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    Parcours vers la précarité: quels regards sur la santé?: Conceptions de la santé, stratégies et ressources mobilisées par des Suisses et des immigrés face à la précarisation de leur vie
    Les inégalités face à la santé existent et persistent en Suisse. La santé n’est pas seulement déterminée par la biologie, l’hérédité et son système de soins, mais possède une dimension sociale qui fût longtemps sous-estimée. Plus l’on se situe en bas de l’échelle sociale, plus grandes sont les chances que l’on tombe malade, que l’on soit en incapacité de travail ou encore que l’on meurt jeune. Face à la précarisation, les individus deviendraient plus vulnérables sur le plan de la santé et prendraient plus de risques en réponse aux difficultés de leur vie. Outre les déterminants sociaux de la santé largement documentés à présent, les chercheurs pensent que des dimensions plus individuelles entrent en jeu. Mon mémoire se situe à ce niveau d’analyse, celui de la perspective des acteurs potentiellement concernés par ces inégalités. Suite à la rencontre de neuf individus racontant le processus de précarisation de leur vie, il a été possible d’aborder le thème personnel que représente la santé lors de seconds entretiens. Mon objectif était de mieux comprendre les regards qu’ils portent sur la santé, ainsi que leurs stratégies de prévention et de recours aux soins. Les modes de réaction à la précarisation de la vie ainsi que le rapport à la santé se sont révélés être variés en raison des diverses ressources acquises et mobilisées au cours de l’expérience de vie. La conviction de contrôle de sa vie s’est révélée être une ressource centrale : plus celle-ci est interne, plus l’on se sent capable d’influencer ce qui nous advient. La mobilisation d’autres ressources personnelles telles qu’un sens de la cohérence élevé, une croyance religieuse, une expérience existentielle ou encore une culture sanitaire aident le développement de ce sentiment de contrôle interne. De ces constats, il a été possible de construire trois regards idéaux-typiques face à la santé. Soutenus par leurs réseaux et se sentant intégrés à la vie sociale, la mobilisation de ces ressources est facilitée chez les « proactifs » qui se sont avérés être les plus prévenants envers leur santé qu’ils considèrent comme un bien-être à rechercher constamment. Dépourvus de certaines de ces ressources, les « réactifs » et les « inattentifs » ont tendance à être négligents envers leur santé qu’ils voient comme déterminée par des facteurs extérieurs immaîtrisables. C’est en attendant longtemps avant de consulter, en suivant partiellement les prescriptions médicales et en pratiquant la prévention sous certaines conditions que ces individus mettent en péril leur santé ainsi que leurs chances de réassumer, un jour, leur vie de manière autonome. D’après les résultats de ce travail, le renforcement des ressources individuelles semble être capital pour que l’individu se sente responsable de sa santé et la conçoive comme un atout essentiel pour sortir de la précarité et ainsi éviter que sa situation de vie se dégrade encore.