Voici les éléments 1 - 1 sur 1
Pas de vignette d'image disponible
Publication
Accès libre

Social strategies and tool use in wild corvids

2014, Di Lascio, Felice Elias, Bshary, Redouan

Les corvidés ont suscité un intérêt croissant ces dernières années à cause des capacités cognitives très développées que ces oiseaux semblent posséder. Ceci leur a valu le surnom de « singes à plumes ». En effet, les travaux de recherches menés ces deux dernières décennies ont montré que les corvidés possèdent des capacités cognitives qui pourraient rivaliser avec celles de certains singes. Les oiseaux au sein de cette famille ont tendance à former des couples monogames sur le long terme. Dans ces relations les partenaires se soutiennent mutuellement lors de conflits avec d’autres individus, collaborent pour élever leurs descendants, en bref, coopèrent dans une variété de contextes. La forte interdépendance entre partenaires de reproduction ainsi que la nature hautement qualitative de ces relations ont été proposées comme étant la base ayant servi à l’évolution de l’intelligence supérieure de ces oiseaux, car dans une telle relation, les partenaires doivent coordonner leurs activités et donc comprendre les besoins ainsi que les intentions de l’autre. En parallèle, d’autres expériences menées en captivité ont montré que les corbeaux freux (Corvus frugilegus) et les corbeaux de Nouvelle-Calédonie (Corvus moneduloides) pourraient faire usage de cette intelligence pour se servir et comprendre les propriétés fonctionnelles d’outils, alors qu’étonnamment les corbeaux freux ne se servent pas d’outils dans la nature. Sur la base des observations faites sur les deux espèces susmentionnées, à l’heure actuelle, l’idée la plus largement acceptée est que l’utilisation d’outils n’est pas une capacité spécialisée présente uniquement chez quelques espèces au sein de ce groupe mais bien une capacité partagée par la plupart des espèces de cette famille d’oiseaux. A ce jour, le lien entre ces capacités remarquables, leur intelligence, vraisemblablement acquise dans le contexte de la vie de couple, reste controversé car la plupart des expériences précédemment menées, ont porté sur de petits groupes d’oiseaux élevés en captivité. Le but principal de cette thèse était par conséquent de compléter ces études antérieures grâce à des observations et des expériences menées sur le terrain de façon à mieux comprendre si les résultats obtenus en laboratoire reflètent les capacités d’oiseaux vivant en liberté en étudiant deux espèces de corvidés : les corbeaux freux et les corneilles (Corvus corone corone) dans leur habitat naturel. Les corbeaux freux sont des oiseaux qui vivent et se reproduisent dans des colonies densément peuplées ce qui a pour conséquence que les conflits pour le matériel de nidification, l’accès aux femelles ou encore les sites de nidification sont fréquents. Cette première espèce est donc idéale pour étudier et mieux comprendre les conflits et les stratégies coopératives mis en œuvre par ces oiseaux afin d’en réduire la fréquence ainsi que les conséquences. Dans le chapitre un, nous décrivons en détail comment les corbeaux freux volent le matériel de nidification sur les nids d’autres couples au sein de la colonie. En outre, nous avons étudié si les couples nichant à proximité les uns des autres (voisins) coopèrent dans ce contexte en évitant de se voler réciproquement. De plus, nous avons étudié la manière dont les partenaires au sein du couple se coordonnent de manière à surveiller le nid et à collecter les matériaux nécessaires à la construction du nid. Nous avons cherché à comprendre dans quelle mesure la coordination du couple influe sur la fréquence à laquelle ils se font voler. Dans le deuxième chapitre, nous avons examiné plus en détail la façon dont se comportent les corbeaux freux à la suite d’un conflit. Plus spécifiquement, nous avons cherché à quantifier la fréquence des comportements affiliatifs échangés entre anciens adversaires (réconciliation) ainsi que la fréquence de ces comportements amicaux entre la victime ou l’agresseur et une troisième partie (consolation). Finalement, dans le chapitre trois, nous avons étudié si des corneilles sauvages sont capables de résoudre un problème nécessitant l’utilisation d’un outil. A cette fin, nous nous sommes servis d’un tube de plexiglas fixé sur un cadre en bois. Ce dernier était placé à différents endroits sur le terrain. Dans le tube, nous avons ensuite inséré un morceau de nourriture et les corneilles avaient à leur disposition des outils (branche pourvue à l’une de ces extrémités d’un crochet) afin d’extraire la nourriture du dispositif expérimental. Les principaux résultats du chapitre un indiquent que les corbeaux freux volent des branches principalement sur les nids voisins et que les couples les mieux coordonnés étaient ceux qui se faisaient voler du matériel de nidification le moins fréquemment. Dans le chapitre deux, les résultats indiquent que les partenaires au sein du couple échangeaient des comportements affiliatifs à des fréquences plus élevées à la suite d’une agression que dans des situations contrôles. A l’inverse, un tel phénomène n’a pas été observé entre anciens adversaires. Finalement, les résultats du troisième et dernier chapitre indiquent que les corneilles ne sont pas en mesure de se servir des outils que nous leurs avons mis à disposition et cela même après avoir reçu plusieurs essais récompensés. Dans l’ensemble, les deux premiers chapitres indiquent que les corbeaux freux coopèrent principalement avec leurs partenaires de reproduction et que d’autres relations sociales sont moins importantes étant donné qu’ils n’ont ni coopéré avec leurs voisins ni ne se sont réconciliés avec leurs anciens adversaires. Ces découvertes confirment les résultats d’études antérieures menées sur des oiseaux captifs, c’est-à-dire, que ces animaux ont une tendance limitée à coopérer avec d’autres individus de leur espèce en dehors de leur partenaire de reproduction. A l’inverse, les résultats du chapitre trois tendent à renforcer l’idée que la capacité à utiliser des outils est limitée à certaines espèces au sein de ce groupe plutôt qu’une capacité plus largement répandue parmi le groupe des corvidés comme cela a été suggéré précédemment., Crows and ravens have attracted increasing attention because of the advanced cognitive capacities these birds seem to possess, which have earned them the nickname of “feathered apes”. Indeed, the work carried out in the last two decades has shown that corvids possess abilities that can rival those of monkeys and apes. Birds within this family tend to form long-term monogamous bonds, where pair partners support each other in agonistic encounters, collaborate to raise descendants, i.e., cooperate in a variety of contexts. The strong interdependency between mating partners and the high-qualitative nature of these relationships have been proposed to be the ground for the evolution of their higher intelligence; because in such relationships, pair partners need to coordinate their activities and eventually understand each other’s needs or intentions. In parallel, other experiments have shown that rooks (Corvus frugilegus) and New Caledonian crows (Corvus moneduloides) might use this intelligence to make use of tools and to understand the functional properties of these tools, even though rooks are not known to use tools in nature. Based on these two main species, currently, the most widely accepted idea is that tool use is not a specialized capacity present only in a few species of this group but rather a capacity that is shared among many representatives of this family. To date, the link between these remarkable capacities, their intelligence, presumably acquired in the context of pair bonding, remains contentious because most previous studies were carried out on small groups of captive birds. The aim of this thesis was to complement those previous studies with field observations / experiments to better understand whether laboratory results reflect the typical capacities of free-ranging birds by studying two different species of corvids, rooks and carrion crows (Corvus corone corone) in their natural habitat. Rooks are colonial breeding birds that live in dense colonies where conflicts over nesting material, females and nesting position are frequent. This first species is hence ideal to study conflicts and what cooperative strategies these birds use to limit the occurrence and consequences of conflicts. In chapter one we describe how rooks steal nesting material from other nests within the colony and studied whether close nesting pairs (neighbours) cooperate by avoiding to steal each other’s nesting material. Additionally, we studied how mating partners coordinate between guarding the nest and collecting the required materials and whether this influences the frequency of thefts received at nest. In chapter two we examined in more details how rooks behave after a conflict. In particular we quantified the frequency of affiliative behaviours exchanged among former opponents (reconciliation) and between the victim or the aggressor and a third-party (consolation). Finally in chapter three, we studied whether wild carrion crows are able to solve a simple tool use task. The experimental apparatus consisted of a Plexiglas tube fixed on a wooden frame and placed in the field in which we inserted a piece of food. The crows had at their disposal the tools (hooked sticks) to extract the reward. The main results of chapter one are that rooks mainly stole twigs form neighbouring nests and that better coordinated pairs received fewer thefts. In chapter two pair partners exchanged higher frequencies of affiliative behaviours after a conflict happened compared to control situations whereas no such phenomenon was observed between former opponents. Finally, in chapter three our main finding is that carrion crows were unable to use the tools provided even having received several rewarded trial. Overall, the first two chapters indicate that rooks mainly cooperate with their mating partners and that other social relationships are less important given that they neither cooperated with close neighbours nor reconciled with former opponents. These findings confirm previous results on captive birds that all showed that rooks have a limited tendency to cooperate with other individuals than their mating partners. In contrast the findings of chapter three rather tend to strengthen the idea that tool use is a specialized capacity of some species and not a widespread capacity among corvids as has been suggested previously.