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    Métadonnées seulement
    «Le plurilinguisme en action»
    (Tübingen: Francke, 2003)
    Mondada, Lorenza
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    Mondada, Lorenza
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    Le rôle de l'interaction dans l'approche du plurilinguisme peut être conçu de différentes manières: on peut considérer que l'interaction est un contexte parmi d'autres dans lequel le plurilinguisme est vécu par les acteurs sociaux et est rendu observable pour les chercheurs; on peut aussi considérer que l'interaction est le lieu social par excellence où le plurilinguisme est non seulement exprimé mais aussi élaboré dans ses formes spécifiques et dans ses valeurs, fonctionnalités, finalités particulières. Alors que la première conception se limite à constater la possibilité de travailler sur des données interactionnelles, la seconde considère plus radicalement que non seulement celles-ci sont indispensables pour l'élaboration de modèles du plurilinguisme, mais encore que l'interaction joue un rôle constitutif dans son identification même, dans sa définition, sa caractérisation et son intelligibilité pour les acteurs avant même que pour les chercheurs. Cette seconde perspective sur le plurilinguisme permet d'envisager des approches spécifiques autant des « formes » plurilingues que de leur traitement situé par les membres, autant des contextes que ces formes permettent de caractériser que des compétences qu'elles exhibent. Nous allons donc ici développer quelques-unes des conséquences théoriques et méthodologiques d'une vision émique, interactionniste, située de l'exploitation - voire de l'émergence - des ressources plurilingues. Nous le ferons en nous penchant de manière empirique sur les traitements interactifs des choix de langues et leurs effets situés dans différents lieux de communication exolingue-bilingue: interactions en classe de langue, situations professionnelles et conversations spontanées. Ce faisant, nous toucherons trois thèmes généraux: les finalités communicatives des choix de langue et leur interprétation locale, les enjeux acquisitionnels qui peuvent y être attachés et la catégorisation des locuteurs, voire de leurs expertises langagières. Notre objectif est de démontrer que, à travers tous ces contextes et enjeux, le traitement interactif des langues mobilisées constitue un lieu où se configure, de façon locale et progressive, la définition du choix de langue pertinent et de son rôle, la définition des compétences reconnues comme valables, la distinction entre ce qui est une ressource ou une erreur, ou encore entre un locuteur traité comme compétent ou non.