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    Une production céréalière sans produits phytosanitaires : quels freins et quels moteurs ? Le cas d’IP-Suisse.
    (2024-02)
    Jeanneret, Nastasia
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    Les produits phytosanitaires (PPS) ont fait l’objet d’un intérêt grandissant ces dernières années. Leurs impacts néfastes sur les sols, l’eau, la biodiversité, la santé humaine et les émissions de gaz à effet de serre étant désormais attestés, leur limitation est considérée comme importante dans le cadre d’une transition durable du système agricole. Fondée dans les années 90, IP-Suisse est une association de producteurs et un label de qualité, dont les céréales sont cultivées sans insecticides, ni fongicides, ni régulateurs de croissance. Récemment, le label a lancé un programme de production de céréales sans herbicides, soit entièrement exemptes de PPS. Ce travail mobilise le cadre analytique du multi-level perspective (MLP) développé par la recherche des transitions durables afin d’analyser les freins et les moteurs entourant cet arrêt des PPS par des producteurs IP-Suisse. Le concept de régime est utilisé pour étudier les freins d’arrêt des PPS expérimentés par des agriculteurs et le concept de niche pour analyser les apports du label IP-Suisse, afin de surmonter ces blocages. L’étude se base sur des entretiens réseaux, menés durant l’été 2023 avec cinq producteurs de céréales IP-Suisse et un représentant du label. Les résultats montrent que l’arrêt des PPS se frottent à des enjeux sociaux, idéologiques et de productivité. Ainsi, il est conclu que seule une réduction sociale, productive et pragmatique des PPS est acceptable pour les agriculteurs rencontrés. L’analyse montre également que le label IP-Suisse dépasse certains blocages à l’arrêt des PPS, notamment en faisant évoluer les règles formelles et normatives, tout en surmontant les conditions de productivité et de pragmatisme posées par les agriculteurs. Par ailleurs, ce travail confirme la pertinence des adaptations du MLP, suggérant de dépasser l’idée d’une niche technologie héroïne et celle d’un renversement révolutionnaire du régime. Enfin, cette recherche invite à inclure systématique dans la définition de la durabilité les dimensions sociales et économiques, qui ne sont rien d’autre que les conditions de mise en oeuvre de la transition écologique par les agriculteurs.