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A travers la lorgnette du don H.: qu’en est-il du photographe au MEN* ? Des photographies du MEN ? Et du MEN vu Ć  travers ses photographies ?

2007, Lienhard, Manuela, Debary, Octave

Comment aborder la photographie ? Où l’observer ? Quel sens lui donner ? Qu’en font les gens ? Que fait-elle faire aux gens ? Que nous racontent les photographies d’un musĆ©e ? Et plus particuliĆØrement celles que le musĆ©e fait de lui-mĆŖme par l’intermĆ©diaire de son photographe? Durant l’annĆ©e 2006, H., l’ancien dĆ©corateur, dessinateur et photographe du MusĆ©e d’ethnographie de NeuchĆ¢tel (MEN) donne au musĆ©e des photographies qu’il y a faites quelques annĆ©es plus tĆ“t. Durant cette mĆŖme annĆ©e 2006, le MEN vit un changement de conservateur. Avec lui une nouvelle Ć©quipe de collaborateurs prend ses quartiers dans la Ā« maison Ā». Dans ce contexte de changement et de succession, je commence Ć  travailler sur une partie du fonds photographique du MEN : le lot de photographies que H. vient de donner au musĆ©e. Dans la premiĆØre partie de mon travail, j’expose le pourquoi et le comment de mon enquĆŖte au MEN. Comment je participe sur mon terrain ethnographique en faisant un inventaire de ce lot d’images et en les mettant en boĆ®te. Puis comment, par l’intermĆ©diaire des photographies du don H., j’amorce mon observation de ce qui se joue au MEN. Dans une deuxiĆØme partie, j’observe comment travaille l’actuel photographe du musĆ©e et comment lui et d’autres acteurs du musĆ©e se comportent avec les photographies. J’observe comment les photographies leur permettent de se repĆ©rer dans le passĆ©, le prĆ©sent et le futur. La photographie se rĆ©vĆØle alors comme actrice de la commĆ©moration mais aussi de l’oubli. Ensuite, je me penche sur le contexte dans lequel le don H. vient s’inscrire au MEN. J’éclaire les enjeux du musĆ©e Ć  travers Ā« la lorgnette Ā» des photographies du don H.. En rencontrant diffĆ©rentes personnes au musĆ©e (et des diffĆ©rentes gĆ©nĆ©rations du musĆ©e), je note qu’une prioritĆ© de la nouvelle Ć©quipe est de mettre de l’ordre dans les rĆ©serves (archives et collections), ce qui comprend une part de tri. La nouvelle direction en place, le MEN inaugure une nouvelle ĆØre et avec elle un nouveau regard sur le passĆ© de l’institution et sur son rapport aux collections. Quant Ć  la photographie, dans cette entreprise de rangement et de retour sur le passĆ©, elle se rĆ©vĆØle comme une provocation pour le musĆ©e car elle le confronte Ć  l’action du temps, Ć  la disparition, Ć  l’ambiguĆÆtĆ© et Ć  l’oubli. Entre l’invisible et le visible, la photographie. Enfin, je me demande pourquoi le don H. est arrivĆ© au MEN Ć  ce moment prĆ©cis. Je m’interroge sur les motivations du donateur et le statut de ses photos, et il apparaĆ®t que le don est en quelque sorte le symptĆ“me de ce changement de conservateur et d’équipe. SymptĆ“me du dĆ©part de l’ancien conservateur mais Ć©galement d’un travail de deuil de H.. Celui-ci dĆ©lĆØgue sa mĆ©moire au MEN, qui Ć  son tour dĆ©lĆØgue la mĆ©moire de son histoire Ć  ses photographies. Entre le souvenir et l’oubli, la photographie.

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Travail de mƩmoire, travail de l'oubli: le monument contre le fascisme de Harbourg

2007, Perrin, Julie, Debary, Octave

A travers l’exemple donnĆ© d’un des contre-monuments de Jochen Gerz, le Mahnmal gegen Faschismus, rĆ©alisĆ© conjointement avec sa femme Esther Shalev-Gerz, le prĆ©sent travail porte sur la maniĆØre dont l’artiste allemand s’est intĆ©ressĆ© au rapport entre souvenir et oubli dans la mĆ©moire de la Shoah. SituĆ© entre la mĆ©moire et le souvenir, l’oubli structure la premiĆØre et produit le deuxiĆØme. Au lieu de nier cette dĆ©pendance de la mĆ©moire Ć  l’oubli, Jochen Gerz est venu la questionner et l’utiliser. Dans leur monument contre le fascisme localisĆ© dans la banlieue de Harbourg, le couple d’artistes a ainsi crƩƩ une colonne de 12 mĆØtres sur laquelle les habitants de Harbourg Ć©taient invitĆ©s Ć  graver leurs noms. Plus les gens signaient la colonne, plus vite elle disparaissait lors d’une cĆ©rĆ©monie organisĆ©e par la mairie, grĆ¢ce Ć  un dispositif d’enterrement. Ainsi, la colonne s’est petit Ć  petit enfoncĆ©e sous le Ā« poids Ā» des signatures pour faire place Ć  un espace vide. En mettant les habitants en prĆ©sence de l’objet disparu, le monument a cherchĆ© Ć  leur faire rĆ©aliser que Ā« rien ne pouvait se dresser Ć  [leur] place contre l’injustice Ā». En me rĆ©fĆ©rant Ć  mes expĆ©riences de terrain Ć  Washington, Paris et Hambourg, je vais montrer comment les contre-monuments ont Ć©tĆ© une Ć©tape importante en Allemagne pour accomplir le travail de mĆ©moire d’un passĆ© douloureux. En prenant le contre-pied d’une transmission silencieuse et commĆ©morative de la Shoah qui ne fait que rĆ©pĆ©ter que l’évĆ©nement tragique a eu lieu, les contre-monuments ont permis de joindre l’histoire des exĆ©cuteurs et des complices Ć  celle des victimes, grĆ¢ce Ć  un jeu subtil de prĆ©sence et d’absence, et d’entamer un travail de mĆ©moire et de deuil. De par sa radicalitĆ©, la mĆ©moire de la Shoah, est devenue un outil heuristique pour penser les rapports d’une sociĆ©tĆ© Ć  son passĆ© et est devenue une rĆ©fĆ©rence dans le domaine. Parmi les multiples limites que cette Ć©tude rencontre, la principale semble ĆŖtre celle de n’avoir pris en considĆ©ration que l’un des deux artistes qui ont conjointement rĆ©alisĆ© le Monument contre le Fascisme. Le point de vue, le parcours particulier et le rapport d’Esther Shalev-Gerz Ć  la mĆ©moire de la Shoah sont les grands absents de cette Ć©tude.