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    The epistemic pragmatics of presupposition effects
    Cette thèse est consacrée au traitement et à l'accommodation de présuppositions, à la lumière de la pragmatique cognitive. Je souligne d'emblée que les présuppositions ont été laissées de côté très tôt par la théorie de la Pertinence et qu'elles doivent être réintégrées au sein de la théorie, à la lumière des contributions récentes, souvent majeures, de cette tradition. La première partie présente les différentes catégories de présuppositions considérées, allant des présuppositions sémantiques aux présuppositions discursives. Concernant les présuppositions sémantiques, je présente les principales approches et débats à leur sujet, soulignant le problème de l'hétérogénéité de cette catégorie. Concernant les présuppositions discursives, je fournis des critères d'identification spécifiques pour cette catégorie pragmatique et j'identifie trois niveaux de présuppositions discursives : les présuppositions de premier ordre sont des inférences d'arrière-plan en l'absence de connaissances encyclopédiques sur les concepts, les présuppositions de deuxième ordre sont des inférences d'arrière-plan basées sur des connaissances encyclopédiques sur les concepts, et les présuppositions de troisième ordre sont des inférences d'arrière-plan basées sur des hypothèses concernant les hiérarchies sociales permettant l'accomplissement d'actes de langage spécifiques. La deuxième partie de cette thèse soutient que les présuppositions sémantiques et discursives peuvent être considérées comme une catégorie homogène, dès lors qu’on les aborde du point de vue de leurs effets pragmatiques. D’abord, je soutiens que les présuppositions sémantiques et pragmatiques sont déclenchées par la présomption de pertinence que chaque énoncé communique. Dans le processus d'attribution de contenus d’avant-plan, le destinataire enrichit l’information communiquée en faisant des hypothèses sur les raisons qui justifient l'énoncé. En outre, je souligne que les effets présuppositionnels sont relativement moins ostensifs que les contenus faisant partie du vouloir-dire du locuteur. Cela m'amène à discuter la manière dont le continuum de significations plus ou moins ostensives de Sperber et Wilson (2015) pourrait être utilisé pour rendre compte des effets présuppositionnels. Suite à cela, je présente l'hypothèse de la Vigilance Epistémique de Sperber et al. (2010), mettant l’emphase sur la distinction entre la compréhension et l’acceptation d’un énoncé. Dans ce cadre, je présente une hypothèse relative à l’acquisition des présuppositions, dans laquelle je soutiens que les présuppositions sont des contenus de premier plan, pertinents pour la l'acceptation d’un énoncé comme objet digne d’être interprété. Je qualifie donc les présuppositions d'"inférences primaires", soulignant que ces contenus sont fondamentaux dans l'acceptation d'un contenu, mais que leur caractère « élémentaire » les expose à progressivement être relayés à l'arrière-plan conversationnel. Revenant aux présuppositions au sein d’une population adulte, je soutiens que les présuppositions contribuent davantage à l'acceptation d'un énoncé qu'à sa compréhension, soulignant les nombreux cas où le destinataire ne présente aucune difficulté d'interprétation lorsque la présupposition s'avère être dépourvue d’un référent ou lorsqu’elle est simplement fausse. Cependant, je souligne la tension qu'une telle approche soulève dès lors que l’on prête attention aux erreurs épistémiques commises dans les illusions cognitives telles que l'Illusion de Moïse. En effet, de nombreuses expériences en psychologie ont montré que le destinataire accepte des énoncés comme pertinents tout en omettant une erreur évidente. La troisième partie aborde le problème de l’accommodation de présuppositions manifestement fausses. Je présente différentes approches qui ont attribué aux présuppositions un pouvoir de persuasion ou de manipulation, soit parce qu'elles permettraient une rétractation plausible, soit parce qu'elles forceraient l'incorporation de nouvelles croyances de manière subliminale. Je souligne les limites de ces approches, présentant des contre-exemples ainsi que des données expérimentales qui nuancent l’idée selon laquelle l’accommodation est fondamentalement manipulatrice. Enfin, je distingue trois types d'accommodation, à savoir a) les accommodations conscientes de présuppositions, b) les accommodations inconscientes avec effets épistémiques et c) les accommodations inconscientes sans effets épistémiques. En conclusion de ce chapitre, je résous le paradoxe que pose l’accommodation de présuppositions manifestement fausses pour la vigilance épistémique du destinataire de la manière suivante : premièrement, à partir des distinctions faites entre les différents types d'accommodation, je souligne que seul un sous-ensemble d'entre elles pose un problème pour la vigilance épistémique du destinataire, à savoir « l'accommodation inconsciente avec effets épistémiques ». Deuxièmement, je souligne la nature optimale – et donc imparfaite – des processus dédiés à la vérification de l'information. Cela permet de réconcilier l'idée que les humains accommodent des présuppositions fausses malgré leur vigilance épistémique.