Au sein des élans contestataires qui traversent l’Arc jurassien au cours des années 1970 (séparatisme, grèves ouvrières, etc.) le mouvement des femmes occupe une place particulière. Il est porté par le féminisme dit de la deuxième vague qui essaime partout en Suisse et au-delà, dans le sillage de 1968. Toujours plus nombreux·se·s à s’engager en dehors des canaux politiques officiels après l’octroi du suffrage féminin en Suisse, les militant·e·s confrontent les rapports sociaux de sexe et les formes de militantisme traditionnelles : comment le mouvement des femmes est-il construit dans l’Arc jurassien ? Comment les perspectives locales et nationales, voire globales s’entremêlent-elles ? Quels impacts sur les trajectoires biographiques des militant·e·s sur place ? S’inscrivant à la fois dans l’histoire des féminismes et dans la sociohistoire des mouvements sociaux, ce projet étudie les moments-clés de la mobilisation, les réseaux, les profils sociologiques ainsi que les trajectoires des militant·e·s de l’Arc jurassien. Il met en lumière le caractère pionnier de certaines mobilisations (premier bureau de l’égalité de Suisse, lutte contre le travail de nuit, etc.) de même que la perméabilité des milieux protestataires et les rapports de genre à l’œuvre dans ceux-ci. Ayant recours à un corpus hétérogène de sources écrites et d’histoire orale, le projet permet également de mettre en lumière des témoignages jusqu’ici inédits.