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De l’«impensé colonial» dans le discours politique français: L’analyse de discours de Bernard Cazeneuve à la lumière du concept de «race»/

2019, Palomo, Mathieu,, Achermann, Christin, Fresia, Marion

Résumé fourni par l'auteur: Le concept moderne de race « biologique » traverse l’histoire nationale française. Outil du pouvoir colonial et métropolitain, celui‐ci s’est développé notamment entre les mains de naturalistes, médecins ou hygiénistes soucieux d’inscrire les inégalités socio‐politiques à même le corps des populations colonisées ou des immigré.e.s coloniaux résidant en métropole. Dès le XIXème siècle, l’invention « scientifique » des « races » en France et dans les territoires colonisés participe de la fabrication de l’identité républicaine, de la citoyenneté française et de la construction de valeurs universalistes reposant pourtant sur une norme masculine blanche. A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, face à l’horreur des camps d’extermination, la notion de « race » biologique disparaît progressivement des textes de lois et des théories scientifiques, discréditée par les cercles scientifiques et les sphères politiques. Mais depuis une vingtaine d’années, face à la nécessité d’interroger les inégalités sociales qui traversent la société française, de nombreux et nombreuses auteur.e.s problématisent cette disparition : la « race » a‐t‐elle vraiment disparue ou porte‐t‐elle un autre visage ? Les discours politiques français sur la laïcité, le communautarisme, les quartiers populaires ou encore l’immigration font émerger la question de l’héritage colonial de la France. J’interroge dans ce travail de mémoire la pertinence de penser le discours politique français sur l’immigration à l’aune de la notion de « race » afin de révéler un « impensé colonial » subsumant les communications politiques de Bernard Cazeneuve, alors en charge en 2016 de l’évacuation de la « Jungle de Calais ».

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Asylum seekers in narrative action: an exploration into the process of narration within the framework of asylum from the perspective of the claimants

2016, Marie-Florence Burki, Achermann, Christin

Comment une personne raconte-t-elle son histoire en tant que requérante d’asile ? Pour un requérant d’asile, le récit de vie a deux raisons d’être. Il sert à créer une unité des expériences disparates de la vie, particulièrement nécessaire lorsqu’une personne a vécu un changement radical. Selon le concept de l’identité narrative, le récit sert donc à créer un sens du soi cohérent et à représenter son individualité. Mais le récit de vie d’un requérant est aussi la base sur laquelle une décision d’asile est rendue. Toutefois, cette deuxième finalité du récit s’inscrit dans une procédure légale qui cadre la façon dont il est raconté et interprété. Partant de ces deux observations, cette recherche explore comment être requérant d’asile peut cadrer le sens de soi. Cette problématique est examinée au travers du concept de l’identité narrative selon lequel l’individualité est engendrée dans le récit de vie. Ce concept a également guidé l’approche méthodologique. Une analyse narrative des récits de vie de cinq requérants a été conduite. Afin de mieux comprendre le lien entre la narration et le cadre de l’asile, des entretiens ont été menés avec des mandataires. La recherche a permis une identification de trois problématiques. Premièrement, une représentation de l’expérience des réfugiés comme traumatique peut mener à une auto-victimisation des requérants voire à une perte de raison d’être. Deuxièmement, la connaissance des requérants de la procédure et leur compétence narrative peut avoir une incidence importante sur leur perception de l’issue de leur demande. Une grande incertitude quant à la décision d’asile empêche une projection dans le futur. Or cette projection est nécessaire pour que le récit prenne entièrement forme. Troisièmement, une tendance à concevoir le récit comme une source d’information factuelle mène à la supposition qu’une réalité objective est accessible. Cette conception peut engendrer des décisions perçues par requérants d’asiles comme arbitraires., How do individuals engage in the process of narrating their life as asylum seekers? Two observations led to this initial question. On the one hand their narrative serves to provide meaning to their experiences thereby contributing to the construction of a sense of self. On the other hand they are required to tell their story in the context of the asylum application in order to demonstrate their worthiness of the refugee status. Departing from these observations this research sets out to explore whether and how being an asylum seeker may frame an individuals’ sense of self. This central interrogation is tackled using the theoretical concept of narrative identity. It provides an ontological conception of individuals’ selfhood as emerging from the narrative. Moreover the concept also guides the methodological approach. In-depth narrative analysis of the asylum seekers’ life stories are conducted in light of their representation of asylum. In order to better understand the link between narration and the asylum framework the perspective of legal caseworkers is also included. The research led to the identification of three sets of issues. First, the representation of the refugee experience as traumatic can lead to a self-victimization of the asylum seekers impeding on a dignified sense of self as capable agents. Second, the role of knowledge of the procedure and narrative competence has an important incidence on the asylum seekers’ perception of the outcome of their case. A strong uncertainty with regards to the decision can generate a lack of future projection necessary for a narrative to take complete shape. Third, legal practitioners have noted a tendency to conceive of the story as providing a source for factual information thereby presuming the capacity to access an objective reality. This can lead to decisions that appear as arbitrary to the asylum seekers.