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    Louis Agassiz et la diversité des races
    Au cours des dernières années, en Amérique d’abord, puis en Suisse et tout dernièrement à Neuchâtel, des écrits, parfois très agressifs, soutiennent que Louis Agassiz fut un grand raciste. Les lignes qui suivent examinent l’attitude du savant, ses prises de position, ses écrits en les plaçant dans le cadre de son époque.
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    Les cinquantes premières années des Eclogae geologicae Helvetiae : au service des géologues suisses et de la géologie
    La fondation tardive de la Société géologique suisse en 1882 puis, en 1888, le lancement de son bulletin, les Eclogae Geologicae Helvetiae, sont partiellement liés à la structure fédérative de la Suisse de cette époque, à la vitalité des sociétés scientifiques locales ainsi qu'aux nombreuses activités géologiques que la Société helvétique des Sciences naturelles (SHSN) entretient alors dans le pays. Cette dernière, par l'intermédiaire de sa Commission géologique et avec l'aide d'une poignée de collaborateurs, édite de remarquables monographies régionales qui comblent de nombreuses attentes (Beitrage wr Geologischen Karte der Schweiz / Matériaux pour la Carte Géologique de la Suisse). C'est l'intérêt de donner une assise formelle aux excursions géologiques organisées dans le cadre de la SHSN ainsi que le désir d'associer l'ensemble de la communauté géologique aux efforts de synthèses qui se manifestent alors sur le plan international, qui conduisent finalement à la naissance d'une société géologique suisse ouverte à chacun et à la publication des Eclogae. A ses débuts, cette revue, enmenée par un groupe de géologues de la Suisse Romande, s'est distinguée par une volonté de rassembler toutes les forces nationales actives de la discipline, en les plaçant au-dessus des séparations linguistiques du pays et des régionalismes locaux. Les importantes contributions géologiques suisses de cette époque, les grandes synthèses et celles marquées par des idées nouvelles continuent cependant de paraître dans les revues locales. Celles-ci sont particulièrement actives à Genève et à Lausanne (avec Schardt et Renevier et dans une certaine mesure A. et E. Favre), à Zurich (avec Heim) et à Baie (avec Buxtorf). Ce sont elles qui éditent les travaux marquants de Schardt sur les Préalpes, de Buxtorf sur le décollement du Jura. C'est également dans ces médias et dans les Matériaux que sont publiés la majorité des résultats acquis lors du percement des tunnels du Jura et des Alpes (Simplon). Alors que la Commission géologique et les Sociétés locales éditent ces travaux de première valeur, les Eclogae, où la langue française est d'abord dominante, publient des comptes rendus d'excursion, des données géologiques locales, intéressantes certes, mais d'importance plus modeste. Très souvent ces notes sont reprises des publications des sociétées locales. Les Eclogae se distinguent par la publication la Revue géologique suisse qui analyse de façon remarquable l'ensemble des travaux géologiques consacrés à la Suisse et aux régions avoisinantes.
    Au-delà de la première guerre mondiale, d'importantes modifications marquent les Eclogae :
    a) l'abandon de la Revue géologique suisse
    b) la disparition des notes de minéralogie et pétrographie publiées dans le Bulletin suisse de Minéralogie et Pétrographie
    c) l'introduction des notes de la Société suisse de paléontologie
    d) la nommination du Dr Aug. Tobler en tant que rédacteur et la publication des Eclogae par Birkhilser à Baie, en remplacement de Birdel à Lausanne
    e) la publication d'importantes études régionales suisses ainsi que des notes de qualité se rapportant tant à la Suisse qu'à des territoires d'outre-mer.
    Ce dernier changement renforce la position des Eclogae sur le plan national ainsi que chez les géologues suisses expatriés dont le nombre est en forte croissance. L'importance donnée aux travaux de géologie structurale et de micropaléontologie, deux disciplines alors en plein développement, augmente sensiblement l'attention internationale témoignée aux Eclogae qui se signalent par une édition au graphisme soigné particulièrement appréciée dans ces milieux., The late founding of the Société géologique Suisse (Swiss Geological Society) in 1882 and then in 1888, the first publication of its bulletin, the Eclogae Geologicae Helvetiae, are partly related to the federative structure of Switzerland at the time, the vitality of local scientific societies, as well as numerous geological activities that the Société helvétique des sciences naturelles (Helvetic Society of Natural Sciences, SHSN) maintained within the country. The latter, through the intermediary of its Geological Commission and with the help of a handful of collaborators, edited remarkable regional monographs (Beiträge zur Geologischen Karte der Schweiz / Matériaux pour la Carte Géologique de la Suisse / „Materials“ for the Geological Map of Switzerland). It was the formal organization of the geological excursions within the framework of the SHNS, as well as the desire to involve the whole of the geological community to participate in reviews for an international readership, which finally led to the origin of the Société géologique Suisse (Swiss Geological Society), open to everyone, and the publication of the Eclogae. In its beginnings, this journal, led by a group of Swiss geologists from the French part of Switzerland, distinguished itself through the will to unite all national organizations active in the discipline, overcoming linguistic differences within the country and local regionalisms. Nevertheless, the important Swiss geological contributions of this period, the comprehensive reviews, and papers that brought forth new ideas, continued to appear in the Matériaux annd in local journals. These latter were particularly active in Geneva and Lausanne (with Schardt and Renevier and to a certain extent A. and E. Favre), in Zurich (with Heim), and in Bale (with Buxtorf). These were the journals that published the noteworthy works of Schardt on the Prealps, and Buxtorf on the décollement zone in the Jura Mountains. It was also these local journals and Matériaux that published the majority of results acquired during the construction of the tunnels in the Jura and the Alps (Simplon). Whereas the Geological Commission and local societies edited the important manuscripts, the Eclogae (mostly in French) published more minor (but certainly interesting) field excursion proceedings and local geological data. These notes were very often taken from publications by local societies. The Eclogae distinguished itself by the publication of the Revue géologique Suisse (Geological Review of Switzerland) , which was remarkable in its analysis of all geological published work related to Switzerland and neighbouring countries.
    After World War II, important changes affected the Eclogae, these included:
    a) the abandonment of the publication of the Geological Review of Switzerland;
    b) the abandonment of mineralogical and petrological notes theen published in the new Bulletin suisse de Minéralogie et Pétrographie (Swiss Bulletin of Mineralogy and Petrology);
    c) the introduction of notes by the Sociéte Suisse de paléontologie (Swiss Paleontological Society);
    d) the nomination of Dr. Auguste Tobler as editor and the publication of the Eclogae by Birkhäuser in Bale, replacing Birdel in Lausanne;
    e) the publication of important Swiss regional studies, as well as excellent short notes pertaining as much to Switzerland as countries overseas.
    Theses changes reinforced the position of the Eclogae within the national geological community as well as for expatriate geologists, who were growing in number. The importance given to structural geology and micropaleontology, two disciplines undergoing rapid development, notably increased the international attention given to the Eclogae, which was reputed for its careful editing and graphics, a quality particularly appreciated by those working in these fields.
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    Agassiz face à la diversité des races humaines
    II y a quelques années déjà, le biologiste Stephen Jay Gould dénonçait les propos racistes de Louis Agassiz, en révélant les commentaires qu'il adressait à sa mère après ses premiers contacts avec les Noirs. Avec d'autres, il admettait que c'est après cette pénible rencontre et sa visite au Dr Morton, un spécialiste de l'étude comparative des crânes, que le savant suisse se serait engagé dans la défense du polygénisme, une doctrine pouvant être défavorable à l'image des gens de couleur. Il reprochait également à Agassiz les commentaires qu'il avait adressés à un collaborateur du président Lincoln pour lui faire part de ses idées concernant l'avenir des esclaves au sortir de la guerre de sécession. Ces accusations ont été dernièrement réitérées en Suisse par l'historien Hans Faessier qui a proposé de débaptiser l'Agassizhom, le sommet honorant la mémoire du savant. Le député C. Sommaruga a repris cette proposition et les accusations visant Agassiz dans une interpellation présentée au Conseil National.
    Au début du XVIII™' siècle, le monde occidental dominateur est persuadé que la race blanche se trouve placée au sommet de la hiérarchie humaine, alors que les autres ethnies, souvent dégénérées, y occupent des positions inférieures. Cette attitude conduit à de fréquents commentaires racistes qu'on retrouve chez Agassiz. Celui-ci partage également le préjugé que les métis n'ont que les travers des races dont ils sont issus, mais n'en possèdent aucune des qualités. Cette attitude, peu glorieuse pour un scientifique, est renforcée chez Agassiz par sa défense de la fixité de l'espèce, un concept qui est au centre du système biologique qu'il défend et qu'il s'efforce d'imposer. Elle le conduit à proposer la ségrégation des races, afin d'en maintenir la pureté.
    On a oublié qu'avant son départ de la Suisse, Agassiz avait déjà publié des articles et donné une conférence où il proposait que les différentes races humaines avaient été créées en des lieux différents de la planète. Ce sont donc ses propres recherches et non pas les apports américains qui l'ont engagé dans la voie du polygénisme.
    Lors du voyage qu'il effectue au Brésil en 1865, Agassiz réitère ses préjugés contre les métis, mais il s'élève également avec vigueur contre les méfaits de l'esclavagisme. Ce dernier point est régulièrement ignoré de ses détracteurs.
    Homme de son temps, plus engagé que d'autres dans le débat des races humaines, Agassiz n'est pas parvenu à se détacher des préjugés qui ont marqué son époque. Il n'en sort pas grandi, mais il nous paraît faux de le considérer comme ayant été globalement au-delà des égarements de la majorité de ses contemporains., Several years ago, the biologist Stephen Jay Gould criticized racist remarks made by Louis Agassiz, citing comments made to his mother after his first contact with Blacks. Gould and others admitted that it was after this disagreeable encounter and his visit to Dr. Morton, a specialist in comparative skull studies, that he became active in defence of polygenism, a doctrine that could be unfavourable for thé image of Blacks. Gould also criticized Agassiz for comments made to a collaborator of President Lincoln's, concerning the future of slaves at the end of the American Civil War. These accusations have been recently reiterated in Switzerland by historian Hans Faessler who proposed renaming the Agassizhom, the peak honouring the memory of Agassiz. Deputy C. Sommaruga introduced this proposal and the accusations against Agassiz in a question presented to the National Council.
    At the beginning of the 18th century, the dominating western world was persuaded that the white race was at the top of human hierarchy, whereas other ethnic groups, often degenerate, had inferior positions. This mindset led to frequent racist comments made by Agassiz. He also shared his prejudice that the Metis accumulated only the negative traits of races from which they came and not the positive. This attitude, which is not very glorious for a scientist, was reinforced in Agassiz by his defence that species are fixed entities. This concept was at the centre of the biological system that he defended and tried to impose. This theory led him to propose the segregation of races, in order to maintain their purity.
    It is forgotten that before his departure from Switzerland, Agassiz had already published articles and given conferences in which he proposed that different human races had been created on different parts of the planet. Therefore, it was his own research and not those of Americans that led him down the road ofpolygenism.
    During a visit he made to Brazil in 1865, Agassiz reiterated his prejudice against the Metis, but he also took a strong stand against slavery. This last point is usually ignored by his detractors.
    A man of his time, more involved than most in the debate of human races, Agassiz was not able to rise above the prejudices of the time. Although his comments have tarnished his reputation, it seems unfair to consider him as having been more radical on the subject than the majority of his contemporaries.
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    Martin Burkhard (1957-2006)
    Martin Burkhard est décédé le 23 août 2006, à la suite d'une tragique chute alors qu'il poursuivait des recherches géologiques dans le Val Maggia. Sa disparition brutale est ressentie comme un drame par la communauté scientifique, tout particulièrement pour celle de Neuchâtel, où ses vastes connaissances, son engagement, sa disponibilité, en avaient fait un ami, une figure marquante pour tous ceux qui eurent la chance de le rencontrer, de l'entendre. A plus d'une occasion, tout particulièrement lors d'une excursion qu'il a dirigé dans la région du Grimsel ou lors de la conférence donnée sur les risques sismiques en Suisse, ses remarquables qualités pédagogiques et sa modestie purent être appréciées de nombreux membres de la Société des Sciences naturelles de Neuchâtel dont il a été un membre actif du Comité dès 1994.
    Dans ce bref hommage, c'est essentiellement son rôle au niveau de la communauté neuchâteloise qui sera évoqué, en retenant tout particulièrement les différentes recherches qu'il a effectuées dans le Jura et la façon dont il a fait partager sa vision de la chaîne dans son enseignement, dans ses conférences et, par dessus tout, lors des nombreuses excursions qu'il a guidées dans ce pays qui était devenu le sien.
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    Les premières recherches sur le Crétacé de Neuchâtel
    En 1835, Auguste de Montmollin, sur la base de fossiles déterminés à Paris, rattache au Crétacé inférieur les calcaires jaunes de Neuchâtel et les marnes associées. Il en fait le terrain crétacé du Jura. Thurmann propose le terme de Néocomien pour les désigner, une appellation qui se trouve assez rapidement adoptée. Les travaux de Montmollin font suite à ceux de Bourguet (description de fossiles), de Deluc (présentation des lithologies locales et des fossiles des zones marneuses), de von Buch (catalogue détaillé des roches de la région neuchâteloise), de Brongniart (première mention de fossiles crétacés à Neuchâtel) et d'Elie de Beaumont (dans les synclinaux du Jura, discordance sur le Jurassique des roches du Crétacé). Cette proposition est reprise par de Montmollin, Agassiz et d'autres et ne sera abandonnée que tardivement.
    Thurmann propose de nommer Néocomien le Crétacé du Jura. Les corrélations avec les assises du Sud de l'Angleterre restent assez longtemps incertaines alors que celles établies avec les formations contemporaines du SE de la France, de même qu'avec celles de la zone helvétique des Alpes s'imposent rapidement. Il en est de même avec des formations du N de l'Allemagne et d'autres du S de la Russie et du Caucase.
    A l'origine, les propositions de divisions du Néocomien sont établies en fonction de critères lithologiques établis entre des limites mal précisées et rarement mises en relation avec la paléontologie. Ainsi, les séries lithologiques classiques neuchâteloises, avec lacunes sédimentaires probables, paraissent peu favorables pour servir de base à la chronologie internationale de référence. Les nom locaux resteront cependant attachés à cette nomenclature alors que des études pourront trouver dans ces roches l'enregistrement d'événements importants. Pour permettre de rattacher les travaux anciens à ceux de la recherche actuelle, on a mentionné les plus importantes contributions effectuées récemment sur les roches du Crétacé inférieur de la région neuchâteloise., In 1835, Auguste de Montmollin incorporates the yellow limestones of Neuchatel and its associated marls into the Lower Cretaceous, based on fossils identified in Paris. He calls these formations the "terrain cretace du Jura". Thurmann proposes the term Neocomian, which is fairly rapidly adopted. Montmollin's work follows that of Bourget (fossil description), Deluc (presentation of local lithologies and fossils in marly zones), von Buch (detailed catalogue of rocks in the Neuchatel region), Brongniart (the first mention of Cretaceous fossils in Neuchatel), and Elie de Beaumont (discordance between Cretaceous and underlying Jurassic rocks in the Jura synclines). This last proposition is repeated by Montmollin, Agassiz and others and will be abandoned only much later on.
    Thurmann proposes to name the low Cretaceous of the Jura "Neocomian". Correlations with similar rocks in southern England remains uncertain for a long time, whereas those established with contemporary formations in southeastern France, and even those in the Helvetic zone of the Alps, are readily accepted. The same is true for formations in northern Germany and others in southern Russia and the Caucasus.
    From the beginning, divisions of the Neocomian are proposed according to lithological criteria established between poorly defined limits and rarely are they related to the paleontology. Consequently, the neritic Neuchatel series, with probable sedimentary lacunae, do not appear very favorable for establishing precise and continuous benchmarks, which can serve as a basis for an international reference chronology. In order to incorporate the previous work to that of the present-day, the most important contributions recently carried out on the Lower Cretaceous formations in the Neuchatel region are mentionned.
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    Gustave Juvet : mathématicien, physicien, philosophe (1898-1936)
    Gustave Juvet est né le 25 septembre 1896 à La Côte-aux-Fées. Après ses classes à Neuchâtel, il obtient dans la même ville sa licence en mathématiques, qu'il complète par un doctorat d'Etat français. Il assure l'enseignement de l'astronomie et de la géodésie de 1920 à 1928 à Neuchâtel, avant d'être nommé professeur de mathématiques à l'Université de Lausanne. Le 2 avril 1936, il est terrassé par un accident cardiaque. Juvet est l'auteur de traités de mathématiques appréciés, l'éditeur de traductions de monographies scientifiques, mettant à la disposition des chercheurs francophones les travaux les plus modernes de la physique mathématique. Il est également l'auteur d'un ouvrage d'orientation philosophique sur les théories physiques qui attestent l'étendue de ses intérêts.