1100 to 2500 m asl in the Swiss Alps over the 1970-2015 period reveal a general decline of the snowpack, whether for its depth or its duration and irrespective of elevation, geographical location or local climatic conditions. This study also demonstrate that the snow cover duration has been shortened at all sites on average by 38 days between 1970 and 2015 and that this shortening is mainly driven by an earlier time of snowmelt (-26 days) rather than a later time of snow onset (+12 days). The combination between an earlier time of snowmelt and a strong dependence of the beginning of growth of alpine plants to this snowmelt raises the question of a potential higher risk of frost exposure for these plants, during a period when they are particularly vulnerable to freezing events. The analysis of the risk of frost exposure for alpine plants during the beginning of their growth period illustrate the existence of a strong relationship between the time of snowmelt and the frequency or intensity of freezing events during the days surrounding this vulnerability period for plants. On average, an early time of snowmelt generally leads to an increasing frequency and intensity of frost during the vulnerable period for alpine plants, irrespective of elevation (1418-2950 m), geographical location or the temporal period analyzed (1998-2016 or 1970-2016) in the Swiss Alps. However, with an average spring air temperature increase of 0,6°C decade-1 between 1970 and 2016 in alpine and subalpine regions, the frequency and intensity of frost during the vulnerable period for alpine plants remained unchanged. This warming allowed a compensatory effect of an earlier time of snowmelt by shifting the last occurrence of frost and the beginning of alpine plants growth period to a same extent, thus limiting their exposure to late frost events during the beginning of their growth period. All analyses conducted in this PhD thesis demonstrate the importance of snowpack seasonality on alpine plants growth period, as well as a strong spatial homogeneity of the results over the Swiss Alps. Whether for the snowpack evolution or the risk of exposure to late frost events for alpine plants, results may indeed be found without any significant distinction across all elevations, various geographical locations and a large panel of local climatic conditions, indicating that they could be extended beyond the Swiss Alps.