Voici les éléments 1 - 1 sur 1
  • Publication
    Accès libre
    Interdépendances et collaborations dans les systèmes agro-alimentaires : penser l’autonomie en agriculture au-delà de l’agricole
    (Neuchâtel Université de Neuchâtel Maison d'analyses des processus sociaux, 2020)
    Prenant le contre-pied d’une vision individualiste de l’autonomie, de nombreuses pratiques de collaboration se déploient dans les mondes agricoles avec pour but notamment de faire gagner en autonomie les agriculteurs qui les portent. Ces actions rappellent que le contraire de l’indépendance est la dépendance, et non l’interdépendance (Emery 2015) et que l’autonomisation passe souvent par l’engagement collectif. Que se soient dans leurs manifestations classiques, sous formes de coopératives agricoles (par ex. Gray and Stevenson 2008) ou dans leurs développements plus marginaux, dans les interstices (par ex. van der Ploeg 2008), la recherche a largement documenté ces pratiques. La plupart de ces travaux ont concentré leur regard et leurs analyses sur une approche somme toute corporatiste de l’autonomisation : il s’agissait d’analyser et de penser comment des collectifs d’agriculteurs – certes à différentes échelles, mais toujours en tant que groupe professionnel – s’engageaient pour renforcer leur position au sein d’un système économique et politique défavorable. D’une certaine manière, tout se passe comme si l’autonomie des agriculteurs était une question d’agriculteurs et d’agriculteurs uniquement. Depuis quelques temps, l’émergence et l’explosion de la recherche sur les systèmes alimentaires alternatifs a ouvert de nouvelles perspectives qui décloisonnent la question de l’autonomisation pour la réinsérer dans des processus collectifs plus large et diversifiés (par ex.Le Velly 2017). Dans cette présentation, je souhaite revenir sur cet élargissement de la dimension collective de l’autonomisation en agriculture, en recourant à deux exemples concrets tirés du contexte suisse. Premièrement, l’agriculture contractuelle de proximité, illustrées par le cas de « Notre Panier Bio », permettra de creuser les questions d’autonomisation au sein des systèmes alternatifs, en mettant en lumière les compromis nécessaires et l’acceptation des contraintes comme clé d’une autonomisation plus large. Deuxièmement, l’exemple d’une collaboration régionale autour d’une marque de fromage (Schabziger) dans le Canton de Glaris, entre agriculteurs et industriels, ouvrira la discussion sur les phénomènes de collaboration et d’interdépendance au sein de filières industrialisées, dans la perspective de l’autonomisation des agriculteurs. Ce parcours demandera, chemin faisant, de revenir sur une définition et une conceptualisation de l’autonomie en agriculture qui permettent de saisir la multiplicité des pratiques et des processus qui s’y rapporte.