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Migrants pursuing the entrepreneurial "dream" in Switzerland: cross-border trajectories and unequal opportunities

2023-02-22, Mittmasser, Christina, Piguet, Etienne

Dans le discours public, l'entrepreneuriat est souvent célébré comme une opportunité pour les migrant.e.s de mobiliser des ressources de leur pays d'origine et d'atteindre l'indépendance professionnelle et la réussite. Pourtant, ce discours risque de réduire les entrepreneur.euse.s migrant.e.s à leur origine nationale, à leur potentiel économique et à leurs efforts individuels. Elle tend ainsi à invisibiliser la multi-localité des biographies mobiles et l'inégalité des chances auxquelles sont confrontés les différents groupes de migrant.e.s dans la poursuite du « rêve » entrepreneurial. Les débats scientifiques actuels reflètent ce discours. Cette thèse cherche à offrir une vision plus nuancée en examinant les trajectoires transfrontalières complexes des entrepreneur.euse.s migrant.e.s et les conditions dans lesquelles ils et elles peuvent utiliser les ressources qui en découlent. Elle contribue au domaine de l'entrepreneuriat migrant transnational en fournissant de nouvelles pistes pour comprendre les spatialités dynamiques et inégales du phénomène. Elle remet ainsi en question les discours individualistes et néolibéraux sur l'entrepreneuriat, et plus généralement sur « l'intégration » des migrant.e.s. Sur le plan théorique et conceptuel, cette thèse s'inspire de différentes perspectives, telles que le paradigme des mobilités, les approches intersectionnelles et spatio-temporelles des inégalités dans les domaines transnationaux, les études féministes et les débats théoriques sur la structure et l'agentivité. Sur le plan méthodologique, elle s'appuie sur une étude de cas qualitative réalisée à Zurich entre 2018 et 2020. Elle consiste en 34 entretiens biographiques, réalisés à l'aide de cartes géographiques, avec différents individus qui ont une expérience de la migration et mènent des activités entrepreneuriales au-delà des frontières nationales. L'objectif n'était pas la représentation statistique, mais de contraster une variété de situations. Étant donné que la plupart des personnes participants à la recherche ont des expériences de migration multiples, qu'elles en sont aux premiers stades de l'entrepreneuriat et qu'elles sont des femmes, cette étude donne un aperçu de groupes peu étudiés. Ces entretiens sont complétés par des observations ethnographiques au sein d'une organisation gérée par des migrant.e.s qui promeut l'entrepreneuriat. Suivant des approches participatives, la recherche a été menée avec plutôt que sur l'organisation afin de créer un espace d'apprentissage mutuel. Les résultats présentés dans cette thèse nuancent et remettent en question les débats actuels sur l'entrepreneuriat migrant. Tout d'abord, en explorant les trajectoires complexes des personnes participant à la recherche, ce travail révèle que la plupart d'entre elles sont liées à plusieurs pays où elles ont vécu précédemment et/ou en explorent de nouveaux pour leurs projets entrepreneuriaux. Ceci souligne que réduire les entrepreneur.euse.s migrant.e.s à leur origine nationale ne correspond pas aux spatialités dynamiques des processus migratoires et risque donc de reproduire les préjugés et stéréotypes ethniques. Deuxièmement, cette thèse souligne que les ressources transnationales ne conduisent pas automatiquement au succès et que les migrant.e.s ne constituent pas un groupe homogène. En particulier, les participantes à la recherche féminines et non-européennes, qui arrivent par les voies du regroupement familial et de l'asile et rencontrent des obstacles pour entrer directement sur le marché du travail suisse, luttent également pour accéder à des espaces tant proches que distants pour développer leurs activités entrepreneuriales. Leurs difficultés ne sont pas liées à un manque de courage ou de compétences et, de plus, ne découlent pas uniquement de leur expérience de la migration. Elles émergent plutôt de différentes sphères de vie des individus, telles que leur situation familiale et leur statut socio-économique, ainsi que de l'intersection de différentes formes d'exclusions. Enfin, cette recherche met en évidence les stratégies créatives des participant.e.s à la recherche pour surmonter les défis au fil du temps, tant au niveau individuel que collectif. Ce dernier point est illustré par l'organisation étudiée qui remet en question les opinions déficitaires sur la migration et crée un sentiment de communauté pour contrer les expériences de solitude. Cependant, sa promotion de l'entrepreneuriat résonne avec la logique néolibérale qui met l'accent sur la responsabilité de l'individu dans sa réussite professionnelle. La thèse souligne que lorsque les conditions structurelles ne sont pas abordées, il existe un risque que les inégalités et les précarités soient reproduites dans la poursuite du « rêve » entrepreneurial. Les résultats de cette recherche doctorale sont présentés dans quatre articles publiés dans des revues à comité de lecture, ainsi que dans une bande dessinée. L'objectif de cette dernière était de dépasser les formes traditionnelles de communication scientifique, de valoriser les connaissances que différentes personnes ont partagées au cours de cette recherche et de créer de nouveaux espaces de réflexion critique sur l'entrepreneuriat migrant au-delà du milieu universitaire. Abstract In public discourse, entrepreneurship is often celebrated as an opportunity for migrants to mobilise resources from their country of origin and achieve independence and success. Yet, this risks reducing migrant entrepreneurs to their national origin, economic potential, and individual efforts. It thus tends to invisibilise the multi-sitedness of mobile biographies and the unequal opportunities different groups of migrants face in pursuing the entrepreneurial “dream”. Current scientific debates mirror these issues. This thesis seeks to offer a more nuanced view by examining the complex cross-border trajectories of migrant entrepreneurs and the conditions under which they can use resources that result thereof. It contributes to the field of transnational migrant entrepreneurship by providing new avenues to understand the dynamic and unequal spatialities of the phenomenon. It thus challenges individualistic and neoliberal discourses of entrepreneurship, and migrant “integration” more generally. On a theoretical-conceptual level, this dissertation takes inspiration from different perspectives, such as the mobilities paradigm, intersectional and time-geographic approaches towards inequalities in transnational fields, feminist scholarship, and theoretical debates around structure and agency. Methodologically, it builds on a qualitative case study in Zurich between 2018 and 2020. It consists of 34 biographic interviews, using geographical maps, with different individuals who have migration experience and conduct entrepreneurial activities across national borders. The aim was not statistical representation, but to contrast a variety of situations. Because most participants have multiple migration experiences, are in their early stages of entrepreneurship and female, this study provides insights into understudied groups. The interviews are complemented by ethnographic observations within a migrant-run organisation promoting entrepreneurship. Following participatory approaches, research was conducted with rather than on the organisation in order to create a space for mutual learning. The analyses presented in this dissertation nuance and challenge current debates on migrant entrepreneurship. First, by exploring the complex trajectories of research participants, it reveals that most of them are connected to multiple countries where they previously lived and/or explore new ones for their entrepreneurial projects. This underlines that reducing migrant entrepreneurs to their national origin does not correspond to the dynamic spatialities of migration processes and thus risks reproducing ethnic biases and stereotyping. Second, this thesis highlights that transnational resources do not automatically lead to entrepreneurial success and that migrants are not a homogenous group. In particular, female and non-European research participants who arrive through family reunification and asylum channels, and who encounter barriers to directly entering the Swiss labour market, also struggle to access local and distant spaces for their entrepreneurial activities. Their difficulties do not indicate a lack of courage or competences and, moreover, not only stem from their migration experiences, but rather emerge from different spheres of individuals’ livelihoods, such as family situation and socio-economic position, as well the intersection of different forms of exclusions. Finally, this research points towards the creative strategies of research participants to overcome challenges over time, both at the individual and collective level. The latter is illustrated through the migrant-run organisation under study, which challenges deficit-oriented views on migration and creates a sense of community to counter experiences of loneliness. However, its promotion of entrepreneurship resonates with the neoliberal logic of focusing on the individual’s responsibility for professional success. The thesis underlines that when structural conditions remain unaddressed, there is a risk that inequalities and precarities are replicated within the pursuit of the entrepreneurial “dream”. The results of this doctoral research are presented in four articles published in peer-reviewed journals, as well as a comic booklet. The aim of the latter was to move beyond traditional forms of scientific communication, to value the knowledge different people shared during this research, and to create new spaces for critical thinking on migrant entrepreneurship beyond academia.

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Circulation migratoire: le cas des danseuses de cabaret extra-européennes en Suisse

2015, Thiévent, Romaric, Piguet, Etienne, Dahinden, Janine, Morokvasic, Mirjana, Le Goff, Jean-Marie, Staszak, Jean-François

Cette thèse a pour objectif général de décrire et d’expliquer les trajectoires de circulation des femmes extra-européennes venant travailler en Suisse au bénéfice d’un permis L de danseuse de cabaret. L’activité de ces femmes comprend la performance de spectacles de strip-tease mais aussi, notoirement, l’incitation des clients à la consommation d’alcool et parfois la vente de services sexuels. Tout particulièrement marquée par un haut degré de mobilité, elle constitue ainsi un cas particulièrement intéressant pour l’analyse des circulations migratoires. Ces formes de migrations sont caractérisées notamment par une division spatiale des activités économiques et des obligations sociales, le maintien de liens avec l’espace d’origine et la récurrence de l’acte de migration. Deux postures caractérisent notre démarche de recherche. La première vise le dépassement de l’analyse monodimensionnelle des phénomènes migratoires par la prise en compte simultanée des dimensions spatiales et temporelles qui les structurent. Elle soutient que la description et l’analyse fine des circulations migratoires, qui sont caractérisées par un rapport dynamique et complexe entre mobilité et immobilité, ne peuvent pas faire l’économie d’un examen approfondi et conjoint des différentes temporalités et spatialités qui les constituent et les structurent. La deuxième, qui découle directement de l’examen des débats polarisés qui traversent le champ de recherche sur le travail du sexe en général, et celui de son exercice en situation de migration, consiste à rejeter le statut d’exceptionnalité et de radicale différence fréquemment attribué aux migrations des travailleuses du sexe. Nous soutenons en effet qu’une analyse solide des trajectoires et des logiques de circulation des danseuses de cabaret extra-européennes doit être effectuée en adoptant un regard « idéologiquement neutre », sans jugement moral ni complaisance sur l’objet d’étude. Pour analyser les trajectoires et les logiques de circulation à l’échelle internationale et suisse de cette main-d’oeuvre particulière, nous avons mis en oeuvre des méthodes mixtes : analyse de données statistiques, entretiens, analyse de documents et observations. De manière générale, l’image qui ressort de l’examen des trajectoires de circulation des danseuses est celle d’une catégorie de migrantes dont la marge de manoeuvre sur sa propre mobilité est fortement réduite. Du fait de leur statut précaire déterminé par le permis de séjour dont elles bénéficient et du mode de fonctionnement du réseau de circulation au sein duquel elles sont insérées, les danseuses de cabaret se trouvent fréquemment dans une situation de dépendance envers les patrons de cabaret et les recruteurs et disposent d’une force de négociation fortement limitée. En plus de relations sociales de circulation qui leur sont nettement défavorables, leur marge de manoeuvre se trouve encore restreinte par différents facteurs étroitement liés aux caractéristiques du secteur au sein duquel elles évoluent, ainsi que par la nécessité de coordonner et de concilier leur activité dans les cabarets avec une vie familiale, affective, professionnelle ou académique dans le pays d’origine. Malgré ce degré élevé de contrainte, certaines femmes réussissent néanmoins à s’aménager des espaces de contrôle et d’influence leur permettant d’acquérir du pouvoir sur leur circulation. Ce pouvoir dépend étroitement de la possession et de la possibilité de mettre en oeuvre des compétences circulatoires composées de savoir-faire, d’information et de relations. Ces compétences leur permettent d’augmenter leur degré de sécurité d’emploi et leur donnent une prise sur la temporalité de leur circulation, réduisant ainsi l’incertitude qui caractérise cette activité. Les compétences circulatoires fournissent aux danseuses la possibilité d’arbitrer les potentialités qui s’offrent à elles et d’effectuer des choix stratégiques leur permettant de tirer profit de leur circulation. Ces avantages peuvent être de nature économique, sanitaire ou sociale.

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Les lieux de l'interaction: fréquentation du stade et intégration sociale à Neuchâtel

2012, Besson, Roger, Piguet, Etienne, Moine, Alexandre, Bromberger, Christian, Matthey, Laurent, Minca, Claudio

Au cours du mois de février 2007, Neuchâtel célèbre l’inauguration d’un stade de football flambant neuf. Pour le club de Neuchâtel Xamax, qui fait face à des difficultés économiques chroniques, cette infrastructure laisse miroiter un avenir prometteur. On vante alors sans retenue le plus grand confort de la nouvelle enceinte que l’on décrit comme un lieu convivial et propice à la rencontre, sensé attirer un public toujours plus nombreux pour de longs après-midis festifs consacrés au spectacle du football. Analyser l’impact social réel de la modernisation de ce type d’infrastructure s’apparente toutefois à un exercice d’équilibriste. Il implique non seulement une réflexion critique sur des attributs qui peuvent être considérés comme « socialement vertueux » pour la collectivité, mais nécessite également de décrypter le fonctionnement du lieu dans toute sa complexité. Dès lors, cette recherche passe au préalable par la construction d’un outil théorique et méthodologique permettant d’organiser l’étude du « potentiel intégrateur » d’un tel type d’espace. Dans le cadre d’une analyse portant sur le stade de football, l’utilisation de cette grille de lecture nous montre alors que, à Neuchâtel, ce lieu joue un rôle social plutôt important. Fondée sur différentes sources (enquêtes par questionnaire, statistiques relatives aux affluences, analyse des discours sur un forum de discussion en ligne, etc.), la comparaison des situations qui caractérisent l’ancienne et la nouvelle infrastructure conduit néanmoins à tirer un bilan nuancé du processus de modernisation.

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Méthodes statistiques d’analyses longitudinales dans le domaine de l’immigration : application au parcours de vie des étudiants africains en Suisse avec l’utilisation des données administratives

2019, Barry, Mamadou Pathé, Piguet, Etienne

Nombreux sont les étudiants qui décident de quitter leurs pays pour aller se former à l’étranger. Cette mobilité étudiante n’est pas un fait nouveau, c’est un phénomène qui s’inscrit dans une tradition académique aussi ancienne que l’histoire des universités elles-mêmes. Dans cette thèse, nous nous intéressons au parcours de vie des étudiants internationaux de manière générale et particulièrement à celui des étudiants africains qui ont quitté leurs pays d’origine dans le but de poursuivre une formation universitaire en Suisse. L’augmentation très rapide de l’effectif des étudiants internationaux et africains dans le monde et en Suisse nous a poussés à nous intéresser à cette problématique dans une perspective de parcours de vie. Nous commençons ainsi par une introduction à l’analyse des parcours de vie pour ensuite présenter les modèles statistiques les plus couramment utilisés dans ce domaine. Ces modèles se subdivisent en trois groupes : non paramétriques, paramétriques et le modèle semi-paramétrique de Cox. L’objectif principal de la thèse est de transposer ces méthodes statistiques, qui sont très largement utilisées dans d’autres domaines, dans le but d’analyser l’immigration avec des données longitudinales administratives. Les modèles sont présentés avec des exemples d’application. Ces derniers sont comparés entre eux afin de mettre en lumière les avantages et les inconvénients de chaque modèle ainsi que les questions de recherche auxquelles ils permettent de répondre. Nous montrons aussi comment choisir le modèle le plus adapté parmi tous les modèles présentés. Les modèles de régression logistiques à temps discret sont ensuite abordés dans le but de remédier à certaines insuffisances des modèles paramétriques et du modèle de Cox. Nous présentons aussi les différentes sources de données longitudinales pour ensuite introduire les données administratives livrées par l’Office fédéral de la statistique (OFS). Ces données proviennent des bases de données des étrangers (ZAR, ZEMIS) et de la base de données des étudiants (LABB). Ces deux bases de données ont été fusionnées dans le but de mettre en commun les parcours migratoire et académique des étudiants internationaux et des étudiants africains. Nous décrivons ensuite l’évolution de l’effectif des étudiants africains en Suisse durant ces dernières années (pour la période allant de 1997 à 2014), les nationalités les plus représentées, les domaines d’études privilégiés par ces étudiants ainsi que les universités suisses qui accueillent le plus grand nombre d’étudiants africains. Il ressort de nos analyses que l’effectif des étudiants africains en Suisse par nationalité est très inégal ; l’Afrique du Nord à elle seule représente près de la moitié de l’effectif total des étudiants africains en Suisse. En Afrique subsaharienne, le Cameroun est le pays le plus représenté dans les universités suisses suivi par le Sénégal, la Côte d’Ivoire et Madagascar, mais dans des proportions moindres. Les étudiants africains en Suisse s’orientent généralement vers les branches techniques et économiques au niveau du bachelor et sont nombreux à suivre ces formations dans les Hautes Ecoles Spécialisées (HES). Au niveau du master, il ressort que ces étudiants sont nombreux à s’orienter vers les sciences exactes et naturelles, les branches techniques et économiques dans les universités et les écoles polytechniques fédérales. Les universités romandes sont celles qui accueillent le plus d’étudiants africains tandis qu’en Suisse alémanique, c’est l’Université de Bâle. A l’issue de cette analyse, nous nous sommes intéressés aux facteurs explicatifs du fait que les étudiants internationaux et les étudiants africains prolongent le séjour en Suisse après les études. Parmi ces facteurs explicatifs, nous relevons en particuliers des caractéristiques démographiques, migratoires et académiques.

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Migrations et changements climatiques: étude de cas dans les Andes boliviennes

2015, Kaenzig, Raoul, Piguet, Etienne, Rebetez, Martine, Véron, René, Warner, Koko

Cette thèse a pour objectif de questionner, par l’intermédiaire d’une étude de cas dans les Andes boliviennes, le rôle des effets du changement climatique et plus largement des dégradations environnementales sur les migrations de populations. L’étude est articulée autour de quatre articles scientifiques et du texte cadre qui explicite l’ensemble du projet de recherche. Mon analyse exhaustive des études empiriques portant sur les conséquences migratoires du changement climatique ou des catastrophes environnementales en Amérique du Sud permet de relever le nombre encore modeste de ces études et leur répartition très inégale. On trouve en effet beaucoup plus d’enquêtes sur l’Amérique centrale et en particulier sur le Mexique. En revanche, les pays andins restent peu explorés malgré leur forte vulnérabilité environnementale. Une des conclusions centrales du travail est que la relation entre les changements environnementaux et les migrations observée en Amérique latine confirme les principales tendances soulignées dans d’autres régions du monde : les déplacements se font le plus souvent sur de courtes distances avec une forte attraction des centres urbains. Dans le cas de catastrophes soudaines, les déplacements sont souvent de courtes durées. Il ressort également de l’étude que certains effets du changement climatique sur les migrations concernent tout particulièrement l’Amérique latine. C’est le cas de la fonte des glaciers tropicaux, dont les conséquences sur les sociétés sont encore peu étudiées. Le retrait glaciaire fait justement l’objet d’analyses approfondies dans cette étude. Ma recherche identifie les principaux facteurs migratoires ainsi que les dynamiques migratoires à travers une étude de cas dans les régions montagneuses proches de La Paz en Bolivie. Des événements climatiques extrêmes, comme la grêle, le gel ou la forte variabilité de la disponibilité en eau pour l’irrigation, sont les principaux motifs environnementaux invoqués par les migrants. Ma recherche confirme donc le caractère multi-causal des migrations, où les facteurs environnementaux se combinent à d’autres facteurs migratoires comme l’accès aux terrains cultivables, à des emplois rémunérés ou à une formation supérieure. Les migrations observées sont régionales et se manifestent dans un contexte de relations migratoires préexistantes entre régions rurales et urbaines (La Paz et de El Alto), où l’on observe des mouvements d’allers-retours, de séjours temporaires ou encore de multi-résidences. L’analyse approfondit également le rôle spécifique du retrait glaciaire au sein de ces dynamiques migratoires andines. Le retrait glaciaire est sûrement l’impact le plus tangible du changement climatique dans les Andes et plusieurs articles parus dans certains médias, rapports gouvernementaux ou d’ONG font état de potentielles conséquences migratoires. Cependant, mes résultats montrent qu’actuellement en Bolivie, le retrait des glaciers ne contribue pas à générer de nouveaux flux migratoires. En revanche, la fonte des glaces reste un phénomène préoccupant, car si elle ne pousse pas directement les gens à partir, la saisonnalité de la disponibilité en eau ou encore la dimension symbolique de la disparition de glaciers interfère néanmoins avec certains choix migratoires. Il génère par exemple, des craintes auprès des agriculteurs de montagnes quant aux possibilités futures de cultiver les terres dans des régions fortement dépendantes de l’eau des glaciers. Mon étude se termine en questionnant les mécanismes qui ont fait de Khapi, l’un des quatre villages étudiés, le village le plus médiatisé de Bolivie lorsque sont évoquées les thématiques du retrait glaciaire et des « migrants climatiques ». Cette analyse permet de mettre en évidence le rôle et les agendas d’acteurs impliqués dans ce processus de médiatisation (journalistes, membres d’ONG, experts et habitants de la région). En donnant la parole aux habitants qui s’approprient, transforment ou rejettent les discours les concernant, mon étude permet d’aller au-delà de l’image simplificatrice et misérabiliste que l’on affecte souvent à ces « victimes-témoins ». Cette discussion contribue ainsi aux réflexions critiques sur la manière dont certaines régions du monde deviennent des études de cas emblématiques. Finalement, mon étude apporte de nouveaux éléments de compréhension qui permettent de discuter de manière nuancée des impacts migratoires, des changements environnementaux et des enjeux de cette relation dans la région encore peu étudiée des Andes boliviennes. Sur la base de mon analyse, je propose, dans le chapitre conclusif, plusieurs pistes de recherches pour approfondir cette thématique ainsi qu’une réflexion sur les implications de cette recherche en termes de recommandations politiques.

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Production de footballeurs, réseaux marchands et mobilités professionnelles dans l'économie globale: le cas des joueurs africains en Europe

2008, Poli, Raffaele, Piguet, Etienne, Praichaux, Jean

Cette thèse de doctorat en géographie humaine étudie le commerce et les migrations internationales des footballeurs africains vers et à l‘intérieur de l’Europe à travers un cadre théorique relationnel. L’objectif est de mieux comprendre à travers l’étude de cas des joueurs africains différents mécanismes ayant plus largement cours dans le contexte de l’économie globale, tels que la nouvelle division internationale de travail, la mise en place de réseaux de production globaux et la segmentation des marchés du travail. La thèse plaide pour la prise en compte de l’enracinement social de l’action économique et des réseaux comme unité analytique fondamentale pour comprendre le processus de globalisation.

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International students in Switzerland:: trajectories, stay rates, and intentions for post-graduate mobility

2019, Lombard, Annique, Piguet, Etienne, Riaño, Yvonne, van Mol, Christof, Wiers-Jenssen, Jannecke

L'augmentation de la mobilité internationale des étudiants (MIE) est devenue l'une des principales caractéristiques de la migration contemporaine. Dans un contexte de mobilité mondiale croissante et de mondialisation de l'enseignement supérieur, la migration internationale des étudiants vers la Suisse est en train de changer de manière significative, tant de par son ampleur que dans sa spécificité. La mobilité des étudiants étrangers, en raison de leur importance dans les flux migratoires actuels, fait l'objet d'une attention accrue dans les études sur les migrations et les débats politiques. Cette thèse donne un éclairage sur le caractère et la dynamique de la MIE en analysant les trajectoires migratoires des étudiants étrangers en Suisse. L'étude vise à découvrir des schémas et à identifier les facteurs qui ont une incidence positive ou négative sur les taux de séjour des étudiants étrangers et leur intégration subséquente dans le marché de l'emploi suisse, propose un cadre pour la mobilité des étudiants et, enfin, en discute les résultats dans le contexte actuel des changements en matière de politiques et débats migratoires, en incluant un regard sur les politiques migratoires en dehors de Suisse. Cette thèse est composée de quatre sections qui attirent l'attention sur a) les taux de séjour des étudiants étrangers, b) l'intention de rester en Suisse en tenant compte du statut de partenaire, c) l'intégration sur le marché suisse du travail et d) l'évolution des politiques en la matière. Les données statistiques proviennent d'un ensemble de données fusionnées du Système d'Information Universitaire Suisse (SIUS) et du Système d'Information Central sur la Migration (SYMIC), d'une série d'enquêtes sur les diplômés en Suisses et du NCCR Mobility-Migration Survey. Les méthodes statistiques sont utilisées pour tester une série de facteurs statiques et dynamiques, tels que les caractéristiques sociales et démographiques (nationalité, sexe, âge, état civil), ainsi que les caractéristiques éducatives (domaine d'étude, résultats des études, établissement d'enseignement supérieur). En outre, les procès-verbaux du discours politique de l'initiative parlementaire qui a conduit à des amendements de loi sont examinés. Enfin, les résultats sur les trajectoires éducatives des étudiants internationaux sont discutés dans le contexte des changements dans les politiques migratoires suisses., Increased international student mobility (ISM) has become one of the salient features of contemporary global migration. In the context of growing global mobility and the globalization of higher education, international student migration to Switzerland is changing significantly in both extent and character. Due to the importance of international students in current migration flows, their mobility is receiving increased attention in migration studies and policy debates. This dissertation sheds light on the character and dynamics of ISM by analyzing the migration trajectories of international students in Switzerland. The study aims to discover patterns and identify factors which have a positive or negative impact on the stay rates of international students and their subsequent integration into the Swiss labour market, proposes a framework for student mobility, and finally discusses the results in a context of current changes in migration policies and debates including a glance at migration policies outside Switzerland. The thesis is composed of four sections which draw attention to a) stay rates of international students, b) intentions to stay in Switzerland, taking partnership status into account, c) integration into the Swiss labour market, and d) changes in relevant policies. The statistical data originates from various datasets on international students, from a merged dataset of the Swiss Higher Education Information System (SHIS) and the Central Migration Information System (ZEMIS)1, a series of the Swiss Graduate Surveys, and the NCCR Mobility and Migration Survey. Statistical methods are used to test a series of static and dynamic factors, such as social and demographic characteristics (nationality, gender, age, civil status), as well as educational characteristics (study field, study performance, the higher education institution). Furthermore, the minutes of the discourse of the parliamentary initiative that led to law amendments are examined. Finally, the results on the educational trajectories of international students are discussed in the context of recent changes in Swiss migration policies.

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Migrations internationales des personnels de santé: le code de pratique de l'OMS comme vecteur de cosmopolitisation politique

2014, Merçay, Clémence, Piguet, Etienne, Korf, Benedikt, Merrien, François-Xavier, Pécoud, Antoine

Cette recherche de thèse réalisée en géographie humaine s’inscrit dans le champ d’étude cherchant à comprendre l’émergence de normes politiques universelles dans un contexte de globalisation et de migrations. Elle s’intéresse spécifiquement au Code de pratique de l’Organisation mondiale de la Santé pour le recrutement international des personnels de santé adopté par l’ensemble des États membres en 2010. Cette adoption unanime a été présentée comme un accomplissement remarquable, témoignant d’une moralisation de la société internationale. En raison de sa forme institutionnelle (il est de portée mondiale) ainsi que de ses engagements éthiques (il appelle les pays de destination à prendre en compte les intérêts des pays d’origine des personnels de santé migrants), ce Code de pratique est envisagé comme incarnant une contrainte libérale dont il s’agit alors de saisir les mécanismes d’émergence. Sur la base d’une approche compréhensive articulée autour du concept de discours, trois principaux résultats sont avancés. Premièrement, le concept de communauté épistémique permet de qualifier le groupe d’acteurs s’étant engagés sur la scène internationale afin de promouvoir le principe d’un Code de pratique mondial, et que celui-ci soit particulièrement favorable aux intérêts des pays d’origine. Ensuite, le passage en revue des connaissances servant de fondement à l’élaboration des principes du Code permet de voir le modèle dit « de l’effet domino » faire suite et s’imposer face aux modèles explicatifs de type « push-pull ». Abordé comme un récit politique, le modèle de l’effet domino suggère alors que les recommandations du Code s’orientent vers une meilleure autosuffisance en personnels de santé dans les pays de destination alors que le modèle push-pull était de nature à suggérer que ceux-ci reversent des compensations aux pays d’origine. Finalement, l’analyse portant sur les rationalités politiques des différents principes du Code permet de révéler des prédispositions idéelles structurant le discours. Contrairement au principe de compensation, ceux d’autosuffisance et de limitation du recrutement actif ont pu être formulés en adéquation avec les préceptes du libéralisme économique et politique. Cette concordance apparaît comme un facteur explicatif essentiel pour comprendre l’inclusion de ces deux dernières recommandations dans le Code au détriment de la première. En conclusion, le Code de pratique de l’OMS pour le recrutement international des personnels de santé apparait comme emblématique de la manière dont la mise en évidence de relations d’interdépendance découlant de flux migratoires s’accompagne de demandes de responsabilisation à l’intention des États, mais aussi d’une plus vaste gamme d’acteurs. À mesure que se développent des flux mondialisés, qu’il s’agisse de personnes, de bien matériels ou de flux financiers, il est à prévoir que de nouvelles demandes de responsabilisation émergent, appelant à de nouveaux arbitrages entre principes éthiques concurrents.