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    Gold journeys: Expulsion-induced mobility and the making of artisanal mining spaces in West Africa. An ethnography of itinerant labour at the bottom of the gold supply chain
    Due to a combination of factors including decreasing agricultural incomes, increased access to new technologies, and the spike in gold prices since 2000, a growing number of men from rural regions in West Africa, in particular from Guinea and Mali, are undertaking ever further and longer journeys to extract gold artisanally to support their families and experiment alternative lifestyles. While the mining boom in West Africa is usually analysed either from the perspective of transnational mining corporations or from the perspective of local communities whose economy depends on artisanal and small-scale mining, this thesis investigates the interstice between these two fields by examining the itinerancies of gold diggers who navigate transnational and informal artisanal mining spaces along the expansion of the industrial mining frontier. By locating the movements of miners at the intersection of three forms of expulsions (from agrarian fields of values, from formal commercial circuits, and from informal work sites), this research proposes an alternative understanding of mobility in artisanal mining spaces to the idea of the “gold rush”, which commonly circulates in academic and development circles. The study argues that expulsion-induced mobility—a notion which I propose as a counterpoint to the concept of “mining-induced displacement”—enables the entanglement of the formal industrial sector and the informal artisanal one. A close study of extraction sites spread across West-Africa demonstrates that the formal and informal segments of the gold supply chain are complementary rather than competitive, and they articulate one another thanks to the mobility of the informal workers who are systematically expelled by the industry. Secondly, by calling attention to the moral economies, mobility and residential strategies, and the social networks of support developed by itinerant miners, this thesis contends that, despite being continually placed in situation of illegality, gold miners develop resilient institutions that help them cope with the uncertain context of the gold mines, in particular the constant threat of being removed; in doing so, they perpetuate their mobile lifestyle while struggling to respond to the moral obligations rooted in Mandenka kinship. Finally, the territorial governance of mining areas is studied by critically examining the corporate social responsibility programmes of mining corporations which, it is argued, act as an interface in the management of informal workers’ expulsion. The analysis is based on a 12-month itinerant ethnographic study in Guinea, Mali, Senegal, Côte d’Ivoire, and Switzerland between 2009 and 2014. I followed miners’ itinerancies across the continent, traveling with some of them and meeting them regularly in different places, and I also tracked the journey of gold from the mining sites across the various sites of commodification and transformation that conduct it further to Swiss and UAE foundries. My field observations and uncountable informal interviews are supported by biographic narrative interviews and longitudinal network interviews with itinerant miners, as well as expert interviews with state authorities and commercial agents. Through ethnographic descriptions and through the stories of itinerant miners and the analysis of their social networks of support, this dissertation systematically documents how miners manage their relations on the move with their peers, with local populations, with mining companies, and to a lower extent, with the state. By focusing on the relational strategies miners adopt to render stability 4 to a social and material environment characterized by extreme forms of precariousness, this thesis makes three distinctive theoretical and empirical contributions. First, it questions the role of locality in systems of migratory circulation by identifying cases where this notion is particularly elusive; therefore, it contributes to analyses of social networks in situations of mobility by describing social spaces independent of lasting territorial anchorages. Then, it calls into question the deterministic dimension in theories on expulsion by demonstrating the active role of miners in these contexts and the production of specific subjectivities and ethical norms that help them cope with the temporality of the mines. Finally, it contributes to enlarging the scope of debates on displacement and dispossession in mining contexts by moving the focus from the sedentary standpoint of the local population—on which research and programmes usually focus—to the temporary itinerant miners who are often neglected both in research and in policies; the notion of expulsion-induced mobility seeks to depict these processes from the standpoint of mobile labour. Avec la baisse des revenus agricoles, l’accès à de nouvelles technologies, et l’augmentation des prix de l’or depuis les années 2000, un nombre grandissant d’hommes venant des régions rurales d’Afrique de l’Ouest, en particulier de Guinée et du Mali, entreprend des voyages toujours plus longs et distants à travers le continent afin d’extraire artisanalement l’or qui leur permet de soutenir leurs familles et d’expérimenter des modes de vie alternatifs. Tandis que le boom minier en Afrique de l’Ouest est généralement envisagé soit du point de vue des multinationales de l’extraction, soit du point de vue des communautés qui dépendent de l’exploitation artisanale de l’or, cette thèse explore l’interstice entre ces deux champs à travers les itinérances des chercheurs d’or qui circulent dans les espaces transnationaux et informels de l’artisanat minier produits par l’expansion de la frontière de l’industrie minière. En situant les déplacements des mineurs à l’intersection de trois formes d’expulsion (des champs de valeurs agrariens, des circuits commerciaux formels et des sites de travail informels), cette recherche propose une lecture alternative de la mobilité dans le domaine des mines à celle de « la ruée » qui prédomine dans les milieux académiques et les institutions de développement. Le principal argument est que la mobilité induite par l’expulsion systématique des orpailleurs permet d’articuler le secteur formel de l’industrie et le secteur informel de l’artisanat au sein de la chaîne d’approvisionnement de l’or. En premier lieu, l’examen des sites d’extraction de l’or diffus à travers l’Afrique de l’Ouest démontre que les filières formelles et informelles sont complémentaires plutôt que compétitives et s’enchevêtrent notamment grâce à la mobilité des travailleurs informels systématiquement expulsés par l’industrie. En second lieu, l’attention portée aux économies morales, aux stratégies de mobilité et de résidence, et aux réseaux sociaux de supports développés par les mineurs soutient l’idée que, bien que constamment placés en situation d’illégalité, les orpailleurs développent des institutions résilientes qui leur permettent de s’adapter au contexte incertain des mines d’or, en particulier la menace constante de leur éviction, et de perpétuer ainsi leur mode de vie itinérant tout en répondant aux obligations morales ambivalentes imbriquées dans la parenté mandingue. Finalement, la gouvernance territoriale du secteur est étudiée au prisme d’une analyse critique des programmes de responsabilité sociale des sociétés minières envisagés comme interface dans la gestion de l’expulsion des travailleurs informels. L’analyse proposée se fonde sur une recherche ethnographique itinérante combinant 12 mois d’observation participante en Guinée, au Mali, au Sénégal, en Côte d’Ivoire et en Suisse entre 2009 et 2014. J’y ai suivi d’une part les déplacements d’orpailleurs itinérants à travers le continent, et d’autre part l’or depuis les sites d’extraction à travers les différents lieux de commercialisation et de transformation qui le conduisent ensuite aux fonderies suisses et émiraties. Les observations de terrain et les innombrables entretiens informels ont été complétés par des entretiens narratifs biographiques et des entretiens réseaux longitudinaux avec des mineurs itinérants ainsi que des entretiens d’experts avec des responsables étatiques et agents commerciaux. A travers diverses descriptions ethnographiques, les récits de mineurs itinérants et l’analyse de leurs réseaux de support, ce travail documente systématiquement les relations entretenues par les orpailleurs avec leurs pairs, avec les populations résidentes, avec les compagnies minières et, dans 6 une moindre mesure, avec l’état. En focalisant sur les stratégies relationnelles par lesquels les mineurs cherchent à construire une certaine stabilité dans un environnement social et matériel marqué par une extrême précarité, la thèse apporte trois principales contributions empiriques et théoriques. Premièrement, elle questionne le rôle de la localité dans les systèmes de circulation migratoire en s’appuyant sur des cas où cette notion est particulièrement éphémère ; elle contribue ainsi à l’analyse des réseaux sociaux en situation de mobilité par la description d’espace sociaux indépendants d’ancrages territoriaux durables. Ensuite, elle relativise le caractère déterministe des théories de l’expulsion en démontrant le rôle actif des orpailleurs dans ces contextes et en insistant sur la production de subjectivités et de normes éthiques leur permettant de s’adapter à la temporalité de l'extraction minière. Enfin, elle contribue à élargir les débats sur les processus de déplacement et de dépossession dans les contextes miniers en privilégiant la perspective mobile des travailleurs temporaires à celle, sédentaire, des populations locales sur lesquelles l’attention est habituellement portée; la notion de mobilité-induite par expulsion vise à décrire ces processus du point de vue des travailleurs itinérants.