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    De l’«impensé colonial» dans le discours politique français: L’analyse de discours de Bernard Cazeneuve à la lumière du concept de «race»/
    (2019)
    Palomo, Mathieu,
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    Résumé fourni par l'auteur: Le concept moderne de race « biologique » traverse l’histoire nationale française. Outil du pouvoir colonial et métropolitain, celui‐ci s’est développé notamment entre les mains de naturalistes, médecins ou hygiénistes soucieux d’inscrire les inégalités socio‐politiques à même le corps des populations colonisées ou des immigré.e.s coloniaux résidant en métropole. Dès le XIXème siècle, l’invention « scientifique » des « races » en France et dans les territoires colonisés participe de la fabrication de l’identité républicaine, de la citoyenneté française et de la construction de valeurs universalistes reposant pourtant sur une norme masculine blanche. A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, face à l’horreur des camps d’extermination, la notion de « race » biologique disparaît progressivement des textes de lois et des théories scientifiques, discréditée par les cercles scientifiques et les sphères politiques. Mais depuis une vingtaine d’années, face à la nécessité d’interroger les inégalités sociales qui traversent la société française, de nombreux et nombreuses auteur.e.s problématisent cette disparition : la « race » a‐t‐elle vraiment disparue ou porte‐t‐elle un autre visage ? Les discours politiques français sur la laïcité, le communautarisme, les quartiers populaires ou encore l’immigration font émerger la question de l’héritage colonial de la France. J’interroge dans ce travail de mémoire la pertinence de penser le discours politique français sur l’immigration à l’aune de la notion de « race » afin de révéler un « impensé colonial » subsumant les communications politiques de Bernard Cazeneuve, alors en charge en 2016 de l’évacuation de la « Jungle de Calais ».
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    La dynamique des anthroponymes chez les Ding de la République démocratique du Congo (1885-1960)
    (2011)
    Tshiala, Lay
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    Monnier, Laurent
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    Ndaywel è Nziem, Isidore
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    Les Ding du Sud-ouest de la République démocratique du Congo ont subi la colonisation belge entre 1885 et 1960. Auparavant, leur anthroponymie était fondée sur un système de nom unique, oral, individuel, en langue kiding, non transmissible stricto sensu et acquérant un élément supplémentaire à chaque modification de la personnalité. Pratiqué aussi par d’autres ethnies, ce système contrastait avec les normes modernes de gestion introduites par le colonisateur. Pour l’accommoder à ces dernières, l’Etat colonial a institué un processus d’acculturation organisée et forcée, destiné à rendre le nom personnel des indigènes fixe et invariable. Il a classé ceux-ci dans deux catégories distinctes : les immatriculés (assimilés d’office ou sur demande aux Européens) et les indigènes ordinaires (attachés à leurs coutumes séculaires). Les premiers devaient se nommer à l’européenne ; les indigènes ordinaires devaient, par contre, garder leurs pratiques dénominatives précoloniales, mais avec un polissage substantiel : un nom désormais fixe et écrit, une structure à plusieurs éléments (nom, prénoms, surnom) et un schéma invariable. Pour obtenir ces changements, l’Etat leur a imposé un système d’inscription auprès de l’autorité européenne (1910), un « état civil au rabais » (déclaration obligatoire des naissances et décès, dès 1938) et un état civil normal (1958). Mais cette modeste politique n’a pas directement affecté les pratiques dénominatives des Ding. Car aucun Ding n’a obtenu le statut d’immatriculé, alors que l’inscription et les deux types d’état civil ont été contrecarrés par le manque de structures administratives adéquates et par l’absence de collaboration réelle des Ding. Pourtant, au sortir de la colonisation, l’anthroponymie ding présentait un nombre considérable de traits « exotiques » et européens en particulier. Les analyses et interprétations effectuées, grâce aux sources orales et écrites disponibles, révèlent que ces modifications relèvent surtout d’un processus d’acculturation spontanée : elles se sont opérées surtout par des biais officieux, informels et moins imposés ; grâce à des pratiques moins visibles et soutenues par certains Ding «européanisés» (lettrés, christianisés, catéchistes, instituteurs, notables fonctionnarisés…). Mettant à profit ses rapports informels et continus avec les forces dominantes, surtout économiques et religieuses, cette élite a élaboré diverses stratégies de résistance, de rejet, de créativité, d’emprunts sélectifs, d’imitation, d’appropriation, d’intégration, de réinterprétation, de diffusion et de reculturation de multiples traits dénominatifs étrangers ; ce qui a permis le maintien du système de dénomination précolonial, mais dans une forme actualisée et encore chargée d’une certaine flexibilité. Ces modifications se sont réalisées de façon disparate, non consensuelle, souvent par à-coups et par vagues successives ; toutefois, elles n’auraient pas été possibles sans un cadre structurel procuré par de nombreux acteurs politiques, économiques et religieux européens (administrateurs, investisseurs, missionnaires scheutistes, jésuites et oblats). Les premiers et principaux foyers d’acquisition de nouveautés ont été : les chantiers, les stations de l’Ẻtat, les centres commerciaux, les centres de mission chrétiens, les places de marché, les « routes des caravanes » et les abords des cours d’eau navigables. Puis, l’école (au sens large) a pris le relais à partir des années 1930, aux côtés de l’acquisition directe par contact avec les étrangers, de celle passant par l’usage des langues allogènes véhiculaires et de celle par héritage dès le bas âge.
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    Global warming issues are here: Ethnography of a Motionless Relocation in Kivalina, Alaska
    (2011)
    Durrer, Patrick
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    Plattet, Patrick
    Kivalina est un ancien camp saisonnier Iñupiaq situé sur la côte nord ouest de l’Alaska. Il fut transformé en un village colonial au début du 20ème siècle. Le nombre d’habitants et la taille du village n’ont cessé de grandir depuis. Durant les 20 dernières années, les habitants de Kivalina ont vu leur île s’éroder rapidement. La situation a généré un processus administratif, politique et d’ingénierie afin de déplacer le village ou une partie de ce dernier vers un lieu à l’abri des risques naturels. Plus qu’un épisode isolé dans l’histoire du village, la relocalisation de Kivalina constitue une chaîne d’événements qui s’étend sur plusieurs générations, marqué par des blocages et des avancements du processus. Du point de vue des discours, notamment médiatiques, le village est en voie d’être déplacé. Par contre, du point de vue de l’analyse des pratiques, la relocalisation du village semble bloquée pour une période indéterminée. En d’autres termes, un projet visant à améliorer la qualité de vie des habitants locaux a généré des effets inattendus, tel que le blocage du processus, la frustration des habitants, ou le manque de volonté de s’investir dans le projet. Cette situation paradoxale peut être décrite grâce à la notion de « motionless relocation » ou relocalisation immobile. Les causes de ce blocage sont à chercher dans la relation entre le personnel des administrations impliqué dans le projet et les activistes de la relocalisation, un groupe composé d’habitants et de dirigeant locaux de Kivalina. Ce travail montre que le changement climatique, souvent pensé comme une cause direct de la relocalisation, vient en fait s’ajouter à des dynamiques locales préexistant le projet actuel de relocalisation. Au final, les habitants de Kivalina sont présentés comme des agents actifs du changement social, plutôt que des individus écrasés par le poids des structures institutionnels., Kivalina is an old Iñupiaq summer camp located on the southern end of a barrier reef island in Northwest Alaska. The location was transformed into a colonial settlement during the early 1900s. The population and the size of the village have been growing ever since then. For the last two decades, Kivalina residents have been experiencing significant local environmental changes and hazards such as severe erosion of the island. The situation has led to administrative, political, and engineering procedures which aim to relocate the village, or part of it, to a safer place. This process, more than an isolated event in the history of the village, can be seen as a long term chain of events that stretches over the second half of the 20th century. This process has been marked by periods of advances and other ones of blockages. Each generation of relocation activists for the last fifty years had to deal with relocation. On the level of discourses, the relocation is underway, while practices’ analysis shows that the village will remain on its actual location for an unknown period of time. In other words, the planning and the realization of a relocation project designed to improve living standards of Kivalina inhabitants has generated side effects. This paradox can be described as a situation of blockage, which crystalizes various representations of how the relocation should be undertaken. The current situation of the process can be described as a motionless relocation. I argue that the causes of the blockage are to be found in the individual and institutional relationships between the relocation activists composed of Kivalina leaders and residents, and the regional, state, and federal personnel involved in the relocation process. Furthermore, this work shows how climate change often thought to be the direct cause of relocation is in fact adding to existing local realities. At the end, Kivalina residents are not passive recipients of government interventions. They are rather participant actors of change.