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    Living the prison: An ethnographic study of indefinite incarceration in Switzerland
    (2020) ; ;
    Hostettler, Ueli
    Dans la première moitié du XXe siècle, la réhabilitation était le principal paradigme de la politique criminelle en Suisse, à l'instar de la plupart des pays dits occidentaux. Cependant, l'évolution des exigences en matière de sécurité et la pression exercée par l'opinion publique au cours des dernières décennies ont contribué à faire développer une approche plus punitive. Ce « tournant punitif » de la politique criminelle va de pair avec une augmentation des investissements dans la sécurité, la répression et le contrôle. En conséquence, la Suisse compte aujourd'hui davantage de personnes qui purgent des peines plus longues ou qui sont condamnées à une mesure thérapeutique de « traitement des troubles mentaux » (art. 59 du code pénal suisse [CP]) pour une durée indéterminée. En outre, actuellement les personnes condamnées à l' « internement » (art. 64 CP) ne sont quasi plus libérées. Bien que le nombre de détenus de longue durée augmente, ce que nous savons actuellement de l'emprisonnement à durée indéterminée et du vécu des personnes concernées provient principalement d'expert·e·s juridiques ou d'une couverture médiatique indifférenciée. Ces sources incluent rarement le point de vue des détenus ou du personnel pénitentiaire. Dans les sciences sociales depuis les années 1980 les recherches ethnographiques ont diminué dans la plupart des pays dits occidentaux. Malgré un récent renouveau de l'ethnographie carcérale, les études contemporaines sur les prisons sont fondées sur des méthodes quantitatives, utilisant souvent des sources et des données officielles. Basée sur des données ethnographiques générées dans le cadre d'une enquête de terrain de longue durée dans deux établissements pénitentiaires fermées concentrant des hommes détenus, cette thèse donne un aperçu inédit de la vie quotidienne des prisonniers incarcérés pour une durée indéterminée (probablement à vie) car étiquetés comme « dangereux » et catégorisés comme présentant un « risque indu » pour la société. Combinant une approche phénoménologique et pragmatique, cette thèse explore les perceptions subjectives des détenus des différents contextes quotidiens de la prison (dans la cellule, au travail, pendent les loisirs). Elle rend aussi compte de leurs multiples techniques de « faire avec » l'espace et le temps et met ainsi en lumière leur divers manière d'habiter la prison. Fournissant des connaissances sur la politique pénale actuelle ainsi que sur les règles institutionnelles, normes et pratiques des autorités et du personnel de la prison, elle prend également en considération le fonctionnement du système carcéral., During the first half of the 20th century, rehabilitation served as the main paradigm for criminal policy in Switzerland, as in most so-called Western countries. However, changing demands for security and public pressure over the past decades have led to a shift towards a more punitive and hard-line approach to crime. This ‘punitive turn’ in criminal policy has produced more investment in security, repression, and control. As a consequence, in Switzerland there are now more people serving longer sentences or sentenced to in-patient therapeutic ‘treatment of mental disorders’ (Art. 59 Swiss Criminal Code [SCC]) for an undetermined duration. Those sentenced to ‘indefinite incarceration’ (Art. 64 SCC) are rarely released. Although the number of long- term inmates is increasing, what we currently know about indefinite imprisonment – what it is and what it does – mainly derives from legal experts or undifferentiated media coverage, and rarely includes the point of view of prisoners or staff. In the social sciences since the 1980s, ethnographic research that is able to reveal the individual experiences of imprisonment has declined in most so-called Western countries. Despite a recent revival of prison ethnography, contemporary prison studies mainly have a quantitative focus, often using official sources and data. Based on ethnographic data generated in two secure prisons housing male offenders, this thesis provides insights into the overlooked everyday lives of long-term prisoners in Switzerland, who are labelled as ‘dangerous’ and categorized as posing an ‘undue risk’ to society and therefore held in (probably) lifelong detention. Through a phenomenological and pragmatist approach, it explores prisoners’ subjective, emplaced, and embodied perceptions of the prison’s various everyday contexts (in the cell, at work, during leisure time), and the forms of agency they express through their multiple methods of dealing with space and time, thereby uncovering prisoners’ manifold ways of inhabiting the prison. It also takes into consideration the functioning of the institution by providing knowledge of current penal policies, institutional rules, and norms and practices developed and followed by prison authorities and staff.