Au coeur de nos nuits juridiques... quand la littérature se fait l'écho des victimes - analyse juridico-littéraire des attentes des victimes de viol dans le droit pénal suisse

Cette recherche propose d’analyser, dans une perspective juridique, les attentes des victimes de viol dans un procès pénal suisse au travers de deux œuvres littéraires. La méthodologie de recherche s’articule autour des trois attentes du mouvement « Droit et Littérature » énoncées par J. Wigmore, à savoir la littérature (i) comme manière de saisir la représentation que le citoyen se fait du droit ; (ii) comme catalogue de la nature humaine ; (iii) comme outil d’évolution de la loi. L’analyse comprend quatre parties. La première d’entre elles présente les clés méthodologiques et analytiques utilisées dans cette recherche, la deuxième synthétise sur une dizaine de pages, d’une part l’art. 190 CP sous l’angle de la dernière révision du droit pénal sexuel du 1er juillet 2024 et d’autre part, la définition et le statut de victime d’infractions sexuelles en procédure pénale. Puis, ces éléments juridiques seront approfondis et confrontés à deux œuvres littéraires, à savoir « Thérèse Desqueyroux » de François Mauriac et « Les choses humaines » de Karine Tuil. Et, enfin, de ces réflexions juridico-littéraires, le texte propose une réflexion sur la pertinence de la justice pénale actuelle et sur les avantages et désavantages de l’introduction d’autres formes de justices – telle celle de la justice restaurative – dans le contexte des victimes d’infractions sexuelles. Deux constats principaux sont retirés de cette étude : 1) Que le droit est avant tout un langage technique, qui peut conduire la société à concevoir de fausses attentes. C’est pourquoi – dans l’intérêt des victimes – il faudrait promouvoir, à côté du système pénal, d’autres formes de justice, telle la justice restaurative, fondées sur un langage commun, c’est-à-dire non conditionnées à une typicité d’infraction, afin de permettre un plus profond sentiment de justice. 2) La victime de viol risque de se voir confrontée au danger de la réification – notamment si le droit pénal matériel tend à établir des critères abstraits de « l’état de sidération ».