Les travaux archéologiques conduits depuis un demi-siècle dans le cadre de la construction du réseau autoroutier suisse ont permis la mise en œuvre pionnière, au plan international, d’une nouvelle forme d’archéologie, dite « préventive ». Du fait principalement de leur mode de financement, ces recherches autoroutières ont entraîné, en Suisse, de profonds bouleversements dans la pratique de l’archéologie, aux plans tant institutionnel que technique, méthodologique et épistémologique.
Notre recherche financée par le FNS examine, sur la longue durée, les interactions entre science et société, à travers les modalités de la collaboration des multiples acteurs (ingénieurs, technocrates, politiciens, entrepreneurs, scientifiques et archéologues de terrain, de l’université et des musées) impliqués dans ces projets publics d’envergure et dotés d’une forte résonance culturelle et identitaire.
Elle associe l’étude historique du développement complexe des structures administratives de l’archéologie en Suisse (en particulier les rôles respectifs de la Confédération et des états cantonaux) et une analyse inspirée des Science studies et de l’épistémologie des sciences, portant sur l’impact heuristique des pratiques et des outils techniques que cette « archéologie autoroutière » a permis de mobiliser.