« Le reflet de Méduse : le rapport entre photographie et texte dans Bruges-la-Morte de Georges Rodenbach »

Cet article se propose d’analyser le rapport texte-image dans le roman de Georges Rodenbach intitulé Bruges-la-Morte (1892). C’est le premier texte de la littérature française à intégrer des clichés photographiques en son sein. Il s’agira également d’étudier les jeux de correspondances entre les personnages et l’environnement urbain. Bruges occupe en effet un rôle considérable dans ce roman. L’auteur l’élève d’ailleurs au rang de personnage. Le caractère méduséen du personnage de Jane, double de l’épouse défunte du héros qui lui ressemble étrangement, est à rapprocher de l’effet sur le lecteur produit par les photographies dépersonnalisées qui scandent le roman. Derrière ces représentations, c’est toujours Méduse avec « la mort dans le yeux » qui nous regarde. Cette double présence de Méduse, tant au niveau textuel que visuel, contribue à donner une dimension étrangement inquiétante au roman de l’écrivain belge. Pour mieux appréhender la question des images dans le roman et de leurs effets méduséens, nous convoquerons les concepts d’« aura » et de « montage littéraire » développés par Walter Benjamin et rediscutés par Georges Didi-Hubermann.