ROLAND KAEHR'^ O I ^ m E D'ETHNOGRAI i LE MÛRIER ET L'ÉPÉE A la mémoire de mon père ROLAND KAEHR LE MURIER ET L'EPEE LE CABINET DE CHARLES DANIEL DE MEURON ET L'ORIGINE DU MUSÉE D'ETHNOGRAPHIE À NEUCHÂTEL THÈSE présentée à la Faculté des lettres et sciences humaines de l'Université de Neuchâtel pour obtenir le grade de docteur es lettres et sciences humaines MUSÉE D'ETHNOGRAPHIE, NEUCHÂTEL, SUISSE 2000 La Faculté des lettres et sciences humaines de l'Université de Neuchâtel, sur les rapports de MM. Pierre Centuvres, professeur à l'Université de Neuchâtel, Philippe HENRY, professeur à l'Université de Neuchâtel, Manuel Laranjeira RODRIGUES de Areia, professeur à l'Université de Coimbra et Louis NECKER, chargé de cours à l'Université de Genève, autorise l'impression de la thèse présentée par M. Roland Kaehr, en laissant à l'auteur la responsabilité des opinions énoncées. Neuchâtel, le 26 mai 2000. Le doyen: Daniel Schulthess Dans la série «Collections du Musée d'ethnographie, Neuchâtel»: N0 1 Marceline de MONTMOLLIN Collection du Bhoutan - catalogue (épuisé) N0 2 Manuel Laranjeira RODRIGUES DE AREIA, Roland KAEHR Collections d'Angola: les signes du pouvoir. Préface de Marie-Louise BASTIN. Etude des bois de Roger DECHAMPS N0 3 François BOREL Collections d'instruments de musique: les sanza N0 4 Yvon CSONKA Collections arctiques. Préface de Jean MALAURIE N° 5 Roland KAEHR Le mûrier et l'épée: le Cabinet de Clxarles Daniel de Meuron et l'origine du Musée d'ethnographie à Neuchâtel N° 6 Jean-Claude MULLER Collections du Nigeria: le quotidien des Rukuba N° 7 Manuel Laranjeira RODRIGUES DE AREIA et Roland KAEHR Collections d'Angola: les masques (en préparation) Directeur de la publication: Jacques Hainard © 2000 Musée d'ethnographie, Neuchâtel (Suisse) 4, rue Saint-Nicolas, CH-2000 Neuchâtel Edition, maquette et mise en pages: Roland Kaehr Photographies: Alain Germond Couverture: Les Sauvages de la Mer Pacifique [ou Les Voyages du Capitaine Cook]. Papier peint de Joseph Dufour et Cie 1804-05, sur un dessin de Jean-Gabriel Charvet; 20 lés d'environ 250 x 54 cm (détail des lés VHI et DC). Cliché: Pascal Toumier, gracieusement fourni par le Musée des Ursulines, Mâcon ISBN 2-88078-025-X ISSN 1420-0430 DU GÉNÉRAL AUX PARTICULIERS .L/E 6 juin 1795, Charles Daniel de Meuron (1738-1806) \ colonel propriétaire et commandant du régiment suisse neuchâtelois de son nom, faisait don à la Commune bourgeoise de Neuchâtel du Cabinet d'histoire naturelle qu'il avail installé à Saint- Sulpice dans le Val-de-Travers. Celui-ci sera ainsi à l'origine de tous les musées existants de la Ville, fors celui des beaux-arts, de création plus récente. Il n'empêche que son souvenir a été occulté pendant toute une génération, ce qui a suffi à ce que bien des traces s'effacent et des liens se perdent entre les objets et leur fournisseur. Certes, en 1890, deux carnets d'inventaire estimatif pour l'assu- rance contre l'incendie (N) font resurgir le nom de Meuron, certes le transfert au début du siècle des collections ethnographiques dans la villa Pury sur la colline de Saint-Nicolas permet de maintenir cette identité retrouvée (L), certes l'établisse- ment dans les années vingt à trente des registres d'inventaire (O) par Théodore Delachaux (1879-1949) assure officiellement cette reconnaissance mais l'importance de ce patrimoine reste ignorée. 11 faut attendre une quarantaine d'années pour qu'à l'instigation de Jean Gabus, directeur du Musée d'ethnographie, Guy de Meuron et Pierre Ceritlivres - assistant alors en instance de départ pour l'Afghanistan - y consacrent une brève étude (1965), travail précurseur criblé de nombreux points d'interrogation. Elle constituera pourtant la référence obligée pour une exposition commémorative, 175ans d'ethno- graphie à Neuchâtel, en 1967 - l'anniversaire était approximatif ! - et servira encore lors de la réalisation d'une salle permanente au MEN inaugurée onze ans plus tard. Dans l'intervalle, en relation avec le travail d'inventaire du fonds du MEN entrepris en vue de la publication de la Société suisse d'ethnologie, Collections ethnographiques en Suisse I (1979), nous nous étions lancé dans l'aventure de la Pour éviter les longueurs de trop nombreuses répétitions, les abréviations suivantes ont été adoptées: CDM pour Charles Daniel de Meuron - en nous inspirant du «superbe Cachet monté en or avec le Chiffre C.D.M.» que livre le 24 février 1798 Jean Perrin de Londres (P - dos.55.I) ou de l'achat le 26 avril 1801 de «3 Marques d'Acier trempé faisant CDM» à Josep Girod (P - dos.28.I), initiales qu'emploie aussi Théodore Abram de Meuron, par exemple le 12 mars 1797 (P - dos.53.II) -, BPUN pour Bibliothèque publique et universitaire, Neuchâtel (anciennement Bibliothèque de la Ville), MEN pour Musée d'ethnographie, Neuchâtel, MHN pour Muséum d'histoire naturelle, Neuchâtel, MAH pour Musée d'an et d'histoire, Neuchâtel, AEN pour Archives de l'Etat, Neuchâtel (cantonales), AVN pour Archives anciennes de la Ville de Neuchâlet. Afin de simplifier les références des citations, en général datées, les diverses sources manuscrites n'ont été identifiées que par des lettres (A à V), normalement complétées par une cote et éventuellement par l'indication d'une page, si indispensable. 8 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE redécouverte en commençant par une «chasse aux trésors» et avions eu la bonne fortune de lever quelques spécimens bien visibles mais ignorés de tout le monde, ce qui avait stimulé notre quête. Au delà de la récupération matérielle des objets, menée au début de manière empirique et «olfactive», nous avons conduit plusieurs recherches, visant d'abord à dater le document de base partiel miraculeusement préservé et mystérieusement réapparu en 1967, l'inventaire du XVIIIe siècle, ce qui nous a entraîné dans la longue analyse de la bibliothèque de CDM, assortie de plusieurs voyages d'étude. Pour identifier d'autres spécimens originels, au moins virtuellement, nous avons ensuite consacré beaucoup d'efforts à dépouiller les sources manuscrites qui nous étaient accessibles. Nous avons tenté de repérer les artefacts2, de connaître leurs sources et les circuits qui les avaient conduits au Cabinet de CDM, découvrant au passage les moyens que celui-ci avait mis en œuvre afin d'assouvir sa passion. L'impossibilité d'assurer autrement l'authenticité de certaines des pièces les plus passionnantes, c'est-à-dire celles attribuées, non sans légèreté, à Cook, nous a entraîné dans une abondante correspondance et obligé à des déplacements de Londres à Leningrad, aux fins de comparaison. Enfin nous nous sommes préoccupé de situer cette collection locale dans un contexte à la fois historique et géographique plus vaste et nous nous sommes par conséquent interrogé sur Ie retentissement des Lumières à Neuchâtel. Bien que.son propos soit différent, l'ouvrage de Guy de Meuron (1982), paru dans l'intervalle3, nous a aidé à baliser notre itinéraire. Nous y renvoyons impli- citement pour la biographie de CDM et l'histoire du régiment Meuron, de même qu'à celui plus récemment édité qu'il a consacré à la famille Meuron (1991). Nous avons privilégié les documents nouveaux, apportant parfois des corrections. Depuis la parution en 1964 du premier article sur «Le Cabinet d'histoire naturelle du Général Charles-Daniel de Meuron» dans le Musée neuchâtelois (MEURON et Centlivres 1964: 96-112), repris avec quelques changements et adjonctions dans la plaquette de 1965, qui sera dès lors citée abondamment et pra- tiquement sans remise à jour, de nombreux éléments nouveaux nous ont incité à la présente réactualisation. Toutes les questions ne sont certes pas encore résolues - et sans doute certains mystères resteront-ils à jamais impénétrables - mais il est plus que temps de publier les découvertes et d'éliminer au moins certaines erreurs, tenaces à force d'être imprimées et répétées. La première découverte a été celle d'une copie de l'Acte de donation commu- niquée au MEN par le Dr Gilbert DuPasquier en 1967 (GaBUS 1967: I: 19), l'ori- ginal existant aux Archives anciennes de la Ville de Neuchâtel (M). S'il précise la date officielle de la donation, le 6 juin 1795, il ne livre aucun élément d'information ni sur les mobiles de CDM, ni sur le contenu du Cabinet dont le I*e Nouveau Petit Robert indique: «On écrirait mieux artefact» (1994: 129). Lui-même emprunte à ses devanciers, en reprenant l'essentiel de la biographie tracée par Armand Du Pasquier (1923}, malheureusement dépourvue de toute référence et limitée à de très brèves citations de la correspondance de CDM, dans une graphie partiellement corrigée. Il ne consacre au Cabinet que l'Annexe IV, p. 291-5, qui ne rectifie pas l'étude antérieure (Meuron et Centlivres 1965). DU GÉNÉRAL AUX PARTICULIERS 9 dépositaire sera la Bibliothèque publique de la* Ville/de Neuchâtel fondée sept ans plus tôt. Il est même contre-informatif sur quelques points. La deuxième, autrement importante, mais jusqu'à présent insuffisamment exploitée, est celle du Tome II de l'Inventaire du Cabinet (M), retrouvé en 1967 dans les combles du MEN (Schoepf 1968: 116), lors de la préparation de l'expo- sition 175 ans d'ethnographie à Neuchâtel et dont personne ne sait comment il y avait abouti. D'après le procès-verbal du 26 octobre 1798 (B), le temps que passe le Bibliothécaire, à s'occuper des collections pouvait laisser supposer que l'enre- gistrement avait été effectué entre 1796/97 et 1798. Or il ressort de l'analyse qu'il s'agit d'un inventaire avant donation et non après, sîtuable entre 1789 et 1794/1795. Plus précisément, en se fondant sur l'étude des ouvrages de la biblio- thèque de CDM qui y sont également recensés4, il peut être daté d'entre 1790/1791 et le début de 1792. Il n'a donc aucun lien direct avec le geste de CDM et un travail analogue ne semble pas avoir été entrepris à là réception à Neuchâtel. La troisième, grâce à ce registre et aux recherches qu'il a permises, est celle d'objets «ethnographiques» inédits ayant fait partie du premier fonds5 ou des dons non détaillés dus à CDM entre 1795 et 1802. En l'absence du Tome I, il nous a fallu exploiter une liste (L) dressée par Louis Coulon (1804-1894)6 et datée du «16 may 1834». Les autres apports postérieurs à la donation écartés - à la suite du dépouillement de toutes les mentions d'entrées -, des pièces insoupçonnées du Cabinet sont ainsi apparues, donnant une image plus précise de l'ensemble dont elles faisaient partie, à côté des objets d'histoire naturelle, délibérément laissés ici de côté, seuls les «artificialia» étant pris en considération, c'est-à-dire les objets manufacturés ou artefacts, produits de l'ingéniosité humaine. Concrètement, la récupération matérielle des objets a consisté à reconnaître les éléments d'un puzzle au dessin partiellement inconnu que deux cents ans d'histoire ont forcément rendu incomplet. Trahis souvent par une désignation vague et insuffi- sante, cachés parfois sous une attribution erronée, ils se trouvent mélangés à un ensemble considérablement plus vaste. Le Cabinet n'est nullement demeuré inalié- nable: du mobilier en sera distrait dès le début, du matériel aussi par la suite, égaré ou détérioré, voire vendu. Des perturbations se sont en outre produites au cours des différents déménagements et des partages, des signes d'identification ont disparu et l'oubli a effacé momentanément7 jusqu'au souvenir du fondateur! De surcroît, même cernés, certains objets ne peuvent être distingués de spécimens anonymes ana- logues entrés postérieurement. Voir le chapitre VC. Il est inexact que «La plupart de ces objets ont encore leurs anciennes étiquettes et la date 1790» et la note 1 prête à confusion qui dit que «L'inventaire original du Cabinet d'Histoire Naturelle du XVITP siècle, dont nous ne possédons que le tome H, apparemment le plus complet, est consacré aux règnes végétal, animal, à la bibliothèque et â "divers objets" (d'ethnographie) au nombre de 44. Nous en retrouvons 43 dans nos collections.» (Gabus 1967: I: 24). Louis Coulon fut directeur des musées de 1829 à sa mort. Si le châtelain Louis de Meuron ([1829]), dans le Messager boiteux pour 1830 cite dûment son parent, officiellement le nom de CDM ne resurgit que dans le Règlement du 9 avril 1838 (J). 10 LE MÛRIER ET L'ÊPÉE A défaut de parvenir à reconstituer dans son intégralité - fût-ce théoriquement - le contenu «ethnographique» du Cabinet soumis à tant de vicissitudes, les pièces retrouvées et divers recoupements nous autorisent néanmoins à avancer un ordre de grandeur plus conforme à la réalité, leur nombre total ayant avoisiné deux centaines, en englobant le don de CDM du 7 novembre 1800, sur lesquels les trois quarts ont été retrouvés. Il s'agit d'une première approche, provisoire et révisable. Par ailleurs, sa bibliothèque s'est révélée notablement plus étendue que le seul Inventaire ne donnait à le penser8. Concernant l'institution publique, les archives officielles, dont certaines procèdent les unes des autres sans qu'il soit toujours possible de remonter jusqu'à la source, sont dispersées et même éclatées, souvent difficiles d'accès et fragmen- taires. Faute de témoignages contemporains suffisants, les investigations ont dû s'étendre bien au delà de la période de formation jusqu'au moment où cette insti- tution devient «Musée», terme qui n'apparaît - inopinément - que le 3 février 1837 (B)1 nous arrêtant aux années de sa réouverture au Collège latin marquée par la visite royale de 18429. Les écrits privés tels que lettres et comptes, eux aussi dissé- minés en divers fonds d'archives et même à l'intérieur de ceux-ci, sont pléthoriques et redondants, mais non moins frustrants en ce qu'ils présentent des lacunes et offrent des données imprécises, ambiguës ou non décryptables10. Tous les manuscrits accessibles ont néanmoins été consultés et de patients dépouillements entrepris, que la collaboration et la complaisance des détenteurs des documents ont grandement facilités. Jamais exploités jusqu'ici dans cette perspective, ils cachent probablement encore des découvertes à faire, mais Ia chance nous a permis de dénicher des informations dans des dossiers qui ne laissaient pas suspecter leur présence. Nous avons constitué un corpus de quelque 700 références de dimen- sions très variables, ordonnées chronologiquement et transcrites aussi fidèlement que possible11, dont seuls quelques fragments sont ici exploités. Si notre étude se limite essentiellement à l'aspect particulier des artefacts d'un ensemble restreint, l'exemple neuchâtelois du «Cabinet d'histoire naturelle du Général de Meuron» dessine en filigrane l'évolution des musées à l'époque. Les textes exhumés, au delà d'une aventure particulière, d'une «histoire au ràs du sol», Outre les livres disséminés dans la famille ou passés dans le commerce, comme une trouvaille l'a révélé (voir le chapitre VII), des dépouillements de correspondance pourraient encore rallonger la liste. En fait, Louis de Meuron, parlant du Cabinet dans la chronique citée ([1829I), l'appelle déjà «Musée» à l'occasion. Aux duplicata et même triplicata - sinon plus - de sécurité s'ajoutent les copies et recopies, parfois les brouillons, difficiles de lecture; les dépenses foisonnent dans des centaines de pieces comptables qui s'enchevêtrent, se doublent, se compliquent de nombreux avis de banques et de l'interpénétration des divers comptes, tandis que toute écriture manque entièrement pour certaines périodes. Sauf pour le S à l'intérieur des mots, nous avons respecté au plus près la graphie, signalé les passages susdits par des // et par des { } les mots en «réclame», sans toutefois céder au calque (il eût alors fallu tenir compte des fins de lignes qui peuvent être significatives), et nous avons introduit quelques apostrophes qui n'existaient pas ou séparé des mots collés lorsque la lecture en était contrariée, mais tous les rétablissements sont mis entre crochets [ ]. DU GÉNÉRAL AUX PARTICUUERS 11 éclairent l'esprit dans lequel les collections étaient faites à la fin du XVIIIe siècle en province. Enfin, dans une perspective ethnohistoriqué, cette recherche répondant à un vœu déjà ancien (BUCK 1949: 34; 39-40) peut apporter quelques éléments à la connaissance de la culture matérielle des populations du Pacifique12. Le titre donné à l'ouvrage. Le mûrier et l'épée mérite un bref commentaire, alors que le sous-titre est explicite. Il ne doit rien à Ovide et à l'histoire tragique de Pyrame et Thisbé, les amants désespérés de Babylone. Il est inspiré des armes par- lantes que s'était choisies CDM (après que la branche de sa famille avait été anoblie en 1763 par le roi de Prusse Frédéric II) parce qu'emblématique des deux activités qui ont rempli sa vie de militaire et d'amateur d'histoire naturelle, le représentant symboliquement dans ses passions. De plus, le mûrier (Moracées) est une des matières premières des «tapas» dont un échantillonnage hawaiien figure dans ses collections et recèle peut-être la clé de leur origine liée au troisième voyage de James Cook. L'ouvrage se divise en deux parties étroitement liées: les recherches sur le Cabinet pour Ie situer dans son contexte et présenter son histoire; un catalogue de tous les objets dus à CDM qui ont été retrouvés, suivi d'un catalogue des livres de sa bibliothèque telle qu'elle a pu être partiellement reconstituée. Elles sont complé- tées par la liste des sources manuscrites et une bibliographie. Dans la première partie, les différents chapitres s'articulent autour d'une thématique plus que d'une stricte chronologie; les éléments qui s'appellent sont rapprochés selon leurs affinités, avant que ne reprenne Ie cours normal du temps. Sous l'égide des armes parlantes qu'il avait adptées, LE MÛRIER ET L'ÉPÉE offre un résumé permettant de faire rapidement la connaissance de CDM, de son parcours de vie et de son inscription dans l'histoire. Le chapitre suivant, LA RAISON SUFFISANTE, LES EFFETS ET LES CAUSES, partant de la passion de collectionner depuis que l'homme est homme, relève les formes qu'elle prend au XVIIIe siècle et ce qui en résulte dans le pays de Neuchâtel. Intitulé LES PARCOURS DE LA CURIOSITÉ, le troisième chapitre passe au crible quelques descriptions de voyage qui commencent à se multiplier dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, conduisant de choses remarquables en constructions dignes d'intérêt et, souvent, de cabinet en cabinet, parmi lesquels est cité une fois celui de Saint-Sulpice. Le quatrième chapitre, DES OBJETS ET DES HOMMES, tisse les rapports qu'entretiennent les objets de collection, le collectionneur et ses fournisseurs, de «Le premier corpus d'objets polynésiens susceptible d'être identifié aujourd'hui est constitué par les quelque 2 000 pièces réunies durant les trois voyages du capitaine James Cook, c'est-à-dire de 1768 à 1780» (Kaeppler, Kaufmann et Newton 1993: 23), sans préjudice d'autres découvertes possibles (Kaeppler 1978a: xiv). Voir aussi le commentaire plus récent d'Adrienne Kaeppler (Hauser- Schàublin et Krüger 1998: 92-3). \ 12 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE même que les éventuels bénéficiaires de cadeaux. Les archives ont livré la trace de certains objets mais non de données ethnographiques. Le cinquième, LE CABINET À SAINT-SULPICE, retrouve notre officier qui, rentré au pays, meuble de rares loisirs à réaménager son Cabinet avec ses envois parvenus d'Afrique du Sud, tout en continuant à le compléter de toutes les façons possibles, et cite de nouveaux visiteurs. Dans le sixième, L'INVENTAIRE MIRACULÉ ET L'INVENTAIRE FAN- TÔME, est entreprise une étude attentive d'un vieux registre oublié et préservé par pure méconnaissance, et faite une tentative de reconstituer le volume manquant à partir de ce que l'on sait du Cabinet. C'est l'occasion de profiter de rétablir quelques erreurs d'attribution postérieures. Le septième, EX LIBRIS, est consacré, lui, à l'examen de la dernière partie de l'Inventaire qui comprend une liste de livres ayant appartenu à la bibliothèque de CDM, ce qui permet d'établir une date clé pour situer certains objets. Le huitième, DU CABINET AU MUSÉE, part de la donation à la communauté et analyse son assimilation. Le cadeau que reçoit la jeune Bibliothèque publique, qui vient de s'ouvrir aux lecteurs, ne va en effet pas sans poser des problèmes. Suivant UNE MALLE AUX INDES, le neuvième chapitre découvre le collec- tionneur toujours aussi entiché de son cabinet qui s'inquiète d'«l pot ou est Loiseau ibis», héros d'une véritable odyssée. Le dixième, COLLECTION PASSION, montre CDM, de retour à Neuchâtel, continuer à collecter et à s'intéresser surtout à l'histoire naturelle, tout en déve- loppant son réseau de relations, mais finir par se muer en jardinier amateur. Le onzième, L'OUVERTURE AU PUBLIC, se préoccupe du retentissement de Ia nouvelle institution au sein de la population et des échos imprimés. A propos de la création de ce musée, le dernier chapitre, LES LUMIÈRES SUR LA VILLE, s'interroge en conclusion sur le retentissement des «Lumières» dans une petite cité de province. Dans Ia seconde partie, un seul chapitre, LES «CURIOSITÉS ARTI- FICIELLES», s'efforce, en mettant à profit toutes les ressources archivistiques et tous les témoignages, de reconstituer, par déduction, le contenu du Cabinet de CDM en ce qui concerne les objets manufacturés. II est suivi du CATALOGUE DES OBJETS et du CATALOGUE DES LIVRES proprement dits. DU GÉNÉRAL AUX PARTICULIERS 13 Remerciements J. L nous est un agréable devoir de remercier ceux qui, dans le cadre de diverses institutions, nous ont aidé dans notre travail, en commençant par Neuchâtel. Avix Archives cantonales: MM. René Anker. Jean-Marc Barrelet. Jean Courvoisier et Maurice de Tribolet; à la Bibliothèque publique et universitaire: MM. René Marti, Jacques Rychner, Michel Schlup et M™ Maryse Schmidt-Surdez; à la Bibliothèque des Pasteurs: M. René Péter-Contesse; à la Faculté des lettres et sciences humaines de l'Université: MM. Pierre Centlivres et Philippe Henry; à l'Institut de botanique de l'Université: MM. Michel Aragno et Martin Krähenbühl; à l'Institut de géologie de l'Uni- versité: MM. Yves Persoz et Jean-Paul Schär; au Musée d'art et d'histoire: M. Jean-Pierre Jelmini, M™ Caroline Junier Clerc et Denise de Rougemont; au Musée d'ethnographie: MM. François Borei, Jean Gabus t et Jacques Hainard; à l'Institut d'ethnologie: M™ Raymonde Wicky et M. Philippe Vaucher; au Muséum d'histoire naturelle: MM. Christophe Dufour et Jean-Paul Haenni; au Séminaire de français moderne de l'Université: M. André Bandclier. Nous avons aussi une particulière dette de reconnaissance envers les collègues et spécialistes plus éloignés à la compétence desquels nous avons eu recours. Au Museum der Kulturen, Bale: MM. Christian Kaufmann et Urs Ramseyer; au Museum für Naturkunde der Humboldt-Universität, Historische Bild- u. Schriftgutsammlungen, Berlin: W Hannelore Landsberg; au Museum für Völkerkunde, Berlin-Dahlem: M. Markus Schindlbeck; au Bemisches Histo- risches Museum, Berne: M™ Heidi Hofstetter, MM. Ernst Johannes Kläy et Thomas Psota; à la Biblio- thèque nationale, Berne: M. Régis de Courten; au Herzog Anton Ulrich-Museum, Braunschweig: M. Rudolf-Alexander Schütte; au Städtisches Museum, Braunschweig: M™ Evelin Haase; aux Archives cantonales vaudoises, Chavannes-près-Renens: MM. Christian Gìlliéron et Pierre-Yves Favez; au Miiseu Antropològico da Universidade, Coimbra: M. Manuel Laranjeira Rodrigues de Areia; au Staatliches Museum für Mineralogie und Geologie, Dresde: M. Gerhard Mathé; aux National Galleries of Scotland, Edimbourg: M"1" Anne Buddie; au University Alaska Museum, Fairbanks: M™ Molly Lee; à la Johann Wolfgang Goethe-Universität, Francfort: M. Christian F. Feest; à la Bergakademie, Freiberg: MM. Arndt Lehmann et Peter Schmidt; au Musée d'ethnographie, Genève: MM. Louis Necker et Daniel Schocpf; au Muséum d'Histoire naturelle, Genève: MM- Yves Firmet, Pascal Moeschler et M™ Claude Olive; à l'Institut und Sammlung für Völkerkunde der Georg-August-Universität, GÖttingen: M. Gundolf Krüger, M™ Anke Meiner, MM. Erhard Schlesier et Dietrich Wolff; aux Franckesche Stiftungen, Halle an der Saale: M. Thomas Müller-Bahlke; au Völkerkundemuseum, Hermhut: M. Stephan Augustin; au Musée cantonal d'Archéologie et d'Histoire, Lausanne: M. Gilbert Kaenel; au Museum für Völkerkunde, Leipzig: MM. Peter Göbel et Lothar Stein; au Museum of Mankind, Londres: M"™ Anne Alexander, Jill Hasell, Dorota Czarkowska Starzecka et M. Philip Taylor; au Musée des Ursulines, Macon: M™ Marie Lapalus; au Museo de America, Madrid: M™ Araceli Sanchez Garrido; au Centre de Sciences humaines, New Delhi: M. Jean-Marie Lafont; à la Sainsbury Research Unit for the Arts of Africa, Oceania & the Americas, Norwich: M. Steven Hooper; au Deutsches Leder- und Schuhmuseum, Offenbach am Main: M™ Renate Wente-Lukas; à l'ORSTOM, Orleans: M. Pierre Grenand; à la Carleton 14 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE University, Ottawa: M™ Ruth Phillips; au Musée canadien des civilisations, Hull: M™ Judith L Hall; à l'University Museum, Oxford: M™ Stella M. Brecknell; à la Bibliothèque nationale, Paris: M™ Catherine AHix et M. "Francis Peyraube; au Musée des Arts Africains et Océaniens, Paris: M'™ Sylviane Jacquemin t; au Musée Dapper, Paris: M™ Christiane Falgayrettes Lcveau et M. Michel Leveau; au Musée de l'Homme, Paris: M™ Marie-Claire Bataille Benguigui; au Muséum National d'Histoire Naturelle. Paris: MM. Claude Dupuîs et Franz Jullien, M™ Françoise Serre; à l'ORSTOM, Paris: M™ Anne Lavondès; à la Maison des Sciences de l'homme, Paris: M. Gérard Collomb; au University of Pennsylvania Museum of Archaeology and Anthropology, Philadelphia: M™ Adria H. Katz; au Musée de Cliarlevoix, Pointe-au-Pic: M™ Nicole Desjardins; au Musée des Suisses de l'étranger, Pregny/Genève: M. Jean-René Bory; au Musée du Papier Peint, Rixheim: M. Berbard Jaque; à l'Institut d'anthropologie et d'ethnologie, Saint-Pétersbourg: M™3 Nina Klimova et Elena S. Soboleva; aux Fine Arts Museums, M.H. de Young Memorial Museum, San Francisco: M™ Mary Haas; à la Bibliothèque centrale, Soleure: M. Peter Probst; au Folkens Museum Euiografiska, Stockholm: MM. Per Kâks et Björn Ranung; au Musée zoologique, Strasbourg: M™ Elisabeth Lang; à l'Université des Sciences Humaines, Strasbourg: M. Eric Navet; au Musée Royal de l'Afrique centrale, Tervuren: M. Roger Decliamps t; au Muzeum Azji i Pacyfiku, Varsovie: M. Andrzej Wawrzyniak; au Museum für Völkerkunde, Vienne: M™ Gabriele Weiss; à la Smîtlisonian Institution, Washington: M™ Adrienne L. Kaeppler; au .Staatliche Schlösser und Gärten, Wörlitz, Oranienbaum und Luisium: MM. Ingo Pfeiffer et Uwe Quilitzsch; à la Société du Musée et Vieil Yverdon, Yverdon-les-Bains: M"™ Denise Cornamusaz et France Terrier; au Musée national suisse, Zurich: M™ Chantal de Schoulepnikoff; au Museum Rietberg, Zurich: MM. Lorenz Hornberger, Albert Lutz et Hugo Weihe Notre gratitude va enfin aux particuliers dont l'apport a été précieux et à ceux, trop nombreux pour que nous les mentionnions tous, qui, d'une manière ou d'une autre, ont facilité et soutenu notre recherche. M. Denis Apothéloz, Neuchâtel; M. Jean-Gabriel Badoud, Neuchâtel; M. Ezio Bassani, Varese; M. René Berger, Québec; M™ Christine Bezzola-de Meuron, Neuchâtel; M. Henri Bonnet, La Chaux-de- Fonds; M™ Marience Bourquin-Simanjuntak, Genève; M™ Claudette Bovet, Neuchâtel; M. Romain Brot, La Tour-de-Peilz; M. Michel Burnand, Seppey-près-VulUens; M. Denis Chevallay, Punta Arenas; M. Alberto Costa Romero de Tejada, Barcelone; M. Georges de Coulon, Eclépens; M. Yvon Csonka, Neuchâtel; M. André Desvallées, Paris; M* Sylvie Doriot, Lens; M. Frédéric S. Eigeldînger, Saint- Biaise; M. Jean-Jacques Eigeldînger, Genève; M. Jean-Jacques Fïechter, Préverenges; M. Biaise Fontannaz, Lonay; M. Mustafa Gauteaub, Neuchâtel; M™ Claire Gérentet, Lyon; M™ Christiane Hausheer, Neuchâtel; M™ Beatrix Heintze, Francfort-sur-le-Main; M™ Catherine Hudclot-Bodin, Paris; M. Marcel Jacquat, La Chaux-de-Fonds; M. Jean Jamin, Paris; M. Martin Kerner, Kirchdorf; M™ Sundarapathmawathy Kunanayakam et M. Anthony Kunanayakam, Genève; M. Gabriel Ladaîquc, Villers-lès-Nancy; M. André Lagneau, Neuchâtel; M™ Félicitas Maeder, Bâle; M. Gaspar de Marval, Lausanne; M. Patrick Mauriès, Paris; M. Etienne de Meuron t, Pully; M. Guy de Meuron t, Bâle; M™ Marceline et M. Gerald de Montmollin, Auvemier; M™ Isabel Moutinho, Carlton; M™ Cecilia Oesch-Serra, Neuchâtel; M™ Catherine Orlîac, Le Raincy; M. Henry Petitjean Roget, Petit-Bourg (Guadeloupe) ; M. Edouard Pommier, Paris; M™ Fenneke Reysoo, Nimègue; M. Yann Richter, Neuchâtel; M™ Agnès Rotschi, Paris; M. Nasser Sadeghi, Worb; M. Jaques Sandoz, Neuchâtel; M. Daniel Schulthess, Neuchâtel; M. René Sigrist, Genève; M. Christian Stenersen, Gex; M. Charles-Emile Thiébaud t, Neuchâtel; M. Pierre Vacheron, Neucliâtel; M. Christian Wolfrath, Neuchâtel; M. Jean-Pierre Zellweger, Fribourg; M. Rodolphe Zellweger î, Neuchâtel; M. Zhang Zhihong, Berne. PREMIÈRE PARTIE I LE MÛRIER ET L'ÉPÉE JLj existence de CDM1 débute en même temps que la mise'au point par Jacques de Vaucanson (1709-1782) de son canard automate et s'achève à la veille de la sup- pression par l'Angleterre de la traite négrière. Dans l'intervalle, Jeanne Baré est la première femme à accomplir, inofficiellement, Ie tour du monde à bord de L'Etoile, de 1766 à 1768. Pour fortuits et arbitraires que paraissent ces repères, assurément insuffisants, ils n'en correspondent pas moins à quelques changements essentiels dans un siècle qui en compte beaucoup. Sur le plan industriel s'opèrent les débuts de la mécanisa- tion dont le contrecoup social devrait être la fin de l'exploitation humaine, sur Ie plan politique l'absolutisme s'effondre devant l'épanouissement cahotique de la liberté prônée par les Lumières. L'Encyclopédie a pu imaginer avoir fait à propos du savoir ce que Cook parachève quant à Ia reconnaissance définitive du globe terrestre2. A la quête des épices qui exacerbe le commerce et suscite de nombreux affrontements guerriers, succède la fascination du «bon sauvage». Inoculation, réverbères, pomme de terre, lithographie sont alors autant de petites révolutions techniques parmi d'autres. CDM naît le 6 mai 1738 à Saint-Sulpice dans la Principauté de Neuchâtel sous le règne du roi de Prusse Frédéric-Guillaume Ier. Il est l'aîné des trois fils de Théodore de Meuron (1707-1765), chamoiseur, marchand et capitaine de Ia milice du Val-de-Travers, et d'Elisabeth Dubois, avec laquelle celui-ci s'est marié en 1728. Ses deux autres frères sont Théodore Abram (1741-1831), marchand et capitaine de grenadiers, et Pierre Frédéric (1746-1813), futur brigadier général. Ils sont encadrés de deux sœurs, Marianne (1730-1808), future femme de Jean Pierre DuPasquier, et Charlotte Elisabeth (1748-1816), future femme de Benoît Sergeans. Destiné au commerce, CDM fera une carrière militaire, sans oublier jamais sa formation première. Après avoir été instruit par le pasteur Daniel de Meuron, il est placé en apprentissage à La Brévine puis à Liestal, enfin à Strasbourg. Il y renonce à 17 ans et demi à peine, s'enrôlant comme simple soldat en 1755 au service de France, dans le régiment suisse de Hallwyl, incorporé à la Marine. Il y est accepté comme enseigne en 1756 et nommé sous-lieutenant l'année suivante. 1 DHBS 1928: IV: 735; Jeanneret et BONHOTE 1863: II: 84-8; Kaehr 1996b; MEURON et Centltvres 1965: 29-31; mémoire de CDM briguant le grade de maréchal de camp daté de «Paris le 12.e Août 1790» (F-A.41). En fait les grands voyages amènent un débordement de découvertes, révélant l'extraordinaire complexité de la nature que les grilles mises en place peinent à absorber (Moureau 1990b: 10). 18 LE MÛRIER ET L "ÉPÉE Fin 1757, CDM s'embarque sur Le Florissant avec son détachement et participe à Ia campagne contre les Anglais aux Antilles. Lors des combats, il fait preuve de courage et est blessé trois fois, ce qui lui vaut une pension d'invalide que lui accorde Louis XV en 1760, augmentée plusieurs fois par la suite. Après la conclu- sion du Traité de Paris qui met fin à la guerre de Sept Ans (1756-1763), le régiment est réformé et CDM retrouve provisoirement ses premières activités. Poursuivant l'entreprise de son père, il s'est mis à collectionner des produits de la nature et de l'art dont certains viendront enrichir le Cabinet de Saint-Sulpice. Dans l'intervalle, CDM a épousé Anne-Marie Filhon de Morveaux (1733-1809); l'union, célébrée le 3 décembre 1762, restera sans enfants et se soldera par un divorce prononcé quarante ans plus tard. En 1763, la branche de sa famille est anoblie par le roi de Prusse Frédéric II. La variante des armes parlantes qu'il se choisira comprend un arbre3 et une arme. En 1765, CDM se fait incorporer dans le régiment des gardes suisses où il reste seize ans. Vie de garnison, parades: les règlements, tels qu'ils sont consignés dans son Livre d'Ordres (P - dos.68.II), ont une importance prépondérante. Frisé, poudré, habile courtisan, le fringant officier fréquente la société aristocratique parisienne et s'y fait remarquer; il ne doit pas ignorer les débats d'idées que suscite Y Encyclopédie ni manquer les expériences de «science amusante» auxquelles se réduit pour l'heure 1'electrica lé. II restera marqué par ces contacts et, sans prétendre au savant, gardera le souci de Ia recherche scientifique, quoique plus intéressé par ses applications pratiques. Pour un homme entreprenant tel que lui, son état aux gardes suisses est peut-être insatisfaisant, d'où sa participation, entre 1775 et 1780, à la Compagnie d'Appróua- gue qui se propose une colonisation de la Guyane. Mais le projet n'aboutit pas, comme échouera en 1793 sa tentative d'engager le roi de Prusse Frédéric- Guillaume II à fonder une colonie dans l'archipel des Bissagos. Malgré plusieurs promotions - il obtient le grade de capitaine en 1768 et celui de colonel en 1778 -, en tant que prolestant, l'ambition de CDM se trouve bloquée et les décorations se bornent à la croix du Mérite militaire reçue en 1773. Il démissionne en 1781. Les protections dont il jouit - celle particulièrement du duc de Choiseul avec l'agrément du roi Louis XVI - lui permettent alors de lever en 1781 sous l'égide de la France un régiment pour le compte de la Compagnie hollandaise des Indes orien- tales (VOC4), régiment dont il est colonel propriétaire et commandant. Il le conduit en 1783 au «Cap de Bonne-Espérance» où recommencent garnison et mondanités, non sans conflits divers ni difficultés, notamment en ce qui concerne le respect par les Hollandais de leurs engagements. Il en profite pour augmenter ses collections - qu'il développera par Ia suite grâce à des naturalistes nommés comme médecins dans ses troupes - et, de nouveau, surgit l'intérêt marchand. Outre que la possession d'un régiment pouvait être source Eii français régional, Ic meuron (piûron ou mûre) est lé fruit du marier (Thibault 1997: 509-10), nom donné abusivement à la ronce, alors que c'est bien un arbre qui figure comme signe héraldique. Vereenigde [Neederiandîsche Geotroyeerde] Oost-Indische Compagnie. / - LE MÛRIER ET l'ÉPÉE 19 d'appréciables bénéfices, le commerce de vin et d'autres denrées ou produits ne perd pas ses droits. ,-;«.'¦. * -r * Laissant le commandement du régiment à son frère Pierre Frédéric, CDM rentre en 1786 en Europe pour tenter de résoudre ses problèmes - la question du paiement des arriérés qui lui sont dus et les accusations dont il fait l'objet - avec son employeur, la Chambre de Zelande pour être précis, mais les démarches traînent, malgré les recommandations prussiennes. Après un séjour à Paris puis à Saint- Sulpice, CDM s'était en effet rendu à Berlin et avait obtenu l'appui de Frédéric- Guillaume II qui lui avait accordé au surplus le titre honorifique de chambellan en octobre 1789. D'autres déplacements ne se révèlent pas plus fructueux. Comme Ia Révolution a provoqué une dégradation de la situation, CDM cherche à se rapprocher de la puissance anglaise. En 1795, les Provinces-Unies étant envahies, le Stadhouder, Guillaume V, prince d'Orange et de Nassau, s'étant réfugié à la cour d'Angleterre et la Compagnie hollandaise ayant pratiquement cessé d'exister, CDM se résout - ce qui ne surprend personne - à mettre son régiment à Ia solde de Sa Majesté britannique, le roi George III. Il contribue ainsi à l'hégé- monie coloniale anglaise aux dépens de la France. Une capitulation provisoire est signée le 30 mars 1795 à Neuchâtel par l'intermédiaire de Hugh Cleghorn avec lequel CDM va devoir s'embarquer aussitôt. .CDM est obligé de se rendre en Inde pour avaliser le transfert de ses troupes qui avaient été transportées du Cap à Ceylan et dont certains corps avaient passé sur le continent. Il continue de céder à sa passion de collectionneur, bien qu'ayant offert son Cabinet - qu'il complétera par la suite - à la Ville de Neuchâtel. Il ne revient en Europe qu'en 1797 avec Ie grade de major général et séjourne près de deux ans à Londres. . Au terme d'un voyage à Berlin, où il est décoré en 1800 de l'Ordre de l'Aigle rouge par le roi de Prusse Frédéric-Guillaume III, CDM1 toujours propriétaire du régiment, se retire alors à Neuchâtel et est fait lieutenant général par les Anglais. Des concitoyens avaient formé le projet de lui faire acheter l'hôtel DuPeyrou mais c'est finalement la Grande Ruchette qu'il acquiert en 1800, transformera à grands frais et fera décorer à sa gloire mais sans pouvoir en jouir longtemps car il meurt de suites opératoires le A avril 1806, jour de Pâques. Durant ses presque 68 ans d'existence, le monde s'est considérablement trans- formé tandis que ses choix idéologiques ont peu varié. Tout entiché de manières de gentilhomme qu'il fût, marqué parla tradition protestante, dévoué à sa famille, CDM n'en a pas moins défendu des valeurs très bourgeoises; traditionnaliste jusqu'au bout, il s'est même montré violemment anti-rousseauiste et contre-révolutionnaire. Le régiment, qui avait gagné le sous-continent indien, se distingua à la prise de Seringapatam en 1799. En 1806, il tint garnison à Malte en Méditerrannée. Embarqué pour le Canada en 1813, il y prit part l'année suivante à la bataille de Plattsbourg et fut finalement licencié en 1816 - certains officiers et leurs hommes participèrent en 1816-1817 à l'expédition de Lord Selkirk à Ia rivière Rouge -, ayant passé 15 ans au service de la Hollande et 20 à celui de l'Angleterre, seul corps de troupes suisse à avoir servi deux puissances et sur quatre continents. II LA RAISON SUFFISANTE, LES EFFETS ET LES CAUSES ö I le Cabinet d'histoire naturelle de CDM mérite une attention particulière, puisqu'il est à l'origine de trois musées actuels de Neuchâtel, ceux d'histoire naturelle, d'ethnographie et d'histoire (sans parler des collections minéralogiques, botaniques et même archéologiques)1, il n'est pas le premier à avoir alimenté un fonds public neuchâtelois. Au début du XVIir siècle, quelques objets sont remis à la collectivité neuchâ- teloise, sans qu'il soit encore question de musée. Comme à Genève2 à la même époque, une institution toutefois en tenait lieu dans une certaine mesure: «la bibliothèque de la Compagnie des pasteurs, généralement désignée sous le nom de Vénérable classe». Destinée sans doute à l'origine à grouper des ouvrages de théologie, son cadre, par la force des circonstances, s'est élargi, et, peu à peu, elle accueille non seulement des livres profanes, mais aussi des objets d'art ou de curiosité. Lorsque quelque bourgeois veut assurer à sa ville natale la possession d'un objet de prix, c'est à elle qu'il en fait don. L'on voit ainsi la bibliothèque des pasteurs hériter à maintes reprises, dès 1712, de médailles précieuses. En 1736, M. de Merveilleux, capitaine de vaisseau, lui fait présent d'un calumet de paix artistemetit travaillé, d'un bonnet à la chinoise, d'une idole et de diverses autres raretés de bibliothèque. M. Magnet de Formont mourait en décembre 1741, lui laissant par testament un petit hercule de bronze estimé plus de cent louis d'or [2400 £L un buste de marbre, ses médailles antiques et les Commentaires historiques sur les vies des empereurs, en trois volumes in-f°. (Boy de la Tour 1922: 8). Le «Musée de peinture», ainsi appelé à ses débuts, a une origine différente et postérieure (Soguel 1985: 69-73). Dans le domaine des beaux-arts, les collections de CDM sont mal connues, mais attestées par le témoignage de François de Diesbach à l'occasion de ses visites des 9 septembre et 7 octobre 1801, ainsi que du 7 octobre 1803 (Pury 1917: 83; 230; 1918: 212) et confirmées par l'existence d'une rubrique spécifique dans l'Inventaire du Cabinet (voir le chapitre VD. Le détail des comptes et la cor- respondance de CDM révèlent de nombreux achats de gravures; il est le dédicataire notamment de «La Grosse Pierre sur le Glacier de Vorderaar» par Hentzi, situable entre 1789 et 1795, fit exécuter divers portraits et engagea un peintre aux Indes du 15 décembre 1795 au 26 avril 1796 (P - dos.30). Tout semble être resté dans la famille. Il y a lieu de préciser que le «Musée ethnographique» n'acquiert une existence réellement indépendante que grâce au legs de James-Ferdinand de Pury, dans la villa duquel il est inauguré Ie 14 juillet 1904 (KNAPP 1904). 2 Michaelis (1985: 79-82). 22 /Ji MÛRIER ET L'ÉPËE La Biographie neuchâieloise apporte des précisions sur le don de Charles Frédéric de Merveilleux (1686-1749), officier au service de France: A son retour de l'Amérique, il envoya à Ncuchâtcl pour la bibliothèque de la Classe des pasteurs, diverses curiosités qui furent trouvées assez remarquables pour être mentionnées dans le Mercure suisse. «Elles consistent, dit ce journal, en un grand calumet de paix; un bonnet de guerre de peau, orné de plumes et de houppes de poil teint en rouge, venant de la nation des Akansas, à deux cents lieues de la Nouvel le-Orléans, sur le fleuve du Mississipi ou de St-Louis; un hausse-col d'écaillés de tortue, à l'usage des Indiens, qui ont voulu imiter ceux de nos officiers d'Europe; il vient d'un chef caraïbe de la Dominique, sous le vent de la Martinique; une portion de Ia queue d'un serpent à sonnettes; une masse de cire verdâtre, tirée du fniit d'un arbre de Mississipi; une petite figure d'un animal nommé agouti, faite par des indiens du Mexique, de cette pâte d'argent que Freizer appellepignes. Ü avait aussi envoyé, il y a environ un an, le crâne entier d'une vache marine, où l'on voit les deux grosses dents, sortant de la mâchoire supérieure, qui ressemblent à l'ivoire.» (Jeanneret et BonhÔte 1863: II: 68). La citation du Mercure, infidèlement rapportée, qu'il faut dénicher à la fin d'une «Lettre sur l'ofice de Bibliotècaire» du numéro de juillet 17363, continue par: Mr. [Jean Georges] Bosset |I688-1722] de la Rackette, avoit donné un an auparavant à la même Biblioléque une Peinture Clùnoise, Sur une espéce d'étofe de Soie, colée Sur un long Rouleau de très beau Papier, où il y a plusieurs lignes de Caractères Monogrames à l'usage de cette Nation. (1736: 82-3).4 Jean Frédéric Magnet de Formont (1703/04-1741), fils du pasteur David Magnet, huguenot réfugié à Zurich, «outre une riche bibliothèque, avait réuni une belle série d'objets d'art de tout genre. Vendue à l'encan en 1742, elle produisait 45,000 livres, somme considérable pour l'époque.» (BOY DE LA TOUR 1922: 5). Le sentiment de l'obligation de rendre, contrepartie de l'affirmation par le protestantisme que l'homme est sur terre pour se livrer à des œuvres terrestres et que le succès de ses entreprises esl le signe de Ia grâce divine5 a pu susciter ces gestes généreux. Mais les abandons de biens de ces particuliers au public, pour se faire «pardonner leur aisance, étaient aussi une façon de s'assurer une relative survie à travers la pérennité d'un ensemble réuni au prix de bien des efforts, une «éternité pour leur peine» en quelque sorte. Encore s'agissait-il de dons relativement peu importants quant au nombre de pièces6. Elle est due à la plume de Louis Bourguet (1678-1742) (Godet 1942). Elle a de fortes chances d'exister toujours à la BPUN parmi les quelques rouleaux qu'elle abrite (visite du 28 mai 1997), dont ceux reçus en février 1839 «de la vénérable classe des Pasteurs»: «Trois rouleaux contenant une relation en tableaux coloriés des colonisations en chine, avec un texte Chinois» (B), ce que confirme, page 36, le Registre des dons (E) . «Que ceux qui "gagnent tout ce qu'ils peuvent et épargnent tout ce qu'ils peuvent donnent" aussi "tout ce qu'ils peuvent", afin de se fortifier dans la grâce et d'amasser un trésor au ciel» (Weber 1967: 216, citant John Wesley). Nous avons relevé tous les dons autres que ceux d'ouvrages et d'argent qui figurent dans l'épais manuscrit in-folio de la Bibliothèque des Pasteurs (N0 31769) (A), Remis par la suite au Musée, avant II - LA RAISON SUFFISANTE, LES EFFETS ET LES CAUSES 23 D'autres collections privées existèrent au XVIIIe siècle dans la région7 - et non des moindres - comme celles du pasteur, savant géologue et botaniste Elie Bertrand (1713-1797) à Yverdon8, celle du médecin et naturaliste Abraham Gagnebin (1707-1800)9 et de son frère Daniel (1709-1781) à La Ferrière, celle du maire du Locle Henri Sandoz (16977-1775)10, celle de Théodore de Meuron'1 à Saint-Sulpice ou peut-être celle de François Louis de Marval (1744-1804)12. Il semble découler de cette enumeration fort incomplète que les collectionneurs ne sont alors pas encore très nombreux et qu'ils se recrutent principalement dans une couche favorisée de la population. Des témoignages plus précis font défaut et les exemples donnés sont sujets à caution: il se pourrait que des intéressés ne ressor- tissant pas à cette élite sociale aient également rassemblé des ensembles dont la trace n'a pas été conservée, certains éléments ne surgissant que plus tard au gré des héritages et des dispersions. Quoi qu'il en soit, à l'exception du cabinet d'Elie Bertrand légué à sa mort et intégré dans l'embryon de musée visible dès 1763 à Yverdon (Kaehr 1984: 351-3), les collections connues ont disparu sans guère laisser de traces. En cette fin du XVIIIe siècle «de véritable grandeur» (SCHEURER 1993: 14) particulièrement favorable à la fondation et au développement d'institutions cultu- Ie 22 février 1839 (B) - et non en 1840 comme l'indique Alfred Godet: «La même année, la Vénérable Classe dépose au musée son médaillier, composé de 148 numéros.» (1898:152) - puis en 1860 (Aubert 1919: VII), et affectés aux différentes collections. Le X* chapitre de La Conchyliologie, «Des plus fameux Cabinets d'Histoire Naturelle qui sont en Europe.» qui en liste plus de cinq cents, ênumère celui d'Elie Bertrand, les deux de Bourguet, dispersés, celui de «M, Haedleri, Docteur en Médecine à Neufchâtel», celui des Gagnebin, celui de «M. de Sandos, Conseiller d'Etat & Président en la Châtellenie de Thiele» (DEMAILLER 1780: I: 403-4). Le catalogue sommaire de son cabinet, en latin avec traduction française, Elue Bertrandi [...] Museum, dont un exemplaire se trouve à la Bibliothèque Nationale à Paris (Sz 817), tient en 16 pages de petit format in-8° (10 x 17,5 cm) et ne répertorie que des objets d'histoire naturelle répartis en trois catégories: «Les Fossiles», «Pétrifications» et «Corps Marins» (Halleh 1981 (1785-1788): I: 339, n° 1085). Cette liste avait déjà paru en 1766 à Avignon dans un Recueil sur divers traités sur l'histoire naturelle Ìn-4° aux pages 497-508. Collectionneur acharné, il vendit sa première collection et en reconstitua une seconde, celle qu'il légua à Yverdon (voir aussi, avec quelques réserves, WtLSON 1994: 121; 160). Il ne faut pas le confondre avec son frère Jean (1708-1777) ni avec son neveu Jean Elie (1737-1779). «L'ainé». Voir JACQlMT (1983) et SCHLUP (1986b), ainsi que le catalogue imprimé de la collection (Gagnebin [1765]) signalé par Haller (1981 (1785-1788): I: 340, n° 1089). Il pourrait s'agir de Henry Sandoz, petit-fils de Jouas (1626-1690), fondateur des Moulins du CoI- des-Roches (lettre de M. Jaques Sandoz du 13 juillet 2000). Trois personnes ont porté le même prénom: le grand-père de CDM (1681-1775), son père (1707- 1765) et son frère puîné, Théodore Abram (1741-1831). Il s'agit vraisemblablement du père de CDM; mais qui accueillit John Strange en automne 1772, à propos duquel De Beer (1951: 100) écrit: «At St Sulpice Strange's landlord was M. Théodore Meuron, of whose collection of fossil shells Strange did not think very much.»? 12 Voir le chapitre IV. 24 LE MÛRIER ET L 'Ei3EE relies ouvertes à un public certes encore restreint, mais non plus limité à un cercle fermé de privilégiés13, ce qui signifie un passage de l'intérêt individuel au collectif (Balle 1996), la donation de CDM prend ainsi a posteriori un éclat spécial, puisqu'une partie importante de sa collection1'1 subsiste aujourd'hui, encore iden- tifiable. Cet ensemble reste néanmoins sans commune mesure avec ses homologues étrangers. La passion de collectionner remonte fort loin dans l'histoire de l'homme: des réunions d'objets et d'artefacts anachroniques, inexplicables autrement, ont été découvertes dans la région par les préhistoriens (Deuchler 1983: 8-9: EGLOFF 1982: 185-9). Elle ne peut être séparée de ses débordements dont donnent exemple Jean Henri de Sandoz-Rollin15 ou Abraham Gagnebùi, qui avait abandonné sa mai- son pour se réfugier à l'auberge voisine16. Après la tendance universaliste des premiers cabinets, qui reste sous-jacente, les sujets sur lesquels cette passion peut porter ont varié en fonction non seulement des idiosyncrasies, mais encore des modes, pour ne pas parler d'idéologies17. Des collections de «naturalia» s'étaient constituées en de nombreux pays au XVIe siècle avec l'illusion de pouvoir dominer la diversité du réel en un espace restreint. «Posséder un monde qui se révélait soudain dans une infinie variété, qui ouvrait sans cesse sur de nouveaux inconnus; posséder cette frange même d'irré- gularité, d'immaîtrisable; posséder ce qui ne pouvait tenir dans les livres, rentrer dans l'ordre du connu, tel était le ressort des collectionneurs de curiosités. Si les "scientifiques" tendaient par leurs différents inventaires, à épuiser la multiplicité des choses, à finir une perspective, les collectionneurs tenaient plutôt à la jouissance du La Kunstkammer de Pierre le Grand accueille ses premiers visiteurs en 1714 (MUSÉE D 'ANTHROPO- logie ET D'ETHNOGRAPHIE 1989: 6). Son souhait était que les gens voient et apprennent; l'entrée était libre et chacun recevait une collation et un petit verre de vodka (Kammerer-Grothaus 1992: 6, 8). A Paris, le cabinet de Joseph Bonnier de la Mosson (1702-1744) était libéralement ouvert à un public nombreux de simples curieux (Bourdier 1959). De même, la musique commençait timidement à se démocratiser (Guédé 1999: 112-3). «Si, au pays de Neuchâtel, diverses collections particulières constituées par des naturalistes éclairés existaient déjà au XVIIIe siècle, celle de Charles-Daniel de Meuron était sans contredit l'une des plus riches et des plus variées.» (Meuron 1982: 291). Le conseiller d'Etat Jean Henri de Sandoz (1698-1753) «se procurait journellement une infinité de curiosités rares et précieuses» - et jusqu'à une indulgence! - pour augmenter «son cabinet de raretés» (Jelmini 1982: 303). Cette manie est à distinguer du fétichisme collectionneur d'un chevalier de Saint-George (1739- 1799) ou d'un prince de Conti (GuÉDÉ 1999: 129, note). Aux dires de Sinner (1781: I: 209-10) qui, tout en déclarant que le cabinet d'Abraham Gagnebin «môriteroit d'être mieux connu», ne ménage pas les critiques; plus tard, M™ de Gauthier (1790: II; 317) abonde dans le même sens, bien qu'elle ne l'ait peut-être pas visité et se borne à démarquer Sinner. Gagnebin en inflige pourtant parfois la visite à ses hôtes, fût-ce contre leur gré, «avec une opiniâtreté incroyable» (DESJOBert 1910: 114). 17 Entre autres, Bazin ([1967]); Lugli (1986); Pomian (1987); Schnapper (1988). U - LA RAISON SUFHSANTE, LES EFFETS ET LES CAUSES 25 singulier, à l'accumulation de raretés, à l'infinie prolifération des merveilles; ils recherchaient Pasyndète;>la-juxtaposition, le sertissage, la mise en relief de l'unique.» (MAURES 1994: 18-9). Bien que présents dans des cabinets européens dès le XVe siècle18 et attestés en Suisse dès le siècle suivant19, les objets «ethnographiques», réduits souvent à un rôle de mémorial, restèrent accidentels et l'intérêt pour les productions exotiques, vif mais marginal, tendit à régresser. Au demeurant, jusqu'à la fin du XIXe siècle, il n'était guère question d'acquérir de telles étrangelés de manière onéreuse. Au XVIIIe siècle, le goût dominant passe insensiblement des antiques, puis de la physique expérimentale, à celui de l'histoire naturelle20 qui s'imposera avec une force sans pareille et aura une durable emprise. Au témoignage de l'Encyclopédie d'Yverdon à l'article «Curiosité» (1772: XII: 580), ce tournant peut se situer dans les années 1760. Le marquis de Langle, dans son Tableau pittoresque de la Suisse, avancera même que «Ce goût de l'Histoire Naturelle, si généralement répandu dans toute l'Europe, est la passion favorite des Suisses» (FLEURIOT 1790: 87). En raison de cette prépondérance, le statut des objets d'histoire naturelle et des objets d'ethnographie était inégal21, ceux-ci n'étant souvent que des souvenirs pour les voyageurs qui les avaient recueillis: «In the 18lh century the importance of the "natural curiosities" collected on the voyages was immediately recognized.». «Ethno- graphic specimens at this time were for the most part unimportant appendages to the great collections of specimens of natural history [...] Often these were only curious mementos of their voyages» (KAEPPLER 1978a: 1 et 37). Dans la note x de son Discours sur l'origine et les fondemens de l'inégalité parmi les hommes que rappelait Claude Lévi-Strauss (1963: 10), Jean Jacques Rousseau (1964: 213) regrettait que nombre de voyageurs fussent plus préoccupés des pierres et des plantes que des hommes et des mœurs. Mais l'histoire naturelle n'est-elle pas le commun dénominateur de tout ce que l'homme peut observer et, partant, collectionner? «Tout le monde sait que ce mot, pris dans toute son étendue, exprime la connoissance & la description de ce qui compose l'Univers entier. L'histoire des cieux, des météores, de l'atmosphère, de la terre, de tous les phénomènes qui se passent dans Ie monde, & celle de l'homme même, appartiennent au domaine de l'Histoire naturelle.», déclare Valmonl de 8 Par exemple Bassani (1986; 1988); Impey et MacGregor (1986); Jones (1994); Laude (1968: I: 541-4). 19 Collections ethnographiques en Suisse / et // (1979; 1984); Deuchler (1983: 12-5). En dépit du teime, qui précède celui de «sciences naturelles», il s'agissait de description de la nature, statique, sans composante historique: «La nature n'avait pas d'histoire, mais une physionomie.» (Bredekamp 1996: 11) Cette disparité de traitement apparaît dans Ie prix des articles mis en vente, par exemple sur Ia liste publiée par Georg Forster (1985) dans le calendrier portatif de Göttingen pour l'année 1782 où ceux d'histoire naturelle sont proportionnellement plus chers que ceux d'ethnographie, à l'exception d'un costume de deuil tahitien. La cote commerciale des objets océaniens n'a toujours pas changé lors de la vente par James Parkinson des collections du Leverian Museum en 1806 (O'Reilly 1966: 17). 26 LE MÛRIER ET L'ÊPÉE Bomare dans son Dictionnaire raisonné universel d'histoire naturelle (1791: VI: 616-7) que CDM possédait dans sa bibliothèque. «Les Arts» même y ressortissent, qui «sont ou la Nature copiée, ou employée aux besoins & aux plaisirs de la société.» (1791: VI: 620). A défaut de musée dont Valmont de Bomare se fait, après d'autres, Ie propa- gandiste, les cabinets des amateurs constituent en quelque sorte un «abrégé de Ia Nature entière» (1791: VI: 638)22. S'il existe un ordre, divin, naturel ou humain, une «méthode» va permettre d'organiser l'immensité et le chaos de la nature; d'en comprendre les mécanismes, de la soumettre au profit de la société, toute la création étant considérée au service de l'homme. L'époque est aux synthèses, aux vastes compilations raisonnées, ainsi que le révèle Ie titre de multiples ouvrages: c'est donc à des buts scientifiques et à l'instruction que doivent concourir ces cabinets qui offrent quantité de témoins difficilement accessibles, «utile collection, où la Nature étale ses productions, où l'art qui les a rassemblées les rapproche & les distingue, devient un livre élémentaire, toujours ouvert pour l'Observateun> (1791: VI: 617-8), d'où leur multiplication. Ils répondent au besoin d'extérioriser des connaissances universelles. Si les cabinets sont aussi propres à instruire qu'à amuser, il faut néanmoins sacrifier l'agrément à l'utilité, estimait Elie Bertrand (1763: xij, xiv). Plus qu'aucun autre, ce siècle s'ouvrant sur le monde a cru en la transparence de l'Univers (MOUREAU 1990a: 138, 99). La conséquence est l'exigence, partout et toujours répétée, d'un ordre méthodique23 sans lequel un cabinet d'histoire naturelle n'est rien, comme le répète à l'envi le discours préliminaire du Dictionnaire universel des fossiles propres et des fossiles accidentels d'Elie Bertrand (1763: xxij) ou l'article «Cabinet d'Histoire naturelle» de l'Encyclopédie d'Yverdon (1771: VI: 627), même s'il y a des limites et des entorses nécessaires à une présentation rigoureuse24. L'accumulation anarchique et envahissante - ressentie comme anormale dans Ie Sur le frontispice du cabinet du Roi de l'anticipation de Mercier «étoit écrit Abrégé de l'Univers» (1774: 238). Cette exigence est posée notamment dans La Conchyliologie de Dezallier d'Argenville (1780:187) et l'appréciation de cette qualité revient fréquemment dans les commentaires de visiteurs de cabinets, par exemple Andrea? (1776: 278) vantant de confiance celui des frères Sandoz (?): «wegen ihrer ausserordentlichen Sauberkeit» ou Strange (De Beer 1951:103) écrivant à propos de celui de M. [Henri] Sandoz des Roches: «His Cabinet is in very neat orden>. Le marquis de Langte insistera: «un Cabinet d'Histoire Naturelle peut être comparé à une Bibliothèque» (Fleuriot 1790: 90). «On est donc obligé, afin d'éviter Ia confusion, d'employer un peu d'art pour faire de la Symmetrie ou du contraste.» (Daubcnton cité par VEncyclopédie d'Yverdon 1771: VI: 630). II - LA RAISON SUFFISANTE, LES EFFl-IS ET LES CAUSES Zl cas d'un Abraham Gagnebin - est condamnée sans appel25. Daubenton va jusqu'à parler du «dégoût qui vient Ue la confusion & du désordre» (1749: III: 4). ... Ordre - mais il peut ne correspondre qu'à une «rhapsodie du disparate» pour reprendre la formule heureuse de Patrick Mauriès (1994: 34) - et absence de «fard», étiquetage ne signifient pas sécheresse ou inélégance, car le «bon goût» doit pré- dominer, si difficile soit-il de concilier les différentes exigences, sans sacrifier pour autant à l'esthélisme: toujours «l'agrément doit être réuni à l'instruction.» (Valmont de Bomare 1791: VI: 632). L'évolution qui s'opère du XVIe au XVIH' siècle dans le domaine de la conchiliologie - sinon de la conchiliomanie - est exemplaire de la transformation de l'esprit des collections en général. «Emblème de Tailleurs, provenant de contrées inaccessibles, rare et ruineux, [le coquillagel occupe une place de choix dans la culture de la curiosité, telle qu'elle s'exprime dans les cabinets de raretés des XVIe et XVIIe siècles. Devenu, avec les grandes expéditions, plus commun, on se met au siècle suivant à en tapisser pièces et grottes en d'étranges marquetteries oniriques, toutes en festons et mascarons.» (MAURTÈS 1994: 1er rabat jaquette). A ce point, «le souci esthétique, Ie goût des symétries et des rappels excède largement l'intérêt scientifique: coquilles et coraux, loin d'être de rares unica, sont désormais essentiellement des motifs décoratifs.» (MAURIÈS 1994: 37). En d'autres termes, un passage se fait de la fascination à la banalisation en passant par l'étude. Assurément, l'histoire naturelle n'est pas le seul domaine à intéresser les collectionneurs et les cabinets de peinture ne sauraient être négligés, mais le statut des, œuvres d'art est différent (Schnapper 1994). De surcroît, les amateurs de tableaux, et plus généralement les amateurs d'art, constituent une élite souvent très fortunée qui forme un monde un peu à part. Cela ne veut pas dire que des sommes considérables ne se dépensèrent pas pour des «naturalia»26. En contrechamp, d'autres perspectives s'ouvrent dans le large secteur de la «curiosité», suscitant la création de cabinets qui déplurent à certains, comme le révèle toujours Y Encyclopédie d'Yverdon, sans qu'en soit empêchée l'extension ni l'acceptation: Sinner (1781: I: 209-10) n'écrit-il pas: «On est étonné d'y voir un amas informe de curiosités étrangères aux règnes minéral & végétal, des animaux empaillés, des têtes de morts coëffées en différens costumes, & d'autres objets plus propres à amuser les enfans, ou à épouvanter des femmes enceintes, qu'à instruire les curieux. On croit être dans la demeure d'un charlatan ou d'un devin de village, ou dans le laboratoire obscur d'un alchymiste. La solitude peut enfanter ce goût bizarre peu digne d'un philosophe.» L'engouement pour les coquilles notamment entraîna une flambée des prix, des ventes aux enchères fabuleuses accompagnées de catalogues somptueux, des supercheries et artifices de brocanteurs dénoncés par Dezallicr d'Argenville (1780:1: -436; 497) et, bien évidemment, des faussaires, dont même Linné fut victime {Dance 1978: 96, ill. p. 95). 28 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Quelques personnes blâment la mode des cabinets de curiosile: mais elles sont dans l'erreur. Le vrai bon goût ne peut se former que par la comparaison, ou par l'observation. Un jeune homme s'instruit mieux en une heure dans un cabinet d'histoire naturelle, qu'il ne pourrait le faire en dix ans de voyage, & d'observations particulières. (1772; XII: 580). Le dictionnaire portatif qu'est le Manuel du naturaliste de Duchesne (1770) consacre cette évolution en se référant au cabinet de Sainte-Geneviève. Bien que réticent, Valmont de Bomare, dans les mêmes termes, admet les objets de curiosité dans la quatrième édition de son ouvrage27: «J'ai été obligé de faire mention de plusieurs objets qui n'ont pas un rapport immédiat avec l'Histoire Naturelle. Il s'agit des médailles, des vases & morceaux antiques, des habillemens & armes des Sauvages. La curiosité est excitée par le concours & l'aspect de tous ces objets: & on nous a fait observer que tenant à l'Histoire des arts, à celle de l'Homme, à la Chronologie, &c. & faisant aujourd'hui partie des Cabinets des Curieux, nous devions en dire quelque chose; nous l'avons fait, mais très-succinctement.» (1791: I: xxxj). Il en parle dans l'article «Armes» (1791: I: 518-20) par exemple et les inclut même (1791: VI: 634, 635, 637-8) au sein du cabinet d'histoire naturelle modèle dont il donne une très longue description représentant l'essentiel de l'article «Histoire naturelle» (1791: VI: 616-639). Peu importe que les produits de l'industrie humaine soient pour longtemps28 récupérés par le biais de l'histoire naturelle avant d'acquérir une identité et un statut propres: leur émergence signifie qu'un public beaucoup plus large peut désormais prendre rang parmi les collectionneurs et elle manifeste l'amorce d'une démocratisa- tion de cette passion qui se développera au fur et à mesure de l'élargissement du champ des objets collectionnables. Dans le domaine de l'exotisme, les cabinets ne se seraient pas augmentés autant si les voyages n'avaient connu une extraordinaire expansion29. Les grandes circum- navigations provoquent le brassage des gens et des idées. Grâce à des découvertes nombreuses, les noms des dernières terres inconnues complètent peu à peu les cartes de géographie et les bibliothèques s'emplissent de multiples récits d'expéditions lointaines. Traverser les mers devient une expérience sinon banale du moins Il était beaucoup plus engagé dans la première édiu'on (1764) puisqu'il écrivait qu'un cabinet d'Histoire Naturelle se devait d'être rempli de «raquettes, de hamacs, d'habillemens ou ajustemens & plumages des Indiens, de calumets ou pipes, de carquois, d'arcs, de flèches, de casse-têtes, de boutous, bonnets de plumes, couyoux ou tabliers,pagaras ouarabés ou colliers, nécessaires Chinois, évantails de feuilles de latanier, gargoulette du Mongol, kanchoas ou fouet Polonois, canots Indiens, instrumens de musique Chinois, [etc., etc.], équipages & ustensiles des Indiens & d'autres peuples anciens et modernes» (cité d'après DrOKHE et GOSSIAUX 1985:12). Dans son Cabinet, acquis par le prince de Coudé en 1787, figurait un modèle de pirogue «fait en clous de girofles par un sauvage des îles Moluques» (Hamy 1988: 28). 28 Pratiquement jusqu'à Ia fin du XIXe siècle, les «ethnographica» arrivèrent à la suite des spécimens d'histoire naturelle exotiques et souvent dans des envois composés surtout d'animaux et de plantes. 29 «Ceux à qui le voyage est refusé peuplent au moins leur univers d'objets exotiques» (Droixhe et GOSSIAUX 1985: 12). Il - LA RAISON SUFFISANTE, LES EFFETS ET LES CAUSES 29 beaucoup plus commune. L'entreprise reste hasardeuse, périlleuse même; souvent les mois s'ajoutent aux mois selon les caprices du vent; des menaces de toutes sortes pèsent sur les vaisseaux, sans parler des dangers supplémentaires qu 'ajoute la guerre: il n'empêche que gens et marchandises traversent désormais d'un bout à l'autre la planète avec une relative régularité. Au demeurant les risques font partie du jeu - d'où les précautions prises tant dans la correspondance que dans les envois - et sont acceptés comme l'est aussi la mort30. Tant s'en faut que tout un chacun coure les océans et les déserts mais un public existe pour accueillir les relations de voyage comme pour s'intéresser aux. témoins matériels qui les accréditent31. A défaut de tenter au loin l'aventure, on part à la découverte d'un pays européen ou d'une région voisine, moins pour l'agrément que pour l'étude. Sans ce mouvement naissant de «tourisme culturel»32, comment comprendre la floraison de «descriptions» et plus encore de «voyages», parfois sous la forme de lettres plus ou moins fictives? Tels les guides modernes, ils ne manquent pas de signaler, à côté des particularités géographiques, les nombreux cabinets d'histoire naturelle qui existent ou viennent d'éclore à de multiples endroits et méritent en quelque sorte le détour33. Il est probable que la démarche des voyageurs consiste souvent en la reconnaissance du déjà-lu (MOUREAU 1990b: 7), de la même manière que les guides confirment ou critiquent les assertions des publications antérieures. Duplicata, triplicata et copies - dont l'absence peut être un motif suffisant pour différer un courrier -, précautions de conservation, emballages adéquats, voies d'expédition choisies et si possible convoyage par une personne complaisante pour les objets volumineux n'empêchaient ni les pertes ni les dégâts. Illustrant cette attitude fataliste, les quelques lignes de François Joseph Raymond à Pierre Frédéric de Meuron du 12 novembre 1783 qui lui rendaient compte de l'arrivée d'un détachement: «L'Espérance de la paix (un navire] vient d'arriver (aujourd'huy 15 9.1™) elle a eu une bien longue traversée; La troupe est Cependant bien, il n'y a eu que 7 morts.» {P - dos.56.HI), de même qu'une lettre du banquier Jean Frédéric Perregaux (1744-1808) à CDM Ie 30 avril 178[7]: «ce vaisseau s'est perdu [...] on en a rien sauvé; ainsi ne vous inquiétez pas davantage au sujet de ce paquet qui à éprouvé le sort du reste de ce qui était à bord.» (P - dos.17.III). Même un voyageur tel qu'Henri Paulin Panon Desbassayns (1732-1800), venu de La Réunion, ne manque pas de visiter les 21 mai, 3 et 9 juin 1785 le Cabinet d'histoire naturelle du Jardin du roi lors de son séjour à Paris (1990: 55-6) comme, de passage au Cap du 17 au 26 janvier 1785, il avait vu le zoo puisqu'il écrivait: «Le Cap est une fort belle colonie. Les maisons [sont] bien bâties, les rues n'y sont pas pavées, le jardin de la Compagnie est fort beau, la ménagerie est peu munie de bêtes et d'oiseaux. Cela n'est pas comme l'on m'a dit que cela était il y a quelques années.» (1990: 8). i2 Guyot (1948: 8) déclarait quant â lui: «Jusque vers la fin du XVIII* siècle, je ne vois guère qu'il ait existé un véritable tourisme neuchâtelois.» Avant que la Révolution française n'en fasse un principe, c'est l'ouverture au public qui fonde réellement les musées, même s'ils n'en portent pas le nom, introduisant du même coup une activité qui se révèle fondamentalement contradictoire avec la responsabilité qui leur est attribuée d'être des archives permanentes d'objets, c'est-à-dire de conserver. Sur les cabinets de Genève et du reste de la Suisse, voir quelques exemples dans La Conchyliologie (DEZALLIER 1780: I: 841-3). 30 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Un bon témoignage de cet intérêt est fourni par le Journal du pasteur Théophile Rémy Frêne (1727-1804) qui «partout où il va, [...] porte une attention gourmande aux collections» les plus diverses (Eigeldinger 1993: 103). Se trouvant à Bâle, après avoir vu la veille le «Cabinet de Curiosités Naturelles» de M. Ryhiner, il se rend le jeudi 17 juillet 1783 chez M. et M™( Bernoulli fils et se montre, en l'occurrence, prolixe dans son témoignage34: C'est ta où est le fameux Cabinet d'histoire Naturel si connu à Bâle sous le nom de Cabinet Bernoulli et que mon Epouse et moi avions déjà vu en 1769. Il a augmenté dès lors; nous y trouvâmes M' Bernoulli le Pere, Vieillard octogénaire, mais vigoureux et allerte, qui Ie montrait à des étrangers; il est encore plus curieux de ces choses que son fils, C'est le Cabinet de Bâle le plus riebe en petrifications, coquillages, insectes et amphibies. J'y vis entr'autres une Piece ronde en forme de Medaillon de 6 pouces de diamètre, d'une matière pierreuse et fort blanche, représentant en relief une belle Vénus. C'est une pétrification Moderne d'Italie, où it y a un cer / tain ruisseau dont les eaux pétrifient, de maniere qu'en y mettant et laissant quelque terns un moule en creux, il s'y amasse une matière telle que nous venons de dire, c'est à dire pierreuse et blanche, qui, détachée, représente en relief ce qui se trouvoit en creux dans le modele. J'y ai vu un Zebre empaillé, dont la peau est charmante; un Manequin fait par le Cousin Beckel, représentant en grandeur Naturelle une femme vêtue en Gröenlandoise d'un habit venu de Gröenlande, etc., etc., etc. Enfin, il y a tant de choses â voir dans ce Cabinet Bernoulli qu'à moins d'un séjour de plusieurs jours, l'on peut dire d'un Curieux, obruûurpoiius quam itisttvitur, selon l'expression de M1 l'Antistes Merian, qui, ayant diné avec nous cliés son beaufrere M* Merian, étoit aussi venu chés W Bernoulli. D y a aussi dans ce Cabinet quelques Ouvrages de l'Art, entr'autres une Venus nue d'albâtre, haute d'environ 15. pouces, superbe Ouvrage. Je/ remarque que les nudités en petites statues deviennent fort communes, même dans les cabinets et les Collections destinées à toute autre chose. (Frêne 1994: lu: 151-3). Mais le nombre des visiteurs des diverses collections est impossible à estimer et leurs réactions demeurent généralement inconnues; les relations publiées, d'un ton plutôt neutre, attestent cependant cette nouvelle faveur et surtout justifient la place occupée par les cabinets parmi les attraits des voyages commentés. Plus encore, certains des itinéraires proposés n'ont d'autre but que d'en faire le tour. Le prochain chapitre envisagera quelques-uns de ces ouvrages dans la mesure où ils concernent la région neuchàteloise, sans prétendre - ni par la suite non plus - à !'exhaust ivi té. Nous avons dû ce document, alors inédit, à l'obligeance de MM. André Bandetier et Frédéric S. Eigeldinger. Le possesseur du premier cabinet est le commerçant Johannes Ryhiner (1728-1790). Les deux autres collectionneurs sont les pharmaciens Nicolaus (1704-1786) et son fils Hicronymus (1745- 1829) Bernoulli, que confond De Beer (1937; 164, note 1, à propos de la visite de M™ Roland au début d'août 1787) avec «Johann Bemouilli (1667-1748[49J), (qui] avait eu pour fils (entre autres) Johann (1710-1790). C'est de celui-ci et de son fils Daniel (1751-1834) qu'il s'agirait ici.» Ill LES PARCOURS DE LA CURIOSITÉ ÌT OUR la seconde moitié du XVIIIe siècle, Ie premier ouvrage1 à retenir notre attention, dans la perspective des voyages culturels à Neuchâtel, est celui d'un pharmacien de Hanovre, Johann Gerhard Reinhard Andrea; (1724-1793), lui-même possesseur d'un riche cabinet minéralogique (Dezallier 1780: I: 383): Briefe aus der Schweiz nach Hannover geschrieben, in dem Jahre 17632. Rédigées au cours de son voyage en Suisse du 8 août au 20 octobre 1763, ces 28 lettres commencèrent à paraître aussitôt dans le Hannoverisches Magazin pour être reprises en volume en mars 1764 et faire l'objet d'une seconde édition, illustrée de planches gravées et enrichie de suppléments, édition publiée à Zurich et Winterthour en 1776. Dans la bibliographie commentée accompagnant le récit du Voyage qu'il avait effectué vers 1778/80, récit paru en 1781, un autre auteur, Jean Rodolphe de Sinner (1730-1787), se montrera fort sévère pour l'œuvre d'Andrea; mais il lui accordera le mérite de signaler de nombreux cabinets helvétiques (1781: I: xx). Effectivement, Andre«, après avoir parlé du cabinet d'Elie Bertrand à Berne, décrit longuement celui du pasteur Daniel Sprüngli (1721-1801) relire à Sleulen près de Berne dès 1775 (1776: 185-8; 195-203); il est à peine moins détaillé sur celui des Deluc, Jean André (1727-1817) et Guillaume Antoine (1729-1812), à Genève (1776: 263-6; 267) et il consacre une notice à de nombreuses autres collections, au total près d'une trentaine, en majorité centrées sur l'histoire naturelle. Dans Ia lettre datée du dimanche 9 octobre 1763 relatant son court passage à Neuchâtel en venant d'Yverdon (1776: 277-80), il ne peut que signaler l'existence de trésors qu'à son dépit il n'a pas vus. Par scrupule de déranger le «Genie» que Jean Jacques Rousseau représente pour lui, il n'a pas non plus rendu visite à l'ermite de Môtiers dont le lieu de séjour était à 6.heures de route de son étape (1776: 279). Il n'est pas sans intérêt toutefois de relever les noms des propriétaires de cabinets qu'il cite, d'après des sources imprimées non spécifiées: à Neuchâtel ou dans les environs, ceux des frères Sandoz (?), de M. Magnet de Formont - décédé depuis près de 21 ans - et de M. Stadler - qui aurait quitté Neuchâtel avant 1757 d'après Thurmann (1851: 56) -, ceux du pasteur et géologue Pierre Cartier à La Chaux-du-Milieu - mort depuis plusieurs années, toujours d'après Thurmann Guyot (1933: 22) remarquait malicieusement, exemple à l'appui: «Il est assez piquant, lorsqu'on feuillette ces Guides, ces Itinéraires, ces Manuels, ces Voyages en Suisse, si nombreux entre 1780 et 1850, de relever les emprunts qu'ils se font les uns aux autres et le peu de vergogne qu'ils mettent parfois à se copier, tout simplement.». L'ouvrage, cité par Deadlier (1983: 16) et récemment réutilisé par Schmutz (1994), comprend dans la 48e et dernière lettre un début de lexique bâlois - allemand. 32 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE (1851: 105) -, de M. Sandoz au Locle et, à La Ferrière, de MM. Gagnebin - dont il avait rencontré l'aîné le 18 septembre à l'auberge de Samen (1776: 130): Ein und vierzigster Brief. Mein Herr, Nachdem ich um 7 Uhr diesen Morgen Iverdun verlassen, [...] sind wir um 3 Uhr diesen Nachmittag hier, zu Neufchatel, Neuburg oder Neuenburg [...] angelanget, in dessen Nachbarschaft die am Wege wachsenden weissen Trauben, wie im Pays de Waud, mit Gyps besprenget waren. [...] Meine Hofnung, Ihnen aus Neufchatel Anzeige von einer langen Reihe natfirlicher Merkwürdigkeiten zu thun, die sich in Cabinetten finden sollen, ist mir, leider ! fehlgeschlagen. Das Cabinet der Gebrüder Sandos sol sonst die seltensten Stfikkc endialten, die man, wegen ihrer ausserordentlichen Sauberkeit und Volständigkeit bewundert. Diese Herren sind nicht in der Stade Von denen Sachen, die, laut gedrukten Nachrichten, ein gewisser Herr Magnet de Fotmon, und ein Herr Stadler besizen sol, kan man mir nicht sagen, ob sie noch hier sind. {/ ) So sollen sich auch in der Nachbarschaft von Neufchatel noch Samlungen befindefn], die gesehen zu werden verdienen, nämlich die des Herrn Cartier, Pasteur à la Chaux du milieu; die des Herrn Sandos, Maire des Roches, au Lockle; und die derer Herren Gagnebin, à la Ferriere dans le Pays d'Arguël. Allein, woher solle ich die Zeit nehmen, noch diese verscliiedenen Oerter zu besuchen 7 Mit geflügeltem Fusse eilet meine Wanderschaft zu Ende, und es muss mich nicht befremden, dass sie aufhöret, wie sie angefangen hat. Morgen gehe ich also auf Bici, um Uebcrmorgen zu Solothum und, den Tag darauf, in Basel zu sein. U] Neufchatel, den 9 October 1763. (/) Bei Neufchatel finden sich viele Versteinerungen. Une année après le passage d'Andrea? à Neuchatel, une publication en revue, la «Description abrégée des Montagnes, qui font partie de la Principauté de Neuchatel» (1764), révélait les «merveilles de la Nature & de l'Art» que pouvait offrir «ce Pays extraordinaire». Ainsi que l'explique VAvertissement de la seconde édition (1766) de la Description des Montagnes et des Vallées Qui font partie de la Principauté de Neuchatel et Valangin, «Cette Brochure a été insérée dans le Journal Helvétique du mois de Décembre 1764, & l'on en tira alors [en 1765] un certain nombre d'exemplaires à part.»; la «bagatelle» en question aurait relaté le voyage de deux jeunes seigneurs dans la principauté en 17643. Dans le Journal Helvétique (1764: 596), il avait d'abord été déclaré que cette Description était «le fruit des Observations réunies de six Amis, qui ont fait le Voiage de ces mêmes Montagnes.». En fait, ces deux Polonais, les comtes Michel Georges (1742-1806) - inopinément arrivé en juillet 1762 à Berne chez Elie Bertrand - et son frère aîné Joseph ( ? -1797) Mniszech, fils de la grande-chambellane de Lithuanie, l'auraient accompagné dans son excursion; Bertrand aurait fourni des éléments pour la rédaction d'Ostervald (Berthoud 1870:56; Bratun 2000; De Beer 1967:88; Weidmann 1986: 83-6). /// - LES PARCOURS DE LA CURIOSITÉ 33 La première édition ne parle, à propos de Saint-Sulpice, que de la source de l'Areuse au-dessus du village (1765: 12), accorde six lignes au cabinet d'histoire naturelle «très artistement arrangé» de M. Sandoz, maire du Locle (1765: 27-8) et en consacre plus de 25 à celui de MM. Gagnebin à La Ferrière (1765: 49-50), sans détailler les «quelques Ouvrages de l'art» qui s'y trouvent aussi. Venant renouveler, après septante ans, la Description d'Abraham Amiet parue en 1693 à Besançon et plagiée en 1708 (Kaehr 1980: 94-5), cet opuscule, plus précis encore que très sommaire, connut un succès tel que «l'Auteur» - tôt identifié parses contemporains comme le banneret Frédéric Samuel Ostervald (1713-1795)4 -, ayant «tiré parti d'une Lettre sur le même sujet, qui fait partie du Journal Helvétique de Février 1765» (1766: Avertissement) en publiait, toujours anonymement, une nouvelle version «Revue, corrigée & considérablement augmentée» l'année suivante chez Samuel Fauche à Neuchâtel5. Ostervald, qui souhaitait que sa description pût rendre service aux voyageurs, s'étendait sur les personnages célèbres de la région et soulignait combien les ressources minéralogiques du pays6 étaient propres à combler les naturalistes, lui- même s'intéressant aux «coquillages fossiles», comme il l'avait écrit au père de CDM le 28 août 1760: J'apprends qu'il [CDM] est comme moi amateur des curiosités naturelles & qu'il vous envoyé des coquillages de la Rochelle. S'il vouloît bien en mettre quelques uns à double pour moi je me chargerais avec plaisir de lui procurer en retour de nos coquillages fossiles dont on est fort curieux dans les pays qu'il habite. (P -dos.71.II). Largement diffusée7, elle servit de guide notamment au diplomate, archéologue et géologue anglais John Strange (1732-1799) en septembre-octobre 1772 (ARNOUX 1984: 78; De BEER 1951: 98; 1967: 87-93), au pasteur Johann Rudolf Schinz (1745- 1790) en juin-juillet 1773, à Louis Charles Félix Desjobert (1750-après 1793) en septembre 1777 (SCHLUP 1986b: XVIII; 1986c: 4-5), à Marc Marie de Bombelles (1744-1822) en 1781 (TlSSOT 1987: 26). 4 Haller 1981 (1785): I: 235-7, n° 890. 5 Reéditée deux fois, en 1861 et en 1913, elle a reparu en 1986 par les soins des Editions de la Nouvelle Revue neuchâteloise (ScilLUP 1986b), en même temps qu'un numéro de la Nouvelle Revue neuchâtelotse (Sculup 1986c) qui offre quelques témoignages de voyageurs de l'époque. Celui-ci révèle que la Description a eu en tout cas un lecteur attentif, Abram Henri Petitpierre (1748-1786) qui, après 1783 au plus tôt, annota copieusement son exemplaire en y ajoutant d'intéressants commentaires (Evard 1986: 29-39). En prolongement, le Musée ncuchâtelois (TiSSCfT 1987: 25-31) a public également un fragment du Journal du marquis de Bombelles; ce document prouve le succès de cette littérature et laisse supposer qu'à côté des relations destinées à la publication d'autres écrits personnels restent à découvrir. Abraham Ruchat (1680-1750) signalait déjà, pianelle de «pierres merveilleuses» à l'appui, qu'«on trouve dans ces mêmes montagnes plus de pierres rares, ou de coquillages pétrifiez, qu'en aucun autre endroit de Iti Suisse.» (1714: 539). La Bibliothèque des Pasteurs en possède un exemplaire (NL 242 A) augmenté d'une adresse collée «Et se vend au Locle, chez Samuel Girard«, Libraire & Relieur». 34 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Cette fois, il mentionnait à Saint-Sulpice la «belle collection de coquillages marins que M. Théodore Meuron possède» {1766: 27) et, s'il reprenait presque "dans les mêmes termes (1766: 65-6) ce qu'il avait dit du cabinet de M. Sandoz, il détail- lait sur près de quatre pages (1766: 112-5) celui de MM. Gagnebin, présentant les propriétaires et s'arrêtant aux pièces les plus remarquables, dont une rare - et célèbre - «Etoile marine pétrifiée», fleuron de la collection8, mais toujours sans préciser en quoi consistaient les «quelques ouvrages singuliers de l'art» (1766: 113) qu'il renfermait à côté d'un médaîllier9. Abraham Gagnebin, médecin, naturaliste et savant botaniste qui connaissait «la nomenclature des plantes comme pas un» (MATrHEY 1982: 14), avait été à plusieurs reprises le «parolier» de la petite «troupe herborisante» de Rousseau et de ses compagnons en excursion. Jean Jacques dut voir son célèbre cabinet lorsqu'il se proposa «d'aller dans la belle saison passer une quinzaine de jours près de M. Gagnebin pour [se] mettre en état du moins de suivre [son] Linœus», ainsi qu'il en avertissait DuPeyrou le 29 avril 1765 (ROUSSEAU 1976: XXV: 204, n° 4356). Parti la veille de Môtiers embarrassé de M. de Pré de Fains, écuyer de la reine, qui le suivit «pedestrement à la Ferrière, menant son cheval par la bride» (ROUSSEAU 1959: 611; 1581, note 1) et d'un M. Fischer (De Beer et Gagnebin 1957: 67), il y séjourna du vendredi 14 au jeudi 27 juin 1765 (Eigeldinger 1982: 42). Il herbo- risa avec le marquis de Maîche et son hôte10 dans les gorges de Biaufond et les marais tourbeux de La Chaux-d'Abel mais, peut-être parce qu'il fut malade, sans laisser à la postérité ses impressions sur ce qui faisait au loin la réputation de ce coin de l'Erguel. Des voyageurs en Suisse dans la période 1773-1786 (DE BEER 1949) qui inscrivent la région neuchâteloise à leur itinéraire11, plusieurs ne font pas référence Découvert en 1733, cet Ophiomusium gagnebini, reproduit à plusieurs reprises, ome le portrait à l'huile d'Abraham Gagnebin, sur la table, à l'extrême droite en bas (JACQUAT 1983; 185). Il se trouve actuellement au Musée d'histoire naturelle de Bale qui l'a acheté en 1826. Selon Strange, qui critique aussi le désordre du cabinet, il n'était pas unique (De Beer 1951: 104-5; 1967: 91-2). Abraham Gagnebin avait fourni en automne 1765 à Ostervald des complements d'information pour la réédition de la Description (Sculup 1986b: 121-6), lui signalant l'existence d'un inventaire imprimé du cabinet (Jacquat 1983: 189-90), qui ne recense pas d'«exotica» et seulement 9 «Petites statues ou idoles antiques» (Gagnebin [1765]: 35). Une lettre de Pierre Alexandre DuPeyrou au libraire François Coinde: du 6 octobre 1768 {ROUSSEAU 1980: XXXVI: 132, n° 6449), que nous a signalée M. F.-S. Eigeldinger, apprend que les deux frères lui avaient répondu qu'ils estimaient leur cabinet à mille Louis, somme manifestement forcée. Un exemplaire du catalogue resté dans le fonds familial (Jacquat 1983: 190) porte en suscription «Le prix qu'on enfait est d." 600 Louis = soit £ 14 400», ce qui était déjà non négligeable, puisqu'il faudrait multiplier ce demier chiffre par environ 20 pour avoir une vague estimation en CHF. Il fit une autre campagne botanique sous la conduite de Gagnebin au Creux-du-Van le 25 juillet 1765; la caravane comprenait en outre le colonel Pury, DuPeyrou et d'Escheniy {Dufey 1985; Eigeldinger 1986: 26). Dans le vaste inventaire de De Beer menant de 941 à 1945, quelque 175 voyageurs peuvent être pointés pour la période comprise entre 1763 et 1839. ìli - LES PARCOURS DE LA CURIOSITÉ 35 ;à dés cabinets d'histoire naturelle et, parmi ceux qui s'y intéressent, un seul ¦mentionne celui de Saint-Sulpîce. >. j .* ; < ^TeI est le cas de Johann Rudolf Schinz, parti de Neuchâtel le mercredi 30 juin 1773 pour une excursion de quelques jours, qui ignore cette partie du Vallon (1978: 32-4).,, Jean Marie Roland de La Platière (1734-1793), fulur ministre girondin de l'Intérieur, a fait trois voyages au cours desquels il visite plusieurs cabinets, le premier en août, septembre et octobre 1769, le deuxième d'août 1773 à janvier 1774 et le troisième en août 177613. Dans sa Lettre I datée de «Basle, le 25 Août 1776.», il insère un extrait de la relation de son deuxième voyage où il raconte qu'il était au Locle: A une demi-lieue de-là & sur une hauteur, dans la maison de la roche, qui appartient au Maire [Henri Sandoz], j'ai été voir un cabinet d'histoire naturelle, plus particulièrement composé des pétrifications du pays, parmi lesquelles il y a des bois, des roseaux, beaucoup de mousses &. de coquil- lages: le tout placé plutôt symmétriquement & de fantaisie, qu'ordonné par principe. (1780: 1: 158). Thomas Blaikie (1750-1838), dans le cadre de ses excursions botaniques, vécut près de six jours, du 6 au 12 août 1775 (1997: 88-90), avec Abraham Gagnebin, mais, comme il se souciait davantage des plantes vivantes et de ses propres récoltes, c'est à peine s'il mentionne son cabinet: 6 août. [...] Vers 3 heures, j'arrivai à La Ferrière, et me présentai chez le docteur Gagnebin avec la lettre apportée de Berne. Après avoir admiré quelques-unes des curiosités de son cabinet, je m'en fus loger à l'enseigne du Cheval blanc, la seule auberge de l'endroit. 7 août. Retourné dès le matin chez le Tf Gagnebin; passé quelques instants à revoir sa collection de curiosités. Nous partîmes ensuite ensemble pour la montagne. (1935: 101). Ni Jean Bernoulli (1744-1807), passé en 1774 et 1775, du moins dans son premier ouvrage (1777- 1779), ni le plus célèbre d'entre eux, William Coxe (1747-1828), venu pour la première fois à Neuchâtel du 9 au 11 septembre 1776, ni le professeur Christophe Meiners (1747-1810) de l'Université de Goettingue, présent aux alentours du 20 juillet 1782 et de nouveau le 8 septembre 1788, ni François Robert (1737-1819), géographe ordinaire du Roi, dans son ouvrage paru en 1789 mais relatant une tournée datant de 1784, ni «Mr. H. de B....» [Hentzi de Berne] dans sa «Course dans le Comté de Neuchâtel» effectuée en 1785 en char à banc - que publient les Etrennes llelvctiennes et patriotiques, Pour l'an de Grace MDCCLXXXVII et qui n'est l'occasion de parler que d'histoire, de paysages, de l'avantage d'un détournement du Seyon [il s'était déjà trouvé à Neuchâtel en septembre 1750 lors d'inondations] et, accidentellement, de fossiles. Avec sa femme, Jeanne Marie ou Manon Phlipon (1754-1793), qui en fait mention dans son Voyage en Suisse, ils y passèrent quinze jours en juillet-août 1787 et visitèrent plusieurs cabinets et collections: à Genève, la bibliothèque du collège «& [le] cabinet d'histoire naturelle, inférieur à celui de M. de Saussure.» dont elle ne peut juger que par oui-dire, ceux de Sprunglî près de Berne, du frère de Lavater et de Johann Gessler [Gessner] à Zurich, de Bernoulli et de Socin à Bale. (De Beer 1937: öl; 95-6; 130; 146-7; 163-4). 36 LE MÛRIER ET L'ÊPÉE Dans son Voyage d'un amateur des arts paru en 1783, Monsieur de La Roche, venu en 1776 et 1778, lors de son passage en 1776 à Yverdon ne signale que la bibliothèque. Louis Charles Félix Desjobert, qui fait une tournée très classique en Suisse, ne négligeant pas les cabinets et se voyant même retarder contre son gré le 26 septem- bre 1777 à La Ferrière, écrit seulement (1910: 116) qu'il avait quitté Môtiers avec ses compagnons le dimanche 28: à 7 heures du matin, nous sommes arrivés à Saint Sulpi à 8; nous y avons vu La papeterie dans le plus grand détail, et la source de la Reuse, qui est très sauvage, et sommes revenus à Moutiers à 10 h.U. Jean Benjamin de Laborde (1734-1794), plus fasciné par Cagliostro vu à Strasbourg14 que par les cabinets - quoique citant celui du chanoine Ges[s]ner à Zurich - passe à Neuchâtel entre le 15 et le 18 juillet 1781 sans dire grand chose de la ville (1783: I: 173-89, lettre XV). Dans un nouvel ouvrage, Beschreibung des Fûrstenthums Welsch-Neuenburg und Vallengin paru en 1783 - qui enrichit la Description d'Ostervald de 1766 et souvent traduit mot à mot Ie Voyage de Sinner de 1781 -, l'astronome bâlois Jean Bernoulli recommande cette fois la visite du Cabinet de CDM à Saint-Sulpice et suggère la comparaison des coquillages avec les fossiles: Die Liebhaber werden nicht durch St Sulpice gehen, ohne die schone Sammlung von Conchylien des Hm. Mcuron von Morveaux, nunmehrigen Obersten eines Schweitzerregiments in holländischen Diensten, zu sehen. Sie werden Ursache haben, die vollkommene Aenlichkeil der abereinsümenden Foßilien, an welchen die benachbarten Berge reich sind, zu bemerken (1783: 50). Le «roman» par lettres publié en 1803 par Etienne François de Lantier (1734- 1826)15, Les voyageurs en Suisse, qui pourrait fictivement se situer dans les années 1780 mais dont bien des éléments ont été réactualisés, et qui accole en désordre différentes informations puisées dans des guides, ne s'attarde qu'à une seule insti- tution culturelle à «Yverdun»: Dans la maison-de-ville est la bibliothèque publique, qui a été fondée par une société de savans' et d'amateurs, qui l'entretiennent encore. Les bibliothécaires, aussi aimables qu'obligeans, nous ont offert la jouissance des livres. {1803: III: 260, lettre XC). Ses héros, Adolphe et Blanche, effectuant un voyage aux environs de cette ville qui les mènera à Orbe, Romaînmôliers, Valangin, Saint-Biaise et à Neuchâtel - dans l'ordre! - ne sont censés y voir que la maison de Bosset (1803: III: 279, lettre CXI Le Comte Alessandro Cagliostro {Quérard 1869: I: 177 sqq, col. 616-631), alias Giuseppe Balsamo (1743-1795), célèbre mage. Arrivé «dans le courant de septembre 1780», il y demeura jusque «dans la journée du 13 juin 1783» (PnonADÈS 1932: 191, 2AZ). liest l'auteur des Voyages d'Antenor en Grèce et en Asie, avec des notes sur l'Egypte; Manuscrit grec trouvé à Hercuïanum... dont Quérard (1830: IV: 541) écrit: «Les Voyages d'Antenor ne sont qu'un roman d'imagination fort gracieux à la vérité...; on l'a surnommé avec raison TAnacharsis des Boudoirs'». /// - LES PARCOURS DE LA CURIOSITÉ 37 [sic]), la Grande RochetteV qui deviendra celle de CDM16. Ils iront ensuite à La Chaux-de-Fonds et au Locle. Charles Joseph de Mayer (1751-1825?), qui s'intéresse à la minéralogie, y consacre un chapitre spécifique de son Voyage [...] en Suisse En 1784X1 intitulé «Voyage minéralogique & botanique de la Suisse» (1786: II: 254-70) doni quelques lignes concernent «Neuchâtel et le Valengin» (1786: II: 269). Il monte en «Charabas» à La Chaux-de-Fonds et, en l'absence de M. «Drozz», ne visite que l'établissement de M. Robert: «Son Cabinet, dont les pendules font la richesse, étoit composé de chefs-d'œuvres de Mécanique» (1786: II: IA). S'il ne manque pas Ie moulin du «cul des roches» (1786: II: 79), il va seulement voir «à Motier-Travers Ia maison où J. J. Rousseau, chassé de l'île de Bienne, s'étoit retiré» ! (1786: II: 80). A Yverdon ensuite, il se bornera à évoquer la «Bibliothèque publique encore naissante» (1786: II: 85). Quant au luxueux monument constitué par les Tableaux de la Suisse de Laborde et Zurlauben, qui reprennent des passages de multiples sources, ils rapportent qu'à Neuchâtel: M. Bernoulli [...} a aussi fait mention des autres objets dignes de l'attention des Etrangers qui passent par cette ville; tels que la Bibliothèque publique, qui est riche en manuscrits, en éditions rares, en curiosités naturelles (1786: IV: 542). Ils oublient de préciser, comme l'avait fait Bernoulli, qu'il s'agit de la bibliothèque de la Compagnie des pasteurs qui, après avoir publié le catalogue de son fonds en 1780, s'était timidement ouverte au public: Diese Sammlung ist bis jetzo sehr gering [...] Man sieht in dieser Bibliothek viele Medaillen, worunter einige sehr selten sind, und einige Merkwürdigkeiten aus Amerika; sie bestehen in einem großen Friedenshelm (calumet) (...I einer indianischen Malerey, auf einer Art seidenen Stoffes, der auf eine lange Rolle Papier geklebt ist18 (Bernoulli 1783: 303-4). 16 CDM ne peut se rendre acquéreur de la propriété qu'en 1801 (MEURON 1982: 238-40), longtemps après la mon de Jean Georges Bosset (1688-1772), horloger puis négociant à Batavia, le premier donateur neuchâteloîs d'objet exotique en 1735 dont le souvenir se soit conservé. Dans le compte rendu qui en est publié par les Etrennes Helvétiennes pour 1787, ce nouveau voyage s'attire une virulente critique qui vaut sans doute pour bien d'autres ouvrages similaires: «ENCORE un voyage écrit par un étranger en traversant rapidement notre patrie .... Promettre beaucoup dans le titre & lenir peu dans l'ouvrage; prétendre de ce qu'une chose arrive dans un Canton qu'elle arrive dans tous; conclure de Ia possibilité d'un abus à son existence; décrire des lieux qu'on n'a point vus; déplacer les villes, les lacs & les rivieres; estropier les noms, les dates & les anecdotes; le tout avec esprit, aisance dans le style & vernis d'érudition: telle est la maniere de ce nouveau voyage qui peut passer pour agréable & bien écrit, maïs nullement pour correct &. utile.» Par ailleurs, il recopie textuellement certains passages de Laborde. Il s'agit du calumet indien donné en 1736 par Charles Frédéric de Merveilleux et du rouleau de peinture chinoise donné en 1735 par Jean Georges Bosset (voir le chapitre II). 38 LE MÛRIER ET L1EPEE C'est du même auteur que les Tableaux de la Suisse reprennent les lignes, citées plus haut en version originale, que le savant bâlois avait consacrées trois ans auparavant à Saint-Sulpice: Les curieux ne passeront pas Saint-Sulpice sans voir la belle collection de coquillages marins que possède M. Meuron [...] de Morveaux, colonel actuel d'un Regiment suisse au service de la Hollande; ils auront lieu d'observer la parfaite ressemblance de leurs analogies fossiles, dont les montagnes voisines abondent. (1786: IV: 552-3). Les Voyages en Europe favorisent la diffusion et le succès des idées philo- sophiques et de la connaissance en général, à plus petite échelle et parallèlement aux récits colorés des aventureuses épopées au long cours; ceux-ci fournissent des matériaux scientifiques mais constituent aussi un apport important à la culture européenne des XVIIIe et XIXe siècles par l'image du monde ainsi restituée (DROUIN 1989: 323-6). «Voyages et collections apparaissent [...] comme les deux pôles de l'histoire naturelle. Toutefois, entre ces deux pôles, rien ne passerait si on ne se mettait en peine de nommer et de classer tous les spécimens apportés. Entre l'aventure des voyages et la poésie des jardins, la nomenclature et la classification ne font pas écran ou diversion, elles forment l'échangeur qui, en les reliant l'un à l'autre, conditionne la production d'un savoir sur le vivant.» (DROUIN 1989: 327). A son niveau, CDM, par son équipée au Cap et par l'élaboration qu'il suscite d'un Inventaire de son Cabinet19, se situe à cette charnière de l'histoire des sciences et de la société (Feest 1995a: 12-3). Dans sa collecte pourtant, ses rapports au monde sont plutôt distants et la possession des choses l'intéresse davantage que ce qu'il pourrait apprendre sur les hommes. Cet Inventaire (voir le chapitre VI) reste malheureusement une exception. IV DES OBJETS ET DES HOMMES XT ors d'une tradition familiale, le Cabinet de Saint-Sulpice eût sans doute connu le sort commun de ces divertissements pour amateurs éclairés - une rapide dispa- rition - sans les apports, la reprise et le développement redevables à CDM qui manifesta dans toutes ses entreprises une extraordinaire volonté de permanence1, non dénuée d'une certaine obstination. L'occasion de l'enrichir lui est fournie par la constitution en 1781 de son régiment qui, après une terrible traversée de cinq mois, débarque au Cap le 7 février 17832, au lieu «d'aller en droiture à Ceylan ou est theatre de la Guerre», comme il l'écrit le 2 avril 1783 à Pierre Frédéric (P - dos.25.II). Mais ce sont surtout les «naturalia» qui retiennent son attention. ' Quels qu'aient pu être l'ouverture d'esprit de CDM et son intérêt pour les cultures extra-européennes et leurs productions, intérêt réel mais moindre malgré tout que celui de son frère Pierre Frédéric3, voire pour l'archéologie4, les spécimens «ethnographiques»5 restent des apports isolés et marginaux: sa vraie, son invariable Celte constante est frappante lorsque sont rapproches la création d'une caisse de famille, le transfert de ses collections à la communauté, le maintien de son régiment contre l'évolution historique et les tentatives d'intégration ou l'imposition d'un texte sur la cloche que la communauté de Saint-Sulpice a préférée comme cadeau (Kaehr 1996b). D'après la lettre N° 2 de François Joseph Raymond du 25 février 1783 à Pierre Frédéric de Meuron, frère cadet de CDM (P - dos.56.III), date que reprend Linder (1997: 169). 3 Plusieurs lettres datées de Colombo et attribuées à CDM (GABUS 1967:1: 21-2) sont en réalité de Pierre Frédéric, l'auteur du De Meurvn's Report sur Ceylan (MEURON 1982: 160). C'est lui qui avait écrit le 19 décembre 1782 à CDM: «Lonfait des échanges bien avantageux avecles hotentots» (P - dos.48.I), peuple dont celui-ci ne parle guère. Quelques rares et vagues notations de type etlino- graphique se rencontrent pourtant dans son «Journal» de voyage en Egypte en date du 13 juin 1795 (P - dos.68.I) et dansdes lettres de Madras à Théodore Abram, son frère puîné, par exemple les 7 et 21 octobre 1795 (P - dos.43.1). Voir le chapitre X. Si la préoccupation des sociétés exotiques existe depuis longtemps, l'apparition terminologique est tardive: «Le mot ethnologie est né en 1787; Ie mot ethnographie est un peu postérieur: il date de 1810.» (POIRIER 1969: 7; voir aussi Poirier 1968: 25-6). Le terme «ethnologie» figure dans le résumé des cours de Chavannes (1788: ni). Selon Souvenir de l'inauguration du Musée ethnographique, le mot «ethnographie», employé comme synonyme de description des peuples, l'aurait été en 1807 par Campe (Knapp 1904: 18). Par ailleurs, les spécimens sont généralement décontextualisés (THONtAS 1994:120). 40 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE passion est l'histoire nalurelle. Dans les deux listes de «Divers objets»6 des règnes végétal et animal de l'Inventaire retrouvé du XVIIIe siècle (M), voisinent pêle-mêle des objets de toute provenance, d'époque variée et de valeur très inégale, mais aucun de prestige. Pour important quo soil ce fonds dans le Cabinet de CDM, il n'en demeure pas moins secondaire par rapport à l'ensemble. «Déjà intéressé par la collection de coquillages marins de son père7, Charles-Daniel avait commencé à la compléter alors qu'il était jeune officier au régiment de Hallwyl.» (MEURON 1982: 291; P - dos.71.II). Sa formation dans son adolescence, les contacts qu'il noue ensuite à Paris comme officier aux gardes suisses entre 1765 et 1781 (MEURON 1982: 33-4), ses goûts des jardins, sa rencontre au Cap avec le colonel écossais Robert Jacob Gordon (1743-1795), commandant des troupes hollandaises depuis 17738, les exemples qu'il y avait sous les yeux9, ses relations avec la «Gesellschaft natur forschender Freunde zu Berlin»10, l'ambiance de l'époque enfin, tout manifeste son attirance pour l'histoire naturelle, bien qu'il soit resté un simple dilettante. Il favorise même les sciences, ainsi qu'en témoignera son souhait, enregistré le 29 avril 1795, de voir créer une chaire de chimie" à Neuchâtel (G), condition de la donation de son Cabinet sur laquelle il reviendra plus tard (V - 7 août 1801). Voir le chapitre VL Voir le chapitre H. Si le capitaine King (Cook et KING 1785: IV: 576-7) en parle de manière élogieuse, CDM le juge meilleur connaisseur du pays et naturaliste que militaire et insinue, dans une lettre à Pierre Frédéric du 18 avril 1784, qu*«n s'est fait une réputation par Ses voyages dans les terres dont il a donnés & ramassé des Connoissances naturelles. Un profess1 Uean Nicolas Samuel Allamand (1713-1787) à Leyde] pour avoir dès animaux l'a celebre dans un ouvrage.» (P - dos.42.n) (Duchet 1971: 52). Il avait un musée privé (Bax 1970: 50; Smit 1994: 807-8). Sa femme, Susanna Margaretha Nicolet (1748- ? ), était originaire de Lignerolle (UNDER 1997: [2], 151-4, 172). Il était rapporté qu'à la bibliothèque du Cap, qui vers 1793 ne comptait «pas au-delà de cinq à six mille volumes», on avait «joint quelques raretés, entr'autres toutes les dépouilles des îles de la mer du sud, ce qui en fait une espèce de Muséum. Ce serait un très-joli cabinet de particulier.» et qu'il y subsistait les restes d'une ménagerie. (GRANDPRÉ 1801: II: 122-3; 119-20). La Société des Scrutateurs [ou des Curieux] de la nature de Berlin a été fondée en 1773 à l'initiative de Friedrich Heinrich Wilhelm Martini (1729-1778). Sa lettre du 11 juillet 1780 témoigne de son intérêt pour cette science dont il connaissait personnel- lement un représentant célèbre, Ballliazar Georges Sage (P - dos.43.I)- IV - DES OBJETS ET DES HOMMES 41 Si objets «ethnographiques» il .y a, c'est par accident et pour tout dire par raccroc, plus comme souvenirs personnels12 que comme témoins des autres, ce que l'immense majorité des «exotica» restera dans un très grand nombre de musées jusqu'à notre époque. Pas plus que pour les autres objets, les deux listes d'artefacts de l'Inventaire (M) ne donnent la moindre indication de lieu de collecte, de date ou de fournisseur. Il est probable que CDM en a recueilli certains «sur place» (ou tout au moins à proximité des régions d'où ils proviennent), soit au cours de son engagement aux «Indes occidentales» (Antilles) en 1758-1759, soit pendant Ia période de garnison au Cap entre février 1783 et mars 1786, bien que les erreurs de désignation ou les attributions fantaisistes puissent en faire douter. Il serait cependant faux de vouloir mettre étroitement en relation les objets du Cabinet avec la carrière militaire de CDM, oubliant sa première vocation qui réapparaissait à toute occasion. Ainsi que l'écrit Armand Du Pasquier (1923: 131), «Le commerce l'attirait au moins autant que les affaires militaires.»; il lui a permis, par les «retours en Spéculations», de continuer à financer son régiment - qui était du reste une affaire susceptible de laisser d'appréciables bénéfices - et lui a valu des contacts étendus. Un registre d'inventaires d'effets de soldats et d'officiers du régiment, vendus après décès, qui couvre la période 1782-1799 (P - dos.12), ne fournit, à côté de hardes, meubles, livres, tableaux, provisions diverses et esclaves, que de rares exemples de possession d'objets d'histoire naturelle. Ainsi, «la succession de feu M. [Jean] Jobard [Jobart], Chirurgien major», mort le 15 novembre 1785, réalisée «au Cap de Bonne-Espérance Lc 18 9.1" 1785.», comporte «des Coquillages», «des oiseaux Empailles», «1 Corne de Rhinoceros» (p. 7-8) et celle de «feu Monsieur Philippe de la Brosse, Cadet Sergent [...], décédé à Colombo, le 31e. Octobre, a." 1788», «Huit Oiseaux empaillés» ainsi qu'«Un linge contenant des yeux d'Email» (p. 25). En revanche, d'après une lettre du 19 juillet 1798 de son frère Henri {P - dos.40,1), le capitaine Samuel Gigaud, décédé en 1795 à Batavia, possédait tout un ensemble de bijouterie. Recoupant pratique- ment la «Note qui Indique dans quelles malles j'ay placé mes effets pour notre départ pour Europe» (P - dos.30), !'«Inventaire des Effets de M.r f. Choppìn secretaire de M/ Le C* de Meuron décédé hier trois avril 1797 a Bord du fort William» dressé par le capitaine Jean Jacques Bolle, aide de camp de CDM, et Henry d'Ivemois, cadet volontaire, apprend que, comme passionné de musique, non seulement il avait emporté «1. Violon dans son Etui», «un petit paquet Cordes a violon» pour remplacement et «De la musique en Cahiers & en feuilles», c'est-à-dire des partitions, mais encore qu'il ramenait quelques objets obtenus durant son voyage, «L'habillement arabe. Consistant en 1. Robe, 1 Ceinture, un Turban, & 2 Pantalons blancs, [...] 1. Pipe de Terre, arabe, avec son tuyau, [...] I. Poignar malabar en Corne, [...] 1. Paire de Pantoufles malabares - 1. Baton de Canelle avec un petit dez d'or - 1. d.to de Bois noir avec une petite pome d'hyvoire - 1. Parapluie de toile Chinois - 6. Tasses avec leurs Souscoupes & petites Cuillers en Coco - 2. Sucriers aussi en Coco, Le tout gravé, Vi Coco en forme de Tasse - 20. Tours de Bracelets Indiens, Communs.», ainsi qu'«l boete ou il y a 2 colibris; plumes de paon; oiseaux et bracelet dans une petite cassette au g1» (P- dos.30; dos.M.V). Ses biens seront vendus au Cap le 5 août 1797 et le produit comptabilisé le 8 septembre 1797 (P - dos.31.III). D'après le «Bordereau dembarquement» (P - dos,14.VI), d'Ivemois devait encore faire entrer dans sa «Malle N° I. H>» sa «petite Casette Calmindre [bois de Ceylanl garnie en argt Contenent divers Bijouteries et pierreries de Ceylon». 42 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE L'examen minutieux des comptes13 tenus par François Joseph Raymond14'dès le départ de France, puis au Cap, du 1er septembre 1782 au 23 janvier 1786, laisse apparaître des dépenses parfois considérables pour des «curiosités» non spécifiées et de multiples acquisitions de spécimens zoologiques {quantité de peaux de tigres et de coquillages, peaux d'autruches, oiseau de mer, bois de cerf, cornes de buffle,- Serpens empaillés, peau d'oiseau, rouge & noire, oiseaux empaillés, Souris de mer, petits requins, Cayman, boëtes Scarabées, Boètes Insectes et Scarabées...), botaniques (Cocos...) ou minéralogiques, mais dont il n'est pas toujours possible de savoir s'il ne s'agit pas de fournitures (chien de mer, opportunément précisé «pour polir des formes», peau de veau marin, Cauris...), de gibier destiné à l'alimentation (des gros poissons de mer, deux jeunes autruches...), d'animaux de divertissement (un gros Singe, & fraix à ce sujet, Perruches, Tortues de Terre, Secrétaires vivants...) ou autres (pierres d'agathes...). Un sapeur de la lÈre compagnie [n° 221 du contrôle], «françois-Jg [Joseph] Baudard» (P - dos.11), détaché de la troupe et parfois aidé d'un soldat, a souvent été employé à la préparation des peaux ou au nettoyage des coquillages dont il fournissait certains, quand il ne passait pas de nombreuses journées à des embal- lages. Des boîtes en fer blanc ont également été acquises à cette fin. Dans le domaine des objets manufacturés, l'incertitude est plus grande encore car il peut s'agir d'objets d'usage en dépit de leur exotisme. Les listés apprennent ainsi que 1 Rixdale 4 est dépensé le 9 mai 1783 «Pour une boête fleurs de la Chine; d'ordre de M. Le Colonel», et presque la même somme (Rx11.1.--) versée le 25 mai «à Henry» «pour une boëte de fleurs de la Chine», que le 14 novembre 1784 Rx/ 65.2.— sont payés «à Veutz, Sellier, pour curiosités», le 19 décembre 1784, 30 Rixdales «à M. Dunillac, pour une pipe de Chine», le 20 avril 1785 Rxr 36.4.-^ «à Weutz, Sellier, pour peaux de zèbres, & autres curiosités [...]» et que le 20 octobre 1785, 34 Rixdales sont versés pour «6 Pommes de Canne, en dent mache- liere d'éléphant, Sc 2 Sambocks15 achetés par M. Le Colonel»16. Dépenses particulières de La Maison, depuis le 1." Z*" 1782. au 23 Janvier 1786 portées à la caisse du régiment (P • dos.28.II). Le «fidèle» lieutenant François Joseph Raymond, ami «solide &. sûr», né vers 1753 et décédé à Colombo le 19 juillet 1790. qui fut l'indispensable secrétaire comptable du régiment puis grand-juge. «Il laisse un fils de son esclave Marianne, qu'il a adopte selon l'usage de ce pais, il l'aimoìt beaucoup, il en étoit même fou, car il en faisoit parade /atous Ses Amis/.», écrira Pierre Frédéric à CDM le 12 novembre 1790 (P - dos.48.II). D'après l'Encyclopédie d'Yverdon, le sambouc est un «bois de senteur, que les nations de l'Europe qui négocient sur les côtes de Guinée, ont coutume d'y porter, non pas pour aucun commerce avec les nègres, mais pour en donner aux rois du pays qui en font grand cas» (1774: XXXVII: 496), mais il s'agit en l'occurrence de fouets, comme le confirme Le Vaillant (1790: II: 250-1): «nos gens s'occupèrent à dépecer la peau de l'Hippopotame pour en faire ce que l'on appelle dans le Pays des Chanboc. Ce sont des fouets en usage pour frapper les Bceufs qui sont sous la main du conducteur...». D s'en fait aussi avec la peau du rhinocéros. Le Rixdaler vaut, en argent de France, 4,,b 16.', soit approximativement entre CHF 80.- et 100.- actuels. IV ¦ DES OBJETS ET DES HOMMES 43 ¦¦.. De toute façon, CDM a dû se faire apporter les différents spécimens plutôt qu'il ne les a .lui-même recueillis; söit aü Cap même où il était possible d'acquérir des «curiosités naturelles» (Damberger 1801:1: 35, note 1), soit lorsqu'il se rendait à la «campagne», par exemple à Stellenbosch, apparemment sans jamais s'aventurer bien loin; d'après les comptes, il a aussi pu en acquérir à l'occasion du passage de navires. Le 9 mai 1785 par exemple, une dépense est inscrite pour «Chaloupe & ports d'effets venants de Ceylon» et le 17 janvier 1786 «Pour débarquer des Provisions venant de Batavia». D'une quelconque préoccupation ethnographique, d'une présence de 1'«autre» à travers les objets, il n'est toutefois jamais question - ce dont il ne faudrait d'ailleurs pas lui faire un procès, qui se révélerait ana- chronique. Au fur et à mesure des possibilités, CDM a envoyé ses acquisitions en Europe, mais il n'est pas certain que tout soit arrivé à bon port ni en bon état. Chaque escale de vaisseau était mise à profit pour l'expédition de correspondance, de marchandises commerciales (vin surtout, destiné à l'Europe ou même à l'Amérique, sagou parfois) et d'objets de collection de temps à autre, si le capitaine se montrait complaisant17. Les comptés (P - dos.28.II) présentent à maintes reprises des dépenses d'emballage, de transport, de chaloupe pour aller en rade - les déchargements ne pouvant se faire qu'à False Bay -, mais qui concernent rarement le Cabinet, seule la coïncidence de divers préparatifs permettant de le penser18. Ces indications sont complétées par diverses correspondances, notamment par des lettres de Raymond (P - dos.56.III; dos.57.I) qui révèlent des envois d'objets en Europe dès le printemps 1783. Il n'est pas toujours possible d'identifier le contenu et la destination des diverses caisses apparaissant dans les documents: fournitures pour le régiment, marchandises commerciales, effets personnels, correspondance, cadeaux et collections s'enche- vêtrent. La recherche se complique des longs délais de transmission. Moins de deux mois après avoir débarqué au Cap, comme Raymond en avertit Pierre Frédéric dans sa lettre N.0 2, datée du 25 février 1783 mais poursuivie jusqu'au 20 mars (P - dos.56.III), et comme CDM le répète à son frère dans une lettre du 2 avril 1783, diverses marchandises sont.expédiées à titre de paiement - les «retours» - à la fois par L'Actif commandé par le capitaine Fleury et par Le Héros commandé par le capitaine Revel, certaines étant exclusivement destinées à des cadeaux, parfois intéressés: Je vous aïs Ecris par l'Angélique [capitaine Stralen] mon cher frère [...] il faut /Savoir/ mettre des bornes à Son ambition dès que l'on ne /ma/ pas mis aportée d'aller en droiture à Ceylan ou est theatre de la Guerre [...] Je vous ferais toutes les remises possibles. J'ai déjà Comencé je Continuerai, taches Selon les saisons, il pouvait passer une vingtaine de navires en 3 mois, tous ne s'arrêtant pas, ou aucun. La vente du vin servait en partie à alimenter la caisse du régiment Comme l'achat de poivre, par exemple, prélude à l'envoi de «naturalia» qui partiront en décembre 1784 à bord de L'Hermione. 44 LE MORIER ET L'ÉPÉE que M.n deBeseval15 & le Comte d'Erlac20 M." lenoir reçoivent levin de Constance que je leur ais Envoyés à !adresse dcduBey franc de fret. (P - dos.25.II). Cet envoi, qui concerne notamment Pierre Victor de Besenval, est répété par Raymond dans sa lettre N.0 4 datée du 8 mai 1783 qui révèle de surcroît la présence de «naturalia»: Je vous marquois que le Cap.™ Fleury auroît à Son bord pour remettre a m DuBey, fret payé avant le départ 4 Ballots de chacun 25 pw toile de Coton [...]. Les trois autres balots pour vendre au meilleur Compte. 1 Caisse & un baril Coquillages 1 Caisse renfermant deux alverames!l vin de Constance, l'une pour envoyer quitte de fraîx à la famille de M."" Gordon & l'autre pour vous 1 paquet en totle Contenant une peau de [jeune] Zèbre & deux de tigre, avec des dépêches à lad1™1'1 de M. DuBey Que le Cap.™ Revel qui Comandoli le Héros, parti d'icy Sur Son Lest pour S1 Domingue avoit à Son bord quitte defret trois alverames Vin de Constance, une pour M de Besanval, une pour MLeC d'Erlach & l'autre pour M LeNoîr, à partager avec M de Sartine22. Il doit faire Son retour en france, à Bordeaux, Nantes ou le havre. (P - dos.56.IH}. Le 29 octobre 1783, Pierre Frédéric, de La Rochelle semble-t-il, accuse récep- tion du second envoi: Les trois Barils vin Sont /arivé &/ repartis aleur destination, je Suis enclianté que vous ayez fait un Cadeau aM deBesenvaL pensé alui car cenest que par Son canal quii peut vous faire avancer. [...] JeSuis fâché den'avoir pas deux peaux de Zebre pour offrir avotre amy DuPeyron, comme Parent de celui qui vousa rendu des Services Si eminents (le capitaine de L'Hennione], c'est que deux feraient de beaux Caparassondliivers vous feriez bien d'en envoyer deux à M. de Besen. ... ainsi quedautres raretés de cePaïs la. (P - dos.48.1). lv Le baron Pierre (Joseph) Victor de Besenval (1721-1791), fils de Jean Victor II (1671-1736), petit- fils de Jean Victor I (1638-1713), le bâtisseur du château de Waldegg près de Soleure. Ancien comman- dant de CDM, lieutenant-colonel aux gardes suisses, lieutenant-général des Armées du roi de France et inspecteur général des Suisses et Grisons (Dœsbach 1987: 9-35; Meuron 1982: 33), il était grand amateur de fleurs rares et collectionneur d'art, notamment d'objets orientaux (Bailey 1986: 52; FlECHTER 1993: 98; TfflÉRY 1789: U: 574-80), et de femmes ! Oft Pierre Louis d'Erlach ( ? -1788), brigadier et capitaine de la compagnie générale aux gardes suisses. «petits tonneaux, appelés alverames, contenans 90 pintes» ([SAINT-PIERRE] 1773: II: 39), «C'est-à- dire demi-haam, soit quatre-vingts bouteilles», selon Ia note d'Yves Bénot dans Ia réédition du Voyage (1983: 197, note 3). 22 Antoine Raymond Jean Galbert Gabriel de Sartine (1729-1801), comte d'Alby, ministre de la Marine dès 1774 et jusqu'à la Révolution. IV ¦ DES OBJETS ET DES HOMMES 45 A l'arrivée, plus tardive encore, du premier envoi, Pierre Frédéric ne pourra que constater les dégâts, le 21 mars 1784,,lorsqu'il procédera à l'ouverture des colis à Saint-Sulpice: Jai debalé LesCoquillagc. jai eu ladouleur devoir LcsLautille [Nautiles] enpieces ainsi que la grosse coquille de Nacre qui etoit /cassée/. Dimanche nous /distribuerons/ les toiles. Les trois peaux one Soufert de leur long emballage, quant au vin nous ni avons encore touché quepour envoir laqualité & la Couleur. nous en boirons cependant Dimanche avotre Santé J'en enverrai quelque Bouteilles à Motier, et Je vendrai le reste. (P • dos.48.I). Suivent en janvier 1784, en même temps que des alverames de vin de Cons- tance, par la frégate L'Hermione sous les ordres du capitaine Du Peyron, son «bienfaiteur» lors de la traversée à l'aller (MEURON 1982: 52-323), «1 Caisse Chitz & pelleteries» et par le vaisseau du roy L'Artésien, dont le capitaine est le Ch/ DeVignes, «N° 7 et 8 2 Caisses coquillages [emballés]»; puis en février «N° 12 1 C doublement encaissée & emballée Contenant flacons de Serpens à l'esprit deVin» et «N° 13 1 C Contenant Cornes &peaux d'animaux Sauvages &marins.», selon les lettres N.° 10 et 11 de Raymond datées des 20 janvier et 29 février 1784 à Pierre Frédéric (P - dos.56.III). Après lui avoir parlé de vin qu'il lui adresse et de cannelle à vendre, CDM confirme ce dernier envoi à son frère Ie 1er mars Ì78424: je vous Envoyé par l'Ajax /comande par mon ami & Camarade M.r de la Règle/ [...] U y a aussi une Caisse ou il y a 11 flacon de Serpents & autres insectes dans le Rum. je tacherai d'en faire une autre ou il y aura des plantes de mer qui demande d'être déballé avec bien de la précaution, une tête de buffle dès cornes de différents animeaux, deux Veaux marin & quelque Coquillages. Si elle peut être faitte Je la lui remettrai aussi.

(B -6 juillet 1804). IV - DES OBJETS ET DES HOMMES 51 mettre en demi bouteille & le conserve pour mon retour Sans Se priver d'en boire & d'en faire goûter a nos amis. -'*¦¦•¦ ' -'* '¦* • k-> Dans la Caisse de peau /il y a 4/ Zèbre, je desire qu'il en garde deux pour faire Empailler une Grande & une petite ainsi qu'une de Leopard. & quelque petites de différents animaux, il y en a de Chat Sauvage de ce pays cy qui Sont d'un gris Roux elles Sont Employées avec Succès pour les Sciatiques les Rumatisme & même Ia Goûte. Le reste il faut tacher de tirer le meilleur parti possible, la facture vous dirigera. (P - dos.42.II). CDM n'a pas envoyé, ni même emballé, tout ce qu'il avait recueilli. A son départ, non seulement il abandonnait un mobilier de ménage qui sera mis aux enchères les 21 et 22 mars 1786, mais encore une bibliothèque entière de 74 titres dont 64 reliés représentant 204 volumes, «La machine Electrique et ce qui en dépend» - vraisemblablement celle ayant appartenu à l'ancien gouverneur du Cap, le baron Joachim Van Plettenberg34 -, vendue 230 Rx, trois grands tableaux chinois vendus 100 Rx - qui sont peut-être ceux signalés à Besenval - et jusqu'à «1 Panier et Divers Coquillages» vendus «4 **» (4 escalins) Ie second jour entre «1 Sac Poires Seches» et «1 Sac Raisins Secs»35, sans parler de sa maison! Il n'y a donc pas lieu de croire qu'il emportait de «volumineux» bagages (MEURON 1982: 65). Comme l'a révélé la correspondance, certaines acquisitions non africaines (les «trois tableau de Chine» ou les «feuilles de talipot» venues de Ceylan) ont été faites au Cap. Mais CDM avait des correspondants: à Java, Pierre Isaac de Meuron, dit Pierroton, un sien parent36, et à Ceylan, M. Coquart ainsi qu'un certain M. Martin37, que CDM finira par nommer auprès de Raymond au printemps 1787, 34 Gouverneur du Cap de 1774 à 1765. Selon la lelire de CDM du 25/26 décembre 1784 à Pierre Frédéric: «Je lui ais acheté Son Cabinet de Phisique Par Speculation & par politique Mil florins d'holande payable en hollande» (P - dos.42.II). 35 «Traduction du Rolle de ventes failles dans la maison de Monsieur le Comte et Colonel de Meuron, au Cap de Bonne Espérance les 21 et 22 mars 1786» (15 pages) et «Catalogue des Livres de Monsieur de Meuron Colonel dont la vente se fera les 21 et 22 Mars 1786» (3 pages) (P - dos.14.VI). Quoique dûment mentionné précédemment (Meuron 1982:15), il ne figure pas dans la publication Histoire d'une famille neuchâteloise (La famille Meuron) (Meuron 1991 - absence confirmée par une lettre de M. Guy de Meuron du 14 juillet 1994), mais est cité à plusieurs reprises dans la correspondance et les comptes (Kaehr 1997: 335-43). 37 Le futur lieutenant François Louis Martin, de Peseux, né vers 1737, entré au régiment le 21 juin 1787 et décédé à Vellore le 28 décembre 1798. Dès le printemps 1786, il se trouvait à Ceylan d'où il était en correspondance avec Raymond au Cap, à qui il envoya des objets d'histoire naturelle, reprenant la récolte de M. Coquart, selon la lettre N.0 34 de Raymond à CDM du 30 avril 1786 (P - dos.57.I). «notre Martin» avait «institué Son héritier Monsieur Bumand qui est chargé de la Famille du Deffunt» étant donné que, d'une liaison avec une indigène - il «a, Selonl'usage deLuxembourg, une Chingulaise av'ectrois ou quatre enfans» -, il laissait un fils qui sera placé au «Mih'tary Male Orphan Asylum» à Madras (PETERSON 1999: 89, note 17), comme Pierre Frédéric l'écrit à CDM les 11 novembre 1789, 14 avril 1798 et 9 octobre 1800 (P - dos.50.I). 52 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE sans négliger M. Bumand38 dont le nom apparaîtra à plusieurs reprises. A part «les Diables de Négombo & quelques Coquillages» de M. Coquart de Ceylan chargés en mai 1785 par M. de LaVieuville, d'autres «naturalia» parviennent au Cap, également en provenance de Ceylan, en avril 1786, donc après le retour de CDM en Europe. Malheureusement, l'état des objets laisse à désirer, d'après la lettre N.° 34 de François Joseph Raymond à CDM du 30 avril 1786: Comme j'espère de vous écrire Souvent, mes Lettres Seront Courtes; La présente est seulement pour vous donner avis que j'ai reçu Ces jours passés une Lettre de M. Martin à Ceylan, qui vous fait part d'un envoy d'une Caisse coquillages & quelques pierreries, avec deux planches bois jaune & deux demi billes bois de Calmindre qui est a peu près comme le bois puant mais plus foncé. Je viens de recevoir le tout de L'envoy du Lieutenant Adrians que vous avez vu Chez M. Chiron" & M. Dumenil l'a fait aporter /du bord/ [du vaisseau Stavenìsse] a la maison. Pour vous rendre Compte de cet envoy j'aurai l'honneur de vous dire que je le regarde comme les demieis efforts d'un homme mal aisé à qui vous devez Compte de Sa bonne volonté Seulement. Lc bois jaune est gercé au point de ne Servir que pour bordures. L'autre n'a de diamètre que pour tirer des pieds de table. Les Coquillages Sont les mêmes que ceux que m. Coquart vous avoit envoyé. Les diamants Sont de vrais Cailloux à 1 Esc [escalins] pièce; Il y a deux petites mâchoires d'Eléphant pesant ensemble 5 ou 6.fc et deux becs d'oiseaux de Cette forme [minuscule croquis] il y avoit un plumet blanc - a peu prés de héron avec deux oiseaux à moi inconnus, renfermés dans une boëte très bien fermés; En l'ouvrant j'ai trouvé les oiseaux disséqués & absolument mangés par les Vers qui se Sont de là jettes Sur le plumet qui s'est entièrement deffait en voulant le Secouer. Je présume que M. Coquart avoit Commencé Cette Collection & quà Sa mort elle S'est trouvée dans les mains de M. Martin, Je vous l'adresserai avec vos autres effets. Mais je ne Sai qu'envoyer en retour à Cet officier (P ¦ dos.57.I). Il n'est pas certain que CDM les ait reçus, pas plus que ceux qui devaient (ou auraient dû) arriver de Batavia en avril 1787 de la part de Pierre Isaac de Meuron, ainsi que Raymond l'écrit à Pierre Frédéric dans sa lettre N.° 42 du 15 avril 1787: Je n'ai aucunes nouvelles de Ceylan; le V.™ la Perle qui devoit en revenir le premier a failli Couler bas à l'Isle de france [île Maurice], On en attend deux â chaque instant. [...] M.' Le Baron de Niewenheim ancien Cap.™ au Service de Batavia, qui a passé icy en Mars avec le Diamant, ne put pas trouver à bord la Caisse de coquillages dont M. P." Izaac de Meuron l'avoit chargé pour Monsieur Le Comte. Mais je lui ai donné vôtre adresse & en cas d'absence Celle de M." Van de Perre Meyners & Comp.' [banquiers à Mïddelburg] Je souliaite que ces Curiosités ne soyent point perdues. (P - dos.57.1). Jacob Rodolphe Bumand (1753-1816), dit des Indes, entra au service de la Compagnie hollandaise des Indes comme marchand en 1776 à Batavia d'où il fut transféré à sa demande deux ans plus tard à Ceylan. De 1784 à 1794, il fut gouverneur de Battikalao. Après la conquête britanique en septembre 1795, il renonça à rentrer en Europe et vécut à Colombo où il exerça des fonctions administratives élevées. Il est l'auteur d'un mémoire que copiera Cleghom. (lettre de M. Christian Gilliéron du 2 août 1994; Nadaraja 1966). 39 Abram Chiron, négociant au Cap, qu'il a quitté le 6 janvier 1785, IV - DES OBJETS ET DES HOMMES 53 Ce nonobstant, si le Cabinet a comporté avant 1795 des spécimens «des Indes», contrairement à ce qu'indiquent depuis longtemps,les .publications40, CDM ne les en a pas ramenés lui-même; à moins qu'il ne s'agisse de productions des Antilles. La plupart des objets du Cabinet issus de terres que CDM n'avait pas encore touchées avant la donation ou qu'il ne foulera jamais n'ont pu être acquis que de tiers, après des cheminements plus ou moins indirects. Parmi eux, à côté des œuvres extrême-orientales, trop largement répandues et commercialisées depuis longtemps en Europe pour mériter une enquête, figurent des objets d'Amérique du Nord et surtout d'Oceanie41 qui ne manquent pas de piquer l'intérêt, plusieurs étant spécifiquement hawaiiens. C'est le 18 janvier 1778 que le capitaine James Cook (1728-1779) a décou- vert*2 Oahu, Kauai et Ni'ihau; après son passage de mars à juin sur Ia côte Nord- Ouest de l'Amérique, à sa seconde visite, il découvre Maui le 26 novembre de la même année puis le 30 novembre Hawaii (transcrit «Owhyhe») proprement dit. Qui plus est, l'origine géographique de l'ensemble de cette série d'artefacts correspond de manière surprenante aux divers points touchés par le troisième voyage de Cook (1776-1780): Nouvelle-Zélande, Tonga, Tahiti, îles Hawaii, côte Nord-Ouest de l'Amérique, Alaska43. Certains présentent des analogies avec le matériel rapporté par le peintre et dessinateur Johann "Waber44 et donné entre 1787 et 1791 à la Bibliothèque de Berne qui se trouve maintenant au Musée historique (CsONKA 1988: 134,136, 138; Kaeppler 1978b: 18, 32); il en va de même avec des pièces remises en évidence au Musée d'ethnographie de Herrnhut - 38 sur les 106 fournies avant 1782 par Benjamin La Trobe au «Naturalienkabinett» de Barby (AUGUSTIN 1993) - ainsi qu'avec plusieurs de la riche collection de Göttingen (KRÜGER 1994). S'il ne faut pas céder à l'engouement pour le célèbre capitaine, qui a provoqué de nombreuses attributions erronées (FEEST 1998; KaEPPLER 1978a: 38-9), Par exemple Richesses des Musées suisses (Deuchler 1983: 214) ou l'ouvrage «commémoratif» du Musée d'histoire naturelle (Dufour et HAENNl 1985: 36) qui reprend les sources antérieures. La confusion, que risquent d'entretenir les Promenades touristiques (Jelmini 1997: 109), vient en partie de l'expression imprécise de l'époque et de CDM en personne, qui écrit plus d'une fois «dans l'Inde» alors qu'il s'agit du Cap. Dans l'Inventaire (M), ils apparaissent plutôt avant les objets africains, ce qui ne doit pas traduire une chronologie d'acquisition: lors de l'établissement d'une telle liste, il est fréquent que les dernières entrées soient inscrites d'abord. 42 Même si l'archipel a été aperçu au XVIe siècle (Augustin 1993: 15, note 17; Phelps 1976: 63-4), voire touché (DUNIS 1990), il n'a été exploré que pendant le séjour de Cook (Beaglehole 1992: 580) duquel proviennent les premiers objets parvenus en Occident, des le 22 mai 1779 en Russie (KAEPPLER 1978a: 46; 1978b: 1-3) puis en Angleterre - trois collections sont reçues au British Museum entre le 10 et le 24 novembre 1780 {King 1981: 22-4). Une latence de sept ans suivra: «After Cook's visit no ships called in Hawaii until 1786.» (Kaeppler 1978a: 53, note 3). Il n'y en a pas, en revanche, des Marquises, des Nouvelles-Hébrides et de Nouvelle-Calédonie {deuxième voyage uniquement). 44 Ou John Webber (1751-1793) (Biographies 1995: 21-6). Le solde de ses collections sera vendu après sa mon chez Christie's les 14 et 15 juin 1793 (Kaeppler 1978a: 47; 290; Hauptman 1996). 54 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE la filiation Cook apparaît néanmoins hautement probable45; ce qui permettrait d'ajouter les pièces neuchàteloises aux quelque 2 000 spécimens répertoriés des trois voyages (Kaeppler 1978a: 49; Kaeppler, Kaufmann et Newton 1993: 23).: -,*¦. Mais il y a lieu "de ne pas négliger qu'après Ie troisième voyage de Cook, d'autres expéditions sont susceptibles d'avoir ramené du matériel, dont il est.ardu de suivre la trace. A partir du printemps 1785 est fondée la South Sea Company pour le commerce des fourrures entre l'Amérique du Nord et la Chine dont les bateaux «font aiguade» à Hawaii. Ainsi, le 26 mai 1786, les capitaines Nathaniel Portlock et George Dixon arrivent à la baie de Kealakekua - cependant que La Pérouse, dont les vaisseaux sombreront lors du retour sur un récif de.Vanikoro, relâchait le 28 mai à Maui. Portlock fera une nouvelle visite en février 1787 et les deux vaisseaux seront de retour en Europe avant mai 1789. Le capitaine John Meares (v. 1756-1809) touche Hawaii en août 1787, puis, lors d'un second voyage, le 17 octobre 1788, tandis que le capitaine Douglas, qui commande le second vaisseau, débarque le 6 décembre 1788 pour séjourner jusqu'au 18 mars 1789 et y revenir en juillet 1789; en février 1788, James Colnett (v. 1754-1806) passe à.Kauai (Sahlins 1985: 108, note 4) et il séjournera «à Hawaii en tant que capitaine de. Y Argonaute» au printemps 1791 (SaHLINS 1979: 317; 34O)"16; le 22 septembre 1789, c'est le tour du capitaine John Henry Cox et de son lieutenant George Mortimer sur le Mercury (Buck 1953: 38-9) et à la fin de 1789, celui de Metcalf sur YEleanora... (SaHLINS 1992: 36-9). . r. <, K En revanche, le capitaine Etienne Marchand (1755-1793), qui sera en vue de Hawaii Ie 4 pour repartir le 7 octobre 1791, ne jettera l'ancre à Toulon que le 14 août 1792, trop tard pour qu'aucun objet n'ait pu arriver et être enregistré dans le Cabinet de CDM. L'expédition du capitaine George Vancouver (1757-1798), qui avait participé aux deuxième et troisième voyages de Cook, ne peut non plus entrer en ligne de compte puisque, s'il fait une première visite du 5 au 16 mars 1792, une deuxième le 14 février 1793 et une troisième le 9 janvier 1794, il ne retourne qu'à la fin de 1795 avec les collections officielles du botaniste Archibald Menzies (1754- 1842) (Alexander 1891: 125-7; 320-1; Buck 1953: 34-41, 49-56; King 1994), entrées au British Museum le 13 février 1796 (KING 1981: 25-6). 11 convient aussi d'envisager les possibilités connues d'approvisionnement. Il était très tentant d'imaginer ces «17 tapas de Tahiti à décors divers (noirs, rouges et blancs) en provenance probablement d'échanges avec les bateaux de Cook en Afrique du Sud» (Gabus 1967: I: 24). Or, quittant Ie mouillage de Hawaii sous le commandement du capitaine Charles Clerke (1743-1779) huit jours après que Cook avait été tué dans la baie de Kealakekua («Karakakooa»), les deux navires le «How exciting that you have found what appears to be another Cook voyage collection I» (lettre de M"™ Adrienne Kaeppler du 24 février 1990). Esteban Martinez, commandant du port de S. Lorenzo de Nutka, fera parvenir au cabinet royal de Madrid des objets hawaiiens provenant de la confiscation de la cargaison de son navire en 1789 mais pas de tapas (lettres de M™ Araceli Sanchez Garrido des 11 juillet et 16 septembre 1996). Une collection nord-américaine d'Archibald Menzies provenant de son voyage sur le Prince of Wales commandé par Ie capitaine James Colnett en 1787-1788 entre au British Museum le 19 février 1790 (KlNG 1981: 24-5). IV '-''DES OBJETS ET DES HOMMES 55 Resolution et le Discovery appareillèrent le 22 février 1779 pour relâcher, conduits par Ie nouveau commandant, le capitaine John Gore (v. 1730-1790), le 12 avril 1780 au Cap où le régiment Meuron ne débarquera que le 7 février 1783! Même si, en plus des spécimens peut-être donnés par Anders Sparrman47 ou les Forster au retour dû deuxième voyage en 1775, il est resté au Cap des témoins du troisième voyage (Kaeppler 1978a: 44, 49, 293; 1994: 69), la source est à chercher ailleurs. Les occasions n'étaient pas illimitées de se procurer de telles pièces au cours des dix ans seulement qui séparent la mise sur le marché de spécimens de Hawaii48 et leur présence assurée à Saint-Sulpice dans le Cabinet de CDM, durée qui se réduit même à quatre ans49. Certes, Ie moindre prix attaché aux «ethnographìca»50 par rapport aux «naturalia» a pu permettre une circulation des objets dès la fin de 178051 et surtout à partir de 1781, mais avant la fameuse dispersion du Leverian Museum en 1806 (KAEPPLER 1978a: 12). Or la nature des objets retrouvés suggère plutôt un lot et donc un fournisseur unique. Bien que beaucoup de personnes aient détenu du matériel du dernier voyage de Cook en raison de leurs relations personnelles directes ou indirectes avec le célèbre capitaine, il n'y a pas lieu de penser que CDM ait pu compter parmi ses fournisseurs les peintres Johann Wäber (1751-1793), Philippe Jacques de Loutherbourg (1740- 1812) - qui séjourna près de Bienne du 17 juin 1787 au début de l'année suivante (PhotiadèS 1932: 350-7) - ou même Joshua Reynolds (1723-1792), pas plus que Johann Georg Adam Forster (1754-1794) - venu trois jours début novembre 1793 Anders Sparrman (1748-1820) avait déjà fait à 17 ans un voyage en Chine avant de devenir l'élève de Linné. En décembre 1771, il alla au Cap, devint précepteur des enfants du gouverneur tout en herbo- risant avec ardeur. En 1772, il fut invité à se joindre à l'équipage du Résolution puis débarqua de nou- veau au Cap en 1775, d'où il ne revint qu'en 1776. n donnera ses curiosités à l'Académie royale des Sciences de Stockholm en 1799. Il faut être conscient que des officiers jusqu'aux membres de l'équipage, tous les participants se procurèrent des curiosités comme souvenirs (BuCK 1949: 36) et étaient donc des collectionneurs poten- tiels (Thomas 1994: 135), comme le rappelle Stephan Augustin (1993: 7), tout en signalant les limites d'acquisition liées à la place, au matériel d'échange et à la considération: «Für die Seeleute war es relativ schwierig, botanische oder zoologische Stücke zu erlangen und auf den Schiffen haltbar zu präparieren. Völkerkundliche Dinge brachten dagegen in dieser Hinsicht keine größeren Probleme, mit Ausnahme des Transportraumes, der zumindest in den Mannschaftsquartieren nicht reichlich zur Verfügung gestanden haben kann. [...] Rang und Stellung der einzelnen Expeditionsteilnehmer, Offizier, Arzt, Wissenchaftler oder Matrose, hatten Auswirkungen auf die Möglichkeiten zum Sammeln. Offiziere verfügten über eigene Kabinen und konnten diese als Unterbringungsmöglichkeiten nutzen.». Voir le chapitre VU. Au cours des voyages, certaines pièces ont pu servir de monnaie d'échange pour des biens de consommation mais aussi ont été troquées contre d'autres «exotica» (Hauser-SCHÀublin et KrOger 1998: 11-29), voire ont été données en cadeau, notamment la collection offerte par Clerke au major Magnus Behm, gouverneur du Kamchatka, le 22 mai 1779 (Kaeppler 1978b: 1). Les navires étaient de retour à Plymouth le 22 août mais n'arrivèrent au Nore, à l'embouchure de la Tamise, que le 4 octobre 1780. 56 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE à Travers (Kelm et HEiNTZE 1976: A96)52, d'autant que celui-ci n'a pas néces- sairement possédé des pièces de Hawaii. "^A côté de sources d'approvisionnement françaises53 possibles, puisqu'il avait de nombreux contacts à Paris, une hypothèse serait que CDM a profité de son mys- térieux séjour à Londres en octobre-novembre 1791. Le fournisseur pourrait alors être le marchand George Humphrey ( ? - après 1797 ou 1806)5* - selon la sugges- tion de M™ Adrienne L. Kaeppler (lettre du 24 février 1990) - qui possédait déjà un fonds important de pièces du deuxième voyage, vendues aux enchères en 1779 (Kaeppler 1978a: 44-5). Au retour du troisième voyage, celui-ci «again went to the ships when they docked and bought whatever he could.» et il s'approvisionna de même à la vente d'un officier, Ie chirurgien du Discovery David Samwell (1751-1798), dès le 14 juin 1781, revendant une grande partie des objets en 1782 à Göuingen (Kaeppler 1978a: 13, 22, 47) tout en conservant probablement du matériel, comme il acquit des pièces à la vente de la duchesse de Portland (courriel de Mmc Adrienne Kaeppler du 26 juillet 2000) en 1786. Comme l'Inventaire (M)55 liste un objet «[X] 27. Bateau d'Ecorce d'arbre, fait par les Souvages Caraïbes» qui doit correspondre à la maquette de bateau des Yàhgan de la Terre de Feu MEN 95.1.18, la collection de CDM a pu comprendre également -, et pour autant que ce spécimen ait une origine Cook -, des objets du deuxième (1772-1775), voire du premier voyage (1768-1771). Cette éventualité pourrait consolider la supposition d'une source Humphrey, qui reste très hypothétique.. Il voit sa femme, Thérèse Heyne (1764-1823), qu'il avait épousée en 1785 et dont il était séparé, ainsi que ses enfants. Elle se trouvait alors à Ncuchâtel avec l'écrivain Ludwig Ferdinand Huber (1764- 1804); ils furent paimi les familiers de M" de Charrièrc. La présence de pièces des voyages de Cook en France, révélée par de multiples indices, est encore très insuffisamment explorée «Cook objects in France are siili a mystery and Switzerland, too.» (courriel de NT" Adrienne Kaeppler du 7 septembre 2000). George Humphrey avait ouvert au public son musée privé, N° 70 St. Martin's-Lane, dont il vendra le contenu réuni depuis plus de 30 ans dans des enchères débutant le 5 avril 1779. Considéré comme «a dealer in minerals and other natural history specimens» (Chalmers-Hunt 1976: 42; 61), il était aussi «a prominent ethnographie dealer of late eighteenth-century London [who] had a large stock of Cook voyage objects, which he had purchased himself from Cook's ships» (Kaeppler 1974: 70). Le «Preisverzeicliniß von südländischen Kunstsachen und Naturalien» de Georg Forster (1985:102), pam anonymement dans le Göttinger Taschenkalender fiir das Jahr 1782, qui comporte des spécimens du 3e voyage de Cook mais aussi des précédents, indique où s'adresser: «Alle obige Artikel sind bey Hm. Martin in King's Street Cov'ent-garden, und bey Hm. Humphry, in St. Martin's Lane, London, zu haben.». D'après le catalogue autographe accompagnant l'importante collection vendue à Gottingen en 1782 (URBAN 1982: 24) et pourvue d'étiquettes losangiques typiques, Humphrey indique quant à lui «Dealer in Natural History, &, & N.°48, Long Acre London.» (examen du 13 septembre 1994). Le petit «Livre d'adresses» de CDM (P - dos.68.1) mentionne: «M/ Hompfrey Hist: Naturelle / Leicester Square». Enfin, en suivant Adrienne Kaeppler (Hauser-Scuäubun et KRÜGER 1998: 91), il a rédigé le catalogue pour la célèbre vente aux enchères du Leverian Museum de 1806. Voir le chapitre XIII. IV ¦ DES OBJETS ET DES HOMMES 57 La documentation est hélas ! très lacunaire pour la période précise du voyage de CDM à Londres en automne 1791: aucune dépense d'histoire naturelle n'a pu être repérée qui puisse s'y rapporter"'aucun frais d'expédition non plus, alors que le lot comporte une lance de 8 pieds 4 pouces qui pourrait difficilement passer inaperçue, encore qu'elle ait été sciée en deux à un moment indéterminé ! Manifestement rempli par un secrétaire pour son second séjour en Angleterre56, et donc datable de 1797, le petit «Livre d'adresses» relié cuir brun de CDM (P - dos.68.I) montre que CDM était bien renseigné. Le répertoire comprend un «Sir Banks Joseph, Soho Square»57 ainsi, justement, qu'un «M/ Hompfrey Hist: Naturelle / Leicester Square»58! Une preuve incontestable de la filiation aurait pu être fournie en découvrant de par le monde, sur la multitude de spécimens dispersés59, deux échantillons de «tapa» qui non seulement présentassent Ie même motif (comme les deux morceaux MEN V.508 et V.50960 mais encore se correspondissent, ce qui n'a pas été le cas. A défaut, Ì1 ne reste que la datation de l'Inventaire par l'étude de la bibliothèque de CDM pour étayer la présomption que ce groupe d'objets proviennent du troisième voyage de Cook. Ces témoins prennent une valeur toute particulière pour la connaissance scientifique du Pacifique, dans une perspective ethnohistorique (Kaeppler 1978a: 48; O'REILLY 1970), notamment en ce qui concerne Hawaii, jusqu'alors vierge de toute influence européenne. «But, because European tools, technology, and ideas were traded to the local inhabitants by the men on the ships, changes could take effect immediately, especially those brought about technologically by iron tools. [...] It is crucial to be able to state that objects from Hawaii came from Cook's voyage rather than from those of Portlock, Dixon, or Vancouver. Only then will statements Le début de chaque section alphabétique se rapporte presque toujours à Londres et, première de Ia page, l'adresse de Hugh Cleghom, l'agent anglais qui l'avait accompagné en Inde et était rentré avant lui, est celle qu'il lui communique par sa lettre du 27 octobre 1797 et que confirment James & John Mcyrick: «Old Cavendish Street n° 20» [Cavendish Square] (P - dos.37.I; dos.41.rV). Sir Joseph Banks (1743-1820), naturaliste qui avait pris part au premier voyage de Cook, président de la Royal Society de Londres de 1778 à sa mort 58 CDM lui-même a ajouté de sa main un «Le C." de Bouraon Queen Street N°. 2 / Edgwarë Road. (histoire naturelle.)»; il s'y trouvait également le nom de «M Guerning Histoire naturelle à Francfort» qui, en automne 1801, lui proposera l'achat de ses collections. D'après Ia Nouvelle biographie générale (1857: XX: col. 267), Johann Christian Geming (1746-1802), tout en s'occupant d'affaires de banque, se livra à l'étude de l'histoire naturelle et particulièrement d'entomologie. Il n'épargna rien pour réunir une vaste collection d'insectes et une riche bibliothèque. Il soigna «de la manière la plus désintéressée» le texte des Papillons d'Europe, que CDM possédait dans sa bibliodièque. «A large amount of bark cloth was collected in Hawaii on Cook's third voyage. Much of it was cut into small pieces and bound or pasted into books, such as the series of volumes by Shaw (1787).» (Kaeppler 1978a: 90). 60 Voir le chapitre XIV. 58 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE on pre-European technology be valid.» (Kaeppler 1978b: vii). Plus encore, «Although certainly of antiquarian interest, Cook voyage collections can be used as archaeological end points as well as beginning points for changes resulting from European influence - not only in technology, but also in the ideology reflected.» (Kaeppler 1978b: viii). En vérité, la découverte au XVIIIe siècle est mutuelle et elle a de profonds effets aussi bien sur les insulaires du Pacifique que sur les Européens; même si les consé- quences sont inégales, les changements étant décisifs chez les premiers, les influences sur les seconds, pour subtiles qu'elles puissent être, n'en existent pas moins, modifiant considérablement des modes de penser (WlTHEY 1989: 11). Kaeppler (1978b: viii) trace encore la perspective d'utilisation à des fins anthro- pologiques du matériel documenté. «Are objects in museum and private collections destined to be only "artificial curiosities,' as they were called in the 18th and early 19th centuries? Or can they be useful in telling us about ways of life and belief systems now long passed away? I belief that they can be used in this latter sense. What do the collections mean? Why were these objects collected, rather than others? What were the symbolic and functional aspects of the objects in the 18th century, not only to their makers, but to those who collected them on the voyages and in Europe?». Des artefacts ethnographiques surprenants que l'auteur appelle ailleurs «manmade objects of wonder» (Kaeppler 1978a: 15; 5, note 7). V LE CABINET À SAINT-SULPICE A arti le 9 mars 1786 du Cap - où il avait passé en garnison trois ans et un mois - pour arriver le 3 mai en rade du Texel après une très rapide traversée, CDM ne pourra s'occuper de ses collections que l'année suivante, à partir de mai 1787, après ses séjours aux Pays-Bas et à Paris, sinon plus tard. Le fonds qui se trouvait déjà dans la maison patrimoniale de Saint-Sulpice comportait vraisemblablement quelques-uns des «coquillages marins» de Théodore de Meuron, de même que des «pétrifications», dont celui-ci se proposait, le 10 mai 1757, d'offrir une collection au colonel Franz Joseph de Hallwyl (1719-1785) dans le régiment duquel servait son fils (P - dos.71.II); il y avait sans doute aussi des objets souvenirs du service de CDM à la Martinique en 1758-1759. Dès 1760, alors qu'il est à Rochefort pour remplir ses charges de militaire, tout en se préoccupant de se marier, il avait recueilli des coquillages et lancé conjointement des opérations commerciales. Dans ce contexte multiple, des contacts avaient été établis avec des amateurs qui n'étaient autres que le banneret Frédéric Samuel Ostervald et, indirectement, Elie Bertrand, «Pasteur de l'Eglise françoise de Berne», comme celui- là Ie révèle le 15 mars 1761: J'ai trouvé une occasion favorable pour faire parvenir à M*. Bertrand Pasteur de l'Eglise françoise de Berne1, la boette de Coquillage dont vous avés eu la bonté de gratifier nôtre cabinet J'ai receu dans sa dernière ordre exprès de vous faire mille remerciements & de vous inviter à aller le voir de même que la collection de curiosités naturelles qu'il a chés lui. (P - dos.71.IQ. Beaucoup plus tard, une lettre à son frère Pierre Frédéric, le 21 [?] mars 1781, suggère que CDM a également pu enrichir ses collections à Paris: avés vous retiré Mes Coquillages, je le desire fort Si je peux Envoyer quelques meuble je le ferais car je Songe Sérieusement à preparer un petit menage. {P - dos.42.Ü"). Ces coquillages, s'ils existent encore, ne se trouvent probablement pas à Yverdon où le musée est issu surtout de la collection qu'il avait léguée (Kaehr 1984: 351-3) et qui est la seconde, rassemblée après son retour de Pologne. La première, constituée alors qu'il était encore pasteur à Berne, a été vendue pour sa plus grande partie au Grand Electeur de Saxe, vers le début de 1764 (Roulet 1950: 68; Weidmann 1986: 80; 100-1; lettre de M™ France Terrier du 24 mai 1994), tandis que Haller, dans sa bibliographie, imprimait qu'elle «Ist grössentheils an den Churpfâlzischen Hof verkauft worden» (1981 (1785-1788): I: 339, n° 1085). L'imprécision des sources, malgré plusieurs démarches en Allemagne orientale, n'a pas permis d'en retrouver la moindre trace, 60 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE II y acquerra de même des tableaux et des gravures, selon une autre lettre du 25 mai suivant (P - dos.42.II). Certaines étiquettes (libellées en français) et cotes antérieures qui ont subsisté, différentes de celles correspondant à l'Inventaire (M) et d'une autre écriture, suggèrent que CDM pourrait avoir entrepris d'organiser assez tôt ses trésors et procédé (ou fait procéder) à une première numérotation (qui a l'air d'être séquen- tielle) - à moins qu'il ne s'agisse de repères de marchands2. Si la création du Cabinet n'avait daté que du retour de CDM à Saint-Sulpice, il serait étonnant que le Journal du moraliste Théophile Rémy Frêne, pasteur à Tavannes depuis 1763, en parle déjà en date du 2 juillet 1787, au reste par ouï- dire3. Le 2. Juillet lundi, de bon matin, IvT de Gelieu', ses cinq Pensionnaires, Louis et mois nous acheminâmes contre U Goguelisse; nous passâmes par Nods. Chemin faisant. M* de Gelieu me raconta comment M* Mouron, originaire de S? Sulpi (quoique de Neuchatel), Colonel du Regiment de ce nom au service de la Compagnie HoIIandoise des Indes Orientales, et en Garnison au Cap de Bonne- Espérance, y avoit fait une fortune très considérable. A l'âge de quelque cinquante ans, il s'est retiré depuis peu chés lui à ? Sulpi, où il s'est formé un des plus beaux et un des plus riches Cabinets qu'on puisse voir en curiosités et raretés naturelles et exotiques. Il a envoyé aux Indes son frère cadet, homme marié, qui, pour faire la fortune de sa femme et de ses enfans, a hazardé cette entreprise et est parti sans leur dire adieu. (Frêne 1994: 345-6). Tout prouve au contraire l'existence d'une structure d'accueil: la lettre du «Commandant» Raymond du 20 janvier 1784 à Pierre Frédéric annonce déjà «Vous aurez de quoy former un Joli Cabinet d'histoire Naturelle & quelque chose qui Serit la Canelle» (P - dos.56.III), celle de CDM du 28 décembre 1785 à Théodore Abram parle expressémenl d'oiseaux empaillés «pour Joindre à Ce qui est déjà dans le Cabinet de S1 Sulpice.» (P - dos.43.II) et le relevé de l'expédition du 23 janvier 1786 mentionne «Pour le Cabinet de M le Ctó» (P - dos.30), ce que confirme Raymond qui, de son côté, avait écrit deux jours plus tôt: «Pour Le Cabinet de m. Le Colonel» (P - dos.57.0. Les envois successifs faits du Cap6 sont probablement restés entassés dans le «magazin». Dans ces conditions, Théodore Abram improvise une présentation de «ce qu'il y avoit de plus curieux» pour la visite du gouverneur de Neuchatel le «vendredy» 29 septembre 1786 mais, comme il le regrette le 3 octobre 1786, Voir le chapitre XIV. La transcription de ce document nous avait aimablement été communiquée par M. Frédéric S. Eigeldinger le 4 juin 1987. 4 Jonas de Gélieu (1740-1827), son gendre, pasteur à Lignières de 1763 à 1790. Ils sont partis de la «Cure de Lignières»; le petit Louis est son «Neveu». Voir Ie chapitre IV. V - LE CABJNETA SAINT-SULPICE 61 «le terrible & affreux lems» qu'il a fait empêche M. de Béville7 de s'arrêter (P-dos.25.II). -. .¦;.¦-¦ Au surplus, en été 1787, non seulement tous les objets n'ont pas été installés mais la pièce qui doit les abriter reçoit un mobilier spécifique8 et va subir d'impor- tantes transformations, l'espace qui leur est réservé doublant par la réunion de deux volumes commerciaux de la maison patrimoniale. La somme globale pour les «meubles & autres» s'élèvera au moins à £ 10 383.8.— jusqu'en 1789! Concernant les gros travaux, les écritures sont plutôt embrouillées, notamment à cause des multiples copies et des relevés particuliers qui les recoupent, parfois dépourvus de date et imprécis - l'inscription est tardive et le «cabinet» pourrait désigner parfois une autre pièce puisqu'une dépense est faite pour un lit - mais l'essentiel est confirmé par deux lettres des 6 avril et 18 décembre 1788 (P - dos.53.I) de Théodore Abram, qui renâcle à ces investissements dispendieux, à Pierre Frédéric. Un compte est payé entre le 15 août 1788 et 1791 «à Vaucher Menusier pour les deux portes de Communication de la chambre au Cabinet, les deux Cadres et la Caisse et les poser», !'«ancien Meuron» se chargeant de «percer Ia muraille et remaçonner la Caisse de la porte»; puis pour «Reparation de la chambre du Cabinet d'histoire défaire la Separation refaire le plancher [...]» «9 journées de façon», la pièce étant sans doute reblanchie; enfin «a J: J: Vaucher Menusier pour les reparations qu'il a faite a la chambre a coté du Cabinet d'histoire f...]», «une serrure» étant posée «a la porte du Cabinet, 2 clefs». (P - dos.28.I). Entre mai 1786 et avril 1795, CDM sera souvent retenu loin du pays pour tenter de régler les affaires de son régiment, s'occuper de ses diverses opérations commer- ciales, cultiver les appuis ou soigner sa santé. ¦ II séjourne d'abord aux Pays-Bas, qu'il quitte en septembre pour demeurer six semaines à Paris, puis retourne y rejoindre en décembre 1786 Pierre Frédéric, qui lui succède au Cap et doit faire passer le régiment à Ceylan. Revenant à Paris, il s'accorde enfin une «course» à Saint-Sulpice en mai 1787. Ses troubles digestifs lui font prendre en août les eaux de Vichy avec Pierre Victor de Besenval9, selon sa lettre du [15] décembre 1787 à Pierre Frédéric (P - dos.43.II), puis il s'installe à Paris où sa santé laisse longtemps à désirer; après une cure en août 1788 à Contre- xéville, toujours avec Besenval10 (P - dos.43.II), il rentre en automne à Saint- Sulpice et réalise un vieux rêve, faire en 42 jours le tour de la Suisse - sur laquelle il s'extasie - en compagnie de son neveu Ja[c]ques Louis DuPasquier11, voyage qui lui coûte le double de ce qu'il avait présumé (R - dos.22.IV). En décembre 1788, Louis Théophile Le Chencvix de Béville (1734-1816), lieutenant-général, gouverneur de Neuchâtel de 1779 à 1806. Voir la fin du présent chapitre. La comtesse Victoire Duliamel de Précourt [M™ Duhamel], amie de CDM, s'y trouvait aussi avec la marquise de Créqui sans parler de Thimothée [Lebideff], serviteur de CDM, malade également. En compagnie notamment du marquis de Jaucourt. Fils (1762-1830) de Jean Jacques et de Marianne, née Meuron. / 62 LE MÛRIER ET L'ÉPP.E il écrit à Pierre Frédéric: «nous avons vu toutes les Bibliothèques et tous les Cabinets d'histoire naturelle» (P - dos.44.I). De retour à Saint-Sulpice à fin octobre 1788, il y passe «faute d'argent» un méchant hiver, sans «demarcr» pendant trois mois, dépérissant d'ennui et de froid: «mon Cabinet m'eut un peu distrait [...] mais il glaçait», écrit-il le 14 mars 1789 (P - dos.44.I). Bien que sa santé reste chan- celante, parti à la fin de juin, il fait une longue tournée qui le conduit d'abord à Paris où il reste un mois, puis, accompagné de Ja[c]ques Louis, à Berlin où, de septembre à décembre 1789, il cherche des protections, enfin aux Pays-Bas où il «végète» de janvier jusqu'à la fin de juin 1790. Il séjourne en été à Paris, «Rue et faubourg S1 dénis hotel du désin> (F - A.45), et ne revient que le 13 novembre à Saint-Sulpice où il vivra un nouvel hiver peut-être moins rigoureux mais néanmoins douloureux puisque se manifestent les premiers problèmes rénaux12. Malgré les autres préoccupations de CDM, ses démarches et voyages fort nombreux, les neuf ans qu'il passera en Europe ne vont pas sans modifications pour son Cabinet, ni sans fruits non plus. S'il distrait quelques pièces de ses collections, celles-ci s'augmentent malgré tout à la faveur des arrivages de marchandises qu'il fait venir du Cap. Certaines étaient déjà en route, d'autres encore en dépôt (P - dos.14.IV), d'autres encore seulement annoncées ou commandées. Leur récu- pération, compliquée par suite de difficultés de transport, occupe une partie de la correspondance tant.avec son ami François Joseph Raymond (P - dos.57.I) qu'avec celui qui succédera à ce dernier au Cap, le capitaine Henri David de Meuron Môtiers (1753-1804), son cousin. Il doit même recevoir quelques cadeaux imprévus: une boîte ancienne en métaux variés de Renaud de Coquillard13 le 14 août 1788 (P - dos.58.1) et de Pierre Isaac de Meuron «une espèce de médaille d'or, et une petite fiole d'huile ou d'escence de Canelle» selon Ia lettre que ce même Renaud lui envoie le 6 avril 1794 (P - dos.59). Après le 4 novembre 1786, une «Caisse de Pelteries» venant de Nantes doit arriver à Saint-Sulpice (P - dos.42.II), qui est l'une de celles expédiées du Cap le 23 janvier de la même année (P - dos.30); Théodore Abram, Ie 30 juin 1787, porte dans ses comptes des «fraix a 6 Colis Petrification Peleterie, talîpo &.c venant de Paris & du Cap» pour la somme de £ 468.11,- (P - dos.28.I). Le 9 juillet 1787, Renaud de Coquillard signale l'arrivée aux Pays-Bas d'une caisse «Remplie de Coquillages» (P - dos.58.1), dont il n'est pas possible de situer l'origine et qui est peut-être celle dont il déclare le 15 octobre suivant qu'elle «doit être en route présentement» (P - dos.58.I). D'autres lots suivront - les comptes de Raymond au Cap portent en date du 22 avril 1786 une dépense de Rx 28.--.-- «au S/ Dirck Hoffmann p/ 2 porcs epics» Comme son contemporain, Arthur Phillip {1738-1814), premier gouverneur de la Nouvelle-Galles du Sud, peut-être sa maladie est-elle due à une diète trop salée à laquelle étaient exposés les marins par suite du moyen de conservation des aliments (Frost 1987:218) ou plutôt à une absorption d'eau insuffi- sante (renseignement de M. Jean-Pierre Zellweger Ie 4 août 1997). François Simon Renaud de Coquillard ( ? -1799?), précédemment de la légion de M. de Maillebois, capitaine chargé du dépôt du régiment à Flessîngue puis à Middelburg. V - LE CABINET A SAINT-SULPICE 63 (P - dos.22.II) et le 24 novembre 1787 une de Rx 101.2.-- «au Bourgeois Jan Engel p/ 6 peaux zebre» (P - dos.17.III) - mais avec lenteur et difficultés, vu l'impos- sibilité de charger des caisses; plus de deux ans s'écouleront avant que CDM puisse rapatrier «ce qu'il y avoit d'Embalé pour [lui] depuis [son] départ» du Cap, ainsi qu'il l'écrit le 1er janvier 1788 à Meuron Môtiers (P - dos.43.II). Parmi les nombreux récits de voyages qui fleurissent alors, il en est à nouveau plusieurs qui ne parlent pas de cabinets ou ne contiennent pas d'éléments intéres- sants à propos de la nouvelle installation de CDM14. Il n'empêche que la réputation du Cabinet s'étend, au point de le faire entrer dans le circuit des curiosités locales comme une étape obligée de tout périple. Le succès auprès des visiteurs dut être grand pour que CDM y ait attaché un «Tronc pour les pauvres»15 dont le maintien sera la seule exigence posée lors de la cession aussi bien des collections que du mobilier (G; M). Après le pasteur Frêne qui, Ie 2 juillet 1787, a expressément fait état de «curiosités [...] exotiques» mais sans les avoir vues, Ie premier témoignage sur Ie cabinet n'est autre que celui de l'Ecossais avec lequel CDM négociera l'avenir du régiment: Hugh CIeghorn16. En compagnie du jeune comte Home17 dont il était Ainsi celui du citoyen Jacques de Cambry (1749-1807) qui, parlant de Neucliâtel, fait entre le 23 et le 25 août 1788 un circuit dans les Montagnes neuchâleloises {1800:1: 228-246). Adélaïde Edmée de La Briche (1755-1844), arrivant à Neucliâtel le 1™ octobre 1788 à Neuchâtel, n'y fait que passer pour se rendre à La Chaux-de-Fonds en «charaban», puis le lendemain au Locle, aux Verrières et de là à Ponlarlier (ZURICH 1935: 153-64). Le général Miranda, lors de son voyage dans la Principauté du 5 au 10 octobre 1788, évite le Val-de-Travers et ne va même pas à Môtiers (Guyot 1934: 22-35). Le pasteur Philippe Sirice Bride! (1757-1845) qui, vraisemblablement en 1788 d'après la carte accompagnant son récit (1789), effectue une «course de Bale à Bienne par les vallées du Jura», ne va pas plus loin que «l'isle de St-Pierre»; il promet une suite de sa relation jusqu'au lac de Joux, mais elle ne semble pas avoir vu le jour. Inspirée par les Tableaux de la Suisse de Laborde et Zurlauben du désir «d'aller voir surplace», la comtesse de La Marck (Bory 1971: 45: 26-8) qui s'intéresse aux collections d'histoire naturelle, après bien des aventures, ne fait non plus que passer la nuit du 8 au 9 septembre 1789 à Neucliâtel, se souciant surtout de faire un pèlerinage à l'«ïïe Saint-Pierre». Enfin, le Guide du voyageur en Suisse du naturaliste Thomas Martyn (1735-1825) consacre, lui, à peine deux pages à Neuchâtel (1790: 49-51), sans entrer dans les détails. A plusieurs reprises, CDM fera des dons pour les pauvres de Saint-Sulpice et aussi de Boveresse, comme en font foi ses comptes, notamment avant un départ et pour marquer l'heureux retour de ses lointains voyages. «Pour Le bien & L'embellissement de Son Heu natal», comme l'écrit Jean-Jacques Bolle à Théodore Abram le 28 octobre 1798, tennes qu'il reprend le 6 décembre 1799 (P - dos.33), U contribuera de même à divers travaux d'édililé publique ou offrira une cloche, réalisée par Joseph Désiré Rognon, fondeur à Chauvraiche, exigeant, sans vaine illusion mais attentif à perpétuer comme il convient son souvenir (Kaehr 1996b), une inscription conforme à ses vœux, dont son secrétaire, Daniel Henri Reymond. lui communique le texte, selon une lettre à Théodore Abram du 9 octobre 1802 (P - dos.43.I). Une biographie complète de Hugh Cleghom (1752-1837) contient malheureusement quelques erreurs importantes à propos de Neuchâtel (CLARK 1992). 64 LE MURIER ET L 'EPEE le précepteur, il s'élait établi à Neuchâtel, probablement en mars 1789, et y avait noué de "nombreuses connaissances et amitiés (Clark 1992: 99). A sept participants, trois à cheval et quatre en «charabanc», est entreprise dès Ie 3 juin une excursion qui, selon Ie second volume du journal de Cleghorn, les conduit à La Chaux-de-Fonds, au Locle et au Saut-du-Doubs. Returned from this expedition, Lord Home went fishing .for trout in the Arciise, in the Val de Travers, for some days and Cleghom joined hini to explore the valley and visit the village of St Sulpice, in which was «the house of my friend Colonel de Mcuron who has collected an excellent Cabinet of Natural History» (Clark 1992: 54). Lors du grand tour de Suisse qui suit en été, Cleghorn aura l'occasion de voir d'autres collections, dont celle du général Pfyffer18 à Lucerne, mais c'est en mars 1790, pendant le voyage en Italie, qu'il fut vraiment impressionné par un musée, celui établi par les Biscari à Catane (Clark 1992: 67-8; 80). Le témoignage qui lui succède, celui d'une exilée française, identifiée comme une certaine M"* de Gauthier, prend une valeur toute particulière en dépit de sa brièveté. Déjà auteur d'un récit de voyage en Alsace, elle entreprend de relater sous forme de «lettres» ses deux parcours en Suisse en 178? et 1790, tout en y mêlant plusieurs récits sur la Révolution. L'ouvrage en deux volumes est publié anonyme- ment en 1790 «à Londres», adresse manifestement fictive. Pour meubler ses loisirs, elle n'avait pas manqué de faire le tour de toutes les curiosités du pays, se référant notamment au Dictionnaire [...] de la Suisse de Tschamer (1788), à Bourrit - de préférence sa Nouvelle description des glacières (1787) -, aux Lettres à M W. Melmoth sur l'état politique, civil et naturel de la Suisse de Coxe (1781), mais utilisant moins explicitement aussi Sinner de Ballaigues; elle s'était particulièrement intéressée aux cabinets de divers amateurs, sans réussir à les visiter tous. En juillet 1790, elle avait découvert celui de CDM, qui se trouvait alors absent à Paris, et elle en parle dans la lettre LV datée «A la Brevine, Ie 26 juillet 1790»: On nous conduisit à S. Sulpice, dans le cabinet d'histoire naturelle de M. de Meuron, colonel au service de la Compagnie Hollandoise. Sa collection de coquilles est nombreuse; nous vîmes des meubles, des habits & des armes à l'usage des Indiens & des Chinois, que le propriétaire a rapportés de ses voyages, ainsi que quelques plantes sèches; le talipo y est dans son entier. On me permit d'y mâcher du bétel: je lui trouvai un goût d'épice qui me déplut, & qui me feroit rejeter ce parfum, quand même il n'aurait pas l'inconvénient de noircir les dents. J'examinai avec plaisir une collection de quadrupèdes extrêmement réduits dans leurs proportions, mais imités à merveille, posés avec grace & naturel; ils sont d'ailleurs revêtus des peaux des animaux qu'ils représentent. On m'a dit qu'ils venoient de Strasbourg. (1790: C: 303). 17 Alexander (1769-1841), 10* Earl Home: 1R François Louis Pfyffer de Wyher (1716-1802), lieutenant-général au régiment de Sonnenberg, topographe, auteur d'un célèbre plan en relief de la Suisse intérieure [centrale] de 6 x A mètres terminé en 1786 et actuellement au Gletschergartenmuseum; CDM l'avait précédé en 1788 (P - dos.44.I). V - LE CABINET À SAINT-SULPICE 65 D'après sa correspondance, dès fin juin 1791, CDM^est à nouveau en route, s'arrêtant d'abord en juillet à Conirexéville avant de.passer aux Pays-Bas, fait en octobre/novembre un mystérieux séjour à Londres19, pour revenir ensuite aux Pays-Bas où il effectue de nombreux déplacements et rentre finalement après Ie 21 juillet 1792 à Saint-Sulpice. Ainsi, il ne voit pas la comtesse Sophie Juliane Friederike de Dönhoff (1768-1834), réfugiée en été 1792 à Neuchâtel, lorsqu'elle vient visiter le Cabinet à Saint-Sulpice, ainsi qu'il le rapportera à son neveu, en même temps qu'il évoque ses ennuis de santé, dans une longue lettre de onze pages datée de Saint-Sulpice le 10 janvier 1793 (V). ' En septembre 1792, une fracture à la jambe droite20 et des complications avaient tenu CDM alité plusieurs mois d'hiver, le condamnant longtemps aux béquilles, restreignant ses mouvements, ce qui l'oblige à faire venir Renaud de Coquillard en Suisse l'été suivant - il est «a S.' Sulpice le 28 Juillet 1793» (P - dos.22.I). Descendu habiter «sa petite maison»21 à Neuchâtel quoique «bien hipotequé», il va prendre les bains à Schintznach en août, cure qui lui permet de troquer une de ses béquilles contre une «canne à tête», comme il l'écrit de Neuchâtel le 20 décembre 1793 à son frère (P - dos.44.I). Il semble y avoir fait un second Hugh Cleghom informe le 28 octobre 1791 le ministre Henry Dundas des dispositions de CDM {MEÙRON 1982: 102) qui est de retour à Middelburg le 17 novembre puisqu'il reçoit ce jour les comptes du capitaine François Simon Renaud de Coquillard (P - dos.22.D et que Jean Pierre de Meuron Bullot parle de «votre chère Lettre de Middelbourg en daite du 17e 9.-b™ 1791, que j'ai reçu au Cap peu de jours avant mon départ» dans sa réponse datée de Colombo, le 26 décembre 1792 (P - dos.47.I). Par ailleurs CDM écrira le 24 décembre à son cousin Pierre Henri: «Amonrctour d'Angleterre il y aun mois» (R - dos.22.IV). Son incognito n'est guère préservé et même le Courrier de Madras fera état de son voyage avant qu'il n'en parle à Pierre Frédéric, comme celui-ci le lui apprendra dans sa lettre du 12 novembre 1792 (P - dos.49). L'accident a dû se produire la première semaine aux Bayards, selon le récit détaillé du 6 décembre 1792 qu'en fait Théodore Abram - qui lui tient momentanément lieu d'écrivain - à Pierre Frédéric (P - dos.53.I) et que complétera CDM lui-même le 20 décembre 1793 (P - dos.44.1), précisant notamment qu'il a été soigné par le chirurgien Petitpierre; les dépenses que Théodore porte dans ses comptes (P - dos.28.I) le 17 octobre 1792 «a Qiarles Louis Dubois pour chercher Gauffre» et le 20 «au docteur Gauffre» y sont probablement liées, Ce même jour une dépense est faite «a f rançois Vingenroth pour aller chercher M". Petitpierre». La fracture ayant été mal réduite, l'os devra être rebrisé deux fois, et CDM partira pour l'Inde handicapé et sans être rétabli, comme le montre son journal de voyage en date du 3 juin 1795 (P - dos.44.n). L'année précédente, selon une lettre de mars 1792 de Théodore Abram à Pierre Frédéric (P - dos.53.I), le fils de Gauffre était parti de Brest dans l'expédition de Bruni d'Entrecasteaux (1737- 1793) à la recherche de La Pérouse en 1791-1794. «Maurice-Raphaël Gauffre figure sur le rôle de L'Espérance comme second chirurgien natif de Pontarlîer (dans le Jura). Il reste à Java et devient chirurgien en chef de l'armée et des hôpitaux de Java en 1813.» (lettre de M™ Sylviane Jacquemin du 24 mai 1994). 21 En 1792, il a acquis la maison de M™ Prince à Neuchâtel, connue sous Ia désignation de «Petite Rochettc» ou «Rochette du Faubourg», pavillon dont les transformations se prolongeront jusque pendant son séjour en Inde. 66 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE séjour l'année suivante et y avoir rencontré M. Peyer Im Hof (P - dos.55.II), conseiller d'Etat schaffhousois. Le médecin Johann Gottfried Ebel, qui publie en 1793 son Anleitung et s'intéresse particulièrement à toutes les collections, indique sous la rubrique «Môtiers»: Geht man über St. Sulpy, so hat man I. St. weiter, sieht aber {...] und ein Naturalienkabinet in St. Sulpy bey einem Grafen, der lange in Ceylon war und von daher sich Vieles mitbrachte. (1793: II: 16-7). Dans la version française, Instructions pour un voyageur, due au «Traducteur du Socrate rustique», Jean Rodolphe Frey (1727-1799), et parue en 1795, figure une réactualisation qu'il a signée et qui le révèle très bien informé22: Il y a une lieue de plus en prenant par SL Sulpy, mais on en est bien dédommagé {...] à quoi l'on peut ajouter à bien justes titres Ie beau Cabinet d'Histoire Naturelle de l'aimable Colonel Meuron, Chambellan du Roi de Prusse, qui habite St. Sulpy, et que de longs séjours qu'il a faits aux Indes occidentales, et au Cap de bonne Espérance ont mis à portée de seconder son goût et ses connoissances en ce genre. Ce Cabinet un des plus riches de la suisse dans les trois règnes, est destiné, par le possesseur à la Ville de Neuchâtel sa patrie. Le coquiller surtout est des mieux choisis et des plus complets. Entre les autres morceaux les plus saillans, je citerai seulement une défense d'Eléphant qui pèse 90 livres, une mâchoire inférieure de Baleine qui en pèse 550 et qui a 18 pieds de long. Parmi les serpens empaillés, celui à lunette est de six pieds: des morceaux de cristal, et des minéraux des plus rares &c &c. Son frère qui commande son régiment dans l'Isle de Ceiian, travaille à augmenter cette précieuse collection. T (Ebel 1795: II: 213). En revanche, Ia deuxième édition allemande reste fautive et dépassée, puisque sa traduction française en 1805 indiquera qu'à «St. Sulpi»: on remarque un cabinet d'histoire naturelle chez un Comte qui après avoir séjourné longtems à l'île de Ceylon habite aujourd'hui à St. Sulpi (1805: HI: 405). De même, à Neuchâtel, sera ajouté aux «curiosités»: l'herbier de M. le Capitaine [Jean Frédéric] de Chaillet [1747-1839], l'un des plus beaux et des mieux entretenus de toute la Suisse (1805: IV: 8). CDM ne s'était pas contenté d'attendre l'arrivée des objets déjà recueillis ou de recevoir de petits cadeaux; il s'agite, multiplie les initiatives afin d'obtenir des objets d'histoire naturelle - mais non des artefacts - pour lui et ses amis, sollicitant ses subordonnés et leur dépêchant des renforts, comme le montre sa lettre du 28 mai 1787 à Raymond: Nous devons cette référence au professeur Philippe Henry (communication orale du 30 septembre 1994). V ¦ LE CABINET À SAINT-SULPICE 67 Jespére mon Cher Raymond cjue'tori amitié & ton attachement poür'moy ne te permettront pas de négliger les occasions de me procurer tous les objets que tu croira mériter place dans mon Cabinet d'histoire naturelle de même que des Graines & oignon, pour M/ de Beseval. tu Sais lusage quii en fait, & quel ami c'est pour moy, il ne S'est point dementi j'ai pensé en être Etouffé lorsque nous nous Somes revus, recomande fortement toutes mes Garnissions à cet Egards à mon Cousin Meuron de Motier auquel je nais pas le tems d'écrire non plus qu'à Sa Digne Epouse fais leur à l'un & a l'autre mes tendres amitiés, j'ai reçu aussi une lettre de NT Reyne [le chirurgien-major Antoine Pierre Louis Reyne] à laquellejenepeux repondre non plus, dis lui qu'il m'a fait grand plaisir que je laime toujours, & qu'il est du nombre dès recomandés fortem' a mon frère [Pierre Frédéric, alors en route pour Le Cap], [...] Jai nomé Mr Martin. Jespere que tu lui fera Sentir lobligation par la difficulté, il poura mieux que personne Contribuer par Ses relations à te Seconder dans mes gout D'histoires naturelles, remercie le pour ce quii à fait & j'approuve fort le Cadeau d'Eau de vie, tu ne pouvoîs mieux me deviner. (P-dos.43.n). Lorsque le régiment se prépare au transfert à Ceylan fin 1787 - début 1788, CDM se lance dans une volumineuse correspondance. Non seulement il communique instructions et nouvelles aux responsables de ses troupes, mais encore il consacre des passages d'une longueur surprenante à son Cabinet, car ses obligés vont se trouver «au Centre des Richesses» dans le domaine de l'histoire naturelle23. Il écrit le [15] décembre 1787 à son frère Pierre Frédéric concernant Besenval, au colonel Jean Pierre de Meuron Bullot (1744-1803) le 30 décembre 1787 et bien sûr à François Joseph Raymond, Ie même jour (P - dos.43.II). Par la suite, il ne cessera de stimuler de même Ie capitaine Samuel Gigaud, en décembre 1788 (P -dos.44.I), puis le chirurgien-major Antoine Claude Louis Reyne, le 14 octobre 1790 et Jean Zorn, resté au Cap, le 5 septembre 1791 (P -dos.44.I), ainsi que Ie lieutenant André Garnier, d'après la correspondance avec Pierre Frédéric des 1er mai 1790 et 5 septembre 1791 (P - dos.48.II; dos.44.I). Quel que soit son rang, chacun est habilement invité à témoigner de sa reconnaissance envers le propriétaire du régiment par des récoltes de spécimens; tous les rabatteurs possibles sont les bienvenus, sans que pour autant ils ne doivent consentir des dépenses à cet effet, mais cela peut leur valoir la faveur d'une permission. Dans ces lettres éclate tout à la fois l'insatiabilité de ses penchants de collec- tionneur - «vous Connoissés mä pation»24 - et son irrépressible intérêt pour le L'Encyclopédie d'Yverdon écrit: «Comme l'isle de Ceïlan est la clef des Indes, il semblé que l'auteur de la nature ait pris plaisir à l'enrichir des plus rares trésors de la terre» et plus loin: «Toutes les pierres précieuses, à la réserve du diamant, se trouvent dans cette isle» (1771: VIII: 182; 184). CDM écrira en toute conscience le 16 janvier 1797 à M. Matthiessen, ancien contrôleur au bureau militaire au Cap: «j'en payeray La dépense avec plaisir; ayant toujours La maladie de L'histoire naturelle, je ramasse continuellement» (P - dos.44.II); avec la même obstination, ü s'était efforcé de rassembler les portraits des Meuron lors de la création de la caisse de famille en 1791 et avait cherché à récupérer les vieux drapeaux du régiment le 18 décembre 1791 (P - dos.44.I); le 2 août 1792, Renaud de Coquillard portera effectivement une dépense «p.* 2 Caisses renferm.1 les vieux Drapeaux du Régiment», suivie d'une autre le 22 septembre 1792 (P - dos.22.I). 68 LE MÛRIER ET L'ËPÉE commerce. «J'ai étés Surpris celte Semaine d'une Vente de Cabinet qui n'egaloit pas mä Collection, S'élever à 27 mil livres»25, note-t-il dans sa lettre du [samedi 15] décembre 1787 à son frère; s'étant rendu compte que même les-surplus peuvent se vendre avantageusement à Paris, il poursuit: «ramassés moy donc tous ce que vous pouvés est en Quantité» (P - dos.43.II). Chez CDM, les deux attirances sont toujours indissolublement liées mais, comme le rappelle Yves Laissus, «La vogue de l'his- toire naturelle s'est doublée très tôt d'un aspect commercial» (BEDEL et alii 1986: 667), d'où les marchands-naturalistes, les ventes publiques et les catalogues de collections, sans oublier la spéculation. Cet aspect mercantile apparaît dans Ie rappel d'une tentative faite plusieurs années auparavant, d'après une lettre que CDM envoie de Saint-Sulpice le 28 janvier 1789 à son cousin et contemporain Pierre Henri26, «àSonChateau»: A L'Egard delaCoileciion devos mines, dont vous Complies m'aider par lepret deSaValeur, les Circonstances ont contrecaré vos intentions dès les premier instant, vous ne putes mêles faire parvenir dans le tcms ouelles étoient enfaveur. Si javois pus les recevoir pour l'automne alore il n'est pas douteux que j'en auroîs tires partis, cetoît leComencem.1 decegout il n'y avoit pas Encore deSpeculateur mais il Sevendit trois Grand Cabinet pend.' lhiver qui ouvrirent les yeux nombre deSpeculateurs firent venir detoutes part !abondance enfit tomber leprix lannée Suivante, parce queSes Choses /ne/ Se vendent qu'àlafin delautomne lorsque lonaquitté lesmaisons deCampagne après les risques quelles avoient Courus àBayonne jefis assurer àRouen &les fraix d'assurances defret, &deport jusque Paris furent Consequent leComte de Quitry mêles logeât &maida aies mettre envente, qui fut onnepeutplus mal personne n'en vouloît plus les amateurs étoient munis, &.tes marchant vouloient tout pourrien. jepris donc leparu' deretirer rinvendus qui pouvoit être presque lamoitié, quejegardais àParis enattend.' uneoccasion favorable qui neSepresentoit point jusquàcequejeles remis amondépart amonfrére qui les as Envoyés icy ou elles Sont Encore Empaquetées, cequejai crus quevous déviés Savoir monfrère mayant dit vous enavoir fait part, elles Sont donc avôtre disposition vous appartenant &jeconçois quellespouront vousfaire quelqueplaisir, jepourrais même enaugmenter laCollection àParis &en Hollande corne enallemagne, àlEgard duproduit de cequi àête vendus, leConte vous enfut Envoyés dans letems il futfait Enpresence duComte deQuilry &rhuissierpriseur, &Si jenemetrompejecrois vous avoir tenus Conte du produit n'est qui les fraix prélevé nemontoît pas agrand chose Jen'en ais qu'une idée Confuse jem'en rapporte entierem.' avôtre memoire. (R - dos.22.tV). Sollicitant son frère Pierre Frédéric dans ses lettres (N° A et N° 9) datées de Saint-Sulpice, Théodore Abram, dont les préoccupations sont pragmatiques - il Malgré les recherches que nous avons faites sur les ventes de décembre 1787 à Paris, tant en consultant le Journal de Paris que les ouvrages spécialisés (Lugt 1938-1964; Mireur 1901-1912) ou même le fichier des anonymes de la Bibliothèque nationale à Paris, il ne nous a pas été possible de découvrir à quoi CDM se référait, n n'empêche: si coûteuse soit cette folie, un cabinet pouvait être une affaire rentable et la possession d'un bon stock permettre des échanges bénéfiques. Pierre Henri de Meuron (1738-1801), fils de Pierre Henri, seigneur de Corcelles-sur-Concise, allié à Jeanne Lucrèce de Brun, propriétaire de mines à Baigorry en Basse-Navarre, père de Maximilien (1785-1868), filleul de CDM. V - LE CABINET À SAINT-SULPICE 69 pense d'abord épicerie - mais qui, désireux d'obtenir un petit souvenir, tient probablement à se démarquer- de CDM, exprime le 4 octobre 1787 ce que le non- collectionneur attend d'une production exotique naturelle, voire manufacturée: tous ces objet nous deviendront infiniment précieux & cher venant de vous & de l'Endroit que vous habites, Sil y a qqucs Fiantes & fleurs curieuses, desechees & aplaties entre des faillies de Papier elles prendront peu de place (P - dos.53). De même le 1er juillet 1788, lorsqu'il revient sur son souhait, il précise: En vous demandant quelques Plantes &c du cru de Ceylan ce n'est point pour en faire des amas, mais uniquem.1 pr avoir le plaisir d'avoir qques chose du cru du Pais que vous habités, & ce n'est point une chose pressente (P - dos.53). En prévision des enrichissements futurs, CDM fait diverses recommandations pour les emballages et les envois; le [15] décembre 1787, il joint également à l'attention de son frère «un memoire de M/ Vaillant pour la Conservation des Papillon, Oiseaux, & insecte.» (P - dos.43.II)27. Si les missives traitent abondam- ment d'histoire naturelle, il n'y est toutefois jamais fait menlion*d'un quelconque intérêt «ethnographique». Pierre Frédéric, qui commande le régiment depuis le 1er avril 1787, quitte le 7 février 1788 seulement Le Cap - il y est arrivé le 25 octobre 1787, selon sa lettre du 1er novembre suivant (P - dos.48.II) - et n'y laisse qu'un dépôt sous la responsabilité du capitaine Jean Zom28. Cependant, des marchandises que CDM avait emballées avant son départ sont toujours en magasin. Inquiet, celui-ci relance aussi son cousin Henri David de Meuron Môtiers le 1er janvier 1788 et lui adresse même des commandes supplémentaires parmi lesquelles figure une «Piere verte & transparentes» (P - dos.43.II). Il est si désireux d'en avoir d'autres échantillons qu'il tentera encore des démarches de Madras neuf ans plus tard, avant son retour en Europe, et enverra une lettre au Cap en prévision de son étape29. CDM a dû faire Ia connaissance au Cap de François Le Vaillant (1753-1824), qui publiera en 1790 à Paris les trois tomes de son Second voyage dans l'intérieur de l'Afrique par le Cap de Bonne- Espérance dans les années 1783, 1784 et 1785 et le revoir à Paris où il en a reçu personnellement le mémoire, sans doute manuscrit, aucune mention bibliographique n'en ayant été trouvée. Connu pour avoir ramené la première girafe vivante à Paris, Le Vaillant, qui possédait un cabinet à Asnières, s'acquit une réputation durable comme ornithologiste (Damberger 1801; GrandprÉ 1801). De nombreux manuels ont été rédigés à l'intention de voyageurs-naturalistes et des traités de taxidermie (Yves Laissus, «Les cabinets d'histoire naturelle», in: Bedel 1986: 667). La prise du Cap, dont la nouvelle parviendra en Inde à CDM et à son frère en décembre 1795, entraîne la chute du dépôt, le 30 septembre 1795 {Linder 1997; 180), et le suicide de Robert Gordon (Linder 1997: 153). 29 Voir le chapitre X. 70 LE MÛRIER ET L-ÉPÉE Enfin les colis tant attendus sont annoncés. Informé de Ceylan par Raymond d'une expédition imminente du Cap, CDM contracte le 17 mars 1788 selon la copie de lettre - le 27 mars pour les comptes (P - dos.21) - une assurance auprès de MM. Coudere & Brans à Amsterdam, la prime étant de 457.2.6 florins: Je Suis charmé d'aprendre l'heureux retour de Moiis.' Coudre chez Vous, que vous m'annonces par V/lcttre du 6. de ce mois; recevés M." mes remercîem." p.' les renseignem.0 que Vous me donnés Sur les prix d'ass.™ de l'Inde ches Vous; ojuoilçjue celui de 4% p.r les navires venant du Cap, me semblé un peu haut, cependant Je veux* bien en passer par là, dans l'espérance que vous m'obtiendrez qque douceur Sur ce prix s'il est possible; en consequence il vous plaira de me faire couvrir Sur navire quelconque venant du Cap, en Europe les articles Suivants, Savoir 1 C.e porcelaine valant C.1 f 330.-- 1 C/*1 conten' un service thé en pierre & Coquil'. " 130.-- 1 Cf Soyeries et tailles fines " 2200.- 3 D" d'histoire naturelle " 520.- 1 Dent d'Eléphant & 4 peaux Zebre " 320.-- 3 Ancres vin de Pontac " 280.-- 1 Alverames madère Sec " 125.-- 8,Ancres vin Constance 1/2 rouge & 1/2 blanc " 415.-- C.e f. 4320." Vous observerés MeS que tous ces articles sont évalués très au dessous de ce qu'ils me reviennent, puisqu'il n'y a aucuns fraix de compris dans ce C.**, ce qui doit être une raison de plus pour que cette assurance n'éprouve aucune difficulté; Vous aurés Soin de faire Stipuler dans la police, "Sur Bâtiment quelconque venant du Cap, et pour quelque port que ce Soit d'Europe, où il devra faire son debarquem', & que le risque de mes effets ne sera fini que lorsqu'ils seront débarqués sur le quai de la destination de ce navire. Cette clause est absolum' indispensable p' éviter toute Chicane en cas de perte, [...] P.S. Vous observerés M." que ces objets étant acheté en detail, c'est à dire les uns après les autres. Je les ai payés comptant & n'aurai en coiisequence aucun compte ni facture à produire en cas de perte; Vous voudres bien aussi faire assurer prime et prime des primes, pour que je n'aie rien a payer en cas d'événement. (P - dos.43.0). Les caisses arrivent «heureusement» au Havre et, le 24 avril 1788, il en remercie Raymond qui, malgré l'éloignement, y est probablement pour beaucoup (P - dos.43.II). Mais le déballage révèle des surprises, ainsi que CDM le lui écrit de Saint-Sulpice en décembre 1788, la casse ayant été importante. L'envoi comporte des coquillages qui sont ceux précédemment envoyés de Ceylan via Le Cap par M. Martin30: Lettre de Raymond à CDM du 30 avril 1786 (P - dos.57.I). V - LE CABINETA SAINT-SULP1CE 71 en attendant Je vais prendre ta lettre du 30. Janvier demier, qui m'anonçait les 28 Caisses par le Paquebot N.° 5 à la Consignation de M" Baudry Boulogne et fils aîné Neg.° au havre, lesquelles Sont heureusement arrivées, mais avec beaucoup de déchet, J'ai été beaucoup plus malheureux encore avec les Porcelaines dont les 3/4 Se Sont trouvés cassées, toutes les terrines les grands, les grands plats et ta majeure partie des assiettes, surtout les petites. Je n'en ai sauvé que 5. Douz." de Service et 30 à Soupe, une Couple de Douz.a de petites de dessert, il est vrai qu'il était impossible que cela fut autrem.1 par la maniere dont elles etoient emballées, presque Sans paille, portant à faux Sur les Côtés, les grandes pieces pèle mele, dès que l'une des terrines a été Cassée n'étant pas remplie. Cela a donné du jeu et le Desordre S'en est Suivi, C'est un malheur. Je ne t'en attribue point la faute, La caisse du Service à thé à moins Souffert, J'en ai sauvé les 3/4, Les Coquillages Sont arrivés à bon pon, fais en mes remerciments à M/ Martin. J'espère que mon frère trouvera lé moyen de le dedomager des petites dépenses que Cela Lui a occasionné. Je suis fort aise d'avoir pu le placer et J'esperre qu'il justifiera mes demarches à cet égard. (P - dos.44.I). Laissé seul, Meuron Môtiers ne fait pas montre de beaucoup de bonne volonté, tellement que, de La Haye, le 1er avril 1790, CDM lui reproche de ne rien lui avoir envoyé: Je n'ai rien reçu de ce que Vous m'annonces par l'Orient, ni dents, ni Plumes, ni graines, ni plantes, ni animaux, ceci est annoncé du 5. février 1789 et depuis je n'ai rien reçu qu'un mot fort aigre du 26 avril (P - dos.44.I). Peut-être son successeur, Jean Zorn, est-il plus efficace à se fonder sur la lettre que CDM lui envoie le 5 septembre 1791: remercie le Colonel [Jean Pierre de Meuron Bullot] de Sa peau de Goudou31. ISi j'avóis pus en avoir une de Carnal leopard Soit Giraffe, J'en aurais bien payés Cinquante même Soixante Rixl (P - dos.44.I). Par ailleurs, en 1789 et 1790, CDM achète des objets d'histoire naturelle lorsque l'occasion se présente: oiseau, pétrification, coquilles. Dans ses comptes, François Simon Renaud de Coquillard, à Middelburg, porte en date du 9 septembre 1789 la dépense suivante: «Payé pour l'emballage d'un Oiseau de paradis et transport jusqu'à Bruge» (P - dos.22.I)32. Le 26 juillet 1790, le «Livre De Recette et dépense» indique sous Dépense de maison: «achat de 2 Coquilles £ 18.--.--», puis, le 31 août «à Briquet natur.6 1 nid pétrifié £ 9.--.--», «au dit 1 morceau grès de fontaïnebleau £ 3.—.--» et le 5 septembre «acheté de Briquet 7 Coquilles pour £ 22.-.--» (P - dos.21). Le «2 7^ 1791» Théodore Abram porte une dépense «a 1 Caisson pétrif[ications]» (P - dos.28.I). Début février 1792, le capitaine Lire: coudou, grande antilope à crinière; c'est vraisemblablement celle que CDM fera adresser en décembre 1791 à la «Gesellscliaft natur forschender Freunde zu Berlin» mais qui ne la recevra pas. Peut-être les «fraix a 1 caisson oiseaux» pour un montant de «£ 188.1.-» que Théodore Abram porte après le 31 mai 1790 dans ses comptes correspondent-ils à cet envoi (P - dos.28.I)? 72 LE MURIER ET L 'EPEE Légrevisse33 charge à La Haye «une Caisse dans Laquelle», écrit Renaud, «il à mis pour vous différante pièces d'histoire naturelle» (P - dos.59). Le 22 octobre 1792, Renaud expédie «quelque petites monnoies des jndes pour Mons/ Le Comte Votre frère» dans «une Caisse d'oignons de fleurs et arbrisaux» toujours adressée à Théodore Abram à Saint-Sulpice (P - dos.59). En juillet 1794 encore, CDM aug- mente son cabinet d'un «os de Balleine» ainsi d'«l Caisse herbes botaniques» par l'intermédiaire du commerçant bâlois Luc Preiswerck (P - dos.56.I).Le 19 novembre 1794, Renaud de Coquillard lui mande qu'il a tenté, le 20 septembre, d'envoyer «un manuscrit de L'istoire des jndes, omé de planche En Lumiée, qu'on dit être très précieux» (P - dos.59) ... Si CDM ne parvient pas à développer davantage son Cabinet, ce n'est pas faute d'avoir essayé tous les moyens. Répondant aux lettres que Pierre Frédéric lui avait écrites en décembre 1787 et janvier 1788, il lui annonçait, le 27 mars 1788, la nomination - après celle de M. Martin et non sans difficulté - d'un «Chirurgien En Second», M. Olivier34, dont le rôle était en fait de s'occuper de réunir des collec- tions (P - dos.43.II). Malgré ce que CDM écrit de Paris à Pierre Frédéric le 23 avril 1788, M. Olivier ne dut pas rejoindre le régiment (P - dos.43.II). En 1788/1789, une partie du régiment Meuron a passé de Ceylan sur Ie continent. De Colombo, le 5 novembre 1788, Pierre Frédéric lui répond de manière quelque peu dilatoire: Je suis bien Sincèrement attaché aMonsieur de Besenval, jevcwdrois lui prouvermes Sentimens, Raymond médit avoir répondue l'article delhtstoire Naturelle, rien deplus difficile queCelà, on Connoit mal l'atr &les inconvéniens de cepays, j'entrerai dans des détails plus amples ci après. [...] Cependant, Si vousvoulez quejepuisse travailler à une Collection depierreries, il mefaudroit avoir un ouvrage Connu en Europe Ätraduit danstoutes les Langues, qui traite desperles, des Diamants &detoutes les Sortes depierres fines de Couleur, & de leurValeur, unpoids à diamant avec les grains & Karats, ime petite balance Äunmarc35, avec Cela les Cribles enyvoirc pourles perles, depuis la grosseur 33 Officier du régiment Luxembourg dont CDM avait fait la connaissance en décembre 1791 en Hollande, selon sa lettre à Pierre Frédéric du 18 décembre 1791 (P - dos.44.D. 4 Guillaume Antoine Olivier (1756-1814), voyageur et entomologiste, né aux Arcs, près de Fréjus, reçu à 17 ans docteur en médecine à Montpellier, soutenu par M. Gicot d'Orcy. n eut l'occasion de faire partie d'une ambassade au shah de Perse d'octobre 1792 à décembre 1798 01OGRAPfOE universelle ancienne et moderne 1822: XXXI: 591-6). CDM avait souscrit à son Entomologie, ou histoire naturelle des insectes. Médecine'et sciences naturelles allaient de pair et, dans les voyages de découverte, les hommes de l'art furent nombreux à réunir des collections. «Nom d'un poids dont on se sert dans plusieurs pays pour peser .les matières d'or & d'argent», ou également «poids de cuivre composé de plusieurs autres poids emboîtés tes uns dans les autres, qui tous ensemble ne font que le marc, c'est-à-dire huit onces, mais qui séparés servent à peser jusqu'aux plus petites diminutions du marc. Ces parties du marc faites en forme de gobelets sont au nombre de huit, y compris la boîte qui les enferme tous, & qui se ferme avec une espece de mentonnière à resort attachée au couvercle avec une charnière.», selon l'Encyclopédie d'Yverdon (1773: XXVII: 462 et 469). V - LE CABINET À SAINT-SVLPICE 73 de 8 pourungrain jusques à un ou deux Karats, LeSurplus Setrie à lamain. Avec ces Secours jepourrois être moins dupe. CeCommcrce est entre .lesmains des Maures, qui : Söntfins & nous attraperoient Commeils ontfait MM de Luxembourg. J'ai vu un oeil de chat de SOOpagodes &und'unescalin, il y a de Ia différence à mes yeux, mais jeneSaurois L'apprécier à cetaux. Jugez Comme l'on peut être dupe. [...] Quant à la description de Ceylan, je ne suis pas en état d'y travailler, il en coûte trop pour voyager dans ce pays, difficile de pénétrer dans l'intérieur, & dangereux d'aller dans les Etats du Roi de Candie (P - dos.48.II). Le 29 décembre 1788, il lui détaille IeS1 difficultés qui attendront M. Olivier: vous oubliez un point essentiel, C'est de m'indtquerJusquà qu'elle Somme je dois lui avancer pour Ses opérations. Car ce n'estpas îcy Comme au Cap où l'on peut Courir le pays Sans dépenser un Sol; onvad'habitationenhabitation, icy ce n'est pas de même; L'intérieur du pays estimerai à tout Européen, excepté aux Ambassadeurs & auCapitaine deCanelle dans les Lieux où la Compagnie a l'usagedelafaire Cueillir. La possession de laCompagnic Sur la Côte Ouest est de 4 à 6 lieues de profondeur. Ce pays n'ad'interressant que Son riche produit en Canelle; la Culture duSucre, du Caffé, dupoivre &du Coton est très reculée. Pour voyager dans les possessions delà Compagnie il fautunSanas, C'est un espéce de Passeport pour toucher dans lespostes delaCompagtiîe despoules &desoeufs, dans quelques endroits duriz, nullepart dupain: il faut outre Cela avoir deux interprêtes, l'un Chingulaìs &Portugais, l'autre Portugais &français; L'on nepeut Voyager ni à Cheval ni en Voiture à Causedes Chemins & des rivières. L'on ne peut donc allerqu'en Palanquin, il faut porter des liantes, des Vivres Ädelaboisson. ü'nepourrapas faire uneCourse de 2 ou 3 jours à moins de 24 Coulis qui Coûteront demi Rixdaler par jour; C 'est une misère deles Conduire; Aproposdebotte ils posenüe palanquin à terre, emportentvjvres &hardes &vous abandonnent Souvent dans des bois presque impénétrables. Voilà unepartie des difficultés qui Sont Cause que lisle de Ceylan estSi peu Connue &ne le Sera peut être pas delongtems. il y en a unebien grande encore, Ce Sont les bêtes féroces &Venimeuses; JugezMaintenant desrecherches quel'on peut faire &de Ce que Ion a à Vaincre. Il n'y a que les Chefs politiques qui peuvent Seprocurer toutes les raretés de lisle mais Sans analise & Sans description. Ceux là en font un Négoce ou présent à Batavia; Les Anglois payenthorriblement Cher des objets qui n'ont que peu démérite &point deValeur, Mais les pagodesSont Chez eux Comme icy les Sous de Cuivre (P - dos.48.TJ). Au lieu d'objets, CDM reçoit en novembre 1789 à Berlin une lettre de son frère datée du 18 mars 1789, à laquelle il répond, le 18 mai 1790, qu'il attend «les détails que vous m'anoncé Sur les Chasses d'Eléphant l'Ambassade de Candie, mais Surtout quelques Choses de l'histoire naturel de Ceylon.» Il le prévient qu'un nommé «Jn Macé, dr en médecine» a été engagé dans la même perspec- tive que M. Olivier sur recommandation de M. Gicot d'Orcy36 (P - dos.44.1). 36 Jean Baptiste François Gicot d'Orcy (1733-1793), inspecteur des mines et receveur-général des finances, était aussi naturaliste. Dezallier d'Argenville, dans les additions aux cabinets de Paris de sa Conchyliologie (1780: I: 797), écrivait qu'il «possède un très-beau Cabinet d'histoire naturelle, où l'on distingue une suite des plus nombreuses & dès plus complexes en insectes & papillons, tant d'Europe que de la Chine & des deux Indes: un choix des oiseaux les plus rares, artistement grouppes sur des arbrisseaux feints dans des cages vitrées: enfin de belles suites de coquilles, madrépores, minéraux, 74 LE MURIER ET L'ÉPÉE Cet excentrique et curieux personnage, au témoignage de Renaud de Coquillard dès le 23 mai 1790 (P - dos.58.II), n'embarque que le 28 septembre après un séjour mouvementé à Middelburg. Resté en carafe au Cap, Jean Macé confirme le 5 juillet 1791 à Pierre Frédéric les conditions de son engagement (P - dos.41.IV). Dans l'intervalle, CDM avait rappelé à Jean Zom le 5 septembre 1791 les consignes le concernant: Je vous aïs dis cy devant mes intentions à !Egard de M/ Macé Conformés vous y. Je Sais qui! a des talents & dès lumières, mais ce n'est pas des paroles quii me faut, c'est dés realités, qu'il vous remette ce qu'il me destine. Ces Envois, me prouveront Son Zélé & Sa reconnoissance. Je vous remercie des Coquilles que vous m'envoyés tâchés de ramasser partout, tout ce qu'il vous Sera possible. (P • dos.44.0- Mais au reçu d'une lettre que le capitaine Zorn lui envoie du Cap le 7 septembre 1791, CDM finira par déchanter (P - dos.44.I) et il se félicitera le 18 mars 1794 d'être débarrassé de cette encombrante recrue (P - dos.44J), non sans avoir essuyé, le 24 janvier 1792, les critiques de Pierre Frédéric: Monsieur Massé [Macé] est resté au Cap. Il m'a écrit une Lettre, dont voici la Copie, qui vous indiquera à qui vous avez à faire. D a voulu me mettre dedans. Je lui envoyé Copie de la vôtre en disant à Zom, s'il prend une autre destination que celle du Régiment, de se faire rembourser oe qu'il lui aura payé. Voilà, ce que s'est, de se livrer sur des Recommandations de Gens, qui ont de l'Intérêt à la Chose. Monsieur Gigot d'Orci vouloit sans doute se faire une belle Collection à vos Dépens. Il a bien raison de vous faire Amitié. (P - dos.49). Avec de bonnes raisons sans doute de ne pas être satisfait, CDM insiste, revenant à la charge auprès de son frère Ie.8 octobre 1790: J'attends avec une impatience bien grande quelques Choses en Histoire naturel. J'avois Espéré que vous m'auries déjà Envoyés. Jai fais quelques Cadeau En Pierre peau de Zebre Bois & Minéraux a la Société des Scrutateurs de la nature a Berlin qui a crû devoir m'en témoigner Sa reconnoissance par un diplôme d'associés honnoraire le Roy m'en a fait Complim' deux des Ministres d'Etat en Sont membre. Le Roy la protege beaucoup. (P - dos.44.1) fossiles, pétrifications, cristallisations: quelques quadrupèdes, poissons, crustacées, reptiles, &c: le tout disposé dans l'ordre le plus élégant.» Il avait acquis de nombreux spécimens zoologiques auprès des explorateurs Sonnerai, Le Vaillant et Olivier, qui vinrent enrichir le cabinet de Henri Boissicr (1762-1845) à Genève en 1804 (SlGRlST 1990: 3; 1995: 5). Gicot d'Orcy possédait également une importante bibliothèque dont, après son décès, Ncuchâtel commandera quatre ouvrages d'histoire naturelle en février 1794 (voir le chapitre Vin). Renaud de Coquillard fait quelquefois mention d'un «Monsieur Gigot» mais il s'agit de Samuel Gigaud, cependant qu'il reçoit pour CDM des lettres de «M. Guigaud D'orcy venant de paris» en novembre et décembre 1789 (P - dos.22.I). V - LE CABINET À SAINT-SULPICE 75 Pierre Frédéric a pourtant réuni des spécimens mais l'occasion de les faire parvenir en Europe lui a manqué, comme il l'écrit le 20 janvier 1791: J'ai acheté beaucoup de Pierres. Si vous avez de bons Lapidaires, ils pourront tirer partir de jolis morceaux d'ametîstes. Saphirs & autres, en assez grande quantité. J'ai déboursé jusqu'à présent Rx 80 pour cet objet. Je me bornerai là, en attendant vôtre réponse; à moins qu'actuellement, que j'ai acquis quelques connoissances, je ne trouve quelque chose de Certain. Les Coquillages n'ont pas réussis cette année. Il n'y a eu que de très communs dans la Baye de Trinkonomale. Nulle part ailleurs on ne trouve rien de Bon. {P - dos.49). CDM l'en a remercié le 5 septembre 1791, non sans manifester son impatience et son désappointement: Je vous remercie de m'avoir acheté dès Pierres de Ceylon, mais vous m'auriés faits plus de plaisir de me les Envoyer de Suittes avec d'autres Choses vous Comptés tattente de 4 ans pour rien, & Dieu Sais quand je verrais quelques Choses de ce pays. Vous êtes bien peu Empressé de me procurer quelques jouissances, j'ai malheureusem.' manques l'occasion je n'etois pas icy. les naturalistes ont achetés a bien bon Comptes de nos Soldats de retour des Choses interressantes Surtout en Coquille & vous n'avés pus m'en procurer cepend.' plusieurs off.' me mandent vous avoir remis différentes Choses pour moy. vous même mandiés à nôtre frère Theodore que vous aviés un rassemblem.1 asses Considerable pour moy que vous n'attendiés qu'une occasion pour les Envoyer, & amoy un an après vous ne me pariés que de quelques pierres. /Encore que vous n'envoyés point/ tout, tout anonce que vôtre frère, qui toute Sa vie n'a vécu que pour Ses frères particulierem.' pour vous en est Cruéllem.1 oubliés, quels déchtrm.* pour ma Sensibilité (P - dos.44.I). Mais il ne s'agit pas d'un simple châle comme celui que Pierre Fédéric joignait à sa lettre du 12 novembre 1791 à Ja[c]ques Louis DuPasquier (V), et Théodore Abram, à qui il écrit le même jour, n'est pas mieux favorisé: Si Je puis obtenir l'embarquement dune Caisse qui attend depuis presdedeux Ans, vous aurez quelque drôlerie de Ceylon, Je ménage beaucoup leCapitaine qui est un bien Aìmabte homme il n'a pas encore voulu me rien prometre. (F - A.50). Le 24 janvier 1792, Pierre Frédéric expliquera à CDM les problèmes tels qu'ils se présentent concrètement: Vous vous plaignez, que vous n'avez encore rien reçu en fait d'histoire naturelle. J'ai quelque Chose, je ramasse tous les jours. Mais indiquez moi, comment je puis vous l'envoyer. Les formalités sur les vaisseaux de la Compagnie sont trop gênantes; d'autres occasions Sont trop rares & trop difficiles, & il n'y a qu'un moyen, c'est de vous arranger avec M. Vosmaar, pour mettre à son Addresse, comme 3 II s'en est aussi procuré à l'occasion de successions, comme à l'importante vente le 28 mai 1790 «de feu Monsieur [Jean] Donzel Capitaine-Lieutenant [...] décédé à Trinkonomale le 10." Avril 1790»: «1 d°. [Caisse de Coquilles] contenante de marteaux [achetée par] M*. Gigaud p.' M1, le Colonel» et «1 grande boete îd [rouge contenante différentes Coquillages], avec de Compartimens [achetée pari M1. Gigaud p/ M1, le Colonel» (p. 40), tout comme il acquerra le 14 janvier 1793 des «Filets à oiseaux» ainsi qu'«l machelliére d'Eléphant» à la «Vente des Effets [...] de feu Monsieur [André] Gamier [...], Lieutenant à la Suite [...I, décédé à Colombo le 29." X1". 1792» (p. 91-92). (P - dos.12) 76 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE destiné pour son altesse, alors qu'il choisisse ce qui pourra tenir Sa place dans le Cabinet. Car remettre aux Voyageurs, c'est s'exposer au Désagrément de ne rien recevoir. Jamais il n'est sorti de l'Isle une Collection de Coquillages aussi belle & aussi compiette, que celle que Martin vous envoya, je crois que vous n'avez rien reçu. {P - dos.49). Qui pis est, lorsque des pièces ont été recueillies à l'intention de CDM, il arrive qu'elles soient détournées ou que le résultat ne corresponde nullement à l'attente. La lettre du 30 janvier 1792 de M. Martin, qui lui sert d'informateur, révèle aussi les problèmes d'intégration qu'il avait rencontrés: Maravat est un pauvre home; il s'est gardés bien des Choses qui ne lui etoientque Confiées et qu'il auroit du vous remettre entrautre deux Argus, peut Communes de même que deux Chicorées qui etoteut dans le Nombre de 222. Coquilles que je lui avoit remises et /un/ très beau panache de plumes de Cocca. il etoit chargé aussi d'un Sabre persan, que M. le Colonel Paulier38 m'avoit Envoyé du Bengale. Depuis que J'ai l'honneur d'être au Régiment Je n'ai pas bougé de Colombo, ou il n'y a rien du tout de l'histoire naturel. Trinconomale et Jaffenapatnam Sont les lieux ou on trouve de choses rares et Curieuses. Un Capitaine du Regim.' qui a été longtems a Trinconomale a vendu Ì1 y a quelques jours un Coquillier Superbe pour Rixd/ 320. il etoit presque donné; pour un Connoisseur, je l'auroit acheté Si je n'eusse pas /été en/ dettes. J'avois démandé des Coquillages a M. Bumand Chef de Batlicaloa lequel m'en a Envoyés une Caisse Enorme, dans toute cette Caisse il n'y avoit pas une Seule bonne Coquille, je les ay données a M. GrandCourt39. M Macé n'est point venu a Ceylon, Sans quoi J'aurais pu lui donner quelques renseignements relatives a Sa mission. J'ai vu chez Mon Colonel des pierres très rares, de plusieurs Espèces, qu'il a eues de différentes personnes; lors qu'il fut a Trinconomale, un Soldat de votre Regim,' en avoit une Collection passable. Jeu l'honeur d'en parler au Colonel qui ne jugea pas a propos de la faire acheter. Si par la suite il se présente quelques morceaux curieux, je ne manquèrent pas de me les aproprier. J'ai, mon Colonel, la Satisfaction de croire que je Suis bien avec mes Camarades, entrautre avec ceux qui me voyoient avec quelque peine au régim.1. (P - dos.41.IV). La vérité est que le harcèlement de CDM agace. Par le long rapport daté de «Colombo Le 20.e Janvier 1790» que Pierre Frédéric (F - A.34) lui avait adressé, CDM était bien tenu au courant de la situation, mais d'objets il n'était nullement question. Au point que le 3 mai 1791, CDM écrit à Ja[c]ques Louis Dupasquier: «rien d'agréable ne m'est venus ny de Ceylon Sur mes affaires personnels, du Cap Encore moins» (V). Il faut donc en déduire que la marotte de CDM n'est pas trop acceptée en général dans sa famille - Théodore Abram critique notamment les dépenses infructueuses que cela occasionne. Et la mauvaise affaire Macé fera surgir sous la plume de Pierre Frédéric, îe 12 novembre 1792, ce que CDM reprochait lui- même à cet ingrat collaborateur Antoine Louis Henri Polier de Bottens (1741-1795), colonel puis major, servait comme militaire et architecte dans la Compagnie anglaise. Il était un ami du Lyonnais Claude Martin (1735-1800), major général à Lucknow (Llewellyn-Jones [1995]: passim). 39 Le sous-lieutenant Pïhan de Grandcourt, qui venait de donner sa démission. V - LE CABlNBTA SAINT-SULPICE 77 Massé n'a pas voulu venir à Ceylan. J'ignore, comment Zom lui a réglé ses appoEntemens. Ii a reclamé les Berg40, qui l'ont pris sous^leur protection ainsi que Dumini. H vomit les plus grandes Infamies sur vôtre Compte, que vous l'avez trompé, & en même tems laCompagnie, au dépend delaquelle vous vouliez vous procurer une Collection d'histoire naturelle. Toute cette Clique avec Dubois ont concerté un mémoire, qu'Us enverront en Europe. Je suis affligé des Désagréments, que vous vous attirez, en vous livrant avec confiance à des Inconnus; je desire de tout mon Coeur, que vous n'en reprouviez pas de Sérieux à l'occassion de ce mauvais Sujet, qui, à ce que l'on dit, est plus pire, que Bailli, &, Dauphin". (P - dos.49). Mais pour diminuer l'effet d'une telle déconvenue, Pierre Frédéric, dans la même lettre, sait allécher et séduire son frère par de nouvelles promesses: Puisque les Coquillages, que Rassant a porté42, ont été trouvé si beaux, je puis donc vous envoyer les miens, car ils sont supérieurs. Je ferai une Couple de Caisses pour le Mois de Janvier, de ce que j'ai, & les enverrai à fret. Reyne a ramassé une Cinquantaine de Sortes de Bois43. J'ai beaucoup de Pierres, toutes mélangées; le triage vous amusera. Le Diamant est sous plusieurs formes. (P - dos.49). Les «détournements de biens sociaux» que CDM tente d'opérer au sein de son régiment non seulement ne sont guère appréciés des bénéficiaires potentiels mais encore peu suivis d'effet, alors que des possibilités de récolte existent Le manque d'empressement à le satisfaire a probablement contribué à Ia brouille qui surgira entre les deux frères44, Théodore Abram non plus n'a rien reçu qui, à ses lettres du 12 novembre 1792 et du 24 janvier 1793, répond de Saint-Sulpice à son frère Pierre Frédéric le 18 mars 1794: Je suis fâches que vous n'ayez pu obtenir d'embarquer les deux Caisses dont vous me pariez j'espère que dans l'intervale qui s'est écoule dès lors, elles seront en route, jugés du plaisir que nous aurons de les débaler, ne fut ce que les plus petites misères, venant de vous & du Pays que vous habités, combien nous les priserons (P - dos.53.I). Sans doute sont-ce toujours et encore ces mêmes caisses dont Théodore Abram parlera à CDM dans sa lettre du 23 décembre 1795 et dont rien ne prouve que Pierre Frédéric se soit finalement décidé à les envoyer, le résultat revenant au même: Si P.f. a expédiés les deux Caisses dont il m'a voit parlé cy devant il est aparent quelles Seront perdues, elles Seront Sûrement comprise dans la vente qui Se fait à Londres Si j'en avoîs eu la certitude 40 M. Berg était «Secrétaire du Conseil» au Cap (ISaint-Pierre] 1773: II: 36). Officiers cabaleurs pendant la garnison au Cap. Cette prestation reste énigmatique. A rapprocher des 18 échantillons que CDM envoie de Madras en Europe le 9 mai 1796 (voir le chapitre DO. 44 La lettre de CDM à Théodore Abram du 17 mars 1798 (P - dos.30) - citée dans le chapitre IX - est éloquente à ce sujet Envenimée par des questions d'argent, la mésentente conduira Pierre Frédéric à intenter un procès à CDM le 24 décembre 1803, ce qui explique la teneur du testament de ce dernier à l'égard de son frère benjamin (MeuroN 1982: 297). 78 LE MÛRIER ET L1EPEE & les marques & N.0 avec leur Contenu je lesaurois répétées. Ma feme est nos petites en Sont bien fâchée parce qu'il devoit y avoir du très fin cotton fille pour tricotter des bas. (P - dos.52.n). A côté des commandes purement commerci ales'*5 - souvent sous couvert de services à rendre -, les envois d'histoire naturelle servent à plusieurs fins. Si le Cabinet est le premier bénéficiaire, diverses personnes et institutions en profilent également: les petits cadeaux non seulement entretiennent l'amitié mais permettent d'obtenir des avantages et des protections - tous les puissants n'ont pas la stricte intégrité de M. de Béville, n'acceptant pas une première offre de vin de Constance, selon ce qu'avait rapporté CDM à Pierre Frédéric les 28 octobre et 4 novembre 1786 (P - dos.42.II) - ou valorisent le fonds par la collaboration avec des sociétés savantes. Quant aux échanges, dont l'éventualité est évoquée dans la correspondance, il n'y a pas d'attestation qu'ils aient dépassé le stade des intentions. Ainsi, les collections fournissent après le 25 mai 1791 un présent non désintéressé au souverain prussien Frédéric-Guillaume II, par l'intermédiaire de son neveu Ja[c]ques Louis DuPasquier, alors chapelain du roi à Berlin: «Six peaux de Zèbre [...] pour faire des Couvertures de Chevaux.», et non huit puisqu'au dépit de CDM, «les deux autres pour Completer L'Equipage Sont unpresentable.» (V)-6. Le 15 septembre, CDM se déclare «bien Charmé que le Roy aye acceptés avec quelquinterret mes peaux de Zèbre» (V); néanmoins sa curiosité n'est pas satisfaite et, Ie 6 février 1792, il demande de La Haye à son neveu qu'il «Tâche de Savoir Si Ie Roy c'est Servis Sur ses chevaux des Peaux que tu lui à donné de ma part, cela m'intrigue» (V). L'autre sort réservé aux objets est leur promotion «scientifique», dont l'honneur rejaillit sur celui qui les a procurés'". Malgré le pluriel employé dans la corres- pondance, CDM n'a établi qu'une seule relation certaine, celle avec la Gesellschaft Naturforschender Freunde à Berlin. Le 18 mai 1790, la Société le nomme membre honoraire48. Comme l'apprend la lettre d'accompagnement du 22 juin 1790 Les plumes d'autruches, par exemple, sont évidemment destinées aux élégantes. Ces deux peaux en mauvais état, indignes du souverain, seraient-elles par hasard celles figurant page 150 de l'Inventaire (M) sous la cote [K] 6: «2 Grandes peaux de Zèbres maies, du Cap de Bonneespérance» ? C'est sans doute dans cette perspective que CDM demande également à ses correspondants de lui fournir des relations sur le pays où ils se trouvent. Lc diplôme imprimé «In der vollkommenen Ueberzeugung, daß man in Beobachtung und Erkenntniß der Natur an einem Orte und in einer Gegend, unmöglich große Schritte thun könne, [...]» et revêtu d'un sceau (P - dos.67.m) est signé notamment de Herbst et du docteur Marcus Elieser Bloch. Il est à supposer que CDM éprouva une secrète fierté qu'on lui donnât, avant d'autres savants, du «Monsieur et cher Confrere». (P - dos.40.I). Dezallier (1780:1: 827-8), dans ses additions aux cabinets des pays étrangers, écrivait, reprenant la notice que lui avait communiqué M. Dubois, que «La Société des Curieux de la Nature, à Berlin, a rassemblé en très-peu de temps une Collection précieuse d'histoire naturelle. On y trouve des prépa- V ¦ LE CABINET À SAINT-SULPICE 79 (F - A.36), CDM vient d'enrichir «son Cabinet de plusieurs pieces interessantes»: la Société lui doit une peau de zèbre.(fournie, au dépit des naturalistes qui ne sont pas de simples amateurs de curiosités, sans le crâne), mais aussi des cadeaux de bois et de minéraux; il a promis oralement - sans doute lors de son long séjour à Berlin en 1789 - «différentes pierres de Ceylon». Cet engagement fait penser qu'il avait de sérieuses assurances - malheureusement déçues - de pouvoir compléter ses collections. CDM est fort sensible à la distinction berlinoise et il s'engage le 2 décembre 1790 auprès de Ja[c]ques Louis DuPasquier à concrétiser sa promesse dès qu'il aura reçu quelque chose de son frère: je les dédomagcrais du Stil par tous ce que je pouraïs leur Envoyer d'inlerressant. tu Sais que je n'ais Encore rien reçu de Ceylon; que l'on m'annonce beaucoup de Choses, que Sitôt que je les aurais je m'empresserais de leurs en Envoyer & de leur Comuniquer tous ce que je recevrais d'inlerressant. Soit en animaux. Coquillages, Minéraux ou autres, dit Surtout mil Choses a tous les membres & particulièrem1. (V). Les arrivées de matériel exotique tardant décidément, le 24 juillet 1791, de Contrexéville, il informe DuPasquier qu'il a expédié de Saint-Sulpice «un fourmillé à Ecaille [pangolin] pour la Sociétés, en attendant mieux.» (V) - expédition dont, arrivé à La Haye, il s'inquiète le 8 septembre 1791 et, après son retour de Londres, à nouveau le 17 décembre 1791. Il a également livré à ses confrères berlinois la description de l'accouplement des éléphants49 que lui avait communiquée Pierre Frédéric (V). Dans l'intervalle, Ie Ier décembre 1791, une lettre exprimant la «reconnoissance» de la Société avait été adressée de Berlin à CDM à Neuchâtel pour l'envoi de deux pièces, «savoir d'un Pangolin empaillé et bien conservé et d'un Rameau de l'arbre nommé Protea argentea par Linné»50, malheureusement sans les semences. Le secrétaire poursuivait: Nous nous flattons que le vif intérêt que Vous avez témoigné jusqu'ici prendre a notre Société et dont Vous nous avez deja donné plusieurs preuves Vous engagera Monsieur et cher Confrere a nous les continuer en nous faisant part des productions si interessantes dans les trois règnes delà nature qu'offre rations anatomiques, des squelettes, des parties isolées de grands animaux, des plantes, beaucoup de mines, de belles cristallisations, mais les coquilles sur-tout méritent attention. On n'est étonné ni de leur nombre ni de leur choix, lorsqu'on sait que ce Cabinet a été formé en grande partie par feu M. le Docteur Martini, Secrétaire de la Société, l'un des plus grands Conchyliologistes de l'Europe. On y voit le véritable Scalata, le Murex, dit la Manchette, l'Argus, des Jambons, &c. &c.» L'Historische Arbeitstelle du Museum für Naturkunde der Humboldt-Universität à Berlin, héritière des archives de la Société, conserve une douzaine de documents concernant CDM, mais cette communi- cation ne figure pas dans le dossier (lettre de M™ Hannelore Landsberg du 14 octobre 1994). «il ressemble à nos pins, sa feuille à celle de nos saules. Elle est revêtue d'un duvet blanc très- éclatant.» ((Saint-Pierre] 1773: II: 38). 80 LE MÛRIER ET L1EPEE l'isle de Ceylan, ci que Votre place et vos Liaisons dans ce beau pais vous mettront a portée d'en obtenir51 Ce même 17 décembre, CDM informe son neveu qu'il a fait «adresser une très belle peau de Coudou, qui m'a été Envoyée du Cap. elle part En caissée de Rotterdam» (V). C'est Renaud de Coquillard qui s'occupe de l'envoi de ce cadeau, selon ses écritures des 2 et 28 décembre 1791, ainsi que du 17 juin 1792 (P - dos.22.I; dos.59). Ecrivant de nouveau Ie 6 février 1792 à son neveu, CDM regrette de ne pouvoir faire des envois à la Société des scrutateurs de la nature: «Si P:f: (Pierre Frédéric] m'avoit tenus parole, Je les aurais Enrichi de mes Doubles, mais je n'ai Encore rien reçu.» (V) Pierre Frédéric a promis de s'exécuter mais a rencontré des obstacles insurmon- tables. Par ailleurs, dans la période entre 1792 et 1795, il est très difficile de suivre les envois de marchandises entre Ceylan et la Suisse et si, en Hollande, Renaud de Coquillard annonce des colis (par exemple Ie 6 avril 1794), rien ne permet de dire à quoi ils correspondent. Enfin, des événements de force majeure viennent encore anéantir les opérations les mieux engagées. Malgré sa bonne volonté, CDM ne parvient ainsi pas à remplir ses devoirs envers la Société des scrutateurs de la nature. Profitant de proposer la candidature du prince Golitzyn, dont il joint deux écrits «Sur laformation des Pierre», et celle de son compatriote bernois Hentzi, «Gouverneur des Page deS: A: S: Monseigneur IeStathoudre Prince d'Orange»52, et promettant de chercher à obtenir la graine manquante de l'«arbre d'argent» dont il laisse en blanc la désignation linéenne, il s'excuse, de La Haye le 9 mars 1792, de sa faible contribution: malheureusement Jen'ai pus Encore Satisfaire mes désirs acet Egards, la perte quej'ai fais d'une Caisse importante vcnantde Ceylon &qui Ses trouvée perdue àLoriant dans letumulte delà revolution outout étoit au pillage; &donilamajeure partie vous étoit destinée &il y avoit desChoses rares &pretieuses quejeregrette infiniment. Jespcre pourtant bientôt en Etre dedomagé, paries nouvelles quemonfrére me donne d'un rassemblement considerable quii adeja &d'autre quii attendoit pourfaire Expedition dutout. Lon m'avoit annoncé uneCaisse venantduCap debonne Espérance remfermant unepeaudeGoudou corne les Hottentots l'appellent Jai donnés ordres devous lExpedier onmemande lavoir fait Je désire quelle vous Soit parvenues &quelle mérite vôtre attention. D'après le brouillon conservé au Museum für Naturkunde à Berlin (Brief Nr. 5/1-3) et communiqué par M™ Hannelore Landsberg le 9 novembre 1994. L'accusé de réception de cet envoi ne parviendra finalement à CDM que l'année suivante à La Haye, le 6 février 1792 (V). Rudolf Samuel Hentzi (ou Hentzy voire Henzî) (1731-1803), dessinateur et précepteur chez le prince d'Orange, auteur des Vues remarquables des montagnes de la Suisse parues en 1776, d'un récit de voyage. Course dans le Comté de Neuchâtel en 1785, et d'un ouvrage posthume, Promenade pitto- resque dans l'Evêché de Bâte aux bords de la Birs, de la Some et de la Suze, paru à La Haye en 1808- 1809. V ¦ LE CABINET À SAINT-SULPICE 81 Dcmicrcm1. un officier venahtdè Ceylon rh'aEnvoyés àlaHayé quelque Baguatelle quejai pris Egalement laliberté devons offrir dans une Boette quejai fais remettre au cliariot dePoste. Je désire Egalement quii S'y rencontre des Choses qui puissent vous interesser53. - Cette «Caisse importante venantde Ceylon» dont le secrétaire de la Société regrette «infiniment la perte que Vous nous annoncez avoir fait dans Ie tumulte du Port de l'Orient» dans sa réponse du 12 mai 1792 (P - dos.40.1) n'a, curieusement, pas laissé Ia moindre trace dans les papiers de CDM. Et, toujours d'après la même lettre, «la peau du Coudou ou Coudoma de Buffon» n'est pas parvenue à destination. Quant au reste, il n'est pas arrivé dans les meilleures conditions: Nous avons cependant reçu la cassette avec les objets d'Histoire naturelle, que nous devons a vos bontés ainsi que les deux brochures, nous regrettons Seulement que l'Esprit de Sucre ou Rum s'etant répandu hors des verres et mêlé avec le Sucre Palmier ait gâté dans le transport toutes les pieces qui ont été comme engluées par ce melange mielleux. (P - dos.40.I). Le 10 janvier 1793, CDM communique à son neveu son intention de faire à la Société un nouveau don prélevé sur son fonds: «un Herbier, que j'ai raporté du Cap.» (V), projet qu'il n'a peut-être pas mis à exécution immédiatement, Toujours est-il que, pendant son absence en Inde, Ie 14 août 1795 Ja[c]ques Louis DuPasquier portera dans ses comptes une dépense pour «Emballage & fraix d'une Caisse botanique envoyée à la société des Curieux de la nature à Berlin» (P - dos.27; dos.30), ce dont il rend compte à son oncle dans sa lettre des 25-26 décembre 1795 (V; P - dos.38.II). Le secrétaire de la Société en accusera réception le 6 janvier 1796 (P - dos.40.I). Au fil de la correspondance apparaissent toute une série de noms de personnages intéressés par l'histoire naturelle, qui dessinent un complexe réseau de relations au niveau européen qui en recoupe peut-être d'autres, notamment le «maiUage» maçonnique (Beaurepaire 1998: 16). Les liens non évidents de cette intellingentsia scientifique permettent de mieux comprendre comment une circulation d'objets, de spécialistes et d'idées a été possible. Parmi les connaissances scientifiques de CDM figuraient ainsi le colonel Robert J. Gordon, François Le Vaillant, dont le com- manditaire est un «M. Theming d'Amsterdam»54, lequel est la caution de Guillaume Antoine Olivier; ce naturaliste a été recommandé à CDM — de même que le fantasque M. Jean Macé - par Jean Baptiste François Gicot d'Orcy auquel l'avait présenté Louis Daubenton; Gicot d'Orcy est lui-même en rapport avec Jean Chrétien Gerning, banquier et entomologue distingué, qui a soigné «de la manière la plus désintéressée» le texte des Papillons d'Europe du R.P. Engramelle que le premier a édités. D'autres sont Marcus Elieser Bloch, le contact de CDM à la D'après sa lettre conservée au Museum für Naturkunde à Berlin (Brief Nr. 6/1-3) et communiquée par M™ Hannelore Landsberg le 16 octobre 1994. . Jàcob Temminck (1743-1822), collectionneur d'oiseaux et trésorier de la Compagnie (Smtt 1994: 805-7). 82 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Gesellschaft Naturforschender Freunde à Berlin, le ministre J. F. W. Herbst, spécialiste des crustacés, le prince Golitzyn, Rudolf Samuel Hentzi, le docteur Pierre Thouvenel dont il possédait des livres et pour lequel il avait consenti un placement. Il s'y ajoutera plus tard le missionnaire Christoph Samuel John, le géologue Leopold de Buch, l'entomologue Louis Jurine, le baron de Haagen... S'il n'existe pas de description du Cabinet, les comptes tenus par Théodore Abram de Meuron pour son frère (P - dos.28.I), outre les gros investissements d'aménagement, donnent certains détails sur le mobilier et sur quelques dépenses d'entretien. En 1787, celui-là paie £ 79.9.- «a Louis Offeschtette pour layettes» et, après le 15 août 1788, il note une dépense «a Ochstet a compte pour les corps et Layettes sous la Table d'histoire naturelle»; puis «Pour refendre la grande Table et les Tablards regarnir les derrière». Des frais continuent d'être consentis, puisqu'en 1791 il paie £ 48.—.— «a Jean Jaques Vaucher pour finir les 3 Corps de Buffet de 146 Layettes»; le 4 avril 1791, £ 24.18.-- à «frédrich cosendier menuisier [...] pour Cadres Tablard Listes, & autres ouvrages au cabinet», puis £ 34.6.- «a Robert serrurier pour fermente des doubles fenêtres, crochets de laiton pour le Cabinet, pour le traineau»; le 27 octobre 1791, £ 2.4.-- «au menusier pour pieds d'oiseaux» et le 26 janvier 1792, il règle «au menuisier un memoire pour le Cabinet» de £ 12.6.--. En février 1793 un paiement est signalé «au Serrurier pour ferrage du Tronc» et, avant le 20 mars 1793, celui de 013½ Pots Eau de vie pour sa [à CDM] Jambe & pour remplir les Bocals». Après le transfert du Cabinet à Neuchâtel, une dépense, le 10 mars 1802 en faveur de «D.1 frederich Reymond», fournit une indication supplémentaire puisqu'elle concerne «une Caisse pour Emballer les feuilles de verre de Strasbourg qui etoient aux vitrages du Cabinet d'histoire». Peut-être CDM avait-il même ajouté un petit laboratoire pour faire des expériences de physique55 et de chimie? Les comptes présentent en- 1788 une dépense «Pour le Pied de verre de la machine Electricte et Ia Table» et le 30 décembre 1793 un versement «à l'Ancien Meuron pour le blanchissage qu'il avoit fait a la Cuisine du Cabinet». «Ce que nous ignorons [...]», écrivait Pierre Centlivres (MEURON et CENTLIVRES 1965: 28) à une époque où l'existence de l'Inventaire (M) était inconnue, «c'est l'arrangement des pièces au sein du Cabinet». Imaginer l'agencement général n'est pourtant pas trop hasardeux car il est probable que l'influence des naturalistes, dans le milieu desquels il s'était trouvé à Paris (Meuron 1982: 33-4), a conduit CDM à une organisation systématique - Avant le 25/26 décembre 1784 (P - dos.42.II), il avait acheté son cabinet de physique au baron J. Van Plettenbcrg, gouverneur du Cap de 1774 à 1785, et lorsqu'il s'installera définitivement à Neuchâtel, il en remontera un à la Grande Rochette (Meuron 1982; 243). V ¦ LE CABINETA SAINT-SULPICE 83 plusieurs des ouvrages de sa bibliothèque élant du reste susceptibles de rinspîrer - plutôt qu'à une mise en scèriè*"avec lin parti pris décoratif §ui pouvait se rencontrer dans de petites collections56. L'aspect des lieux pourrait s'esquisser à partir de la description imaginaire de Valmont de Bomare ¢1791: VI: 622-38) déjà mentionnée, qui suggère les plans d'une telle installation: des objets bien ordonnés sur des rayons, dans des armoires à vitrine57 analogues à celles du vestibule du premier étage de la Grande Rochette58, quelques pièces en dehors et des séries dans des meubles à tiroir, ces «layettes dépendantes du cabinet d'histoire naturelle, reçues de S.' Sulpice»59 que, le A juillet 1800, M. Jean de Merveilleux sera «autorisé à remettre à MJJ du comité de la Chambre de charité» (B), et dont l'une avait peut-être renfermé ces «Lépas dits oeil de rubis» (a 29., page 173 de l'Inventaire) (M), trop nombreux pour être comptés... Pour le détail, la structuration des vitrines pouvait correspondre à un certain ordre du monde, aux contingences matérielles près, susceptibles de faire éclater le cadre de la présentation, mais il est douteux que Ia disposition des objets ait reflété un état des connaissances. Si certains d'entre eux ont frappé les visiteurs - et parfois de manière récurrente - leur succession pièce après pièce dans l'espace est impos- sible à reconstituer faute de témoignages suffisants. «De l'arrangement d'un Cabinet d'Histoire Naturelle», chapitre neuvième de La Conchyliologie (Dezaluer d'Argenville 1780:1:187-98). Une idée du mobilier nécessaire à contenir une collection composée surtout de coquilles se trouve à ta fin d'un catalogue de vente de XII + 560 pages sortant de l'ordinaire, Catalogue systématique et raisonné ou Description du magnifique cabinet Appartenant ci-devant à M. le C. de *** [...] Par M. de ***. (1784: 519-20, n™ 2225 à 2234). Comme une annotation autographe de l'exemplaire de la BPUN (12.5.4 / N" 390) l'indique, il avait été rédigé par M, de Favanne fils, avec un luxe de détails inouï dans le descriptif de chacun des 2224 lots, pour la vente à Paris de la collection du comte de La Tour d'Auvergne dès le 19 avril 1784. En moins luxueux, le Cabinet pouvait ressembler à la célèbre Kunstkammer de Pierre le Grand a Saint-Pétersbourg aménagée en 1728 (Musée d'anthropologie ft d'ethnographie 1989; visite du 2 août 1991) et qui accueillit en 1780 la collection du 3" voyage de Cook donnée par le capitaine Clerke au major Magnus Behm, gouverneur du Kamchatka, aux armoires du cabinet de Bonnier de la Mosson (1702-1744) avant 1739, à celles des Franckesche Stiftungen dès 1741 à Halle an der Saale (Jahn 1994: 487 (QL 4 et 5); 492 (ill. 8); PETERSON 1999: 71-93 (ill. 10)), à la nouvelle installation du cabinet de Sainte-Geneviève à Paris datant de 1753 (Zehnacker et Petit 1989: 22-4, fig. 9-11), à celui de Clément Lafaille au Muséum de La Rochelle dont les boiseries datent de 1776 (Duguy 1968) mais dont l'aménagement n'est plus d'origine (Delafosse 1961; visite du 19 décembre 1997), à la salle ovale du Teyters Museum à Haarlem construite en 1780 (Kunstenaars 1989; visite du 2 septembre 1989) ou encore au Musée Ashton Lever â Londres tel que l'a dessiné Sarah Stone dans les années 1780 (KlHG 1996: 175). Pour comparaison, voir la reconstitution du Cabinet d'histoire naturelle de Jean Hermann à Strasbourg (Lang 1989; 1995; visite du 29 janvier 1999). 58 Voir le chapitre X. 59 Le contenu des tiroirs ressemblait peut-être à celui du cabinet d'histoire naturelle du pasteur Jean Frédéric Obcriin (1740-1826) (Schneider et Geyer 1991) ou de sir Hans Sloane (1660-1753) (MacGregor 1994). 84 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Inversement, il est impossible de s'appuyer sur l'Inventaire, postérieur à l'amé- nagement, pour tenter une spatialisation et il y a peu de chance que son établisse- ment ait entraîné d'importants remaniements. Il y a lieu de le considérer comme une opération distincte. L'esprit du Cabinet tient d'abord à son contenu et à sa forme. Le départ entre cabinet de curiosité et collection erudite est difficile et «il est toujours arbitraire de séparer les deux» (SCHNAPPER 1988: 241), collectionner étant une des premières formes de la science60, à condition de ne pas s'y enfermer61. Par la réunion de curiosités qu'il présente, de productions insolites et rares62 de la natureet de l'art, sans véritable spécialisation et dans une perspective assez universaliste où les réductions d'animaux participent d'une idée de résumé du monde, il semble s'appa- renter encore aux Kunst- und Wunderkammer des siècles précédents. Comme nombre de ses contemporains, CDM reste fasciné par l'étrange, l'insolite, voire la monstruosité, sinon les falsifications, autrement dit les «mirabilia»63. C'est ainsi que, prévenant le séjour de Raymond à Ceylan, il lui demande de Paris le 30 décembre 1787, à côté d*«une peau d'Eléphant avec la trompe bien Conservée»: Si tu peu m'en avoir une [peau] de ces Cochon à deux jambes. Q'faut Eviter démettre du poivre pour Ia Conservation des plumes ou des peaux parce qu'il Engendre des vers (P - dos.43.n, voLA). De même, lorsqu'il remerciera la Société des Scrutateurs de la Nature, à Berlin du diplôme qu'elle lui a envoyé, il s'engage à enrichir «Son Cabinet des choses rares et curieuses quf'il pourra se] procurer.»6*. Plus réaliste, Pierre Frédéric, dans sa lettre déjà citée du 29 décembre 1788 de Colombo à CDM, avançait que: Les deux Cochons queM/ leDessave Cock a emmené &dont Nous en avons Vu un a Amsterdam, Sontunjeu delaNature, Sans exemple, elle est icy féconde enjeu, mais toujours en Augmentation &jamais en diminution. Un Cinquième Membre, double tête &C. on ena defréquens exemples. Le Chef de Mannar a aporté un Cocq à quatre pâtes &deux anus, il en a fait Cadeau à MadameVanAngelbeck de Cochin, &C'estsurement pour Batavia. (P - dos.48,II). «le désir du savant [est] de tout accepter sans préjugé à un moment de l'histoire où connaître, c'est d'abord collectionner.» (Lamarche-Vadel 1995: 131) «A trop accumuler, l'ordre de répartition devient inopérant et donc caduc.» (LAMARTHE-VAdel 1995: 133). En fait, le qualificatif «rare» apparaît surtout chez les donataires, en particulier dans l'Acte de dona- tion (M|. Il s'en trouve des exemples dans le Kunst- und Wunderkanimer (XVIe siècle) du château d'Ambras, près d'Innsbruck, dont la muséographie est pourtant très en avance sur son époque (AUER et al. 1996; visite du 1" janvier 1997). D'après sa lettre du 8 octobre 1790 conservée au Museum für Naturkunde à Berlin (Brief Nr. 4/1-2) et communiquée par M™ Hannelore Landsberg le 16 octobre 1994. V - LE CABINbTA SAINT-SULPICE 85 Dans l'impossibilité de constituer un ensemble universel et structuré, CDM se contente de certains spécimens représentatifs, «témoins»:en quelque sorte, voire symboliques puisque parfois réduits à des parties (peau où, au contraire, squelette) quand il ne s'agit pas d'animaux «factice[s] en petit»; il est tout aussi incapable de spécialisation, démarche caractéristique d'une nouvelle optique scientifique. Privilégiant donc la diversité plutôt que les suites, le Cabinet de CDM correspond à cet aspect de la «curiosité encyclopédique et exubérante» que met en évidence Krzysztof Pomian (1987: 109). CDM n'entre ainsi pas dans la catégorie des «collectionneurs-novateurs» (Pomian 1994: 50-1); à y regarder de plus près, il est assurément 'un amateur dans le meilleur sens du terme, aux goûts éclectiques, fasciné par le temps (passé et durée) et satisfait par l'exotisme des objets qui ornent son cabinet sans chercher plus loin, davantage qu'un simple amasseur (RHEEMS 1979: 344). En ce sens il encourt les critiques de Lamarck, formulées au début de la Révolution française et citées par Yves Laissus, qui oppose les «simples cabinets de curiosité» aux «vrais cabinets d'histoire naturelle avantageux aux progrès des sciences et propres à répandre des connoissances utiles» (Bedel et alii 1986: 669). Pourtant, il se préoccupe non seulement de l'accessibilité de ses collections et de leur mise à disposition du public par la présentation, mais encore de leur préser- vation future. A la dessication et à Ia conservation en alcool s'ajoutent les mesures de précaution sur lesquelles il se documents par Ia littérature - l'ouvrage de l'abbé Manesse figure dans sa bibliothèque - et en interrogeant des spécialistes - comme François Le Vaillant -, consignes qu'il répercute dans son courrier. L'abandon finalement de sa collection à la communauté reflète le souci de transmettre intact ce patrimoine comme il l'exprime dans sa lettre à Louis Jurine65. D'un autre côté, par son refus de l'accumulation pure et simple en dépit dé sa passion, par le souci de faire établir un Inventaire raisonné de son fonds, GDM penche déjà vers la tendance scientifique que concrétise l'adoption d'un découpage naturaliste, exclusif et actualisé. La collection porte bien le titre de «Cabinet d'histoire naturelle» et non de «Cabinet de curiosités». Par rapport au projet hégémonique de celui-ci, à ses prétentions encyclopédiques, la réalisation de CDM présente un éventail déjà restreint. Plus encore, l'installation probable d'un labo- ratoire indique un passage de la collection passive à l'expérimentation active, un glissement du ludique à l'utile, préfigurant la condition qu'il met à sa donation66: la création d'une chaire de chimie. Les réflexions ultérieures de CDM révèlent bien l'importance qu'il attache à l'application pratique des sciences. Sans conteste, son Cabinet s'inscrit dans une perspective didactique, qui le situe ainsi à une étape charnière de l'histoire des musées67. Voir le chapitre VIII. Bredekanìp 1996: 36; 70; 113; 119. SCHNAPPER 1988: 109; 116; 175; 189; 246; 302; 304. 86 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Au demeurant, !'«effort de dressage de la curiosité, pour reprendre Ie mot de Pomian, relayé par Malebranche puis par les Académies du XVIIIe siècle, fut pour le moins laborieux et la transformation des cabinets curieux en "cabinets d'histoire naturelle subordonnés à des interrogations scientifiques" une tâche toujours à recommencer.» (SCHNAPPER 1988: 312). Et que CDM eût parfois préféré la «science amusante» aux sciences sérieuses n'importe guère, le but qu'il devait viser étant surtout la communication et le contact humain. Sur le plan social, la possession du Cabinet (comme celle d'une bibliothèque) illustre l'obligation de rang à laquelle se devait de sacrifier CDM, en même temps qu'il fait rejaillir du prestige sur sa personne. Bien que d'autres considérations et intérêts aient pu entrer en jeu et que le geste se conformât à une ouverture de l'époque, en donnant sa collection à la collectivité, CDM accroissait encore sa réputation et s'assurait - malgré des éclipses - une durable gloire posthume pour laquelle ses seuls mérites mil itaro- commerci aux n'eussent sans doute pas suffi. VI L'INVENTAIRE MIRACULÉ ET L'INVENTAIRE FANTÔME 1 GNORÉ jusqu'en 1967 (SCHOEPF1968:116), le précieux document que constitue le seul volume subsistant de l'Inventaire (M) se présente sous la forme d'un fort in-folio relié parchemin clair à la tranche mouchetée de rouge et de vert, mesurant 225 par 370 mm sur 60 mm d'épaisseur. Une étiquette collée au dos indique: «Inventaire / du Cabinet. // T. II. / Règnes / végétal / & / minéral. // Bibliothèque, / Tableaux, / Gravures, &c.», ce qui ne correspond qu'imparfaitement au contenu1. Le chiffre «II» est d'une encre plus foncée et les trois dernières lignes pourraient avoir été rajoutées. Le registre comprend 584 pages - gardes non comprises - en papier vergé de 217 par 360 mm comportant deux filigranes: un monogramme (chiffre)2 et un car- touche avec les capitales B. R.; elles sont réunies par cahiers irréguliers de 16 et parfois 12 pages. Les deux premières pages étant blanches, la pagination (située en tête à l'extérieur) commence à partir de la 3e et s'arrête à la 489e; il en reste 95 non paginées, dont une partie est néanmoins remplie. Dans le dernier tiers, un feuillet a été visiblement coupé à la lame, si bien qu'il doit en manquer un autre au moins, probablement tout au début. Les pages ont été soigneusement préparées: colonnes dessinées à l'encre rouge, titres calligraphiés, début de numérotation mis en place pour les cotes, 30 lignes étant prévues, parfois déjà réglées à la mine de plomb. L'écriture, appliquée, n'est pas celle de CDM, mais d'un secrétaire. Dépourvu de titre au début - absence étonnante -, l'Inventaire commence directement par «Regne végétal. / Racines.» à la première page numérotée. C'est seulement à la page [61] qu'apparaît un titre précisant qu'il s'agit de !'«Inventaire / du Cabinet d'rjstoire / Naturel d.e / Monsieur le Comte de / Meuron, Chambellan du / Roi de Prusse. // Tome II / Seconde partie: / Contenant le Regne Animal, / ou la Zoologie./.». Sachant que CDM se fait accorder par Frédéric-Guillaume II le titre Le règne animal, qui occupe pourtant - à la place du règne minéral annoncé - la plus grande panie du volume, n'est donc pas mentionné sur l'étiquette. Dans la logique du système de classification, cette substitution du règne animal au règne minéral implique que celui-ci doive précéder les deux autres (minéral, végétal, animal); l'ordre inverse (animai, végétal, minéral), se référait à l'idéologie ancienne qui met l'Homme au sommet de la Création. Cette marque, assez répandue, se retrouve sur le papier employé pour le «Compte courant [de CDM] avec son frère Théodore Abram Meuron de S.1 Sulpice dressé en fév.r 1791 arrêté & signé le 21 Juin ditte année.» où figure en plus le filigrane «S . SULPICE» mais les dépenses de papier (P - dos.28.I) sont trop imprécises pour permettre une quelconque datation par ce moyen. 88 LE MVRlER ET L'EPEE honorifique (et la clef3) de chambellan le 29 octobre 1789 (F), le document ne peut être ipso facto que postérieur à cette date4. Sauf pour la partie commençant à la page 473, le classement est strictement naturaliste et suit le découpage préétabli qui s'est inspiré d'une nomenclature en cours5, peut-être simplifiée; il y a quelques adaptations et des flottements, puis- qu'une peau de chien de mer est classée sous Poissons vivipares de mer (p. 93) et 6 peaux de chiens marins sous Amphibies {p. 103). Mais toutes les catégories sont loin d'avoir été occupées. Dans ces listes, chaque type d'objet recensé a été pourvu d'une cote alpha- bétique et chaque objet de la catégorie d'un numéro d'ordre. Ces cotes alpha-numé- riques ont été retranscrites sur de petits morceaux de papier, collés ensuite sur les étiquettes que portent encore les spécimens, en particulier «ethnographiques» (historiques, voire archéologiques également), et dont le libellé est quasi identique à l'inscription du registre. Entre les pages 150 et 151 a subsisté une petite bande de papier découpé (qui provient peut-être de la page manquante, étant donné que pontuseaux et vergeures correspondent) portant les cotes AT 8. K 9. K 10. ATl-I. K 12., préparées et non utilisées, et de même entre les pages 154 et 155, un fragment marqué AT 157 et une bande où se suivent K 160. AT 161. K 162. AT 163. K 164. K 165. K 166. K 167. (bien que K 157, 160 et 161 soient occupés), enfin entre les pages [490] et [491] une petite étiquette F 64 (se rapportant aux volumes de VEncyclopédie qui figure dans la bibliothèque de CDM) . Ce mode de faire donne à penser que les objets ont été identifiés avant d'être enregistrés. En relevant uniquement les rubriques remplies, la répartition se présente de la manière suivante: Il en emportera une en Inde, selon ce que révèle une lettre du 22 octobre 1795 (P - dos.44.U) ! Cette page de titre étant tardive et tenant compte de la rocade des règnes de la nature, il serait certes envisageable que l'établissement de l'Inventaire (M) ait commencé plus tôt, mais cette hypothèse est infirmée par l'examen des livres qui y sont listés (voir le chapitre VII}. Les coquilles sont ainsi réparties en 28 familles offrant de fortes ressemblances avec l'ancienne classification de Dezallier d'Argenvilte (1780) avant l'intervention des de Favanne. Pour M. Pascal Moesciiler (lettre du 19 octobre 1989), les différences constatées sont minimes. En tout cas, la classification linnéenne est ignorée et ce sont les noms anciens qui sont employés. Entre les pages 356 et 357 s'est conservé un petit bout de buvard qui a servi à assécher le numéro «o 1.» qui se lit a la page 357 et entre les pages 110 et 111 un fragment de papier irrégulièrement découpé de 32 x 92 mm portant les indications «N 30 4 Neuchâtel» [te chiffre 4 à la plume rouge] d'un envoi de messagerie. VI ¦ L'INVENTAIRE MIRACULÉ ET L'INVENTAIRE FANTÔME 89 I cotes] [nombre de positions occupées] Regne végétal. } P- 1 p. 3 .p. 5 P- 9 p. 11 p. 10 p. 15 p. 17 p. 18 p. 19 p. 23 p. 27 p. 35 p. 37 p. 47 p. 51-52 Racines Ecorces Feuilles Bois Graines * Fruits & semences. 3° la Sillique. Fruits & semences. 5° Fruit à noyau. Fruits & semences. 6° Fruit à pépin. Fruits & semences. 7° La Baye. Plantes parasites. Plantes. Résines. Gommes. Plantes marines. Divers objets. A 1. â 3. 3 B 1. 1 C 1. à 5 5 El. à 50. 50 Yl. à 5.** 5 F 61. 1 F 121. à 132. 12 F 151. à 152. 12 F 181. 1 H 1. à 2. 2 Kl. à 4. 4 0 1. 1 Pl. à 3. 3 Vl. à 5. 5 X 1. à 34. 34 ** division intercalée a posteriori et en-tête rajouté sur un papier collé. Y6. barré, devenu F 122. (2 Noix d'Acajou.). Regne Animal. (Zoophytologie). p. 69 1. Les Zoophytes. 7. le Gorgone. p. 77 1. Les Zoophytes. 15. l'Eponge. p. 82 3. Les Crustacées. (l'Entomologie). 1. De mer. p. 92 A: Insectes. (l'Ichtyologie). 7. Aptères. p. 93 5. Poissons. 1. vivipares de mer. p. 95 5. Poissons. (Z, 'Amphibiologie). 2. ovipares de mer. p. 103 6. Amphibies. p. 105 6. Reptiles. A 181. à 187. 7 /4 421. à 422. 2 Cl. à 10. 10 D 181. à 183. 3 El. à 9. 9 E 61. à 74. 14 Fl. à 20 20 F 61. à 65. 5 90 LE MÛRIER ETL'ÉPÉE (L'Ornithologie). p. 107 7. Oiseaux. 1. 2 doigts dev. point derrière. p. 119 7. Oiseaux. 4. A 3 doigts dev.' et 1 derr.' p. 123 7. Oiseaux. 5. Palmipedes à 3 doigts dev.1 et 1. dcrr.e p. 127 7. Oiseaux. 6. Semipalmipedcs à 4 doigts unis. p. 139 7. Divers Oiseaux. p. 140 7. Nids d'Oiseaux. p. 144 7. Oeufs d'Oiseaux (La Tétrapodologie.) p. 150 8. Quadrupèdes." 1. Solipedes. p. 154-55 8. Quadrupèdes. 2. à pieds fourchus. p. 158-59 8. Quadrupèdes. 3. Fissipedes. p. 164 9. L'homme. (Anthropologie), p. 165 Divers objets. Cl. 1 G 361. à 372. \2 C 481. à ¦ 485. 5 G 601. 1 G 961. à 963. 3 Hl. à 4. 4 Jl. à 4. 4 K 1. à 7. 7 K 121. à 161. 40 K 242. à 297. 57 L 1. 1 Ml. à 6. 6 Conchyohgie. p. 173 Univalves. 1. Lépas sans Trou. a 1. à 29. 29 p. 189 " 1. Lépas à trou. a 481. à 484. 4 p. 197 " 2. Oreilles de mer. bl. à 6. 6 p. 203 " 3. Vermisseaux. c 1. à 3. 3 p. 207 " 4. Nautilles. d 1. à 8. 8 p. 211 " 5. Limaçons à bouche ronde. el. à 22. 22 p. 267 " 9. Olives. il. 1 p. 301 " 11. Tonnes. k 1. 1 p. 313 n 12. Porcelaines. 1 1. à 3. 3 p. 369 2 Bivalves. 1. huitres. p]. à 6. 6 p. 381 . 2 " 2. Cames. ql. à 5. 5 p. 405 2 " 3. Moules. ri. à 14. 14 p. 467 3 Multïvalves. 6. Pholades. aa 1. à 2. 2 VI - L'INVENTAIRE MIRACULÉ ET L'INVENTAIRE FANTÔME 91 La dernière partie du registre (p. 489 à [515]) est consacrée aux livres7. Au total, l'Inventaire ne comprend pas moins de 534 positions, englobant parfois plusieurs spécimens - généralement en petit nombre - ou, pour les livres, plusieurs volumes - dans un cas à double exemplaire. Les chiffres peuvent s'élever à 10, 13, 23, 28, voire 36 («K 4. 36 Diverses plantes colées sur du papier.») et même exceptionnellement à un nombre non précisé («a 29. Lépas dits oeils de rubis (tout le Tiroir).»). Un dixième seulement des pages du registre a été employé ou à peine commencé: le secrétaire avait vu grand! Sur les 534 positions relevées, 139 concernent le «Regne végétal», 315 le «Regne Animal» (dont 104 sont occupées par les coquillages) et 80 les livres. Selon Ia conception de l'époque, il n'y a pas de division spécifique pour les «artificialia», qui regroupent aussi bien des «exotica» que des objets européens et quelques rares machines ou «scientifica». Les produits de l'industrie humaine figurent sous «Divers objets» de l'un ou l'autre règne - non sans quelques incohérences dans la venti- lation8 -, en fonction de la matière principale dont ils sont constitués. Quoi qu'il en soit, aucune intention ne transparaît dans l'ordre des pièces et il n'est pas possible de distinguer une ligne directrice dans leur choix. La séduction de l'étrange, de l'insolite, de la monstruosité même ne saurait être niée à relever dans l'ensemble du registre9 - comme dans de multiples cabinets analogues - la présence d'un «Foetus de Négresse.» (L L, p. 164), d'un «Priape de Baleine, de 7 pieds et demi, de Roi, de longueur.» (E 2., p. 93), d'un «Bésoire» [bézoard10] (F 130, placé dans le règne végétal, p. 17), d'une «[Racine] de mandragore» (A 1., p. 1), de «Nids d'oiseaus dont les chinois sont très friands.» (//4 p. 140), d'un «Oeuf verd d'un oiseau qui porte du poile en place de plume» (J 3, p. 144), d'un «Dragon voland» (F 15., p. 103), mystification à succès à laquelle CDM n'avait pas plus échappé que nombre de ses contemporains11, ou d'un «Canard à 4 pattes, dans un Bocal.» (G 485., p. 123) dont l'attrait térato- logique le poursuivra puisque son envoi de Madras le 9 mai 1796 comprendra: «[N°] 11 Canard a 2 têtes» (P - dos. 14.VI). Dans le Cabinet de CDM ne man- quent non plus ni «E 1 /Corne de/ Licorne de Mer, ou defense de Baleine, de 6 p. 8 pouces de Roi, de long/», ni «[E] 6. Scie de l'Espadon.», ni «[£] 7. Morceau de la corne du Nerva.», classiques incontournables. Voir le cliapitre VU. Par exemple [X] Il et [X] 15, deux objets en soie qui n'ont rien à voir avec le règne végétal. g Ce goût de CDM est manifeste aussi dans certains titres de sa bibliothèque. Le «bézoard est une concrétion qui reste légèrement souple, formée en couches concentriques autour d'un corps étranger dans l'appareil digestif de certains ruminants de la famille des chèvres» (Schnapper 1988:32-4). H s'en trouvait un dans le cabinet d'Abraham Gagnebin qui savait qu'il s'agissait d'un animal factice: «Draco ou dragon factice fait avec une raie. Jonst. t. 12, fig. 1.» (Gagnebin [1765]: 4), après des raretés telles que «Un morceau de mumie d'Egypte.» (p. [I]), «Le squelette d'un agneau monstrueux à six jambes.», «Un poulet à quatre jambes desséché.», «Des nids d'alcyons, manger délicieux à la Chine.» (p. 2), «Un gros balena, ou priape de baleine de 5 pieds 9 pouces de roi de long, pese 10 livres & demie.» (p. 3). 92 LE MÛRIER ET I 'EI1EE A dire vrai, ce goût des bizarreries, qui prolonge la tendance ancienne - «en deçà du scientifique» (Bredekamp 1996:12) - des cabinets de curiosités à présenter des objets étonnants, est conforme au penchant de toute une époque. Non seulement il en existe plusieurs recueils12 mais l'Encyclopédie de Paris elle-même est curieuse tant de la nature dans toutes ses variétés que dans ses «dégradations»: l'arbre de la connaissance présente sous Histoire naturelle une rubrique «Ecarts de la nature» comprenant les minéraux, végétaux et animaux «monstrueux». Cette catégorie se retrouve comme Etres «matériels non-uni formes, monstrueux» dans celle d'Yverdon où l'article «Jeux de la Nature, & Monstres» n'occupe pas moins de 15 pages (1773: XXIV: 197-212). Après la donation de CDM, le frisson continuera d'être alimenté par des pièces analogues: le 19 juin 1804, un embryon signalé le 6 juillet (B), le 4 mars 1805, un fœtus monstrueux signalé le 8 novembre (B), en 1818, un autre embryon signalé le 3 juillet (B), la collection se devant de présenter de tels spé- cimens, aujourd'hui relégués dans les vitrines d'instituts d'anatomie. Les indications sont en général peu détaillées et tiennent sur une ligne; rares sont les dimensions, sauf par exemple à la page 173 où une série de coquillages sont donnés avec mesures en pouces et lignes13, et toute référence à des ouvrages est absente. Certaines inscriptions ont été faites objets en main (un reste de coquille a subsisté entre les pages 210 et 211, de même qu'un fragment de plume entre les pages 134 et 135), et dans plusieurs cas apparemment sous dictée. L'existence de cette liste, même comparée à celle du naturaliste de La Ferrière (Gagnebin [1765]), est remarquable pour un cabinet d'amateur, encore que !'«éti- quetage» l'emporte sur un véritable souci de nomenclature. Cependant, au:delà des approximations et des désignations fantaisistes, CDM pouvait difficilement com- mettre certaines confusions: croiser un xylophone [X] 22, probablement recueilli «sur le terrain», et un «angklung» [X] 21, voire un arc hottentot14 et un arc amérindien EE 26, comme le montre l'étiquetage erroné. Il y a donc lieu de supposer qu'il a fait faire le travail, peut-être en son absence - ce qui n'a rien pour étonner vu ses nombreux déplacements à cette période -, et ne l'a pas contrôlé. L'enregistrement n'a pas été réalisé d'un jet, quoique dans un temps relative- ment court. Une étude attentive des inscriptions révèle non seulement des ratures - hésitation sur la provenance géographique15 -, mais encore des ajouts tardifs16 d'une autre encre et des reprises17, comme si une désignation très courte avait seule été inscrite d'abord puis complétée sommairement. Par exemple Ecarts de la nature 1787. A Neuchâtel, 1 pied = 12 pouces vaut 29,326 cm; 1 pouce =12 lignes vaut 2,443 cm; 1 ligne vaut 0,2036... cm. Cet arc - qui pourrait aussi bien être fuégien et de section triangulaire (Kaepeler 1978a: 278-9) - n'a pas été retrouvé. «de Wnde» corrigé en «du Cap de Bonne Espérance.» page 27. Les listes ont été complétées de quelques entrées et même, page 155, par deux fois. 17 Pages 17, 103, 119, 155, 159, 211 et 369. VI - L'INVENTAIRE MIRACULÉ ET L'INVENTAIRE FANTÔME 93 Par ailleurs, le travail donne une impression d'inachèvement, la partie consacrée aux Tableaux, Gravures, etc/in'ayant pas été remplie, «non plus que la Table18. Parmi les insectes, il n'y a que trois entrées pour les aptères et il est étonnant de ne rencontrer ni coléoptères ni lépidoptères, alors que CDM en possédait. Plus encore, à considérer le peu d'enregistrements de coquilles dont CDM était pourtant entiché, alors qu'un énorme espace leur avait été réservé (pages 173 à 472), le document n'est manifestement qu'un début. En revanche, il n'y a aucune indication d'aliénation de pièce. Datant au plus tôt de l'automne 178919, le registre ne saurait être postérieur à la donation, par le simple fait qu'il comporte une liste d'ouvrages n'ayant pas accompagné le Cabinet20. Peut-être même ne devait-il pas être livré et est-il parvenu à Neuchâtel par erreur, comme le «petit carton d'agathes»21 réclamé avant le 9 novembre 1804 ? En tout cas, il ne révèle pas d'interventions tardives et personne n'y fait référence. Il est dans un remarquable état de fraîcheur, sans traces de consultation, et il doit sans doute sa conservation à un oubli protecteur. L'intention de CDM de faire abandon de son Cabinet était connue dès avant le 7 novembre 1794: Mons.' le Colonel de Meuron ayant insinué à quelques Membres de la Commission le dessein où il est de donner au public son cabinet d'histoire naturelle, dès qu'on aura un emplacement pour le mettre: On a délibéré de nommer une délégation pour le choix de cet emplacement & pour en conférer avec Mons/ de Meuron: les Membres nommés sont Mess-™ Meuron, Banneret, Dardel, Pasteur, de Pury ancien 22 Maitre des Clefs Sc Tcuchon, Inspecteur. (B) L'Inventaire aurait ainsi pu être rédigé, dans un but non explicite, entre l'automne 1789 et l'automne 1794. La liste des livres, la plupart achetés depuis son retour en Europe, permet de cerner la période la plus plausible23. D'après leurs dates de publication et leur succession, l'enregistrement se situe entre 1790/91 et le début de 1792. De surcroît, l'intervalle correspond à l'engagement de M. Maugard qui, reprenant le poste de M. Jacques Mauris, fut au service de CDM entre octobre 16 Voir le chapitre VII. 19 Parmi les «naturalia», certains spécimens provenant de Ceylan et de l'Inde sont enregistrés avant ceux du Cap mais CDM a pu les y acquérir étant donné que les bateaux venant de l'Est y faisaient géné- ralement relâche. 20 Voir le chapitre Vu. 21 Voir le chapitre X. 22 Les délégués sont Charles Joseph de Meuron (1738-1803), Henry de Pury (1742-1806) et Pierre Frédéric Touchon (1751-1814) (renseignement de M. Jean-Pierre Jelmini le 18 avril 1997); en fonction de leur présence à Neuchâtel, le quatrième peut être soit François Louis Dardel (1731-1797), pasteur du mardi à Neuchâtel de 1790 à 1797, soit David Dardel (1740-1831), pasteur à Neuchâtel de 1778 à 1831 (renseignement de M. René Péter-Contesse le 1" avril 1997). 23 Voir le chapitre VD". 94 LE MÛRIER ET L1EPEE 1790 et fin février 1793 ainsi que le confirment les comptes (P - dos.28.I), et partit parce qu'il «n'entendoit rien à la Comptabilité», selon la critique que Théodore Abram formule à Renaud de Coquillard le 10 mars 1793 (P - dos.44.I), ce qui pourrait expliquer l'arrêt du catalogage34. En dépit des termes de l'Acte de donation (M), il est de prime abord impossible de savoir si l'Inventaire (M) correspond à Ia donation: celle-ci peut en effet avoir comporté des pièces qui ne figurent pas dans l'Inventaire ou, au contraire, être privée de certaines ! Or l'hypothèse se trouve confirmée pour quatre pièces au moins qui étaient abritées dans les vitrines d'angle de la Grande Rochette25. Et si CDM n'a pas tout donné, la conséquence qui s'impose est qu'il est vain de vouloir rechercher dans les fonds publics tous les objets mentionnés dans l'Inventaire. A se fonder seulement sur une analyse du contenu du Tome II de l'Inventaire (M)1 tout un pan du Cabinet de CDM échapperait à la connaissance: le règne miné- ral, que l'étiquette incorrecte laisse pourtant espérer en vain et dont le manque étonne d'autant plus que sa bibliothèque renfermait plusieurs ouvrages de minéra- logie. Il est à craindre que le Tome I n'ait suivi le même sort qu'une partie de la collection26; il devait répertorier non seulement le domaine strict de la minéralogie mais aussi, par voie de conséquence, tous les objets fabriqués en métal, armes notamment, dont les visiteurs de l'époque signalent la richesse et Ia diversité. Mme de Gauthier (1790: II: 303) rapportait avoir vu, outre certaines pièces figurant dans le Tome II, «des armes à l'usage des Indiens & des Chinois», témoignage que complète le conseiller de Diesbach27 qui, le mercredi 12 octobre 1803, découvre les collections installées et quelque peu développées à la Maison des Orphelins à Neuchâtel. Il déclare dans son Journal (PURY 1918: 215-6): «Nous vîmes une belle suite de médailles, [...] beaucoup de marbres, minéraux, cristaux, pétrifications, [...] armes de différens pays». Fort heureusement ont été retrouvés des objets manufacturés pouvant appartenir au «Regne minéral», porteurs de leur cote - ce qui a permis de reconnaître leur appartenance au fonds de CDM. C'est aussi cette cole providentielle qui autorise Ia tentative de reconstituer partiellement, dans le domaine des objets de l'industrie humaine tout au moins, ce que pouvait être le contenu du registre disparu et resté introuvable malgré les appels lancés (Kaehr 1978: 122). Le «Compte courant avec son frère [Théodore Abram]» déjà mentionné (P - dos.28.I) montre par ailleurs des analogies d'écriture et de présentation. 25 Voir le chapitre X. Les collections géologiques avaient été déposées en 1917 à l'Institut de géologie de l'Université (HAENNI ri985]: 82), mais celle des fossiles d'Agassiz a connu une triste fin: «a successor [Frédéric- Maurice de Tribolet], whose interest lay elsewhere, and who was ignorant of vertebrate palaeontology, had them thrown into the nearby lake.» (ROBSON 1986: 40) et peut-être d'autres spécimens. François Pierre Frédéric Victor Gaspard Melchior Balthazar, comte de Diesbach, prince de Sainte- Agathe (1739-1811). VJ - L'INVENTAIRE MIRACULÉ ETL 'INVENTAIRE FANTÔME 95 D'après ces objets, au moins 4 séries de cotes se dégagent, offrant un minimum de 45 positions, sans préjudice du nombre de spécimens d'un même type. La subdi- vision - ou les subdivisions - qu'occupaient les diverses roches (gemmes, cristaux, marbres, etc.) reste impossible à préciser; en revanche, les parentés entre les artefacts permettent d'imaginer des en-têtes, étant donné la préoccupation systématique qui a présidé à l'enregistrement28: AA > 8 retrouvé: 1 BB > 4 retrouvés: 2 CC non attesté DD > 4 retrouvés: 229 EE >2[9] retrouvés: 7 -> [porcelaine, verre?] -> [terre, poterie?] [monnaies, médailles?] -> [métal] -> [armes] Dans le Tome «II» ont été employées successivement pour les cotes les lettres AaY («Regne végétal»), A à M («Regne Animal») et a à z («Conchyologie») avant qu'apparaissent, tout à la fin pour les «m ulti valves», les séries aa et bb, cependant que les livres sont cotés AaH. Par analogie avec le système de signatures des feuilles imprimées alors en usage dans Ia typographie française, cette exploitation des possibilités de l'alphabet conduit à imaginer que Ie doublement AA, BB, Dp, EE est une ressource supplémentaire et que le Tome « I » est en fait le second établi, donc qu'il a été dévolu après coup au règne minéral. L'ordre des règnes finalement adopté - et dont la succession est contraignante - pourrait être dû à un souci de mise à jour scientifique30. Le croisement rend alors compte de l'inexac- titude du libellé de l'étiquette et la couleur plus foncée du chiffre romain s'explique par une inscription en deux temps. Pour suppléer à l'absence de ce Tome I, il sera nécessaire de prendre en considération les apports ultérieurs et de tirer parti de la liste de Louis Coulon (L) du 16 mai 183431. Mais, d'ores et déjà, il faut faire un sort à une légende tenace résultant d'une mauvaise lecture. Le «ta'unii» coté MEN V.1415 «Hausse-col, décoration de céré- monie et de guerre des Tahitiens (Tahiti). XVIIIe siècle. 58 x 42 cm (fragment d'étiquette avec F. proviendrait de Forster, pére naturaliste du 2ème voyage de Cook)»32 (MEURON et Centlivres 1965: 44), cité quelques pages précédemment II est à remarquer que le découpage y est plus poussé que dans Ie Tome IL Le second figurait dans la vitrine est de la Grande Rochette (visites des 4 et 10 juillet 1995). Voir le début du chapitre. Voir la SECONDE PARTIE. Ce même Johann Reinhold Forster (1729-1798), père de Georg, devient Weber sous la plume de O'Reilly (1946: 121) ! Une partie de leurs collections furent vendues notamment en 1799 à Göttingen (Kaeppler 1978a: 43; Krüger 1994: 32). 96 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE sous la désignation «un,hausse-col de fibres tressées garnies de dents de requin, provenant d'Hawaï» (1965: 25), n'a jamais fait partie du Cabinet (KAEHR 1997: 153-;6). Selon le Rapport [annuel du Musée d'ethnographie] sur l'exercice 1931 rédigé par Théodore Delachaux (1932: 56-9), malgré les erreurs qu'il comporte, elle a clairement été obtenue par échange avec Arthur'Speyer, de Berlin: En échange de trois objets que nous pouvions envisager comme doublets, nous avons obtenu une pièce remarquable de Tahiti. Il s'agit d'un plastron ou haussera)! en fibres tressées porté jadis par les Tahitiens de qualité dans lés grandes cérémonies et à la guerre..En forme de fer à cheval, cet objet porte trois rangs concentriques de dents de requin. Les plumes d'une sorte de pigeon et les poils de chien qui ornaient cette décoration d'apparat ont en grande partie disparu; mais telle que cette pièce se présente, elle possède pour nous une valeur indéniable, parce qu'elle complète la collection que nous possédons de cette île, rapportée à Ia fin du XVCF siècle par le général de Meuron. Notre hausse-col date de la même époque et l'étiquette fragmentaire qui s'y trouve serait celle des objets rapportés par Forster, pére, le naturaliste allemand qui accompagna Cook dans son second voyage". Cet échange a été fait avec le consentement du président de la Commission. De même, l'affirmation que la collection «comprend en outre un costume de danse des îles Ellice en fibre de coco» (Meuron et Centlivres 1965: 25) est erronée, puisque cette pièce a été offerte par les frères Alfred et Antoine Borei en 1882; le «carquois de bambou provenant des Indes néerlandaises» (1965: 26) n'y appartenait pas non plus. En conclusion, l'inachèvement de l'Inventaire, le fait qu'il ait été réalisé tardivement par un secrétaire et le quasi mutisme de CDM quant à ses intentions empêche d'épiloguer sur Ie Cabinet, son projet et sa disposition détaillée, le témoignage des visiteurs étant tout à fait insuffisant. A part la passion déclarée de CDM à plusieurs reprises pour r«histoire natu- relle», tout ne peut être qu'hypothèses. S'il a manifesté parfois un intérêt spécifique, notamment pour tel minéral du Cap, voire pour pour telle espèce en raison de son allégeance à la Gesellschaft Naturforschender Freunde à Berlin, il a sans doute récolté de tout un peu, au gré des occasions, avec une certaine propension à la diversification mais sans viser à la complétude pas plus qu'à la spécialisation. Ceci apparaît clairement en ce qui concerne les «artificialia», à part le matériel qu'il faut vraisemblablement attribuer aux voyages de Cook et dont la cohérence peut ressortir à un accident, c'est-à-dire dépendre de l'acquisition d'un lot comme semble le montrer la présence à la.fois d'échantillons de tapa (dont deux de Ia même pièce, V.508 et V.509) et de matière première (V.937). De toute façon, le petit nombre des spécimens d'autre provenance, même en tenant compte de ce qu'il est possible de reconstituer, en particulier dans le domaine des armes, ne donne pas L'étiquette pone effectivement un simple «j.» caractéristique des objets Forster, comme certaines pièces des collections de Göttingen (examen du 13 septembre 1994) et il se peut même que ce «ta'umi» en ait fait partie (Hauser-SchÂubun 1998: 80; 159-60). C'est par conséquent et pour l'instant, dans les collections du MEN, Ia seule pièce provenant incontestablement d'un des voyages de Cook. VI - L'INVENTAIRE MIRACULÉ ET L'INVENTAIRE FANTÔME 97 d'indication suffisante, ni quant aux régions, ni quant aux domaines privilégiés, sachant que, de toute façon/nombre d'objets étaient soit inconnus, soit inaccessibles, soit encore échappaient.à l'attention d'un collectionneur du XVIIIe siècle. Quant aux sources, jamais mentionnées dans l'Inventaire, elles sont trop ténues, malgré 1 ' assurance de contacts nombreux et variés dont témoigne l'abondante correspondance de CDM, pour qu'il soit possible de dessiner sa politique d'enri- chissement des collections. Il est pourtant certain que les modes d'acquisitioh ont été variés, comprenant tant l'héritage que le cadeau ou l'achat onéreux sinon l'échange. Le premier cas est représenté par le fonds qu'il faut supposer provenir de son père - des coquilles et probablement des fossiles - que très jeune il commence à compléter. Même s'il en a malheureusement peu subsisté, quelques cadeaux sont bien attestés, les derniers en date étant la momie d'ibis en 1795 et la maquette de bateau en 1799. Mais le gros des enrichissements est dû aux apports de ses divers rabatteurs, stipendiés ou non, qu'il relançait inlassablement et à des démarches auprès de divers marchands. VII EX LIBRIS /\ part les spécimens des règnes végétal et animal, le Tome II de l'Inventaire (M) du Cabinet d'histoire naturelle de Charles Daniel de Meuron comporte une liste de 80 titres de livres1, qui a déjà fait l'objet d'une publication brute (Gabus 1967: II: 193-5) où «L'orthographe du registre du XVIIIe siècle a été respectée», non sans infidélités, manques dans la transcription ou incompréhensions2. L'ensemble représente plus de 200 volumes ou unités (les ouvrages en fascicules étant comptés pour une unité); l'un des titres est même indiqué comme figurant à double (E 60 [131: «2 Ex.», soit 4 volumes)3. Les différents titres sont pourvus d'une cote alphanumérique dont aucune n'apparaît sur les quelques volumes retrouvés, au contraire des objets. La systémati- que de ces 7 cotes allant de A à H (sans B) n'a pas été décryptée mais doit se rap- porter à la place occupée par les ouvrages dans la bibliothèque de CDM et à leur format4. Ainsi, à quelques exceptions près, les séries A et C regroupent des in-12, D et E des in-8°, G des in-4°; la série F est réservée à l'Encyclopédie in-8° et in-4° et la série H comprend deux in-folio. La numérotation est continue de 1 à 76: A 1 à 12; C 13 à 28; D 29 à AA; E 45 à 63; F 64 et 65; G 66 à 74; H 75 et 76, alors que les numéros 77 à 80, tous des in-8°, viennent augmenter les séries E, G et H, rompant l'ordonnance. Les six titres H 75 [17], H 76 [27], E 77 [6], G 78 [79], G 79 [80], H 80 [18] ont été rajoutés par la suite et la reprise est visible dans le manuscrit. De l'ouvrage de Bloch (H 76) en cours de parution depuis 1785, il ne Ils ont été numérotés entre ( ] dans l'ordre de l'Inventaire (M). Ce chapitre, pour lequel nous avons une dette particulière envers M. Michel Sclilup, alors directeur adjoint de la BPUN, qui a bien voulu revoir la première version du texte, nous suggérer les corrections nécessaires et, confirmant nos doutes, rassembler les preuves permettant de rétablir l'identité d'un auteur en dépit d'une attribution bibliographique généralement acceptée, a été rédigé en 1988 et révisé en 1989 {Kaehr 1988). Diffusé confidentiellement à 25 exemplaires multigraphiês, il est repris ici, légèrement raccourci, avec quelques corrections et données nouvelles, vu son apport crucial pour la datation des objets (voir le chapitre XV). Si l'inscription «id,» signifie la reprise de l'indication figurant plus haut dans la colonne, le sens des guillemets est plutôt celui d'une réservation d'espace. A cinq reprises les prix ont été indiqués dans la marge de gauche {H 75 [17]: 60.fc; G 71 [21]: 15.lb; C 15 [22]: 2.*; G 67 [241: 18.lb le Cah.; G 69 [25]: 108.11), cependant que dans la marge de droite dix titres (H 75 [17]; C 15 [22J; G 69 [25]; A 5. [31]; A 6 [32]; D 32 [47]; D 41 [55]; E 63 [74]; G 78 [79]; G 79 [80]) ont été très discrètement cochés. Cette situation est exactement celte de la Grande Rochette où une lettre correspond à chaque corps de bibliothèque (visite du 4 juillet 1995). 100 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE possédait encore que deux cahiers sans le texte, selon ses lettres du 2 décembre 1790 puis du 10 janvier 1793 à Ja[c]ques Louis DuPasquiër à Berlin (V). Quant aux quatre derniers titres, ils ont paru entre 1790 et 1792, H 80 [18] étant le plus récent. La cotation, préalable à l'enregistrement, étant forcément postérieure à la parution du dernier ouvrage englobé dans cette opération, soit D 32 [47] publié en 1790 - ouvrage qui figure presque au début de la série des in-8° -, il est possible d'en déduire que l'enregistrement a été entrepris dès 1790/91 et s'est poursuivi jusqu'au début de 1792, les Papillons d'Europe d'Engramelle (G 67 [2A]) n'étant visiblement pas au complet. Cette conclusion: est d'une importance capitale puisqu'elle permet de dater l'Inventaire (M) dansjson ensemble et conséquemment les objets qui y sont inscrits. Pour l'origine de ceux issus des Mers du Sud, et spécifiquement des îles Sandwich, cette inscription temporelle incite à pencher en faveur du troisième voyage de Cook (communication orale de M. Stephan Augustin du 16 septembre 1994). Les 80 titres de l'Inventaire (M) se trouvent ventilés, avec quelques incohérences notamment en ce qui concerne les «Sciences», dans 8 rubriques très inégalement fournies: histoire naturelle, en général (6 titres), oryctologie5 (12), botanique (3), zoologie (6), médecine et chirurgie (12), voyages6 et géographie (23), mœurs et coutumes (2), sciences (16). Telle quelle, la liste est riche d'énigmes bibliographiques. Alors que plusieurs ouvrages ne sont nullement anonymes, seule la moitié des titres sont accompagnés d'un nom d'auteur, parfois avec une graphie incorrecte. Leur libellé, souvent abrégé, n'est pas rigoureusement conforme7. Dans dix cas le lieu d'édition fait défaut; dans dix, la date; le format - absent dans trois cas (2 cartes et 1 plan) - désigne plus le format réel que le pliage. Une difficulté supplémentaire est représentée par le nombre des volumes indiqués, qui peut varier en fonction de la reliure et ne pas cor- respondre aux données bibliographiques si CDM n'a possédé qu'une partie de l'ouvrage en question. L'erreur sur l'orthographe du nom de l'auteur de la Lythologie Sicilienne G 68 [16], noté d'abord Borg au lieu de Borch, et divers flottements dans les inscriptions (A 2 [281, G 72 [62], entre autres) donnent à penser qu'elles ont été faites sous dictée. L'inventaire manuscrit se présente comme suit: «partie de l'histoire naturelle qui décrit les fossiles, & qui traite en général de leurs genres, de leurs espèces, de leurs propriétés, de leur origine, de leur état naturel & de leurs usages.» (ENCYCLOPÉDIE d'Yverdon 1774: XXXI: 510). Les itinéraires ou relations des voyageurs font classiquement partie de la géographie. Ainsi, pour l'ouvrage «formation des Jardins» (E 49 [20]), le faux-litre a été utilisé comme référence bibliographique. VII - EX LIBRIS Livres. hist, naturelle, en général. 489. C 16. Curiosités d'hist. naturelle 17 Melange d'hist naturelle par AUon Du lac 18. Etudes de la Mature par S.1 Pierre D 37. hist, naturelle du Joral et de ses Environs par M: le C de Razoumouski E 56 Catalogue du Cabinet de M. Gallois 77. Diet, d'histoire naturelle de ValmonC de Bomare 1. in 12. Paris 1763. 15. id. Lyon. Ut 6. id. Lyon. 1765. 12] 4. id. Paris. 1786 [3] 2. in B* Lausanne 1789. N) 1. id. Paris 1780. [51 1791. 16) [490] Oryctologie. C 13 Memoire sur les Mar ab Salans d'Aunis et Sain longe par M. Beaupied Dûmes nil 14 histoire abrégée de l'Antimoine par M. Jacquet 19 Essais sur l'art d'imiter les Eaux minérales p. Dudianoy E 57. Lettres sur quelques objets de Mineralogie 58. Suite des précédentes. 59 L'Art d'imiter tes pierres précieuses 60 Dictionnaire Mineralogiquc et hydrologique de la trance, 61. Etanens d'Oryctologie 62 Diction a. d'Oryctologie de Bertrand. G 68. Lythologie Sicilienne, ou connois- sance des pierres de la Sicile par M. Ic C." de Bor£h. H 75. Oryctographie de Bruxelles 80 Manuel du Minéralogiste par M. Torbem Bergman in 12. Ia Rochelle 1765. id. Paris id. id. 1767. 1780. [7] [8] [9] in 8." La have. 1789. [io] id. id. [H] id. Paris. 1778. [12] in 8." id. 1772. H3] id. Neuchatel. 1773. [14] id. la h aye. 1763. [15] in 4." Rome. 1778. [16) in fol. - 1784. [17] 8." Paris. 1792. [18] LE MÛRIER ETL'ÉPÉE Botanique. [491] A 1. Principes d'Agriculture E 49. fondation des Jardins G 71 Dictionnaire de Botanique par M. Bulliard. 1. in 12. Paris. 1761. (19] 1. id. id. 1775. ¦ [20] 1. iit fol. Paris. 1783. [21] Zoologie. [493] C 15. Maniere d'Empailler & Conserver les Animaux G 66. Entomologie ou histoire naturelle des Insectes par M. Olivier 67. Papillons d'Europe peint d'après nature par M. Ernst. 69 Concfiyologie de Dargenville 70. Planches de Coquilles H 76 histoire generale et particulière des poissons par M Bloch 1. in 12 Paris. 1787 [22] in 4* id. ( 1789. 123] id. - • [24] 2 1. id. id. Paris. 1780 [25] [26] in fol. Berlin. 1785. [27] VII - EX LIBRIS 103 Médecine & Chirurgie [5011 A 2. Réflexions sur les préjuges qui s'opposent aux progrès de l'inoculai ion 3 l'Onanisme par Tissol 4 Dissertation sur l'Effet des Topiques dans les maladies internes 5. Les Remèdes Charitables de Madame fouquet 6 Instructions sur les acouchem.* 7. Traité des maladies les plus fréquentes et des remèdes Spécifiques pour les Guérir par helvetiis 8 Traité des maladies vénériennes d'As truc 9. Idées sur la cause et le Traite- ment des maladies vénériennes par M. Lafont 10 Manuel du jeune Chirurgien 11 Génération de l'homme ou Tableau de l'Amour conjugal par Vertette E 52. Lettre de M. Valleton de Boissiere à M. Thouret sur le magnétisme 53 Memoire Phisique et Medicinal montrant des rapports evidens entre les Phénomènes de la baguette divinatoire du magnétisme et de l'Electricité 1. in 8.° Bruxelles 1764. 1. in 12. Lausanne 1776. 1. in 12. Paris. 1. id. id. 2. id. id. 1783. [28] 129] [30] ]. id. Lyon. 1688. (3U 1. id. Paris 1770. [32] 1707. 1743. 1. id. Madrid 1778. 2. in 8.* Paris. 1771. 2. in 12 Londres 1763 1. in 8° Philadelphie 1765. 2. id. Londres. 178I. [33] [341 [35] [361 [37] [381 [39] 104 LE MÛRIER ET L'ÉPÊE Voyages St Geographie. (505] C 25. Recherches Philosophiques Sur les Egyptiens et les Chinois 26 Dictionnaire Géographique portatif de la Cranoc 27. Relation de la fiance Equinoxiale 28 Voyage Pittoresque des environs de Paris D 29. Etal de la Corse, suivi des mémoires du Général Paoli par Boswel 30 Carte de la Suisse par Malici. 31 Plan de Londres 32 Tableau Pittoresque de la Suisse 33. Diet, ri is L politique et Geograph* de la Suisse 34. Instructions pour les Voyageurs qui vont voir les Glaciers et les Alpes du Cardon de berne 35. Manuel pour les Savans qui voyagent en Suisse par Bess on 36 Mémoires pour servir i l'hist. phbique et naturelle de te Suisse 38 Voyage en Suisse par Coxe 39 Voyage au nord de l'Europe par le dit 40 Voyage en Allemagne par le B." de Ricsbecfc 41 Voyageur Anglais en Allemagne, en Suisse et en france 42 Carte d'Allemagne 43 Nouvelle description du Cap de B. E. avec un voyage dans l'ûilerieur de l'Afrique 44 Abregé de l'hist, g.**" des voyages par M. de la harpe 2. in 12. Berlin 4. id Paris 1. id. 1. id. Paris. 1. in 8* 1. 1. L in 8° Londres Paris 3. id. Geneve. 1. id. Berne. 2. id. Lausanne 1773. 1765. 1755. 1769. 1790 1788. 1787. 1786. 1. id. " 1788. 2. in 12. Paris 1788. 4, in 8.* Geneve. 1786. 2. id. Paris 1787. 3. id. Geneve. 1781 1. 1. in 8." Amsterdam 1778. 23. id. Paris 1780. 140] HU H2) [43] H4] [45] (47] H8) U9Ì [50] 151] 152] [53] [54] [55] [56] 157] [58] VII - EX UBRIS [506] E 45 Voyage Hieraire de la Grece par M. Guys 46 Loties sur la Grece par Savary 47 Description géographique de 17 Provinces des Pays bas G 72 Voyage au Cap de Bonne Espérance et autour du monde par Ie Cap.' Cook ¦.*- 4. in 8.° Paris 1783. 1591 1. id. id. 1788. [601 1. id. Amsterdam. in 4° Paris. 1787. [611 [621 Moeurs & Coutumes. 1511] A 12 L'homme moral par l'Evesque E 48 Apologie de la Société naturelle 1. in 8* Amsterd. 1775. [631 1. id. Londres 1781. IM| 106 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Sciences. [5151 C 20. Amusemens Phisiques de Pinctli 21. Leçons de Phisique Expérimentale de Nollet. 22. L'Art des Experiences ou avis aux Amateure de Phisique par l'Abbe Nollet 23. Observations Phisico-médicales sur l'Electricilé par Veratti 24 Mémoires sur les Gas E 50. Magie blanche dévoilée 51. Testameni de /erome Sharp pour servir de suite à la magie blanche dévoilée 54. Essais Sur l'hygrométrie 55. Defense de l'hygromètre à cheveux p/ servir de supplement au precedent 63 Precis h ys torique et expérimentale des Phénomènes Electriques depuis l'origine de cette découverte p. M. Sigaud de la fend F 64. Encyclopédie, ou Dictionnaire raisonné des Sciences, des arts et des metiers 65. Planches de l'Ency- clopédie précédente G 73 L'Art de la Marine, par M. Romme 74 Origine du monde, manuscrit 78 Elemens d'hist. nalurerrelle et de Chimie par M. fourcroy 79 Elemens de Chimie par Chap ta I 1. in 12. Lausanne 1785. 6. in 12. Paris. 3. id. id. 1. id. Geneve. 1. id. Paris. 36, {, 1767. 1770. 1788. 1781. Lausanne & 1781. Berne. 3. in 4.° " 1. id. la Rochelle 1787. 1. in fol. " .5. 8." Paris. 1791. 3. id. Montpelier 1790. 165] (66] 167] 1. id. Geneve. 1750. [68] 1. id. Lausanne 1752. [69] 1. in 8.° Paris. " 170] 1. id. id. 1786. 171) L id. NeuchateL 1783. [72] 173] 174] 1751 [76] [77] 178] [79] [80] VII - EX UBRIS 107 En se fondant sur les ternies mêmes de l'Acte de donation de CDM (M) qui précise: «son Cabinet rare et précieux d'histoire naturelle qu'il possède à S.1 Sulpice, en quoi qu'il puisse consister et tel qu'il existe aujourd'hui», il serait plausible que les livres, listés à la suite des autres éléments du Cabinet, aient suivi le même chemin que les objets et ils devraient se retrouver dans les fonds de la BPUN. Or aucun don de livre de CDM ne figure expressément dans les procès-verbaux de la Bibliothèque (B), ni n'est inscrit dans le registre des dons (E). Par ailleurs, il eût été curieux que la Bibliothèque décide de commander à nouveau des ouvrages coûteux, tels Y Ichthyologie de Bloch en juillet 1805 ou les Papillons d'Europe par Ernsten avril 1810 (B). La réidentification de tous les titres a d'abord été tentée à l'aide des grandes bibliographies8 internationales (NUC, BMGC) ou nationales (BNP, WAEBER1 LONCHAMP), des index (PEDDIE, ClORANESCU), des ouvrages spécialisés (Quérard, Manne, Barbier, Brunet, Dictionary of scientific biography, Cohen, REYNAUD), des-«bulletins signalétiques» de l'époque (JOURNAL DE LA Librairie), des bibliographies du XVIIIe siècle (Ersch, Hau.fr, Heinsius), des catalogues imprimés de la BPUN, du fichier des anonymes de la Bibliothèque Nationale à Paris, voire de catalogues de libraires (LA Nature). En dépit d'investiga- tions poussées, à côté d'un manuscrit (G 74 [78]), d'un plan (D 31 [46]) et d'une carte (D 42 [56]), un titre a gardé son mystère (E 47 [61]), tandis que l'identifi- cation d'un second reste conjecturale (C 16 [I]). De plus, abstraction faite d'éven- tuelles fautes dans le manuscrit, certaines éditions ne sont signalées nulle part - mais tous les tirages et tous les états sont loin d'avoir été répertoriés9. La recherche matérielle des livres, ensuite, a révélé que la BPUN ne possède de manière indubitable (sous réserve des exemplaires disparus ou.remplacés) que quatre ouvrages ayant fait partie de la bibliothèque de CDM et figurant dans l'Inventaire (M): E 57 [10], E 60 [13], E 52 [38] et C 26 [41], soit 10 volumes au total10. Cette absence confirme que l'Inventaire (M) est antérieur à Ia donation et qu'il n'a pas été expressément prévu pour l'accompagner. La réalisation à fin 1978 d'une salle permanente au MEN pour évoquer le souvenir de CDM a fait surgir deux nouveaux ouvrages11 se trouvant en mains de la famille. Il s'agit, d'une part, du volume correspondant au titre C 15 [22], Traité sur la maniere d'empailler... de l'abbé Manesse et, d'autre part, du tome 2 du Traité des maladies les plus fréquentes d'Helvétius, mais daté de 1756, alors que celui de l'Inventaire (M), A 7 [33], est de 1707, en 1 volume. Les titres des usuels bibliographiques ont été raccourcis. Parallèlement à une édition de luxe în-4° illustrée, il peut exister une édition plus courante in-8° ou in-12 et des tirages successifs plus ou moins inchangés, à des adresses parfois différentes, sans compter les éditions pirates. Certains des ouvrages de la bibliothèque de CDM sont indiqués comme rare books par le NUC. Les fonds de la BPUN, très riches en ce qui concerne le XVLT siècle, ont permis de vérifier plusieurs titres mais souvent dans des éditions différentes. Quelques ouvrages, absents de toutes les bibliographies consultées, n'ont pu être contrôlés ni par le prêt înter-bibliothèques ni à l'étranger. En fait, d'autres pourraient en provenir mais sans présenter de signes d'identification. Exposés en dépôt dans la grande vitrine nord jusqu'en 1999. 108 LE MÛRIER ET L1EPEE Les livres retrouvés se présentent sous deux aspects très différents, soit reliés pleine peau (veau marron), fleuronnés et dorés dans le plus pur style du temps, avec gardes marbrées et tranches mouchetées ou marbrées, soit reliés demi-basane à coins, reliure «amateur» beaucoup plus simple, solide, faite avec soin et même avec goût, mais d'allure spartiate. Les cartonnages sont mouchetés dans le ton du cuir, les tranches en général passées en jaune, plus rarement mouchetées; le dos brisé, coupé de 7 filets droits dorés, comporte une pièce de titre sur fond rouge le plus souvent et, cas échéant, une pièce de tomaison sous forme d'une pastille ovale d'une autre couleur, soulignées par des filets minces ou un ovale, parfois agrémentés d'autres ornements dorés; un signet de soie de couleur est collé dans chaque volume. Cette reliure12 ressemble à celle de plusieurs bibliothèques neuchâteloises de l'époque - dont, en plus luxueux, la Bibliothèque publique - et parfois des fers semblables ont été employés pour la tomaison. Elle pourrait être l'œuvre de Jean Dutschek, à Saint- Biaise (communication orale de M. Michel Schlup du 14 août 1986), relieur attitré de l'institution. Leur seule particularité concerne les plats, qui se signalent par un superlibros. Dans le premier cas (ouvrages de Magnan, mais aussi de Bochat et de Pérau), un ex-libris - répertorié dans le fichier ad hoc de la BPUN - est collé au verso du plat supérieur. Entre un lion couché à dextre et un porte-drapeau à senestre, la vignette représente la variante de ses armes que CDM a adoptées: «D'or, au mûrier arraché au naturel, posé sur 3 monts de sinopie» où le cimier est surmonté d'un dextrochère armé d'une épée (MEURON 1982: 28). Le tout repose sur un terrain portant les deux lignes de légende: «M/ de Meuron de Mor veaux / Off/ aux Gardes Suisses de S.M.T.C.»13 (GRELLET et Tripet 1894: 43, XLII, n° 8 et pi. XVIII, fig. 57; WEGMANN 1937: 19, n° 4762). 12 • D'après une indication manuscrite repérée au passage dans un livre analogue, une telle reliure pouvait représenter alors un cinquième du prix d'achat. Le second nom est celui de sa femme, Anne Marie Fïlhon de Morveaux (1733-1809), qu'il avait épousée le 3 décembre 1762; le ménage ne sera pas heureux, comme le confirme une lettre de Pierre Henri de Meuron à Pierre Frédéric du 1" janvier 1780 (P - dos.52.I), et ils divorceront quarante ans plus tard au terme de la procédure entamée en mars 1800. VII - EX UBRIS 109 Quant aux reliures du second type, les plats supérieur et inférieur sont frappés d'un ovale rouge (ou rosé) estampé aüx^armes de la famille de Meuron que le fichier de la BPUN1 comme JÉQueer (1944: II: 70-1, ûg.'3¾/note 18) et Wegmann (1937: 18, n° 4754), attribuent au neveu de CDM, Charles Gustave de Meuron (1779-1830). Or la partie supérieure de la bordure porte une inscription en abrégé qu'il convient de lire «Le Ch." C.1 C.e DE MEURON» et d'interpréter, non comme elle a été publiée (WEGMANN 1937: 18, n° 4754; MEURON 1951: 17-8) ou republiée (MEURON 1991: 163), mais comme: Le Chambellan Colonel Comte DE MEURON1'. Les deux présentations donnent des renseignements chronologiques situant la constitution de la bibliothèque. Les premières acquisitions, qui consistent en ouvrages déjà reliés, datent probablement de la période parisienne de CDM - ce que corroborent les dates d'édition - durant son engagement au régiment des gardes suisses, soit du 20 janvier 1765 jusque peu après le 7 mai 1781 (MEURON 1982: 39). En raison du libellé qui indique «OfficieD>, l'ex-libris doit avoir été commandé au début de son service, après qu'il avait été nommé premier sous-lieutenant, le 25 juin 1767 (JÉQUIER 1932: 54; MEURON 1982: 33). Si CDM a pu se procurer à différents moments les ouvrages reliés à ses armes, leur façonnage ne peut être intervenu que lors de son séjour neuchâtelois, postérieu- rement au 29 octobre 1789 quand le titre de chambellan lui est conféré. Encore que CDM ait pu se contenter d'éditions plus anciennes, l'étude des dates de publication des ouvrages montre qu'il a constitué tardivement l'essentiel de sa bibliothèque, achetant de préférence la parution la plus récente lorsqu'il en avait le choix'5. Pour non négligeable que puisse être cette collection de livres, l'Inventaire (M) ne donne pas une idée exacte de la bibliothèque de CDM puisqu'elle ne saurait se limiter aux titres répertoriés. Le registre est manifestement incomplet, plusieurs des sections préparées (Tableaux pp. 473 à 476, Desseins, pp. 477 à 480, Gravures. pp. 481 à 488, Table p. [525]) n'ayant pas été remplies. L'existence hors liste d'un ouvrage au moins (celui d'Helvétius) le confirme. Mais surtout, comment ne pas s'étonner de l'absence de tout ouvrage littéraire ou historique16, sinon dans d'autres Quoique appartenant à une branche annoblie en 1763, CDM s'était affublé lui-même du titre de comte qui lui sera néanmoins reconnu par la suite. CDM a pu s'inspirer d'annonces - celles paraissant dans Nouvelles de divers endroits {Gazette de Berne) dont disposait la Société du Jardin (SCHLUP 1986a: 24) signalent en 1787 plusieurs titres faisant partie de sa bibliothèque -, de l'une ou l'autre «liste des livres nouveaux» insérée dans quelques-uns des livres qu'il avait acquis, ou se renseigner à la Société Typographique de Neuchâtel avec laquelle il fut en rapport en 1770 et 1779 (BPUN Ms 1183 f 13-17), sinon par les périodiques qu'il recevait, ou à la suggestion de divers correspondants. Il a même racheté cinq titres qu'il possédait au- Cap: «N° 3 Description de la Guyanne 1 vol.; N° 7 histoire Générale des Voyages, par la harpe 21 vol.; N° 9 Mélange d'histoire Naturelle par Dulac 6 vol.; N° 13 Leçons de Phisique par L'abbé Nollet 6 vol. et N° 31 Lettres Sur la Suisse, traduites de L'anglais 2 vol.» (P - dos.14.VI). 16 Le 10 octobre 1804, François de Diesbach rend à CDM deux brochures politiques que celui-ci lui avait prêtées quatre jours plus tôt et dont il fournit une référence bibliographique précise. «Le général [lui] dit qu'il en attendoit de plus intéressantes encore d'Angleterre» (PURY 1920: 211). 110 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE domaines qui semblaient intéresser CDM, tels que l'art militaire - dont il avait plusieurs au Cap -, le commerce, 1'equitation, les échecs17...? Deux découvertes fortuites allaient en apporter la preuve irréfutable: dans l'ordre où elles se sont produites, celle d'autres ouvrages à la reliure armoriée dans les fonds de la BPUN et celle d'un ouvrage portant le premier ex-libris dans le catalogue d'un marchand de livres anciens, révélant en même temps les limites d'une tentative de reconstitution18. Ainsi que le Journal de François de Diesbach l'a attesté (PURY 1920: 211), il y avait tout lieu de supposer au surplus que, pour meubler les loisirs de sa retraite, CDM avait continué d'enrichir sa bibliothèque, entre son retour de l'Inde en 1797 et sa mort en 180619. Un nouvel ex-libris (JÉQUIER 1932: 54-5, fig. 39; JÉQUIER 1944: 70-1, fig. 354; WEGMANN 1937:19, n0 4764) portant sur deux lignes l'inscrip- tion «M f le Général / Comte de Meuron», dont la plaque de cuivre gravé (72 x 53 mm) est déposée au Musée de Colombier (Meuron 1982: 244, fig. 90), a du reste été réalisé entre 1802 et 1806. Afin de diminuer la part de l'aléatoire dans la recherche d'autres ouvrages ayant appartenu à la bibliothèque de CDM et permettre une quête que les dimensions matérielles et temporelles vouaient à l'insuccès, le premier registre d'entrée de la BPUN a été dépouillé sur près d'un siècle20. L'enregistrement ne fut malheureuse- ment pas entrepris immédiatement et ne suit pas l'ordre d'arrivée. Aucun repère chronologique n'est ainsi assuré pour tout le XVIIIe siècle et le début du suivant: ni les dates d'entrée21 ni les sources d'acquisition ne sont indiquées, à de rares excep- tions près, et les procès-verbaux et minutes de lettres sont d'un maigre secours. Compte tenu des numéros d'inventaire des ouvrages déjà retrouvés, des dates de publication (antérieurement à 1806) et des intérêts supposés de CDM, les cotes topographiques laissant espérer d'éventuelles trouvailles ont été relevées. En François de Diesbach avait trouvé CDM jouant aux échecs avec Jeanneret de Beaufort à la Petite Rochette ce 10 octobre 1804 (Pury 1920:210); d'après son Journal - fort sensible et souvent stylistiquc- ment remarquable - Rosette de Bosset-de Luze, lors d'une soirée à une date non précisée, fait une partie avec «le général Meuron» dans le salon de M™ Brandt (GODET 1895: 238).' Un ouvrage supplémentaire avec superlibros acquis dans le commerce nous a été signalé fleure de M. Guy de Meuron du 31 octobre 1989): «Lettres écossoises, traduites de l'angtois, [...] Par M. Vincent, Avocat. A Amsterdam et à Paris, Chez la Veuve Duchesne, Libraire, rue St-Jacques, au Temple du GoûL» 1777. Des publications postérieures à 1795 et pourvues de superlibros se trouvent dans la bibliothèque de la Grande Rochette (visite du 4 juillet 1995) qui mériterait une étude en soi. Un dépouillement spécifique des sources manuscrites ferait surgir de nombreux titres nouveaux en relevant dans la correspondance toutes les mentions d'ouvrages que CDM a commandés ou a pu lire, par exemple ces «deux volumes de l'histoire de tipoosaibe» que M™ Duhamel, dans sa lettre du 15 octobre 1801 (P - dos.38.II), dit vouloir lui expédier. Ce document ne porte pas de cote; nous avons parfois aussi recouru aux 4 volumes des Catalogues par ordre 9 R 511. Les annotations subséquentes se révèlent hasardeuses, les dates proposées étant contredites par celles des publications. VII - EX UBRIS 111 restreignant les risques de «silence», comme en diminuant le «bruit» inévitable, il devint ainsi possible d'explorer assez systématiquement certaines zones définies des rayonnages: sous les deux types de reliures22, non seulement se confirmèrent des ouvrages potentiels mais encore y apparurent des titres insoupçonnables. L'inventaire de la bibliothèque de CDM - en comptant les deux brochures signalées par François de Diesbach - s'augmente ainsi d'au moins 27 nouveaux titres, représentant 95 volumes23. Tant s'en faut pourtant que le relevé soit exhaustif. Des ouvrages ont certainement échappé aux investigations ou ont passé inaperçus, notamment par suite d'une reliure plus récente ou d'une suppression de l'ex-libris, la simple substitution par un exemplaire dit «de remplacement» dans les cas de disparition entraînant les mêmes effets. S'en tenir aux critères adoptés, soit présence d'un ex-libris ou reliure armoriée, nous condamne à rester en deçà du contenu global de la bibliothèque. Puisque l'Inventaire (M) mentionne un manuscrit in-folio, pourquoi n'aurait-elle pas compris des ouvrages n'offrant pas ces signes d'identification extérieurs, non personnalisés voire pourvus d'autres marques de propriété, ou même non reliés2"' ? Mais comme il semble que CDM ait pris grand soin du décorum25, il était préférable de se montrer restrictif. Seule une partie des livres de la bibliothèque de CDM a abouti à la BPUN et il en est resté au sein de la famille26 - échappant par là à tout recensement. S'ils Dans ta série des reliures armoriées, l'un des ouvrages ne porte pas de pièce de titre et une série s'orne d'une dorure supplémentaire. Le «Livre d'ordre du Regiment des GardesSuisses Commencé le [ ] Juin 1766» a été utilisé pour un «Inventaire des actes, titres & autres» dressé, d'après l'écriture, par Daniel Henri Reymond, secrétaire de CDM qui liste après 1801 «31. un ancien carnet contenant l'Etat des affaires de monsieur le Général & le Catalogue de Ses Livres» malheureusement absent (P - dos.68.n), mais il ne doit pas s'agir d'une liste des livres de sa bibliothèque. 24 Parmi les livres provenant de plusieurs membres des différentes brandies Mcuron, un recueil factice de brochures (BPUN 8790**) ayant appartenu à Louis de Meuron, châtelain de Thielle, a un ex-libris de Meuron de Morveaux, ce qui intrigue d'autant plus que le nom de «Mr. le Général Meuron, à Neufchat.» est imprimé dans l'une d'elles en tant que souscripteur pour les fouilles d'Augst. D'autres ouvrages présentent une telle similitude avec ceux de la série reliée aux armes de CDM qu'il était tentant de les englober dans son fonds. De même un volume de Ia bibliothèque d'Henriette de Pury (BPUN A 6116**) réunît deux oeuvres de Madame Riccoboni portant annulée l'inscription «Meuron de Morv[e]aux». Au verso de la dernière page de la quatrième pièce du premier de six volumes factices (BPUN 28.15.3) réunissant des «PIECES SUR LA REVOLITION DE FRANCE» est écrit «Madame la côtesse / Duhamel deprecourt» (examen du 5 juin 1997). Par ailleurs, la bibliothèque de la Grande Rochette comprend notamment l'Histoire naturelle du Jorat et de ses environs de Razumovskii en deux volumes in-4° reliés demi-basane à coins, sans superiibros; en l'absence de toute marque, la propriété de CDM ne peut toutefois être assurée car cette bibliothèque comprend des livres de toute provenance (visite du 4 juillet 1995). Boy de la Tour (1921: 4) le qualifiait ainsi: «Très vite épris de tout ce qui touchait à la noblesse et aux apparentes grandeurs». Plusieurs se trouvent dans la bibliothèque de la Grande Rochette. 112 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE n'ont pas alimenté au XVIIP siècle les fonds de la Bibliothèque publique qui se constituait alors, comment s'y trouvent-ils néanmoins, dispersés sur 18 160 numéros d'inventaire (entre les numéros 5361 et 23 521) et catalogués entre 1850 (approximativement) et 1878? La question n'est pas résolue. En tout cas, la Bibliothèque a acquis des ouvrages appartenant au neveu de CDM, Charles Gustave. Après son suicide à Copenhague le 8 janvier 1830, le domaine de Cottendart qu'il tenait de son père, Pierre Frédéric, fut vendu en 1833 pour payer les créanciers, avec tout ce que contenait la maison. A côté de porcelaine chinoise provenant de la Grande Rochette, les objets mobiliers comportaient une importante collection de gravures et de cartes géographiques ainsi que toute une bibliothèque, dont des livres en langue étrangère (SCHNEGG 1959: 79-80)27. Selon les procès-verbaux de Ia Bibliothèque en date du 29 juin 1833, deux commissaires furent chargés d'acquérir certains titres «offerts à l'encan des livres de M/ le C- Meuron» (B) et ils en ont étendu la liste, ainsi qu'ils y étaient autorisés28. Bien que le testament29 de CDM ne fasse pas mention de sa biblio- thèque (alors qu'il y est question d'un tableau, d'une montre en or, de bagues, d'habits bourgeois, de chemises et même de mouchoirs) ni particulièrement de son neveu (MEURON 1982: 296-8), il est possible que Charles Gustave l'ait héritée, ou du moins ait reçu en partage nombre de livres et qu'ainsi la Bibliothèque de la Ville ait pu s'en enrichir lors de ces «montes», comme étaient désignées les ventes aux enchères, ce qui pourrait expliquer l'erreur d'attribution du superlibros dans les fichiers de la BPWI. Pourtant, en raison de la longue durée séparant l'enregistrement des ouvrages ayant appartenu à Charles Gustave et de ceux de CDM qui ont été retrouvés, l'hypothèse reste fragile. Onze des titres retrouvés au moins proviennent du don d'une série de 34 (représentant une centaine de volumes) par«lvrjames-[François] de Meuron [1811- 1871] de la [Petite] Rochette» (E) en août 1859. Avec un total actuel de 107 titres représentant quelque trois cents volumes - dont aucun,, semble-t-il, en langue étrangère -, il est possible de se faire une meilleure idée de la bibliothèque de CDM dont la constitution s'est prolongée au Les documents concernant la faillite conservés aux Archives de l'Etat n'ont pas livré l'inventaire du mobilier terminé le 24 mai 1831 et qui comprenait 187 pages {SCHNEGG 1959: 80) mais une liste partielle d'ouvrages s'y trouve néanmoins. Dans les acquisitions figurent par exemple, d'une part les Lettres du Comte d'Estrade (BPUN 8 R 741 I N° 2597) et, d'autre part, hors liste, les Œuvres posthumes de Frédéric II, roi de Prusse (BPUN 30.11.3 / N° 2605), enregistrés entre 1833 et 1838. Dès le 22 mai 1806, François de Diesbach est renseigné fort en détail sur son contenu par «M. Chaillet» [peut-être Jean Henri de Chaillet d'Amex (1735-1807)] (Pury 1921: 211). Parmi d'autres bibliothèques privées, il est intéressant de comparer à la même époque et pour le choix, la liste des achats de livres que fait Henri Paulin Panon Desbassayns en 1785 à Paris {1990: 393 sqq.) et, pour le nombre, avec ce que possédait le seigneur de Prangins dont «Les Livres de la Bibliothèque consistent à / Cent & deux volumes in folio / Trois cent soixante sept volumes in Quarto / Cent huitante neufvolum in Octa™ / Mille & sept Cent - in Douzc.» selon l'inventaire salle par salle VII - EX UBRIS 113 XIXe siècle, les dates d'éditibft lés plus'récentes relevées ,étant 1802 (Golberry) et même mars 1804 (d'Ivernois). A travers elle se dessine aussi une plus juste image du propriétaire, sans préjuger de ses lectures effectives qui furent assurément larges et nombreuses31. «Esprit éclairé, doué d'une insatiable curiosité, il se passionnait pour toutes les sciences; les ouvrages de sa bibliothèque témoignent de son éclectisme et de l'ouverture de son esprit.» (MEURON 1982: 248): l'opinion est susceptible de quelques nuances. Esprit curieux certes, indubitablement cultivé à en juger par les références dont sa correspondance est émaillée, CDM semble aussi avoir montré du goût pour une littérature de divertissement. Le mystère ne lui déplaisait assurément pas, non plus que la chronique mondaine ou l'anecdote. En revanche, il a pu consentir des acqui- sitions de pur «standing», dépenses somptuaires ou commandées par un engouement dû à la mode, d'autant que le livre était, à cette époque, un élément de prestige social et un signe évident de la légitimité de son rang. Plus de deux cents ouvrages n'ont-ils pas été vendus après son départ du Cap, les 21 et 22 mars 1786 (Meuron 1982: 65; P - dos.14.VI)? Sans doute a-t-il fait des achats utilitaires et a-t-il consulté certains volumes - surtout ceux qu'il s'était procurés dans sa jeunesse - notamment pour s'informer sur le service étranger, se renseigner sur la franc-maçonnerie32, choisir un lieu de cure thermale (MEURON 1982: 76) ou installer son Cabinet. Malgré la bienfacture de Ia reliure, d'autres ouvrages sont pourtant dans un état de fraîcheur montrant qu'ils n'ont guère été ouverts. N'eussent-ils servi au demeurant que de décor33 chez un militaire retiré du service qui se montra toujours fort soucieux du prestige et des titres, la possession même d'une telle bibliothèque le désigne comme un honnête homme du XVIIIe siècle, ce siècle où régna l'illusion de pouvoir prendre possession du monde par les armes de l'esprit. de janvier 1787 {Archives cantonales vaudoises, BIM 2058, pp. 318-9; lettre de M™ Chantai de Schoulepnikoff du 11 septembre 1990). 31 Reçu au Cercle du Jardin, dit aussi La Chambre, entre le 26 décembre 1766 et Ie 26 décembre 1768 - sans doute en 1767 et non en 1768 comme l'indique le tableau au Faubourg de l'Hôpital -, CDM : entre la décision et !'ouverture il ne s'écoule pas moins de 6 ans 1 mois et 12 jours! . Le premier souci des commissaires est de constituer un fonds de bons ouvrages dans les domaines les plus variés4, au départ à l'occasion de ventes aux enchères, à Paris ou dans la région de Neuchâtel. Les sources n'indiquent pas où les lots de livres réunis sont alors déposes, puisque le local prévu dans le Bâtiment du Trésor, occupé encore Ie A août 1788 n'est toujours pas arrangé en date du 10 avril 1790. Les projets sont certes établis et les autorisations pour les réparations accordées en 1790 mais plus d'une année s'écoule avant que les «tablettes» ne soient posées et il faut attendre le 17 juillet 1794 pour que l'«On décide que la Bibliothèque sera ouverte le 16.' 7-1** pour la première fois.» et que l'«On adopte un projet d'annonce pour l'ouverture de la Bibliothèque.»5. La salle devait comprendre une grande pièce et une plus petite vu qu'en date du 3 juillet 1797 «Le Bibliothécaire est autorisé [...] à faire établir des étagères en sapin dans le Cabinet attenant à la Bibliothèque.». Assez rapidement, le local, froid et surtout trop humide, comme le juge la Commission le 18 février 1803, se révèle n'être nullement celui «qui peut le mieux convenir» pour cette nouvelle destination; le 6 février 1807 enfin, il est question de l'examen à faire d'un nouvel emplacement pour la Bibliothèque publique dans l'ancien hôtel de ville où un déménagement intervient après le 8 juillet 18086. Elle y demeurera jusqu'en été 1838. Avant l'installation, l'élaboration et la rédaction d'un Règlement, sanctionné par le Conseil général le 16 mars 1790, avaient demandé des efforts longs et soutenus. Ce règlement confirme qu'à côté de l'établissement envisagé d'un cabinet d'histoire naturelle, la Bibliothèque s'attend à posséder en propre d'«autres objets», notamment des médailles: La BPUN conserve 4 copies d'un mémoire manuscrit d'une cinquantaine de pages: «Observations de M. (François Nicolas Eugène] Droz conseiller au Parlement, Secrétaire Perpétuel de l'Académie de Besançon, sur la formation d'une Bibliothèque publique â Neufchatel, addressees à M. le Banneret Ostervald au mois d'avril [18 avril] 1790» (Ms. A. 755). n constitue une sorte d'abrégé de bibliographie commentée, peut-être inspiré d'un traité des études (Ms. A. 747), propre à compléter le fonds de la Bibliothèque des Pasteurs. Bien que les bibliothécaires titulaires soient tous issus du clergé réformé - le premier laïque est Félix Bovec en 1848 seulement - et que les acquisitions de livres religieux restent considérables, ils montrent un souci de se démarquer des orientations de la bibliothèque de Ia Vénérable Classe. D n'empêche que les premiers dons enregistrés le 16 juin 1791 et recopiés dans le Registre des dons (E) sont la «Bible de Desmarêts» et la «Bible de l'ancienne édition, appellee de Serrières» (B). Ce projet n'a pas été retrouvé, pas plus que l'annonce, l'année 1794 n'étant conservée dans aucune collection de la Feuille d'Avis de Neuchâtel, ni au bureau du journal, ni à la BPUN, ni aux AEN (Candaux 1979). 6 Courvoisier (1955: 220) et Trîbolet (1827: 98) confirment que le Trésor «est consacré aujourd'hui â des salles d'écoles». Le texte de l'introduction - peut-être de la plume de Charles-Henri Godet, successeur de Félix Bovet - au deuxième catalogue imprimé de la Bibliothèque (Catalogue 1861: VII) est imprécis quant aux dates. Vili - DU CABINET AU MUSÉE 117 Les Manuscripts, les Médailles & autres objets précieux que pourra posséder la Bibliothèque, seront tenus Sous une clef particulière qui restera entre les mains du,Bibliothécaire, il y en aura un double entre celles du Président pour s'en servir au besoin. Dès le 26 septembre 1789, le S/ Carrel (ou Carel) assume les fonctions de «bedaud» (huissier); en revanche, la nomination du premier Bibliothécaire est long- temps remise. Bien que probablement actif dès 1790, celui-ci7 n'entre en charge - discrètement - qu'en été 1793 (une simple mention apparaît dans le procès-verbal du 19 août 1793); «Meuron Professeur» ne porte le titre de «Bibliothécaire» qu'à partir du 22 janvier 1794, date à laquelle «Il demande & obtient d'être autorisé a acheter quatre Livres blancs pour l'usage de la Bibliothèque», c'est-à-dire «pour catalogues, registres, &a» comme le précise la note marginale (manchette). Pour primordiale que soit l'acquisition de livres, cette préoccupation n'est toutefois, dès le début, pas exclusive. A Ia fin de la liste des titres que la «Commission du 23.' Mars 1789» envisage de se procurer aux montes - c'est-à-dire à la vente - de M/ de Talmont à Saint-Biaise figurent les deux lignes suivantes: «Sur rinformation reçue qu'il y avoit dans la même enchère une machine électrique, la Commission a pensé que l'on pourrait en faire l'acquisition, mais non au delà de 10 Ls d.' nfs. [lire: Louis d'or neufs, soit Z 240]»8. De même, la liste de livres que la «Délégation du 29.'Juillet 1793» est chargée de faire acheter par l'entremise de M. Ch[arle]s [Abram de] Rougemont (1769- 1828)9 à Paris, se termine par deux «Globes céleste & terrestre de 18 pouces de diamètre, avec les nouvelles découvertes de Cook, méridien de cuivre, boussole & cercle vertical, sur pieds vernissés et dorés... £ 480.», globes reçus en février 1794 à pleine satisfaction, selon la lettre adressée à M. Rougemont le 2 mars (D) «quoiqu'ils Soient un peu chers». En date du 12 septembre 1794, Ia Commission décide «6. Pour les deux globes on fera faire des piédestaux & des couvertures.»10. Henri de Meuron (1752-1813), cousin de CDM, ministre du Saint-Evangile, professeur de philo- sophie. Il eut des élèves en pension, parmi lesquels Thomas Pitt (1775-1804), 2e baron Camelford. Les «machines électriques» étaient à la mode et, d'après l'Encyclopédie d'Yverdon, qui en reproduit une à la figure 107 des Planches de physique, «Les ouvrages de l'abbé Nollet [étaient] dans les mains de tout le monde.» (1772: XV: 549). CDM en posséda même une au Cap, vendue sur place 230 R/ avec «ce qui en dépend» le 22 mars 1786 d'après la «Traduction du Rolle de ventes faitte dans la maison de Monsieur le Comte et Colonel de Meuron, au Cap de Bonne Espérance les 21 et 22 mars 1786» (P - dos. 14.VI). Il n'est pas certain que la Bibliothèque ait fait l'acquisition projetée. Q Communication orale de M™ Denise de Rougemont du 12 avril 1996: L'un d'eux est certainement le «remarquable globe céleste d'époque Louis XVI [...] partielle- ment restauré» en 1982 (RYCHNER 1983a: 10) - Ie même qui avait déjà été repris en 1969 (Berthoud 1970: 7) et qui est placé dans le bureau de la direction de ia BPUN. C'est le «Globe céleste dressé par ordre du Roi en 1751 par le seigneur [Robert] de Vaugondy, nouvelle édition augmentée des Constellations de M. Delacaille et de plus de mille étoiles par M. Méchain de l'Académie royale des Sciences en 1790» (Berthoud 1970: lég. de 1"Ul. 1. hors texte; Découverte 1972: cat. XII et XI). 118 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Il y a plus. Même si le projet de cabinet reste en veilleuse, une préparation se fait. Parmi les nombreux livres que la Commission décide de miser ou d'acheter, parfois pour répondre à des intérêts précis et particuliers du moment11, grâce à des Neuchâtelois établis à Paris ou par l'intermédiaire de libraires, il n'est pas fortuit que, dans la liste de «la vente de feu Mons-r Gigot d'Orcy», se trouvent choisis le 20 février 1794 les quatre ouvrages12: 316. Maniere de conserver les sujets d'histoire natun &-* 1 voi: 8° [f-Œ] £ 6.- [...] 321. Description des quadrupèdes, oiseaux &-' du cabinet du Stathouder 60.-- [..J 329. Description méthodique d'une collection de minéraux 1 vol: 6,- [par J. B. L. de Rome de l'isle] 330. Description méthodique du cabinet de l'école des mines &-' par Sage 2 vol: 12.- La donation de CDM est effectuée alors que le Bibliothécaire vient d'entrer en fonction - peut-être n'y est-il pas totalement étranger, en raison de ses liens de parenté - et que la Bibliothèque est juste ouverte, mais elle ne prend pas les responsables au dépourvu, apparemment bien décidés à préparer le meilleur accueil à cette «suite» de leur établissement. A peine l'intention de CDM est-elle connue, mais non encore concrétisée, que le 9 février 1795 la Commission prévoit de s'élar- gir et que la «Délégation du I9.e février 1795» donne commission à M. Rougemont pour des acquisitions de livres à Paris, dont: Catalogue systématique &. raisonné ou description d'un cabinet d'histoire naturelle Paris chez Quillau 1784. 1 Vol: 8°. [...] Traité sur la maniere d'empailler & de conserver les animaux &-", par Manesse, 1 Vol: in 12° Description méthodique d'une collection de minéraux, par Rome Delisle, Paris 1773. 1 Vol: 8.°. Ces achats sont complétés ultérieurement par d'autres commandes sans doute dans le cadre de l'installation du Cabinet, ainsi que par des dons. Avant même que le don de CDM ne soit avalisé, l'époque étant faste pour les enrichissements, la Bibliothèque reçoit le 28 février 1795 lès manuscrits de Jean Il se peut qu'il s'agisse des pièces dont il est question le 30 juin 1834: «M/ le Châtelain de Meuron demande à ta Commission la cession des deux globes qui se trouvent à la Bibliothèque en faveur du collège; mais la commission juge que ces globes, présent de M/ de Lesperut l?] doivent demeurer dans l'établissement auquel ils ont été destinés par le donateur» (B). Quant à l'autre globe, il ne semble pas avoir survécu. Des commissaires et d'autres personnes profitent aussi de faire des commandes pour leur propre compte et inversement la Bibliothèque recourt occasionnellement aux services de tiers comme en font foi les procès-verbaux et surtout les copies de lettres. 12 Il n'est .pas certain que tous les ouvrages que, dans la lettre de commande à Grégoire à Paris du 23 février 1794 (D), on prie le libraire «d'empiéter» ont bien été acquis, en particulier les numéros 316., 321., et surtout 329. qui se trouve recommandé une année plus tard (B). . Vili - DU CABINET AU MUSÉE 119 Jacques Rousseau13 des exécuteurs testamentaires de Pierre Alexandre DuPeyrou (1729-1794) décédé le 13 novembre précédent, legs qui fait l'objet d'une recon- naissance dûment transcrite dans les procès-verbaux. En revanche, la donation de CDM ne figure ni dans les procès-verbaux, ni dans le Registre des dons de la Bibliothèque, en principe réservé aux livres, il est vrai. La procuration de CDM est datée du 20 avril 1795, à la veille de son départ précipité de Neuchâtel dans le plus grand secret14, mais la démarche officielle auprès du magistrat, consignée dans le Manuel des Quatre Ministraux le lendemain, n'a lieu que le 28 avril 1795: Monsieur le Proffesseur [Henri de] Meuron, M™ les Ministres [Daniel de] Meuron et Dupasquier ont paru et ont remis une procuration de Monsieur le Colonel de Meuron par la quelle il les charge d'offrir au magistrat son cabinet d'histoire naturelle qui est à S1 sulpice comme un homage de son amour pour sa Patrie, sous la réserve que le tronc des pauvres n'en soit jamais séparé et que les charités ou générosités des curieux soyent partagées, entre la Communauté de S* Sulpice pour ses pauvres et ceux de la ville. Priant de plus le magistrat de décréter l'érection d'une Chaire de Chimie et qu'il solde un Proffesseur aussitôt que ses facultés pourront le lui permettre, comme aussi de faire enlever le dit cabinet aussitôt que possible Messieurs Les Quatre Ministraux considérant la beauté et l'étendue du présent que M-' le Colonel de Meuron a la bonté d'offrir, l'ont accepté avec les sentimens de la plus vive reconnoissance, qu'ils ont annoncé à ces messieurs, et le Conseil en sera informé. Monsieur le Banneret de Meuron a été prié en sa qualité de President de la Commission littéraire d'examiner l'endroit le plus convenable pour y transporter les pièces de ce cabinet, et sur sa demande Messieurs Les Quatre Ministraux ont admis dans cette Commission Monsieur le ministre Dupasquier Chapelain du Roy, M-' le Colonel Sandoz Adjudent et M* le Capitaine frederic Chaillet (G). L'acte notarié établi par «A. Pettavel15» est daté, lui, du samedi 6 juin 1795. Acte de donation Messieurs Henri de Meuron, Professeur en Philosophie, Daniel de Meuron, Ministre du S.' ¦ Evangile & Jaques Louis DuPasquier Chapelain du Roi, les trois Bourgeois de cette Ville, se sont rendus dans l'assemblée de Messieurs les Quatre Ministraux, munis d'une Procuration signée Le Comte de Meuron, en date du 20.c Avril de la courante année, qui demeurera annexée à la minute des présentes, en vertu de laquelle ils font savoir à tous ceux qu'il appartiendra que mondit sieur le Comte Charles Daniel de Meuron Colonel d'Infanterie au service de la Noble Compagnie des Indes-Orientales d'hollande. Chevalier de l'ordre du Mérite militaire de France, aussi Bourgeois de cette Ville, pour lui, ses hoirs Successeurs et ayant cause, donne, remet & transporte purement, perpétuellement, 13 La mention est laconique, certes, mais inhabituellement longue - contrairement à l'opinion de Claire Rosselet (1959: 45) - et reportée dans le Registre des dons (E) (KAEHR 1995). Sa présence a été exigée en Inde pour assurer le passage de son régiment aux Anglais. 15 Abram Pétavel (1738-1815), membre du Conseil neuchâtelois des Quarante, l'un des Quatre Ministraux, puis secrétaire de la ville jusqu'au 1" décembre 1794 où lui est accordé «honorable congé» (Histoire de l'Université 1988: 359; G). 120 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE irrévocablement & gratuitement, par pure et simple Donnation entre vifs, à Messieurs les Quatre Ministraux Conseil et Communauté de la Ville de Neuchâtel, Monsieur Jean Henri Guillebert Maitre Bourgeois en chef pour eux acceptant ensuite de l'Arrêt du Conseil du 11." Mai dernier, en manifestant ici, comme il en spécialement chargé, les sentiments de la plus vive reconnoissance dont ledit Conseil Général a été pénétré envers ce digne et distingué Citoyen, lorsqu'il a été informé de ses dispositions généreuses, la mémoire devant en être conservée jusqu'à la Postérité la plus reculée; C 'est assavoir, son Cabinet rare et précieux d'histoire naturelle qu'il possède à S.' Sulpice, en quoi qu'il puisse consister et tel qu'il existe aujourd'hui, le déclarant franc de toute charge et alliénation. S'en dévétissant dès à présent au nom qu'Us agissent pour en invêtir et mettre Messieurs les Quatre Ministraux, Conseil et Communauté de cette Ville de Neuchâtel, Donnataires, en bonne, vraie et réelle possession et jouissance, leur en promettant bonne et due garantie selon coutume, sous l'obligation des biens dudit Noble Donnateur, & cela sous la seule condition et réserve qu'il impose, savoir, que le Tronc pour les pauvres, qui y est attaché et continuera d'exister, n'ai sera jamais séparé, & que les charités et générosités des curieux, seront partagées entre les Pauvres de l'honnorable Communauté de S/ Sulpice et ceux de la Ville de Neuchâtel. Les susdites constituées se font fortes & promatent que mondit sieur Ie Comte de Meuron a et aura à toujours cette présente Donnation entre vifs ainsi passée et arrêtée, pour agréable, ferme & stable, & pour cet effet, ils renoncent en son nom à tout ce qui pourroit y être contraire et même au Droit qui dit que générale renonciation ne vaut que si la spéciale ne précède. Fait et passé à Neuchâtel sous la requisition du Sceau usité dans les quatre mairies, sauf et réservé, les droits seigneuriaux et ceux d'autrui, en présence des Sieurs Daniel Henry Favarger & Pierre Clottu tous deux Sautiers, Jean Pierre Mercier, Jean Frédrich Mayrat et Auguste Borei, tous Bourgeois de cette Ville, qui sont les cinq témoins requis et qui ont signé sur la minute avec les parties - Le tout par attouchement des parties sur la main du Notaire soussigné. Le Sixième de Juin Mil Sept Cent quatre vingt quinze. (M). Rien dans le Manuel des Quatre Ministraux (G) ni dans cet acte officiel n'éclaire les mobiles profonds de CDM. Certes, «L'attachement au lieu de sa nais- sance, la reconnaissance pour la formation reçue ou pour la vie menée ou pour la fortune faite, la générosité naturelle et bien d'autres qualités humaines ont valu à Neuchâtel de la part de très nombreux citoyens des actes de mécénat.» (SCHEURER 1993: 25) mais il est resté trop collectionneur pour que son geste s'explique aussi simplement. Connaissant ses positions (KAEHR 1996b: 185), il n'y a pas lieu de penser que les créations de musées par la Révolution française en 1793 aient pu avoir une influence sur sa décision, ni même de croire qu'il ait fait sien le principe, énoncé dans son rapport par le ministre de l'Intérieur, Jean Marie Roland de la Platière, des collections accessibles à tous dans un but récréatif et éducatif (Pradel 1967 (1961): 1028), en dépit de ce qu'il pourra dire. La réponse se découvre tardivement dans une lettre au Genevois Louis Jurine (1749-1819) du 12 janvier 1802 où il exprime son souci de conserver et d'entretenir sa collection, sans préjudice des dépenses qui pouvaient en résulter: Il est vrai. Depuis mon enfance j'ai eu la passion de l'histoire naturelle; J'avais fait une Collection de ce que l'Inde m'offrait de plus remarquable, mais à mon retour voyant Se dégrader quantité d'objets ne pouvant y donner tous mes Soins et mon tems, ne trouvant personne dans ma famille qui partageât mon goût, je pris le parti d'en faire présent à la Ville à condition qu'elle créerait une Chaire de physique Vili - DU CABINET AU MUSÉE 121 expérimentale et de Chymie afin que par ce moyen les peines que je m'étais données tournassent au profit du public. (P dos.45). Le 17 août déjà, le plan d'aménagement des «deux chambres» du Cabinet est au point et le devis en est présenté le 31 août, le Banneret étant prié de conclure «au meilleur marché possible.». Puis l'emballage est effectué à Saint-Sulpice, comme Théodore Abram l'apprend sommairement16 à CDM dans sa lettre datée de «S: Sulpice le 23e X "* 1795»: Le Professeur aprofité du tems de la Vendange pour venir avec le ministre Touchon. Emballerle Cabinet, nous y avons mis une semaine entière, avec beaucoupdeSoins (P - dos.52.II). Et les objets arrivent dans le courant de l'automne à Neuchâtel, à la Maison de Charité (actuellement Hôtel communal)17 où seules quelques pièces délicates sont sorties des caisses, selon la lettre de Ja[c]ques Louis DuPasquier datée de «Neuchâtel le 25e Décembre 1795 [...] finie & expédiée de Neuchâtel le 26e X^ 1795» qui ajoute, «très à la hâte» prétend-il, dix-huit pages aux quatorze de son oncle Théodore pour donner encore à CDM18 quelques détails de plus sur ce qui s'est passé parmi eux depuis son départ huit mois plus tôt: Dabord après votre départ le Professeur [Henri de Meuron], le Ministre et moi nous présentâmes chez M-" les quatre Ministrala munis de votre procuration pour faire au magistrat l'offre de votre Cabinet d'histoire naturelle qui fut acceptée avec bien de l'empressement & de grands témoignages de reconnaissance. Ils ont même souhaité, soit pour transmettre par acte notarial votre générosité à Nos après venants, comme on le disait, soit pour donner plus d'authenticité au don & prévenir toute possibilité de retrait, comme cela est plus probable, Us ont dis-je souhaité, qu'il en fut dressé par main de notaire une donation entre vifs, que nous avons signée tous les trois en votre nom, & dont j'ai un double qui vous est destiné. - Le Professeur Meuron avec l'Inspecteur Touchon sont allés passer quelques jours à S.' Sulpice pour tout emballer. Les Caisses sont à Neuchâtel depuis plusieurs mois: mais comme l'emplacement destiné à cette précieuse collection n'est pas entièrement arrangé, les Caisses n'ont pas encore été ouvertes, excepté toutefois les bocaux & les autres objets qui auraient pu se dégrader. Mais tout sera mis en place dans le Courrant de l'hyver. On a pris pour cela & en attendant que l'on puisse réunir dans le même local le Cabinet & la Bibliothèque, deux chambres de la maison de charité que l'on a jointes en une, & où tout s'arrangera fort bien. C'est un beau commencement pour un dépôt public, je dis commencement, parce que j'espère que quelques-uns de vos concitoyens imiteront l'exemple que vous avez donné, & se feront un plaisir d'enrichir ce Cabinet autant qu'ils le pourront. On présume bien aussi que Votre Voyage aux Indes ne sera pas perdu pour lui. II faudrait ne pas vous connaître du tout pour en douter... (P - dos.38.II). Il n'y attache pas une extrême importance puisqu'au TA décembre 1795 sa copie de lettre porte seulement: «Le Cabinet est parti pour Neuchâtel, &C» (P - dos.53.II). 17 Les documents de l'époque sont muets sur la localisation précise, comme cliaque fois qu'il s'agit de données tellement évidentes que ta spécification n'apparaît pas nécessaire. Sa lettre postée du Caire cinq mois et demi auparavant vient d'arriver le 22 décembre. 122 LE MURIER ETL1EPEE A peine deux ans plus tard, le 16 février 1798, Ja[c]ques Louis DuPasquier estime qu'une raison moins honorable a présidé à l'officialisation: «Nous avons toujours Supposé que c'était un biais imaginé par le secretaire de Ville pour avoir un Emolument...» (P - dos.52.II). Dans les deux chambres du premier étage qui lui ont été réservées, le Cabinet est «prêt à être rangé» le 4 juillet 1796 - non sans que soit consentie encore, le 10 septembre 1796, une amélioration: la peinture à l'huile des étagères, «avec une couche de vernis de thérébenlîne» -, mais il faudra attendre jusqu'à l'automne 1798, selon la décision prise le 26 octobre 1798, pour qu'il soit ouvert sans discrimination et gratuitement aux visiteurs19: «Le cabinet s'ouvrira une fois par semaine & celui qui en aura soin devra le faire voir aux étrangers qui le désireront.», ce qui signifie en dehors du jour d'ouverture et indique déjà une préoccupation touristique. La première période du Cabinet à Neuchâtel, de 1795 à 1838/39, correspond au passage de la collection particulière à la collection publique, soit la phase d'institutionnalisation, concrétisée par l'appellation «Musée», qui n'apparaît offi- ciellement - et inopinément - que Ie 3 février 1837. Cette histoire à retracer20 est celle des hommes d'abord, de leurs projets, des moyens dont ils disposent, de l'orga- nisation qu'ils mettent sur pied, de son fonctionnement, avant d'être celle de l'accroissement des collections et de leur découverte par les visiteurs. Rattaché à la Bibliothèque durant ces quelques dizaines d'années, le Cabinet en est étroitement dépendant, malgré une relative reconnaissance de ses besoins financiers; séparé, il en suivra les destinées, venant partager, puis se disputer le même bâtiment; certaines prérogatives doivent même s'être longtemps recoupées. Jusqu'en 1829, le Bibliothécaire est simultanément «conservateur». La liste des responsables21 débute avec Henri de Meuron, qui bénéficie de quelques collabo- rations parmi les commissaires et a droit à un traitement de faveur: A M. le professeur Meuron succéda, comme bibliothécaire, M. Ie ministre Penneveyre. M. le ministre Guillebert fut ensuite nommé en 1815; puis M. le chapelain DuPasquier en 1821, et après sa mort en 1830, M. Ie ministre Diacon, sous la direction duquel fut imprimé en 1833, sur l'ordre du conseil général, le premier catalogue de notre Bibliothèque, travail dans lequel il fut aidé par MM. Monvert, Louis Coulon, docteur Borei et le châtelain de Meuron. 1...J En mars 1838, M François Clerc, ministre, remplaça M. Diacon, démissionnaire: la Bibliothèque fut alors fermée pour pouvoir procéder au transport des livres dans le local qui lui avait été préparé dans le bâtiment du nouveau Collège qui venait d'être terminé et solennellement inauguré. 19 La date exacte est difficile à préciser faute de journal pour cette période (Candaux 1979) et de trace aussi bien dans le Manuel des Quatre Ministraux (G) que dans le Manuel du Conseil de Ville (H). D'autres s'y sont essayé avant nous, non sans brouiller les pistes. L'article d'Alfred Godet (1898) doit être considéré avec circonspection, de même que ceux de Paul Godet (1899) ou de Charles-Alfred Michel (1927). 21 Henri de Meuron (1752-1813); Henri Louis Paul Frédéric Penneveyre (1769-1842); Alphonse Guillebert (1792-1861); Ja[c]ques Louis DuPasquier (1762-1830); Alphonse François Diacon (1799- 1874); François Clerc (1812-1838): César Henri Monvert (1784-1848). Vili. DU CABINET AV MUSÉE 123 Après la mort prématurée de M. Clerc [le 12 août], M. le ministre Mönvert fut appelé au poste de bibliothécaire le 27 août 1838, par vocation directe. {Catalogue 1861: VlI). A leurs côtés, il convient d'évoquer aussi les différents bedeaux dont la présence, toute obscure qu'elle demeure, est pourtant réelle, à la fois pour la permanence des collections et pour leur renommée car ce sont eux en général que voient les visiteurs: au Sr Car(r)el succèdent Louis Petîtpierre, Charles-Auguste Borei, Auguste Henriod, Martin. Mais bientôt est apparu un responsable extérieur au milieu pastoral: Louis Coulon22, formé comme naturaliste à Paris et âgé de 24 ans. Associé à la Commis- sion à partir du 4 juillet 1828, il prend une place prépondérante dans l'évolution de l'institution qu'il marquera de sa personnalité pendant plus de cinquante ans, et pratiquement jusqu'à sa mort en 1894. Aucune idée bien précise n'avait jusqu'alors présidé aux destinées du Cabinet, aucun projet réfléchi - ou tout au moins traduit par quelque discussion dont il soit resté des traces - et aucune politique d'acquisition notamment n'avaient été élaborés. Tout objet était accueilli sans discrimination et les circonstances, plus que le choix des responsables, déterminèrent la figure prise par les collections au fil des années. Sans doute, dans l'esprit du temps, les sciences naturelles s'imposèrent-elles d'emblée mais il n'est pas certain que c'ait été de propos délibéré. Le tout premier accroissement, curieusement, se fait par achat. Avant même que le Cabinet ait le moindre budget de fonctionnement, pour ne pas parler de crédit d'acquisition, sur une sorte de coup de tête, la Commission alloue le 22 août 1796 une avance très considérable d'«une centaine de Louis d'or»f soit quelque £ 2400, pour une collection de... minéralogie. S'ils mettent bien en pratique l'Arrêt du Conseil du 4 août 1788 prévoyant «que Ton se procure telles pièces que l'occasion pourrait nous fournir.», les responsables ne semblent guère avoir mesuré toute la portée de leur engagement. Le résultat de la démarche de M. Henri Bosset-de Luze, selon son rapport le 10 septembre 1795, n'est pas connu dans le détail mais le fait est que l'ardeur est vite tempérée et que les décisions sont négatives lors des deux occasions suivantes, les 18 décembre 1796 et 19 septembre 1799. Il faut attendre trois ans et demi pour que survienne le premier don, enregistré le 21 février 1800: il s'agit encore de minéraux! L'activité n'était pas débordante et pendant longtemps les collections sommeil- lèrent. Comment comprendre autrement le projet - qui ne se réalisera pas - lancé le 31 juillet 1815 par Ia Société pour l'avancement des études, de transformer l'Hôtel DuPeyrou en un Musée National? P.L.A. Coulon (1777-1855), le père de Louis, l'un des fondateurs de Ia Caisse d'épargne en 1813, y participe. Ce musée aurait comporté notamment un cabinet d'histoire naturelle, lequel aurait intégré celui de la Ville, et il est significatif que ce fut l'occasion d'un plaidoyer en faveur de l'histoire naturelle «jusqu'à présent complètement négligée» (PIAGET 1916: 23-38; 83-9; GUYOT 1978 (1946): 220-1; SOGUEL 1985: 70). Son écriture caractéristique aux hampes empâtées et penchées en arrière se remarque sur quelques pages du registre d'entrée des livres de la Bibliothèque, avant sa nomination. 124 LE MÛRIER ETL'ÉPÉE Avec l'entrée en scène du spécialiste qu'est Louis Coulon, l'orientation est désormais claire et les changements se succèdent rapidement. Une proposition de séparation du Cabinet d'avec la Bibliothèque (ou de dédoublement) est faite le 6 novembre 1829 et acceptée le 23 novembre 1829. Louis Coulon en est officielle- ment nommé Directeur par arrêt du Conseil général et dispose de son propre compte ainsi que le confirme l'assemblée du 19 février 1830. Comme il sait mettre son fief en valeur, les sciences naturelles, favorisées de surcroît par l'arrivée à Neuchâtel de Louis Agassiz (1807-1873) dès le 12 novembre 1832 (HaENNI 1983:10), triomphent presque jusqu'à la fin du siècle. Le 16 mai 1834, Louis Coulon rétrocède, plutôt qu'il ne «remet», au Biblio- thécaire tout ce qui ne ressortit pas étroitement aux sciences naturelles. Le tri a vraisemblablement été. opéré objet après objet, sans référence à quelque pièce admi- nistrative que ce soit et Louis Coulon a dû établir sa liste (L) d'après les étiquettes encore en place. Ultérieurement sans doute - le document partagé entre le Muséum d'histoire naturelle (I) et les AEN (T) n'est pas daté -, il tentera de reconstituer la chronologie de toutes les entrées, peut-être en dépouillant les procès-verbaux de la Bibliothèque, mais plus probablement en copiant le Registre des dons (E), avec quel- ques divergences. Il est possible que d'autres objets n'appartenant pas aux sciences naturelles mais absents de la liste de 1834 (L), manifestement incomplète, aient pu être retrouvés par la suite et remis également au Bibliothécaire sans que mention en soit expressément portée. Mais, étant donné la double administration momentanée, il est aussi possible que celui-ci les ait alors détenus, à en croire Godet qui parle d'un «inventaire des objets déjà déposés à Ia bibliothèque, entre les mains de M. Dîacon» (1898: 151), et que celui-ci ait transmis les objets ethnographiques à la responsabilité de M. Monvert, selon la proposition de Louis Coulon à Ia commission du 6 novembre 1835: M/ Coulon propose de placer les objets Edinographiques dans une des Salles du Trésor et de nomer M7. Monvert Inspecteur de cet Etablissement La Commission adopte cette proposition en ordonnant le dépôt de ces objets dans l'ancienne Salle de la petite Bibliothèque. Sous la dépendance du Directeur, qui continuera à recevoir des objets de tout ordre, le Bibliothécaire aura donc pour un temps la responsabilité des monnaies et médailles, des «éthnographica» et de quelques témoins historiques, avant que Frédéric DuBois de Montperreux (1798-1850) ne s'occupe du «Musée ethnogra- phique» de 1840 à 184823. Le partage n'est pourtant pas totalement clair à consi- dérer la superposition des inscriptions, les oublis et confusions car il semble que la Bibliothèque a continué à faire pour son compte des acquisitions de médailles et monnaies venant compléter un fonds sur lequel elle a longtemps gardé la main. Par ailleurs, la fondation, le 6 décembre 1832 (Haenni 1983: 10), de la Société des Sciences naturelles de Neuchâtel compliquait la situation en provoquant diverses interférences puisque les entrées concernant les sciences naturelles ne sont désormais 23 Histoire de l'Université de Neuchâtel 1988: 287-8. Vili - DU CABINETAV MUSÉE 125 signalées que dans les publications de la Société sans que soient régulièrement mentionnés les artefacts qu'eUespouvaient aussi comporter;. Quoi qu'il en soit, l'évolution cahoteuse - et très contingente en tout cas - du Cabinet étonne moins à considérer ses bases financières, fort minces, autant que ses assises «juridiques». Lorsque la Bibliothèque l'accueille en 1795, elle est une création nouvelle encore peu rodée, ne disposant pas de responsables formés, géné- ralement réduits à leur seule bonne volonté. Il n'est pas surprenant que l'installation du Cabinet prenne un temps considérable, encore que le délai entre la donation et l'ouverture au public paraisse singulièrement long. Le 4 juillet 1796, les commissaires se préoccupent de procurer des moyens d'existence financiers au Cabinet en sorte qu'il n'émarge pas au budget de la Bibliothèque, ce qui ne suffit pourtant pas à faire une politique. Pour ce qui est des traitements, la question est rapidement réglée. En raison du surcroît de charges et vu «les soins déjà donnés par M/ Meuron au Cabinet d'Histoire naturelle, qui depuis un an l'occupe trois heures, trois fois par semaine, & les soins assidus & pénibles qu'exigera la manutention des divers objets qui composent ce cabinet»2*, par déci- sion du 14 novembre 1798, le salaire de Henri de Meuron est porté de 15 à 40 Louis d'or neufs, soit £ 960. La Commission le ramène le 18 février 1814 au premier montant de 15 Louis pour les deux fonctions, décision qui fait l'objet d'un arrêt du Conseil général du 23 février 1814 consigné Ie 25 du même mois. Reste l'huissier, qui recevra une fois seulement le 9 juillet 1824 - les visiteurs ne se montrant pas particulièrement généreux envers lui - une «gratification»; il n'aura droit à une rémunération que très tard, à partir du 3 juillet 1829. Si, jusqu'en 1829, comme le montrent les séances des 4 juillet et 7 novembre 1828, les dépenses de mobilier sont également réglées, à quoi les crédits ont-ils servi? A en juger par l'estimation d'Horace Walpole25, la remarque de Valmont de Bomare26 ou l'exemple d'Agassiz (DUFOUR 1983: 26; 29), qui fait acheter son fonds d'études, le seul entretien des collections devait déjà coûter fort cher. Mais absorbait-il tout? La question de fonds propres pour des achats n'est réellement posée que le 19 septembre 1799. La requête sera agréée le 9 décembre 1799. Dès le 8 janvier 1800, des accroissements onéreux sont donc envisageables pour le Cabinet, le budget général étant augmenté de 100 £ pour passer à 900 £. Or rien n'est mentionné pendant des années. C'est seulement le 3 février 1815 qu'est signalée la ratification de l'achat de la machine planétaire de Copernic de feu Henri de Meuron, suivi de l'éventuel achat d'une médaille le 9 juillet 1824, puis, toujours en 1824, des monnaies de Dombresson, cette fois au moyen d'un crédit spécial, enfin d'une Il a probablement refait une classification plus conforme aux progrès de la science. ne «Rien que de renouveler l'alcool des bocaux à fœtus coûte autant qu'un loyer !» (cité par Blunt 1986: 140-1). «Les sujets que l'on conserve dans des bocaux avec de l'esprit de vin, ne réussissent pas toujours, parce qu'ils se gâtent à mesure que l'esprit de vin s'évapore, à moins qu'on n'ait un soin particulier de visiter les vaisseaux dans lesquels ils sont renfermés, ce qui demande du temps, des soins, & de la dépense.» (1791: I: 633). 126 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE monnaie trouvée à Pontarlier, le 27 août 1827, d'autres monnaies encore le 1er juillet 1833 toujours au moyen d'un crédit spécial. Faute de comptes jusqu'en 1829, l'utili- sation du crédit alloué ne peut être suivie. Peut-être y eut-il quand même d'autres dépenses de cet ordre n'apparaissant pas dans les procès-verbaux? Le principal accroissement n'en a pas moins été représenté par des dons. Après la séparation, grâce à l'existence des comptes aux AEN, le budget plus consistant dont dispose Louis Coulon dès 1830 apparaît consacré presque exclusive- ment aux sciences naturelles. A part quelques frais de port, il ne s'y découvrira qu'une tardive dépense pour la restauration d'une pièce ethnographique: «racommo- dage de sagaies de la Nouvelle Hollande» (T - dos. 179.1), en novembre 1845. Et, dès 1859-60, en raison de l'engouement que les découvertes suscitent, ce seront les pêches d*«antiquités lacustres» qui presque seules bénéficient de tout l'argent non affecté aux sciences naturelles. L'ethnographie, elle, que le primat naturaliste a fait reléguer plus qu'elle ne l'avait été jusqu'alors, ne soulève nullement les passions. Ce qui fait le plus défaut est l'organisation et la ligne de conduite. Le Cabinet créé, les structures ne se mettent en place que très lentement et de manière tâton- nante, sinon que dès l'été 1796 les préoccupations paraissent changer avec Ie souci de constituer des séries. Un règlement ne sera établi que le 25 février 1814, après la mort de Henri de Meuron. Et encore Ia gestion reste-t-elle dans le flou, aucune règle déontologique n'étant réellement définie. En particulier, la question de l'inalié- nabilité n'est pas posée. Sans doute, consentir au transfert de mobilier d'origine n'ayant plus d'emploi, comme c'est le cas le 4 juillet 1800, ne posait pas de cas de conscience: M/ le Présid.1 l«M. Jean de Merveilleux du petit Conseil»] est autorisé à remettre à M-" du comité de la Chambre de charité les layettes dépendantes du cabinet d'histoire naturelle, reçues de S.' Sulpice. Mais il ne pouvait en aller de même pour les objets. Si, face à telle demande de cession, on estime, le 2 novembre 1814, que la vente de pièce est «contraire à l'intention du fondateur», en revanche on avait admis la possibilité d'échange. Avant le 3 juillet 1818, P.L.A. Coulon fait l'envoi d'un Pangolin au Prince de Neuwied27 à des conditions non spécifiées et le «Sixième compte» de Louis Coulon porte en décembre 1834 aux recettes une somme de £ 19.2.-- pour la vente de «petits animaux en papier mâché»28 et de même, le 19 décembre 1835, £ 7.10.-- pour celle de «trois morceaux de peaux de Zèbres» (T - dos.179.1). Plus gravement, en 1833 déjà, des aliénations ont eu lieu sans que le détail en apparaisse et la pratique se poursuit: La Commission remarque avec reconnoissance que M/ Coulon a fait plusieurs échanges avantageux au Cabinet, qu'il a opéré des ventes au bénéfice du même Cabinet et qu'il a même fait valoir dans le Maximilian Alexander Philipp Prinz zu Wied-Neuwied (1782-1867), naturaliste et ethnographe, qui venait de conduire une expédition dans l'est du Brésil de 1815 à 1817. Caumont (1838: 144) écrira: «Une couple de pangolins furent soumis par nous à un long examen.» II s'agit peut-être des animaux «factices en petit» de CDM. Vili - DU CABINET AV MUSÉE 127 même but par l'organe de Mons/ son Père une partie des fonds alloués à cede institution. (B - 27 février 1835). Par ailleurs, le principe des inventaires avait certes été posé dès le début, le 16 mars 1790, et répété dans Ie nouveau règlement approuvé par le Conseil Général le 31 mars 1800 mais, si ce travail est - tardivement - mis en chantier pour les livres, en ce qui concerne les objets il n'y a rien pendant longtemps. Les mentions d'entrées n'apparaissent que dans les procès-verbaux, voire par accident dans les transcriptions du Registre des dons (E), en principe réservé aux livres, éventuel- lement aux médailles29. Il n'est statué que le 7 juillet 1815 d'établir un catalogue des médailles et des manuscrits. Mais pour les autres objets du Cabinet d'histoire naturelle, il n'en existe toujours pas au 9 novembre 1821 et il semble d'ailleurs n'avoir jamais été entrepris. Quant au signalement des dons au Magistrat, usage consigné dans le Règlement décidé le 22 décembre 1837 et daté du «9e Avril 1838» (J), il ne paraît pas avoir été régulièrement opéré. D'où l'indication à l'occasion en manchette «Cet article / est nul ici; / étant porté / au Chapitre / du cabinet» ou «Cet article / est porté / au Cabinet / par conséquent / nul ici», etc. IX UNE MALLE AUX INDES V^ OLLECTIONNEUR passionné, CDM l'a incontestablement été puisque sa donation ne l'a nullement affranchi de son penchant après son départ de Neuchàtel, vers le 21 avril 1795, en vue d'assurer sur place le transfert de son régiment du service de la Noble compagnie (VOC) à celui de Sa Majesté britannique. Lors de son séjour en Inde, non seulement il s'inquiétera du sort du Cabinet, mais encore il continuera à rassembler tout ce qu'il pourra et il fera parvenir des caisses en Europe. Dans une longue lettre «comencée le 10 fiévrielr. finie le 21: 1796» mais en fait poursuivie le 22 et le 23, il écrira ainsi de Madras à son neveu Ja[c]ques Louis DuPasquier à Neuchàtel: Je Suppose que le Cher Professeur [Henri de Meuronl aura fait transporter par ordre de la Ville le Cabinet que je lui ais donnés. Je m'occupe Encore à l'Enrichir, c'est une maladie dont je ne guerrirais Jamais, personne, mieux que lui ne pouvoit le ranger pour le faire paroitre Sa vraye valeur. Sans doutte qu'il aura Conjointem'. avec les membres de la Sossietés literaire fais dès règlem". qui puissent Stimuler l'Emulation à l'augmenter, corne aussi à Etendre les lumières dans cette partie, ainsi que dans la Phisique & la Chemie objets plus utiles a l'éducation de ceux qui par Etat doivent en avoir, que le latin, a ceux qui doivent travailler nos vignes, nous Chausser & nous vêtir. Je ne peux penser â !'absurdités de ce Sistème Sans un Sentiment de tristesse dont je ne suis pas Ie maître de me débarasser, il me mène malgré moy droit à Geneve de là En Amérique Sc en france, car c'est la route & les Effets de l'institut Genevois, qui a Enfanté le monstre à mil tête, qui desole ces Contrées, & qui menace l'Europe. (V). Après trois semaines de traversée de la Méditerranée, CDM et Hugh Cleghorn, travestis en Arabes, débarquent le 10 juin, ainsi que les quatre personnes de leur suite1, au port d'Alexandrie, puis séjournent du 17 au 27 juin au Caire - une des rares fois où CDM rapporte ses observations. «In Cairo, they stayed in Mr Baldwin's2 house and were entertained to dinner and greatly helped by the Imperial Consul, MrRosetti3» (Clark 1992: 113). Jean Jacques Bolle, ancien capitaine du régiment de Sonneberg, aide de camp de CDM, François Michel Choppin, son secrétaire, ainsi qu'un domestique indien, Jules ou Julius [Olimpe Joseph Mouroy], «né à Negapatnam (Negapatam]», comme CDM l'écrit à Pierre Frédéric le 5 juin 1795 (P - dos.44.E), ainsi que Ie valet de chambre de Cleghorn, Michel Mirowsky, un Polonais parlant remarquablement allemand et français que lui avait recommandé au printemps 1795 le résident britannique â Hambourg (Clark 1992: 106). George Baldwin (1743-1826), marchand londonien et consul général britannique en Egypte de 1785 ¦ à 1796. 3 Carlo Rossetti (1736-1820), marchand vénitien et consul général de la Prusse et autres puissances en Egypte (lettre de M. Jean-Jacques Fiechter du 20 septembre 2000). 130 LE MÛRIER ET L1EPEE Une caravane les conduit à Suez où, le 6 juillet, ils montent à bord d'un vaisseau arabe qui, par la mer Rouge, les mène à la côte de Malabar, qu'ils touchent Ie 5 septembre à Tellichéry, pour arriver finalement le 12 à Anjenjo. Coupant la péninsule, ils se rendent en palanquin à Palmacotta et à Tuticorin, puis remontent la côte en barque de Coromandel jusqu'à Negapatam. De là, de nouveau en palan- quin, CDM continue sans Hugh Cleghorn sa route par Cudalore vers Madras qu'il atteint le 6 octobre (Meuron 1982: 111-7). Les comptes (P - dos.30)', à la fois très détaillés et incomplets, tenus par Choppin5 d'octobre 1795 à sa mort, font apparaître quelques achats, non toujours clairs et insuffisants à expliquer l'importance de ce qui sera recueilli. Par ailleurs, des acquisitions peuvent avoir un caractère utilitaire ou servir de cadeaux comme ces châles qu'aussi bien Pierre Frédéric que Charles Daniel destinent à des membres de leur famille. Dans la lettre de Madras citée ci-dessus de février 1796, CDM avait annoncé à Ja[c]ques Louis DuPasquier Dis-lui [à ta mère, c'est-à-dire à sa sœur Marianne] que je lui reporterais une bonne Châle de Cachemire qui la préservera de Rhumatismes à l'avenir. (V). Comme il l'a fait en Afrique du Sud, CDM a dû demander à ses subordonnés qu'on lui fournisse ce qui pouvait l'intéresser. De Colombo, Antoine Pierre Louis Reyne, chirurgien-major qui a quitté le régiment pour rester à Ceylan, lui mande le 28 octobre 1795 qu'il a pour lui des coquilles de collection: J'ai emballé pour vous, mon Colonel, une grande caisse de coquillages, chez M/ votre frère. Comme c'eut été une repetition inutile de vous envoyer du commun, j'ai choisi dans ma collection ce que j'ai de plus beau pour vous l'offrir, n y a quelques pieces qui ne se trouvent pas dans la grande Caisse, et surtout un arrosoir que je crois est le plus beau qu'il y ait dans l'Isle; il m'avoit été donné par M/ Groener [le capitaine-lieutenant Charles GroenerJ. Il y a aussi un Pavillon orange dont la moitié est passablement belle, c'est une piece qu'il est très rare de trouver ayant conservé également partout des couleurs. Le tout est emballé avec du Coton recueilli dans mon Jardin. (P - dos.60.D- «En Pagodes, fanons et Caches». La pagode était une pièce d'or alors courante au sud de l'Inde et à Ceylan, valant environ CHF 0,80 actuels. Natif de Bar-Ie-Duc en Lorraine, cousin de «daniel Meuron» (P - dos.36.111) et gendre du caporal Leinhard dans le régiment Meuron, mort avant le 24 janvier 1793 (P - dos.51), François Michel Choppin (ou Chopin), présent dès la fin des années 60 à Neuchâtel, avait été «homme de chambre» de Pierre Alexandre DuPeyrou qui l'appréciait beaucoup et le coucha sur son testament du 21/22 juillet 1791, lui léguant toute sa garderobe, une tabatière carrée en or, son portrait et une rente réversible par moitié à sa femme, Marie Anne "née Linhart" et à sa fille, Henriette Amélie, née à Neuchâtel le 9 mai 1773 et baptisée [à Cressier] le 8 juin (BOY de LA Tour 1927: 148-9; fiches nominatives aux AEN). C'est le bienfaiteur non nommé auquel fait allusion la lettre que Choppin envoie de Suez le 2 juillet 1795 à Théodore Abram (P - dos.36.III). Après le décès de DuPeyrou survenu le 13 novembre 1794, il devient dès septembre 1795 secrétaire particulier de CDM et, mort de dysenterie le 3 avril 1797 lors du retour de l'Inde sur le Fort William (P - dos.14.V), il sera basculé en mer devant Negapatam, selon le récit que CDM fait à Théodore Abram le 23 décembre 1797 (P - dos.42.II). Les comptes seront finis par Bolle et contresignés par d'Ivemois à bord du Barrmgton le «8 7*™ 1797». IX - UNEMALLEAUXINDES 131 Répondant à la demande de CDM de Madras du 4 novembre 1795, le chirurgien-major Charles Philippe Caudemont lui écrit,le 18 décembre 1795 de Tuticorin: Mon Colonel, [...] je n'ai malheureusement aucun Des objets d'histoire naturel que vous me demandé, et je doute même que /ces/ M.M. qui ont été a trinkouvamale en ait apporté avec eux, a moins que Mr. fils-jean [le capitaine-lieutenant Pierre François Filsjean] qui etoit très curieux dans cette parue, et Mr Zelman [?] lieutenant d'artïleric et fabrique a trinkouvmale, Celui ci pouroit avoir des pieces choisies en différents genres. Si je peut découvrir quelqu'un qui en eut je ferois en sorte de vous les procurer. (P - dos.36.IÜ"). Le 9 octobre 1795, Choppin a noté une dépense «Pour Deux Tuyaux ou pipes à fumer, en argent; La façon», le 10 décembre «au Sr Anglebert fourier p/ un grenat»; le 28 décembre, «pour achever L'achat d'un violon indien»; il règle le 7 mars 1796 «Deux Comptes de Marchands chinois» - dont rien ne dit qu'ils concernent des objets de collection - et rétribue le 20 avril le «Lascar qui a apporté La peau de tigre» (P - dos.30), celle que Pierre Frédéric a envoyée à son frère (P - dos.49)6 (voir Ia fin du chapitre). Dans l'intervalle, A. P. L. Reyne, qui n'oublie pas CDM, lui fait, de Colombo, le 20 février 1796, de nouvelles promesses: Jusqu'ici, mon Colonel, mes occupations ne m'ont pas permis de travailler à un Cabinet d'histoire naturelle, maintenant je vais m'en occuper, et en même tems me donner à la Culture des différentes productions du pays, partie toute neuve et bien intéressante. Si je rencontre quelque chose digne de vous être offert, je le mettrai en reserve. M/ Legrevisse [le capitaine Légrevisse] a remis à M/ Montandon [le sous-lieutenant Henri Frédéric (ou François)] la collection la plus curieuse qu'il y ait dans ce pays, car personne que je sache ne s'occupe d'histoire naturelle. Mon frère [Edouard] qui a l'honneur de vous assurer de Ses respects, distille demain de l'esprit de vin pour remplir beaucoup de flacons dont l'esprit de vin s'est en partie évaporé. Le tout sera mis dans des caisses qui vous Seront addressees par Ia premiere occasion. (P - dos.60.D. Onze jours plus tard, «du plantage St Sulpice» à Colombo, [Benoît] Edouard Reyne, chirurgien en second, confirme à CDM la prochaine arrivée de tout ce par quoi son frère Antoine Pierre Louis l'a alléché; jat l'honneur de profiter de l'ocasion du retour de Monsieur débordes [le capitaine-lieutenant René Louis] pour vous presenter mes respects, et vous féliciter Sur votre heureuse arrivée dans l'Inde, j'ai reçu de Monsieur de Montandon neuf paires de Sandales destinées a être troquées contre quelques objets d'histoire naturelle; Monsieur de Montandon n'ayant pu avoir occasion dans le peu de temps qu'il a été ici de Suivre vos intentions, je ferai mon possible pour les remplir et vous contenter Sur ce Sujet. jai emballé et recommandé a Monsieur desbordes deux caisses marquées CM. n° 1 CM. n° 2 remplies de curiosités d'histoire naturelle de ce pays lesquelles m'ont ete remises par Monsieur de l'ecrevisse qui les avoit amassées avec beaucoup de peine et conservées avec beaucoup de soin. 6 Voir la fin du chapitre. 132 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE jai fait aussi une petite collection des bois de ce pays que je remets a Monsieur desbordes et que je completterai autant que je pourrai lorsque je Serai a même de me procurer quelques autres espece de bois. [...J la caisse N. 1 qui est de Nindoux appartient a Monsieur votre frère colonel commendant. (P - dos.60.I). Cet exceptionnel détail permet de préciser que la caisse N. 1 en bois exotique appartenant à Pierre Frédéric contient les coquillages dont avait parlé précédemment Ie chirurgien-major. De la sorte, le 9 mai 1796, CDM est en mesure d'expédier à Théodore Abram, par l'intermèdi aire de la maison Coulon & Cie à Madras, quatre caisses dont trois concernent expressément les collections, l'autre - le Coffre Jaune Chinois dont la clé se trouvera dans les bagages de Choppin lors du retour en Europe - comprenant des textiles pour des cadeaux7: Inventaire de Ce que Contient La Caisse N* 1 avec La Contre marque C: M. En flacons 1 Couleuvre Capelle 2 un fourmellier 3. petit fourmellier et Langue 4 Paresseux 5 Couleuvre manille 6 Petits Lézards 7" Salamandre 2 flacons 8 Petits Serpens 9 Petit chevreuil 10 mille pieds 11 Canard a 2 têtes 12 différentes couleuvres 2 flacons 13 Crabes 14 Insectes 15 Chenilles 16 Scorpions 17 Chrisalide 18 aragnées de Velours 7 «Inventaire De ce que Contiennent Les 4 Caisses remises a M' Coulon aMadras le 9 may [17961 Lesquelles a Envoyer En Europe» (P - dos. 14.VI). Peut-être ce «Coffre Jaune Chinois» est-il malgré tout la «Malle chinoise» de la liste de 1834 (L) (voir le chapitre XIII)? Les cotes actuelles du MEN sont indiquées entre [ ]. IX - UNE MALLE AUX INDES Plus Non une tête de jeune Elepliant, avec Sa trompe Seche en flacons et un de Ses Sabots une Salamandre un Lézard Ceylan Des Coquillages Un Morceau d'Encens un Violon malabare* un bassin en Cimbale Trois dents machelieres d'Elephant un paquet plumes de paôs un paquet roseaux Madras Six batons Canelle Plus 7 autres bagatelles et plantes marines un Coco double des Maldives, et 7 a 8 cocos graves TSVP Inventaire de ce que Contient la petite Caisse N* 2 Contre marque C: M: Coquillages de différentes Espèces Inventaire des effets en linge de table, Toileries, Châles Mousselines Indiennes &c" Contenus dans Le Coffre Jaune Chinois N" 3 à Envoyer En Europe contre marque C M [-..] Inventaire de Ce que Contient La grande Caisse N" 4, Contre marqué C M Une tête delephant dents machelieres de Idem une bille bois de Serpent trompe ou Scie de L espadon une Cassette minéraux ou Cristaux 1 pot ou est Loiseau ibis [Eg.203] 1 pot gingembre [95.1.17] 18 Echantilons des differens bois de Ceylon 134 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE apart Plus 11 pieces toiles 50 pag[odes] 1 violon malabare1 1 coco de Maldives 9 a 10 batons Cartelle 2 dents d ivoire dElephant 1 Serpent capelle 1 mâchoire delephant 2 morceaux encens Le détail d'un des lois de cette dernière caisse, celui de la «petite collection des bois de ce pays» constituée par Edouard Reyne, est connu par Ia liste (P- dos.30, f° 19) qui figure en avanl-demière position des «Inventaires», grand cahier cartonné9 résumant le séjour en Inde et donnant la liste aussi bien de tous les serviteurs10 que des différentes acquisitions du ménage: Note des diflerens Echantillons de Bois de Ceylan envoyés par M Reyne" avec Leurs noms et N."* N." Noms ordinaires des bois Noms Chingulais 1 helembé 2 Jacher Kos Gas 3 Bois de fer Nagas 4 Nyser Kitoul gas 5 AIm il Ue 6 Godoporé 7 Brout 8 Tjampok Sapou 9 Ebénne Calouerey 10 Calmindre Se retrouvant dans la liste de 1834 (L) sous la désignation «2 Violons? et archets», ces probables luths n'ont pas été réidentifiés par M François Borei. g II résulte sans doute de la «Métamorphose du gros Livre de Comptes en trois petits» le 1er novembre 1795. La maison du général à Madras ne comprenait pas moins de «32 Domestiques indispensables». De plus, le 1" décembre 1795 sera «engagé Le S/ Chaternets pour Ecrivain et traducteur d'anglais en français et de français en anglais» - qui doit être la même personne que «M/ L'Ecrivain Anselme» - payé jusqu'en février 1797, le 15 décembre «Le Peintre a 10 pag[odes] par mois et 1 demy roupie par feuille Congédié et payé Le 26 avril 1796» et le 7 janvier 1796 '«Le nomme Scheck Bary tailleur de Pondichery» (F - dos.29.I; dos.30). Edouard Reyne, chirurgien en second, démissionnaire à Colombo, selon sa lettre du 3 mars 1796 (P - dos.60.I). IX - UNE MALLE AUX INDES 135 11 Panagai 12 Maraude 13 Mindor Ì4 MiIUc - 15 Angélique 16 Nindoux 17 Belili gas 18 Esbédé Tal gas Del gas Belili gas Esbédé. A moins d'une erreur d'Edouard Reyne, la petite caisse contenant des coquillages se retrouve sous le N° 2 et celle «rempliede curiosités d'histoire naturelle», dédoublée entre la caisse N° 1 (les flacons de M. Légrevisse) et Ia grande caisse N0 4 (les échantillons de M. Reyne). De surcroît, elles ont été complétées d'autres objets dont l'un attire immédiatement l'attention car CDM n'a cessé de s'en inquiéter au cours des mois précédents: «1 pot ou est Loiseau ibis». Parmi les autres, trois évoquent des entrées de la liste de Louis Coulon de 1834 (L)12: deux «violon[s] malabare[s]» et «1 pot gingembre». Après qu'il avait débarqué sur la côte de Malabar, CDM avait dû laisser en arrière ses bagages - et ceux de Hugh Cleghom -, ce que, sitôt arrivé à Madras un mois plus tard, il rapporte le 7 octobre 1795 à Théodore Abram: dailleurs les autres [lettres] Sont au fond de ma maie qui est restée à Ajango & dieu Sai quand je la recevrais (P - dos.43.D. Deux semaines se sont à peine écoulées que CDM s'en ouvre cette fois à Pierre Frédéric, qui s'apprête à passer sur le continent après avoir quitté Colombo, dans une lettre du 22 octobre 1795, apportant une précision nouvelle: Nous avons Laissé nos Equipages a anjango. M* Cleghom a Ecrit a M." BoësKinson [Hutchison] de les expedier par une barque ou par terre a Tutucorin. Il y a deux malles a moi, un gros flacon de Cuivre Contenant Eau rose de moka pour vous et vos Connoissanccs, un panier Contenant dans une urne, un oiseau jbîs, present qui m'a ete fait au Caire et qui est preticux pour un naturaliste, de plus un panier de Madrepores et de Coquillages. Si ils Sont arrivés reclamés les je vous prie, faites ouvrir mes malles et faites en faire un inventaire. Il y a beaucoup de Lettres p.' M™ Les off.", un paquet de Chaînes de Montre d'or que Theodore m'a Consigné de remettre a Djvemois, une ooete ou est une Clef de Chambellan &e une paire de pistolets d'arçon précieusement Sculptés et incrustés /dans La malle de Choppin/ ils appanenoient a Notre amy deff.' Nf DuPeyroux, une autre paire dite, uniforme du Regûn.1, un uniforme brodé et deux autres, du Linge &.c Je desire Seulement que vous vous chargiés de la petite boete de Carton ou est la Clef. [...) Tout ce que vous ne pourrés pas Enmener Sera emmagaziné a tutucorin pour y être embarqué Sitôt que La Saison Le permettra; Sans doute vous laisserés quelquun de Confiance pour en avoir Soin; ne Voir le chapitre XOL 136 LE MÛRIER ET L'ÉPÊE laissés rien en arriére de vos effets personnels, ny des miens de M." Cleghom Bolle et Choppin SiIs Sont arrivés, il y a je Crois 6 ou 7 malles Si ce nest 8. (P ¦ dos.44II). Le 21 décembre, il revienl à la charge par la plume de Choppin qui adresse sa lettre à Pierre Frédéric à Madura: Dieu veuille mon Col. que bientôt vous Soyés a même de nous donner des nouvelles de nos malles restées à Anjango depuis 3 mois et qu on nous assure avoir été Embarquées il y a quelque tems dans cet endroit pour ce pays cy. (P - dos.44.H). De Tuticorin, Pierre Frédéric répond le 29 décembre: Je n'ai point de nouvelles des malles; heureusement qu'il n'y a pas de Corsaires Sur nos Côtes. (P - dos.49). * CDM réplique tout aussitôt à son frère le 9 janvier 1796 en laissant poindre son impatience: N'avés vous pas entendu parier du jeune [Alexandre] Dardel; il auroit pu vous donner des renseignem.' Sur nos malles puisquil a passé a Anjango. Jen Suis inquiet, par ce que Les objets qui y Sont me font grandefaute. (P - dos.44.n). Le lendemain, il s'adresse à Hugh Cleghorn à Ceylan, par le fils de ce dernier: Avés vous des nouvelles de mon Cher Dardel? est il auprès de vous dites Luy mille Choses pour moi Son affectionné parent et ami. Vous a t U donné quelques Lumières Sur nos malles; Espérés vous que nous Les revoyons? il y a des choses qui me font bien faute telles que Les Lettres pour Les off." de mon reg.'. Les Chaînes de montre d'or de dyvernois &.' Veuilles ne pas oublier d En Ecrire; Choppin Surtout vous en prie car Son violon Luy fait plus faute qu'une maîtresse, il vous prie d'agréer Ses resp. (P - dos.44.n). Enfin, le 18 janvier, Pierre Frédéric peut annoncer une bonne nouvelle, à savoir qu'il a pris soin des bagages, encore que leur contenu ne semble pas au complet: depuis ma Lettre ecritte vos maies Sont arivées. voici lalistc deL'envoy. Jai pu Lire Ladresse de votre deux dont lune Contient les effetsdeChopîn, qui a été en assez bon Etat, l'autre a été mouillée danslefond, il ya peu de Domage, jene l'ai pas refermée voulant metre àL'air Cequi est par trop moisiJai Sorti vosSuperbes Pistolets qui commencent aavoir des taches dérouille aux uniforme, votre Boëte &la Clefs, deux Almanach. les Lettres, 12 Chaînes pourd'Jvemois. etcelle de Chopin 12 Cahiers petit papier de Poste doré Surtranche queJe lui remplacerai quand Jeleverrai & que jen aurai L'occasion Suivant UListe de L'envoi il ny aquun Panier, qui contient les madrepores quelques Coquilles d'huitres et un paquet raisin amoitié pouri, il manquedonc lePanier contenant L'oiseau ibis & laboulle EauRosede Moka. LaMaUe deM Bolle paroit la mieux conditionnée elle na exterrieurement aucune trace d'humidité. Moils' (Laurent] Boyer aura Soin de ces Malles qui Sont dans une Chambre haute, planchée & au Grand Air. (P - dos.49). Mais, avant d'avoir reçu cette lettre, CDM avait déjà réagi et, le 24 janvier, relancé son hôte à Anjenjo, le résident britannique Hutchison: IX - UNE MALLE AUX INDES 137 Monsieur - II faut bien que vous n'ayes pas reçu La Lettre que j'ay eu L'honneur de vous Ecrire Le 19 8.1™ passé puisque je n'ay pas étéjavorisê d'une réponse. Je vous y,remerciois de Lhospitalité que vous nous avies donné et je vous priois d Expedier a Palemcota nos malles, et nos Equipages que nous vous avions Laissé et dont vous avies eu La Complat.1*"1™ de nous assurer que vous feries prendre Soin; Comme je n'En ay aucune nouvelle, je prends Le parti de vous Ecrire pour vous prier instament d'avoir La Comp." de men donner des nouvelles, et Si vous n'avés pas eu celle de Les expédier, Soit par terre a Palemcota, Soit par terre à tutucorin, je vous prie très înstam.1 de Les expédier par mer pour tutucorin ou Negapat: Soit par occasion, Soit en frétant une barque exprès pour cet effet. Je préférerais quelles fussent adressées au Comand1 de mon Reg1 a Negapat, ou il arrivera Sous 15 Jours étant en route et parti de tutucorin. Je vous en auray Mons/ d'autant plus d'obligation qu'une partie des objets renfermés dans mes malles me Sont dune indispensable nécessité; M/ L'ingénieur Dardel, que M.r Clcghorn a fait verlü- de Canaor pour assister au Siege de Colombo, doit en passant chez vous Les avoir reclamés, jignore S'il a Exécuté Les ordres quii En avoït reçus de M Cleg: (P - 44.11). Peu rassuré quand même, Choppin - une note l'indique - prend toutes les précautions: Le 28 Janv." 1796 Ecrit a M. [Laurent] Boyer Cap." resté a Tutucorin chargé de Nos malles pour Le prier de Soigner Les habits; L'oiseau jbis &c &c au General. {P - dos.44.II). Cependant, Pierre Frédéric, dans une lettre datée de «Neelypatty Le 1CT février 1796», confirme: jevous ai annoncé L'arrivée de vos mâles [à Tuticorin] au moment de mondépart. (P - dos.49). Près de six mois après avoir touché l'Inde, esquissé quelques vains projets pour se revoir et établi une dense correspondance au rythme soutenu d'un ou deux mes- sages par semaine, CDM finit par rencontrer son frère le 24 février 179613 à Madras, lors des festivités organisées pour la reddition de Colombo (Meuron 1982: 136). Peut-être récupère-t-il alors tous les bagages, y compris ceux de Hugh CIeghom, à qui il écrit le 15 juillet 1796 (P - dos.43.I; dos.44.II), et de son valet de chambre Michel Mirowsky - ils avaient quitté sans avertissement Ceylan pour Londres14. D'après la lettre de Théodore Abram à CDM du 30 septembre 1796 (P - dos.52.11; 53.11). Il semble que lés deux frères se soient revus en mai à Tripassor et en juin à Pondamallée (P - dos.43.[; 44.11; dos.50.I), ainsi probablement qu'à Madras avant le départ de CDM pour l'Europe. Dans ces échanges épistolaîres, Pierre Frédéric a utilisé parfois du papier doré sur tranche de Clioppin. Parti le 22 février sur le Swift pour Suez, Hugh CIeghom aurait dû emporter des collections du révérend Dr. Rottler, un missionnaire danois, botaniste et connaisseur de la langue malabare. «he had made arrangements to send the chest containing specimens of the five hundred different species of plants which he had collected for CIeghom on his journey through Ceylon, and he was pleased to think that CIeghom would mention Rottler's work to Sir Joseph Banks». Elles parvinrent toutefois à Londres par les bons offices du'Dr Andrew Bell (1753-1832), responsable du Military Male Asylum à Madras (Peterson 1999: 89, note 17). Clegliom aura comme compagnons de voyage d'Alexandrie à Malte deux Britanniques: «Mr. Coxe and Mr. Wilkinson expert collector of gems, medals and busts.» (Clark 1992: 151; 158; 152). 138 LE MÛRIER ET L1EPEE Il faut croire qu'a resurgi le fameux «pot ou est Loiseau ibis», auquel il porte un attachement tout spécial15, ce qui a dû le soulager; mais l'aventure n'est pas finie. En tout cas le secrétaire de CDM a profité des effets retrouvés puisque, selon la lettre que CDM enverra le 5 août 1796 à son «bien Cher et féal amy» Hugh Cleghorn: Choppin joue du Violon, actuellem' quii est délivré de L'inquiétude des maux de jambe quii a Eu et qui m'ont inquiété moy même; nous Soupirons tous après notre retour (P - dos.44.II). Quant aux «Pistolets defeuDuPeyrou», ils seront offerts à Pierre Frédéric, en se référant à la lettre qu'il envoie le 30 avril 1796 à CDM (P - dos.50.I). Avant le 18 avril 1796, CDM a reçu de Pierre Frédéric une caissette qui n'a pas l'heur de lui plaire: PS jay déballé votre Caisse pierres, je Les ay triées et mis dans des Sacs Neufs, n ny arien de Conseq1 que quelques morceaux deCristal noir, Leblanc estCommun Jenay pas mis uneSeule pierre de Coté que voulés vous que Jen fasse; voulés vous que je vous Lenvoye ou me La Laisses vous. (P - dos.44.n). Cet accueil a de quoi rebuter Pierre Frédéric qui, le lendemain, n'aura pas plus de succès avec une peau de tigre que son frère juge tout juste bonne à «faire une housse»: JeSuis fâché que dans les Pierres vous n'ayez rien trouvé qui mérite votre Attention, voila tout ceque j'ai pu en ramasser. J'ai quelquesBagues dans une Malle que Jouvrirai au premier moment. *t {...] Un Lascar avotreDaubachi vous porte unePeau deTigre, que le Capitaine Drieberg avoît tué a Putland. St elle est Conservée cest une beliebete. (P - dos.49). Il n'est pas impossible toutefois que CDM ait gardé les minéraux et qu'ils correspondent à la «Cassette minéraux ou Cristaux» dans la «grande Caisse N° 4» de l'envoi du 9 mai 1796. CDM eût bien volontiers accompagné ses collections comme l'apprend la lettre qu'il envoie de Madras le 20 juillet 1796 à Théodore Abram et que celui-ci recevra Ie 12 mai de l'année suivante. Elle précise notamment qu'une partie des curiosités est destinée au «Cabinet de la ville» et que les quatre caisses, chargées sur un vaisseau américain pour Hambourg, contiennent en plus des pièces appartenant à Choppin et à Meuron du Rochat (P - dos.43.I; dos.44.II). Est-ce son âge qui le fascine? Après son retour définitif à Neuchâtel, CDM souscrira une somme de Fr 16.- pour les fouilles d'Augst (voir.le chapitre Vu"). Peut-être les trois pièces antiques de la liste de Louis Coulon de 1834 (L) (2 lampes et 1 lacrymoire) de même que le boulet de Ia bataille de Grandson viennent-elles de lui (voir le chapitre XIFJ). IX - UNE MALLE AUX INDES 139 Malheureusement des obstacles retardaient son départ selon ses lettres des 20 août et 1er septembre 1796 à Théodore Abram (P -. dos.30). Dans l'intervalle, toutes les occasions sont mises à profit pour enrichir son fonds. L'isue de la démarche de Pierre Frédéric auprès de CDM, le 28 juin 1796 de Pondamallée, n'est pas connu: J'ai reçu uneLeltredeBumand il avoit desja vendu Son beauSaphirBleu au General [James] Stuart 250 Pagodes il enest fâché moi aussi il m'offre SaCollection de Coquillage cest laplus compiette quii yeut aCeylon, il ny a aucun Coquillage étranger. Jelui marquedeme l'envoyer. (P - dos.50.I). Cette proposition est d'autant plus étrange qu'il la lui renouvelle, presque dans les mêmes termes, le 3 octobre suivant: Je reçois cematin uneLettre demon Ami Bumand deCeylon, avec Les Incluses qu'il me recommande beaucoup et que Jevous prie démettre Sous Couvert de Messieurs Meyrik. Bumand à l'espoir de trouver un Saphir Bleu, il moffrc SaCollection de Coquillage qui est bonne et Considerable. H est aLaquette dune belle mâchoire de Raymann /ou Crocodile/ et de quelques Dents. Voulez vous que Jelui dise dem'envoyer Sa collection. Je compte lui écrire ceae Semaine..

. Toutes ces tentatives ne furent en ' rien couronnées de succès puisque, le 14 février 1800, Jean Jacques Bolle informait CDM des malheurs qui avaient affecté Voir le chapitre K; lettres de CDM et de ses correspondants des 22 juin (V), 16 juillet (V), 26 juillet (P - dos.38.n), 18 août (P - dos.47.II), 21 août (P - dos.52.II) et 4 octobre 1798 (V). , 146 LE MÛRIER ET L tPÊE son quartier-maître. Non seulement sa femme était décédée8 mais encore il avait éprouvé des pertes regrettables: M. Boyer à été volé 2. fois de l'armée à Madras, d'où ces effects qui étaient Sous la garde de Domestiques ont aussi été enlevé de même qu'une Dizaines de petites Caisses que M.™ avait remplies d'insectes pour vous envoïer, perte qu'il regrette infiniment, vous assurant d'un vif Sc Sincère attachement pour votre Chère personne.» (P - dos.33). CDM répercutera, en l'interprétant, cette mauvaise nouvelle au baron de Haagen dans une lettre du 1CT février 1802, tout en révélant qu'il résistait à ces contrecoups, puisque, point découragé, ni guéri, il avait, écrit-il, investi d'autres inconnus encore de la même mission: malheureusement M* le Cap.' de Boyer de mon Regiment que j'en avais etiargé, et qui y avait travaillé avec autant de zèle que de goût & d'intelligence, a trouvé, au retour d'une Campagne Son épouse morte & La Collection d'Insectes qu'il avait déjà faite, entièrement dégradée; il vient de me l'annoncer. Ses Chagrins ne Lui permettent plus de recommencer, de sorte que {je} je suis pour le présent dans l'impossibilité de satisfaire le désir que j'ai de Vous être utile et que je me vois douloureusement privé du plaisir que j'espérai Vous faire. J'ai donné de nouveaux ordres et je me flatte que dans quelque terns les personnes que j'en ai chargé à Ceylan & au Cap de bonne Espérance me mettront dans le Cas d'augmenter Votre jolie Collection. (P - dos.45). Quittant Londres au début du mois de septembre 1799 pour Berlin (MEURON 1982: 235), CDM se rend à Copenhague, puis passe par Ia Hollande et par Hambourg d'où il informe son neveu, Ja[c]ques Louis DuPasquier, Ie 22 septembre 1799, de i'envoi de «4 Grandes Caisses dont deux Contenant des machines de Phisique Sec. Je te prie de les faire mettre Sans les ouvrir en lieu de Sûreté & qu'elles Soyent ménagées.». Le 3 décembre, il est l'hôte de la Gesellschaft Natur- forschender Freunde9. Le 13 décembre 1799, le capitaine Jean Jacques Bolle, qui expédie fidèlement une missive tous les vendredis pour l'entretenir des affaires de son bureau de Londres, lui marque l'arrivée, par l'entremise du marquis Charles Joseph de Beaupoil Saint Aulaire10, d'«un Canot avec une famille sauvage qui est une parfaite imitation de leur manière de Se transporter» (P - dos.33), cadeau de Mme Ve Jeanne Elisabeth Gugy, née Teissier, dont l'époux était «mort d'apoplexie en Canada peu de temps après Son arrivée» (P - dos.45), maquette qu'il mettra deux mois à récupérer, les glaces interrompant toute communication. Il avait épousé au début de 1795 la «Veuve Rebory», femme du chirurgien en second mort à Colombo en 1794, selon une lettre de Pierre Frédéric du 20 février 1795 (P - dos.49). 9 Selon le «Tagebuch VI», p. 47 (lettre de M™ Hannelore Landsberg du 16 octobre 1994). Dans une lettre du Ie* novembre 1798, il écrivait à CDM: «J'ai Eté Voir En passant Mad. de Gugy qui, ainsi que la famille nous ont Comblé d'honêtetés.» (P - dos.32.II). X - COLLECTION PASSION 147 Une lettre de M"* Gugy datée de «Machiche [Yamachiche] ce 10. Juillet 1799» et adressée à CDM l'en avait prévenu et fournissait des ,précisions très importantes: nous manquons de Société dans cette paroisse, mais Come, nous Sommes près du chemin de quebec, et Montreal cela nous procure Souvent des visiles de voyageurs, nous sommes aussy à 6. Lieues de La ville des trois Rivières, ce que l'on Compte pour rien icy [...] adieu mon cher, et ancien amy, nous vous Envoyons, ce qu'on apele icy, une Canotée de petits Sauvages, travaillés Sur de L'écorce de Boulau et habillés dans Leurs Costumes, vous aurés une idée des ouvrages de ce pays, plusieurs jeunes personnes, s'entretiennent avec cette petite ressource; (P - dos.40.0. C'est le don reçu à Neuchâtel le 24 mars 1802 et signalé par le bibliolhécaire le 9 juillet 1802 (B) [MEN IV.A.30 et ex-IV.C.243]. Dans l'intervalle, l'ancien aide de camp de CDM en Inde, le chevalier Charles Moreau de Beauregard" alors à Ceylan - et chargé d'une mission scientifique pour Berlin mais qui collectait sans doute aussi pour le général - avait l'occasion de participer à une ambassade à la cour du roi de Kandy, ce qui était très prometteur, comme il l'écrivait le 9 mars 1800 de Colombo à Pierre Frédéric: Je disais tout à l'heure à mon retour de Candie. Je suis effectivement au moment d'y aller. Le G.1 [Major général Hay] MacDowall y est envoyé comme ambassadeur [...] pour moi. J'y vais comme Badaut, gobe mouche, chasseur d'insectes, &.* - J'espère à mon retour pouvoir vous donner, Mon Général, quelques détails intéressants Sur ce Pays, que nous verrons à cequedit Le Public, avec moins de Gêne queles Européens ne l'ont vu Jusqu'ici. Mon intention est de faire un Journal exact de ce que je verrai, de prendre des vues du Pays, et dans mes moments de Loisir au Reg.' Je pourrai m'occuper de mériter un Jour une escabeile aux pieds du Tasse ou de L'auteur du charmant voyage dont vous me parlez. Quant à La premiere partie de mon voyage, elle n'aurait pu m'inspirer que quelque Langoureuse complainte Sur ma Séparation de mes malles, demes paperasses et de mon crocodtlle enBouteille,» (V). En vérité, Moreau se rend bien compte que les occasions d'obtenir des objets sont minimes, mais du moins ses récits, tel celui qu'il envoie de «Ganorouvé près Candie. 8. avril 1800» et qui porte tant sur ses faits et gestes que sur les paysages ou les coutumes des «Candiens», peuvent compenser en partie cette absence de récoltés: Au reste Cette partie duRoy.' de Candie que nous avons traversée est bien le plus charmant Pays qu'on puisse voir II n'offre pas ces Points devue Si grands, Sî imposants de la Suisse ou de L'Italie, Charles Moreau de Beauregard, naturalisé Suisse après avoir fonctionné à l'ambassade de France à Soleure, devint aide de camp de CDM; ÌI se noya en juin 1800 au voisinage de Colombo, alors qu'il se rendait de Ceylan à Madras, d'après des correspondances des 1° mars 1799 (P - dos.45), 14 février (P - dos.33), 8 septembre (P - dos.45) et 9 octobre 1800 (P - dos.50.1). Seules trois lettres de lui à Pierre Frédéric semblent avoir subsisté; Gabus, lorsqu'il en cite quelques extraits (1967: I: 22-4), confond leur destinataire avec CDM. 148 LE MÛRIER ET L'ÉPÊE il n'y a point cette extrême variété, et ces Contrastes piquants d'une Nature Sublime et de Belles horreurs, avec des Sites agréables, et des Vallons ou plaines cultivées; [...] Combien de Sites J'ai remarqués ou il ne manque qu'une petite Maison et une demi douzaine d'Individus de notre Caste pour en faire un Lieu de délices: le Coteau p.' la Maison, au bas une belle riviere, derrière, un Bois, et quel bois... dans Le bois des rochers, entre ces rochers un filet d'eau digne par sa limpidité de Couler dans le Val Travers, et pour horizon un amphithéâtre de Colincs boisées, qui Servent de gradins à une chaîne de hautes montagnes.- Ce qui prouve quel'homme a besoin delà Société de Ses Semblables, quelque inconvénient qu'il yrencontre Souvent, c'est qu'en contemplant Ces vallées Si riantes, ces points de vue Si Romantiques, à peine Se Sent on laplus légère envie d'y habiter, ce n'est qu'un magnifique Désert, et qui aurait bientôt tous les désagrémens d'une Prison. J'ai pris quelques vues lelong de La route, [...] J'augmenterai ma Collection en y Joignant des Costumes; Ce Sera Août/ ce que Je rapporterai de mon voyage, et Je crains fort que mes Illustres Confreres delà Société deBerlin n'en retirentpeu de morceaux p.' leur Museum,- (...) au milieu duJour La chaleur est insupportable, de Sorte que LorsqueLa marche est finie. Le déjeuner la Sieste, le tiff ire [?], leJoumal et le diner employent toute la Journée, et adieu la mineralogie, ou ta chasse aux Insectes. L'ami Jouville qui est Interprete de L'ambassade, et dans la Politique Jusqu'au Cou avec L'Adigar & Co. n'a pas encore pris un papillon, ni cassé gros comme le pouce de pierres quelconques, mais Comme il a le projet, Si c'est possible, de Séjourner quelques mois dans cePays, il Sera à même deréparer letems perdu p/ L'histoire naturelle.- [...J Ondit que La premiere audience del'Ambassad' aura lieu dans trois Jouis, et de nuit Suivant l'usage, qu'après cela, il y en aura d'autres de Jour; Je ferai, des détails qu'elles me fourniront, le Sujet d'une autre Lettre dont le seul mérite Sera l'exactitude; c'est toujours quelque chose. - Au reste la profonde ignorance de cette Nation, les préjugés nombreux et absurdes qui obstruent les facultés intellectuelles qu'ils ont sans doute reçues de la Nature, préjugés qui aveuglent les premieres comme les plus basses Castes, l'extrême méfiance qu'ils ont des Européens, et qui leur fait regarder nos questions les plus indifferentes Comme des pièges qu'on leur tend. Sont autant d'obstacles aux renseignemens qu'on pourrait désirer acquérir sur leurs mœurs, leur Gouvememen, leur Religion, et leurPàys. Nous n'avons pas rencontré d'Eléphants Sauvages, ni d'autres Animaux dangereux, - quelques serpens et des Gouannas de Sept pieds de long Sont les Seuls reptiles que nous ayons vus: mais nous avons étéattaqués par les Sang-Sues d'une maniere cruelle. (V). De même, lé rapport qu'il envoie de Colombo le 23 mai 1800: Nous avons quitté Candy àlafin du mois dernier, après avoir été Comblés de présents de S: M^. C'est la Seule manière dont nous ayons pu avoir quelques curiosités du Pays: Nous avons tenté tous les moyens possibles pour nous procurer en payant I-argement, Soit des ouvrages en cristal, ou en yvoire, Soit des Arcs et des flèches & nous n'avons pas réussi, Le Commerce avec les Etrangers étant interdit Sous peine de mort aux Sujets du Roy".- du reste nous avons fait un voyage très intéressant, nous avons fait une carte exacte de Laroute, pris les bearings des Montagnes, et des points lesplus remarquables, ce qui Servira à rectifier les nombreuses erreurs des Cartes faites Jusqu'ici parles Hollandais: mais malheureusement Ce n'est qu'une très petite partie deL'interieurdeL'Isle.- (V). X - COLLECTION PASSION 149 La malchance est, hélas! de la partie et une lettre de Pierre Frédéric du 9 octobre 1800 apprend à CDM que Mòreau a péri corps et biens lors d'un naufrage, à Colombo, en juin 1800, alors qu'il se rendait à Madras: Vous serez bien affligé de la Mort de Moreau qui a dû être bien Cruelle. Je vous ai annoncé qu'à la demande de Monsieur North, il etoit allé à Ceylon. Il étoît persuadé que c'etoit pour lui faire un Sort, mais arrivé à Ceylon il fut détrompé, c'etoit pour lui faire des Politesses Seulement, et lui parler de quelques anciennes Connoissances - il eut une lueur d'espérance, ayant eu la permission d'accompagner l'Ambassade à Candie, qui ne lui produisit que l'occasion de faire de très Jolies Nottes qu'il vous destinoit ainsi que plusieurs desseins, rien N'existe. - Il s'embarqua à Colombo avec le Lieutenant Porter du IT Regiment le 10 Juin sur un Bâtiment maté; le 15 l'on eut le rapport que cette Embarcation avoit peri en-mer devant Calpetty, que quatre lascars S'etoient sauvés sur un petit Balan. [...] Je regrette Moreau qui etoit dune agréable Société: la perte de ses Papiers est fâcheuse. Je vois par ses lettres qu'il avoit un bon Jugement. Ses Bijoux tout est perdu (P - dos.50.I). CDM est ainsi obligé de décevoir ses collègues de la Société des scrutateurs de la nature à Berlin auxquels il avait sans doute fait miroiter quelque enrichissement sensationnel. Il s'en excusera le 14 août 1801 par la plume de son nouveau secré- taire, M. Bigot12: Flatté de l'honneur que m'a fait la Société royale des Scrutateurs de la Nature de me recevoir parmi Ses Menbres, il m'était bien doux de penser que Si mes infirmités m'empêchent de me livrer à mon goût en Coopérant à Ses utiles Travaux, je le fesais au moins indirectement En Conséquence, Monsieur, Vous Vous rapellerez que j'avais porté M* Moreau Officier dans mon Régiment à faire une Collection Compiette & raisonnée de tous les objets de l'Inde qui pourraient intéresser la Société. Mon frère l'avait pour cet effet nommé de l'Ambassade que la Cour envoyait au Roi de Candie; il avait eu occasion de visiter tout l'intérieur de l'Isle de Ceylan; il avait travaillé avec tout le succès que me promettaient Ses Lumières, Son zèle & Son amour pour la Suisse. Jugez de ma douleur en apprenant qu'il a fait Naufrage &. que tous les objets de Ses Travaux ont péri avec Lui. Cette perte m'est doublement douloureuse, puisqu'on m'enlevant un homme que j'aimais que j'estimais infiniment elle m'ôte le doux espoir de faire part de Ses découvertes à la Société. J'ai chargé de la même Commission un autre de mes officiers, Puisse t'il s'en acquitter aussi bien que Son Prédécesseur et être plus heureux ! J'ai' crû devoir Vous faire part de ce triste accident Vous priant de Communiquer mes regrets à la Société. (P - dos.45). L'autre officier non nommé qui reprend le flambeau est Laurent Boyer, quartier- maître au premier bataillon, avec l'insuccès qui vient d'être signalé. CDM a rencontré P. Bigot de Morogues à Berlin dans les premiers mois de 1800. Connu de Jearmeret de Beaufort, ce Français venu du Canada est un polyglotte sensible à la musique (clavecin), qui restera au service de CDM jusqu'en 1804. Il est absent de fin novembre 1800 à mi-mars 1801, chargé de commission à Berlin où il se trouve en janvier (P - dos 32.ni). Il accompagne CDM, ainsi que Samuel Monvert, châtelain du Val-de-Travers, et un domestique aux bains de Loècne du 21 juillet au 2 septembre 1801. Francois de Diesbach, qui l'a vu plusieurs fois chez CDM, le'désigne, en date du 12 octobre 1803, comme «Prussien, aide-de-camp du comte Meuron» (Pury 1919: 107). Les raisons de son départ semblent liées à une mésentente et à un sous-emploi de ses compétences 0? - dos.45). 150 LE MURIER ET L'ÉPÉE Vers la fin de son long séjour à Berlin où il est arrivé à la fin d'octobre précédent, CDM avait annoncé, le 18 juin 1800, à Jafcjques Louis DuPasquier: Tarlimene avec moy un M". Bigot de la Colonie que je m'afache come Secretaire, c'est une honnête creature, possédant l'anglois, l'Italien, le Russe ou il à Elevé les Princes de Courlande [Pologne], il est plain de talaris utils & agréables, tes Enfans S'en trouveront bien a ce que j'espère, il est icy generalem'. bien famé. (V). CDM prends les eaux à «Töpplitz [Teplicel en Bohême», à «Wilhelms Baad» près de Hanau, et précise de là, le 7 août 1800, ses intentions concernant son «adjudant» M. Bigot: J'aurais de quoy l'occuper [«le jeune Reymond»]11, de même que M. Bigot, lequel Je tacherais de faire agréer a la Ville corne Professeur de Chimie & Phisique corne elle S'y est Engagée, il Sera très Capable, il ne lui manque que de l'Exercice d'ailleurs il pourra t'aider pour l'Education de tes Enfans. Surtout dans les langues Allemandes & Angloises qu'il Entend parfaitem.' (V). Dans son projet de chaire de chimie et physique, pourtant condition de la donation de sa collection, CDM ne rencontrera pas Ie succès attendu auprès des autorités14, au contraire de son initiative pour le Cabinet où il fait des émules. A considérer la liste des premiers donateurs, les mêmes noms se retrouvent dans sa correspondance, ce qui n'est sans doute pas un hasard. Après son retour définitif à Neuchâtel le 15 août 1800, CDM enrichira encore le fonds à quelques reprises, de sa part ou de celle de son frère, qui y contribuera aussi directement. Le 7 novembre 1800 est portée une entrée de «plusieurs objets pour Ie Cabinet d'histoire naturelle» (B) sans le moindre détail, laconisme d'autant plus regrettable qu'il est justement à interpréter comme le don d'un ensemble assez considérable, aussi bien dans le domaine des «naturalia» que des «artificialia». Le 15 mai 1801, CDM remet «une grande caisse de coquillages des Indes de la part de M. le Brigadier Général», c'est-à-dire son frère Pierre Frédéric, don signalé le 3 juillet 1801 (B) - elle pourrait bien être la «petite caisse N0 2» partie de Madras Daniel Henri Reymond (1777-1848), deSaint-Sulpice, fils de Abraham Henri, qui fut son secrétaire dès juillet 1800, puis administra la fortune du comte de Pourtaiès avant de se lancer dans le notariat et les affaires (Quartier-la-Tente 1893: UJ: 641-2). Il tient particulièrement à cet enseignement, souhaité lors de la donation du Cabinet, ainsi que Ie soulignent ses lettres du 7 août 1800 (V), 12 janvier 1802 (P - dos.45). Celle du 20 mai 1783 à son frère Pierre Frédéric (P - dos.25.II) montre que cet intérêt pour la cliimie se manifestait déjà au Cap et une autre au baron de Reck du 1° février 1802 que, même anecdotiquement, il se prolongera (P -dos.45). Son vceu ne se réalisera que dans le cadre de la première Académie avec les cours de Henri Ladame dès juin 1844, puis la création de la chaire de chimie de Frédéric Sacc, Ie 8 septembre 1845 (Histoire de l'Université de Neuchâtel 1988: 238). X ¦ COLLECTION PASSION 151 le 9 mai 179615 -, puis, après le 6 novembre 1801, un «H arie male»16, don signalé le 26 février 1802 (B). Le 27 août 1801, Denis François Scipion Jeanneret de Beaufort (1745-1819), gouverneur de l'Académie militaire et correspondant de CDM à Berlin, note une dépense de port pour une lettre à la Société des scrutateurs (P - dos.28.II), probablement celle qui, le 14 août, annonçait la mort de Moreau de Beauregard (P - dos.45) et révélait que CDM était toujours à l'affût d'enrichir ses collections. Le 17 octobre, il renonce toutefois à acquérir la collection de M. Jean Chrétien Geming à Francfort (P - dos.45), avec lequel il devait être en contact depuis plusieurs années. Le 9 juillet 1802, le Bibliothécaire annonce que le Cabinet a reçu le 24 mars 1802 «un modele de canot des sauvages du Canada, fait de la même écorce qu'on emploie pour les grands Canots, & accompagné de figures en bois, représentant leurs vêtemens, leurs armes, &a.» (B) [MEN IV.A.30; berceau MEN ex-lV.C.243]. Le procès-verbal indique comme donateur «m/ le Général Meuron», tandis que Louis Coulon écrit de son côté dans sa chronologie «M/ le Général Major de Meuron», titre auquel Pierre Frédéric a été promu le 1er janvier 1798 (MEURON 1982: 320). L'ambiguïté pouvant subsister sur la personne est annulée par la correspondance qui a révélé que cette «Canotée» avait été envoyée à CDM du Canada par la Ve Gugy le 10 juillet 1799 (P - dos.40.I). Indubitablement, les deux dons suivants ne sont pas de CDM mais de son frère Pierre Frédéric17 qui, rentré au pays, s'installera le 3 juin 1802 à Cottendart: en septembre 1802, «trois oeufs de crocodile & quelques morceaux de mine de plomb d'Angleterre.», don annoncé le 5 novembre 1802 (B), et, le 15 décembre 1802, «une paire de lunettes de cristal, taillée et montée à Ceylan.»18, don annoncé le 18 février suivant (B). En se fondant sur la lettre de CDM du 29 janvier 178619, il n'est pas impossible qu'une partie du don consigné par le Bibliothécaire en date du 8 juin et annoncé Ie 6 juillet 1804: «l'hoirie de feu M/ le Chevalier de Marval a fait remettre Le 26 septembre 1801, Théodore Abram marque dans ses débours pour CDM: «Payé a Ch. L." DuBois, Par J. L. Bovet (...1 Une autre Caisse Contenant Sa Porcelaine & Coquillage 1...]» (P - dos.28.1), qui semble à distinguer. Il complétait la donation puisque l'Inventaire (M) liste déjà (p. 123) sous la cote «G 481» un «harle femelle, Grand destructeur de Poissons.» «Libéré de ses fonctions à Ceylan en février 1799, Pierre-Frédéric de Meuron quitte les Indes en 1801, fait un court séjour à Londres, puis rentre au pays pour rétablir sa santé fortement altérée par des fièvres et des maux de tête. H séjourne principalement à Cotiendan, l'ancienne propriété de I^ord Wemyss, au-dessus de Colombier. A Neuchâtel il habitait Grand'Rue N° A; c'est là qu'il mourut le 30 mars 1813, âgé de soixante-sept ans.» (Meuron 1982: 115). Pierre Frédéric, qui était myope, avait reçu «en cadeau du premier ministre, Ie grand adigar Pillemy Thellaw à Citawaha en janvier 1798» ces besicles en «cristal taillées et montées à Candie [Kandy]», selon le carton explicatif, de sa main et signé par lui, qui les accompagne. Voir le chapitre IV. 152 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE une grande feuille de Tulipier de l'Inde, avec un arc, 5 flèches empoisonnées & un casse-tête en bois de fer.» (B) ait eu un cadeau de CDM pour origine. La dernière mention à propos de CDM avant sa mort, selon le procès-verbal de la Bibliothèque du 9 novembre 1804 (B), concerne l'«échange» en 1804/05 de deux tableaux de pierres fines20 contre le «petit carton d'agathes» que Théodore Abram avait fourni par erreur lors de la remise du Cabinet en automne 1795: M/ le Comte de Meuron a fait représenter qu'il S'étoit commis une erreurdans la remise des objets qui composent la Collection d'histoire naturelle dont il a fait présent à la ville; M/ Son frere [Théodore Abram] ayant livre par mégaixle, un peut carton d'agathes qui ne devoit pas en faire partie. En échange de ce carton. M/ de Meuron offre de remettre deux Tableaux de pierres fines, rangées dans un ordre Systématique: Sur quoi délibéré, il a été dit, que la Commission ne voulant point profiter d'une erreur, charge le Bibliothécaire de remettre le Carton en question, comme une restitution & non point comme un troc. (B). CDM avait conservé par devers lui quelques souvenirs, malgré de nombreux cadeaux, notamment à Berlin mais aussi à divers membres de sa famille et en dépit du glissement de sa passion de collectionneur en intérêt pour les fleurs, dont il fait état à Jaldques Louis DuPasquier dans une lettre de Londres du 26 mars 1799: Je Suis bien aise d'apprendre que les graines aient levé, cela me donne l'espérance que la réserve que vous avés fait réussiraSi on a Soin de donner & conserver un degré de chaleur Suffisant aux haricots quarrés & Sans fil les plus précieux des 4, les autres peuvent après être levés rester plus exposés à l'air, mais garranti des gellées, même des vents du nord, les arbustes doivent être très abrités, surtout ceux des Indes jusqu'à ce qu'ils Soient naturalisés. Corne tu connnais ma passion pour les fleurs la seule à laqu'elle je me laisserai entraîner désormais, m'engage à te prier d'en multiplier toutes les plus belles espèces, & le plus de variétés possibles, renoncules, anémones, tulipes oreilles d'ours. A tu multiplié les roses par la Greffe J'en avais de plus/ coul." Sur le même rosier, ont-elles réussi? j'aurais désiré d'en greffer des jaunes & des blanches Sur du houx ce qui donne diverses Couleurs vertes multiplie les Crocus de toutes couleurs en groupe contre les murailles. (P - dos.45). Après sa visite21 Ie mercredi 9 septembre 1801 à CDM à la Rochette du Faubourg (ou Petite Rochette), François de Diesbach remarquait ainsi dans son Journal: Dans sa petite chambre à manger, il y a de belles gravures; nous y dînâmes gaiement [...]. 0 L'opération sera effective le 22 février 1805 mais ils ne semblent pas avoir subsisté, alors que deux autres tableaux sont restés dans la famille. Il n'est pas possible de savoir lesquels avait découverts François de Diesbach à la Petite Rochette le vendredi 7 octobre 1803: «Je revis avec plaisir, dans la chambre à coucher du général, les deux tableaux de [Félix-Marie] Diogg, et pour la première fois, son portrait peint à Londres par le fameux Josuah Reynolds [1723-17921; j'y remarquai aussi une collection de toutes les pierres précieuses en deux tableaux, et un petit portrait d'un vieux duc de Bourgogne, à ce que je crois.» (Pury 1918: 212). La citation telle qu'elle est rapportée par Guy de Meuron (1982: 240) pourrait laisser croire qu'elle a eu lieu à la Grande Rochette. X ¦ COLLECTION PASSION 153 Son salon est magnifique; il y avoit sur la cheminée des bracelets et grelots en argent massif des Indiens, par curiosité. (Pury 1917:63}. ' "' " *; ' '"' " "*•-*; Ces bijoux font penser aux achats consignés par Choppin au début de Tannée 1797 (P - dos.30)22. Selon ce que Théodore Abram écrit le 7 février 1797 à Pierre Frédéric, «nombres de Personnes avoient formés [un projet] pour lui faire acheter a Son arrivée l'hotel DuPeyrou, en flattant Son amour propre qu'il ny avoit que lui dans le Pais a qui cette aquisition pu convenir & qui put le faire par Son grade & par Sa fortune &C: Il est vrai quelle ne Serait pas chère en comparaison de ce quelle avoit coûté puîsquon pouvoit lacheter pour £ 170. M/» (P - dos.53.II). Le 29 novembre 1800, CDM acquit toutefois la Grande Röchelte de Jean Henri de Chaillet d'Amex (1735-1807), allié Bosset (P - dos.29.1I). En raison des importantes transformations effectuées - dont François de Diesbach rendra compte entre 1801 et 1803 (Pury 1917: 230; 1918: 165-6; 1919: 107-8) -, il ne s'y installera vraiment qu'en 1805, une année avant son décès. Surmontées d'un grand vase chinois avec couvercle, deux armoires d'angle à vitrine (COURVOISIER 1955: 410; 413, fig. 401; Quartier-la-Tente 1898: II: 584 ill.), peintes d'un décor de coquillages, occupent toujours, au premier étage de la Grande Rochette et du côté sud, les angles du vestibule qui précède le grand salon tendu de rouge. Remaniées et sans doute privées de divers spécimens mais heureu- sement préservées depuis des dizaines d'années, elles renferment non seulement des «curieux» que CDM devait avoir continué à collectionner mais encore des objets qui avaient fait partie du Cabinet à Saint-Sulpice; très peu portent une cote et les «artifi- cialia» ne représentent que la plus petite partie. En revanche, le «petit carton d'agathes» et plus encore l'«arc» signalés par Guy de Meuron (MEURON et Centlivres 1965: 14) font défaut. L'analyse de l'ensemble est délicate, l'arrange- ment ayant été modifié et plusieurs objets étant d'introduction récente (visite des 4 et 10 juillet 1995). La corniche de la vitrine est supporte deux machelières d'éléphant, un bloc de cristal et une pétrification. Les cinq rayons de bois peint accueillent surtout des minéraux, concrétions, fossiles, cristaux, métaux, des fragments de mosaïque romaine, des végétaux, graines, noix de coco, pomme de pin, des oiseaux empaillés, des figurines et objets variés. Quelques échantillons portent des étiquettes collées, plusieurs avec des cotes qui ne peuvent être rattachées à aucune systématique: «mine verte des osages», pyrite (?) «R 141.», «U 118. Mine de plomb / deSibérie», disque lenticulaire avec anneau «D 32». Sur le troisième rayon depuis le bas figure un spécimen étiqueté s'intégrant dans une série du Tome I de l'Inventaire (M): «DD 4 // Poire à poudre de / l'Empereur deCandie». A cet objet indubitable il serait tentant d'ajouter un fragment de tapa blanc dépourvu de toute marque et une relique, petit morceau de bois marqué à la plume: «sang d'invalide / Bois de / la Bastille 7^ Voir le chapitre IX. 154 LE MÛRIER ET L1EPEE 11789», éventuellement ajoutée à la collection par CDM après 1795, tandis que le lien d'aucun autre avec quelque collectionneur que ce soit ne peut être assuré. Le soubassement, fermé par une porte et pourvu de deux rayons, abrite, outre des productions des trois règnes, une série de 60 jetons, copies de médailles romaines et divers objets manufacturés, dont seule la pointe en papier d'un «PareSfol] / Chino[is]. N° [82]?» correspond probablement à l'une des entrées du Tome II de l'Inventaire (M): «[X] 13. 5. Parapluies chinois». La corniche de la vitrine ouest supporte trois machelières d'éléphant, une noix des Seychelles et un fragment minéralogique. Les cinq rayons, de même que le sou- bassement, sont principalement occupés par des coquillages et autres productions marines, des fossiles et des minéraux, dont quelques rares spécimens peuvent être rapportés sans conteste à des entrées du Tome II de l'Inventaire (M): «b 2. Oreille de mer / delà Chine», l'une des deux qui y sont listées et une coquille «b 4», qui correspond à l'une des «6. Idem [Oreilles de mer, del'Inde] à 7 trous». Sur Ie dernier rayon figure un objet étiqueté «Oeuf d'autruche // NV 1», l'un des 6 enre- gistrés (page 144) dans ce même Tome. Après la mort de CDM, d'autres dons de tiers-viendront compléter Ie fonds public, dons qu'il convient de ne pas passer sous silence dans la mesure où ils appartiennent à l'épopée du régiment. Ce sont notamment, en décembre 1812, celui, annoncé le 26 février 1813 (B), de M. Jean Jacques Gaechter-Meuron23, ancien capitaine au service d'Angleterre, «d'un paquet de 22 bandes de feuilles de palmier, formant un cahier manuscrit en langue Malabare.» [MEN II.A.278] (KaEHR 1996a) et celui (L) - plus tardif - en mai 1841 du L1 C1 F° Matthey24, autre officier du régiment, qui concerne le Canada (57 pièces, dont beaucoup de flèches)25. L'essentiel des collections de la Ville a longtemps été représenté par le Cabinet même de CDM. L'ensemble n'eût-il été que d'une richesse relative - et non monnayable, malgré la commercialisation existante - qu'il eût déjà représenté un don très généreux à côté duquel les apports ultérieurs font piètre figure. Il y a lieu de rappeler que dans la brèche ouverte par l'initiative du 22 août 1796 (B), la toute première entrée recensée le 21 février 1800 avait été celle de M. Meuron de Corcelles, c'est-à-dire Pierre Henri, cousin de CDM, un don qui concernait la minéralogie (B). Lui succéderont une sculpture, un appareil orthopédique, des médailles, des coquillages, des animaux, des œufs, des pétrifications et fossiles, des végétaux, des embryons et formes tératologiques, un modèle de frégate, une gravure, etc. et fort peu d'objets manufacturés exotiques. Jean-Jacques Gaechter, né le 17 août 1770 à Rorschach, entré notamment au service d'Angleterre au régiment Meuron de 1796 à 1812, décédé le 17 mai 1849 à Yverdon. H avait épousé le 26 février 1806 à Colombo Louise Charlotte de Meuron, fille de Henri David de Meuron Métiers, petite-cousine de CDM {F - dos.D; MEURON 1982: 308; 290). (Jacques) Frédéric Matthey-CIonais), né le 27 septembre 1777 à Neuchâtel, entré le 24.septembre 1797 au Régiment, capitaine le 25 avril 1808, resté de 1816 à 1824 au Canada, dès 1827 lieutenant- colonel, dirigeant la milice de Neuchâtel, décédé le 7 juillet 1850 à Yverdon (BOVAY 1976: 34; 37; 180). 25 Quelques-uns de ces objets sont présentés depuis 1999 dans l'évocation du Cabinet au MEN. XI L'OUVERTURE AU PUBLIC ö ITUÉ au premier étage de la Maison de Charité (appelée plus tard Maison des Orphelins), le Cabinet est accessible au public sans discrimination et gratuitement dès l'automne 17981. Cette première installation allait durer une quarantaine d'années. Le 7 novembre 1800 toutefois, l'ouverture à jour fixe est abandonnée; le Bibliothécaire se contentera de répondre à la demande. A lire François de Diesbach (PURY 1918: 215), ce rôle pouvait incomber à l'huissier, voire à sa femme, comme cela sera aussi le cas par la suite. En dépit du fait que les locaux ne sont pas contigus (ce qui ressort du procès-verbal du 26 février 1802 où il est dit que les commissaires «se sont transportés»), le système a fonctionné jusqu'à fin 1813. Le Règlement adopté le 25 février 1814 lors de la succession de Henri de Meuron laisse entrevoir, par la précision des articles, que la gestion du Cabinet laissait peut-être à désirer. Y avait-il eu des négligences et des abus pour que soit restreinte la manipulation des objets, rendu conditionnel leur emprunt et spécifiés les nettoyages nécessaires? Ces instructions seront également confirmées le 2 novembre 1814 pour l'huissier. L'ouverture pose quelques problèmes au successeur, Ie ministre Penneveyre qui travaillait chez lui, et il demande le 2 novembre 1814 à être déchargé de la responsa- bilité du Cabinet, ne pouvant sans scrupule «en confier la clé». Le règlement n'est toutefois pas modifié mais à l'assemblée du 9 juillet 1824 la fonction de l'huissier gagne en importance. Sous Louis Coulon, le système d'ouverture à jour fixe, 2 heures chaque semaine le jeudi2, est rétabli dès le 11 mars 1829. A cette époque se prépare un important déménagement. Les installations scolaires «étaient une grande pitié» (JEANNERET 1936: 84) et le 26 août 1816, le secrétaire Georges Frédéric Gaïlot (1782-1855), par une motion présentée au Conseil de Ville, proposa la construction d'un gymnase englobant la Bibliothèque et le Cabinet, pour lequel fut choisie «la place occupée par le Bassin» (Guyot 1978: 226). Tôt informé, David Guillaume Huguenin (1765-1841), maire de La Brévine, apporte un témoignage sur le sort qui attend le Cabinet dans la vingt-quatrième de ses Lettres d'un buveur d'eau, datée de «Neuchâtel, 17 octobre 1816.»: Sauf mention contraire, toutes les références et citations de ce chapitre sont tirées du registre des procès-verbaux (B) de la Bibliothèque, Aucun exemplaire de la Feuille d'Avis de Neuchâtel de cette période de l'armée n'a été conservé, ni au bureau du journal, ni à ta BPUN, ni aux AEN (Candaux 1979). «de dix heures â midi», précise Louis de Meuron ([1829]). 156 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Messieurs Meuron y [à Saint-Sulpîce] avoient réuni un joli cabinet d'histoire naturelle qui êtoit ouvert aux amateurs des coquillages et des minéraux, mais depuis quelques années, ils en ont fait hommage à la ville de Neuchâtel, on peut maintenant le voir dans une des salles de la maison de Charité, où il est déposé en attendant qu'on puisse le placer dans le Gymnase que cette ville se propose de bâtir et pour lequel on dit que les fonds sont assignés (Huguenin 1937: 172-3). Les choses traînèrent en vérité jusqu'en 1823. L'architecte soleurois Anton Frölicher (1790-après 1865) établi à Paris fut choisi et les travaux commencèrent dans la seconde moitié de 1825. Du côté de la Bibliothèque, le transfert est envisagé dès le 9 novembre 1827, avant la pose de la première pierre, le 21 mai 1828. En 1828, c'est au tour du Cabinet de s'y préparer lors des assemblées des 4 juillet et 7 novembre par la construction de meubles, probablement accompagnée de rema- niements. L'inauguration du bâtiment n'eut lieu que le lundi 17 août 1835 (Guyot 1978: 226-7; JEANNERET 1936: 81-102; COURVOISŒR 1955: 195), mais «les instal- lations de l'étage et des combles sont loin d'être achevées.» (Jeanneret 1936: 97; 101). En se référant à la décision consignée en date du 6 novembre 1835, peut-être un déplacement temporaire est-il intervenu concernant les objets ethnographiques, placés sous la responsabilité du bibliothécaire, M. César Henri Monvert (MEURON 1982: 294)? Quoi qu'il en soit, contrairement à ce qui est généralement affirmé (Dufour et Haenni 1985: 6, 9), la date de 1835 ne saurait être retenue pour l'inauguration des deux musées. La mise en place des objets d'histoire naturelle fut sans doute précipitée en vue de l'assemblée de la Société helvétique des Sciences naturelles du 24 juillet 1837, à l'occasion de laquelle Agassiz énonça pour la première fois sa fameuse «Théorie glaciaire» qui fit tant de bruit dans le monde scientifique. Un brouillon de remerciements autographe de Louis Coulon à un donateur covasson, M. Edouard Borei à Batavia, datable du 3 mars 1838, donne des préci- sions à la fois sur la chronologie et la topographie de l'installation: i Notre Musée est actuellement terminé et cette été [1837] nous avons eu une reunion de naturaliste qui ont fort admiré la salle ou était placé les oiseaux la seule qui fut alors rangé Ielle est complettement plaine et je serai /obligé/ d employer une partie de la suivante pour cette classe d animauxl [passage barré en croix] [...] Nous avons trois salles qui sont disposées a la suite les unes des autres elles ont chacune des galleries on Les monte par un escalier centrale dans la première salle sont les oiseaux, sur une table au milieu les coquilles et les papillons et sur la gallerìe les reptiles dans la 2* la suite des oiseaux les squelettes les poissons empailles sur des tables au milieu la suite des coquilles les crustacés oursins et insectes, sur la gallerìe les poissons dans les bocaux. Dans ta 3™ les quadrupèdes au milieu les fossiles et les suites géologiques et dans le haut les minéraux, nous avons en outre dans une autre salle un musée Ethnographique cad les productions humaines médailles armes instruments vêtements Je me rejouis de vous faire voir tout cela (S • dos.91). Officiellement, le Musée d'histoire naturelle, qui occupait, au palier supérieur, la partie occidentale du bâtiment et pour lequel un croquis de la main de Louis Coulon existe aux AEN, ne fut accessible qu'à partir de l'été (T - dos.179.3), selon XI • L 'OUVERTÜRE AU PUBUC 157 l'annonce parue dans les «Avis divers.» de la Feuille d'Avis de Neuchâtel N* 32 du 9 août 1838 et reprise le jeudi, suivant: 49. Les salles du Musée d'histoire naturelle, seront ouvertes au public deux fois par semaine, à dater du jeudi 23 Août; savoir le jeudi matin de 9 heures à midi, et dimanche après le sermon du matin, sauf les dimanches de communion. La Bibliothèque, fermée dès le 16 mars 1838, ne s'ouvrit, suivant la décision du 21 décembre 1838 annoncée aussi dans la Feuille d'Avis, que le 3 janvier 1839. Puisque le comité administratif, dans sa troisième séance, le mardi 26 février 1839, acceptait l'insertion d'un «article» -jamais paru- dans la Feuille d'Avis pour solliciter les dons en faveur du «Musée ethnographique» dont avaient été chargés MM. «Fritz DuBois et Zod[e]» et qui «va s'organisen> (T - dos.179.3), celui-ci ne dut accueillir le public que plus tardivement encore. Ensuite de la séparation d'avec la Bibliothèque et après la nouvelle répartition en 1834, il a donc existé momentanément une double administration, comme le sous- entend le premier rapport de la Société des Sciences naturelles de Neuchâtel où Louis A gassi z ajoute, non sans erreurs et imprécisions, «quelques notes sur l'état du Musée, d'après les renseignemens qui lui ont été communiqués par M. L. Coulon fils, qui en est le directeur»: M. Ie comte Ch. D. de Meuron, général au service d'Angleterre, fonde le Musée en 1790 avec des collections achetées dans les Indes et au Cap, consistant en mammifères, oiseaux, reptiles, poissons, un très-grand nombre de coquilles et beaucoup de zoophytes, sans parler d'une collection de curiosités ethnographiques qui ont été transférées au Cabinet de la Bibliothèque publique. (1835: 30). Cette existence de deux musées sous le même toit sera attestée par le récit un peu postérieur et très minutieux de la visite du roi de Prusse et prince de Neuchâtel, Frédéric-Guillaume rv en 1842, dû au pasteur Alphonse Guillebert (1842: 9). Les procès-verbaux ne fournissent aucun renseignement sur la fréquentation et les visiteurs, à part l'insistance à propos des «étrangers» reparaissant dans le règlement du Bibliothécaire du 25 février 1814 où il est spécifié qu'«Il y conduira les Etrangers qui demanderont à le voir», charge précisée le 2 novembre 1814 de «montrer ce Cabinet aux Etrangers qui demandent à le voir; bien entendu que ce soient des personnes faites pour cela» - par quoi il faut sans doute comprendre des gens de qualité. Faut-il croire néanmoins au succès lorsque, le 9 juillet 1824, l'huissier se plaint «qu'il perd beaucoup de tems à faire voir le Cabinet d'Histoire naturelle à la foule de curieux qui le demandent»? Si la visite est gratuite, un tronc des pauvres existe où verser quelque obole pour respecter la volonté de CDM. Mais les procès-verbaux sont lacunaires: il se peut que l'ouverture de la cassette ait été irrégulière ou bien qu'elle n'ait pas toujours été consignée. Ainsi, le tronc sera vidé la première fois le 13 février 1801 et livrera «2 louis», puis le 26 février 1802, où il contient «10 Ecus-neufs», le 6 juillet 1804, «4 Louis», enfin le 8 juillet 1808 «trois Ecus-neufs & demi». En dépit du règlement 158 LE MÛRIER ET L'ÊPÉE du 25 février 1814 précisant à l'article 8 «Le tronc des Pauvres se vuidera deux fois l'an.», la mention suivante n'apparaît que le 4 juillet 1817, avec une entrée de «42 fr* 15e de Neufchâtel», puis le 7 novembre 1828, «btz 146 3/U: sinon généreux, les curieux semblent avoir été assez nombreux. Au nouveau Gymnase, le relevé est oublié malgré le règlement de 1838. Quant aux témoignages des visiteurs, ils sont malheureusement fort rares3. Fin novembre ou début décembre 1799, le cabinet reçut la visite très intéressée du futur botaniste genevois Augustin Pyramus de Candolle (1778-1841), dont rend compte le récit de Ja[c]ques Louis DuPasquier à son oncle Théodore Abram Ie 2 décembre: M.' de Candolle arriva ici vendredy à mîdy, avec son fils Pirame; Us passèrent U journée de samedy avec nous, et repartirent hier dans la matinée pour diner en passant chez Ch. DuP[asquîer] où je les accompagnai. Le principal but de leur course à Neuchâtel était le désir du fils de voir le Cabinet d'histoire naturelle et l'herbier du Cap. Chaîllet Mais pour examiner cela en détail il aurait fallu y mettre plus de tems qu'ils ne s'en étaient accordé. Os l'ont bien senti, au moins le jeune, & peutétre reviendra-t- il passer ici quelques jours avant son départ pour Paris, où il compte retourner dans peu pour continuer ses études & ses travaux littéraires (P - dos.38.ID. Apparemment intéressée aux cabinets d'histoire naturelle en Suisse (1798: II: 85), Helen Maria Williams ne réserve que 28 lignes à Neuchâtel dans son Nouveau voyage en Suisse (1798: II: 101), sans signaler qu'il s'en trouve un. Parti de PontarUer huit heures plus tôt et arrivé le mardi V septembre 1812 (Guyot 1933:54) parmi les «Neufchâtelais», le Westphalien de Paris Georges-Bernard Depping consacre le reste de sa journée et une partie de celle du lendemain à une visite de la ville et à une promenade sur le lac. S'ir fait état de plusieurs curiosités; il ne parle pas du Cabinet (1813: 163-83). Shelley, Mary Godwin et Mary Jane Clairmont «ne passèrent qu'une journée à Neuchâtel, celle du 20 août [1814]» (Guyot 1933: 68) et ne se soucièrent pas plus du Cabinet que Lamartine en juin 1815 (Guyot 1933: 80). Il en va de même pour Louis Simond, auteur déjà d'un Voyage en Angleterre (1817), débarqué le mardi 17 juin 1817 en vue de préparer son Voyage en Suisse (1822) et pour l'archéologue Désiré Raoul- Rochette, venu pour deux jours le lundi 2 août 1819: tous deux se bornent à des indications sommaires (GUYOT 1933: 85-93). En' 1824, Chateaubriand demeure un mois et demi à Neuchâtel (Guyot 1933: 101) et Richard publie à Paris une description du canton de Neuchâtel, qui reparaît la même année (1824a: II: 1-25; 1824b: 359-83) et «reproduit des passages entiers» du Voyage en Suisse (1822) «de Simond (et d'Ebel aussi) avec une désinvolture presque désarmante» (Guyot 1933: 23, 102), mais l'un et l'autre négligent le Cabinet. Vers 1840, Richard récidive et édite un Manuel du voyageur en Suisse, très technique, qui, à Neuchâtel, signale la Bibliothèque mais ne dit pas un mot non plus sur son annexe. James Fenîmore Cooper reste un jour à Neuchâtel avec sa famille, Ie dimanche 20 juillet 1828 (Guyot 1933: 110-1), n'ayant que le temps d'apercevoir la ville. (GUYOT 1933: 108-111). Peu de traces ont subsisté du plus ou moins long séjour d'autres visiteurs: Pierre-Joseph Proudhon, de Pâques à novembre 1831, Alexandre Dumas, l'année suivante, Hans Christian Andersen, d'août à septembre 1833, Honoré de Balzac, du 25 septembre au V octobre 1833, Jules Michelet, le jeudi 12 juillet 1838, Adolphe-Laurent Joanne, en 1841 (GUYOT 1933). XI - L'OUVERTURE AU PUBLIC 159 François de Diesbach raconte de même sa visite du mercredi 12 octobre 1803: Nous arrivâmes à 11 heures et 1I1 à Neuchâtel, et ayant descendu chez le général, il nous reçut à merveille, ainsi que M™ du Hamel, qui se prépara d'abord à mener mes trois nièces voir les raretés de Neuchâtel; il fallut, avant de commencer, boire un coup de vin d'absynthe, avec du pain délicieux, pétri au lait. M™ du Hamel mena d'abord mes nièces à la Maison des Orphelins, pour nous faire voir le cabinet d'histoire naturelle, donné par le général Meuron à la ville; la femme de celui qui le montre et l'explique fit de son mieux, en l'absence de son mari. Nous vîmes une belle suite de médailles, coquillages placés méthodiquement dans des tiroirs étiquetés en dehors, beaucoup de marbres, minéraux, cristaux, pétrifications, plantes marines, coraux, calebasses, côtes de baleines, mâchoires d'éléphants, armes de différens pays, zèbres et léopards empaillés, ainsi que des oiseaux. (Pury 1918: 215-6). Mention très sommaire est faite du Cabinet (page 107) dans le manuscrit'' de la Description Topographique & Economique de Ja Mairie de Neuchâtel que Samuel baron de Chambrier a commencée vers 1806 et mise en circulation dès le «8e Juillet [1808]» avant de présenter ce mémoire en 1809 à la Société d'émulation patriotique. Un premier état avait paru en 1795 dans les Mémoires de la Société d'Emulation patriotique, Neuchâtel, mais la nouvelle version ne sera imprimée qu'en 1840. Le Cabinet fut présenté le 22 juillet 1819 au futur Frédéric-Guillaume IV, âgé de 24 ans, venu surprendre les Neuchâtelois5: «La matinée du jeudi fut employée à parcourir la ville et à visiter les principaux édifices publics qu'elle renferme, tels que l'Eglise Collégiale avec le singulier monument, formé par le groupe des figures de nos anciens princes, l'Hôtel de Ville, la Maison des Orphelins, le Cabinet d'Histoire naturelle, la Bibliothèque, etc.» (cité par Jelmini 1980: 59). A la même époque Friedrich Meisner, professeur d'histoire naturelle à Berne, effectue sa «course d'école» dans le canton de Neuchâtel. Il avait l'habitude d'entreprendre de petites excursions avec ses classes aux environs de Berne et, chaque été, un plus grand voyage de 8 à 14 jours, agrémenté d!observations natura- listes. Depuis longtemps, il était en contact avec les responsables de la Bibliothèque et du Cabinet, ayant proposé dans la seconde moitié de l'année 1810 un échange signalé le 9 novembre 1810 dont le résultat n'est pas connu; il avait renouvelé son ouverture dans la seconde moitié de l'année 1814, mais le 2 novembre 1814 il fut «décidé qu'on ne vendra aucun objet». Avec 3 compagnies de 6 enfants de 12 à 14 ans et 2 amis déjà grands, il se met en route un 24 juillet. La première étape les conduit de Berne à Aarberg et celle du lendemain à Cerlier en passant par Gerolfingen. Partis à 4 heures du matin, ils sont à 7 heures à Neuchâtel qu'ils visitent le 26 juillet, avant de continuer en fin d'après- La BPUN en possède l'original (Ms A 563) daté de 1808 qui comporte 280 pages, reçu de Louis de Meuron en décembre 1836, ainsi qu'une copie plus tardive de 1811 (Ms A 561) riche de 561 pages, reçue de l'auteur déjà le 29 juin et annoncée le 3 juillet 1812 (B); celle-ci, non réactualisée, a servi pour l'impression de 1840. Il rachetait Ie passage éclair de son père, Frédéric-Guillaume III, cinq ans plus tôt, du 12 au 15 juillet 1814. 160 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE midi sur Rochefort. De là ils poursuivront leur excursion dans le Jura pour être de retour à Berne le 1er août. Le récit que Meisner en tire. Reise von. Bern nach der Peters-Insel und in die Thäler und Gebirge des Cantons Neuenburg. Für. die Jugend beschrieben, et qu'il achève de rédiger en 1819 (l'avant-propos est daté du 1er décembre) est publié tout au début de 18206 chez Burgdorfer comme premier volume d'une série de quatre «Petits voyages en Suisse». Un très long passage est consacré au Cabinet, incomplet pourtant puisque seuls quelques spécimens zoologiques ont droit à des commentaires détaillés et que les spécimens ethnographiques sont négligés: In dem obersten Stockwerke des Waisenhauses ist in einem geräumigen Saale das Natura - Iten-Cabinet aufgestellt, welches der Stadt durch einen Direr Mitbürger, den General C. Dan. M e u r o n geschenkt worden ist. Dieser Mann hatte sich viele Jahre in Ostindien aufgehalten und dort eine Menge Gegenstände aus allen drei Reichen der Natur gesammelt, so dass also bei weitem das meiste, was hier zu sehen ist, aus Indischen Merkwürdigkeiten besteht [...1 Zwei Schädel von ungeheurer Grösse standen mitten im Zimmer auf einem Tische neben einander, und zogen die Augen meiner jungen Freunde zuerst auf sich. An den hervorstehenden Stosszähnen des einen erkannten sie dieselben sogleich für Elephanten-Schädel. [...] Ein anderes merkwürdiges Stück, das wir hier sahen, war der ausgestopfte Kopf des S ü d - afrikanischen Büffels (Bos capensis) mit seinen ungeheuren breiten und herabgebogenen Hörnern. [...1 Mehrere Säugethiere, als Löwe, Panther, Zebra u. a., die meine jungen Gefährten schon längst aus Beschreibungen und Abbildungen kannten, wurden hier in ausgestopften Exemplaren sogleich wieder erkannt. Ein Paar Schuppenthiere iManis) wurden besonders lange und genau betrachtet. [.„] Auch ein Paar merkwürdige Vögel sahen wir in diesem Cabinet Der eine war der sogennante S e e r e t a i r (falco serpentarius), den ersten Nahmen haben ihm die Holländer am Vorgebirge der guten Hoffnung gegeben, weil er hinten am Kopfe einige lange Federn hat, die ihm das Ansehn eines Schreibers geben, der seine Schreibfeder hinter das Ohr gesteckt hat. [...] Ein anderer sonderbarer Vogel, den wir hier ausgestopft sahen, war eine Art der sogenannten P e n g u i n e oder F e 11 g ä n s e iAptenodytes.) [...] Der vorzüglichste Schatz, den das Naturalien-Cabinet in Neuenburg besitzt, ist unstreitig eine sehr schöne und vollständige Sammlung von Meer-Conchylien, in welcher viele der schönsten und seltensten Arten aus den Indischen Meere enthalten sind. Um aber alle die Schubladen, worin sie systematisch geordnet liegen, durchzusehen, hätten wir längere Zeit nöthig gehabt, als wir uns diessmal hier verweilen" durften. Wir hatten uns ohnehin schon so lange bei der Betrachtung so mancher meikwürdiger Gegenstände aufgehalten, dass wir uns endlich mit Gewalt von diesem Orte losreissen mussteh, wo unsere Wissbegierde so viel Nahrung gefunden hatte. (1820: 92-100). A n'en pas douter, l'ouvrage connut le succès, une seconde édition révisée paraissant en 1827; pour le Cabinet, les changements ne sont que stylistiques et orthographiques. Il sera même traduit en français, augmenté et publié en 1838, sous le titre Voyage d'un instituteur avec ses élèves, de Berne à l'Ile de Saint-Pierre et L'exemplaire de la Bibliothèque Nationale à Berne (A 12975. Bd I Reserve Exemplar) porte une dédicace datée du 25 février 1820. Xl ¦ L'OUVERTURE AU PUBUC 161 dans le Canton de Neuchatei, d'après Frédéric Meissner, par Frédéric Caumont (1838: 140-55), instituteur à'Bâle7. Tout en gardantles.quantièmes de l'original, il réactualisa en partie le récit: l'anachronisme eût été flagrant à propos du Cabinet qui venait de quitter la Maison des Orphelins. Comme les collections étaient en cours d'installation, il s'adressa le 19 mars 1838 à Louis Coulon qui lui fournit des précisions8 pour ce passage conservant le schéma de Meisner qui ignore la section ethnographique: Nous entrâmes par la porte du milieu, et la femme du concierge nous mena dam toutes les chambres, nous expliquant avec politesse leur destination [...] Du milieu du corridor partent deux rampes d'escaliers, bordées d'une balustrade en pierre, et ornées de colonnes. Nous les montâmes lestement, et, tournant à gauche, on nous ouvrit le cabinet d'histoire naturelle, composé de trois chambres, dont une seule était garnie; mais elle l'était si bien que le coup d'oeil en était délicieux. Tout autour des parois il y avait des armoires vitrées remplies d'oiseaux, et au milieu de la chambre deux longues tables aussi vitrées, avec des compartiments pour les coquillages et pour les insectes. Sous ces tables étaient épars, en attendant une autre destination, quelques débris de quadrupèdes, et d'énormes pétrifications. Je laissai d'abord mes jeunes amis de rassasier d'une première vue, et faire les uns après les autres leurs exclamations. [...] Menure Porte-lyre, de la Nouvelle Hollande (...] Puis venaient des coqs de bruyère, des aigles, des vautours, des cygnes, des ibis rouges, des couroucous, une quantité de colibris et d'autres oiseaux étrangers des plus belles couleurs qu'on puisse voir. J'aurais bien à faire, si je voulais vous décrire tout ce qui mériterait une attention particulière. Je ne vous parlerai donc que des objets qui nous arrêtèrent [...] le plus [...], crânes d'éléphant et défense [...], tête d'un buffle [,..], couple de pangolins (...], Ie secrétaire ou faucon mangeur de serpents (falco serpentarius) [...], pingouins, oies de Magellan [...] Le cabinet d'histoire naturelle de Neucliâtel est un des premiers musées de second ordre que possède l'Europe. C'est peut-être beaucoup dire; mais que des connaisseurs aillent le visiter, lorsqu'il sera complètement arrangé, et je ne pense pas qu'ils retranchent beaucoup de cette expression. Il fut fondé par le compte Charles Daniel de Meuron, général au service d'Angleterre, lequel à son retour dans sa patrie, ramena des Indes et du Cap une collection consistant en quadrupèdes, en oiseaux, en reptiles, en poisons, et en un grand nombre de coquilles et de zoophytes. Dès lors une quantité de particuliers en séjour ou en voyage dans les pays étrangers, ont prouvé leur patriotisme par leur générosité: militaires, négociants, rentiers, savants, étudiants, jusqu'à des femmes même, ont rivalisé de zèle pour contribuer à augmenter et à enrichir ce beau trésor de leur patrie. I...J Après la salle des oiseaux on nous en fit voir deux autres encore vides, où doivent être placés les quadrupèdes et les minéraux; puis nous entrâmes dans celles de la bibliothèque, où on travaillait encore. [...] Le cabinet des antiquités, celui des tableaux et celui de l'herbier étaient encore vides: [...] La Description topographique de la Juridiction de Neuchâtel du chancelier Charles-Godefroi de Tribolet parue en 1827, rappelle dans la partie consacrée à Ia Bibliothèque publique qu'«On doit au général Ch'-Dan. de Meuron, un commencé- La souscription est lancée dans la Feuille d'Avis de Neuchâtel N° 35 du 30 août 1838 (no 15, p. 2) et la parution annoncée pour octobre. n Le brouillon de sa réponse est conservé (S - dos.92). 162 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE ment de Cabinet d'histoire naturelle: à une belle suite de coquillages des mers des Indes, dont il a fait don, ainsi que de divers autres objets, on a joint dès-lors une collection des roches calcaires et des pierres roulées qui se rencontrent sur le Jura, accompagnée d'un catalogue raisonné, rédigé par le savant naturaliste Leopold de Buch9.» (1827: 58). Elle indique plus loin qu'à la maison des orphelins «on a disposé d'une salle au premier étage, pour le cabinet d'histoire naturelle» (1827: 105). Au début d'octobre 1829, un médecin français accompagné de sa femme, Antoine-Laurent-Apol lin aire Fée séjourne quelque trois jours à Neuchâtel, d'un vendredi à un dimanche, «juste le temps de visiter la ville et ses environs, et de faire une excursion à l'île de Saint-Pierre.» (GUYOT 1933: 113). Le deuxième jour «Notre botaniste, après avoir visité la bibliothèque de la Ville et celle des pasteurs, "bien tenues, mais peu remarquables" (n'a-t-il donc rien su des manuscrits Rousseau?), fit visite encore au conservateur du cabinet d'histoire naturelle, M. Cfhaillet]. "Je me rendis chez ce savant, et vis un vieillard sourd et goutteux, avec lequel il me fut difficile d'échanger quelques phrases; il se survivait à lui-même; mieux vaut la mort dans l'âge mûr que la mort après la décrépitude et l'affaissement des facultés intel- lectuelles."»10 (GUYOT 1933: 117). Vingt-trois ans après sa visite comme prince héritier, Frédéric-Guillaume IV, accompagné de la reine Elisabeth Louise, eut l'occasion de revoir les deux musées dans leur nouvelle installation, lors de son séjour dans sa Principauté du .24 au 28 septembre 1842. La deuxième journée, qui était un dimanche, avait commencé par le service divin: Peu de temps après être sorties de notre église collégiale, LL. MM. sont allées visiter l'édifice le plus remarquable de notre ville après celui-là, le gymnase. (...] Après avoir traversé deux autres salles où l'oii avait réuni d'autres jeunes gens encore, LL. MM. sont montées au musée d'histoire naturelle, Allusion a un don enregistré le 10 février 1804. CDM annonce la venue de ce spécialiste des volcans (1774-1853) (ROBSON 1986: 28-9) dans deux lettres adressées de Berlin à son neveu à Neuchâtel, la première datée du 5 février 1800: «Il vas partir d'icy M/de Bouch frère du Chambellan (te la Reyne avec des Mineurs pour Examiner les moyens d'Exploîtter Le Charbon de terre, y en découvrir &c Je désire que tu l'acceuil. Si tupouvois le loger cela me ferais plaisir. Confie lui Sous le secret mon projet pour l'Eau, & S'il pouvoit l'Indiquer les moyens & un devis. M/ d'Hinnitz m'a offert un Mineur.» (V), la seconde du 18 février «Il part d'icy pour N.1 !Neuchâtel] un off.' des mines, protégés de M/ de heinitz, /nomé/ M/ de Bouch, frère du Chambellan de la Reyne Reignante, c'est un jeune home piain de talants, qui ne paye pas de mine il m'est très recomandé. Je te recomande de faire pour lui tout ce que tu pourras. Si tu peux lui donner une Chambre au lion d'or, tant mieux, c'est particulièrement pour le Charbon de Piere, qu'est Sa mission.» (V). François de Diesbach mange avec lui à Voëns le samedi 9 août 1800 (Pury 1916: 180). Leopold de Buch se trouvera à Neuchâtel jusqu'en 1802. Il y a manifestement confusion entre le cabinet privé de Jean Frédéric de Chaiilet (1747-1839) et l'institution publique. XI - L'OUVERTURE AU PUBUC 163 où M. Coulon a accompagné le Roi comme démonstrateur, et M. Agassi?, la Reine. LL. MM. paraissaient prendre un grand intérêt aux objets qui leur étaient montrés. Du musée elles ont passé dans la salle de la bibliothèque. Les bas-reliefs de M. Ibbetson ont paru surtout attirer leur attention. M. Monvert, bibliothécaire, ayant parlé au Roi, à l'occasion du village de Serrières, figuré sur l'un de ces bas-reliefs, de la Bible imprimée dans ce village quelques années après la réformation, et dite Bible de Serrières, le Roi a demandé à la voir et l'a examinée quelques instants. Le cornile de la société des amis des arts, et en particulier son président, M. Maximilien de Meuron, se faisaient une fêle d'avoir LL. MM. au nombre des visiteurs de notre première exposition de tableaux. La satisfaction qu'elles ont exprimée a dû leur montrer combien l'idée était heureuse d'avoir fait coïncider l'exposition avec l'arrivée du Roi. Il ne restait plus à visiter dans le gymnase que le musée etluiographique que le directeur, M. Dubois de Montperreux, a fait voir à LL. MM. Tous ces Messieurs que nous venons de nommer, savants, artistes ou littérateurs, ont dû trouver dans cette visite de LL. MM. un puissant encouragement à poursuivre leur œuvre avec un nouveau zèle. Plus d'une fois, pendant qu'elles étaient au gymnase, on est venu les prévenir que le moment était venu de visiter d'autres établissements. «Vous le voyez, Messieurs, a dit le Roi, on m'arrache d'ici.» {GuiLLEBERT 1842: 8-9). Dans la version anonyme de cette visite développée en 166 pages, des détails sont fournis sur la collection de l'Inde qui venait d'être reçue en 1842 du mission- naire Alphonse François Lacroix (1799-1859), sur le célèbre hausse-col légué en 1840 par M. Denis de Rougemont de Loewenberg (1759-1839) et sur des monnaies et médailles. Les noms de plusieurs autres donateurs de collections ethnographiques sont également mentionnés, mais il en est un totalement absent: celui de Charles Daniel de Meuron ([FAVARGER] 1842: 42-4). XlI LES LUMIÈRES SUR LA VILLE JLlONNEURS militaires et fidélité à l'histoire naturelle sont les deux pôles suscep- tibles de résumer le parcours de CDM, dont la formation première - il convient de ne pas l'oublier - était commerciale. Les figures emblématiques du mûrier et de l'épée qui peuvent les traduire ornent, avec une coïncidence remarquable, les armes qu'il s'était choisies. Mais si, dans sa jeunesse, il s'était distingué par sa bravoure, méritant pension et décoration, il ne couronna jamais sa carrière en s'illustrant par un fait d'armes. Il fut essentiellement officier de garnison et, comme colonel propriétaire du régiment suisse neuchâtelois de son nom, gestionnaire avisé, attentif à la présentation de son corps de troupes. Il lui importait ainsi que les recrues, dont la taille est indiquée sur les rôles, fussent belles. Même portés par la passion et assagis par un scrupule class ificatoire, ses efforts pour développer ses collections d'histoire naturelle sont marqués par le formalisme, un certain goût de Taccumulation, l'attrait pour la bizarrerie et l'amateurisme. Les quelques documents dont il gratifie la Gesellschaft Naturforschender Freunde à Berlin n'ont manifestement aucune prétention savante. La démarche de CDM est à la science - car la curiosité ne fait pas toujours bon ménage avec elle - ce que r«herborisme» est à la botanique; après avoir donné son Cabinet, l'homme vieillis- sant et souffrant se réfugiera du reste dans le jardinage. A part les raisons très pragmatiques que révèle sa lettre à Jurine (P - dos.45) et l'éventuelle renommée qu'il peut en attendre, les mobiles de la donation par CDM de ses collections à une communauté publique sont d'ordre didactique. La démarche auprès du Magistrat associe le geste à une demande d'enseignement, non reprise du reste dans l'Acte de donation: Priant de plus le magistrat de décréter l'érection d'une Chaire de Chimie et qu'il solde un Proffesseur aussitôt que ses facultés pourront le lui permettre (G). La correspondance ultérieure montre tout l'enjeu utilitariste de cette proposition, en quoi CDM se conforme à la mentalité régnante: Sans doutte qu'il [Henri de Meuron] aura Conjointem'. avec les membres de la Sossietès literaire fais dès règlern". qui puissent Stimuler l'Emulation à l'augmenter [le Cabinet], corne aussi à Etendre les lumières dans cette partie, ainsi que dans la Phisique & la Chemie objets plus utiles a l'éducation de ceux qui par Etat doivent en avoir, que le latin, a ceux qui doivent travailler nos vignes, nous Chausser & nous vêtir (V). Ce Cabinet d'histoire naturelle pourrait sembler une création unique et récente. Il n'en est rien. Elle s'inscrit non seulement dans un grand courant européen mais 166 LE MÛRIER ET L'ÊPÊE aussi dans une tradition à la fois régionale et familiale. Echo différé peut-être d'une mode étrangère, l'épanouissement des collections particulières dans la principauté de Neuchâtel date au moins du début du XVIIIe siècle, même s'il n'est presque rien resté matériellement des curiosités de l'époque. Au moment où naissent ce qu'il faut malgré tout appeler les débuts du tourisme culturel accompagnés d'une floraison de guides, il est frappant de constater que le prétexte aux déplacements est souvent la visite de cabinets qui, eux aussi, éclosent comme œufs d'autruche mis au four1. Malgré l'attestation tardive du pasteur Frêne en 1787, l'entreprise de CDM semble avoir commencé avant qu'il n'ait atteint ses vingt ans, en prolongement de l'œuvre de son père. L'Inventaire partiel remis au jour en 1967 a donné Ia possibilité de se faire une meilleure idée du contenu «ethnographique» car le peu de pièces alors connues pouvait laisser penser à tort à un ensemble restreint. La datation de cet Inventaire n'était pas évidente et il était possible d'imaginer que ce document correspondît à la donation du Cabinet à la Commune bourgeoise de Neuchâtel, soit qu'il l'ait précédée, soit qu'il l'ait suivie. Une étude attentive a révélé qu'il était en réalité antérieur et apparemment sans rapport avec le geste de CDM; surtout elle a autorisé des estimations sur le nombre de pièces, considérable par rapport à la première approche chiffrée, bien que toutes n'aient pas encore été retrouvées ni même identifiées. En particulier, certaines évoquent irrésistiblement les spécimens du troisième voyage de Cook. Il convenait de ne céder ni à la fascination du héros ni à Ia pre- mière éventualité qui se présenterait. Encore qu'une source unique soit indubitable et que l'hypothèse d'une acquisition londonienne en automne 1791 semble plausible, aucune attestation n'est malheureusement venue l'étayer. En revanche, plus d'une autre pièce a pu être suivie depuis sa collecte «sur le terrain». Comme les sollicitations aux bonnes volontés non compétentes étaient sui- vies d'effets peu satisfaisants ou se soldaient même par une absence de résultats, pour se procurer des objets, CDM recourut à des rabatteurs naturalistes introduits sous couvert de médecins de son régiment. La.quête insatiable de CDM met enfin en évidence une partie du réseau des naturalistes, spécialistes ou amateurs fortunés, qui se connaissent et s'entraident à travers toute l'Europe, sinon même au-delà, en prolongement du cosmopolitisme du siècle précédent. Il importe de s'interroger une dernière fois sur l'accueil de ce Cabinet désormais ouvert au public le plus large et de relativiser cette initiative. Alors qu'elle donne l'impression d'innover, la petite cité ne fait-elle, en réalité, que suivre une mode d'importation, non sans décalage ni gaucherie provinciale - encore que la province française ait fait montre de dynamisme (POMMIER 1997) ? Bien qu'ayant débouché sur une continuité qui dépasse l'aventure individuelle, l'institutionnalisation ne Dès le début, les collections publiques auront vocation de satisfaire le plaisir des étrangers de passage. XII - LES LUMIÈRES SUR LA VILLE 167 semble être précédée ou accompagnée ~ voire suivie-dj aucune réflexion théorique, ne s'inscrire dans aucun projet global et concerté, à la différence de ce qui se passe en France à la même époque et plus encore pendant la période révolutionnaire. Ce n'est point dire que Neuchâtel, à des «journées-carioles» de la constellation parisienne (STUDENY 1995: 24), se situe hors du mouvement des idées et demeure étrangère à l'évolution de la technique. Il serait inconcevable qu'elle n'en fût pas, malgré tout, imprégnée car les innovations peuvent apparaître de manière très différenciée. Des contacts nombreux existent, sur les plans commercial et intel- lectuel, de grands esprits y rayonnent aussi mais il est symptomatique que la fondation d'une Bibliothèque publique - même si elle représente un relatif affran- chissement par rapport au monde de l'Eglise - soit contingente et son inspiration exogène. Qui plus est, le principe de la constitution d'un Cabinet d'histoire naturelle va tout bonnement de soi puisqu'il n'est envisagé que comme une «Suite de l'établissement de la Bibliothèque». Sa naissance est discrètement préparée mais sa conception est abandonnée au hasard d'une bonne occasion. Pour que surgisse quelque débat - autre que théologique ou plus précisément de théologiens - ne sont apparemment absents ni interlocuteurs ni lieux où s'affron- ter, comme l'aristocratique Société du Jardin ou d'autres cercles moins fermés. Créée le 9 décembre 1759, «La Chambre» est certes une amicale mais elle réunit les plus notables des concitoyens, une élite qui ne devait pas se borner aux gazettes et aux parties de cartes ou de billard, quoique l'esprit de la société n'eût aucunement été révolutionnaire2. Ce qui manquait, c'était une véritable stimulation, une volonté de changer le monde en s'assumant, enfin et surtout l'aspiration à la liberté qui caractérise le mou- vement des Lumières3, ainsi qu'une structure adéquate. L'enseignement est limité à quelques régents dépendant de la classe des Pasteurs; si, depuis le XVIIe siècle, un projet d'académie a été caressé et si le roi de Prusse a fait des promesses à son avènement, il faudra attendre le XIXe siècle pour qu'elles se concrétisent; dans l'intervalle, seuls quelques cours sont dispensés à partir des années 1730. Le climat n'est donc pas favorable et l'absence d'un établissement d'instruction supérieure freine tout développement. A défaut d'une véritable académie locale et de sujets à disputer ou pour lesquels concourir, seules existent une «Société littéraire», une éphémère «Société du Jeudi» et une «Société patriotique d'émulation» fondée par le pasteur Henri David de Chaillet (1751-1823) en 1791, qui conduit des projets «Il se trouve que la Révolution française a provoqué de nombreux débats sur Ie rôle du musée et, là où il n'y avait encore qu'hésitations, elle a fait aboutir des projets de transformation d'établissements privés en établissements publics» (DESVALLÉES [inédit]). L'auteur met en évidence quatre fondions alors débattues: réceptacle pour les œuvres menacées; mémorial de Ia nation, voire musée d'histoire; Heu d'inspiration, autrement dit lieu d'enseignement; et enfin simple lieu d'agrément, de divertissement ou de délectation, et il souligne l'éclatement en plusieurs musées. Pour les premières décennies du XVIIP siècle, Pierre Barthel, présentant le «correspondancier» d'Abram Bourgeois, parie d'«un monde neuchâtelois qui se voulait éclairé et se disait philosophe.» (1997: 10). 168 LE MÛRIER ET L 'EPEE d'utilité publique à l'égal d'autres groupements «ceconomiques», mais «très réduite, d'essence aristocratique et tout à fait "ancien régime"» (JEANNERET 1956: 8). Les intérêts étaient ailleurs. Alors, Lumières ou lueurs ? Après en avoir révélé les charmes, Sinner, qui a passé quelques jours à Neuchâtel, sans doute en 1779, dépeint bien le climat peu propice au développement des idées qui y règne: Il est vrai qu'au milieu de tant d'avantages les études paraissent languir; le commerce &. l'état militaire absorbent presque tout. La magistrature offre peu d'avantages à l'ambition & à la fortune. Le clergé est mal payé, il n'est pas dédommagé par le rang qu'on lui accorde sur l'état séculier (1781: I: 183). Quelques années plus tard, Jean Bernoulli, résume et complète les pages qui suivaient ce constat de Sinner. Indessen hat diese Stadt in verschiedenen Fächern Gelehrte hervorgebracht. Den durch seine vortreflichen Andachtsbtìcher, bekannten [Jean Frédéricî Osterwald (1663-1747], Pfarrer dieser Stadt, hm. lEmer] von VaUeI (1714-1767J den Verfasser des Werkes du Droit des Gens und einiger literarischen Schriften, [...] und den in ganz Europa bekannten Professor (Louis] Bourguet [1678-1742]. (1783: 299-300). Sinner, qui poursuivait en évoquant une activité très dynamique, terminait par une remarque sans complaisance pour la cité: Si Neuchâtel n'est pas le siege des études, ses imprimeurs y ont établi une fabrique d'érudition et de philosophie. La société typographique a ouvert une nouvelle branche d'exportation. [.„1 Il n'est guère question aujourd'hui dé sciences à Ncucliatel; on songe à gagner de l'argent ou à le dépenser. (1781: I: 184; 190). Sur un ton plus piquant, ce constat se retrouve dans la remarque que NT* de Charrière ( 1740-1805), presque contemporaine de CDM, prête au Caustique dans Les Lettres neuchâteloises (L97Ì: 37 - 10e lettre): «Mais, Monsieur le comte, [...] comment a-t-on pu vous envoyer à Neuchâtel pour les choses que vous aviez envie d'apprendre? Nous avons des talents; mais pas les moindres lumières [...].» La réplique n'étonne pas à suivre Roulet (1994: 248) qui, s'appuyant sur Guyot (1946) et Eigeldinger (1992), écrit qu'en «s'installant à Colombier, [Mme de Charrière] se loge à l'enseigne d'une société perméable au vent nouveau certes, et pourtant pour l'essentiel, politiquement, institutionnellement et surtout confession- nellement demeurée fidèle à elle-même, donc d'une société qui emprisonne et rassure à la fois.» Aux vers dont la dame du Pontet aggrave la deuxième édition de ses Lettres neuchâteloises peut faire écho la critique de Mme de Gauthier: On accuse les Neuchâtelois d'aimer un peu l'argent; mais comme on n'est pas parfait, autant vaut ce défaut qu'un autre. (1790: II: 340). XlI - LES LUMIÈRES SUR LA VILLE 169 Neuchâtel, centre de diffusion de la philosophie des Lumières et fief d'une tradition religieuse rétrogradé: le paradoxe se résout-il par dès motifs commerciaux ? Tout en s'efforçant de nuancer, Guyot (1955: 7) cite Voltaire qui avait constaté qu'hors de France on s'était empressé de contrefaire ou de gâter 1Encyclopédie par la raison qu'il y avait quelque argent à gagner. Neuchâtel peut bien avoir une Société typographique, un Mercure helvétique et manquer de toute émulation, éviter toute remise en question quand l'activité d'édition se révèle trompeuse et que, bons protestants, les pseudo-propagandistes dégagent surtout un profit commercial: Non olet ! Pis encore, clandestins heureux de l'être, les éditeurs neuchâtelois n'ont que bénéfice à attendre d'une activité placée sous le regard de Dieu, au point de se sentir dégagés si leur main droite ignore ce que fait leur gauche. La phrase d'Ostervald, probablement de 1770, au banquier Denis de Rougemont à Paris que cite Guyot résonne comme une absolution: «J'ai la satisfaction de voir notre Typographie, dirigée vers son véritable but, prospérer et fleurir par la grâce de Dieu.» (1946: 115) S'ils n'étaient que sous le regard de Dieu, les Neuchâtelois seraient plus ou moins au niveau de la province française quant à la culture, à la science même - la connaissance «littéraire» se distinguant encore mal du savoir scientifique - et aux idées nouvelles, c'est-à-dire pareillement en retrait et menacés par leur projet même. La pratique des amateurs provinciaux et leur dessein fondamentalement utilitaire pourraient éloigner autant que rapprocher de l'idéal rationnel d'une science fondée plus sur la rupture que sur l'accumulation. {ROCHE 1988: 206). A l'instar de leurs voisins, ils observent, rassemblent, inventorient et se satisfont d'applications pratiques, de la seule technique. Mais il y a pis: peu capables d'audace intellectuelle, les Neuchâtelois, encore «mineurs», restent de surcroît sous là coupe de Ia Vénérable Classe qui usurpe ses droits (EiGELDrNGER 1992: 38-42; 407-34; KaNT 1991: 79-81) et freine toute évolution. La petite étincelle jaillie de la donation de CDM ne s'éteindra pas. Aristo- cratiquement, la donation se prolonge par des apports de membres de la famille ou par des connaissances, jusqu'au moment où, déménagé et placé sous la férule de Louis Coulon, ce qui commence à s'appeler Musée cesse d'être un album de souve- nirs parfumé d'exotisme pour devenir un centre d'études scientifiques, le reste du fonds en étant détaché. Et c'est le propre filleul de CDM, Maximilien de Meuron (1785-1868) qui, abandonnant ses tableaux et se lançant dans la défense des artistes, sera la cheville ouvrière de la fondation du Musée de peinture. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, le mouvement continue par le surgissement dans tout l'arc jurassien de musées issus du courant naturaliste: c'est toute l'épopée des sociétés de musées commencée à Fleurier dans l'enthousiasme de la fondation du Club jurassien. Ces musées du terroir, musées de l'identité, se justifiant par des activités d'utilité publique, poursuivent une vocation sociale. 170 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Mais toutes ces institutions, comme le résume André Desvallées (1985: x) préfaçant Bernard Deloche, au lieu de remplir le projet «dont l'Encyclopédie avait donné le modèle, visant à créer une science de l'art, sans fragmentation des connais- sances, dans le but d'étudier, en recourant à des exemples, et d'instruire, en diffusant des connaissances.», se contentent de recueillir, de collecter et finalement de thésauriser. SECONDE PARTIE XIII LES «CURIOSITÉS ARTIFICIELLES» H/N préalable au catalogue, la recherche des objets ayant constitué le Cabinet de CDM n'a pris en compte que ceux dont le Tome II de l'Inventaire (M) révèle expressément qu'ils portent la marque d'une intervention humaine, c'est-à-dire tous les objets manufacturés, non seulement ceux figurant dans les deux listes de «Divers objets» des règnes végétal (p. 51-52) et animal (p. 165), mais encore ceux qui se dissimulent dans d'autres subdivisions1. S'y ajoutent les 79 modèles réduits d'animaux appelés «factice[s] en petit» (p. 103, 150, 154 et 155, 158 et 159) et réalisés avec de la peau originale à Strasbourg, à en croire Madame de Gauthier (1790: 303), d'entre lesquels nous avons seulement reconnu un chien dans les dépôts du MAH. Peut-être les autres ont- ils été vendus - s'il faut interpréter ainsi la mention de l'aliénation de «petits animaux en papier mâché» par Louis Coulon en 1834 (T) - ou détruits. N'ont pas été considérés en revanche les spécimens apparemment bruts mais susceptibles d'une utilisation humaine, tels que «[C] 2. Feuille de Talipot de l'Isle de Ceylan.» (p. 5), «[F] 123. 1. Noix de Coco, qui fournit à boire, manger, habiller, et a faire des ustenciles de menage.» (p. 17), «[F] 124. 5 Noix de Coco, deux moyenne et 3 petites et rondes.» (p. 17), «F 151. Callebasse en forme de massue.» (p. 18), «[F] 152. Calebasse en forme de vessie allongée» (p. 18), les peaux de divers animaux ou «H 4 Nids d'oiseaux dont les chinois sont très friands.» (p. 140), au demeurant impossibles à repérer de manière certaine à moins que n'ait subsisté un signe d'identification: Regne végétal. 5. Feuilles. [C] 3. 4. Les mêmes2 Travaillées, servant de Parasol aux habitans de Ceylm [C] 4 Contrai de vente d'un negre sur un morceau de feuille de Talipot [C] 5 Morceau de feuille de Palmier de l'Isle de Ceylan, sur laquelle on a écrit [...] Voir le chapitre VI. [C] 2. Feuille de Talipot de l'Isle de Ceylan. 174 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Reg. vegetal. 17. Fruits et semences. 5." Fruit à noyau. [F] 125, 6. Divers ustenciles faits avec la noix de coco. U [F] 129 Noix d'arec travaillée. Reg. végétal. 51. Divers objets. Morceau de sculpture de la chambre du C." Rodolphe d'Apsbourg. Cassette d'un bots précieux de l'Inde. Espece de Grue avec laquelle 2 hommes lèvent un canon de 36. Petit Tonneau de Cannelle. Petit tonneau en bois blanc Modele d'une cage en bois de chêne de hollande. Ecrain en bois noir. Divinité Indienne' en bois d'Ebenne. Modele d'un compte chinois, sur un petit morceau de bois. Livret chinois. Paire de souliers chinois, en étoffe de soie. Papier de Chine fait avec l'ecorce d'un arbrisseau, p.' envelopper les étoffes de soie. Parapluies chinois Petit panier en paille qui sert de sac à ouvrage aux D.™* du Japon. Ajustemens en soie et or, des Dames du Japon, quand elles sortent. Morceaux d'amadou des hottentots proven.1 d'une plante, imitant un bas. Peignes /en boisV de sauvages des mers du Sud. Tabatière en bois et garnie en écaille, faite par Louis XV Roi de france. Eventail de l'Isle de Madegascar. Amecons /en bois5/ des Sauvages d'Ota-ity. Instrument de musique des indiens, /de l'Isle de6/ Java, en bois. Idem, des hottentots. Etoffes7 d'Ota-ity, faites avec de l'Ecorce d'arbre. Metier dont se servent les habitans d'Ota-ity p.* leurs étoffes. 3 Le secrétaire avait commencé à écrire: «ch[inoise]». SuscriL SuscriL II avait d'abord été écrit 3. Amecons, corrigé en 2. (peut-être en raison de la matière, ce qui a pu conduire à une ventilation différente). Suscrit et remplaçant «en bois». Le «s» dans un second mouvement de plume. X 1. [X] 2. [X] 3. [X] 4. IX] 5. [X] 6. [X] 7. [X] 8. [X] 9. [X] 10. [X] 11. [X] 12. [X] 13. 5, [X] 14 [X] 15. [X] 16. 5. [X] 17. 2. [X] 18 [X] 19 [X] 20. 2, [X] 21. [X] 22. [X] 23 [X] 24 XIII ¦ LES «CURIOSITÉS ARTIFICIELLES» 175 [X] 25 Ecorce d'arbres, dont les habitans d'Ota-Ity font leurs étoffes. [X] 26 Pirogue Indienne. [X] 27. Bateau d'Ecorce d'arbre, fait par les Souvages Caraïbes. [X] 28. Panier dont les hottentots se servent pour traire le Lait. [X] 29 2. Sacs natés, où tes chinois tiennent leur Riz. (X] 30 Natte dont se servent les Princes indiens pour s'assoîr. 52. Reg. végétal. Divers objets. X 31. Hamac Indien. [X] 32. Buste de Tipoo-Saïb, en bois. [X] 33 Un vieillard en bois, habillé en coquilles et en nacre. [X] 34 5. Morceaux de bois p/ montrer comm.1 on peut rapporter différentes pieces ensemble.' Reg. animal. 103. (L'Amphibiologie) 6. Amphibies F 1. Le Castor factice en petit. [F] 2. Le Morel, id. [F] 3 Le Lyon marin, id. [F] 4. L'Ours marin, id. [...] [F] 15. 1 Dragon voland. 144. Reg. animal. 7 Oeufs d'Oiseaux. Jl. 6 Oeufs d'Autruche9. [J] 2. 1 Dit gravé. [...] 150 Regne animal. (La Tétmpodologie). Quadrupèdes. 1. Solipedes. KX Le Cheval, factice en petit D'une autre plume. Pourvu de son étiquette collée, l'un de ces œufs, non décorés, est toujours visible sur le dernier rayon de la vitrine de droite de la Grande Ruchette (visite du 4 juillet 1995); un autre existe encore au MHN (visite du 16 août 1995). 176 LE MÛRIER ET L EPEE [K] 2 Le Cuvaga, id. m 3 Le Zebre male, id. m 4 Le Zebre femelle, id. m s. L'Ane, id. 154. Reg. animal. 8. Quadrupèdes. Z. à pieds fourchus. [K] 122. 3 . Cerfs factices en petit [K] 123. Le Chevreuil, id. [K] 124. La Biche, id. [K] 125. Le Dain, id. [K] 126. Le Condoma, ou Kondom, ou Koedoé, id. [K] 127. l'Elan, id. [K] 128. Le Pupale, id. [K] 129. Le Pasan, espece de Gazelle, id. IK] 130. La Renne, id. [K] 131. Le Cana, id. [/H 132. La Giraffe, id. [K\ 133. 3 Vaches, id. [K] 134. 1 veau, id. [K] 135. Le Boeuf, id. [K] 136. 2 Taureaux, id. [K] 137. Le Bufle, id. [K] 138. Le Bisson, id. [K] 139. Le Nilcaut, id. [K] 140. La vache croniant, id. [K] 141. Le Gnou, id. [K] 142. Le Sanglier, id. [K] 143. Le Porc, id. [K] 144. Le Papirousa, id. [K] 145. Le Cebu, id. [K] 146. Le Musc, id. [K] 147. Le Bouc d'Afrique, id. [K] 148. Le Bouc de Juda, id. [K] 149. Le Bouc, id. [K] 150. La chèvre, id. Reg. animal. 155. 8. Quadrupèdes. 2. à pieds fourchus. [K] 151. La Brebis, factice en petit. [K] 152. Le Bellier, id. [...] XIII ¦ LES »CURIOSITÉS ARTIFICIELLES» ill 158. Reg. animal. 8. Quadrupèdes. 3. Fîssipedes. [K] 247 Elephant factice, en petit. [K] 253 Petite hyppopotame factice. [K] 256. Pangolin factice. (C'est le fourmillier). [K] 257 Rhinoceros à une corne, factice en petit. [K] 258. Idem, à deux cornes, de même. [K] 261 Le Lama factice en petit. [K\ 262. Le Lion, De même. [Kl 263 La lionne. De même. [K] 264 Le Loup, De même. [K] 265. Le Chien, De même. [K] 266. Le Chien courant, de même [K] 267. Le Chien d'Arrêt, de même. [K] 268. Le Chien Danois, de même. [K] 269 Le Chien de chasse, de même. [K] 270 L'hienne, de même, Reg. animal. 159. 8. Quadrupèdes. 3. Fîssipedes. K 271. Chien Lévrier, factice en petit [K] 272. Le Tigre Royal factice en petit [K] 273 Le Linx du Canada, id. [K] 274 La Penthero, id. [Kl 275. Le Léopard, id. [K] 276 Le Jaguar, id. [K] 277. L'Ocelot, id. [K] 278 L'Once, id. [K] 279 Le Chat sauvage, id. [K] 280 Le Porc-épic, id. [K] 281. Le Guguare id. [K\ 282 Le paresseux, id. "W 283. Le Cungaru, id. IK] 284 Le Mandril, id. [Kl 285. Tapir, ou Manipouris, id. [Kl 286 L'Ours noir, id. [Al 287 L'Ours blanc, id. [K] 288 Le Dromadaire, id. [KI 289. Le Chameau, id. 178 LE MURIER ET L EPEE Reg. animal. 165. Divers objets. M 1. 2. Ameçonsen os, des Sauvages d'Ota-ity. [M] 2. Ligne des habitans des Isles du Sud. [AYl 3. Bracelet, en dents, dont le10 parent les femmes des Isles du Sud. [M] A 4. Pommes de canne faite avec la Dent macheliere de l'Eléphant. [M] 5 Cappe antique de Suisse, faite avec des plumes noires. [A/] 6. Nerfs faits avec la peau du col du Rhinoceros, dont on donne la correction aux Nègres. Pour les productions appartenant au règne minéral, recensées dans le Tome I de l'Inventaire manquant, la recherche doit partir de la structure que, par leurs cotes, les objets déjà retrouvés permettent d'esquisser [Règne minéral] [ 1 [Porcelaine, verre?] I—J AA. 8. [2] Magots chinois. [Terre, poterie?] [-] BB. 2. Vase fabriqué dans l'Inde. [~] BB. 4. [4] Tasses [Métal] [..J DD. 3. Tabatière faite aux Indes. DD. 4. Poire à poudre de l'Empereur deCandie" [Armes] [-I [E]E A Ecu en cuir [...] EE 16 Lance (pointe sculptée) U EE 22 Carquois EE 23 Carquois en cuir des Chinois [-.] 10 Lire: «se» parent. Reconnue le 4 juillet 1995, dans la vitrine est de la Grande Rochette. XJJJ ¦ LES «CURIOSITÉS ARTIFICIELLES» 179 EE 26 Arc hottentot [EE 27 idi [..J EE 2(9] [Flèche à poisson eskimo] Des 45 cotes au moins (en incluant la poire à poudre de la Grande Rochette et sans préjudice du nombre de spécimens pouvant y être répertoriés) qui devaient figurer dans ce Tome I, seules 12 sont assurées de manière incontestable. Il est toutefois possible de compléter ce canevas en prenant en considération un document postérieur, la «Liste des objets ethnographiques» de Louis Coulon du 16 mai 1834 (L), qui remplit 4 pages in-folio (P* 5 et 6) et se trouve reliée dans le Catalogue du Musée Ethnographique conservé au MAH (médaillier). Elle ne comprend donc pas de «naturalia» au sens strict ni, en principe, de monnaies ou de médailles. Consultée par Frédéric de Bosset pour ses carnets d'assurances (N) en [mai-juin] 189012, la liste a été pointée et annotée, probablement au début de ce siècle (à l'époque de la préparation du transfert du fonds ethnographique du bord du lac à Saint-Nicolas entre 1902 et 1904). Alfred Godet (1898: 150), suivi par d'autres (Michel [1913]: 1; 1927: 35), y comptait: 256 objets concernant l'ethnographie (Amérique, Inde, Malaisie); 29 objets neuchâtelois; 3 objets romains; 33 monnaies d'Europe {Suède, principalement). Total 321 objets. Il poursuivait14: L'inventaire des objets déjà déposés à Ia bibliothèque, entre les mains de M. Diacon, donne 251 pièces, principalement des monnaies et médailles, et 7 objets neuchâtelois, entre autres 2 médaillons peints d'Abram Girardet, l'un représentant une réunion de saints en adoration, l'autre le duc de Wellington à Waterloo.1* En tout donc, [...], 572 objets divers, se rapportant en majeure partie à la numismatique et à l'ethnographie. Sur les 29 objets «neuchâtelois» relevés dans la liste de 1834 (L), Godet en signalait 25: Cependant nous trouvons déjà, parmi les objets neuchâtelois, remis en 1834 au bibliothécaire: Une armure de fer, une cuirasse, deux fusils anciens, 6 pistolets divers, une épée flamboyante, une dite à deux mains, 4 épées diverses, trois rapières, 5 poires à poudre, un boulet trouvé sur lé champ de bataille de «Inventaire estimatif de la Collection ethnographique, fait en 1890 pr l'assurance contre l'incendie.»: deux carnets (parfois objet après objet ou vitrines et panoplies en bloc). Il indique par erreur «11 mai»; si le total est juste, la ventilation, elle, est partiellement sujette à caution. La source de ces renseignements n'est qu'imparfaitement précisée et la liste citée semble avoir disparu. Don des Quatre Ministraux en novembre 1821 (B). 180 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Grandson et quelques autres menus objets sans importance. Toutes ces pièces, qui forment le premier fonds de notre collection historique, sont actuellement dans les vitrines du musée. {1898: 151). Avec une bonne approximation, la liste des 256 objets de Louis Coulon (L) doit logiquement permettre dé.découvrir les apports non attestés de CDM, une fois déduites les entrées nouvelles connues par le dépouillement des procès-verbaux de la Bibliothèque et repérés les spécimens du Tome II de l'Inventaire (M) comme ceux du Tome I reconstitué. [folio 5] Liste des objets ethnographiques du Cabinet d'histoire = naturelle remis par Nf. Louis Coulon Directeur à IVT Diacon Bibliothécaire le 16 may 1834. nombre des pièces 3. Arcs de Botocudes. (Brésiliens) 10. Flèches de Botocudes. - - - - 1. Arc de Hottentots. 2. Arcs de Canadiens 3. -— de divers peuples. 3 Sagayes d'espèces différentes 1. Carquois en cuir dit des Chinois contenant 15. flèches. 1. Carquois en bois, contenant 38. Flèches empoisonnées, et une pointe de Sagayes. 8. Flèches en faisceau. 5 Armes diverses telles que massues assomoirs etc 1. Armure compiette en fer 1. Cuirasse de rempart 1 Armure en cotte-de-mailles, d'un chef indien avec bonnet etc 2. Fusils anciens. 6. Pistolets divers. 2. bateries 1. Epée flamboyante 1. dite à deux mains 4' Epées diverses 3. Rapières 3 Cris malais dont un donné par NT: Edouard Borei 5. Poires à poudre 1. en os avec dessins, 3. en corne, et 1 en bois ferrée 1. Carquois en bambou 3 Carquois? petits avec dessins aux points 2. Ecus 1. gami en acier 1. en cuir uniquement 1.. Boulet trouvé sur le champ de Bataille de Grançon 1. Hache en pierre des Brésiliens donnée par NT: Léo Du Pasquier 1. .Morceau de la cliambre des comtes de Habsbourg. 1. Hamac. 1 Modèle d'une cage en bois de Chêne XIII ¦ LES «CURIOSITÉS ARTIFICIELLES» 181 [folio 5 verso] 2 Violons? et archets 1 Castagnettes avec des sabots de Ruminans Brésil NT: W Borei 1. Flûte de Brésiliens. W W: Borei 1. instrument de musique fait avec des Bambous 2 batons surmontés à une de leurs extrémités d'une boule pr. jouer d'un des instruments 1 instrument de musique fait avec des Calebasses.1* 1. Couvercle? de pipe en terre 1. dit en cuivre 3 Tuyaux de pipes turques 2 extrémités ou bases des dites pipes 1. machine en métal servant aux dites Pipes 2 . embouchures de Pipes des Brésiliens. Nf: W Borei. 1 tête de Pipe en terre rouge 1. bourse à Tabac 1. Tabatière faite aux Indes 1. Chalumeau en roseaux 1. Malle chinoise 1. Vase fabriqué aux indes, en terre ouvragée 1. Alcaraza dt: les Indiens se servent pour rafraîchir l'eau. I. Grand vase en porcelaine pr. conserver le Gingembre? I7 3 Tasses en porcelaine de l'inde. 1. Vase en noix de coco ciselée, Brésil M1 Leo DuPasquier 1 Ecritoire en cuivre 1 Boîte chinoise pour les couleurs? > [Xl 17. 2, Peignes /en bois/ de sauvages des mers du Sud. Se retrouve dans la liste de 1834 parmi «4 Peignes de Sauvages de la mer du Sud», manque dans les carnets de 1890. Etiquette «N° X 17. /Peigne des Sauvages /des mers du Sud.» cachant une étiquette fragmentaire où se déchiffre «[...] inois / N° 49.» Exposé en 1967 (avec d'autres peignes en bois tels que V.928 dont l'attribution à CDM n'est nullement garantie) et depuis 1999. Tonga (Iles des Amis). Triangulaire. 15 dents pointues en nervures de feuilles de cocotier, maintenues en haut par une large bande de fin tressage bicolore de fibres de cocotier; les extrémités supérieures sont coupées par la moitié, croisées sur un bâtonnet perpendiculaire et réunies par un enroulement de fibres de cocotier bicolores formant un manche. Porté exclusivement par les hommes, il était planté dans le chignon pour maintenir leur longue chevelure; pour Georg Forster, au contraire, ce type de peignes serait porté comme ornement par les femmes. L.: 14,9; larg. à la base: 5,6 cm. MEN V.932. Réf. Listé dans Meuron et CENTUVRES 1965: 44. DÉCOUVERTE 1972: n° 59; Germer 1980: 86, cat. 12; Hauser-Schaüblin et Krüger 1998: 313, cat. 178 (Oz 163); Jacquemin 1992: 56; KaePPLER 1978a: 211-2. A. Kaeppler recense 30 peignes, de deux formes possibles, recueillis lors des 2e et 3e voyages de Cook et répartis dans 10 institutions. Peigne «helu» (Xl 17. 2. Peignes /en bois/ de sauvages des mers du Sud. Se retrouve dans la liste de 1834 parmi «4 Peignes de Sauvages de la mer du Sud», manque dans les carnets de 1890. Etiquette «N° X 17. //Peigne des Sauvages /des Mers du Sud.» recouvrant un reste d'étiquette. Exposé en 1967 (avec d'autres peignes en bois tels que V.928 dont l'attribution à CDM n'est nullement garantie) et depuis 1978. Tonga (Iles des Amis). Trapézoïdal. 21 dents pointues en nervures de feuilles de cocotier - dont l'une, écrasée, a la pointe cassée sur 2,3 cm - maintenues en haut par une large bande de fin tressage bicolore de fibres de cocotier. Le haut est coupé droit. L.: 11,3; larg.: 3,5-6 cm. MENV.931. Réf. Listé dans Meuron et Centlivres 1965: 44. Découverte 1972: n° 59; Duff 1969: 54, ill. 94; Germer 1980: 86, cat. 13; Kaeppler 1978a: 211-2. 212 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Eventail ornemental «peahi» [Xl 19 Eventail de l'Isle de Madegascar. Se retrouve dans la liste de 1834 sous la désignation «1 Eventail de Madagascar» mais n'est pas repérable dans les carnets de 1890. Ce qui restait d'étiquette a malencontreusement été enlevé lors de l'enregistrement différé en 1969. Reconnu en 1969 et exposé depuis 1978; réidentifié en janvier 1988. Hawaii (Iles Sandwich). De forme rectangulaire, en vannerie à armure diagonale (1 pris 2 sautés), avec des éléments de soutien (bâti). La partie tressée dessine des côtes et est bordée dans le haut de deux lignes transversales. La base et le manche sont richement décorés de cordelettes de cheveux humains et de fibres de cocotier à deux brins, en partie manquantes sur la poignée. Il est, sinon, en assez bon état. Selon Kaeppler (1978a: 102), les éventails collectés lors du voyage de Cook sont rares et trois styles auraient été isolés mais seul un exemplaire de chaque peut être repéré - en réalité, le troisième, en pandanus, à Göttingen (Oz 140), ne provient ni de Cook ni de Hawaii, mais de la collection C. A. Pohl 1882 et de Tonga (lettre de M. Gundolf Krüger du 17 juillet 1995). Restent donc les éventails à plumes, à Saint- Pétersbourg (N° 505-4) et en vannerie; à Vienne (Inv. Nr. 142) (lettre de M"* Gabriele Weiss du 11 juillet 1995); Göttingen en posséda néanmoins aussi un en vannerie fourni en 1782 par George Humphrey (N. 188) et cédé en 1851 au musée provincial de Hannover où il porte toujours le numéro d'inventaire «Hannover 15» (lettre de M. Gundolf Krüger du 17 juillet 1995). Le présent exemplaire appartient au deuxième type; de construction analogue à celui de Vienne, il est de tressage moins complexe, plus petit de 15 pourcents, mais un peu plus riche dans Ie décor en même temps que plus détérioré au bout du manche. Il était à l'usage des chefs. 34,5 x 26,5; L.: 18,5 (manche); épaisseur 2 cm (manche). MEN 69.18.42. Réf. BUCK 1957: 138-40 (fig. 93 c); KAEPPLER 1978a: 101 (reproduction en couleurs, ill. 158), 102. Le British Museum (Museum of Mankind) possède 4 éven- tails plus allongés mais semblables provenant du voyage ultérieur de George. Vancouver (examen du 22 octobre 1993). 214 LE MÛRIER ET L 'EPÉE Hameçon «chimmin» [Xl 20. 2. Amccons /en bois/ des Sauvages d'Ota-ity. Peut figurer dans Ia liste de 1834 parmi «8 Hameçons divers», manque dans les carnets de 1890. Etiquette «N° X 20. / ameçon de Sauvages». Reconnu en 1978 et exposé depuis lors. Kwakiull. Nootka Sound {King George Sound), Vancouver Island, Colombie britannique, Canada. Hameçon composé, formé d'un crochet de bois fortement recourbé; il est armé d'un dard rapporté en bois, attaché en diagonale par une lanière d'écorce de Prunus (?). La pointe du crochet est également entourée par une spirale d'écorce, arrêtée par un fil. Il reste un bout de ligne double en matière végétale tordue - détériorée en 1998 -, en-dessous de laquelle un fil végétal de serrage est enroulé sur les deux branches du crochet. Ces harpons étaient généralement faits d'une racine d'épinette (épicéa) pliée à la vapeur. Ils étaient utilisés, souvent par paire et lestés, pour pêcher le flétan (Hippoglossus stenolepsîs) (lettre de Mme Marie-Claire Bataille Benguigui du 31 août 1994). L.: 16,7; larg. 6,4; longueur du dard: 10; longueur de la ligne: 17 cm. MEN 95.1.7. Réf. FEEST 1995b: 138-40; Hauser-Schaublin 1998: 340, cat. 318 (Am 618); Kaeppler 1978a: 276 (ill. 610); Kew et Goddard 1974: 36-7; King 1981: 87 (ill. 105,106); Lavondès 1990: 182; Leroi-Gourhan 1973: 78-9; Phelps 1976: 317, pi. 185, nos 1497, 1498, 1499. Le spécimen de Göttingen (Am 618) est un peu plus petit, plus ouvert et sa pointe est en os (examen du 13 septembre 1994). Hameçon pour appâts «matau» |X] 20. 2. Amecons /en bois/ des Sauvages d'Ota-ity. Peut figurer dans la liste de 1834 parmi «8 Hameçons divers», manque dans les carnets de 1890. Reste et traces d'étiquette «N [...]». Reconnu en 1978 et exposé depuis lors. Maori (?). Nouvelle-Zélande. Petit hameçon composé, formé d'un crochet de bois recourbé; un dard en os pourvu d'un barbillon tourné vers l'extérieur y est attaché par de la ficelle, presque perpendiculairement à la branche. A l'autre extrémité de Ia hampe est fixée une ficelle de chanvre (?). La branche présente une importante torsion par rapport au plan. Pour la pêche au Ruvettuspretiosus (?). Ce type de hameçons existe dans tout le Pacifique et ils se ressemblent, si bien qu'il est difficile de les attribuer avec certitude à un archipel précis. Cet exemplaire pourrait aussi provenir de Hawaii (à en juger par le spécimen de 6 cm. proposé dans un catalogue Hurst & Hurst, Cambridge, Mas., n° 21, ex-coll. John Friede). L. (bois seul): 10; larg.: 5,8; longueur du dard: 2,8 cm. MEN 95.1.8. Réf. DUFF1969: 20; GUDGER 1927: 232-4; Hauser-Schaublin 1998: 301, cat. 105; Kaeppler 1978a: 115-6; Lavondès 1990: 174; Phelps 1976: 35, pi. 3, nos 29, 30, 31. 216 LE MÛRIER ETL'ÉPÊE Angklung (X] 21. Instrument de musique des indiens, /de l'isle de/ Java, en bois. Se retrouve dans la liste de 1834 sous la désignation «1 instrument de musique fait avec des Bambous» à laquelle correspond une étiquette précisant «Brésil» où a été rajouté, tardivement et à tort, d'une autre main «Don de IvT H1* Borei», puis, plus tard encore, au crayon «Angklung, instrument de guerre»; l'identification «Anklung Java» est reprise de cette même main sur le plus grand tuyau. Se retrouve dans les carnets de 1890, parmi les objets du Brésil «? [anonyme] 1 Instrument de musique formé d'un cadre sur lequel sont posées des flûtes en bambou [Fr] 5.-» Pas d'étiquette et attribué erronément par le registre du MEN à un achat à Paul Wirz (et Gustav Schneider) en 1920, alors que l'objet est manifestement entré antérieurement. Reconnu le 15 décembre 1992. Exposé depuis 1999. Sunda. Java occidental. Tige de bambou horizontale, percée de trois ouvertures rectangulaires et supportant perpendiculairement un châssis de bambou sur lequel sont accrochés deux entre- nœuds de bambou. Le cadre est constitué de quatre montants verticaux et de deux barres horizontales, la supérieure réunissant quatre montants, l'inférieure trois seulement. Les.deux montants du milieu sont prolongé par des tiges, attachées secondairement par des ligatures, se terminant par des flocs de fibres végétales; les deux montants'externes sont cassés à Ia partie supérieure et celui de droite également à sa partie inférieure. Les tubes de bambou verticaux, partiellement échancrés sur un côté et fermés par un nœud à Ia base, sontpourvus d'une perforation leur permettant d'être suspendus sur l'une ou l'autre baguette horizontale. Le premier espace ne comporte aucun tube - normalement le plus petit - pour lequel n'existe pas de barre de suspension spécifique. Le tube suivant est intact. Le plus gros est fendu et présente une perforation supérieure non utilisée. Guidés 'par des protubérances, les tubes coulissent dans les échancrures du bambou horizontal qui sert de résonateur. En principe accordés à l'octave, ils émettent un son - la taille de chaque tube en déterminant la hauteur - lorsque le cadre est animé d'un mouvement de va-et-vient et que les protubérances viennent buter à l'extrémité des gorges. Il est nécessaire de disposer d'une dizaine d'«angklung» pour former un orchestre. Ici, seul sonne le plus petit des tubes existants. Des réparations et des modifications ont dû intervenir. H.: 67; larg.: 47,3 cm. MEN II.C415. Réf. Kunst 1973:1; 361-4; II: ill. 121, 136; Tranchefort 1980:1: 59. 218 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Xylophone «mbÜa» ou «timbila» IX] 22, Idem [Instrument de musique], des hotten tots. Se retrouve dans la liste de 1834 sous la désignation «1 instrument de musique fait avec des Calebasses.» suivie de «2 batons surmontés à une de leurs extrémités d'une boule pr. jouer d'un des instruments» mais n'est pas repérable dans les carnets de 1890. Etiquette: «N° X 21 // Instrument de musique des Indiens», ce qui indique un croisement dans l'étiquetage. L'Inventaire ne mentionne pas de baguettes; celles qui lui sont attribuées dans le registre du MEN ne présentent pas de garanties suffisantes. Exposé en 1967 (quoique ne figurant pas dans la liste MEURON et CENTLIVRES 1965: 44) et depuis 1978. Chopi. Mozambique (ou Afrique du Sud). Neuf touches en bois dur et neuf résonateurs en calebasse, avec anse d'appui. «Une lanière permet au musicien de le suspendre [l'instrument] autour de son cou, alors que l'anse d'appui recourbée le maintient en position de jeu. Les touches, frappées à l'aide de baguettes garnies dé boules en latex, n'entrent pas en contact avec l'armature, car elles sont suspendues par un réseau de liens en cuir. Sous chacune d'entre elles est fixée une calebasse sphérique qui sert de résonateur; son volume dépend de Ia tonalité de la touche correspondante: plus le ton est bas, plus la calebasse est grosse. Chaque calebasse est en outre percée de deux trous: un trou sommital qui reçoit la vibration de la touche, vibration qui, amplifiée par la cavité de résonance, "ressort" par un trou latéral obturé au moyen d'une fine membrane en toile d'araignée qui vibre comme un mirliton et confère à l'instrument un timbre caractéristique: le son est tout à la fois "voilé" et prolongé par cette vibration. L'échelle tonale de ce xylophone correspond à peu près à celle qu'on rencontre sur les timbila fabriqués actuellement par les Tshopi, c'est-à-dire, de gauche à droite pour le musicien (de droite à gauche sur la photo): do3 - fa3 - sol3 - sol dièze3 - Ia3 - do4 - mi b4 - fa,, - mi b3. Il s'agit donc d'une échelle heptatonique (une octave) ascendante encadrée par deux tons bas.» (Borel 1986: 1). Une partie de l'anse d'appui et les séparations entre les touches sont sculptées d'une double rangée de pointes. L'instrument est en excellent état; seules les attaches en cuir ont été remplacées. 13 x 65 x 50 cm. MEN III.C.2915. Réf. Publié en carte postale couleurs en 1985. » 220 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Tapas [Xl 23 Etoffes d'Ota-lty, faites avec de l'Ecorce d'arbre. Se retrouvent dans la liste de 1834 parmi «2 Grands morceaux d'étoffe en écorce Otaity ? 7 3 morceaux de vêtements des habitants des îles Sandwich // 16. morceaux d'étoffes d'écorce des Otaytiens» mais ne sont pas repérables dans les carnets de 1890. Cette entrée regroupe des échantillons de plusieurs provenances (Hawaii en parti- culier) dont l'origine supposée «d'Ota-Ity» indique déjà l'ancienneté. Les tapas (ou «kapas» à Hawaii) sont fabriqués principalement à partir de l'écorce interne (ou liber) de diverses Moracées, le mûrier (Broussonetia papyrifera), «wauke» à Hawaii, «aute» à Tahiti, l'arbre à pain iArtocarpus sp.), «ulu» à Hawaii, «uni» à Tahiti, ou le figuier sauvage {Ficus sp.), non utilisé à Hawaii où l'est en revanche une plante sauvage de l'espèce Pipturus, «mamaki»; d'autres plantes sont encore à disposition (KOOUMAN 1972: 97-102; 1988: 17-8, 24; Severson 1984). La diversité caractérise cette production qui, à Hawaii, atteignait de grands raffi- nements dans la décoration - «Us en varient les dessins avec une richesse d'imagi- nation surprenante.», écrivait Cook dans son journal de février 1778 (1785: II: 482) - et dans la finition, puisqu'il était d'usage de parfumer certaines pièces. Outre la teinture par immersion, la technique associait la peinture à main levée et le mar- quage de lignes parallèles - sur une face seulement - avec un «peigne» ou traceur à pointes en bambou. Ces traceurs, parfois aussi faits de bois de «kauila», sont de deux types: simple en forme de couteau ou multilignes ressemblant généralement à une fourchette (à cinq dents quand ils sont en bois) (BRJGHAM 1911: fig. 46). Le MEN semble en posséder un exemplaire (MEN V.930), neuf et sans le moindre reste de couleurs, qui n'a que quatre dents. A cela s'ajoute !'«impression, au moment du feutrage, de filigranes ou "marques d'eau", dessinées par les gravures du battoir» (NECKER 1987: 89) appelé «tupai». En revanche, les techniques de décoration par impression d'estampes étaient inconnues avant le contact avec les Européens. «Cook estimait que, si les étoffes de Tahiti ne valaient pas celles de Hawaii en ce qui concerne "l'application des couleurs", elles surpassaient celles-ci en ce qui concerne la finesse et la qualité du tissu» (NECKER 1987: 99, d'après COOK et KiNG 1785: II: 482). Ces fragiles «textiles», plus proches en vérité des «papiers de Chine», décorés ou non, servaient à des usages variés: vêtements tant masculins que féminins pour diverses parties du corps, draps de lit, tentures ou séparations dans les habitations, ils étaient aussi linceuls pour les morts ou première enveloppe à la naissance. Cadeaux de manière générale, offrandes pour les chefs - passant parfois de généra- tion en génération - ou tapis déroulés sous leurs pieds, ils pouvaient prendre une valeur marchande, d'échange, et équivaloir à de la monnaie. Véhicule privilégié, ils emballaient aussi les dieux. Mais ils pouvaient tout aussi bien finir comme pansements pour les blessures ou comme serviettes pour les femmes (Bataille Benguigui 1996; Severson 1984). i XIV - CATALOGUE DES OBJETS 221 Une grande quantité de «kapas» furent récoltes par Cook (ou d'autres membres des expéditions) à Hawaii (KaEPPLER 1978a: 90) et beaucoup furent coupées en mor- ceaux dont plusieurs reliés ou collés dans la trentaine de recueils d'Alexander Shaw (1787), eux-mêmes parfois piratés (KAEPPLER 1978a: 117-8). Il semblerait que le British Museum (Museum of Mankind) en possède le manuscrit, à côté d'un autre recueil également manuscrit plus important (examen du 22 octobre 1993) intitulé A curious collection of bark cloth... et complété jusqu'en 1837, qui contient aussi des fibres, des cordes, des cheveux... et provient de l'évêque John Douglas, éditeur du récit du second voyage de Cook (Kaeppler 1978a: 10)4. Plusieurs musées ont des pièces de plus ou moins grande dimension ou des échan- tillons. Il est à constater que certaines présentent des prélèvements, comme à Berne (Kaeppler 1978b: 53-4), tandis qu'à Florence les découpes sont tardives (Kaeppler 1978b: 134-40). Shaw a publié, à un nombre non connu d'exemplaires - estimés à une trentaine (Kaeppler 1978a; 117) - réservés à des amis, un petit volume comprenant 8 pages de compilation accompagnées d'échantillons de tapas des trois voyages de Cook où prédominent ceux d'Hawaii, avec quelques autres spécimens comparatifs. Le nombre des échantillons, dont certains ont pu être amputés par T. August F. LeEtJi, varie de 37 à 43 - encore que le NTJC aille jusqu'à 92 ! - et ceux-ci peuvent différer selon les exemplaires. Tout à la fin du texte, il était encore signalé, à propos d'un spécimen de lace bark de la Jamaïque provenant de la vente de la duchesse de Portland: «NB. Of Alexander Shaw, No. 379, Strand, London, may be had Some fine Specimens of the tree, with the bark.». La moitié environ des exemplaires se trouve dans des fonds publics (O'Reilly 1967: 440-1). Malheureusement, Ie seul volume «accessible», celui de la Bibliothèque nationale à Paris (Rés. P 2 106), ne contient pas d'échantillon semblable (lettre de M™ Catherine AlUx du 22 mai 1997) et de surcroit ne peut servir de repère: il a été relié et la succession des échantillons ne correspond plus à la liste. Sur la garde en regard du titre, il comprend six lignes d'annotations manuscrites du XVIIP siècle: «Ce Livre est d'autant plus curieux pour une Collection / Botanique, que toutes les Etoffes dont il parle sont / le produit de Plantes, et faites la plupart avec / le Boussonetia papyrifera, Lher (Morus papyrifera. L.) / H peut aussi faire Suite aux trois Voyages du / Capnt." Cook.» Un autre exemplaire a été interrogé pour nous par M"" Sylvie Doriot, celui de la Mitchell Library .à Sidney, sans permettre un meilleur repérage. Le 19 juin 1979 était passé en vente (Christie's 1979: 23, lot 230) un volume comprenant 36 éclianullons avec des prélèvements; de même le 20 novembre 1997 (Christie's 1997:11, lot 1) un autre exemplaire conicnant 56 spécimens de tapas collés, soit 39 numérotés et 17 additionnels provenant en majorité de Hawaii. 222 Œ MÛRIER ET L'ÉPÉE Les ouvrages consultés ne nous ont pas fourni de documents semblables qui permet- tent de rapprocher un morceau d'un autre, ce qui serait une preuve suffisante de l'origine Cook, pas plus que nos visites, notamment à Vienne (examen du 15 avril 1994; lettre de M"* Gabriele Weiss du 11 juillet 1994) et à Göttingen (examen du 13 septembre 1994). Par ailleurs, rien ne prouve une tradition orale voulant qu'un petit morceau de Neuchâtel provienne d'un grand tapa de Berlin-Dahlem acquis d'un membre des expéditions Cook (lettre de M. Markus Schindlbeck du 18 décembre 1990). Une ressemblance frappante (signalée par une lettre de IvT* Agnès Rotschi du 23 septembre 1986 et confirmée par une lettre de M. Louis Necker du 29 mars 1990) est offerte entre l'échantillon MEN V.510 et une pièce du British Museum (Brigham 1911: pi. 39.1), proche d'une de Vienne (BRIGHAM 1911: pi. Y). De même entre MEN V.511 et un coupon (n0 V) de l'exemplaire de la compilation de Shaw acquise en été 1919 par le Musée de l'Université de Philadelphie (pi. II.1) (Hall 1921: 18-9), proche d'une de Florence (BRIGHAM 1911: 109, fig. 64, à comparer avec pi. W2; Kaeppler 1978b: 134-5, fig. 205), ainsi qu'avec un fragment encore plus petit (angle supérieur gauche) de la collection encadrée de 15 échantillons du Royal Scottish Museum (KAEPPLER 1978a: 117-8, fig. 201) et enfin avec un spécimen d'un autre exemplaire de la compilation de Shaw (CHRISTIE'S 1997: 11, lot 1, échantillon du bas), mais aucun de ces modèles n'est vraiment identique: les bandes tant rouges que noires sont plus ou moins rectiîignes et parallèles et les secondes varient dans leur groupement5. Pour ajouter au corpus déjà bien répertorié, il y a lieu de relever que le Musée d'ethnographie de Genève possède sept échantillons de taille réduite de tapa hawaiien donnés en 1874 par un «Professeur de Saussure» et un morceau de tapa tahitien donné par David Samwell (1751-1798) selon une inscription en anglais datée de Paris le 31 août 1800, qui tous remontent au troisième voyage de Cook (Necker 1987: 97, 99). Les collections ethnographiques du canton de Vaud, déposées au Musée cantonal d'Archéologie et d'Histoire, lors de la campagne d'informatisation de l'inventaire en 1990-1991, ont aussi révélé la présence dedeux tapas anciens, l'un, donné par MUe Deilent, Gland, au début du siècle, et dans lequel se trouvait un papier froissé portant trois lignes à l'encre d'une écriture appliquée du XVIIIe siècle: «Ecorce d'arbre dont s'habillent les robe d'Otaïti. / Elle a été aportée en Angleterre par un des / officiers de l'escadre du Capitaine Cook.» ainsi qu'un exemplaire du No. 3759 âe The St. James's Chronicle, or British evening-post, (samedi 9 au mardi 12 avril 1785), l'autre, provenant de J.-J. L'Aîné, que l'ancien catalogue identifie comme «Morceau de pagne d'écorce que portait à l'Ile d'Otahiti sir Joseph Banks» (examen du 11 juin 1991; communication orale de M. Gilbert Kacnel du 11 juin 1991). «It is possible that all [...] of diese fragments are from a single large piece within which the pattern varied, both with regard to the spacing of the stripes and the regularity of the execution. [...] It could also be, however, that in Hawaii at the end of the 18th century this general pattern was produced many times, with minor variations.» (lettre de M™ Adria H. Katz du 9 juin 1997). XTV - CATALOGUE DES OBJETS 223 Enfin, il semblerait qu'à Saint-Pétersbourg des lapas Cook mal connus figurent dans la collection N° 737 (lettre de M™ Elena S. Soboleva.du 30 mars 1995). Des recherches ultérieures de Nf° Elena Soboleva et Adrienne Kaeppler n'ont toutefois pas permis de les retrouver (courriel de Mme Adrienne Kaeppler du 7 septembre 2000.) Réf. KOOLTMAN 1972: 128-32; Meuron et Centlivres 1964: 97-112; O'Reilly 1946: 121; Van GENNEP 1914: 27, fig. 28, mais fournisseur ou provenance sont erronés. 224 LE MÛRIER ET L1EPEE Pièce de tapa «ahu» Etiquette «X 23. // Etoffe / d'Ota-Ity.» (l'autre grand morceau de la liste de 1834 (L) est peut-être V.502, plus rigide et à stries plus grossières, de 194 x 252 cm, de préférence à V. 504, de 172 x 212 cm (manque un quart), qui pourrait provenir de Fritz Favarger en 1841). Exposé en 1967. Tahiti (?). Pièce d'écorce battue, blanche, souple et fine. Stries fines et régulières (voir détail 1/1). Jaunissures et une déchirure. Le Muséum d'histoire naturelle de La Rochelle possède une étoffe d'écorce battue provenant d'un matelot sur la flûte Y Etoile et dont l'étiquette porte la mention: «Pièce de toile naturelle de,5 aunes Va de long sur 1, aune Û de large, provenant de la seconde écorce de l'arbre appelé Lagetto, bois dentelle (classe VI Dycotylédones apétales ordre 2. Les Thymélées). Jussieu, systema plantarum, donné en 1778, par M. l'Abbé Moussaud, professeur.au collège et membre de l'Académie des Belles- Lettres de La Rochelle. Elle lui fut apportée de l'Ile d'Othaiti, par un de ses frères faisant partie de l'équipage du vaisseau commandé par M. de Bougainville, dans son voyage autour du monde.» (PÉRÉ 1990-1991: 7-8). L'Histoire naturelle, générale et particulière (Buffon 1777: IV: 542-4) reprend "la description des «insulaires d'Otahiti» de-Samuel Wallis lors de son séjour dé juin 1767: «L'habillement des hommes & des femmes est fait d'une espèce d'étoffe blanche qui ressemble au gros papier de la Chine. Elle est fabriquée comme le papier avec le liber ou écorce intérieure des arbres qu'on a mise en macération», selon une technique que précise Bougainville, qui relâcha en 1768 à Tahiti: «Elles sont tissues avec l'écorce d'un arbuste que tous les habitans cultivent autour de leurs maisons. Un morceau de bois dur, équarri & rayé sur ses quatre faces par des traits de différentes grosseurs, leur sert à battre cette écorce sur une planche très-unie. Ils y jettent un peu d'eau en la battant, & ils parviennent ainsi à former une étoffe très-égale & très-fine, de la nature du papier, mais beaucoup plus souple & moins sujette à être déchirée. Ils lui donnent une grande largeun> (Bougainville 1771: 223). 126 x 488 cm. MEN V.503. Réf. Listé dans MEURON et Centltvres 1965: 45. 226 LE MÛRIER ET L'ÊPÉE Echantillon de tapa «kapa» • Etiquette «N° X 23. // Etoffe fabriquée à / l'Isle d'Ota-Iti» (voir détail). Exposé en 1967 et depuis 1978. Hawaii (Iles Sandwich). Etoffe d'écorce battue, peinte de chevrons noirs et rouges sur fond blanc. 66 x 70 cm. MEN V.505. Réf. Illustré dans Van Gennep 1914: 27, fig. 28. 228 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Echantillon de tapa «kapa» • Etiquette «51 [Eto]ffes fabriquées [...] Ota Iti», antérieure à l'Inventaire, collée dans un angle. Exposé en 1967 et depuis 1978. Hawaii (Iles Sandwich). Etoffe d'écorce battue, peinte de lignes et quadrillés noirs et rouges sur fond blanc. L'échantillon présente une couture simple correspondant au 3e croquis de Kooijman (voir détail). Ce procédé d'assemblage n'est attesté qu'à Hawaii et dans l'île de Pâques (NECKER 1987: 89). Déchirure en haut à gauche recollée secondairement. 25,5 x 65,5 cm. MEN V.506. Réf. BRIGHAM 1911: 104-9; Koouman 1972: 112-4. 230 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Echantillon de tapa «kapa» • Pas d'étiquette. Exposé en 1967 et depuis 1978. Hawaii (Iles Sandwich). Etoffe d'écorce battue, à décor de lignes ondulées et de points en noir et rouge sur fond blanc. 14 x 20,5 cm. MEN V.507. Réf. BRiGHAM 1911: pi. U2. 232 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Echantillon de tapa «kapa» • Pas d'étiquette. L'échantillon provient manifestement de la même pièce que le suivant, MEN V.509. Exposé en 1967 et depuis 1978. ¦ '' Hawaii (Iles Sandwich). Etoffe d'écorce battue, à décor de lignes ondulées et de points formant des triangles disposés en chevrons, en noir et rouge sur fond blanc. 15,5 x 25 cm. MEN V.508. Réf. BRlGHAM 1911: pi. T3. Echantillon de tapa «kapa» • Pas d'étiquette. L'échantillon provient manifestement de la même pièce que le précédent, MEN V.508. Exposé en 1967 et depuis 1978. Hawaii (Iles Sandwich). Etoffe d'écorce battue, à décor de lignes ondulées et de points formant des triangles disposés en chevrons, en noir et rouge sur fond blanc. Un rapiéçage d'origine. 29 x 18,5 cm: MEN V.509; ' Réf. Illustré dans VaN Gennep 1914: 27, fig. 28. Brigham 1911: pi. T3. 234 LE MÛRIER ET L'ÊPÉE Echantillon de tapa «kua ula» • Pas d'étiquette. Exposé en 1967 et depuis 1978. Hawaii (Iles Sandwich). Etoffe d'écorce battue, épaisse, peinte en noir et rouge sur fond blanc gaufré ou côtelé, effet obtenu «en faisant passer une sorte de patin sur le tapa posé sur une planche gravée avec des rainures parallèles.» {Necker 1987: 89). Kooijman (1972: 116-7) indique que ces tapas étaient fabriqués non par les femmes mais par les hommes. 20 x 23 cm. MEN V.510. Réf. Brigham 1911: pi. 39.1 à comparer avec pi. Y. Echantillon de tapa «kapa» • Pas d'étiquette. Exposé en 1967 et depuis 1978. Hawaii (Iles Sandwich). Etoffe d'écorce battue, à décor de lignes entrecroisées rouges et noires en «échelle» sur fond blanc. Les premières sont en zigzag et les secondes parallèles, par groupe de deux. 25 x 16 cm. MENV.511. Réf. Illustré dans Van Gennep 1914: 27, fig. 28. Brigham 1911: 109, fig. 64, à comparer avec pi. W2; CHRISTIE'S 1997: U, lot 1; Hall 1921: 18-9, pi. ILI; Kaeppler 1978a: 117-8, fig. 201; Kaeppler 1978b: 134-5, fig. 205; lettre de M"* Adria H. Katz du 9 juin 1997. Echantillon de tapa «kapa» • Pas d'étiquette. Exposé en 1967 et depuis 1978. Hawaii (Iles Sandwich). Etoffe d'écorce battue, à décor de lignes ondulées et de points en diagonale noirs et rouges sur fond blanc. 36 x 13 cm. MEN V.512. Réf. Illustré dans Van Gennep 1914: 27, fig. 28. « Il !!ulUiîiltlhlilf 'iiiiiiiliiiiliili ;!!l f ÌÌ!:Ì!ltlUI:|| ^::::;;. fir.« n I I »:! »:»» I » 'î* « • •-• - ¦« «ü « ti i:|:M ilì 4 U ' » J * 236 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Echantillon de tapa «masi» Pas d'étiquette. Exposé depuis 1999. Fidji (?). Coupon d'écorce battue, mince, à décor peint en brun foncé sur fond blanc. 29 x 52 cm. MEN V.513. Réf. Illustré dans MEURON et. Centltvres 1964: h.t.; illustré dans Van Gennep 1914: 27, fig. 28. 238 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Echantillon de tapa «ngatu» (?) Etiquette «51 [fabriquées [à Ota] Iti» antérieure à l'Inventaire, collée dans un angle. Exposé en 1967 et depuis 1978. Polynésie occidentale (?) Tonga (?). Etoffe d'écorce battue, irrégulière, à décor de lignes parallèles rouge-brun sur fond jaune, mince. Le motif a éventuellement été obtenu par frottement, avec un chiffon enduit de couleur, du tapa posé sur une matrice plate «kupesi». Celle-ci est faite avec des fibres de pandanus aplaties sur lesquelles ont été brodés des motifs en nervures de feuilles dé cocotier. 69 x 77 cm. MEN V.516. Réf. NECKER. 1987: 101-2; lettre de M. Louis Necker du 29 mars 1990; renseigne- ment oral de M. Christian Kaufmann du 13 janvier 1999. 240 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Echantillon de tapa Pas d'étiquette. Provenance inconnue. Coupon d'écorce battue, brun gris, gommé, minée,, décoré de bandes de 4 lignes parallèles brunes (voir détail 1/1). Manque un angle, coupé. 66 x 70 cm. MEN V.514. Echantillon de tapa Pas d'étiquette. Provenance inconnue. Coupon d'écorce battue, brun gris, gommé, mince, décoré de lignes simples parallèles brunes (voir détail 1/1). Manque un angle, coupé. 75 x 69 cm.. MENV.515. Echantillon de tapa Pas d'étiquette. Provenance inconnue. Coupon d'écorce battue, blanc, mince, très souple (voir détail 1/1). 44 x 53 cm. MEN V.517. 242 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Echantillon de tapa «kapa» Pas d'étiquette. Hawaii "(?). Coupon d'écorce battue, blanc, épais, formé d'une feuille à fines stries et de plusieurs couches spongieuses"(voir détail 1/1). 18 x 34 cm. MEN V.518. Echantillon de tapa «kapa» Pas d'étiquette. Hawaii (?). Coupon d'écorce battue, blanc, épais, formé d'une feuille à fines stries et de plusieurs couches spongieuses (voir détail 1/1). 16,5 x 17 cm. MEN V.519. Echantillon de tapa «kapa» Pas d'étiquette. Hawaii (?). Coupon d'écorce battue, rosâtre, mince, à fines stries (voir détail 1/1). 20 x 32 cm. MEN V.917. 2AA LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Pièce de tapa «kapa» Pas d'étiquette. Hawaii (?). Pièce d'écorce battue, jaune (voir détail 1/1). 85 x 177 cm. MEN V.914. Pièce de tapa «kapa» Pas d'étiquette. Hawaii (?), Pièce d'écorce battue, rose (voir détail 1/1). 85 x 227,5 cm. MEN V.915. Pièce de tapa «kapa» Pas d'étiquette. Hawaii (?). Pièce d'écorce battue, rosâtre, à stries grossières et entrecroisées (voir détail 1/1). Deux attaches en liber blanc. Manque un angle; plusieurs déchirures. 205 x 283 cm. MEN V.916. 246 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Fibres de figuier |X] 25 Ecorce d'arbres, dont les habitans d'Ota-Ity font leurs étoffes. Se retrouvent dans la liste de 1834 parmi «3 Paquets de filaments divers» mais ne sont pas repérables dans les carnets de 1890. Etiquette «N° X 25 // Ecorce dont on fait des / Etoffes à Ota Ity». Reconnues en 1978 et exposées depuis lors. Hawaii, Tahiti ou Tonga (?). Filaments végétaux jaunis par le temps, pouvant provenir de diverses régions de Polynésie. L'analyse microscopique et la comparaison excluent Formium tenax et permettent de rattacher cet échantillon à la famille des Moracées - dont certaines servent à fabriquer des tapas. Il semble probable que les fibres proviennent «d'un arbre tropical appartenant au genre Ficus (figuier)» sans que l'espèce puisse être précisée (Krähenbühl 1995: 145). L. du paquet: env. 35 cm. MEN V.937. Réf. Publiées dans Krähenbühl 1995: 142-6. Kaeppler 1978a: 175; lettre de MM Catherine Orliac du 21 juin 1995. Pour comparaison, le British Museum (Museum of Mankind) possède un «Bundle of dona fibre» (HAW.56) dont l'origine Cook n'est pas assurée. MM JUl Hasell (communication orale du 22 octobre 1993) suggère qu'elles pourraient servir à tresser des cordes; ce même musée a du reste un catalogue manuscrit d'échantillons textiles comprenant des cordelettes. Le musée de Berne (examen du 5 août 1994) conserve un échantillon de «Formium tenax ou lin de Nouvelle-Zélande» (NS 1, ex- Fr 29), celui de Göttingen (examen du 13 septembre 1994) plusieurs, celui de Wòrlitz (examen du 14 septembre 1994) deux et celui de Herrnhut (examen du 16 septembre 1994) un sous la forme d'une poignée de filasse originellement décrite comme «4 Stränge Neuseeländischer Hanf, woraus die vorigen beydn Stücke [Matten, i.e. pagnes] gemacht sind» (Catalogus-Nummer: 263 Inventarnummer: 68687) reconnue comme «neuseeländischer Flachs [Formium tenax], Neuseeland» (AUGUSTIN 1993: 121-2; 154, ill. 40). 248 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Maquette de kayak |X1 26 Pirogue Indienne. Se retrouve dans la liste de 1834 sous la désignation «1. Pirogue indienne (x. 26)» et dans les carnets de 1890 parmi les objets du Brésil «[Alfred] Berthoud-Coulon 1 petit canot à 1 personnage Caraïbes. [Fr] 10.--». Etiquette «N°. X 26. // Pirogue / Indiene» (voir détail). Reconnue en 1978 et exposée depuis lors; rétablie en 1987. Probablement nord de l'Alaska, USA. Le bâti en bois est recouvert d'une pièce de cuir de phoque cousue sur le dessus. Le trou d'homme, en bois, est également cousu sur la peau. Le fond est presque plat. Cette maquette a été affublée pendant un siècle, jusqu'en 1987, d'un personnage en tissu et cire brune aux traits indiens, habillé d'une chemise de coton de style XVIIIe siècle européen, qui s'adapte bien au trou d'homme, mais qui appartient en fait à la maquette de canot en écorce, cotée MEN IV.A.30, offerte par Charles Daniel de Meuron le 24 mars 1802, selon le procès-verbal du 9 juillet 1802 (B). Fente transversale à l'avant; nombreux passages de vers. L: 63; larg. max.: 6,8; h. (sans le trou d'homme): 3,2 cm. MEN VI.185. Réf. Publiée dans CSONKA 1988: 138, cat. 201, 139 (M.). 250 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Maquette de bateau [X] 27. Bateau d'Ecorcc d'arbre, fait par les Souvages Caraïbes. Se retrouve dans la lisle de 1834 sous la désignation «1 dit [bateau en écorce] plus petit fait par les Caraibes» mais n'est pas repérable dans les cameis de 1890. Pas d'étiquette. Reconnue le 12 avril 1996, malgré l'absence de toute indication. Exposée depuis 1999. Si l'attribution au Cabinet de CDM est correcte et que la pièce a une origine Cook, elle peut venir du deuxième (1772-1775), voire du premier voyage (1768-1771). Yàmana (Yàhgan). Terre de Feu, Chili. Embarcation à fond courbe, sans quille, formée de trois fragments d'écorce de hêtre austral {JVothofagus betuloides), grossièrement cousus par deux coutures, l'une avec une fibre foncée, l'autre avec une fibre claire. Les bordures sont renforcés par deux baguettes teintes en rouge, également cousues avec des fibres noires (fanon de baleine), qui maintiennent cinq traverses en bois sculpté. L'intérieur de la coque est renforcé par trois groupes de membrures (5, 25 et 6). Les deux rames, aplaties, sont taillées dans un bois blanc; leurs bords présentent des échardes. La construction des modèles avait un but pédagogique. H.: 10,8; L.: 70; larg. max.: 13,3 cm. Rames: L.: 34,7; Iarg.: 2,8; L.: 34; larg.: 3,5 cm. MEN 95.1.18.3-c. Réf. A comparer avec la maquette légèrement moins longue MEN IV.C.371, don de Frédéric Carbonnier Ie 28 août 1896; BELLASI et CAMPIONE 1997: 207-8, cat. 46; KELM et HEINTZE 1976: 420; renseignement oral de M. Ernst Johannes Kläy du 15 juillet 1993; renseignement téléphonique de M. Denis Chevallay du 5 juillet 2000. 252 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Panier • [Xl 28. Panier dont les hottcntots se servent pour traire Ie Lait. Se retrouve dans la liste de 1834 sous la désignation «1 dit [Pannier] en joncs dont se servent les Hottentots pr. traire le lait» mais n'est pas repérable dans les carnets de 1890. L'étiquette manque mais il subsiste à l'extérieur près de la base des traces de cire à cacheter, qui aurait pu fixer une étiquette. Exposé en 1967 et depuis 1978; rétabli en 1997. Eskimo du Pacifique (Chugach?). Cook Inïet ou Prince William Sound, Alaska, U.S.A. Vannerie tressée de racine d'épinette (Picea sitchensis) en deux nappes entrelacées, délimitant douze anneaux concentriques et une calotte. Un triple décor de vagues d'herbes non teintes de deux couleurs est réalisé selon la technique de la «fausse broderie», visible seulement à l'extérieur. Deux attaches simples en peau, nouées. L'attribution du XVIIIe siècle a longtemps induit une analogie erronée avec l'exem- plaire (RM 626) qu'Anders Sparrman (1748-1820), le médecin et naturaliste suédois qui prit part au 2e voyage de Cook (1772-1775), avait rapporté en 1776 et donné en 1799 à l'Académie des Sciences à Stockholm, actuellement conservé au Folkens Museum Etnografiska (Rudner 1957: 21; examen du 8 septembre 1997). Les caractéristiques du tressage, notamment à la base (voir détail), et le décor le désignent incontestablement comme une production de la côte Nord-Ouest (commu- nication orale de M. Christian F. Feest des 12 septembre et 4 novembre 1997). En parfait état, il aurait pu être recueilli par la troisième expédition de Cook en été 1778; on n'en connaît qu'un unique exemplaire assuré dans les collections du Musée d'ethnographie de Vienne. Le tressage, très serré, est imperméable et le panier permettait d'y chauffer de l'eau en y plongeant des pierres brûlantes. H.: 22; diam.: 26 cm. MEN III.C.3701. Réf. Listé dans MEURON et Centlivres 1965: 45. FEÉST 1995b: 170-2; Kaeppler 1978a: 269; Lee 1981; communication orale de M. Alberto Costa du 18 octobre 2000; courriel de Mme Molly Lee du 23 janvier 1998, qui considère probable la détermination. 254 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Petit sac «tandok» [Xl 29 2. Sacs natés, où les chinois tiennent leur Riz. Se retrouve dans la liste de 1834 sous la désignation «2 Sacs où les chinois tiennent leur Riz» mais n'est pas repérable dans les carnets de 1890. Pas d'étiquette. Exposé depuis 1978. Batak. Sumatra. Vannerie diagonale simple: un pris, un sauté. Une partie de l'ouverture est obtu- rée par une couture au fil rouge. Marqué sur une face, en travers et à la plume: «W.A.A.». Porté sûr la tête pour aller à la fête. 45 x 22 cm. MEN II.B.331. Réf. Listé dans MEURON et Centuvres 1965: 44; renseignement oral de M^e Marience Bourquin-Simanjuntak du 2 avril 1998. Petit sac «tandok» (XI 29 2. Sacs natés, où les chinois tiennent leur Riz. Se retrouve dans la liste de 1834 sous Ia désignation «2 Sacs où les chinois tiennent leur Riz» mais n'est pas repérable dans les carnets de 1890. Etiquette «N.° X 29 // Sac natté, dans / lequel les Chinois / tiennent leur riz». Exposé depuis 1978. Batak. Sumatra. Vannerie diagonale simple: un pris, un sauté. Une partie de l'ouverture est obturée par une couture au fil beige. Bordure inférieure ajourée en forme de lettre K. Marqué sur une face, en travers et à la plume: «W.A.A.». Porté sur la tête pour aller à la fête. 56 x 27 cm. MEN II.B.332. Réf. Listé dans MEURON et Centlivres 1965: 44. Le Städtisches Museum à Braun- schweig expose une «Sirih-Tasche der Karo Batak» en fibres de pandanus, qui présente des analogies avec cette pièce (visite du 14 septembre 1994); renseignement oral de M** Marience Bourquin-Simanjuntak du 2 avril 1998. IHi «t. 256 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Buste • IX] 32. Buste de Tipoo-Saïb, en bois. Se retrouve dans la liste de 1834 sous la désignation «1 buste de Tiposaïbe» mais n'est pas repérable dans les carnets de 1890. ¦;' "" Etiquette «[N° X 32] [fragment inférieur] // Tipoo:Saïb / Souverain dans l'Inde.». CDM aurait pu obtenir cette pièce en France. -Au MAH, la pièce a été attribuée par erreur à Alphonse-François Lacroix (1799-1859), missionnaire au Bengale. Exposé en 1967 et depuis 1978. France (?). V- Figure de papier mâché peint, avec des yeux en verre, en piédouche. Le support en bois tourné - collé à Ia cire à cacheter - repose surun cylindre en verre soufflé qui est lui-même supporté par une base en bois soclée, tout le bois étant peint en rouge- brun. Le haut du cylindre est entouré d'une dentelle de papier blanc collée sur un fond bleu. Portrait du Rajah Tipü Sahib (1752 ? -1799), sultan du Mysore, tué à la prise de sa capitale Seringapatam le 4 mai 1799. Fils de Hayder Ali (1721-1782), il lui succéda dès décembre 1782, poursuivant Ie combat contre les Britanniques, et c'est par malveillance qu'on continue à l'appeler Sahib. Une-tradition voudrait que le nom de Tipa signifie tigre en canarese mais elle est erronée; Il fut si célèbre que son épopée suscita à l'époque plusieurs ouvrages et inspira même une pièce de théâtre. On connaît de lui plusieurs portraits, tous de profil (ARCHER 1959). Une miniature ronde à l'aquarelle a passé en vente chez Schneider et Henn à Munich (n° 100) en mai 1990 (lettre de M. Jean-Pierre Jelmini du 4 mai 1990). Le buste ne correspond pas à l'iconographie traditionnelle où Tipü est moustachu mais jamais barbu, sauf si, en suivant M. Jean-Marie Lafont, c'était le prince qui était représenté. Pour M"e Anne Buddle, en revanche, il pourrait s'agir de l'un des ambassadeurs de Tipü auprès de Louis XVI à Versailles en été 1788, peut-être le troisième, Mohammed Osman Khan. H. tot.: 25,4 cm. MAH s.no. Réf. Archer 1959: fig. 1 à 4 (entre p. A et 5), lég. 27; Buddle 1999: 10-1; 29; MEURON 1982:164; MlCHAUD 1801; renseignements oraux de M. Jean-Marie Lafont et de NT Anne Buddle du 29 octobre 2000. Le Victoria & Albert Museum à Londres a fait réaliser une vidéo d'une demie-heure, Tippo 's Tiger, qui constitue une biographie condensée. ;*wM>« 258 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Figurine [X] 33 Un vieillard en bois, habillé en coquilles et en nacre. Se retrouve dans la liste de 1834 sous la désignation «1 Homme portant un sac en coquillages» et dans les carnets de 1890 qui précisent - à tort - «MadUe Presset Julie [lire Elise] 1 Figurine représentant un pêcheur fait en écailles de poisson (Chine?). [F] 2.--». Pas d'étiquette. Reconnue en 1978 et exposée depuis lors. Pays-Bas ou France (?). Personnage en bois sculpté et peint, recouvert de minuscules coquillages, de frag- ments de nacre et d'élytres de coléoptères collés, fixé sur un socle rectangulaire contrecollé de papier peint. Il porte un sac sur la tête. Le thème iconographique apparaît sur des carreaux de Delft. H.: 19 cm. MEN 59.5.4. Réf. MauriÈS 1994: 79, donne un exemple de la région de Guérande et s'accorde avec l'hypothèse d'une «origine nordique du personnage»; lettre de M. Patrick Mauriès du 1er décembre 1995. L'armoire d'angle est (3e rayon depuis le bas) de la Grande Ruchette enferme un couple de personnages costumés fait de coquillages moins fins, daté de 1862 et provenant de Schreveningen. 260 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Chimère ou «Jenny haniver» [F] 15. 1 Dragon voland. Manque dans la liste de 1834 mais a pu être remis plus tard par Louis Coulon et n'est pas repérable dans les carnets de 1890. Etiquette «N° F 15 // Le Dragon». La cote en recouvre une plus ancienne: «N° 36». Reconnue vers 1980; présentée en 1982 et 1987 et exposée depuis 1999. Indes orientales (?). Fabriquée à partir d'un corps de raie déformé, empaillé et affublé de deux nageoires collées et fixées chacune à l'aide de deux pointes en fer, rouillées. De tous les animaux fantastiques, de tous les monstres créés de main d'homme, les «dragons» sont sans doute ceux dont le succès populaire a duré le plus longtemps, puisqu'ils sont attestés dès la Renaissance. Conrad Ges[s]ner, qui en apporte l'une des premières images dans son Historia ani- malium (1560: 139) et montre un esprit critique, «accompagne cette gravure d'un commentaire expliquant ce qui a été fait au poisson et mettant en garde les gens trop crédules: ils ne doivent absolument pas acheter un tel monstre et encore moins en donner un prix élevé. [...] Gesner fait une distinction très nette entre les "dragons" et les "serpents volants"; il donne une image de ces derniers prouvant qu'un petit lézard tropical de Java était alors connu en Europe, mais non identifié. [...] Il s'agissait du Draco volans, lézard javanais qui vit dans les arbres.» (Ley 1971: 196, 198-9). Une telle mystification existait dans le cabinet des Gagnebin à La Ferrière avant 1765: «Draco ou dragon factice fait avec une raie. Jonst. t. 12. fig 1.B» ([Gagnebin] [1765?]: 4). Jan Jonston, dans son ouvrage sur les poissons (1649), illustre une «Raia exiccata et concinnata ad formam», planche XII, qu'il reprend dans celui sur les serpents (1653), en la faisant précéder d'un «Draco ex Raia effictus Aldrou [Aldrovandi]», planche XII également. Elle figure encore dans le Traité général des pesches de Duhamel du Monceau, 1769-1782, dans le catalogue de George Humphrey paru à Londres en 1797, il s'en vendit durant tout le XIXe siècle et il était même possible de s'en procurer dans la première moitié du suivant (Dance 1978: 19-32, 123). Valmont de Bomare, dans l'article Lézard volant déclare, s'appuyant sur Linné et Seba, que: «toutes les autres espèces de dragon volant, décrites par différens Auteurs, sont fabuleuses» et que tel «de ces prétendus dragons [...] n'étoit autre chose qu'une production de l'art, mais travaillée avec tant d'industrie, qu'elle sembloit être l'ouvrage de la Nature.» (1791: VII: 589-91). H.: 7; L.: 20; larg.: 23,5 cm. MENII.A.351. Réf. Exemplaire du Rijksmuseum d'histoire naturelle de Leyde (DANCE 1978: 26). k b f <> ¦ - WJ^^^Ê^ Ifl ^^B i^^^^^. • 262 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Œuf d'autruche gravé [J] 2. 1 Dit (Oeuf d'Autruche] gravé. Se retrouve dans la liste de 1834 sous la désignation «1 oeuf d'Autruche sculpté» mais n'est pas repérable dans les carnets de 1890. Pas d'étiquette. Reconnu vers 1980. Exposé depuis 1999. Le Cap, Afrique du Sud. Percé à son sommet, l'œuf est champlevé de deux scènes naïves dans des ovales délimités par un cordage. L'une représente le Christ assis face à un docteur de la Loi, l'autre le sacrifice d'Abraham. A la base, un texte en haut néerlandais s'inscrit dans une spirale délimitée par un cordage, les caractères croissant de taille: «HOUW 0OP0O0 VADER ° SPAAR ° UW ° KIWD ° HET • STERK ° GELOOF ° KRYGT 0 GOD ° TE ° VRJMD ° » [Arrête ô Père, épargne ton enfant parce que la foi forte te donne Dieu pour ami] (voir détail). Entre les sujets sont finement gravés des motifs végétaux ainsi que sur une bande, également délimitée par des cordages, autour de la perforation. Une ancienne ficelle de suspension (voir A/J MEN 95.1.11) a subsisté, arrêtée par un bâtonnet de bloquage. H.: 15,7; diam.: 13 cm. MEN 95.1.9. Réf. Illustré dans Bassani 1997: 264 (à g.). Deux œufs d'autruche sculptés figu- raient sous le N° 707 au catalogue de JvT GALLOIS de 1780 - CDM en possédait un exemplaire (E 56) dans sa bibliothèque -, dont un avec les armoiries des Provinces- Unies. 264 LE MÛRIER ET L 'EPEE Harpon M 1. 2. A meçonson os, des Sauvages d'Ota-ity. Peut figurer dans la liste de 1834 parmi «8 hameçons divers» mais n'est pas repérable dans les carnets de 1890. Etiquette «N° Ml.// am[eço]n de Sauvages» (voir détail). Du côté opposé à celui où est collée l'étiquette se déchiffre un numéro «38.» (voir détail). Reconnnu en 1978 et exposé depuis lors. Il fait partie d'un ensemble, déjà éclaté dans l'Inventaire, dont les trois éléments (MEN VI. 146, VI.262 et VI.325) ont été réunis par M. Yvon Csonka en 1987. Eskimo. Sud de l'Alaska ou îles Aléoutiennes, USA. La tête en bois de caribou, dont la face corticale est gravée, comporte une pointe en pierre taillée maintenue par une mince gaine d'écorce et ligaturée de tendon. Une cupule est taillée dans l'un des côtés de la pré-hampe en bois de caribou. Les ligatures de tendon sur la ligne recouvrent de minces feuilles. La base de la pré-hampe s'adapte à la hampe MEN VI.262 (EE 2[9]). Le troisième élément correspondant est un propulseur MEN VI.325. L.: tête 10,3; pré-hampe 11,2 cm. MEN. VI. 146. Réf. Publié dans Csonka 1988: 136, cat. 198, 137 (ill.). 266 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Pointe de flèche M 1. 2. A ni eç on se n os, des Sauvages d'Ota-ity. Peut figurer dans la liste de 1834 parmi «8 hameçons divers» mais n'est pas repérable dans les carnets de 1890. Etiquette «N° M 1. // ameçon de Sauvages». Reconnue en 1978 et exposée depuis lors. Eskimo. Alaska, USA. Bois de caribou, avec une profonde barbelure, prolongée de chaque côté par une entaille, et un trait gravé à la base sur la face sans étiquette. Le tranchant en pierre signalé dans le registre du MEN a disparu. Il semblerait y avoir des traces d'écriture sur l'arête opposée à la barbelure. L.: 18 cm. MEN VI. 138. Réf. Publiée dans Csonka 1988: 138, cat. 202, 139 (ill.). Kaeppler 1978a: 274; Kaeppler 1978b: 67, 68 (ill.); Nelson 1899: pi. 61 alO et b8 (pointes analogues plus récentes). A comparer avec la pièce Al.5.8 de la collection Wäber (3e voyage de Cook) au Musée Historique de Berne, publiée dans. Henking 1957: 372 (ill.), 373 et dans KAEPPLER 1978b: 67 (ill. 127), 68. 268 LE MÛRIER ET L EPÉE Hameçon à cuiller et bas de ligne «ipa» ou «ba yaloyalo» [M]Z. Ligne des habitons des IsIes du Sud. Peut figurer dans la liste de 1834 parmi «8 hameçons divers» mais n'est pas repérable dans les carnets de 1890. Pas d'étiquette mais marque claire sur Ie corps, à gauche de la cordelette; traces d'écriture indéchiffrables. Reconnu le 21 décembre 1992. Tonga (Iles des Amis). Hameçon composé classique formé d'un corps en os de baleine doublé au dos d'une lame de nacre noire très soigneusement plaquée et fixée au bas et au haut par une attache de fibres, légèrement oblique, qui se dissimule dans une petite gorge. La lame est plus courte d'un centimètre et s'appuie sur un ressaut de l'os. Il a fait l'objet d'une réparation indigène. Ainsi, Ie crochet, taillé dans de l'écaillé de tortue et armé d'un barbillon interne, est perforé en trois endroits: dans la perforation de la base, une cordelette, pourvue à l'arrière d'un mouchet de fibres de Moracées (indication orale de M. Martin Krähenbühler du 17 février 1995) servant de leurre, le maintient au corps du hameçon. Le trou supérieur sert normalement pour la seconde attache et le départ de la ligne. Elle semble avoir cédé, si bien qu'une attache de fibres, simplement passée par-dessus, maintient le crochet au milieu. Quant à la ligne «tau», son départ est refixé par une tresse de cordelette passant par une perforation médiane supplémentaire du crochet, sous l'attache de fibres. Ce dispositif manifeste l'importance du lien entre la ligne et le crochet, le corps servant de lestage et la plaque de nacre d'appât. «La touffe de fibres [.:.] doit suggérer une queue de poisson bougeant dans l'eau.» (Forment 1981: 59). La ligne, tressée en fibres d'«olona» (Touchardia lati/olia) et renforcée par un enroulement de cordelette, est maintenue par une attache au haut du corps du hameçon. La ligne est coupée à deux centimètres. Au XVIIIe siècle, les lignes «sont des cordes, à l'extrémité desquelles sont ajustés des ains ou hameçons garnis d'appât qui attirent le poisson.» (Encyclopédie d'Yverdon) Ces hameçons étaient utilisés pour la pêche à Ia bonite (thon) «hi atu», ainsi que le précise Cook (1785: 89) dans le récit du troisième voyage en juillet 1777: «Ils [Les Insulaires] tirent leurs cordages des fibres de la gousse de cocos; ces fibres n'ont que neuf ou dix pieds de long, mais ils les joignent l'une à l'autre en les tordant; ils en font ainsi des ficelles de l'épaisseur d'une plume, & d'une très-grande longueur, qu'ils roulent en pelottes, & qu'ils réunissent ensuite, pour avoir de gros cordages. Leurs lignes de pêche sont aussi fortes & aussi unies, que les meilleures des nôtres. De grands & de petits hameçons forment le reste de leur attirail de pêche; les derniers sont en entier de nacre de perle; mais les premiers sont seulement recouverts de cette matière. La pointe des uns & des autres est ordinairement d'écaillé de tortue; celle des petits est simple, & celle des grands barbelée. Ils prennent avec les grands, des bonites & des albicores; pour cela, ils adaptent à un roseau de bambou, de douze ou quatorze pieds de long, l'hameçon suspendu à une ligne de même longueur. Le bambou est assujetti par une piece de bois entaillée, posée à l'arriére de la pirogue, &., à mesure que l'embarcation s'avance, elle traîne sur la surface de la mer, sans autre appât, qu'une touffe de lin qui se trouve près de la pointe.». L. de la base: 15; larg. max. 2,9; larg. à Ia base: 1,8; long, du crochet: 6 cm. MEN 95.1.10. 270 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Réf. Publié dans Kaehr 1994b: 143-5. Bataille BENGUiGur 1994: 143, 229-38; Duff 1969: 53 (ill. 91); Force et Force 1971: 151, 156 (ill.); Forment 1981: 56, n° 72; 59; Hauser-Schäublin et Krüger 1998: 322-3, cat. 238; Kaeppler 1978a: 234-5; Kaeppler 1978b: 44-5; Phelps 1976: 167, pi. 89, nM 692, 693, 694. Un hameçon analogue mais plus grand figure dans un catalogue Hurst & Hurst, Cambridge, Mas. n° 16, ex-coll. John Friede. Les exemplaires - complets - de Göttingen (Oz 211, Oz 216) permettent de constater que la fixation dans la nacre peut aussi être verticale ou horizontale (examen du 13 septembre 1994). Dans celui de Wörlitz (SSG 11-1162), qui date du 2e voyage, le crochet présente la particularité d'être constitué de deux plaques d'écaillé reliées par des ficelles non perforantes (examen du 14 septembre 1994). Bracelet ouvert «kupe'e ho'okalakala» [ M 1 3. Bracelet, en dents, dont le [se] parent les femmes des Isles du Sud. Se retrouve dans la liste de 1834 sous la désignation «1 Bracelet fait avec des dents; dont se servent les habitants des iles Sandwich» mais n'est pas repérable dans les carnets de 1890. Pas d'étiquette, mais trace de colle. Reconnu en 1984/85. Exposé depuis 1999. Hawaii (Iles Sandwich). Formé de 18 dents de cochon disposées symétriquement, percées de deux trous (certaines ont un trou supplémentaire, non utilisé) et attachées par une cordelette de fibres tressées «olona» {Touchardìa lati/olia). La cordelette forme une boucle d'un côté et, de l'autre, le lien libre sert d'attache. 11 est prolongé par une ficelle de suspension semblable aux autres qui ont subsisté (voir J2 MEN 95.1.9). Les dents extérieures sont légèrement plus petites que celles du milieu. Trois ont perdu une petite lamelle d'émail et la plupart présentent des cassures à leur base. Dessinant trois quarts de cercle, ouvert là où la main touche le corps, cet ornement corporel, typique des îles Hawaii où l'élevage des cochons se faisait à grande échelle, était porté au poignet, pointes vers la main, par les danseurs de la société «hula» comme une partie de leur costume plutôt que comme ornement cérémoniel. Mais on ne sait rien sur leur sens dans la culture hawaiienne avant 1778. Pour certains auteurs (BOUNOURE 1992: 223; DÉCOUVERTE 1972: n° 156; Duff 1969: 68, ill. 129), cet ornement - dont le nom signifie «bracelet avec des pointes» - - était réservé aux femmes nobles, pour d'autres, il est l'apanage des hommes. H. des dents: 7-6,5; longueur du bracelet au centre: 14 cm. MEN 95.1.11. Réf. Arte dell'Oceania 1971: ill. 379; Buck 1957: 546; Choris: pi. XII: Three Dancers; COOK et KING 1785: Atlas: pi. 67, n° 5; HAUSER-SchäUBLIN et KRÜGER 1998: 328, cat. 262 (Oz 239); Kaeppler 1978a: 95-6; Pickens 1982: 10-2, fig. 3. Des bracelets existent dans un certain nombre de musées, notamment au Bishop Museum, Honolulu, et peuvent comporter de 18 à 24 dents; A. Kaeppler en recense 16 exemplaires provenant du 3e voyage de Cook. 272 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Trois pommeaux de canne [M] 4 4. Pommes de canne faite avec la Dent machelicre de l'Eléphant. Se retrouvent dans la liste de 1834 sous la désignation «3. Pommeaux de cannes faits avec des machelières d'Eléphant» - l'un est déjà absent - mais ne sont pas repérables dans les carnets de 1890. Pas d'étiquette. Reconnus en 1978 et exposés depuis lors. C'est peut-être ceux dont CDM acquit six exemplaires au Cap comme en font foi ses comptes: le 20 octobre 1784, 34 Rixdallers sont versés pour «6 Pommes de Canne, en dent macheliere d'éléphant, & 2 Sambocks achetés par M. Le Colonel» (P - dos.28.II). Mais il s'en procura aussi d'autres par la suite, si bien qu'un mélange ne serait pas impossible. Européen (?). Afrique du Sud (?). Ivoire tourné et creusé. Ils forment un cylindre, s'évasant plus ou moins à la partie supérieure, avec un bord arrondi. Ils sont partiellement évidés à l'intérieur. Nombreuses fentes et irrégularités. H.: 5,7; 5,7; 5,2; diam: max.: 3,3; 3; 3 cm. MEN II.A.193; II.A.194; II.A.195. 274 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE OBJETS DE L'INVENTAIRE NON RETROUVÉS À CE JOUR [FI 129 Noix d'arec travaillée. Non repérable dans la liste de 1834. (XI 2. Cassette d'un bois précieux de l'Inde. Non repérable dans la liste de 1834. [X] 3 Espece de Grue avec laquelle 2 hommes lèvent un canon de 36. Manque dans la liste de 1834. [X] 5. Peut tonneau en bois blanc. Manque dans la liste de 1834. [X] 9. Modele d'un compte chinois, sur un petit morceau de bois. Non repérable dans la liste de 1834. [X] 11. Paire de souliers chinois, en étoffe de soie. Se retrouve dans la liste de 1834 parmi «3 Paires de Pantoufles chinoises» ou comme «1. Paire de dites plus flasques de?». [XI 12. Papier de Chine fait avec l'ecorce d'un arbrisseau, p/ envelopper les étoffes de soie. Non repérable dans la liste de 1834. Le typique et inévitable papier de soie, objet caractéristique des cabinets. (X] 13. 5. Parapluies chinois Se retrouvent dans la liste de 1834 sous la désignation «2 Parasols chinois, ou parapluies» - il en manque déjà 3 - et dans les carnets de 1890 qui détaillent la vitrine de Chine et Japon peut-être mélangés parmi: «Vaucher fr 3 Parasols chinois. [F] 6.-». A la Grande Rochette, le soubassement de la vitrine est abritait la pointe en papier d'un «PareS[ol] / Chinolis] N° [82]?». [X] 14 Petit panier en paille qui sert de sac à ouvrage aux D."** du Japon. Se retrouve probablement dans Ia liste de 1834 sous la désignation «1. Pannier en nate». [X) 15. Ajustent ens en soie et or, des Dames du Japon, quand elles sortent Manque dans la liste de 1834 et dans les carnets de 1890. XTV ¦ CATALOGUE DES OBJETS 275 [Xl 18 Tabatière en bois et garnie en écaille, faite par Louis XV Roi de france. Manque dans la liste de 1834. (Xl 24 Metier dont se servent les habitans d'Ota-Ity p.r leurs étoffes. Non repérable dans la liste de 1834. [XI 30 . Natte dont se servent les Princes indiens pour s'assoir. Se retrouve dans la liste de 1834 sous la désignation «1 Nate ronde». IXl 31 Hamac Indien. Se retrouve dans la liste de 1834 sous la désignation «1. Hamac». [Xl 34 5. Morceaux de bois p.r montrer comm.'on peut rapporter différentes pieces ensemble. Manque dans la liste de 1834. I M I 5 Cappe antique de Suisse, faite avec des plumes noires. Manque dans la liste de 1834. Peut-être cette pièce était-elle une cape en plumes de corbeau provenant de Californie telle qu'il en existe une datant du XIXe siècle dans les collections de la Kunstkammer à Saint-Pétersbourg (MUSÉE D'ETHNOGRAPHIE 1989: n° 17), à moins qu'il ne s'agisse d'un manteau de plumes (de cygne hoir) de Nouvelle-Zélande, tel qu'il en existe un à 1'Übersee-Museum de Brème (KELM et HEINTZE 1976: 194)? [ M ] 6. Nerfs faits avec la peau du col du Rhinoceros, dont on donne la correction aux Nègres. Manque dans la liste de 1834 et impossible à distinguer parmi toutes les chicottes du MEN. Ce pourrait être l'un des «2 Sambocks achetés par M. Le Colonel» le 20 octobre 1784 (P - dos.28.II). 276 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE OBJETS DE L'INVENTAIRE DISPARU Figurine • Se retrouve dans la liste de 1834 sous la désignation «2. Magots en porcelaine» et dans les carnets de 1890 pour la vitrine de Chine & Japon «G1. Meuron 2 Magots chinois montés sur un lion [F] 80.--». Etiquette «N.° AA 8. // Magot Chinois.» Exposée en 1967 (quoique ne figurant pas dans la liste MEURON et CENTLIVRES 1965: 44) et depuis 1978. Chine. Epoque Qianlong (1736-1795) (?). Porcelaine peinte en bleu, rouge et noir, avec des touches de vert et de jaune, représentant un Baxian (Pa-sien) monté en amazone sur un dragon; il tient un orgue à bouche «sheng» de la main droite. La come droite du dragon est cassée. Les Baxian, immortels vénérés par les taoïstes, sont au nombre de huit. 18,8 x 14,5 x 6,7 cm. MENII.B.134. Réf. Illustrée dans MEURON et CENTLIVRES 1964: 96 (en haut à droite). Lahmani 1980:1: 90. Figurine • Se retrouve dans Ia liste de 1834 sous la désignation «2. Magots en porcelaine» et dans les carnets de 1890 pour la vitrine de Chine & Japon «G1. Meuron 2 Magots chinois montés sur un lion [F] 80.-». Etiquette «[Ni.0 AA 8. // Magot Chin[ois.]» Exposée en 1967 (quoique ne figurant pas dans la liste MEURON et CENTLIVRES 1965: 44) et depuis 1978. Chine. Epoque Qianlong (1736-1795) (?). Porcelaine peinte en bleu, rouge et noir avec des touches de vert et de jaune, représentant un Baxian (Pa-sien) monté en amazone sur un dragon; il tient un emblème de la main gauche. La corne droite du dragon est cassée. Sous la pièce se déchiffre une inscription à la plume: «Les deux / -Hf . *» qui est peut-être une indication de prix. Les Baxian, immortels vénérés par les taoïstes, sont au nombre de huit. 19 x 15,7 x 6,4 cm. MEN II.B.135. Réf. Illustrée dans Meuron et Centlivres 1964: 96 (en haut à droite). Lahmani 1980: I: 90; renseignement oral de M. Zhang Zhihong du 12 juillet 1995. 278 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Cruche Se retrouve dans la liste de 1834 sous la désignation «1. Vase fabriqué aux indes, en terre ouvragée» mais n'est pas repérable dans les carnets de 1890. Etiquette «N.° BB 2. // Vase fabriqué / dans l'Inde». Reconnue en 1978 et exposée depuis lors. Inde (?). Terre rouge, surchargée d'un décor végétal et floral appliqué en relief vraisemblable- ment selon une technique à la barbotine et pourvue de deux anses. Cassée et recollée anciennement à la colle à chaud. La pièce dégage une odeur de résine. H.: 31,5; diam.: 15,6 cm. MEN II.A.125. 280 LE MÛRIER ET L ÉPÉE Quatre tasses Se retrouvent dans la liste de 1834 parmi «3 tasses en porcelaine de l'inde.» et dans les carnets de 1890 qui signalent parmi les objets les plus précieux de la vitrine de Java «les tasses porcelaine craquelée, de forme très ancienne». Seules deux des tasses (H.B.130 et II.B.131) portent à l'intérieur une étiquette «N.° BB 4. // tasse en / porcelaine de l'Inde». La liste de Louis Coulon n'indique que trois tasses mais quatre obélus ont été portés en marge lors du pointage de la fin du siècle passé. Exposées en 1967 et depuis 1978. Chine. Sung XIII* siècle. Porcelaine craquelée gris bleu (II.B.128, 129 et 131) ou bleutée (II.B.130); anse. Chacune est différente: II.B.128 a une anse double et un bord légèrement festonné, deux petites ébréchures et une grosse; II.B.129 a une anse simple et un bord très festonné avec deux reliefs latéraux; ILB.130 a une anse simple et un bord très festonné avec.deux reliefs au haut et au bas de l'anse; II.B.131 a une anse double et un bord peu festonné, avec un relief au bas de l'anse. H.: 7-7,5; diam. ouverture: 8-8,5 cm. MEN II.B.128; II.B.129; II.B.130; II.B.131. Réf. Illustrées dans Meuron et CentuvrES 1964: 96; listées dans Meuron et Centuvres 1965: 44 («Tasse chinoise en verre coulé [...]» s.no. «5 [sic] autres tasses semblables»). Renseignement oral de M. Hugo Weihe du 7 décembre 1990; renseignement oral de M. Zhang Zhihong du 12 juillet 1995. 282 LE MÛRIER ET L'ÊPÉE Récipient à couvercle Se retrouve dans la liste de 1834 sous la désignation «1. Tabatière faite aux Indes» mais n'est pas repérable dans les carnets de 1890. Etiquette «DD 3 // Tabatière / faite aux Indes.». Reconnu en 1978 et exposé depuis lors. • Inde ou Japon, de style chinois (?). Boîte plate en laiton doré et laque noire, avec couvercle à charnière et languette- ressort de fermeture. Le décor de fleurs, oiseaux et cheval se répartit entre six cartouches, un sur chaque face et quatre latéraux. H.: 3,7; diam.: 9,5/7,4 cm. MEN II.A.349. Petite poire à poudre N'a jamais fait partie de la donation, peut-être en raison de son état. Etiquette «DD 4 // Poire à poudre de / l'Empereur deCandie». Reconnue le 4 juillet 1995, dans la vitrine est de la Grande Ruchette. Exposée depuis 1999. Tamoul. Sri Lanka. Récipient cylindrique arrondi en laiton, doublé d'une gaine en bois (?) sculpté et travaillé à jour avec des motifs floraux et animaux. La base et Ia partie supérieure en argent, ornés de motifs végétaux, étaient autrefois collés mais l'ensemble est actuellement démantibulé en trois morceaux. Le bouchon, dont le haut se dévisse, comporte un clapet à ressort représentant un animal fabuleux. A une chaînette latérale est fixée une curette. Recollée en 1999. H.: 17; diam.: 3,8.cm. Propriété privée. 284 LE M ORIER ET L'ÉPÉE Bouclier Se retrouve vraisemblablement dans la liste de 1834 parmi les «2, Ecus I. garni en acier 1. en cuir uniquement» mais n'est pas repérable dans les carnets de 1890. Etiquette «N° [E]E 4 // Ecu, / en Cuir.». Reconnu le 11 février 1986. Exposé depuis 1999. Inde. Cuir laqué, bombé et circulaire, avec rebord vers l'extérieur. Au centre, quatre boutons en fer aboutissent, à l'intérieur, à des œillets. Deux poignées en fibres de coco entourées de ficelle sont fixées l'une aux deux œillets supérieurs, l'autre aux deux œillets inférieurs par l'intermédiaire d'anneaux en fer, rouilles. Deux grosses perforations non d'origine laissent passer une sangle de suspension près de laquelle, à l'intérieur, a subsisté un petit fragment d'étiquette; deux trous de clous. Diam.: 51-52; h.: 11 cm. MEN II.A.366. Bouclier Se trouve vraisemblablement dans la liste de 1834 parmi les «2. Ecus 1. garni en acier 1. en cuir uniquement» mais n'est pas repérable dans les carnets de 1890. Pas d'étiquette; appartenance presumable à la série EE. Reconnu le 29 mars 1995. Exposé depuis 1999. Inde. Cuir laqué, bombé et circulaire, avec rebord vers l'extérieur. Au centre, trois boutons en fer, ajourés, piquetés et dorés (le quatrième est absent) aboutissent, à l'intérieur, à des œillets dans lesquels passent des anneaux en fer, rouilles. Les viroles maintiennent encore des restes de tissu rouge. Ficelle double attachée à une boucle. Deux grosses perforations non d'origine, comme dans Ia pièce précédente, MEN II.A.366, devaient permettre de suspendre le bouclier. Un clou; bordure détériorée ou incomplète à deux places. Diam.: 42; h.: 7 cm. MEN 95.1.16. Réf. Un bouclier analogue est porté par un soldat de l'escorte du rajah de Dharakot (Orissa du Sud) en 1988 (Fischer et Pathy 1990: 57, ill. 62). 286 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Lance «ihe» ou «ihe lau make» Peut figurer dans la liste de 1834 parmi «3 Sagayes d'espèces différentes» mais n'est pas repérable dans les carnets de 1890. Etiquette «EE 16 / Assagaye en bois roze». Il a été rajouté sur l'étiquette au crayon «Hawaii 8pds 4pces», ce qui correspond bien à l'origine et à la longueur. Exposée en 1967 et depuis 1978. Hawaii (Iles Sandwich). Longue javeline barbelée, d'une pièce, en bois de «kauila» (Alphitoniaponderosa), d'une belle couleur noyer foncé, parfaitement polie. Elle est équilibrée pour le jet. La hampe est arrondie et l'extrémité inférieure s'amincit graduellement, tandis que, vers la pointe, elle croit progressivement pour s'arrêter brusquement. La pointe, peu aiguisée, est très soigneusement sculptée pour former 5 spires de 3 barbelures avec des pointes arrondies dessous et des angles aiguisés dessus. C'est un travail d'une surprenante perfection. Les «étages» sont agencés de telle manière qu'ils alternent, rendant l'arme plus dangereuse. Les dimensions des étages varient (voir détail). Elle a été sciée obliquement en deux et les deux parties ont été refixées avec des clous de métal. L.: 246; diam. max. de la hampe: 3,3; diam. min.: 0,8; long, de la partie barbelée: 24 cm. MEN V.954. Réf. Listée dans MEURON et Centlivres 1965: 44. DUFE 1968: 73, ill. 143; Hauser-Schäublin et Krüger 1998:.331, cat. 278 (Oz 255); Kaeppler 1978a: 111-2; Kaeppler 1978b: 152. A. Kaeppler en recense 8 provenant du 3'voyage de Cook. Un «ihe», provenant de Warwick Castle, a passé en vente chez Christie's le mardi 6 octobre 1987 (CHRISTIE'S 1987: 29 + ill. pi. 6 et 7, n0 377). 288 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Carquois et flèches Se retrouvent dans la liste de 1834 sous la désignation «1. Carquois en bois, contenant / 38. Flèches empoisonnées, et une pointe de Sagayes.» mais n'est pas repérable dans les carnets de 1890. La «pointe de Sagayes» est peut-être la baguette de tabou MEN 95.1.15. Etiquette «EE 22 // 1 Carquois en bois - avec 12 flèches empoisonnées / des hottentots». Le carquois, seul certain, a été exposé en 1967 et depuis 1978; les flèches depuis 1999. Hottentot [Gqunukwebe]. Afrique du Sud. Bois dépouillé de sa couche superficielle qui ne subsiste que dans le haut sur environ 12,5 cm et qui est très raviné. Ce cylindre est fermé dans le bas par un capuchon de peau et doublé d'un manchon de peau vers l'ouverture; l'intérieur en est noirci sur 2,5 cm. Au milieu, une gaine de peau, d'où partent des attaches en cuir, est tendue par de la ficelle. L'ensemble porte des traces d'ocre rouge. Il n'y a pas de couvercle. A propos des armes des Hottentots, Sparrman (1787:1: 214-5) écrit que: «Leurs car- quois (pi. II, fig. 5) ont deux pieds de long et quatre pouces de diamètre. Ceux que j'ai vus, et deux que j'ai rapportés, étoient faits d'une branche d'arbre creusée, ou plutôt de l'écorce d'une de ces branches détachée du bois et entière, fermée avec du cuir aux deux bouts. La partie extérieure est teinte d'une matière onctueuse, qui devient dure en séchant. Les deux carquois que j'ai rapportés sont bordés, à l'ouverture, d'une peau de serpent et même, m'a-t-on dit, de la peau d'un serpent jaune, le plus venimeux qui soit dans cette contrée.» Il s'agirait de l'écorce du Kokerboom (Quivertree, Aloe dichotoma) / ou bois de «koa» ou «toa». H.: 66; diam.: 9,5 cm. MEN III.C.3700. Réf. Listés dans MEURON et CENTLIVRES 1965: 45. L'un des carquois rapportés par Anders Sparrman, qui se trouve au Folkéns Museum Etnografiska à Stockholm (1799.2.75 U), présente de fortes analogies (examen du 8 septembre 1997). Si, en général, les flèches se gâtent et se perdent, au MEN elles se multiplient, non sans mélanges! Théodore Delachaux, lorsqu'il les enregistre en 1928 et 1931, attribue 43 flè- ches à CDM, soit 37 (MEN III.C.3702 à 3738) contenues dans Ie carquois MEN III.C.3700 et 6 (MEN III.C.4606 à 4611) «trouvées dans un carquois chinois lors de la révision de cette collection (VII.1931)». Toutes ne viennent probablement pas de cette source - Théodore Delachaux comprend de même dans le lot, quoique avec une hésitation, un «Javelot» nettement plus récent (MEN III.C.3699) - mais il est actuellement impossible de déterminer lesquelles seraient dues à un autre fournisseur, inconnu de surcroît. 290 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Sparrman (1787:1: 213-4, note) décrivait ainsi ces armes: «Leurs flèches ont un pied et demi de long [...]; l'extrémité qui reçoit la corde de l'arc, a une coche propor- tionnée à la grandeur de cette corde. Immédiatement au dessus de cette coche est un nœud, près duquel le roseau est couvert d'une corde de nerfs qui, l'entourant plusieurs fois, le rend plus fort et plus solide: l'autre bout est armé d'un os poli avec soin, de cinq ou six pouces de long. A la distance d'un pouce ou deux de la pointe de cet os, est fortement attaché avec des nerfs, un bout de plume (pi. II, fig. 4 et 7); ils la garnissent de cette plume, afin que la flèche ne puisse aisément être arrachée, et que le poison dont elle est imbibée, étant épais et d'une nature dense, comme l'extrait des plantes, ait le tems de se dissoudre et d'envenimer la plaie. »Les flèches armées d'un seul os, comme je les viens de décrire, ne sont pas cepen- dant les plus ordinaires: le plus souvent cet os est coupé en quarre au bout, et ils y fixent un morceau de fer affilé et triangulaire, comme on peut le voir pi. II, fig. 4. C'est le ligament qui est couvert et imbibé de poison; ensuite on le frotte et on le polit tout autour de la flèche, afin qu'elle puisse pénétrer plus avant dans la chair. Comme l'os n'a aucune cavité, je ne puis dire de quel animal il est pris. Dans l'état où il est, faisant partie de la flèche, il est d'un brun foncé, rempli de petites rainures, et ne paraît pas avoir jamais été blanc comme l'ivoire: cependant cet os paroissoit être de véritable ivoire dans une de ces flèches que j'ai apportées avec moi. Nous pouvons conclure que dans toutes ces flèches garnies de fer, l'os est employé principalement pour donner un certain poids à cette arme, et que les Hottentots- boshis ne font point ces flèches sans beaucoup de travail.» Sparrmari mentionne aussi qu'à part une douzaine de flèches, un carquois contient aussi une mince pierre à aiguiser en grès, une brosse pour appliquer le poison et quelques baguettes de bois de la même longueur - et légèrement plus épaisses - que les flèches mais d'usage inconnu. Deux de ces baguettes (s. n°) sont à Stockholm (RUDNER 1957: 20); elles sont appointies et noircies à une extrémité. Ce ne sont pas des bâtons pour le feu mais probablement des bâtons de secours pour le poison. Le Vaillant (1790: II: 48-50) affirmait, lui, que les Hottentots Gonaquois ont des flèches avec des pointes armées d'un petit crochet de fer (barbelure) placé sur un des côtés et parfois avec une pointe triangulaire en fer et qu'ils se sont inspirés des Bochimans [du Kalahari]. Commentant les 17 spécimens de Sparrman plus ou moins complets dans la collec- tion de Stockholm (1799.2.75 A-Q), Rudner (1957: 16-20) écrit de son côté que les flèches sont faites de parties détachables: tête, pré-hampe et hampe. La hampe est une tige de roseau; l'encoche pour la corde se trouve à l'extrémité inférieure, renforcée par de minces fibres de tendons pour éviter qu'elle ne se fende. Le fût n'a pas d'empennage. A l'extrémité antérieure est insérée la pré-hampe d'os. La tête, aussi d'os, est attachée avec du tendon à la pré-hampe par une courte pièce de racine. L'extrémité de la tête est fendue et une pointe triangulaire en fer (10 x 15 mm) est insérée et assurée par du tendon. Un petit piquant est monté sur le côté de la tête comme une barbelure. C'est probablement un reste de Ia pointe en os plate. [...] [Leur longueur est] de 51 à 45 cm. Les têtes des flèches sont couvertes d'une couche de poison noir, d'environ 2 mm d'épaisseur. 292 LB MÛRIER ET L1EPEE A une exception près, les hampes des présentes flèches sont en roseau, renforcé aux deux bouts par une ligature. Celles à pointe d'os n'ont pas de pré-hampe et l'extrémité sur laquelle est ligaturé l'ergot est prise dans un manchon de matière empoisonnée. Celles qui ont une lame triangulaire en fer fichée à l'extrémité de la pointe d'os comportent une ligature par-dessus le manchon; quatre d'entre elles (MEN 1II.C.3737; 3738; 4607 et 4608) ont une pré-hampe en bois. Quatre flèches (MEN 1II.C.3735; 3737; 4607 et 4608) présentent un empennage terminal (ou des restes) atypique et l'une (MEN III.C.4611), dont la hampe, aplatie, est en bois, offre même un double empennage médian. Cote Longueur (en cm) totale pointe Caractéristiques MEN IJI.C.3702 MEN III.C.3703 MEN I1I.C.3704 MEN I1I.C.3705 MEN I1I.C.3706 MEN I1I.C.3707 MEN III.C.3708 MEN MEN MEN MEN MEN MEN MEN MEN MEN MEN MEN MEN MEN MEN MEN MEN MEN MEN III.C.3709 III.C3710 III.C.3711 in.C.3712 III.C.3713 III.C.3714 III.C.3715 III.C.3716 III.C.3717 III.C.3718 III.C.3719 III.C.3720 III.C3721 III.C.3722 III.C.3723 III.C.3724 III.C.3725 III.C.3726 51,1 10,8 54.6 14,0 51,9 11,4 50.0 11,7 50.1 10,2 50.7 9,8 52.8 11,1 52,2 54,0 54,6 49,9 50,2 53,5 57,0 54,6 54,8 50,9 59,3 51,5 56,5 61,0 55,2 53,6 56,6 55,8 10,6 10,6 10,6 9,7 9,6 12,8 12,7 13,3 11,2 13,4 14,2 12,4 16,1 16,6 16,0 11,7 13,6 12,7 MEN III.C3727 MEN III.C.3728 50,0 12,0 60,6 - pointe en os pointe en os pointe en os; ligatature supérieure légèrement défaite pointe en os pointe en os pointe en os pointe en os; plate, extrémité émoussée pointe en os (voir détails) pointe en os pointe en os pointe en os pointe en os pointe en os pointe en os pointe en os; aplatie pointe en os pointe en os pointe en os; extrémité émoussée pointe en os pointe en os pointe en os lame en fer lame en fer (voir détail) lame en fer lame en fer, ligature supérieure cassée et réparée postérieurement, extrémité absente sur la photo- graphie lame en fer lame en fer: manque 294 LE MÛRIER ETL'ÉPÉE MEN III.C.3729 59,0 14,7 MEN III.C.3730 56,1 13,8 MEN III.C.3731 54,2 13,0 MEN III.C.3732 54,5 14,5 MEN III.C.3733 59,7 15,3 MEN III.C.3734 52,0 12,8 MEN III.C.3735 54,5 11,9 MEN III.C.3736 55,0 14,2 MEN IU.C.3737 58,0 17,1 MEN III.C.3738 59,1 18,1 MEN in.C.4606 55,6 12,7 MEN III.C.4607 59,3 18,0 MEN III.C.4608 60,9 21,0 MEN III.C.4609 59,5 _ MEN III.C.4610 56,4 16,0 MENIII.C4611 67,5 15,5 MEN 95.1.12 7,0 lame en fer; ligature supérieure lame en fer lame en fer lame en fer lame en fer lame en fer; ligature supérieure lame en fer; restes d'empennage terminal lame en fer lame en fen pré-hampe en bois; restes d'empennage terminal lame en fer; pré-hampe en bois lame en fer lame en fer; pré-hampe en bois; empennage terminal lame en fer; pré-hampe en bois (brisée); empennage terminal lame en fer: manque pointe en os pointe en os; hampe en bois, aplatie, avec marques circulaires; empennage médian extrémité de flèche cassée: lame en fer; ligature à la base Quant aux arcs, Sparrman (1787: I: 213) écrivait en août 1775 qu'«ils ont à peine trois pieds de long et un pouce de grosseur dans le milieu: ils sont fort affilés aux deux bouts. Qe quelle espèce de bois ils sont faits, c'est ce que je ne puis dire; mais ce bois ne paroît pas être fort élastique. Les cordes d'arc que j'ai vues, étoient les unes de nerf d'animaux, d'autres d'une espèce de chanvre, ou de l'écorce intérieure de quelques végétaux, et la plupart sont grossièrement faites: ce qui prouve que ces archers comptent moins sur la bonté et la perfection de leurs armes, que sur le poison dans lequel ils les ont trempées.» Différent de celui illustré pi. Il, fig, 3, l'arc de Stockholm (RM 738), de section circulaire, a 103 cm de long et un diamètre maximum de 16 mm. La corde est un tendon à six brins tressés, venant probablement du cou ou du dos d'une antilope. (RUDNER 1957: 22, ill. 8). Le Cabinet aurait pu en contenir un - à moins qu'il ne se fût agi d'un arc fuégien - mais il n'a pas été retrouvé. 296 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Carquois et flèches Se retrouvent dans la liste de 1834 sous la désignation «i. Carquois en cuir dit des Chinois contenant / 15. flèches.» et dans les carnets de 1890 à propos de la vitrine de Chine & Japon: «G1 Meuron 1 Carquois chinois avec flèches [F] 25.--». Etiquettes «Carquois chinois» d'un côté et «EE 23 // Carquois / en cuir, des / chinois» de l'autre. Exposés en 1967 (quoique ne figurant pas dans la liste MeURON et CentlivRES 1965: 44) et depuis 1978. Des flèches se sont perdues; déjà, lors du pointage de la fin du siècle passé, il a été porté en marge «13». Turc (?). Chine ou Asie centrale (?), XVII* siècle. Cuir rouge uni, doublé d'un côté d'une applique de cuir brun rouge ornée de trois motifs floraux au repoussé; Ie revers porte encore une lanière de cuir avec des parties de tissu; Ie fond, en cuir également, est rapporté; un pompon de fibres noires est fixé à l'angle supérieur. Actuellement, il ne comporte plus que cinq flèches à encoche. Trois sont en bois, peint en orange ou en vert, et doré, la hampe pourvue de trois plumes et d'une pointe de fer en obus à soie, qui manque dans la troisième; les deux autres sont en roseau non peint, la hampe pourvue de trois plumes et d'une pointe de fer losan- gique à douille, aplatie mais très épaisse; la seconde est fendue et cassée. H.: 57; larg. max.: 18 (étui); L.: 63,8; 64,4; 63,5; 70,5; 52 cm (flèches). MEN II.B.293 (étui); MEN II.B.294; II.B.295; II.B.296; II.B.297; II.B.298 (flèches). Réf. Publies dans Van Gennep 1914: 38, fig. 39 à gauche en haut. A comparer avec le «Carquois des Tartares» (Inv. 1943, n° 162) - qui est un archais, «La forme découpée, indiquant qu'il s'agit en fait d'un étui destiné à protéger l'arc, et non à recevoir des flèches, se rencontre aussi en Turquie. Cet étui se portait au côté gauche de la ceinture du cavalier.» - du Cabinet de la Bibliothèque Sainte-Geneviève (ZEHNACKER et PETIT 1989: 83-5) qui possède également un arc courbe (Inv. 1943, n° 156). Le Kunsthistorisches Museum de Vienne conserve un carquois turc de forme identique (Inv. C 5) (Schnapper 1988: 286, note 201 et fig. 65). Voir aussi le tableau Beim Raritäten-Händler de Comelis de Man (HUSSON 1989: 15). Renseignement oral de M. Zhang Zhihong du 12 juillet 1995. 298 Œ MÛRIER ET L'ÉPÉE Arc Se retrouve dans la liste de 1834 sous la désignation «1. Arc de Hottentots.» mais n'est pas repérable dans les carnets de 1890. Etiquette «N° EE 26 // Arc [...] Hottentots», sur laquelle a été ajouté plus tardivement au crayon: «Général de Meuron». Exposé en 1967 et depuis 1978. L'erreur d'étiquetage a été répercutée dans la Uste de 1834, encore qu'un arc hottentot - sinon provenant de la Terre de Feu - eût fort bien pu exister. Nootka Sound (King George Sound), Vancouver Island, Colombie britannique, Canada. Bois taillé, plat à l'intérieur et légèrement bombé à l'extérieur; les extrémités sont courbes et il est resserré au centre pour former poignée. La face interne est creusée d'une gorge (servant peut-être à accueillir un tendon de renforcement) qui s'inter- rompt à la hauteur de la poignée. Les bras sont larges et aplatis. A chaque extrémité, un sillon déterminant un bouton arrondi est ménagé pour la corde, manquante. Lors du séjour de Cook en mars-avril 1778, Waber a exécuté un dessin qui montre un homme tenant un arc semblable à la main droite (BUSHNELL 1928: pi. 1). L. max.: 125,5 (entre les points d'attache: 123); larg. min. (poignée): 2,4 et larg. max. (bras): 5,8; épaisseur (poignée): 1,5 cm. MEN III.C.3698. Réf. Listé dans Meuron et Centlivres 1965: 45. Eisler et Smith 1988: 192, cat. 183; Hauser-SchäUBLIN et KRÜGER 1998: 341, cat. 319 (Am 619); Kaeppler 1978a: 274; Kew et Goddard 1974: 44; KING 1981: 86-7 (ill. 104). La pièce ressemblante de Göttingen (Am 619) mesure 3,5 cm de plus mais a des bras de 1 cm moins larges (examen du 13 septembre 1994). Arc Se retrouve dans la liste de 1834 parmi «2. Arcs de Canadiens» mais n'est pas repérable dans les carnets de 1890. Pas d'étiquette mais le registre du MEN précise «EE 27» et une trace très nette sub- siste sur la face interne. Exposé en 1967 et depuis 1999. Unalaska, îles Aléoutiennes, USA. Lame de bois rougeâtre presque plate à veines fines, avec deux encoches aux deux extrémités, coupées en biais alternativement sur l'un et l'autre côté. Il est recouvert d'une patine foncée. La corde manque. L.; 126; larg. max.: 3,5; épaisseur: 1,5 cm. MEN m.C.3697. Réf. Listé dans MEURON et Centlivres 1965: 45. Une pièce ressemblante (Am 689), qui mesure 9 cm de plus, se trouve à Götlingen (examen du 13 septembre 1994). 300 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Hampe de harpon Peut figurer dans la liste de 1834 parmi «3 Sagayes d'espèces différentes» mais n'est pas repérable dans les carnets de 1890. Etiquette «EE 2[9]», le second chiffre ne subsistant qu'en partie (voir détail). Reconnue en 1978 et exposée depuis lors. Elle fait partie d'un ensemble, déjà éclaté dans l'Inventaire, dont les trois éléments (VI. 146, VI.262 et VI.325) ont été réunis par M. Yvon Csonka en 1987. Eskimo. Sud de l'Alaska ou îles Aléoutiennes, USA. La partie principale, en bois, est presque entièrement recouverte de peinture rouge jusque sur la base de la pièce en os destinée à recevoir la pré-hampe. Cette pièce, cassée à son extrémité, est ligaturée de cordelette de tendon tressé et d'un fil très fin de tendon roulé. La ligature se poursuit jusqu'à la base de la hampe, taillée en biseau et recouverte d'une feuille d'écorce sur sa partie arrondie, et de peinture noire sur sa face plate. Les extrémités s'adaptent à la tête de harpon VI. 146 (A/ 1) et au propulseur VI.325. L.: 123,3 cm. MEN VI.262. Réf. Publié dans CSONKA 1988: 136, cat. 199, 137 (ill.). 302 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE OBJETS REPÉRÉS D'APRÈS LA LISTE DE 1834 (pouvant avoir fait partie de la donation de 1795, être compris dans Ie don de 1800 ou postérieurs à cette date, jusqu'au décès de CDM) Harpon Peut figurer dans la liste de 1834 parmi «3 Sagayes d'espèces différentes» mais n'est pas repérable dans les carnets de 1890. Pas d'étiquette; appartenance possible à la série EE, Localisé par M. Yvon Csonka en 1987. Exposé depuis 1999. Eskimo. Vraisemblablement ouest ou sud-ouest de l'Alaska, USA. Hampe en bois terminée par une pièce en matière osseuse semblable à celle du harpon VI.262 (EE 2[9]) ligaturée avec du tendon tressé. Elle est gravée de quatre lignes et décorée de six chevilles (tuyaux de plume); sa base, taillée en coin - caractéristique suggérant une origine proche du détroit de Bering -, se fixe dans une incision triangulaire au sommet de la hampe. Une logette contenant une douille en bois reçoit une pointe en ivoire. Celle-ci est reliée par de la cordelette de tendon dédoublée à la hampe servant de flotteur. La hampe, peinte en noir sur presque toute sa longueur, se termine en cône tronqué. L'empenne est constituée de trois plumes rognées et fendues dans leur longueur, ligaturées à leur sommet et à leur base. Les ligatures recouvrent de minces feuilles. Deux des plumes sont détériorées. Les petits harpons à pointe mâle, dont les Eskimos ne se servent qu'en Alaska, au sud du détroit de Bering, sont utilisés pour chasser le phoque ou la loutre de mer. Ils sont lancés à l'aide d'un propulseur. La double attache de la ligne permet à la hampe de s'opposer plus efficacement à la fuite de l'animal blessé. La douille amortit l'impact et empêche la pièce terminant la hampe de se fendre. La facture très soignée et l'aspect de cette pièce suggèrent qu'elle est ancienne. L.: 120 cm. MEN VI.259. Ré/. Publié dans Csonka 1988: 146-7, cat. 239, 147 (ill. de gauche !). Fitzhugh et Kaplan 1982: 68-71 (ill.); Kaeppler 1978a: 66 (M.), 69; King 1981: 54-5, et pi. 24. Un harpon très semblable recueilli lors du 3e voyage de Cook (1776-79) au Prince Williams Sound se trouve au Musée Historique de Berne (A1.6.a, collection Wäber), publié dans HENKiNG 1957: 375, n° 66 et dans Kaeppler 1978b: 66 (Ul. 126), 69. 304 LE MÛRIER ET L'ÉPÊE Gourdin Peut figurer dans la liste de 1834 parmi «5 Armes diverses telles que massues assomoirs etc» mais n'est pas repérable dans les carnets de 1890. Pas d'étiquette; appartenance possible à la série EE. Localisé en 1978/79. Exposé depuis 1999. Bochiman (?). Cap de Bonne-Espérance, Afrique du Sud. Branche écorcée d'un bois brun, lourd, terminée par un noeud, avec quelques traces d'ocre (?). L.: 75,6 cm. MEN III.C.3613. 306 LE MÛRIER ET L'ÊPÉE Massue «akau-ta» ou «apa apai» Peut figurer dans la liste de 1834 parmi «5 Armes diverses telles que massues assomoirs etc» mais n'est pas repérable dans les carnets de 1890. Etiquette «Casse tête des / Sauvages de / l'isle de Pâques», sans cote; appartenance possible à la série EE. Reconnue en 1979/80. Exposée depuis 1999. Tonga (Iles des Amis). Bois lourd de Casuarìna equiseti/olia - pour certains auteurs, il s'agit d'Acacia («hau») - à masse de section losangique, dont la forme évoque une tige de cocotier. La poignée est terminée par une demi-sphère décorée de petits trous et par un bouton cylindrique percé d'un trou. Le manche, aux arêtes peu marquées, s'élargit progressivement. Il est semé de petits trous réguliers - motif peu fréquent - jusqu'au ressaut de doubles godrons qui délimite la masse. Celle-ci est sculptée en léger relief de motifs géométriques, probablement à l'aide d'un coquillage, ce qui pourrait alors le faire remonter au 2e voyage: chevrons, lignes, triangles... Comme éléments figu- ratifs, seules deux silhouettes d'oiseaux (frégate) se dégagent mais pas de figurine humaine. Sur la surface supérieure un peu déprimée de la masse a été grossièrement piquetée une vague silhouette humaine (voir détail). Ce motif est très proche du décor d'une pièce de Ia Kunstkammer à Saint-Pétersbourg (visite du 2 août 1991). Par ailleurs, le Museum of Mankind possède une massue (BM.l) dont la surface supérieure est sculptée, comme les flancs (examen du 22 octobre 1993). Quelques petits manques aux bords de la masse. L.: 91,7; longueur de la partie travaillée: 29,5; diam. poignée: 3,3; extrémité: 9,7 x 7,1 cm. MEN V.926. Réf. Bataille Benguigui 1997:185-9; Découverte 1972: n° 67; Duff 1969: 51, ill. 84; Hauser-SchÄUBLIN et KRÜGER 1998: 319-20, cat. 218; Kaeppler 1978a: 238-41. Voir la pièce Fr 8 de la collection Wäber au Musée Historique de Berne, publiée dans Henking 1957: 337, n° 11 et dans KaEPPLER 1978b: 45, 46 (ill. 83). Les massues de Tonga furent le genre d'artefacts les plus nombreux collectés lors des 2e et 3r voyages de Cook (A. Kaeppler en recense au moins 87, de divers types) et il en existe plusieurs gravures. 308 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Propulseur «hasgooc» Peut figurer dans la liste de 1834 parmi «5 Armes diverses telles que massues assomoirs etc» mais n'est pas repérable dans les carnets de 1890. Pas d'étiquette; appartenance possible à la série EE. Il fait partie d'un ensemble, déjà éclaté dans l'Inventaire, dont les trois éléments (MEN VI.146, VI.262 et VI.325) ont été réunis par M. Yvon Csonka en 1987. «Seule son apparente ancienneté et le fait qu'il s'adapte à la hampe VI.262 (EE 2[9]) permettent d'attribuer ce propulseur à la collection de Meuron.» (CSONKA 1988: 136). Exposé depuis 1999. Eskimo. Sud de l'Alaska ou îles Aléoutiennes, USA. Bois à veines droites et serrées. Les dépressions sur la face externe sont peintes en rouge (communication orale de M. Roger Dechamps du l* mars 1990), ainsi que l'autre face à l'exception de la rainure qui accepte l'arme à lancer. Un crochet en ivoire, inséré dans une perforation de la planchette située au fond de la rainure, est sculpté en forme de mascaron sur la face externe (voir détails). L.: 46,8; larg.: 4,6; longueur de la rainure: 13,7 cm. MEN VI.325. Ré/. Publié dans CSONKA 1988: 136, cat. 200, 137 (ill.). ESKIMO 1978: 27 et 76 (ill. 34, 35); Hauser-Schäublin et Krüger 1998: 343-4, cat. 328 (Am 685); Kaeppler 1978b: 68 (ill. 128), 69; Kaeppler 1978a: 271 (ill. 599). Voir la pièce A1.4 de la collection Wäber au Musée Historique de Berne, publiée dans HenkiNG 1957: 387, 388 (ill.) et dans Kaeppler 1978b: 68 (ill. 128), 69. A. Kaeppler en recence six provenant du 3e voyage de Cook. Celui de Göttingen (Am 685), très semblable, est plus petit de 4 cm, sans mascaron et légèrement endommagé (examen du 13 septembre 1994). 310 LE MÛRIER ET L'ÊPÉE Trois armes Peuvent figurer dans la liste de 1834 parmi «4 Epées diverses» mais ne sont pas repérables dans les carnets de 1890. Pas d'étiquette; appartenance possible à la série EE. Exposées depuis 1978. Sabre à rouelle Inde (?). «1 sabre exotique courbe, fourreau recouvert de tissus velouté jaune [vert]» (MAH). La lame manque, remplacée par un morceau de bois. La poignée avec rondelle et une boucle mobile, en argent, comporte une dragonne métallique; le fourreau, en bois doublé de tissu, a une chape et une bouterolle en métal doré et ajouré. L.: 96 cm. MAH s.no. pointe Sabre courbe «shamshir» (queue de lion) î Shiraz, Iran (?). «1 sabre exotique courbe, fourreau recouvert de tissus velouté rouge.» (MAH) La lame est gravée sur un côté. En haut à droite se trouve un «buduh», carré divisé en quatre quartiers dans lesquels figurent les lettres arabes B.D.U.H. et dans le cartouche figure une signature en écriture ta'ligh: ^\^a\ «Uf, c'est-à-dire «monnaie» (voir détail). De telles balances sont souvent dites «à opium» mais devaient servir pour peser de petites quantités d'argent; elles faisaient peut-être aussi partie des instruments de pharmacie. L. fléau: 32,4; diam. plateau: 6,4; L. étui: 34,3 cm. MEN II.B.378. Réf. Listés dans MEURON et Centlivres 1965: 44; renseignement oral de M. Zhang Zhihongdu 12 juillet 1995. 318 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Tête de harpon Peut figurer dans la liste de 1834 parmi «8 Hameçons divers» mais n'est pas repérable dans les carnets de 1890. Pas d'étiquette; appartenance possible à la série EE. Exposée depuis 1999. Eskimo. Alaska, USA. Bois de caribou; tranchant en fer retenu par un rivet, lanière en cuir épais traversant la tête. La logette, ouverte, est renforcée par une cordelette de tendon passée dans des trous. Il pourrait s'agir d'une tête de lance ou de harpon à morse (NELSON 1899: 148; pi. 57b, n° 6). L.: 12,7; lanière 80 cm. MEN VI.143. Réf. Publiée dans Csonka 1988: 148, cat. 243, 149 (ill.). Deux sceaux Se trouvent dans la liste de 1834 sous la désignation «2 cachets chinois» mais ne sont pas repérables dans les carnets de 1890. Pas d'étiquettes; appartenance possible à la série DD. Exposés depuis 1999. Sri Lanka ou Inde (?). Alliage de cuivre fondu à la cire perdue. L'un des sceaux est carré et porte des caractères (?); il a un anneau de laiton, peut-être rajouté, passé dans l'une des quatre griffes de préhension. L'autre, prolongé par une tige percée d'un trou, présente un motif de palmette spiralée (voir détails). 2,2 x 2 (épaisseur: 2 cm); 4,9 x 3,1 (épaisseur 3,2 cm). MEN H.A. 180 et II.A.181. 320 LE MÛRIER ET L1EPEE Deux tasses L'une d'entre elles se trouve dans la liste de 1834 sous la désignation «1 tasse chinoise, faite en jade» et lés deux dans les carnets de 1890 qui détaillent la vitrine de Chine & Japon: «[anonyme] 2 Tasses à anses fondues (?) ayant apparence de jade, transparentes et ornées [F] 20.—». Pas d'étiquette; appartenance éventuelle à la série AA. Exposées en 1967 et depuis 1978. Un doute subsiste sur l'attribution car les pièces pourraient correspondre au don par M. Bethmann-DeLuze de «2 tasses à anse» le 18 décembre 1800 (B). Chine. Verre coulé, imitant le jade, les deux avec l'inscription en relief, Cheou (ou Shou): Longévité ou Longue vie (voir détail 1/1). Les anses représentent des dragons. La jonction du moule est visible à la hauteur des. anses; affectées d'une même bavure, les deux pièces ont été coulées dans le même moule. H.: 5,8; diam. ouverture: 7,1/7,2 cm. MENII.B.145etII.B.146. Réf. Illustrées dans MEURON et CentlïVRES 1964: 96; listées dans MEURON et Centlivres 1965: 44 (pour II.B.145 - l'autre est peut-être la «5e semblable»); renseignement oral de M. Zhang Zhihong du 12 juillet 1995. L-U A 322 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Peigne «helu» Manque dans l'Inventaire; pourrait avoir été remis ultérieurement par CDM. Se trouve dans la liste de 1834 parmi «4 Peignes de Sauvages de la mer du Sud» mais n'est pas repérable dans les carnets de 1890. Pas d'étiquette. Localisé vers 1978. Exposé depuis 1999. Tonga (Iles des Amis). Trapézoïdal. 17 dents pointues en nervures de feuilles de cocotier - dont l'une des externes est cassée sous la ligature - maintenues en haut par une large bande de fin tressage bicolore de fibres de cocotier. L.: 14,3; larg.: 3*5,7 cm. MEN V.934. Réf. DÉCOUVERTE 1972: n° 59; DuFF 1969: 54, ill. 94; Kaeppler 1978a: 211-2. A. Kaeppler recence 30 peignes, de deux formes possibles, recueillis lors des 2e et 3e voyages de Cook et répartis dans 10 institutions. Peigne «helu» Manque dans l'Inventaire; pourrait avoir été remis ultérieurement par CDM. Se trouve dans la liste de 1834 parmi «4 Peignes de Sauvages de la mer du Sud» mais n'est pas repérable dans les carnets de 1890. Pas d'étiquette. Localisé vers 1978. Exposé depuis 1999. Tonga (Iles des Amis). Trapézoïdal. 17 dents pointues en nervures de feuilles de cocotier, maintenues en haut par un fin tressage bicolore de fibres de cocotier en trois champs. Le haut est coupé droit. Traces de colle sur les dents. L.: 13,2; larg.: 2,4-5,4 cm. MEN V.933. Réf. DÉCOUVERTE 1972: n° 59; Duff 1969: 54; Kaeppler 1978a: 211-2. 324 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Œuf Se trouve dans la liste de 1834 parmi «2 oeufs pleins en quartz ayant des anneaux». Le second spécimen est introuvable. Pas d'étiquette. Localisé en 1980. Exposé depuis 1999. Inde(?). . Œuf en calcite (renseignement oral de M. Henri Bonnet du 9 janvier 1995) jaune, blanche et violette, avec une petite broche de fixation à virole cannelée et anneau en laiton. H.: 5,7; diam.: 3,7 cm. MEN 95.1.13. Quatre disques lenticulaires Manquent dans la liste de 1834 et dans les carnets de 1890. Pas d'étiquette. Reconnus le 10 juillet 1995, par comparaison avec la pièce étiquetée «D 32», qui se trouvait dans la vitrine est de Ia Grande Rochette; elle présente la même fixation que l'œuf ci-dessus 95.1.13 (visite du 4 juillet 1995). Exposés depuis 1999. Inde (?). Lentilles biconvexes à bord épais (4 à 5 mm) en calcite - le registre du MEN indique «pendentif (?)» en «onyx». La première est grise et blanche, les deux autres jaunes, blanches et violettes, comme l'œuf précédent, la quatrième grise et blanche. Elles sont toutes pourvues d'une petite broche de fixation à virole lisse ou cannelée comme l'œuf MEN 95.1.13 et d'un anneau torsadé en laiton. La troisième présente deux petits manques sur Ie pourtour; la quatrième a un secteur qui part en cristaux. Diam.: 7,6; ép.: 1,8 cm; diam.: 7,1; ép.: 2,1 cm; diam.: 7,2; ép.: 1,7 cm; diam.: 7,5; ép.: 1,3 cm. MEN II.A.335, II.A.336, II.A.337 et propriété privée. 326 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Figurine Se trouve dans la liste de 1834 sous la désignation «1 oiseau en caoutchouc.» et dans les carnets de 1890 «[anonyme] 1 oiseau en caoutchouc monté sur pied, de Cayenne. [Fr] 5.-». Etiquette sur l'oiseau «de Caienne» et sur le pied «G 3[6...]» recouvrant un numéro plus ancien «4.»; appartenance à une série impossible à préciser, malgré la ressemblance avec la série des oiseaux de l'Inventaire (p. 107-139). Une étiquette volante indique - à tort - «Don de M.rH=ri Borei. 1834.». Reconnue en 1991. Exposée depuis 1999. Cet objet pourrait remonter au voyage de CDM aux Antilles en 1758-1759. Indien. Cayenne, Guyane (?). Moulé avec plumage de fantaisie et décor sur la poitrine, enfilé sur un pied tourné en bois. Il est possible que le pied soil un support d'oiseau réutilisé. Selon M, Pierre Grenand, «très probablement fait[e] en gomme de «balata» (Manilkara bidentata) car l'hévéa [ifievea brasiliensis}] ne se prête pas aussi bien au façonnage de figurines.» Le caoutchouc avait été révélé dans la première moitié du siècle par Charles Marie de La Condamine (1701-1774) à la suite de son passage en Guyane. La sève était étendue sur une forme en argile puis fumée; la matrice était ensuite élimimée par l'ouverture. Dans sa Nouvelle Relation de la France Equinoxiale, Pierre Barrère (1743: 139-41) donnait une description de cette technique et ne retenait pas son admiration pour le produit «Ce sont ces mêmes Indiens qui font aussi des Etalons, des Anneaux, & des serin- gues, autre sorte de Balon, si recherchée par les curieux. La matière dont ces ouvrages sont faits, est le lait qui découle d'une lianne qui / doit être rangée, par rapport à la structure du fruit & de la fleur, au genre des Apocins. Ils ramassent une certaine quantité de ce suc laiteux, qu'ils font bouillir environ un gros quart d'heure, pour lui donner un peu de consistance; après quoi, ils disposent les moules qu'ils ont préparés pour différentes choses. Ils les font ordinairement d'un peu d'argile, qu'ils pétrissent avec du sable, afin qu'on puisse les casser aisément. Les moules de Seringue ont la figure d'une perle, ou d'une grosse poire, longue de cinq ou six pouces. On met par dessus ces moules plusieurs couches de cette espéce bouillie, sur laquelle on trace, avec la pointe d'un couteau, ou un poinçon, plusieurs traits figurés: on a soin de les sécher ensuite à un petit feu; & on achevé de les noircir à la fumée. Après quoi on casse le moule. On fait aussi, avec la même matière, des bottes, des sceaux, qui résistent mieux à l'eau que Ie cuir ordinaire. Les Balons ont beaucoup d'élasticité, & font cinq ou six bonds de suite, dès qu'on les a /jettes une fois. Les Anneaux sont encore bien plus admirables. Leur ressort est extraordinaire; & ils prêtent infiniment.» H. tot.: 18,7; oiseau seul: 13,5 cm. MEN 95.1.14. Réf. Cette pièce rappelle fort les deux figurines recueillies par Alexandre Rodrigues Ferreira en 1783-1784 alors qu'il séjournait dans la région de Belém (Hartmann 1991: 115-6; ill. 3 et 4); courriel de M. Gérard Collomb du 5 mai 1999; lettre de M. Eric Navet du 9 août 2000; courriel de M. Pierre Grenand du 5 octobre 2000. 328 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Baguette de tabou N'est pas repérable dans la liste de 1834 - mais peut être la «pointe de Sagayes.» égarée dans «1. Carquois en bois, contenant / 38. Flèches empoisonnées, et une pointe de Sagayes.» (MEN III.C.3700) -, ni dans les carnets de 1890. Pas d'étiquette; appartenance possible à la série EE. Localisée en janvier 1988. Exposée depuis 1999. Hawaii (Iles Sandwich). Lame tétraédrique en bois brun rouge devenant ronde en s'amincissant. Gainée d'une peau de chien en mauvais état serrée par une couture de fine cordelette et maintenue par un enroulement de fibres végétales, «olona» (Touchardia lati/olia). Ici, tout poil de queue de chien blanc et toute plume rouge d'oiseau «i iwi» (Vestiaria coccinea) ou jaune d'«ö ö» (Moho braccatus) ~ comme dans l'exemplaire, plus long, de Saint- Pétersbourg - a disparu à la jonction de la lame et de la pointe. Sans préciser la façon dont les baguettes étaient tenues, King décrit ainsi l'arrivée du capitaine Cook dans la baie de Kealakekûa («Karakakooa»), le 17 janvier 1779: «Nous débarquâmes sur la greve, & nous fûmes reçus par quatre hommes qui por- toient des baguettes, garnies de poils de chiens, à l'une des extrémités; ils marchè- rent devant nous, en déclamant à haute voix, une phrase très-courte, dans laquelle nous ne distinguâmes que le mot Orono. La foule, qui s'étoit rassemblée sur le rivage, se retira, dès qu'elle nous vit approcher» (Cook et KiNG 1785; III: 467-8). Le lendemain, il note que, plantées par les prêtres dans le sol, elles servent aussi à «consacren> un lieu, prescrivant une limite infranchissable au commun des mortels. «Ils donnent, a cette espece d'interdit religieux, le nom de Taboo, mot que nous entendîmes répéter souvent durant notre séjour ici. Nous reconnûmes qu'il a des effets très-puissans & très-étendus;» (COOK et KlNG 1785: III: 474-5; voir aussi: 484; 514). L. tot.: 52,2; larg. lame: 18,5; section: 1,5 cm. MEN 95.1.15. Réf. HausER-SchÄUBLIN et Krüger 1998: 327-8, cat. 258 (Oz 245); Kaeppler 1978a: 81-2 (ill. 108 et 109-10); Kaeppler 1978b: 12 (Ul. 25). Dans la littérature en général, les baguettes de tabou sont soit ignorées, soit portent une fausse appellation telle que baguette de danse, ou ornement de tête, ou «Pahn» (poignard). A. Kaeppler n'en recense que 7 au monde provenant du 3e voyage de Cook et appartenant à des collections publiques, dont 4 (Inv. Nr. 156-159) au Musée d'ethnographie de Vienne, 1 (N0 505-6) à la Kunstkammer de Saint-Pétersbourg, 1 (N° 3505) au Cumming Museum à Londres et 1 (Oz 245) à Göttingen décrite comme chasse-mouches ou manche de chasse-mouches, plate, lisse et dépourvue de plumes (communication orale de M. Gundolf Krüger du 15 décembre 1994). L'une de celles de Vienne (Nr. 156), légèrement mieux conservée (quelques poils ont subsisté sur la gaine, de même que des traces d'une décoration de plumes), qui mesure 55 cm, est très semblable: elle a une même section mais Ie bois est plus foncé; les autres ont une lame aplatie (examen du 15 avril 1994; lettre de M™ Gabriele Weiss du 11 juillet 1994). 330 LE MÛRIER ETL'ÉPÉE Modèle réduit de chien Ne se trouve pas dans la liste de 1834 ni dans les carnets de 1890. Pas d'étiquette. Non situatile dans la série K qui comprend plus d'un chien «factice en petit» mais hautement probable. Reconnu en 1978 et exposé depuis lors. Seul exemplaire, sur les 79 listés dans l'Inventaire, ayant survécu de ces animaux en réduction que vit Madame de Gauthier en juillet 1790; elle rapportait qu'ils avaient été fabriqués à Strasbourg (1790: II: 303). Strasbourg, France (?). Papier mâché peint, sur bâti, fixé sur une planchette de bois découpée et peinte en vert Porte sous le support une inscription à l'encre «N° 7356». H.: 25 x 24 x 10,5 cm. MEN 78.17.1 (transfert du MAH). 332 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Momie d'ibis Ne se trouve pas dans la liste de 1834 ni dans les carnets de 1890. Elle pourrait être entrée dans les collections entre Ie 4 juillet et le 7 novembre 1800 (B) en même temps que le pot à gingembre MEN 95.1.17. Pas d'étiquette. Il s'agit du contenu d'un «pot ou est Loiseau ibis» - encore que la lettre de Théodore Abram du 16 février 1798 dise qu'il renfermait «je ne Sçais quelle Poudre noire.»; en revanche la description du contenant comme «un Espéce de Pots ovale en Thuile» (P - dos.52.II) ne laisse pas de doute sur le récipient, qui n'existe plus. Cet ibis «avait été tiré depuis 15 jours d'un des grands tombeaux de Memphis prés du Cair, ce fut un présent que je reçus d'un médecin», écrit CDM dans une lettre du 17 mars 1798 (P - dos.30). Comme il se trouvait au Caire entre le 17 et le 27 juin 1795, l'indication devrait permettre de retrouver l'origine précise de cet objet. Emportée en Inde et restée longtemps en carafe dans une malle à Anjenjo, l'urne avait été envoyée de Madras le 9 mai 1796 en même temps que le «pot gingembre» dans la grande caisse N0 4 qui subira des dégâts (P - dos.14.VI) et CDM s'en souciera comme d'une chose extrêmement précieuse. Localisée en 1992. Exposée depuis 1999. Le Caire (Memphis), Egypte, Basse époque (664-332) (renseignement oral de M. André Lagneau du 22 juin 1995). Paquet conique de bandelettes blanchâtres à brunâtres, contenant des restes d'un seul ibis visibles sur la radiographie (lettre de M™ Claude Olive du 19 octobre 1994 et confirmation téléphonique du 21 juin 1995). Il est possible de préciser «Tête d'Ibis sacré Tresfäornis œthiopicus Latham), anciennement Ibis sethiopica Lalham. Cet oiseau ne se retrouve plus actuellement en Egypte, mais nettement plus au Sud.» (lettre de M™ Claude Olive du 11 janvier 1996). Regroupées dans des nécropoles, des centaines de milliers de momies d'ibis ou de chat, par exemple, ont été retrouvées. Servant probablement d'ex-voto, elles étaient offertes par les pèlerins aux dieux, les ibis au dieu Thot, qui avait son temple à Hermopolis, ou les chats à la déesse Bastet, qui était révérée à Bubastis. L.: 36,5; diamètre: 12-8 cm. MEN Eg.203. Rédigeant à partir de 1926-1927 le catalogue du fonds d'Egypte ancienne, Gustave Jéquier a eu un doute quant à l'attribution à un fournisseur de ce qu'il désigne seulement comme une «momie d'animal». Réf. Dunand et Lichtenberg 1992: 53; MacGregor 1994: 176. 334 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Maquette d'embarcation avec cinq personnages et accessoires • Don reçu à Neuchâtel le 24 mars 1802 et signalé par le bibliothécaire le 9 juillet 1802 (B). Se retrouve dans la liste de 1834 sous la désignation «1 Grand baleau en écorce avec 4 personnages, 1 enfant, fusils, rames, etc» et dans les carnets de 1890 qui le placent dans l'armoire n° 5 «Brésil et Amérique du Sud», après une série de pièces «H* Borei»: « ? [fournisseur inconnu] 1 pirogue en écorce à 3 [par-dessus un 4] personnages d1 1 enfant, avec rames fusil, [sans valeur indiquée]». Reconstituée en plusieurs étapes, l'enfant au berceau ayant été retrouvé en 1986 et le dernier personnage manquant identifié le 17 août 1987 dans la maquette de kayak MEN VLl85 où il était égaré depuis un siècle (Csonka 1988: 138, cat. 201). L'équipement d'origine, bouleversé, ne peut plus être rétabli avec certitude. Une lettre de M"* veuve Gugy datée de «Machiche ce 10. Juillet 1799» (P - dos.40.1) révèle que cette «Canotée de petits Sauvages, travaillés Sur de L'écorce de Boulau et habillés dans Leurs Costumes» a été envoyée à CDM grâce à l'entremise du marquis Charles Joseph de Beaupoil Saint Aulaire ce que confirment deux lettres du capitaine Jean Jacques Bolle des 13 et 20 décembre 1799 (P - dos.33). Exposée depuis 1999. Type Malécite. Yamachiche (au sud-ouest de Trois-Rivières), Québec, Canada. Canot à fond aplati en écorce de bouleau avec bastingage, doublé à l'intérieur de minces lames et maintenus par 24 couples rapprochés en bois de cèdre; des cinq traverses à l'origine, deux sont en place à une extrémité, deux brisées et la dernière manque. L'embarcation est cousue avec des racines fendues et de minces ficelles; les plats-bords (fargues), renforcés, sont fixés par des chevilles de bois. Les coutures latérales sont calfatées avec de la résine d'épinette. Traverses et plats-bords auxquels sont attachées cinq boucles de mince ficelle, sont peints en rouge mais l'extérieur du canot n'est pas décoré. Proue et poupe sont renforcées par une planchette appelée le «petit bon homme». L'équipement comporte une voile rectangulaire de tissu comme dans l'exemplaire de Chartres, celui de la collection Farquharson ou celui passé en vente chez Christie's; celui de Braunschweig ne possède qu'un fragment de mât et celui d'Yverdon-les-Bains seulement un dispositif permettant d'assujettir une voile. Les cinq personnages sont très finement réalisés, généralement à partir d'un corps rembourré en tissu de coton, de bras et d'une tête modelés en cire, parfois renforcée de métal. Leur visage est marqué de taches de couleur rouge. Tous ont une touffe de cheveux noirs en soie. Ils portent des habits en tissus d'importation de soie et de drap, voire de coton, cousus ou maintenus par des épingles. Leurs parures consistent en bracelets de métal, colliers de minuscules perles de verre blanches et bleues, boucles d'oreille en métal, coiffes brodées, ornées de minuscules perles de verre blanc et pourvues de rubans. *À E ^i Vp^ •al ^t fl • 336 LE MÛRIER ET L'ÊPÊE Le premier personnage, masculin, qui tient un fusil entre les bras, porte une chemise à jabot en soie vert pâle fusée, des guêtres de drap vert foncé et des mocassins en peau; il est ceint d'une couverture brune et coiffé d'un couvre-chef en double mitre qui évoque aussi les Penobscot. Il lui manque la pupille de l'œil gauche. Le deuxième, également masculin, qui tient une pagaie peinte en rouge et vert à la main gauche évoquant, elle, les Passamaquoddy, porte une chemise en soie et une veste roses jaunâtres par-dessus une jupe de drap noir, des guêtres de drap brun clair et des mocassins en peau; il est ceint d'une couverture noire et coiffé d'un capuchon pointu. Il porte en outre une pochette à tabac à rabat et un sac en peau, brodé de piquant de porc-épic, ainsi qu'une corne à poudre; un étui de poignard en peau brodée pourrait également lui être attribué. Il lui manque des boucles d'oreille et ce qu'il pouvait tenir de la main droite n'est pas précisable. Le troisième, féminin, qui tient une pagaie peinte en rouge et en vert entre les bras, porte une chemise à jabot en soie verte et une jupe de drap noir; il est ceint d'une couverture de drap vert foncé. Jambes et pieds sont modelés en cire, non chaussés, et il est sans coiffure. Il lui manque des boucles d'oreille. Le quatrième, féminin également, longtemps égaré, ne porte qu'une chemise à jabot en coton, serrée par deux brassards métalliques à la saignée. Jambes et pieds sont modelés en cire, non chaussés, et il est sans coiffure. Il lui manque la pupille de l'œil droit et il ne lui reste pratiquement plus de cheveux. Le cinquième est un enfant emmaillotté dans un berceau de portage en bois teint en rouge; l'arceau de protection est décoré de spires de métal. Parmi les autres éléments ayant subsisté figurent deux pagaies en bois sculpté et peint en rouge, vert et jaune, deux lances en bois peint en rouge, avec pointes à douille en métal, une paire de raquettes à neige en ficelle tressée et peinte en rouge et ce qui pourrait être les restes d'un drapeau en soie claire marquée d'un signe peint en rouge. De plus, huit accessoires en bois taillé et peint en rouge, vert et jaune clair, difficiles à déterminer et dont le plus long mesure 24 cm, pourraient également appartenir à la maquette. Ces bateaux, qui ne sont pas plus des jouets que de vrais modèles réduits, étaient réalisés pour être offerts aux Européens et pour le tourisme ainsi que le confirme M"* Gugy puisqu'à l'époque «plusieurs jeunes personnes, s'entretiennent avec cette petite ressource». Il est difficile de savoir s'il s'agit d'un travail de religieuses plutôt que d'une activité d'indigènes (Phillips et Idiens 1994: 24 et 25) mais la précision de certains détails accrédite la seconde. La provenance ethnique est délicate à déter- miner, d'autant qu'il y a eu des mélanges d'influences. La pièce est particulièrement intéressante en raison de son âge puisqu'elle date en tout cas de 1799. La construction des bateaux réels prenait trois semaines. Ils recevaient parfois des noms personnels et les motifs décoratifs qui y figuraient pouvaient être la signature du fabricant et propriétaire. Ils pouvaient contenir jusqu'à une quinzaine d'occupants et leur bagage. Canot: L: 65; largeur au'centre: 19; H: 11 cm. Poupées; H: 24; 21; 13,5; 13 cm; berceau: 3,5 x 6,7 x 3,8 cm. Equipement: L. entre 18,7 et 4,7 cm. MEN IV.A.30; berceau ex-IV.C.243. 338 LE MÛRIER ET L1EPEE Au nombre des pièces de comparaison, il y a lieu de signaler l'exemplaire «micmac» du Pitt Rivers Museum à Oxford (P.R. IV 117) (Phillips et IDŒNS 1994: note 19), qui daterait d'avant 1638 (The Spirit Sings 1987: 15; 45), celui du Musée des beaux-arts de Chartres (N0 11405), ex-voto Huron-Abenaki envoyé à la cathédrale de Chartres vers 1760 - qui est reproduit dans 7Ae Spirit Sings (1987: face page titre) et a été présenté au Musée de la civilisation. à Québec en 1992 dans l'exposition Rencontre des deux mondes (visite du 23 septembre 1992) -, celui de la collection Farquharson daté d'environ 1760 (PMLUPS et Idens: 24-5), l'exemplaire «maniwaki» ou «malécite» du Musée national de l'homme à Ottawa (NMM III-E-311) (BRASSER 1976: 134, ill. 123) daté d'environ 1780-1800, provenant de la collection Arthur Speyer qui l'avait acquis d'un marchand de Londres et ayant figuré en 1968 dans l'exposition Indianer Nordamerikas 1760-J860 du Deutsches Ledermuseum à Offenbach (BENNDORFet SPEYER 1968: 75, cat. 109, ill. 41 ht.), l'exemplaire «micmac» sans décor du Musée d'Yverdon-les-Bains (Kaehr 1984: 360-1), celui de style «huron» richement décoré du Städtisches Museum de Braunschweig (N™ 1266) (visite du 14 septembre 1994), celui offert en 1803 au Peabody Museum de Salem dans le Massachussets {WALLIS ET WALLIS 1957: 6); un exemplaire du début du XIXe siècle à irois personnages et un bébé au berceau, semblable à celui de la collection Speyer, a passé en vente chez Christie's le 4 avril 1989 (CHRISTIE'S 1989: 52, lot 279); enfin un exemplaire au riche décor polychrome à quatre personnages, un enfant et un chien ainsi que quelques acces- soires a passé en vente chez Sotheby's à Londres le 17 juin 1991 (Sotheby's 1991: 9, lot 1) pour £ 6600. Réf. Adney et Chapelle 1964: 70-88; Ex voto marins 1977: 28, # 7; Harrisson 1987; Phillips et Idens 1994; Wallis et Wallis 1957: 5-8; lettre de M™ Judy Hall du 20 avril 1980 et fiches de Mmc Judy Thompson; lettre de M™ Ruth Phillips du 24 janvier 1987; communication orale de M. Christian F. Feest du 4 novembre 1997. 340 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Deux tableaux de pierres fines Comme il ne s'agit pas des «pierres fines, rangées dans un ordre Systématique» que, selon les procès-verbaux de la Bibliothèque des 9 novembre 1804 et 22 février 1805 (B), CDM offre en 1804/05 contre le «petit carton d'agathes» que Théodore Abram avait fourni par erreur lors de la remise du Cabinet en 1795, peut-être est-ce la «collection de toutes les pierres précieuses en deux tableaux» (Pury 1918: 212) qu'avait remarquée François de Diesbach à la Petite Rochette le 7 octobre 1803? Exposés en 1967 et depuis 1978. Sri Lanka (?). Boîte rectangulaire à couvercle en carton contrecollé de papier vert comportant 48 cases numérotées au fond et occupées par autant d'échantillons ovales et bombés d'environ 22 x 15 mm. Le couvercle porte une étiquette «7.» et une inscription au crayon, un peu effacée «£.11». 1,4 x 22,3 x 16,9 cm. MEN 65.18.2 (don de M™' André de Coulon, Neuchâtel, Ie 2 avril 1965) TV/ Aigu& marine P.S. 2.68 : I.R. 157 N°2 Orthoclase .P.S. 2.55 I.R- 154 N0 3 Agate N°4 7 JV5 7 N0 6 7 /V 7 Agate P.S. 2.62 IJL 154 JV 8 Quartz P.S. 2.53 IJt 154 N° 9 1 N* 10 7 N° 11 ? N012 Agate P.S. 2.62 IJt 154 IT 13 Quartz PS. 2.59 IJL 154 JV 14 7 /V 15 7 . JV 16 7 N° 17 i N" 18 i N° 19 ? /V 20 Heliotrop* + Jaspe N°21 Vere JV 22 7 N°23 Quartz' P.S. 2.65 I.R. 154 IV 24 Silex JV25 T JV 26 ? N0 27 ? W28 Ltpis-Lazuli N0 29 ? N0 30 7 N0 31 7 N0 32 7 N0 33 IV 34 N° 35 TV 36 N0 37 iy 38 N° 39 /V 40 1 Améthyste 7 7 ? Agite Calcédoine Agate P.S. 2.65 PS. 2.60 PS. 2.62 P.S. 2.60 LR. 1.34 UL 1535 I.R. 154 N0 41 N° 42 N0 43 N0 44 N° 45 N0 46 N° 47 N0 48 Quartz ? Agate 7 Ague Upis-Lazuli Serpentine 7 PS. 2.65 P.S. 2.61 P.S. Z60 P.S. 2.51 I.R. 154 UL 153 UL 134 IJL 151 illuni nillilï 342 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Sri Lanka (?). Boîte rectangulaire à couvercle en carton contrecollé de papier rose comportant 48 cases numérotées sur les divisions et occupées par des échantillons en nombre et forme très variables qui ont pu se déplacer et se mélanger. Le couvercle marqué «Oben» porte une étiquette «9.» et une inscription au crayon, un peu effacée «£.14.10». 1,7 x 25,3 x 18,8 cm. MEN 65.18.3 (don de Mme André de Coulon, Neuchâtel, le 2 avril 1965) Réf. Les déterminations des pierres gemmes, avec le poids spécifique (P.S.) et l'indice de réfraction (I.R.) ont été aimablement faites par M. Henri Bonnet, La Chaux-de-Fonds, en février 1995. IV 1 Biry\ TS. 2.67 IV2 t IV3 7 IV 4 7 IVS Tunjuaise IV6 T IV 7 ? JV8 IV 9 Agate IV 10 1 IV 11 Vene IV 12 Malachite IV 13 T IV 14 7 IV 15 7 IV 16 Disthene ou Cytnite P.S. 3.67 [.R. 1.71-1.72 IV 17 vide? IV 18 Agate /V 19 Agate IV 20 Labradorite avec inclusions? IV 21 Ag»te IV 22 An*re IV 23 Héliotrope + Jaspe IV 24 Agate JV 25 T IV 26 Topaze P.S. 3.522 IJt. 1.62/63 IV 27 Vare T PJS. 6.12 IV 28 Bètyl P.S. 2.65 IJt. !.Soli? /V 29 Pyrite IV 30 Agite IV 31 Agite P.S. 2.62 IV 32 Vare JV 33 IV 34 N° 35 !V 36 IV 37 IV 38 IV 39 IV 40 Améthyste Aatan ? Agate Quartz Héliotrope et Jaspe Doublette Quartz- Quartz P.S. 2.64 P.S. 2.60 IJL 154-155 verre PS £65 UL 154/155 P.S. 2.64 UL 154/155 IST 41 N° 42 JV 43 IV 44 IV 45 JV 46 IV 47 JV 48 Tourmaline Amazonie 7 Grenat i Verre Corail 7 PS. 3.14 P.S. 2.53 P.S. 4.04 I.R. 1.79 TS. 2.51 I. R. 152¼ *J lu !»J« -J fcl:, J V-x ». <-•-,• /r" s Elfi ? A A1- M #*/< -u, WT, ^r*. -*-«>. **»*. <«-.•'/ Tm! ~ 3RS ^-.tf.' -#55 -*.?* -^v LS, amisq .' 344 Planches en couleurs • Echantillon de tapa «kapa» V.505 texte p. 226 p. 345 • Echantillon de tapa «kapa» V.506 texte p. 228 p. 346 • Echantillon de tapa «kapa» V.507 texte p. 230 p. 347 • Echantillon de tapa «kapa» V.511 texte p. 234 p. 347 • Echantillon de tapa «kapa» V.508 texte p. 232 p. 348 # Echantillon de tapa «kapa» V.509 texte p. 232 p. 348 • Echantillon de tapa «kua ula» V.510 texte p. 234 p. 349 • Echantillon de tapa «kapa» V.512 texte p. 234 p. 349 • Panier IH.C.3701 texte p. 252 p. 350 • Buste de Tipû s.n. texte p. 256 p. 351 • Figurine ILB.134 texte p. 276 p. 352 • Figurine ILB. 135 texte p. 276 p. 352 • : Maquette d'embarcation IV.A.30 texte p. 334 sqq. p. 352 345 346 - • I »*»» »K«» •.-.>• vu, 4 «il I .-« "I. ¦¦*• ^»•".^•*»^«iw»«aR«».iÄÄ*Äif «tili«ii«)aiill8iiill JlBMl 348 349 350 351 352 XV CATALOGUE DES LIVRES Le catalogue presente, tel qu'il est connu à ce jour, l'ensemble des ouvrages ayant fait partie de la bibliothèque de CDM, aussi bien ceux nouvellement découverts (signalés par N) qiie ceux de l'Inventaire. Ils se suivent dans l'ordre alphabétique des noms d'auteurs (ou de rédacteurs) et par ordre chronologique des titres. Les dates de naissance et de mort des auteurs sont en général reprises du NUC. Les titres non identifiés figurent à Ia fin. Pour les ouvrages se trouvant dans l'Inventaire, le libellé de la liste est rappelé en caractères gras. La clé de découverte bibliographique est indiquée lorsque l'identification n'était pas immédiate. A défaut de l'ouvrage même de là bibliothèque de CDM qui, s'il a été matériellement retrouvé, est signalé par une pastille (•), dans toute la mesure du possible un exemplaire équivalent a été consulté, à la BPUN ou grâce à des prêts d'autres bibliothèques suisses, voire examiné sur place en Suisse ou à Paris. Le titre est alors précédé d'un astérisque (*). Malgré des recherches intensives, quelques ouvrages sont restés introuvables. U a donc fallu se rabattre sur des bibliographies et même citer une édition voisine. Pour ces raisons, le descriptif a été simplifié mais une référence est fournie chaque fois. Ces données sont accompagnées d'un bref commentaire qui tente notamment de situer l'édition. Il s'inspire des diverses sources bibliographiques qui présentent entre elles de notables et irréductibles divergences. 354 LE MÛRIER ET L1EPEE Liste des livres de l'Inventaire classés selon leur cote (titres abrégés) A 1 Home Les principes de l'agriculture [19] A 2 Gatti Réflexions sur les préjugés [...] inoculation [28] A 3 Tissot L'Onanisme [29] A 4 ARNOULT Dissertation [...] sur l'effet des topiques [30] A 5 FOUQUET Les Remèdes charitables [31] A 6 Raulin Instructions succintes sur les accouchemens [32] A 7 Helvétius Traité des maladies les plus fréquentes [33] A 8 ASTRUC Traité des maladies vénériennes [34] A 9 LAFONT Idées sur la cause et le traitement [35] A 10 Nicolas Manuel du jeune chirurgien [36] A 11 Venette La Generation de l'Homme [37] A 12 Levesque L'Homme moral [63] C 13 Beauhed Mémoire sur les marais salans [ 7] C 14 Jacquet Histoire abrégée de l'antimoine I 8] C 15 Manesse Traité sur la maniere d'empailler [22] C 16 ? «Curiosilés d'hist. naturelle» [ 1] C 17 Alléon Mélanges d'histoire naturelle [ 2] C 18 Saint-Pierre Etudes de la Nature [ 3] C 19 Duchanoy Essais sur l'art [...] eaux minérales [ 9] C 20 PlNETTI Amusemens Physiques [65] C 21 NOLLET Leçons de physique expérimentale [66] C 22 NOLLET L'Art des Expériences [67] C 23 Veratti Observations physico-médicales [68] C 24 VlCAT Deux mémoires sur les gas [69] C 25 PAUW Recherches philosophiques [40] C 26 MAGNAN Dictionnaire géographique portatif de la France [41] C 27 Barrère Nouvelle Relation de la France Equinoxîale [42] C 28 Dezallier Voyage pittoresque des environs de Paris [43] D 29 Boswell Etat de la Corse [44] D 30 Mallet «Carte de la Suisse» [45] D 31 ? «Plan de Londres» [46] D 32 Fleuriot Tableau pittoresque de Ia Suisse [47] D 33 Tscharner Dictionnaire historique [...] de la Suisse [48] D 34 Wyttenbach Instruction pour les voyageurs [49] D 35 Besson Manuel pour les savans [50] D 36 Reynier Mémoires pour servir a l'histoire physique [51] D 37 Razumovskh Histoire naturelle du Jorat [ 4] D 38 COXE «Voyage en Suisse» [52] D 39 COXE Voyage en Pologne, Russie, Suède [53] D 40 RlESBECK Voyage en Allemagne [54] D 41 Moore Lettres d'un voyageur anglois [55] D 42 ? «Carte d'Allemagne» [56] XV - CATALOGUE DES LIVRES 355 D 43 Brink Nouvelle Description Du Cap [57] D 44 La Harpe Abrege de l'Histoire générale des voyages [58] E 45 Guys Voyage littéraire de la Grèce [59] E 46 Savary Lettres sur la Grece [60] E 47 ? «Description géographique de 17 Provinces» [61] E 48 Burke Apologie de la société naturelle [64] E 49 Duchesne Sur Ia formation des Jardins [20] E 50 Decremps La Magie blanche dévoilée [70] E 51 Decremps Testament de Jérôme Sharp [71] E 52 Valleton Lettre de M. Valleton de Boissiere [38] E 53 Thouvenel Mémoire physique et médicinal [39] E 54 Saussure Essais sur l'Hygrométrie [72] E 55 Saussure Défense de l'hygromètre [73] E 56 Gallois Catalogue raisonné [ 5] E 57 Golitzyn Lettres sur quelques objets de minéralogie [10] E 58 GOLITZYN Lettre à Mr G. Forster [H] E 59 Sage L'Art d'imiter les pierres précieuses [12] E 60 Bue'hoz Dictionnaire minéralogique et hydrologique [13] E 61 Bertrand Elémens d'oryctologie [14] E 62 Bertrand Dictionnaire universel des fossiles [15] E 63 Sigaud-Lafond Précis historique et expérimental [74] E 77 Valmont Dictionnaire raisonné universel [ 6] F 64 Diderot Encyclopédie [75] F 65 Diderot Planches de l'Encyclopédie [76] G 66 Olivier Entomologie [23] G 67 ENG RAMELLE Papillons d'Europe [24] G 68 Borch Lythologie sicilienne [16] G 69 Dezallier La Conchyliologie [25] G 70 Dezallier Planches de La Conchyliologie [26] G 71 B ULLIARD Dictionnaire élémentaire de Botanique [21] G 72 Sparrman Voyagé au Cap de Bonne-Espérance [62] G 73 Romme L'Art de la Marine [77] G 74 ? «Origine du monde, manuscrit» [78] G 78 Fourcroy Elémens d'Histoire naturelle et de Chimie [79] G 79 Chaptal Elémens de chimie [80] H 75 Burtin Oryctographie de Bruxelles [17] H 76 Bloch Ichthyologie [27] H 80 Bergman Manuel du minéralogiste [18] LE MÛRIER ET L'ÉPÉE Liste des livres nouvellement identifiés Anonyme L'Hermite philosophe Collectif Recueil général des proverbes Albon Discours politiques Blackstone Commentaire sur le code criminel Bochat Ouvrages Pour & Contre les Services militaires BUC'HOZ Manuel de médecine pratique Charlevoix Histoire du Paraguay Charmet Miscellanea Faujas Des Ballons aérostatiques Garnier Voyages imaginaires Golbéry Fragmens d'un voyage en Afrique GUYTON La vie privée d'un prince [...] Henri de Prusse Haller Alfred, Roi des Anglo-Saxons Helvétius Traité des maladies les plus fréquentes Imbert La chronique scandaleuse d'IVERNOIS Immenses préparatifs de guerre La Bruyère Les Caractères de Theophraste Mirabeau Histoire secrete de la cour de Berlin Pérau L'ordre des francs-maçons trahi RAZUMOVSKn Voyage minéralogique et physique ROBSON Vie d'Haïder-Aly-Khan Rutledge Les Confessions d'un Anglois Symes Relation de l'ambassade anglaise [...] Birmans TlNSEAU Apologie des Emigrés françois Turner Ambassade au Thibet et au Boutan Varenne Mémoires du Chevalier de Ravanne Vincent Lettres écossoises Watts La culture de l'esprit XV - CATALOGUE DES UVRES 357 ANONYME N * L'Hermite philosophe ou Lettres & Réflexions d'un homme du monde qui vît dans Ia retraite. [Lausanne ?] M. DCC. LXXXV. - 8° (19,5 an) Réf. BPUN 4B.7.1 (N° 7506) reçu de James de Meuron et enregistré en 1859 • Exemplaire de la bibliodièque de CDM, avec superlibros. Une simple étiquette manuscrite est collée au dos de cet opuscule de 56 pages non renforcé de cuir. Ni le NUC (242/350.1) ni le BMGC (102/577) n'indiquent de nom d'auteur. COLLECTIF N * Recueil général des proverbes dramatiques. En Vers et en Prose, tant imprimés que Manuscrits. [...] A Londres, Et se trouve à Paris, chez les Libraires qui vendent tes Nouveautés. M. DCC. LXXXV. -16 vol. 12° (14,5 cm) Réf. BPUN 79^5.5 (N" 21540) enregistré en 1877 - * Exemplaire de la bibliothèque de CDM, avec superlibros. Seule édition connue de cette réunion de courtes pièces de théâtre dues h différents auteurs et amateurs. ALBON, Claude Camille François, comte d'. 1753-1789 N * Discours politiques, historiques et critiques, sur quelques gouvememens de l'Europe, Par M. le comte d'Albon, des Académies de [...] Tome premier. A Londres [i.e. Neuchâtel, Société Typographique], M. DCC. LXXXTV. - 8° (19 cm) * Discours politiques, historiques et critiques sur quelques nations de l'Europe, Par M. le comte d'Albon, de la plupart des Académies de l'Europe, Tome second. A Neuchâtel, De l'Imprimerie de la Société Typographique. M. D CC. LXXXIL - 8° (19 cm) Réf. BPUN 93.6.18 (N0 11828) enregistré en avril 1864 ¦• Exemplaire de la bibliothèque de CDM, avec superlibros. D manque le troisième volume, qui comprend la suite du discours sur l'Italie et ceux sur l'Espagne et le Portugal. Paru dès 1779 sous des adresses fictives, l'ouvrage connaît au moins quatre éditions (ou retirages) jusqu'en 1785. 358 LE MURIER ET L 'EPEE [C] 17 Melange d'hist naturelle par Allon Dulac 6. id. Lyon. 1765. [2] ALLÉON-DULAC, Jean Louis, 1733-1788 ? (1768 d*flprès Quérard FrX. 1/37) * Mélanges d'histoire naturelle. Par M. Alleon Dulac, Avocat en Parlement St aux Cours de Lyon. [...] A Lyon, Chez Benoît Duplain. rue Mercière, à l'Aigle. M. DCC. LXV. Avec Approbation & Privilege du Roi. -6 vol. 8° {16,5 cm) Réf. BPUN 85.11.11 (N" 35445) Unique réédition de l'ouvrage paru en 1763 sous les seules initiales de l'auteur et ne comportant d'abord que deux volumes in-12. [A] 4 Dissertation sur l'Effet des Topiques dans les maladies internes 1. in 12. Paris. 1783. [30] Identifié par la KantonsBibl.Aargau [ARNOULT, Guillaume, droguiste à Paris] Dissertation en forme de lettre, sur l'effet des topiques dans les maladies internes, en particulier sur celui de M, Amoult contre l'Apoplexie; écrite par un Médecin de Paris, à un Médecin de Province. Edition augmentée de plusieurs pièces intéressantes. Paris. [Moutard]. 1783. - 12° Réf. NUC 22/336.2; 692/51.3 L'exemplaire d'Aarau (L. 324), compris dans un volume factice, n'a pas permis de vérifier le titre qui doit correspondre à la huitième - et dernière - édition du XVTJT siècle de cet opuscule paru pour la première fois en 1744. [A] 8 Traité des maladies vénériennes d'Astruc 2. id. id. 1743. [34] ASTRUC, Jean, 1684-1766 * Traité des maladies vénériennes; Où. après avoir expliqué l'Origine, la Propagation, & la Communication de ces Maladies en général, on décrit la Nature, les Causes, & la Curation de chacune en particulier: Traduit du Latin de M. Astruc [...]. Seconde edition. Revue, corrigée & augmentée. [...] A Paris. Chez Guillaume Cavelier, Rue S. Jacques, près la Fontaine S. Séverin, au Lys d'Or. M. DCC. XLIII. Avec Approbation, & Privilège du Roi. - 4 vol. 12° (16,5 cm) Réf. Bibl.Cant.Valais Rg 18 XV ¦ CATALOGUE DES LIVRES 359 La première traduction en français du-De Morbis vencreis libri sex de 1736 (Cioranescu 1/253 indique 1728, confusion probable avec 1738) avait paru en 1740, suivie de plusieurs éditions ou réimpressions jusqu'en 1777. Celle de 1743 est ignorée des bibliographes à part le DlCT. of se. biogr. (1/322). Il est possible que CDM ne se soit procuré que les deux premiers volumes. [C] 27. Relation de la frarice Equinoziale 1. id- " " [42] Identifié grâce à CIORANESCU 1/284 BARRÈRE, Pierre. 1690-1755 * Nouvelle Relation de la France EquinoxJale, contenant La Description des Côtes de la Guiane; de l'Isle de Cayenne; le Commerce de cette Colonie; les divers changemens arrivés dans ce Pays; & les Mœurs Sl Coutumes des différens Peuples Sauvages qui l'habitent. Avec Des Figures dessinées sur les lieux. Par Pierre Barrere, Correspondant de l'Académie Royale des Sciences de Paris, [...]. A Paris, Chez Piguet, Quai des Augustins, à St. Jacques. Damonneville, Quai des Augustins, à St. Etienne. Durand, rue St. Jacques, au Griffon. M. DCC. XLDI. - 12° {16 cm) Réf. Bibl.Publ.Genève C 947 Seule édition connue de cet ouvrage illustré de 19 planches faisant suite à un Essai sur l'histoire naturelle de la France Equlnoxiale paru à Paris en 1741. CDM le consulta certainement entre 1775 et 1780 dans le cadre du projet d'établissement en Guyane de la Compagnie d'Approuague (MEURON 1982: 28; 36-9). L'exemplaire de la BPUN 31.16.8 (N" 8811) enregistré en décembre 1861 ne comporte pas les pages de titre ni les iv pages d'Avertissement; il ne paraît pas provenir de la bibliothèque de CDM, toute trace d'ex- lîbris étant absente. J. R. Forster l'avait à bord du Resolution. C 13 Memoire sur les Marais Salans d'Aunis et Saintonge par M. Beaupied Dumesnil 1. in 12. la Rochelle 1765. [7] BEAUPIED DUMÉNILS. ? * Mémoire sur les marais salans d'Aunis et de Saintonge. Par M. Beaupied Dumenils, de la Société Royale d'Agriculture, de la Généralité de la Rochelle. A la Rochelle, Chez P. Mesnier, Imprimeur du Roi &. de la Société Royale d'Agriculture. M. D. CC. LXV. [en travers] Meaume - 8° (16 cm) Réf. BPUN 46S.4.I8 A Philadelphie [Le. Paris ?]. 1785 - 8° (19.5 cm) i Réf. BPUN 13B.7.7 (N0 7498) reçu de James de Meuron et enregistré en 1859 • Exemplaire de la bibliothèque de CDM, avec superlibros. Le destinataire de la lettre était Michel Augustin Thouret (1748-1810). 394 LE MÛRIER ET L 'EPEE [E] 77. Diet, d'histoire naturelle de Valmont de Domare 15. id. Lyon. 1791. [6} VALMONT de BOMARE, Jacques Christophe. 1731-1807 * Dictionnaire raisonné universel d'histoire naturelle, contenant l'histoire des animaux, des végétaux et des Minéraux, et celle des Corps célestes, des Météores, et des autres principaux Phénomènes de la Nature; avec l'histoire et la description des trois règnes, et le détail des usages de leurs productions dans la Médecine, dans l'Economie domestique et champêtre, et dans les Arts et Métiers; Et une Table concordante des Noms Latins, etc. et le renvoi aux objets mentionnés dans cet Ouvrage. Par M. Valmont-Bomare, Voyageur et Démonstrateur d'Histoire Naturelle I...] Quatrième Edition, revue et considérablement augmentée par l'Auteur. [...] A Lyon, Chez Bruyset Frères. M. DCC. XCI. ¦ 15 vol. 8° (20 cm) Réf. BPUN A 6297 enregistré avant 1833 . Giuseppe. 1707-1793 * Observations physico-médicales sur l'Electricité, Dédiées Au Très-Illustre & Très-Excellent Senat de Bologne, Par J. Joseph Verattî, Professeur public de l'Université, & de l'Académie de l'Institut de Bologne: Auxquelles on a joint Des Experiences faites à Montpellier, pour guérir les Paralytiques au moyen de l'Electricité. A Geneve. Chez Henri-Albert Gosse & Comp. M D C C L. - 12° {18 cm) Réf. Bibl.PubLGenève Nc 263 * Inconnue des bibliographes, cette edition en français est une traduction de Osservazioni [XIV] fisiche - mediche intorno alia elettricità parues en 1748. Une autre édition française sera publiée à Paris en 1752. [C] 24 Mémoires sur les Gas I. id. Lausanne 1782. [69] Identifié grâce à ERSCH m/382 VICAT, Philippe Rodolphe, 1720-1783 Deux mémoires sur les gas, et principalement Sur le gas méphitique, dit air fixe. Traduits de deux Dissertations latines publiées par M. J.[oannes] Fred.lericus] Corvinus, & soutenues sous la présidence de M. [Jacob Reinbold] Spielmann. Par M. P.R. Vicat. A Lausanne, chez Franc. Grasset et Compagnie. Et Chez les principaux Libraires de l'Europe. M. DCC. LXXII. - 12° (16,5 cm) Réf. BiblNaLParis R 54637 Seule édition de la traduction de Historic aëris factitii [histoire de l'air factice ou artificiel], dissertations soutenues à Strasbourg les 4 décembre 1776 et 4 septembre 1777 par Corvinus, avec des autres mémoires analogues de M. Bergmann et de M. Crell. 396 LE MÛRIER ET L'ÉPÉE VINCENT, avocat, 17 7 N * Lettres écossoises. traduites de l'anglois, [...] Par M. Vince«, Avocat. A Amsterdam et â Paris, Chez la Veuve Duchesne, Libraire, rue St-Jacques, au Temple du Goût. 1777. -12° (16 cm) • Exemplaire en mains privées acquis dans le commerce et provenant de la bibliothèque de CDM, avec suporlibros, selon une information de M. Guy de Meuron du 31 octobre 1989. Ces 66 lettres en deux parties auraient, selon Querard (1869: col. 405), déjà paru en 1765 sous Ie titre: «Lettres de miss Elisabeth Aureli, petite nièce du célèbre docteur Swift; traduites de l'anglois (ou plutôt composées par Vincent). Amsterdam, aux dépens de la compagnie.» Le nom «Aureli* transcrit peut-être un «O'Reilly». WATTS, Isaac, révérend, 167471748 N * La culture de l'esprit, ou Directions Pour faciliter l'acquisition des Connoissances utiles. Par Mr. Isaac Watts. Traduit de l'anglois Par D. De S ****. [Daniel de Superville] Nouvelle édition. Retouchée avantageusement. A Lausanne. Chez François La-Combe, Libraire. M. DCC. LXXXfJ. - 12° (16 cm) Réf. BPUN 4B.7.5 (N0 7510) reçu de James de Meuron et enregistré en 1859 • Exemplaire de la bibliothèque de CDM, avec superlibros. Seule réédition;de la traduction de The improvement of the mind (...) de 1741, parue d'abord en 1762 à Amsterdam. [D] 34. Instructions p«ur les Voyageurs qui vont voir les Glaciers et ks Alpes du Canton de berne 1. id. Berne. 1787. [49] Identifié grâce à Barbier n/937 WYTTENBACH, Jacob Samuel, 1748-1830 HALLER. Berthold Friedrich de, 1758- ? * Instruction pour les voyageurs qui vont voir les glaciers & les Alpes du canton de Berne. A Berne, dans la librairie d'Emanuel Haller, 1787. - 8° (19 cm) Réf. BPUN 55.11.2 (rV° 13090) enregistré en mars 1865 Cette brochure de 40 pages est une traduction de l'allemand de J. S. Wyttenbach revue et corrigée par B. F. de Haller (ainsi que l'indique une note à la plume sous le titre de l'exemplaire de la BPUN). XV ¦ CATALOGUE DES LIVRES 397 C 16. Curiosités d'hist naturelle 1. in 12. Paris 1763. [1] Le libellé indigent de l'Inventaire rend ardue l'identification. D'après le JOURNAL DE LA LIBRAIRIE, trois ouvrages concernant l'histoire naturelle ont paru en 1763, successivement: (N0 7 Catalogue des livres nouveaux Du 12 Février 1763. Art V. [et non 6, comme indiqué dans la table]) - Collection de différera morceaux sur l'Histoire Naturelle & Civile du Nord, & sur l'Histoire Naturelle en général, par M. de KeraUio, Capitaine-Aide-Major à l'Ecole Royale Militaire, Tome I. Chez Davids. L Quai des Augustins. 2 1. 10 s (N0 13 Catalogue des livres nouveaux Du 26 Mars 1763. Art. L) - Mélanges interessare & curieux, ou Abrégé d'Histoire Naturelle, Morale, Civile & Politique de l'Asie, l'Afrique, l'Amérique & des Terres Polaires, par M. R. de SURGY, Membre de la Société qui composent le Corps complet de Y Agronomie & de l'Industrie, par Meslin & autres. Les deux premiers voL in-12. qui paraissent, contiennent chacun 288 pages, caractère de Cicero. Chez Durand, L rue du Foin. 4 1. -- (N" 43 Catalogue des livres nouveaux Du 22 Octobre 1763. Art. I.) - Nouveaux Mélanges d'Histoire naturelle, 2 voL in-8°. reliés. Chez Despilfy, Libr. rue Saint Jacques, & chez Desaint & Saillant, rue Saint Jean de Beauvais, & chez Duchesne, rue S. Jacques. 61.- Bien qu'un seul volume ait figuré dans la bibliothèque de CDM, l'ouvrage qui semble le plus plausible est celui de Jacques Philibert Roussel« de Surgy (1737- ?) qui contient le mot «curieux». Signé en fait seulement «Par M. R. D. S. ***.» (BNP 157/757), il comportera 10 volumes in-12 que possédait, semble-t- Ü la BPUN en 1833 (N" 1833 du catalogue), sans doute remplacés par la «Seconde édition, revue, corrigée, & diminuée.» de 1764-1767 chez Fortuné Barthélémy de Felice à Yverdon en 12 volumes in-8°. Une autre édition in-12 de cette compilation verra le jour en 1766 chez Lacombe à Paris. [E] 47 Description géographique de 17 Provinces des Pays bas 1. id. Amsterdam. [61] L'absence de date d'édition et l'incertitude du titre, suggérant une éventuelle traduction par le scripteur, font hésiter entre plusieurs possibilités, par exemple: Complete zak-atlas van de zeventien Nederlandsche Provincien, begreepen in XXXI [...] kaarten waar by gevoegd is, eoi algemeen denkbeeld van de aardrykskunde, beneevens eene korte beschryving der [...] Provincien. pp. 243. Amsteldam, 1786. - 8° [avec page de titre gravée] (BMGC 170/358). une édition des Délices de la Hollande par J. N. de Parival, ou: Het Schouwburg der Nederlanden, ofte Geographische en historische basehyvinge der XVII nederlandsche provintien, uyt het fransch nouw keurig overgesezet, [...] [Van J. B. Christyn.] - Antwerpen, C. M. Spanoghe, 1785. 5 voL in-8° (BNP 28/1111), c'est-à-dire: Les Délices des Pays-bas, ou Description géographique & historique de ses dix-sept provinces par Jean Baptiste Christyn le jeune. 398 LE MÛRIER ET L'ÉPEE [D| 31 Plan de Londres 1. " " " [46] L'absence de toute indication rend l'identification impossible, mais il est à supposer qu'il s'agit d'un plan contemporain ou de peu antérieur au mystérieux séjour de CDM à Londres en automne 1791. La BPUN possède un plan de 415 x 573 mm aquareHé en (rois couleurs et plié cinq fois dans un emboîtage marbré: ¦ Fore s New large Plan-of-London with the Names of the Streets Alphabetically Arranged [...] & directions, to find them in the Map Printed for S W Fores N° 3 Picadilly. July 1." 1789 where may be had a New Guide to London in French & English, (avec l'indication] «pubi July 1" 1790» Réf. BPUN 27^5.9 (N" 8554) enregistré en octobre 1861 Le tableau de Thomas Hickey représentant CDM avec le chevalier Charles Moreau de Beauregard (Meuron 1982:142, fig. 44 - et, en couleurs. Musée Neuchâtelois 1907: 6) montre une carte dans un étui comparable. [DJ 42 Carte d'Allemagne 1. " [56] L'absence de toute indication rend l'identification impossible. Q est toutefois envisageable qu'il s'agisse de la carte détachée de l'ouvrage de Riesbeck. [G] 74 Origine du monde, manuscrit 1. in fol " " [7S] Ce manuscrit étant classé sous «Sciences», en se fondant sur BARBIER (m/748) et FJtSCH (1/410), il est possible de suggérer un rapprochement avec l'ouvrage suivant, traduit selon le NUC (646/523.3) d'un original suédois: WALLÉRIUS, Johan Gottschalk. 1709-1785 De l'Origine du monde, et de la terre en particulier, ouvrage dans lequel l'auteur développe ses principes de chimie & de minéralogie, & donne, en quelque maniere, un abrégé de tous ses ouvrages, par M. Wallérius [...] Traduit par M. J. B. D *** [Jean Baptiste Dubois de Jaucigny, 1753-1808], conseiller de la cour du roi de Pologne [...] Dissert, prelim. A Varsovie, et se trouve à Paris, chez J.-Fr. Bastien, 1780, in-12, c-360 p. 3 L XVI SOURCES MANUSCRITES Bibliothèque des pasteurs BPN A Livre des dons «IN. VSVM. CLASSIS. / NEOCOMENSSIS. 1704,» N0 31769 Bibliothèque publique de la Ville BVN B Registre des procès-verbaux1 9 R 500 (2 vol.) C Plumitif2 9 R 508 (3 vol.) D Copies de lettres3 9 R 509 (3 vol.) E Registre des dons4 9 R 506 F Manuscrits5*14 Ms 2108 Archives anciennes de la Ville AVN G Manuel des Quatre Ministraux (exécutif)6 MQM H Manuel du Conseil de Ville MCV 1 «REGISTRE / de la Commission / Nommée par Ie Conseil de ViUe, le 28.* / Juillet 1788. / Pour la formation & direction d'une / Bibliothèque Publique / dans la Ville de NeuchâteL» selon la page de litre, dont l'étiquette précise «Régître de la Commission de la Bibliothèque publique, commencé le 31 février 1789», le premier volume allant jusqu'en 1900. 2 Cahier intitulé «Plumitif / de la Commission littéraire / Commencé le 20' février 1810 Aermûié au 10 janvier 1833.» - celui de la première période n'est apparemment pas conserve - et «Plumitif / de Ia Commission littéraire / commencée / le 26 février 1833 -» [terminé le 14 Janvier 1848]. Entre les deux documents existe un cahier intitulé «Plumitif / des Séances du Comité littéraire / commencé le 11 May 1830 -» [terminé le 17.' Décembre 18381, réunions préparant les assemblées et dont les délibérations ne sont pas toujours reprises dans les procès-verbaux. 3 1 vol. 1794-[février] 1829; 1 vol. de «lettres d'affaires» de Henri de Meuron dès 1810, puis de «Note des ouvrages reçus» dès 1830, avec des brouillons de comptes et des listes de manuscrits; 1 vol. [May] 1829-1849, dont la fin a servi pour un brouillon de conférence. 4 «REGISTRE / des Dons / faits à la / Bibliothèque publique / et au Cabinet / d'Histoire naturelle / de la / Ville de NeuchâteL» [titre bicolore], débutant en juin 1791 et interrompu au 3 janvier 1902. n sera par la suite fait état d'un «carnet», commencé peut-être dès le 21 mai 1842 (B - en date du 8 mars 1843), dont le détail est «reporté plus tard au Registre particulier» (B - en date du 21 février 1846). Fonds Régiment Meuron: 4 dossiers, avec un inventaire. 6 Volume K, du 19 juillet 1794 au 5 janvier 1799; X, 1799-1805. 400 LE MÛRIER ET L'ÉPÊE Archives du Muséum d'histoire naturelle MHN I «Recueil de pièces utiles au Musée d'histoire naturelle de Neuchâtel voyez l'inquarto», contenant 4 pages Couronne, détachées et titrées «Dons faits aux Musées de la Ville de Neuchâtel»7 J «Règlement pour l'Administration des Musées (9e Avril 1838)» K «Le Musée d'histoire naturelle de Neuchâtel»8 Archives du Musée d'Art et d'Histoire (Médaillier) MAH L «Dons faits au Musée ethnographique de Neuchâtel»9 Archives du Musée d'ethnographie MEN M Inventaire +- xerocopie de l'Acte de donation Gc 119 / N° 4444 N Carnets d'estimation pour l'assurance10 (2 vol.) O Registres I - VI (8 vol.) Archives de l'Etat (cantonales)11 AEN P Fonds Régiment Meuron12*14 G.C. n° 37 Q Fonds Théodore de Meuron Tr. 1576 R Fonds Maximilien de Meuron Tr. 445 S Papiers Coulon " Tr. 1028-1031 T Papiers Agassiz13 G.C. n° 39 U Fonds Marval Tr. 441-442 Archives famille Coulon (par M. Georges de Coulon) ¦V Papiers DuPasquier14 Concernant les entrées depuis 1800, de la plume de Louis Coulon; l'in-quarto est aux AEN dans les papiers Agassiz {T - dos.180.8). Exemplaire calligraphié pour l'Exposition nationale de Genève 1896 et brouillon de Louis Favre de janvier 1896. Contient la «Liste», manuscrite de Louis Coulon datée du «16 may 1834». 10 Datés de 1890; de la main de Frédéric de Boss«. Les fichiers :d'état civil y ont été également utilisés. i ¦ 70+1 dossiers avec un inventaire, 1 «Livré/ de'Recettes-et Dépenses. / du Cabinet d'histoire naturelle/de la VUIe de Neuchâtel. / 1830.1881.», de la main de Louis Coulon (dos.179.1); «Plumitif/ des séances du Comité administratif / du Musée. / 1838 â 1884»(dos.l79.3). La correspondance autographe de CDM, d'une écriture souvent minuscule et très serrée, n'est pas des plus faciles à déchiffrer, même après s'y être accoutumé, d'une part à cause de la rapidité qui lui fait accoler plusieurs mots, avec une ponctuation déficiente, et d'autre part à cause d'une orthographe très fantaisiste, sans parler des abréviations non évidentes immédiatement, D en va de même de ses secrétaires et de ses correspondants. XVI - SOURCES MANUSCRITES 401 A propos d'une «orthographe fantaisiste [qui] peut surprendre», Fiechter (1993: 213-4) écrit que «la quasi[-Jtotalïtê desgrands seigneurs du XVHT, entrés dès leur prime enfance dans la carrière dés armes et manquant ainsi des bases solides d'une éducation académique, partageaient, avec Besenval ces lacunes scolaires. Ils en tiraient même une certaine vanité de classe, laissant le respect formel des règles aux cuistres et aux abbés.» car «Les leçons d'escrime, d'équîtation, de musique, de maintien ou de danse avaient plus d'importance que les cours de grammaire et d'orthographe.» (1993: 13) Sur un plan général, la comprehension est compliquée par l'usage neucnâtelois - d'origine germanique - d'appeler les gens d'après leur profession ou leur titre, auquel se plia Jean Jacques Rousseau dans la première de ses Lettres à M. le Mareschal Duc de Luxembourg (Qgeldinger 1977: [40-1]; 84-5), dont sourit M™ de Charrière mais qui embarrassera M"*-de Gauthier remarquant dans une note: «(a) On peut être long-tcms à Neuchatel sans connoïtre les noms des habitans, par l'usage où l'on est de donner aux honoraires, aux titulaires & même aux femmes, la qualité de l'emploi que chaque particulier occupe, ou a occupé; de sorte que l'on n'appelle les gens en société, ainsi que quand on parle d'eux, que M. le maire, le banneret, le châtelain, le conseiller, &c. titres que portent la plus grande partie des individus.» (Gauthier 1790: II: 363-4). BIBLIOGRAPHIE Il s'agit plus d'une liste de références que d'une bibliographie exhaustive. Même s'ils ne sont pas cités, tous les ouvrages (sauf exception) ont été consultés. Ceux de la bibliothèque de CDM ne sont pas repris. Les sources imprimées principales sont indiquées par le signe •. Adney Edwin Tappan et Howard I. CHAPELLE. 1964. The bark canoes and skin boats of North Ainerica. Washington: Smithsonian Institution. (Bulletin 230) AGASSIZ Louis. 1835. Résumé des travaux de la Section d'histoire naturelle et de celle des sciences médicales, pendant l'année 1833-1834. Mémoires de la Société des Sciences naturelles de Neuchâtel, I: 17-32.« ALEXANDER W. D. 1891. A brief history of the Hawaiian people. New York - Cincinnati - Chicago: American Book Company. Amiet Abraham. 1693. Z^i Description de la Principauté de Neuchâtel et Vallengin. Besançon: Edme Chambrette. Ananoff Alexandre. 1960. Un reportage à Paris au temps de Louis XV [Gabriel de Saint- Aubin]. 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TABLE DES MATIÈRES. pages DU GÉNÉRAL AUX PARTICULIERS.................... 7 PREMIÈRE PARTIE I - LE MÛRIER ET L'ÉPÉE............................. 17 II - LA RAISON SUFFISANTE, LES EFFETS ET LES CAUSES ... 21 III - LES PARCOURS DE LA CURIOSITÉ................... 31 W - DES OBJETS ET DES HOMMES ...................... 39 V - LE CABINET À SAINT-SULPICE.................... . 59 VI - L'INVENTAIRE MIRACULÉ ET L'INVENTAIRE FANTÔME . 87 VII - EX LIBRIS....................................... 99 VIII - DU CABINET AU MUSÉE........................... 115 IX - UNE MALLE AUX INDES........................... 129 X - COLLECTION PASSION "............................ 143 XI - L'OUVERTURE AU PUBLIC ......................... 155 XII - LES LUMIÈRES SUR LA VILLE ...................... 165 SECONDE PARTIE XIII - LES «CURIOSITÉS ARTIFICIELLES»................... 173 XIV - CATALOGUE DES OBJETS.......................... 189 Planches en couleurs................................ 344 XV - CATALOGUE DES LIVRES .......................... 353 XVI - SOURCES MANUSCRITES et BIBLIOGRAPHIE ............ 399 Il a été tiré de: cet ouvrage 1 0Op exemplaires le 6 novembre 2000 sur ies presses de l'Imprimerie Slattine à oenève La publication de cette thèse a été rendue possible grâce aux subsides du Département de l'instruction publique de l'Etat de Neuchâtel, de la Ville de Neuchâtel, de la Société des Amis du Musée d'Ethnographie (SAMEN), de l'Association culturelle de Bonmont et de la Famille de Meuron auxquels va toute notre gratitude. i * Deux siècles après leur première ouverture au public. Roland Kaehr, conservateur adjoint au Musée d'ethnographie, revisite la partie "ethnographique" des collections offertes à la commune bourgeoise de Neuchâtel par le général Charles Daniel de Meuron en 1795. Sur un fond d'aventure guerrière, c'est un voyage dans le temps et dans l'espace, riche de nombreuses découvertes d'objets nouveaux ou mal déterminés, à travers une enquête conduite avec la passion d'un détective et la persévérance d'un historien des collections. Mariage heureux de l'information ethnographique et de la recherche historique, cette quête ambitieuse et minutieuse débouche sur la constitution d'un corpus fascinant de pièces - certaines vraisemblablement en provenance du troisième voyage du capitaine James Cook. Point de départ d'autres investigations novatrices, il permettra désormais à la fois des recherches pointues dans le domaine de la stylistique et des analyses fines dans celui des matériaux. Mais sont ainsi également révélés le processus de constitution de cet ensemble, les apports isolés et le réseau de relations européen et même mondial qui rapproche les amateurs du XVIII6 siècle dans un projet de connaissance générale du monde jamais égalé.