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    La tâche de sélection de Wason comme outil de formation des enseignants à la recherche
    La tâche de sélection de Wason (1966) est réputée pour avoir fait naître des théories cognitives innovantes. L’auteur l’a dès le départ inscrite dans une tentative d’illustrer la pertinence du concept popperien de « réfutabilité ». Elle est souvent utilisée pour montrer les limites individuelles du raisonnement déductif mais certains auteurs rappellent la multiplicité de perspectives épistémologiques envisageables (Wagner-Egger, 2005). Ainsi, elle est moins connue comme moyen de formation : dans une approche prospective, il reste beaucoup à faire pour comprendre comment un individu apprend à raisonner déductivement (Leighton, 2006 ; Boissonnade, Tartas & Guidetti, 2014). Le but de l’étude est de présenter un dispositif de formation à la recherche en éducation d’enseignants du secondaire, et d’en analyser les conséquences pour ces étudiants HEP. Nous décrivons d’abord le déroulement d’une séance introductive. Les étudiants doivent résoudre la tâche de sélection et justifier leurs raisonnements. La suite du cours démontre de manière ludique qu’une solution évidente est en fait peu rationnelle d’après la logique standard (biais de confirmation), changeante en fonction des symboles manipulés (contexte de raisonnement) et divergente entre étudiants (sujette à interprétation). Des entretiens permettent de revenir avec les participants sur les acquis de cette séance. L’analyse des réponses des étudiants indique différentes interprétations de la tâche et donc la distinction entre tâche donnée (sélectionner logiquement) et le problème élaboré (la tâche interprétée en situation en fonction des connaissances du sujet). Les analyses indiquent par ailleurs que la reprise collective de la tâche dans la séance d’enseignement peut faire émerger divers apprentissages: illustrer la possibilité d’une recherche scientifique en sciences humaines, déstabiliser l’apprenant vis-à-vis de ses certitudes en matière de raisonnement, donner du sens à une formation à la méthodologie, redéfinir des conduites épistémiques pour prouver une connaissance, etc… L’élaboration d’une solution logique dans l’interaction entre étudiants et formateur ouvre l’espace à une redéfinition du problème, à la fois sur le plan rationnel et sur le plan professionnel. Ainsi, la tâche de sélection, habituellement objet du raisonnement, devient objet de médiation, c’est-à-dire un moyen de prise de conscience sur le statut de la vérité scientifique et de réflexion méthodologique critique. Enfin, l’étude décrit une diversité de façons d’employer la tâche de sélection dans un objectif de réflexion et de formation.